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Entraide et Tradition

La parole est aux Salafistes. A lire absolument

publié dans regards sur le monde le 30 mai 2016


 

ISLAM – Interview (première partie) – La parole est aux Salafistes !

Et après cette lecture, vous comprendrez combien il est scandaleux de voir des évêques de France vouloir encore « dialoguer » avec l’Islam. C’est  le cas de Mgr Aumonier, évêque de Versailles,  lors de sa visite du Doyenné de Mantes la Jolie en Novembre prochain…. 

Il n’est pas facile, assourdi par le chœur médiatique unanime qui inonde l’opinion publique d’assertions et de reportages divers condamnant le Salafisme et qui en dépeignent le tableau extrêmement négatif d’une doctrine partagée uniquement par des abrutis fanatiques, sans jamais ouvrir le débat, d’oser offrir un espace de parole aux tenants de la partie ainsi stigmatisée et de permettre la contradiction.

Couverture Le Pays du Mal - L'Harmattan

 

Il n’a pas non plus été aisé, dans le contexte répressif et hystérique du moment, de convaincre des personnalités religieuses partisanes du Salafisme de s’exposer ouvertement et d’avancer leurs arguments.

Mais il était déontologiquement nécessaire, à l’aune de la philosophie de notre média, de prendre le risque de détonner une fois encore, de déchirer le voile mainstream et de briser l’omerta, pour à la fois comprendre les motivations de ces dizaines de milliers de combattants qui, des quatre coins du monde, s’enrôlent dans les rangs de l’armée de l’État islamique et acceptent parfois de mourir dans des attaques-suicides –et qui ne peuvent pas, pas tous du moins, être des abrutis idiots en décrochage social, endoctrinés par des criminels ignorant absolument tout du Coran (et ignorant eux-mêmes tout de l’Islam), comme ils sont systématiquement présentés dans la presse à grand tirage-, et à la fois pour se rendre compte que, peut-être, l’Islam, dans ses fondements originels et dans ses principes intrinsèques, ne procède pas d’une philosophie « peace and love », ni de règles plutôt vagues et mouvantes, adaptables à toute circonstance et agréables à toute idéologie, fût-elle laïcarde ou même athéiste.

Le point de départ de ma démarche (ce qui m’a décidé à organiser cette interview), ce fut un reportage diffusé sur une chaîne publique française, qui annonçait avoir eu l’autorisation de filmer et d’interviewer des Salafistes incarcérés, accusés, notamment, d’avoir tenté de rejoindre l’État islamique en Syrie. Enfin ! Le téléspectateur allait entendre leur version des faits, leur vision du monde, leur conception de l’Islam ! Et pouvoir se faire une opinion… Il n’en fut rien : à aucun moment, les Salafistes n’ont eu la parole, qualifiés d’endoctrineurs fanatiques tout au long de l’émission. Le seul Musulman interviewé était l’imam de la prison (très politiquement correct) ; l’homme expliquait à son interlocuteur satisfait qu’il avait tenté de dialoguer avec un Salafiste emprisonné, mais que celui-ci, enfermé dans l’endoctrinement qu’il avait subi, avait refusé de poursuivre la conversation… De toute façon, ses arguments étaient sans consistance, car il ne connaissait l’Islam et le Coran que fort mal… Mais on n’entendra pas, dans le reportage, ces arguments à ce point « inconsistants »…

Ce fut ensuite un autre reportage, « exclusif », d’une chaîne franco-allemande, qui annonçait avoir interviewé « des combattants de l’État islamique ». Cependant, les « témoins » interrogés étaient tous des « repentis », à l’identité incertaine, rencontrés en Turquie, à la frontière syrienne (« Sans jamais prendre le risque d’entrer en Syrie ! », précisait, positivement, le directeur des programmes de la chaîne) ; et tous dénigraient (comme de bien entendu) l’État islamique, ses dirigeants (« nullement des Musulmans, mais des bandits et des criminels ») et ses méthodes… Absolument rien de positif, donc, qui expliquerait pourquoi ces milliers de personnes ne cessent d’affluer pour s’engager dans le djihad.

Bref, de « l’anti-journalisme » identique à celui qui, très méthodiquement, prévaut partout sur cette question.

Le journalisme, c’est, en effet, dans un premier temps, la neutralité ; et c’est, toujours, de donner la parole aux deux camps… Quand on ne donne la parole qu’à un seul des protagonistes, on produit de la propagande.

J’ai contacté plusieurs imams qualifiés de « radicaux », en France, en Belgique et en Grande-Bretagne, pour leur proposer de prendre la parole et de développer leur argumentaire. Même sous couvert de l’anonymat, presque aucun n’a voulu s’exprimer, manifestement méfiants à l’égard des médias, voire inquiets de parler dans le climat ambiant (craignant notamment la perspective d’une arrestation pour « apologie du terrorisme »).

Un imam (proche du Recteur de la Grande Mosquée de Paris, ce qu’il m’a autorisé à mentionner) a toutefois accepté l’entretien, à la condition que son nom ne soit pas révélé.

J’ai fidèlement retranscrit dans ce reportage ses réponses à mes questions et l’argumentaire sans concession qu’il oppose à « l’Islam de France ».

La seconde partie de cet entretien sera publiée dans l’édition d’avril 2016 du Courrier du Maghreb et de l’Orient.

Pierre Piccinin da Prata – Ma première question concerne votre exigence de conserver l’anonymat dans le cadre de cette interview. Pour quelle raison n’avez-vous pas accepté de vous exprimer à visage découvert ?

