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Entraide et Tradition

« Lumen Fidei »

publié dans regards sur le monde le 5 juillet 2013


LUMEN FIDEI

Le pape François, le 29 juin 2013, en la fête de saint Pierre et de saint Paul, signait et publiait sa première encyclique. Elle a pour titre « Lumen Fidéi », des premiers mots de l’Encyclique. Elle est l’œuvre de son prédécesseur Benoît XV. Elle a pour objet la Foi, vertu théologale. Elle comprend soixante paragraphes répartis en quatre  parties. Elle est fort intéressante. Mon attention a été plus particulièrement  attirée par quelques paragraphes que je vous donne ici.

Tout d’abord (A) son développement sur le rôle et l’influence de la foi dans l’élaboration de la cité et dont le tire est « foi et bien commun » Il écrit cette belle phrase en conclusion de son développement: « La foi éclaire la vie en société. Elle possède une lumière créative pour chaque mouvement nouveau de l’histoire, parce qu’elle situe tous les événements en rapport avec l’origine et le destin de toute chose dans le Père qui nous aime« . ou encore cette belle phrase: « La lumière de la foi est capable de valoriser la richesse des relations humaines, leur capacité à perdurer, à être fiables et à enrichir la vie commune »; ou encore :  » Assimilée et approfondie en famille, la foi devient lumière pour éclairer tous les rapports sociaux ». C’est dans ces paragraphes (50-55)  que l’on trouve son allusion sur la famille. Il redonne la définition de la famille: société composée nécessairement d’un homme et d’une femme en vue de la procréation. C’est cette allusion que les Médias  ont relevée et ont mise en opposition avec  la Loi Taubira.

Puis son commentaire sur la Foi, (B) comme fruit de la Tradition apostolique. j’ai bien aimé. Je vous renvoie à son texte que vous trouverez dans la rubrique: « enseignement du pape François. Ce sont les § 40 et suivants.

A)   La foi et le bien commun

C’est un passage de la quantième parie intitulée « Dieu prépare pour eux une cité’ (Hb 11 16): La foi et le bien commun

50. Dans la présentation de l’histoire des Patriarches et des justes de l’Ancien Testament, la Lettre aux Hébreux met en relief un aspect essentiel de leur foi. Elle ne se présente pas seulement comme un chemin, mais aussi comme l’édification, la préparation d’un lieu dans lequel les hommes peuvent habiter ensemble. Le premier constructeur est Noé qui, dans l’arche, réussit à sauver sa famille (cf. He 11, 7). Vient ensuite Abraham, dont il est dit que, par la foi, il habitait une tente, attendant la ville aux solides fondations (cf. He 11, 9-10). De la foi surgit une nouvelle confiance, une nouvelle assurance que seul Dieu peut donner. Si l’homme de foi s’appuie sur le Dieu de l’Amen, sur le Dieu fidèle (Cf. Is 65, 16), et devient ainsi lui-même assuré, nous pouvons ajouter que cette fermeté de la foi fait référence aussi à la cité que Dieu prépare pour l’homme. La foi révèle combien les liens entre les hommes peuvent être forts, quand Dieu se rend présent au milieu d’eux. Il ne s’agit pas seulement d’une fermeté intérieure, d’une conviction stable du croyant; la foi éclaire aussi les relations entre les hommes, parce qu’elle naît de l’amour et suit la dynamique de l’amour de Dieu. Le Dieu digne de confiance donne aux hommes une cité fiable.

Commentaire: Ainsi dans ce paragraphe, le pape François affirme la dimension sociale et politique de la foi. Ainsi de celle des patriarches. Dans les paragraphes qui suivent, il va développer différents aspects de ce rôle de la foi dans la cité: elle va agir au bénéfice du bien commun.

51. En raison de son lien avec l’amour (cf. Ga 5, 6), la lumière de la foi se met au service concret de la justice, du droit et de la paix. La foi naît de la rencontre avec l’amour originaire de Dieu en qui apparaît le sens et la bonté de notre vie ; celle-ci est illuminée dans la mesure même où elle entre dans le dynamisme ouvert par cet amour, devenant chemin et pratique vers la plénitude de l’amour.

La lumière de la foi est capable de valoriser la richesse des relations humaines, leur capacité à perdurer, à être fiables et à enrichir la vie commune. La foi n’éloigne pas du monde et ne reste pas étrangère à l’engagement concret de nos contemporains. Sans un amour digne de confiance, rien ne pourrait tenir les hommes vraiment unis entre eux. Leur unité ne serait concevable que fondée uniquement sur l’utilité, sur la composition des intérêts, sur la peur, mais non pas sur le bien de vivre ensemble, ni sur la joie que la simple présence de l’autre peut susciter.

