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Entraide et Tradition
Prédication pour le 17ème dimanche après la Pentecôte.

Prédication pour le 17ème dimanche après la Pentecôte.

publié dans couvent saint-paul le 28 septembre 2009


 

De l’amour de Dieu
Un amour de reconnaissance

Dimanche dernier, j’ai essayé de méditer avec vous sur le péché originel, ses causes, ses conséquences. Ses causes sont la désobéissance d’Adam et d’Eve et premièrement, la ruse du Malin, de Satan, le Tentateur. Nous n’y reviendrons pas. Les conséquences ! C’est la perte de l’état de justice et de sainteté avec la perte des dons préternaturels, dons gratuits de la part du Créateur et preuve d’un amour insigne de Dieu pour sa créature. Mais à cause de cette désobéissance, de cette transgression du commandement de Dieu, Adam et Eve encoururent « la colère et l’indignation de Dieu » – l’expression est celle du Concile de Trente – et par suite, la mort dont Dieu l’avait auparavant menacé, et avec la mort, la servitude sous le pouvoir de celui « qui, depuis, possède l’empire de la mort » (Hb 2 14), le diable. Nous savons aussi que cette prévarication d’Adam n’a pas nui qu’à lui seul, mais aussi à sa descendance. Il faut confesser ce que confesse saint Paul : « Par un seul homme, le péché est entré dans le monde et par le péché la mort et ainsi la mort a passé dans tous les hommes, tous ayant péché en lui » (Rm 5 7). On ne peut exprimer plus clairement que le péché d’Adam est un péché de nature, qui se transmet par génération. Dès lors ce péché originel n’est pas « propre » à Adam, il « est propre à chacun », nous dit encore le Concile de Trente
Nous savons que ce péché « propre à chacun » ne peut être enlevé par « les forces de la nature humaine » mais seulement et uniquement « par les mérites de l’unique médiateur, NSJC qui nous a réconcilié avec Dieu dans son sang « devenu pour nous justice, sanctification, rédemption » (1 Cor 1 31) Car, et nous l’avons dit et répété : « Il n’y a pas d’autre nom sous le ciel qui ait été donné aux hommes par lequel nous devons être sauvés » (Act 4 12). C’est la Révélation. La théologie se chargera de nous en donner la raison.
Ainsi le Christ est bien le Sauveur unique et universel. Il est le Sauveur et des païens qui ne peuvent se sauver par les forces de la nature, et des juifs car la loi mosaïque est impuissante à assurer ce salut, comme le dit Saint Paul. Et c’est pourquoi nous devons tous être, à l’égard du Christ Sauveur, comme ce lépreux guéri en chemin par Jésus et qui revient vers NSJC et, se jetant à ses pieds, chante sa louange, son action de grâce, son émerveillement, sa reconnaissance. Il doit la guérison de sa lèpre à Jésus. Il le sait et le confesse. Nous-mêmes, nous recevons cette guérison du péché de Jésus et avec cette guérison, la vie de l’âme, la grâce sanctifiante et avec la grâce sanctifiante, « le ciel nous est ouvert », comme le dit toujours le saint Concile de Trente, car « Dieu ne hait rien dans ceux qui sont régénérés parce qu’il n’y a pas de condamnation pour ceux qui sont vraiment ensevelis dans la mort du Christ par le baptême – qui nous applique les mérites du Christ acquis en sa rédemption – qui ne marchent pas selon la chair, mais qui dépouillent le vieil Homme et revêtent l’Homme Nouveau, créé selon Dieu »( Eph 4 22), sont devenus « innocents, sans souillure, purs irréprochables et fils aimés de Dieu » (art 5 du décréta sur le péché originel du Concile de Trente). Nous le savons, nous le confessons. Nous sommes dans la vie de la grâce redevables de NSJC. Nous ne pouvons pas ne pas « reconnaître et admirer » sans réserve la bonté et l’amour de Dieu pour nous. Il est tout pour nous dans l’ordre de la création. Il est tout pour nous dans l’ordre de la grâce. C’est à cette reconnaissance que le Catéchisme du Concile de Trente ne cesse de nous appeler, non pas une fois, mais mille fois, tant l’œuvre de la Rédemption et ses effets sont merveilleux pour nous. Resterons sans vie, amorphes, apathiques devant ce Christ, ce Nouvel Adam. Car de même que tous les hommes sont morts en Adam, ainsi tous sont rappelés à la vie dans le Christ Jésus, le Nouvel Adam. Et « de même qu’Adam a été le père du genre humain selon l’ordre de la nature, de même le second Adam, Jésus-Christ est pour tous les hommes l’auteur de la grâce et de la gloire » (catéchisme du Con de Trente p 47) Ainsi la rédemption renferme des merveilles si grandes et si profondes que je ne peux pas ne pas exprimer ma reconnaissance à l’auteur de toutes ces grâces. Il faut graver fortement dans notre esprit et notre cœur ces vérités sur la Rédemption, sur le Rédempteur… « afin que le souvenir de si grands bienfaits nous porte à la reconnaissance » envers Dieu et son Christ qui en est l’auteur.

