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publié dans couvent saint-paul le 28 septembre 2009


 « Spes illorum immortalitate plena est »

« Leur espérance est pleine d’immortalité »

Nous avons lu cette belle phrase cette semaine à l’occasion de la fête de saint Corneille et de saint Cyprien, le mercredi 16 septembre 2009. Elle a attiré mon attention. Je voudrais en faire notre méditation dominicale.

Cette phrase est extraite du livre de la Sagesse au chapitre 3, verset 4 : « Et s’ils ont souffert des tourments devant les hommes, leur espérance est pleine d’immortalité » « Spes illorum immortalitate plena est ».

Mais comment est-ce possible ?

Leur espérance est pleine d’immortalité, autrement dit, pleine d’éternité, pleine de gloire, pleine de gloire à venir. On pourrait traduire « immortalitas » par « gloiria » et dire tout également : « leur espérance est pleine de gloire », de la gloire future.

Mais comment est-ce possible de dire cela, d’espérer cela ?.

L’avenir, au contraire, n’est-elle la mort, la colère de Dieu, la séparation d’avec Dieu, l’éternel., l’enfer ?
N’y a-t-il donc pas eu le péché d’Adam et d’Eve, le péché originel, qui touche même les martyrs? Nous connaissons le fait du péché originel par le récit de la Genèse au chapitre 3. Nous en savons les conséquences, nous en savons les causes. Les causes ! C’est d’abord la désobéissance de nos premiers parents à l’ordre divin : « Vous ne mangerez pas du fruit de cet arbre ». Mais derrière cette désobéissance, il y a la voix séductrice de Satan, l’ennemi de Dieu, qui, par envie, les faits tomber dans la mort. Dans ce péché, l’homme s’est préféré à Dieu et par là même, il a méprisé Dieu. Il a fait choix de soi-même contre Dieu, contre les exigences de son état de créature et dès lors contre son propre bien. Constitué dans un état de sainteté, l’homme était destiné à être pleinement divinisé, par Dieu dans la gloire. Alors, oui, là, au paradis, avant le péché originel, son espérance était pleine d’immortalité. Mais par la séduction du diable, il a voulu être comme Dieu, mais « sans Dieu et avant Dieu et non pas selon Dieu », comme le dit Saint Maxime le Confesseur.

Et alors, l’Ecriture nous révèle les conséquences dramatiques de cette première désobéissance. Adam et Eve perdent immédiatement la grâce et la sainteté originelle. Comme le dit Saint Paul : « Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Rm3 23) « Ils ont même peur de Dieu » (Gen 3 5)

Telle notre foi sur le péché originel. Le Concile de Trente l’enseigne, « le décide, le confesse et le déclare : « 1. Si quelqu’un ne reconnaît pas qu’Adam le premier homme, ayant transgressé le commandement de Dieu dans le Paradis, est déchu de l’état de sainteté et de justice, dans lequel il avait été établi ; et par ce péché de désobéissance, et cette prévarication, a encouru la colère et l’indignation de Dieu, et en conséquence la mort, dont Dieu l’avait auparavant menacé (Gen. 2. 17.), et avec la mort, la captivité sous la puissance du Diable, qui depuis a eu l’empire de la mort (Heb 2. 14.) ; et que par cette offense, et cette prévarication, Adam tout entier, selon le corps et selon l’âme, a été changé en un pire état : qu’il soit Anathème »

Mais alors, MBCF, comment pouvoir dire, comme le fait dire l’Ecriture Sainte : « Spes illorum immoratalitate plena est ». C’est chose impossible et pourtant l’Eglise le dit de ses martyrs…C’est ce que je proclamais mercredi. Alors ?

Mais ce péché originel ne toucha pas seulement Adam et Eve, il toucha l’humanité toute entière. C’est encore l’enseignement du Concile de Trente. C’est son § 2 de son Décret sur le péché original :« 2. Si quelqu’un soutient que la prévarication d’Adam n’a été préjudiciable qu’à lui seul, et non pas à sa postérité ; et que ce n’a été que pour lui, et non pas aussi pour nous, qu’il a perdu la justice et la sainteté qu’il avait reçues, et dont il est déchues ; Ou qu’étant souillé personnellement par le péché de désobéissance, il n’a communiqué et transmis à tout le genre humain, que la mort et les peines du corps, et non pas le péché qui est la mort de l’Ame : qu’il soit Anathême ; puis que c’est contredire l’Apôtre, qui dit que le péché est entré dans le monde par un seul homme, et la mort par le péché ; et qu’ainsi la mort est passée dans tous les hommes, tous ayant péché dans un seul. (Rom 5. 12.) »

Mais alors comment puis-je dire encore ici, comme le confesse saint Paul que « notre espérance c’est la gloire » ; que « leur espérance est pleine d’immortalité ». C’est encore contredire l’enseignement le plus solennel de l’Eglise. Mais alors l’enseignement de l’Ecriture Sainte se dresserait-il contre l’Ecriture Sainte. C’est impossible. Dieu est toujours le même et ne peut ni changer ni se contredire. Alors ?