– Je suis convaincu qu’il est inutile que les Musulmans, en France (ou ailleurs en Occident), qui partagent la foi en l’Islam vrai se mettent en danger sans raison valable. Or, ce que je vais dire pourrait me valoir plus que des ennuis, me réduire définitivement au silence… Je pense à une arrestation… C’est très possible… Beaucoup de personnes ont été arrêtées, dans ce pays, simplement pour avoir voulu vivre l’Islam et pour avoir parlé en Musulmans. La presse n’en parle pas, mais ils peuplent les prisons de cette « démocratie » où prévaut la « liberté d’expression », comme tout le monde sait…

Depuis l’attaque qui a frappé Paris, la première, il y a plus d’un an, la communauté musulmane fait l’objet d’une véritable chasse aux sorcières : ministres, journalistes… C’est à qui criera le plus fort. Un des chefs de la rédaction de France 2, juste après l’attaque, avait demandé que l’on repère et que l’on « traite » tous ceux qui « n’étaient pas Charlie ». Vous comprendrez, dans ce contexte, que nous devons depuis lors nous montrer extrêmement prudents. La ministre de l’Éducation, Najat Belkacem, bien que d’origine musulmane (peut-être « parce que » d’origine musulmane ; voulaient-elle apparaître plus « blanche » ?) s’était indignée, publiquement, que des écoliers, dans les quartiers à forte immigration, posaient des questions à leurs professeurs ; parce qu’ils demandaient pourquoi ils devaient « être Charlie » alors que personne n’était les Musulmans tués dans les guerres d’invasion menées par l’Occident au Moyen-Orient, ni les enfants Palestiniens massacrés par Israël à Gaza… Au contraire, il y a quelques semaines, toute la classe médiatique et politique française était au dîner annuel du CRIF [ndlr : Conseil représentatif des Institutions juives de France], comme chaque année, d’ailleurs ; jusqu’au président de la république lui-même, qui devrait pourtant être neutre. Non ? Être le président de tous les Français… Or, le CRIF défend tant qu’il peut la politique meurtrière d’Israël…

La liberté d’expression, en France, est aujourd’hui à géométrie très variable…

Même au sein de la Fédération [ndlr : la Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris], je fais très attention à ne pas me dévoiler et je reste prudent ; je ne me livre pas à tout le monde… Certains « imams » qui veulent montrer patte blanche sont tout prêts à dénoncer leurs frères. Certains, depuis les attaques, l’ont fait, déjà. Ils n’ont pas hésité à s’abaisser jusqu’à la délation, à dénoncer des fidèles de leur mosquée au poste de police de leur quartier, et à trahir ainsi l’Oumma [ndlr : la communauté des croyants, des Musulmans], pour se faire bien voir des autorités et conserver leurs prérogatives.

Après les attaques, les journaux ont titré : « Dans toutes les mosquées de France, on condamne la violence ! ». Mais bien évidemment ! Tous les corrompus se sont empressés de donner des gages ! C’était à qui en ferait le plus !

Le mois dernier, la Fédération a organisé un colloque, sur ce thème : « Le rôle de l’imam dans le maintien de la paix et de la stabilité sociale ».  L’imam comme agent de la « stabilité sociale » ! Tout un programme…

C’est très triste de devoir se méfier de ses propres frères.

Toi-même, quand nous avons préparé l’entretien, tu m’as dit à quel point tu avais eu du mal à trouver des Musulmans d’accord de s’exprimer honnêtement sur cette question… Les imams qui prêchent la vérité de l’Islam se cachent ; et ils ont raison. On n’entend plus nulle part un discours honnête. Mais la vérité continue de se transmettre, désormais sous le manteau, dans les caves où s’organisent les mosquées de la résistance…

PPdP – Ma deuxième question, pour en venir droit au but : comment définiriez-vous le « Salafisme » ? En quoi peut-on le qualifier de « radicalisme » ?

– Le Salafisme, c’est la pratique de l’Islam à l’identique du Prophète –paix et bénédiction sur lui- et de ses compagnons [ndlr : le terme « salaf », en arabe, signifie « celui qui précède » et désigne les compagnons du Prophète Mohamed et leurs descendants immédiats, sur deux générations].

Comment, dès lors, s’agirait-il de « radicalisme » ?

Ce sont plutôt ceux qui ne pratiquent pas l’Islam comme le Prophète qui se radicalisent. Ils se radicalisent dans le dévoiement, dans l’imperfection, dans le mensonge… Ils se radicalisent dans leurs perversions et plient l’Islam et ses règles à leurs dépravations, à leur paresse, à leurs désirs qu’ils ne peuvent s’empêcher d’assouvir au détriment de leur vie de Musulmans.

Contrairement à ce que prétendent nos détracteurs, la renaissance salafiste n’est pas une « réinvention » de l’Islam. Les Salafistes ne créent pas un « nouvel Islam » ; ils restaurent, en revanche, l’Islam enseigné par le Prophète et s’y conforment exactement. Les « inventeurs » de nouveaux Islams ou plutôt de « faux » Islams, ce sont les auteurs de fatwas [ndlr : « avis » prononcés par des religieux sunnites] ou ceux qui interprètent et innovent inconsidérément.

Ils nous accusent de créer un nouveau courant, dit « littéraliste ». Mais quoi de plus absurde ? Ils inversent les rôles et jouent sur les mots. Un courant « littéraliste », ça n’existe pas. L’application littérale des écritures, ce n’est pas un « courant » dans l’Islam. C’est l’Islam. Les « courants », dévoyés, ce sont ceux auxquels, eux, ils adhèrent.

PPdP – D’aucuns, parmi les autorités religieuses de l’Islam, considèrent pourtant qu’il existe plusieurs voies, plusieurs manières de mettre en œuvre les enseignements du Prophète. C’est ainsi que se sont constituées plusieurs écoles, au cours des siècles, dont les quatre grandes écoles sunnites, ces « courants dévoyés » que vous dénoncez : l’Hanafisme, le Chaféisme, le Malékisme, et le Hanbalisme, sans oublier un mouvement très particulier, le Soufisme, qui réprouve toute forme de violence.

– Je n’épiloguerai pas sur le Soufisme, qui n’est qu’hérésie.

En ce qui concerne les « écoles », je les réprouve sans hésitation ! Cette idée que plusieurs chemins mènent à l’accomplissement des enseignements du Prophète –la paix et la bénédiction sur lui- procède d’une construction sophistique malhonnête.

Elle a pour origine le fiqh, c’est-à-dire la compréhension de la loi islamique, qui est sans équivoque, telle qu’elle a été donnée par Dieu par l’intermédiaire de son Prophète. Le fiqh ne doit pas servir les intérêts personnels dévoyés.

C’est pourtant ce qui s’est passé : des madhhab [ndlr : « écoles »] se sont formées en fonction de la manière dont la loi a été « comprise » ; ou, plus exactement dont certains ont « bien voulu la comprendre », en abusant du fiqh.