Voilà notre foi.
Mais le Décret sur la justification du Concile de Trente revient sur le mystère du Christ et sur son rôle rédempteur et nous conduit à même conclusion.

Dieu en effet, quand vint la bienheureuse « plénitude des temps », envoya le Christ Jésus, son Fils pour racheter les juifs sujets de la Loi, pour « faire aussi atteindre la justice aux païens qui ne la cherchaient pas » (Rm 9 30) et pour que tous « reçussent la qualité de fils adoptifs » (Gal 4 5). C’est Lui que « Dieu a établi victime propitiatoire en son sang, moyennant la foi, pour nos péchés (Rm 3 25) « non seulement pour les nôtres mais pour ceux du monde entier » (1 Jn 2 7). Je dis bien « moyennant la foi », car, de fait, si la Rédemption est universelle, du côté de Dieu, elle est relative quant à nous ; en ce sens que nous ne sommes justifiés que si nous naissons dans le Christ d’une naissance nouvelle où nous est accordé, par les mérites de sa Passion, la grâce qui nous fait justes.
Et pour ce bienfait – la grâce qui nous fait justes – l’Apôtre nous exhorte à rendre grâces continuellement au Père qui nous a rendus dignes d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière » (Col 1 12) et « qui nous a arrachés à la puissance des ténèbres et transférés dans le royaume de son Fils bien aimé en qui nous avons la rédemption et la rémission des péchés » (Col 1 13-14). Voilà ce qu’enseigne le Concile de Trente en son chapitre 3 du Décret sur la justification.
Merveilleux !
Insistons. Qu’appelle-t-on justification ? La justification de l’impie, c’est le passage, mieux c’est le transfert de l’état dans lequel l’homme naît fils du premier Adam à l’état de grâce et « d’adoption des fils de Dieu » (Rm 8 15) par le second Adam, Jésus-Christ, Notre Sauveur. Et ce transfert s’accomplit par la foi et le baptême. « Nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu s’il ne renaît de l’eau et de l’Esprit ». (Jn 3 5)
Et si NSJC est à l’origine de notre justification par le baptême alors que nous sommes enfants, il est aussi au commencement de la justification chez l’adulte par une grâce prévenante de Dieu par Jésus-Christ, c’est-à-dire « par un appel de Lui qui lui est adressé sans aucun mérite préalable en lui », dit le Concile de Trente. « Ainsi ceux que leurs péchés avaient détournés de Dieu se disposent, poussés et aidés par sa grâce, à se tourner vers leur justification, en acquiesçant et en coopérant librement à cette grâce. Ainsi Dieu touche –t-il le cœur de l’homme par l’illumination du saint Esprit mais l’homme lui-même n’est nullement inactif en recevant cette inspiration qu’il pourrait aussi bien rejeter et cependant, sans la grâce divine, il demeure incapable de se porter par sa libre volonté vers cet état de justice devant Dieu. Et ainsi le Concile de Trente prend bien soin de définir les causes de notre justification. C’est un véritable chef-d’œuvre. Il dit :
la cause finale, c’est la gloire de Dieu et du Christ et la vie éternelle.
-la cause efficiente, c’est Dieu qui, dans sa miséricorde, purifie et sanctifie gratuitement
-la cause méritoire, c’est le Fils unique bien aimé de Dieu, NSJC qui, alors que nous étions ennemis » à cause de l’extrême amour dont il nous a aimés (Eph 2 4) a mérité notre justification par sa très sainte Passion sur le bois de la Croix et a satisfait pour nous à Dieu son Père,
