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Entraide et Tradition

de l’athéisme

publié dans couvent saint-paul le 23 novembre 2013


Dernier dimanche après la Pentecôte.

L’athéisme

Le  dernier dimanche après la Pentecôte est l’occasion, généralement, pour le prédicateur de faire quelques considérations sur la fin des temps. Il faut dire que le récit de l’Evangile y encourage…

Sommes- nous arrivés à « la fin des temps »…Le retour du Fils de l’homme est-il proche ? Est-il à nos portes ? Je ne sais…Mais je suis sur que ce jour arrivera, que ces paroles du Christ se réaliseront. Comme nous le fait chanter le cantique : « Je suis sur de sa parole ».  « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas ». « Coelum et terra transibunt, verba autem mea non praeteribunt ».

Je ne sais pas si nous sommes arrivés à la fin des temps, vous dis-je …mais ce que je sais c’est que nous sommes arrivés à la fin d’un temps, de  ce temps qui s’appelait « chrétienté ». Nous sommes arrivés à la fin de ce temps, à la fin de  cette chrétienté qui vit le jour avec la conversion de Constantin, avec la conversion du pouvoir temporel épousant la loi évangélique  et l’instaurant, la faisant rayonner dans les mœurs et les institutions et la défendant dans la juste et libre autonomie de son pouvoir temporel vis-à-vis de l’Eglise.

En effet à partir de Constantin Ier le grand, l’empereur romain,  de l’an 306 à l’an 337 de notre ère, la religion chrétienne est devenue « religion d’Etat ». Et depuis les Pays de l’Europe étaient ceux où régnait un Prince chrétien, un pouvoir chrétien. Cette période qui dura plus d’un millénaire,  jusqu’au I8ème siècle, est connue dans l’histoire sous le nom du « Constantinisme ». Le Constantinisme est la doctrine et la situation où le prince chrétien assure chrétiennement l’ordre temporel et porte l’Evangile dans le monde entier.

Comment ne pas appeler cette situation de nos vœux ?

Car ce fut une très riche période,

–         d’abord pour l’honneur et la gloire de Dieu qu’il faut toujours avoir en vue

–         ensuite pour l’Eglise, pour ses fidèles

–         enfin pour les Nations, pour les Arts, l’architecture et les lettres.. .

L’Eglise a besoin du bras temporel chrétien pour rayonner. Partout où elle n’a plus  la collaboration sincère d’un pouvoir politique indépendant d’elle, mais s’inspirant de l’Evangile du Christ, conformément à l’axiome : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu », l’Eglise  ne peut plus survivre. Elle redevient physiquement une « Eglise du silence », une Eglise des martyrs, ce qu’elle fut  jusqu’à la victoire de Constantin avec son « labarum »  dressé au pont de Milvius.

N’est ce pas ce qu’elle redevient, aujourd’hui, une Eglise du silence,  à l’occasion de ce temps nouveau… « N’assistons nous pas à  l’agonie et à  la mort de la chrétienté » ? En ce sens que l’esprit d’indépendance absolue triomphe partout, dans tous les partis politiques, dans toutes les instances étatiques. Désormais, dans aucun pouvoir, la pierre d’angle est  le Christ, est l’Eglise. L’homme politique revendique « l’indépendance absolue à l’égard du Christ et de son Eglise ». Il revendique pour lui-même « l’aséité ». Il est par lui-même, indépendant du Créateur.  Il soustrait à l’ordre chrétien, ici  la sensibilité esthétique, là la spiritualité religieuse et, partout, il vise à remplacer le culte des Trois Personnes divines  par le culte du moi humain. Dieu, par suite de ce combat acharné des instances maçonniques, est écarté de tout pouvoir. La pensée politique aujourd’hui se nourrit d’ « antithéologisme » et d’ « idéalisme ». Ce temps est donc un temps nouveau, un temps, diront les papes, saint Pie X, Jean Paul II, le pape François, un temps d’ « apostasie », d’ « apostasie silencieuse » et donc pour nous, l’Europe, un temps d’athéisme profond.

Oui l’athéisme l’a emporté en Occident. Il l’a emporté dans tout l’espace social des institutions, du droit en vigueur, de l’idéologie dominante dans les medias et dans l’école publique. Hier, l’Empire soviétique était l’empire de l’athéisme. Aujourd’hui,  c’est l’Occident qui souffle ce vent de folie

Grâce à Dieu, partout des familles, des chapelles,  des paroisses,  des écoles, des communautés et des associations se rencontrent où la foi chrétienne est ardente et fidèle. L’athéisme occidental ne les a pas détruites, n’arrête même pas leur extension…mais, toutefois,  il leur retire l’accès à tout ce qui a une décisive dimension sociale. Il leur interdit d’avoir réellement voix au chapitre :

-pour la définition des droits qui sont désormais ceux de l’homme sans Dieu, sans foi ni loi, sans obligation ni sanction,

-pour la doctrine et les mœurs de l’école publique

-pour l’idéologie dominante dans l’information et les spectacles

-pour la soi-disant « éthique » qui prétend se substituer à tout ordre moral dans la politique, dans la bioéthique.