L’Islam est un, comme Dieu est un. Comment se pourrait-il qu’il existe « plusieurs Islams » ?

Ces écoles se contredisent sur de nombreux points. L’une permet ceci, alors que l’autre l’interdit, et vice-versa. C’est la preuve simple et irréfutable qu’elles sont pétries d’erreurs et de perversions. Comment l’Islam pourrait-il permettre une chose et son contraire ? Plusieurs de ces écoles sont donc forcément hérétiques.

Ces écoles se sont construites au fil du temps et des aléas de l’histoire, des perversions politiques et sociétales que les uns et les autres ont voulu justifier en pervertissant dès lors l’enseignement du Prophète et en étirant le fiqh pour faire dire à la loi ce qui les arrangeait. Je l’ai dit : inutile de pérorer et d’échafauder des mensonges en multipliant les biais rhétoriques pour justifier tout et son contraire et la permissivité, le relativisme le plus total. De prétendus « savants » de l’Islam ont ainsi utilisé à la légère de faux hadiths ou des hadiths douteux à tout le moins, pour appuyer telle ou telle de leurs positions [ndlr : les Hadiths rassemblent plusieurs milliers de témoignages rapportés par les compagnons du Prophète, à propos de paroles prononcées par le Prophète ou d’actes accomplis par lui]. Quand un hadith est douteux, quand la chaîne de transmission du témoignage n’est pas certaine et que le témoignage est peut-être inventé, il faut l’écarter, ne pas prendre de risque. Il faut s’en tenir aux écritures qui sont sans ambiguïté et n’ont pas besoin de cette corruption-là. C’est ce que prône ce que tu appelles l’école hanbaliste, la seule qui respecte les écritures, mais pas parfaitement encore ; les autres pervertissent complètement les croyants et les conduisent dans l’erreur.

Seul le Salafisme évite les erreurs en limitant le fiqh à l’entendement du Prophète et de ses compagnons et en rejetant toutes les hérésies qui ont été édifiées après leur mort : le Coran est limpide ; il n’est pas sujet à spéculation et à la dialectique.

Ceux qui affirment le contraire sont soit des sots, soit des personnes malhonnêtes qui cherchent sciemment à justifier un mode de vie lascif qui leur convient mieux que la vertu islamique.

L’Islam est exigeant ! Oui, bien sûr que l’Islam est exigeant ! Dieu et son Prophète –la paix et la bénédiction sur lui- sont exigeants !

Même ses compagnons le trouvaient très exigeant !

Sais-tu que, dans ses premiers enseignements, le Prophète aurait ordonné que l’on fasse plusieurs fois dix fois la prière dans une journée ?! S’il ne lui avait été dit : « Messager de Dieu, tu ne peux pas imposer cela à des hommes simples et qui travaillent tout le jour ; c’est un effort trop grand. » Et le Prophète –la paix et la bénédiction sur lui- a demandé à Dieu de limiter à cinq le nombre des prières quotidiennes.

Mais, ce que le Prophète a laissé comme enseignements à sa mort, il faut le respecter et s’y conformer. Aucun Musulman n’a le droit de s’y soustraire, de le contourner ou de l’amender, de le transformer, d’aucune manière.

PPdP – Comment pouvez-vous être certain de ne pas mésinterpréter l’enseignement du Prophète ? Qu’est-ce qui vous garantit que vous n’exagérez pas dans la pratique des règles de l’Islam et que, par là, vous ne tombez pas dans l’excès et, précisément, le radicalisme ?

– J’obéis tout simplement aux enseignements du Prophète -la paix et la bénédiction sur lui. Sans interpréter (ou mésinterpréter). Nous nous référons à ce qu’il a transmis et qui est écrit dans le Coran, mais nous basons notre vie aussi sur ce que lui et ses compagnons ont fait, sur ce que la tradition rapporte de la manière dont ils se comportaient ; et nous essayons de conformer notre propre comportement à ce que nous savons du leur.

Quand nous doutons, quand nous nous interrogeons sur l’attitude à adopter par rapport à un fait de société, par rapport tout simplement, aussi, au quotidien, à la vie de tous les jours, nous nous demandons : « Comment le Prophète et ses compagnons auraient-ils agi ? » Et nous recherchons, dans la tradition, dans le Coran ou dans les hadiths authentiques, un enseignement pour nous comporter comme le Prophète l’a commandé.

Ce qu’ils appellent « fondamentalisme », « radicalisme », « extrémisme »… c’est en réalité et tout simplement l’Islam pur, véritable, qui se conforme sans la moindre corruption, sans le moindre écart aux enseignements du Prophète – la paix et la bénédiction sur lui.

Leur « Islam modéré », ce n’est pas l’Islam. C’est autre chose… Un Islam partiel… Qui s’est en partie dissout dans le bruit du monde… C’est un islam que ses promoteurs ont amputé de tout ce qui dérange les athées, les laïcs, les mécréants… De tout ce qui les dérange eux-mêmes aussi… De tout ce qu’ils trouvent trop contraignant, trop exigeant, et qu’ils n’ont pas envie de faire, par paresse, par manque de foi.

Pourquoi qualifier les véritables Musulmans « d’islamistes » ? C’est inutile de trouver un autre nom que celui-ci : « Musulmans ». Ils sont les seuls Musulmans, ceux qui appliquent et accomplissent les enseignements du Prophète.

Ou bien on peut dire les choses autrement : tous les Musulmans sont des islamistes. Puisqu’ils accomplissent l’enseignement du Prophète et combattent pour l’hégémonie de l’Islam.

Ceux qui ne se conforment pas aux enseignements du Prophète et disent « C’est dépassé ; c’étaient des pratiques de l’époque, mais ce n’est plus à suivre aujourd’hui… », ceux-là ont tourné le dos à l’Islam et n’ont pas le droit de se dire musulmans.

PPdP – Je comprends bien la démarche. Mais nous vivons au XXIème siècle… Plus de treize siècles après l’époque du Prophète. Le monde s’est transformé, des technologies nouvelles sont apparues… Les civilisations se sont rencontrées, mélangées… Les Musulmans vivent dans des pays où leur religion n’est pas majoritaire… Vous ne pouvez ni vivre comme on vivait au VIIème siècle dans les milieux bédouins de la Péninsule arabique, ni imposer un mode de vie à toute la société, y compris aux non-musulmans.