Serait-ce que le péché originel peut être enlevé pour certains, de certains, par les qualités personnelles de leur âme, de leur nature, de leur force, de leur propre nature, comme le pensait Pélage ? et que ceux-là et pour ceux-là seulement …on puisse dire, comme, par exemple, pour les martyrs saint Cyprien et saint Corneille, que leur espérance est pleine d’immortalité ? Non point. Cela contredirait le § 3 du Concile de Trente sur le péché originel qui déclare : « 3. Si quelqu’un soutient que ce péché d’Adam, qui est Un dans sa source, et qui étant transmis à tous par la génération, et non par imitation, devient propre à chacun, peut être effacé ou par les forces de la nature humaine, ou par quelque autre remède…: qu’il soit Anathême… »

Mais alors cette phrase « leur espérance est pleine d’immortalité » pourrait, peut être, être vraie pour les enfants, les tous petits, ces êtres sans défense et si purs, « qui n’ont rien en eux de péché » n’ayant pas l’âge de raison et ne peuvant commettre le moindre péché. Alors oui pour eux pourrait être vraie cette phrase : « leur espérance est pleine d’immortalité ». Même pas. Cela va droit contre l’enseignement de l’Eglise qui confesse que le péché originel touche toute la descendance d’Adam, grands ou petits. L’affirmation de Saint Jean est formelle : « Qui ne renaît pas de l’eau et de l’Esprit ne peut entrer dans le Royaume de Dieu » (Jn 3 5).
Ainsi  pour eux aussi, pour ces tous petits qui ne peuvent commettre encore le moindre péché personnel, je ne peux dire que « leur espérance est pleine d’immortalité ».

Mais alors en quel sens et de quelle manière cette merveilleuse phrase : « leur espérance est pleine d’immortalité » est vraie. Car cette phrase est vraie, non pas parce qu’elle me plait, elle est vraie parce qu’elle est confessée par l’Ecriture Sainte, par l’Esprit Saint. Il ne peut ni se tromper ni nous tromper. Cette phrase « leur espérance est pleine d’immortalité » est vraie en Jésus-Christ, grâce à Jésus-Christ. Comment ?

Ce n’est point par les forces de la nature humaine que ce péché originel – qui me ferme le ciel et m’enlève toute espérance – peut être enlevé et l’espérance redonné. Il ne peut être enlevé que par les mérites de l’unique médiateur, NSJC, qui nous a réconcilié avec Dieu dans son sang, « devenu pour nous, justice, sanctification et rédemption » comme le dit Saint Paul aux Corinthiens. C’est encore l’enseignement du Concile de Trente qui rappelle qu’il « qu’il n’y a point d’autre nom sous le Ciel, qui ait été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés. (Act. 4. 12.) Ce qui a donné lieu à cette parole, Voilà l’Agneau de Dieu, Voilà celui qui enlève les péchés du monde (Joan. I. 29.). Et à cette autre, Vous tous qui avez été baptisés, vous avez été revêtus de Jésus-Christ » (Galat. 3. 27.). Dès lors c’est seulement en Jésus-Christ que je peux dire en toute vérité : « Notre espérance est pleine d’immortalité ». Et voilà pourquoi saint Paul peut dire comme un let-motiv de son enseignement : « Le Christ l’espérance de la gloire ». Pour l’adulte, pour l’enfant, cette phrase est vraie car les mérites de NSJC sont appliqués et aux adultes et aux enfants par le sacrement du baptême conféré selon l’usage et la forme de l’Eglise.. N’oublions jamais cette phrase de saint Pierre : « Il n’est pas d’autre nom sous le ciel qui ait été donné aux hommes par lequel nous devons être sauvés »(Act 4 12). Parce que dans le baptême, je suis revêtu du Christ, je suis revêtu de sa sainteté, de sa grâce et je peux dire en toute vérité : Mon espérance est pleine d’immortalité. S’il est vrai que le péché est entré dans le monde et par le péché la mort (Rm 5 12), il est vrai aussi que la faute d’un seul a entraîné sur tous les hommes la condamnation, de même l’œuvre de justice d’un seul, le Christ, procure à tous une justification qui donne la vie » (Rm 5 18). Aussi vraiment je peux dire en le Christ : « Notre espérance est pleine d’immortalité ». Mais cette gloire, cette immortalité, je ne la dois pas à mes mérites personnels, à mes vertus, à mon innocence d’enfant, je la dois au Christ, à sa Passion, et donc à son immense charité. Si j’ai bien compris cela, à savoir l’universalité du péché originel, et sa transmission à toute le genre humain par la seule génération, si je comprends que seuls les mérites de NSJC a pu me redonner toute justice et sanctification, je peux comprendre l’immense amour que je dois avoir pour mon seul rédempteur, le seul rédempteur de mon âme. La grâce de NSJC, conféré par le baptême qui m’applique les mérites de NJSC en sa Passion, me remet le péché originel, me régénère. « Il n’y a donc plus de condamnation pour ceux qui sont (régénérés), vraiment ensevelis dans la mort avec le Christ par le baptême » (Rm 6 4). Par le baptême en le Christ, nous sommes devenus innocents, sans souillure, purs, irréprochables et fils aimés de Dieu », « héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ » (Rm 8 17) si bien que « rien n’empêche notre entrée dans le ciel », dit le Concile de Trente. C’est alors que je peux dire en toute vérité : mon espérance, à moi, à vous est pleine d’immortalité » en NSJC, grâce à NSJC

Nous poursuivrons notre raisonnement la semaine prochaine en la fête de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et nous parlerons de l’œuvre de notre justification, œuvre encore du seul Christ Seigneur.

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