La voix chrétienne en faveur de l’institution familiale et la protection de l’enfance dès sa conception  se fait entendre avec bien du mal…

Oui l’athéisme tien l’Etat et ses institutions.

Et pourtant, hier, cette Europe fut façonnée par Charlemagne. Il a établi  une « synthèse grandiose entre la culture de l’antiquité classique, principalement romaine et les cultures des peuples germaniques et celtes, une synthèse réalisée sur la base de l’Evangile de Jésus-Christ. Voilà ce que fut le continent européen. L’Europe s’est constituée sur l’acceptation de la foi chrétienne. Elle est cela ou elle n’est rien et c’est pour cela qu’elle ne peut avoir  en son sein  une puissance islamique, la Turquie.

Cette Europe  n’est rien aujourd’hui !

C’est ce qu’a dit JP II, le Ier janvier 2001. Il nous avertissait que « les modèles du monde occidental, désormais affranchis du terreau chrétien, sont inspirés par une conception pratiquement athée de la vie ». L’Occident  est entré dans une ère nouvelle où « ses lumières » ne l’entrainent plus vers le bien : « En raison de leur forte connotation scientifique et technique, les modèles culturels de l’Occident apparaissent séduisants et fascinants, mais malheureusement, ils se révèlent, avec une évidence toujours plus grande, un appauvrissement progressif dans les domaines humaniste, spirituel et moral. La culture qui les engendre est marquée par la prétention dramatique de vouloir réaliser le bien de l’homme en se passant de Dieu, le Souverain Bien. Mais la créature sans son Créateur s’évanouit ». Une culture qui refuse de se référer à Dieu perd son âme en même temps que son orientation, devenant une culture de mort, comme en témoignent les tragiques événements du vingtième siècle et comme le montrent les conséquences nihilistes que l’on constate actuellement dans de larges sphères du monde occidental »

MBCF, la cause  de cette catastrophe occidentale, c’est la prétention dramatique de vouloir réaliser  le bien de l’homme en se passant de Dieu ». L’athéisme.

Et cet athéisme faisait dire à Soljénitsyne, le 8 juin 1978 dans son discours d’Harvard aux  USA : « Non, je ne peux pas recommander votre société comme un idéal pour la transformation de la notre », i.e. pour la transformation de la société soviétique qui était encore sous la domination communiste. Aux émissaires parisiens qui étaient venus  à Moscou, le 13 décembre 2000, lui porter le prix charlemagne, il parlait encore aussi clairement, il leur parlait, il nous parlait de « la crise prof onde qui s’annonce ». Il en indiquait la cause : « Il y a cinq siècles, l’humanisme s’est laissé entrainer par un projet séduisant : emprunter au christianisme ses lumineuses idées, son sens du bien, sa sympathie à l’égard des opprimés et des miséreux, son affirmation de la libre volonté de chaque être humain, mais en essayant de se passer du Créateur de l’univers »

« Il y a cinq siècle », nous dit Soljénistsine, ce projet « de se passer du Créateur de l’univers » commençait à se façonner, s’esquissait, se mitonnait, se vivait parmi les philosophes et les artistes. C’était la Renaissance. La philosophie tournait le dos à ce qui avait fait sa grandeur au Moyen Age, d’être « ancilla theologiae », servante de la théologie. «  Les arts perdaient leur inspiration surnaturelle pour se faire l’ornement d’un humanisme sans Dieu ».

Triomphe de l’athéisme. Il n’y a donc plus d’Etat chrétien en Europe. Et pourtant il y a des pays islamiques, oh Combien. ! Et pourtant il y a des Etats protestants, officiellement. Islamisme. Protestantisme…Ne sont-ce pas là religion d’Etat ?

Voilà l’Eglise ramenée à la situation que tant de théologiens et d’évêques ont tellement souhaitée depuis le Concile Vatican II : une situation antérieure à l’empereur Constantin et au « constantinisme ». Le pouvoir n’apporte plus à l’Eglise  aucune espèce de soutien temporel. Bien au contraire. Ils le combattent. Voilà ce qu’ont demandé les Pères conciliaires tout au long du Concile : une indépendance nécessaire du pouvoir temporel pour une soit disant authentique liberté. « Une église libre dans un Etat libre ».

J’ai entendu cela de mes oreilles à la clôture du Concile. Véritable aberration !

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