– Ta remarque appelle deux réponses. Elle pose deux questions différentes et très importantes.

La première concerne cet argument, qu’on nous oppose souvent et de manière absurde. « Vous voulez vivre comme au VIIème siècle ? Alors, pourquoi avez-vous des automobiles et l’électricité ? » Combien de fois n’ai-je pas entendu ces inepties…

Je dois répondre sur deux points.

D’abord, non, bien sûr, les Salafistes ne veulent pas vivre en élevant des chèvres et en habitant sous la tente sans l’électricité. C’est ridicule, et je sais que ta remarque n’allait pas dans ce sens ridicule ; mais je profite de la question pour mettre les choses au point à ce propos… Quand nous disons que nous essayons de nous comporter comme le Prophète, de l’imiter, ce n’est pas en voulant « ramener le monde au Moyen-Âge », comme on l’entend souvent dire, malhonnêtement, par nos contradicteurs –c’est en effet très malhonnête, car ils savent que ce n’est pas de cela qu’il s’agit, mais, hélas, leur discours frauduleux arrive à convaincre l’opinion publique qui adhère à cette croyance à propos des Salafistes, sans se poser plus de question. Il ne s’agit pas pour nous de revenir à la civilisation matérielle du VIIème siècle, bien sûr. Il s’agit de vivre dans notre temps, mais en respectant les commandements du Prophète et, par rapport à notre environnement, en nous comportant suivant ses enseignements.

Je prends un exemple très simple, à dessein de rendre plus concret ce que je viens de te dire : ce n’est pas parce que le Prophète ne connaissait pas la télévision, cette technologie, que nous devons la rejeter et nous en passer. Mais ce n’est pas parce que les programmes de télévision se succèdent non-stop toute la journée qu’il faut renoncer aux cinq prières quotidiennes que le Prophète –la paix et la bénédiction sur lui- a ordonné à tous les Musulmans de pratiquer scrupuleusement. Je regarde la télévision, de temps en temps ; mais, quand vient l’heure de la prière, j’éteins le poste et je me recueille pour accomplir ce qui est l’un des devoirs fondamentaux des Musulmans.

Ensuite, mon deuxième point : ce n’est pas parce que nous vivons au XXIème siècle que nous devons cesser d’appliquer les enseignements du Prophète et de nous y conformer fidèlement. Le Prophète n’a jamais dit que ses enseignements ne devaient être suivis qu’un temps, durant son vivant ou quelques années seulement après sa mort. Non. Les enseignements du Prophète son toujours en vigueur, au XXIème siècle.

Par exemple, le Musulman qui gère un commerce… Il dit qu’il ne peut pas faire les cinq prières quotidiennes, car il ne peut pas fermer son commerce, il doit recevoir ses clients… C’est comme cela, ici, en France, au XXIème siècle… C’est un autre discours frauduleux. Il place son intérêt, son confort matériel, ses « petites affaires » au-dessus de ses devoirs de Musulmans et au-dessus des enseignements du Prophète. Celui-là est-il dès lors encore musulman ? Il ne respecte pas les enseignements du Prophète et fait montre de son peu de foi. C’est un « musulman à mi-temps », alors ? Plutôt, il n’est pas musulman et, s’il dit l’être, il se ment à lui-même et ment aussi aux autres.

Ce n’est pas les règles de l’Islam qui doivent s’adapter aux habitudes du XXIème siècle. C’est le Musulman du XXIème siècle qui doit adapter ses habitudes aux règles de l’Islam.

Je réponds maintenant à la deuxième question que tu as soulevée : faut-il imposer le mode de vie enseigné par le Prophète à toute la société ?

C’est un autre devoir, pour tous les Musulmans, de défendre l’Islam et de le porter à tous les peuples, partout dans le monde.

C’est le devoir de tout Musulman de se mettre entièrement au service de l’Islam et de diffuser son enseignement et de combattre ceux qui lui font obstacle d’une manière ou d’une autre. Nos contradicteurs peuvent danser sur leur tête, dans ce débat, ils seront toujours perdants, car le Coran lui-même est éloquent à ce propos et sans appel.

Donc, ceux qui se disent musulmans et qui osent condamner le djihad –je parle bien du djihad armé- sont des mécréants, tout simplement des hommes qui pervertissent l’Islam. Ce sont des paresseux ou des lâches, qui se trouvent des excuses pour ne pas accomplir leur devoir. Ceux qui prétendent que le djihad armé n’est pas une obligation des Musulmans mentent, trahissent l’enseignement du Prophète –la paix et la bénédiction sur lui- et maltraitent les écritures pour essayer de prouver qu’ils ont raison. Pourquoi continuent-ils de se prétendre musulmans, puisque l’enseignement du Prophète, manifestement, ne leur plaît, qu’ils ne le reconnaissent pas et ne s’y conforment pas ?

Ils ne peuvent pas prendre de l’Islam uniquement les aspects qui leur conviennent ; ils doivent en respecter tous les enseignements et devoirs.

Mais, bien souvent, quand je discute avec eux, je me rends compte qu’ils n’ont qu’une connaissance très superficielle de l’Islam. Ils connaissent l’Islam par ce qu’ils en entendent à la télévision, où l’on en donne cette image revue et corrigée, « politiquement correcte », adaptée à l’air du temps… Où quelques imams qui veulent se faire bien voir des autorités racontent leur petite version proprette et consensuelle et montrent patte blanche… Et, quand je leur demande s’ils ont lu et appris le Coran, ils me répondent généralement que non ; qu’ils n’en ont pas le temps. Et, quand je leur lis alors les passages du Coran qui contredisent leur vision simpliste de l’Islam, celle d’un Islam débarrassé de tout ce qui gêne la société française du XXIème siècle, je peux voir l’incrédulité transformer les traits de leur visage… Ils sont alors bien désemparés ; ils ne savent plus quoi me dire, me répondre, et beaucoup s’en vont, rompent le dialogue, en se réfugiant dans l’erreur de leurs convictions et en me déclarant : « De toute façon, tu es un intégriste, un radical, et tu racontes n’importe quoi ! »

Confrontés au Coran, ils perdent pied… J’essaie de leur faire comprendre que ne suis pas un « radical » ; je suis un Musulman, tout simplement, en accord avec l’enseignement du Prophète, et, eux, ils sont sortis du chemin de l’Islam. Pour eux, être « radical », c’est suivre l’enseignement du Prophète –la paix et la bénédiction sur lui- ; et être un « Musulman normal », c’est se comporter selon l’air du temps.