– La foi fait comprendre la structuration des relations humaines, parce qu’elle en perçoit le fondement ultime et le destin définitif en Dieu, dans son amour, et elle éclaire ainsi l’art de l’édification, en devenant un service du bien commun. Oui, la foi est un bien pour tous, elle est un bien commun, sa lumière n’éclaire pas seulement l’intérieur de l’Église et ne sert pas seulement à construire une cité éternelle dans l’au-delà; elle nous aide aussi à édifier nos sociétés, afin que nous marchions vers un avenir plein d’espérance. La Lettre aux Hébreux nous en donne un exemple quand, parmi les hommes de foi, elle cite Samuel et David auxquels la foi a permis d’« exercer la justice » (11, 33). Là, l’expression fait référence à la justice de leur gouvernement, à cette sagesse qui donne la paix au peuple (cf. 1 S 12, 3-5 ; 2 S 8, 15).

Les mains de la foi s’élèvent vers le ciel mais en même temps, dans la charité, elles édifient une cité, sur la base de rapports dont l’amour de Dieu est le fondement.

Commentaire: on peut apprécier les belles affirmations du pape sur le rôle « politique » de la foi, en raison de ce qu’elle est, en raison de son ouverture sur  la charité de Dieu. Elle est seule capable de fonder les relations sociales sur la justice et sur la paix parce que d’abord fondées sur l’amour de Dieu.

La foi et la famille

52. Dans le cheminement d’Abraham vers la cité future, la Lettre aux Hébreux fait allusion à la bénédiction qui se transmet de père en fils (cf. 11, 20-21).

– Le premier environnement dans lequel la foi éclaire la cité des hommes est donc la famille. Je pense surtout à l’union stable de l’homme et de la femme dans le mariage. Celle-ci naît de leur amour, signe et présence de l’amour de Dieu, de la reconnaissance et de l’acceptation de ce bien qu’est la différence sexuelle par laquelle les conjoints peuvent s’unir en une seule chair (cf. Gn 2, 24) et sont capables d’engendrer une nouvelle vie, manifestation de la bonté du Créateur, de sa sagesse et de son dessein d’amour. Fondés sur cet amour, l’homme et la femme peuvent se promettre l’amour mutuel dans un geste qui engage toute leur vie et rappelle tant d’aspects de la foi. Promettre un amour qui soit pour toujours est possible quand on découvre un dessein plus grand que ses propres projets, qui nous soutient et nous permet de donner l’avenir tout entier à la personne aimée. La foi peut aider à comprendre toute la profondeur et toute la richesse de la génération d’enfants, car elle fait reconnaître en cet acte l’amour créateur qui nous donne et nous confie le mystère d’une nouvelle personne. C’est ainsi que Sara, par sa foi, est devenue mère, en comptant sur la fidélité de Dieu à sa promesse (cf. He 11, 11).

Commentaire: la foi-charité a ses premières conséquence dans la première cellule sociale: la famille. La famille est à l’image du Dieu de Charité: une union féconde et stable.

53. En famille, la foi accompagne tous les âges de la vie, à commencer par l’enfance : les enfants apprennent à se confier à l’amour de leurs parents. C’est pourquoi, il est important que les parents cultivent en famille des pratiques communes de foi, qu’ils accompagnent la maturation de la foi de leurs enfants. Traversant une période de la vie si complexe, riche et importante pour la foi, les jeunes surtout doivent ressentir la proximité et l’attention de leur famille et de la communauté ecclésiale dans leur processus de croissance dans la foi. Tous nous avons vu comment, lors des Journées mondiales de la Jeunesse, les jeunes manifestent la joie de la foi, leur engagement à vivre une foi toujours plus ferme et généreuse. Les jeunes désirent une vie qui soit grande. La rencontre avec le Christ — le fait de se laisser saisir et guider par son amour — élargit l’horizon de l’existence et lui donne une espérance solide qui ne déçoit pas. La foi n’est pas un refuge pour ceux qui sont sans courage, mais un épanouissement de la vie. Elle fait découvrir un grand appel, la vocation à l’amour, et assure que cet amour est fiable, qu’il vaut la peine de se livrer à lui, parce que son fondement se trouve dans la fidélité de Dieu, plus forte que notre fragilité. Une lumière pour la vie en société

Commentaire: la foi est seule capable de donner une vraie dimension, une dimension enthousiasmante que les jeunes recherchent. D’où l’importance d’une vraie éducation de la foi en famille par les parents.

54. Assimilée et approfondie en famille, la foi devient lumière pour éclairer tous les rapports sociaux.

– Comme expérience de la paternité et de la miséricorde de Dieu, elle s’élargit ensuite en chemin fraternel. Dans la « modernité », on a cherché à construire la fraternité universelle entre les hommes, en la fondant sur leur égalité. Peu à peu, cependant, nous avons compris que cette fraternité, privée de la référence à un Père commun comme son fondement ultime, ne réussit pas à subsister. Il faut donc revenir à la vraie racine de la fraternité.

– L’histoire de la foi, depuis son début, est une histoire de fraternité, même si elle n’est pas exempte de conflits. Dieu appelle Abraham à quitter son pays et promet de faire de lui une seule grande nation, un grand peuple, sur lequel repose la Bénédiction divine (cf. Gn 12, 1-3). Au fil de l’histoire du salut, l’homme découvre que Dieu veut faire participer tous, en tant que frères, à l’unique bénédiction, qui atteint sa plénitude en Jésus, afin que tous ne fassent qu’un.