-la cause instrumentale, c’est le sacrement de baptême, le « sacrement de la foi » sans laquelle il n’est jamais arrivé à personne d’être justifié,
enfin la cause formelle, c’est la justice de Dieu, celle par laquelle il nous fait justes, ce don qui nous renouvelle au plus intime de nous-mêmes nous donnant foi espérance et charité, les trois vertus théologales qui seules nous unissent au Christ et nous rendrent membres vivants de son « corps mystique ».
Membres vivants de « son corps mystique ». Certes. Mais toujours avec un certain tremblement car « nul ne peut se déclarer certainement au nombre définitif des élus » (Concile de Trente). Si nous avons l’espérance de la gloire, grâce à NSJC « nous ne sommes pas encore dans la gloire » remarque le Concile de Trente en son chapitre 13 du Décret sur la justification. Nous devons prendre garde de tomber et nous devons travailler à notre salut avec crainte et tremblement, dit encore Saint Paul (Ph 2 12) dans les fatigues, les veilles, les aumônes, les prières et les offrandes, dans les jeunes et la chasteté. Et si par aventure, après avoir reçu la grâce de la justification, nous en sommes déchus par le péché, nous savons que nous pourrons être de nouveau justifiés si, poussés par Dieu, nous faisons effort pour retrouver, par le sacrement de pénitence, lui aussi fondé sur les mérites de NSJC, la grâce que nous avons perdue. Le sacrement de pénitence est donc, après le baptême, « la seconde planche » de salut. Le Christ Jésus n’a-t-il pas remis ce pouvoir à l’Eglise ? N’a-t-il pas dit : « recevez le Saint Esprit ; ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus » (Jn 20 23). A nous, alors, pécheurs, de détester et d’abondonner le péché, d’avoir un cœur contrit et humilié et de recourir à la confession sacramentelle pour recevoir l’absolution de nos péchés. Mais tout cela est encore le fruit de la grâce qui est toujours première mais non exclusive des bonnes œuvres qui nous confirment dans le bien. « Soyez riches en bonnes œuvres, nous recommande Saint Paul, convaincus que votre labeur n’est pas vain dans le Seigneur » (1 Cor 15 18) » car Dieu n’est pas injuste au point d’oublier ce que nous avons fait et la charité que nous avons déployée en son nom » (Hb 6 10) et ne perdons pas notre confiance. « Elle aura une grande récompense ».
N’oublions pas, non plus, que c’est Jésus-Christ lui –même qui communique constamment sa force aux justifiés comme « la tête aux membres » (Eph 4 15) ou comme « le cep aux sarments » (Jn 15 1). Cette force, nous dit encore le Concile de Trente, « précède, accompagne et suit « toujours les bonnes œuvres qui sans elle, ne sauraient à aucun titre être agréables à Dieu et méritoires. Et voilà pourquoi, à ceux qui agissent bien « jusqu’à la fin » et qui espèrent en Dieu, la vie éternelle doit être proposée

Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, nous devons avoir pour Dieu un amour de reconnaissance. Il est notre Sauveur, notre justification, notre sanctification et notre rédemption. Amen.

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