Mais qu’est ce que cela veut dire, être un Musulman « modéré » ? Il y aurait des Musulmans « légers », des « modérés », des « lourds » ? Qui se conformeraient aux enseignements du Prophète « un peu », « beaucoup » ou « pas du tout » ? Cela n’a bien évidemment aucun sens.

C’est pour cette raison qu’aucun média n’ose nous donner la parole publiquement. C’est –je crois bien- la première fois qu’on pourra entendre nos arguments dans un média officiel comme le tien. Et c’est pour cette raison que ces « imams de la République » refusent toujours le débat public avec nous : ils savent que, si nous confrontions nos argumentaires, leur dévoiement et leur corruption de vaniteux seraient mis au grand jour… En même temps que leur ignorance et la pauvreté de leur foi : ce n’est pas le monde et ses errances qui nous commandent ; ce sont les enseignements du Prophète qui nous commandent, et nous devons résister aux errances du monde.

Pour terminer, sur cette question importante que tu m’as posée, j’ajouterai qu’il est aussi de notre devoir d’imposer l’Islam partout dans le monde, en montrant aux peuples le chemin vers Dieu, en leur expliquant les justes enseignements du Prophète ; mais aussi en combattant ceux qui se dressent contre l’Islam.

PPdP – Ce combat, c’est celui que mène en ce moment l’État islamique ? Considérez-vous l’État islamique comme légitime, selon les principes de l’Islam ? Cet État terroriste est-il en adéquation avec les enseignements du Prophète ?

– Pourquoi qualifier d’emblée l’État islamique de « terroriste » ? Le terrorisme n’est pas une idéologie. Ce n’est ni le fondement ni le but de l’État islamique. Le terrorisme, c’est pour l’État islamique une stratégie de guerre…

D’autres mouvements, dans le monde, ont fait usage du terrorisme pour faire avancer leur cause. C’est parfois le seul moyen de combattre un ennemi plus puissant, mieux équipé militairement, qui n’a, lui, qu’à appuyer sur un bouton pour détruire des villes entières.

Celui qui ne dispose pas de cet armement puissant frappe différemment.

PPdP – En visant sciemment des civils ?

– Que font d’autres États ? Les Américains, les Européens et leurs alliés israéliens quand ils bombardent Bagdad, Tripoli ou Gaza ? Tu ne vas pas m’insulter en me répondant qu’ils ne font pas exprès de tuer des civils… Ils savent très bien quels effets auront leurs frappes ! Ce qu’ils enveloppent de la dénomination technique de « dégâts collatéraux »…

Pourquoi, quand Israël tue 2.000 civils palestiniens en un été, c’est « la guerre » ? Et, quand des combattants de l’État islamique tuent 200 civils français, c’est un acte « terroriste » abjecte ?

Mais ne perdons pas notre temps, je te prie, avec ce très vieux débat, déjà ressassé maintes fois et entendu, et qui n’intéresse plus que les personnes malhonnêtes qui jouent sur les mots pour justifier l’injustifiable ou pour se donner bonne conscience…

PPdP – Vous ne voyez donc aucune objection à ce que des citoyens belges, français, britanniques, tunisiens, marocains, égyptiens… choisissent de quitter leur pays pour se rendre dans l’État islamique ? Certains ont été arrêtés avant d’atteindre les frontières de l’EI, en Turquie notamment, dont le gouvernement les a extradés vers leur pays d’origine. Ils sont aujourd’hui en prison…

– Parce qu’ils ont voulu vivre dans un État où ils pourraient accomplir leur foi sans entrave et sans être stigmatisés pour cela… Arrêtés pour avoir voulu se rendre en Syrie… Toi-même, ne te rends-tu pas en Syrie régulièrement ?

PPdP – En tant que reporter… Pas pour y combattre contre mon pays.

– Et si ces personnes souhaitent aller vivre ailleurs ? Changer de nationalité ?

PPdP – Selon les gouvernements des pays cités, ils partent pour apporter leur soutien à une organisation terroriste.

– Nous y revoilà !

Comme il est commode d’étiqueter ses ennemis de la sorte. Ça permet tous les excès et ça excuse tout.

L’État islamique est un pays. C’est plus que cela ; c’est la communauté des Musulmans dans le monde, mais c’est en même temps un territoire déterminé, qui s’étend. Le gouvernement de ce pays se défend de ses ennemis, et il utilise le terrorisme. Ce n’est pas une religion, le terrorisme, ni une idéologie…

Je te l’ai demandé : quel État ne l’utilise-t-il pas ? Faut-il rappeler comment les services secrets français ont fait exploser le Rainbow Warriror, un bateau de l’organisation écologiste Greenpeace qui les gênaient dans leur politique nucléaire militaire ? Ce n’est pas du terrorisme ? Et la torture en Algérie, pendant des années de guerre ? Au début, les Français cherchaient des informations ; très vite, c’est devenu un moyen de répression, de « terroriser » la population arabe dans le but de la maintenir sous domination française. Les coupables de cette terreur ont tous été amnistiés…

Encore une fois : si l’État islamique est une organisation terroriste, alors, l’État français est aussi une organisation terroriste.

Et Israël, toute cette politique de tuerie permanente contre les civils palestiniens ? Il ne se passe pas une semaine sans qu’il y ait un mort, des maisons détruites… Ce n’est pas du terrorisme ?

Faut-il d’autres exemples ?

PPdP – Très concrètement, que disent les écritures ? En matière de djihad notamment ? Quels sont exactement les enseignements du Prophète que les « Musulmans modérés » ne respectent pas ?

– Les textes coraniques sont des écrits très simples à comprendre. Il ne comporte rien d’ésotérique, aucun message caché, aucune imagerie fabuleuse à interpréter.