– L’amour inépuisable du Père commun nous est communiqué, en Jésus, à travers aussi la présence du frère. La foi nous enseigne à voir que dans chaque homme il y a une bénédiction pour moi, que la lumière du visage de Dieu m’illumine à travers le visage du frère. Le regard de la foi chrétienne a apporté de nombreux bienfaits à la cité des hommes pour leur vie en commun !

– Grâce à la foi, nous avons compris la dignité unique de chaque personne, qui n’était pas si évidente dans le monde antique. Au deuxième siècle, le païen Celse reprochait aux chrétiens ce qui lui paraissait une illusion et une tromperie : penser que Dieu avait créé le monde pour l’homme, le plaçant au sommet de tout le cosmos. Il se demandait alors : « Pourquoi veut-on que l’herbe pousse plutôt pour les hommes que pour les plus sauvages de tous les animaux sans raison ? »[46]. « Si quelqu’un regardait du ciel sur la terre, quelle différence trouverait-il entre ce que nous faisons et ce que les fourmis ou les abeilles ? »[47].

– Au centre de la foi biblique, se trouve l’amour de Dieu, sa sollicitude concrète pour chaque personne, son dessein de salut qui embrasse toute l’humanité et la création tout entière, et qui atteint son sommet dans l’Incarnation, la Mort et la Résurrection de Jésus Christ. Quand cette réalité est assombrie, il vient à manquer le critère pour discerner ce qui rend la vie de l’homme précieuse et unique. L’homme perd sa place dans l’univers et s’égare dans la nature en renonçant à sa responsabilité morale, ou bien il prétend être arbitre absolu en s’attribuant un pouvoir de manipulation sans limites.

Commentaire: la foi développe le sens de la fraternité, de la dignité de la personne par la foi au mystère de l’Incarnation rédemptrice.: tous éléments nécessaires au bien commun d’une société.

 55. La foi, en outre, en nous révélant l’amour du Dieu Créateur

– nous fait respecter davantage la nature, en nous faisant reconnaître en elle une grammaire écrite par Lui et une demeure qu’il nous confie, afin que nous en prenions soin et la gardions ; elle nous aide à trouver des modèles de développement qui ne se basent pas seulement sur l’utilité et sur le profit, mais qui considèrent la création comme un don dont nous sommes tous débiteurs ;

elle nous enseigne à découvrir des formes justes de gouvernement, reconnaissant que l’autorité vient de Dieu pour être au service du bien commun.

La foi affirme aussi la possibilité du pardon, qui bien des fois nécessite du temps, des efforts, de la patience et de l’engagement ; le pardon est possible si on découvre que le bien est toujours plus originaire et plus fort que le mal, que la parole par laquelle Dieu soutient notre vie est plus profonde que toutes nos négations. D’ailleurs, même d’un point de vue simplement anthropologique, l’unité est supérieure au conflit ; nous devons aussi prendre en charge le conflit, mais le fait de le vivre doit nous amener à le résoudre, à le vaincre, en le transformant en un maillon d’une chaîne, en un progrès vers l’unité.

Quand la foi diminue, il y a le risque que même les fondements de l’existence s’amoindrissent, comme le prévoyait le poète Thomas Stearns Elliot : « Avez-vous peut-être besoin qu’on vous dise que même ces modestes succès /qui vous permettent d’être fiers d’une société éduquée / survivront difficilement à la foi à laquelle ils doivent leur signification ? »[48]. Si nous ôtons la foi en Dieu de nos villes, s’affaiblira la confiance entre nous. Nous nous tiendrions unis seulement par peur, et la stabilité serait menacée. La Lettre aux Hébreux affirme : « Dieu n’a pas honte de s’appeler leur Dieu ; il leur a préparé, en effet, une ville » (11, 16).

Commentaire: la foi nous donne le sens du don de la création et donc du respect qu’on lui doit, nous donne le sens de l’autorité: « tout pouvoir vient de Dieu. Elle va nourrir alors le sens du respect. La foi va développer en nos cœurs le sens du pardon, si nécessaire à la paix publique. La foi nous donne le vraie sens de l’existence: un élément si important pour la vie en commun.

L’expression « ne pas avoir honte » est associée à une reconnaissance publique. On veut dire que Dieu confesse publiquement, par son agir concret, sa présence parmi nous, son désir de rendre solides les relations entre les hommes. Peut-être aurions-nous honte d’appeler Dieu notre Dieu ? Peut-être est-ce nous qui ne le confessons pas comme tel dans notre vie publique, qui ne proposerions pas la grandeur de la vie en commun qu’il rend possible ? La foi éclaire la vie en société. Elle possède une lumière créative pour chaque mouvement nouveau de l’histoire, parce qu’elle situe tous les événements en rapport avec l’origine et le destin de toute chose dans le Père qui nous aime.

Commentaire: la foi doit s’exercer, se confesser publiquement

B L’Église, mère de notre foi: voir le texte dans la rubrique l’enseignement du pape François. Ce sont les § 37-47

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