Le Prophète –la paix et la bénédiction sur lui- a donné à ses compagnons un certain nombre de consignes, simples, d’ordres, très directs, auxquels ils devaient se conformer. Le Coran, en somme, c’est un ensemble de règles de vie auxquelles le Musulman se soumet et qu’il met en pratique, quotidiennement. Elles ne varient pas avec les époques ; elles ont été données à l’humanité pour être toujours suivies.

Je disais qu’elles ne sont pas sujettes à interprétation : le Prophète a énoncé ces règles, simples et sans ambiguïté, en s’adressant à des gens simples, à ses disciples qui n’étaient pas de grands lettrés. Le Prophète ne finassait pas avec ses compagnons ; il ne les piégeait pas ; il ne les induisait pas en erreur par un enseignement confus ou équivoque. Pourquoi, dès lors, certains veulent-ils « interpréter » l’enseignement simple et précis du Prophète et lui faire dire autre chose que ce qu’il a dit ?

Le Coran n’est pas comparable à la Bible des Juifs ; il s’agit là de paroles prononcées par des prophètes « inspirés » par Dieu, mais pas de la parole exacte de Dieu. Il n’est pas non plus comparable à la Bible des Chrétiens : les Évangiles ont été rédigés par des hommes, parfois plusieurs dizaines d’années après la mort du prophète Jésus, pour en raconter l’histoire, en fonction de ce dont ils se souvenaient ou de ce qu’ils en avaient entendu dire. Ces livres sont emplis d’erreurs et d’imprécisions. En revanche, le texte sacré de l’Islam, le Coran, c’est la parole de Dieu directement dictée à Mohamed et transmise littéralement à l’humanité. C’est pour cela qu’il est le dernier et l’ultime Prophète envoyé par Dieu aux hommes : il a reçu les mots de Dieu par l’intermédiaire de l’Archange Gibril et les a rapportés fidèlement sans rien en retrancher ni rien y ajouter.

On doit être prudent avec l’enseignement des Hadiths, comme les Chrétiens devraient être prudents avec ce qu’enseignent les Évangiles. Mais, le Coran, c’est la vérité pure et toute simple.

Ceux qui veulent en déformer le sens ou la signification, pour « l’adapter » à d’autres mœurs, sont des mécréants qui salissent l’Oumma et souillent le nom de « Musulman » qu’ils usurpent.

PPdP – Par exemple ?

– Je prendrai l’exemple de la prière.

Certains imams « modernes » enseignent à leurs disciples qu’il n’est pas important de respecter les heures précises de la prière. D’autres vont encore plus loin : ils enseignent qu’il n’y a rien d’inconvenant à ne pas respecter les cinq prières quotidiennes… Se rendre à la mosquée une fois par semaine, pour la prière de la mi-journée du vendredi, est, selon eux, déjà suffisant. Ce sont de faux imams !

Ne savent-ils pas que le Prophète lui-même a recommencé une prière parce qu’elle avait été mal dite ? Le Prophète –la paix et la bénédiction sur lui- s’était distrait alors qu’il dirigeait la prière. Ses compagnons n’ont pas osé l’interrompre ; mais, quant il eut achevé de prier, l’un d’eux s’approcha du Prophète et lui dit : « Messager de Dieu, tu as omis tel rakaat [ndlr : les rakaat sont des parties constitutives de la prière]. » Et le Prophète lui a répondu : « Alors, la prière n’est pas valable. Il faut la compléter. » Et le Prophète salua deux fois de plus pour sa distraction.

Quelle présomption que d’oser prétendre qu’on peut déplacer les heures de la prière ou s’en dispenser, même partiellement, quand le Prophète lui-même faisait si grand cas du moindre détail !

Le Prophète a dit : « Le premier devoir dont l’homme sera appelé à rendre compte le jour de la Résurrection, c’est la prière. Dieu, auquel rien n’échappe, s’adressant aux anges leur dira : ‘Voyez si la prière de mon serviteur est parfaite. Si elle l’est, inscrivez-la lui parfaite.’ » Et le Prophète a dit encore : « Succéderont des générations qui délaisseront la prière pour suivre leurs passions. Ceux-là se trouveront en perdition. »

L’accomplissement des cinq prières est la règle laissée par le Prophète après son ascension. Ne pas respecter même une seule des cinq prières, c’est rejeter l’Islam et en sortir. Ne pas respecter les temps de prière, c’est commettre un effroyable péché car c’est manquer de respect à Dieu.

C’est un exemple sans appel, comme tu le vois : les règles que le Prophète a reçues de Dieu et qui ont été rassemblées dans le Coran pour être enseignées aux générations de Musulmans sont ainsi précises et ne sauraient en aucun cas être dévoyées par une prétendue « interprétation ».

PPdP – Cependant, le Prophète lui-même a commandé la pratique de l’ijtihad.

– Mais l’ijtihad, ce n’est pas du tout la permissivité. Ce n’est nullement la porte ouverte au dévoiement de l’enseignement du Prophète, à l’interprétation abusive qui n’a d’autre but que d’accommoder l’Islam à une situation politique conjoncturelle ou aux aléas des errements sociétaux. Il en est de l’ijtihad comme nous l’avons dit du fiqh…

L’ijtihad, c’est strictement l’effort de réflexion que doit faire tout Musulman (encore faut-il pour ce faire qu’il ait acquis une très bonne connaissance de l’Islam par la pratique des écritures) quand il est confronté à une situation face à laquelle il ne sait pas comment il doit se comporter parce que cette situation n’est évoquée ni dans le Coran, ni dans les Hadiths, nulle part dans ce que l’on sait de la vie du Prophète ou de ses compagnons. L’ijtihad, c’est strictement l’effort de réflexion dans ce cas-là et uniquement dans ce cas-là. Il n’est absolument pas question de remettre en cause les enseignements du Prophète ou les actions de ses compagnons que l’on connaît.

L’ijtihad a été et est mise en œuvre de manière très abusive, souvent, par de prétendus oulémas [ndlr : théologiens ou juristes, savants de l’Islam], qui se reconnaissent et s’adoubent entre eux, alors même qu’ils bafouent notoirement les enseignements du Prophète, et s’érigent en docteurs de l’Islam, pour justifier des comportements contraires à ces enseignements, et ce en triturant, malmenant et détournant les écritures.

Cette perversion de l’Islam ne date pas d’aujourd’hui. Sous certains Califes, déjà, de prétendus oulémas ont plié les enseignements du Prophète aux volontés politiques des souverains ou aux nécessités d’alliances contre-natures ou de pratiques sociétales. Il existe de nombreux exemples de ces dérives dans l’histoire d’al-Andalus [ndlr : la Péninsule ibérique], lorsque les Califes pactisaient avec les royaumes chrétiens pour attaquer d’autres souverains musulmans ; ou lorsqu’ils frayaient sans aucune réserve avec les Juifs et les Chrétiens.

Aujourd’hui, les discours absurdes et hérétiques de nombreux imams autoproclamés font croire aux fidèles que toutes les permissivités sont autorisées par le Coran. C’est bien sûr un mensonge. Il suffit de lire le Coran pour le savoir et savoir quels sont les devoirs et les obligations d’un Musulman.

Les Hadiths ne laissent aucun doute à ce sujet. Le Prophète a dit – la paix et la bénédiction sur lui- : « Crains Dieu ! Et tu seras le plus savant des hommes. »

PPdP – Donc, selon vous, il ne peut y avoir qu’un seul Islam. « L’Islam de France », si je vous suis bien, serait une imposture ?

– C’est plutôt une « posture ». Un Islam édulcoré, mou, superficiel… qui n’a plus beaucoup à voir avec l’Islam. Donc, en effet, ce n’est pas l’Islam. C’est un mensonge.

PPdP – Ainsi, le Coran doit être respecté et les règles édictées par le Prophète doivent être appliquées. Alors, je répète ma question : très concrètement, l’enseignement du Prophète autorise-t-il ou ordonne-t-il le djihad armé ? L’usage de la violence est-il licite, selon les écritures, le Coran, les Hadiths ? Le Prophète et ses compagnons ont-ils pratiqué le djihad armé ? Et dans quelles circonstances ? Les Musulmans, aujourd’hui, doivent-ils prendre les armes pour promouvoir l’Islam ?

La seconde partie de cet entretien sera publiée dans l’édition d’avril 2016

 

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ISLAM – Interview (deuxième partie) – La parole est aux Salafistes !

Le monde médiatique unanime promeut un tableau exclusivement négatif du Salafisme, généralement considéré comme une « déformation » de l’Islam. Une approche qui ne donne jamais la parole aux principaux intéressés, dont l’argumentaire est totalement absent du débat ; une approche qui, dès lors, ne permet pas d’appréhender les motivations de ces dizaines de milliers de combattants, qui s’enrôlent dans les rangs de l’armée de l’État islamique (en Irak, en Syrie, dans le Sinaï égyptien, en Lybie, dans les capitales européennes…) –qualifiés de « terroristes » qui « salissent l’Islam »- ; une approche qui ne permet pas non plus de s’interroger sur le fait que, peut-être, l’Islam, dans ses fondements originels et dans ses principes intrinsèques, n’est ni adaptable à toute forme de société , ni agréable à toute idéologie.

Il était déontologiquement nécessaire, à l’aune de la philosophie de notre média, de prendre le risque de détonner une fois encore et de déchirer le voile mainstream, pour donner la parole à « l’autre camp ».

Le journalisme ne devrait jamais avoir d’autre préoccupation que celle des moyens de faire éclater la vérité. Et, pour cela, il est parfois nécessaire de prendre le risque de déranger, de désorienter un lectorat habitué au consensus, voire de lui déplaire : le journaliste doit savoir résister au confort qu’il peut trouver à se conformer au leitmotiv dominant et à s’autocensurer afin de produire des contenus sans histoire, lisses et politiquement corrects.

Aujourd’hui, écouter un prédicateur salafiste (l’ennemi !) et aller ainsi à la rencontre de celui que tout le monde, uniformément, hait (sans pour autant le connaître), c’est incontestablement la mission d’un journalisme d’investigation honnête et soucieux de la vérité.

Toutefois, dans le contexte actuel de « chasse aux sorcières », même sous couvert de l’anonymat, presque aucun des imams salafistes contactés en France, en Belgique et en Grande-Bretagne n’a voulu s’exprimer, (à juste titre) méfiants à l’égard des médias.

Un imam (proche du Recteur de la Grande Mosquée de Paris, ce qu’il m’a autorisé à mentionner) a toutefois accepté l’entretien, à la condition que son nom ne soit pas révélé.

J’ai fidèlement retranscrit dans ce reportage ses réponses à mes questions, sans rien en retrancher, et l’argumentaire sans concession qu’il oppose à « l’Islam de France ».

(La première partie de cet entretien a été publiée dans l’édition de mars 2016 du Courrier du Maghreb et de l’Orient)

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Couverture Le Pays du Mal - L'Harmattan

Pierre Piccinin da Prata – Dans la première partie de notre entretien, vous avez défini l’Islam comme un ensemble de règles strictes, à suivre scrupuleusement ; des règles simples, précises, et qui ne souffrent aucune « interprétation », transmises par Dieu au Prophète Mohamed et rassemblées dans le Coran…

– Faudrait-il donc ainsi réinterpréter le Coran en permanence, parce qu’il ne correspondrait « plus » à la modernité ?

 En quelque sorte, il faudrait, selon certains, le « moderniser », et en changer l’entendement, et donc l’enseignement qui ne devrait plus être le même que celui du temps du Prophète, un enseignement qui serait alors… obsolète ? La parole de Dieu serait obsolète ? C’est impossible ! Le Coran, en effet, n’a pas été écrit par les hommes, comme le furent la Tora ou les Évangiles : il est la parole de Dieu révélée à son Messager –la paix et la bénédiction sur lui.

La loi dictée par Dieu, selon ceux-là, serait donc imparfaite ? Il faudrait l’améliorer par des interprétations humaines ?

Un hadith dit que, le jour de la résurrection, le Prophète –la paix et la bénédiction sur lui- sera rejoint par ceux qui l’avaient écouté de son vivant. Certains, cependant, seront chassés et repoussés vers l’Enfer par le jugement de Dieu. Le Prophète dira alors : « Ils faisaient partie de ma communauté ». Et il lui sera répondu : « Tu ne sais pas quelles innovations ils ont introduit après toi ! » Et le Prophète répondra dès lors : « Arrière ! Arrière ! Vous qui vous êtes détournés de ma tradition ! »

Le problème n’est pas que le Coran n’est « plus adapté » à notre temps ; c’est que la philosophie occidentale, qui s’est emparée du monde, est devenue la référence, y compris pour beaucoup de Musulmans. Or, cette philosophie est souvent en opposition avec le Coran et l’Islam.

Autrement dit, il faut faire un choix entre cette philosophie et l’Islam. Il est impie de prétendre « adapter » le Coran aux valeurs prônées par cette philosophie, en le réinterprétant, et cela parce l’on ne voudrait pas renoncer à des « facilités », des « commodités », qui sont à proprement parler autant de vices à bannir du comportement islamique.

Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes qui corrompent sa parole.

Et c’est bien d’un code de lois qu’il s’agit en effet. Des règles simples, oui, et qu’il n’est nullement besoin de torturer et de tordre à travers des « interprétations » qui finissent et par en déformer le sens et par les détourner de leurs objectifs.

Ce sont les lois de Dieu. Un code simple, donné il y a plusieurs siècles, à des gens simples… et des lois qui étaient dès lors intelligibles par eux, sans qu’il fût besoin de recourir à de doctes savants pour dire aux fidèles que ceci devait être compris ainsi et cela autrement. Ces lois sont donc simples à comprendre, immédiatement accessibles à tous. Je l’ai dit : elles sont sans finasserie, sans tromperie. Il n’y a pas de piège, pas de roublardise dans la parole de Dieu. Lire le Coran, c’est connaître la loi ; s’y conformer, c’est être musulman.

Chaque homme peut donc être un bon Musulman, s’il se conforme à ces règles clairement exprimées, sans essayer de les « interpréter » pour justifier ses vices ou de les « adapter » à ses « habitudes », à des habitudes sociales et sociétales qui n’appartiennent pas au Coran, qui n’appartiennent pas à l’Islam. D’où la perversité de « l’Islam de France », qui plie les lois de Dieu aux réalités d’une société qui n’est pas musulmane et à ses us et coutumes qui ne sont pas musulmans.

Le Coran n’a pas été inspiré et rédigé par des hommes, comme il en fut des livres des Juifs et des Chrétiens, qui sont corrompus d’erreurs. Il est incréé, révélé directement par Dieu. Éternel, irréfutable et irréformable.

Le Coran n’est pas survenu pour seulement répondre aux questions d’une époque qui serait révolue. Ce n’est pas un « vieux manuscrit » dépassé qui ne répondrait qu’à un contexte ancien et révolu. Ce n’est pas le produit culturel et matériel d’une société passée ; c’est la révélation divine ! Ce n’est pas l’artefact d’une société ancienne disparue –c’est peut-être ainsi que le considèrent des historiens athées, mais pas un croyant. Ce n’est pas une trace historique, témoignage d’une expression culturelle morte. Le Coran est universel et intemporel. Ce que dit le Coran reste vrai pour toujours, que ce soit à Paris, à Londres ou à La Mecque. Si tu n’es pas convaincu de cela, tu n’es pas musulman.

Le Coran dit : « La parole de Dieu s’est révélée en toute vérité et équité. Nul ne peut modifier Ses paroles. » [ndlr : Coran, 6, 115]

Dieu n’a pas limité dans le temps la pertinence de ses lois.

Rejeter la vérité du Coran, c’est rejeter le droit de Dieu. Et, cela, c’est préférer l’ignorance criminelle.

PPdP – C’est donc une condamnation irrévocable de « l’Islam de France » ?

– J’entends certains pseudo-imams déclarer qu’il faut « réinventer » l’Islam en « réinterprétant » le Coran pour permettre aux Musulmans de vivre dans des sociétés qui ne sont pas musulmanes ; ils parlent « d’accommodations »…

Réinventer l’Islam ? Peut-on « adapter » le message de Dieu aux contingences matérielles ou sociétales ?

Les Musulmans qui vivent en France, ou ailleurs en Europe, devraient-ils suivre l’exemple des Chrétiens qui se sont très bien « accommodés » des « priorités » du XXIème siècle, à sa société de loisir et de paresse : ils ne font plus la prière, les églises sont désertées, des Catholiques acceptent l’avortement, ne respectent plus la période du Carême, divorcent et se remarient…

À suivre ces pseudo-imams prêts à « adapter » l’Islam, les Musulmans, bientôt, consommeront de l’alcool dans les boîtes de nuit et commanderont un pain jambon-beurre pour le déjeuner pendant le Ramadan (rires).

Si les Chrétiens ont abandonné Dieu et leur religion, devons-nous en faire autant pour nous « intégrer » dans la société française du XXIème siècle ?

Or, attention : les quelques interdits que je viens d’évoquer de manière un peu satyrique, à dessein, ce n’est qu’un pan de l’Islam. Respecter le jeûne, s’interdire l’alcool et le porc, par exemple… Beaucoup de ceux qui se disent « musulmans » croient que cela suffit…

Cela ne suffit pas !

L’Islam est beaucoup plus exigeant ! Et il y a des devoirs que les Musulmans doivent accomplir, bien au-delà du respect de ces quelques règles qui, à elles seules, ne font pas l’Islam.

J’entends tous les jours ces personnes qui se disent « musulmanes », alors qu’elles bafouent à chaque heure tout ce qu’il y a de plus sacré dans l’Islam et renient les vérités les plus essentielles.

PPdP – Alors… Très concrètement, pour en venir à présent au cœur de notre propos : l’enseignement du Prophète autorise-t-il ou ordonne-t-il le djihad armé ? L’usage de la violence est-il licite, selon les écritures, le Coran, les Hadiths ? Le Prophète et ses compagnons ont-ils pratiqué le djihad armé ? Et dans quelles circonstances ? Les Musulmans, aujourd’hui, doivent-ils prendre les armes pour promouvoir l’Islam ?

– Oui, le djihad armé est permis par l’Islam ; il est même préconisé. Et il n’est pas que défensif, il n’est pas seulement autorisé quand les Musulmans sont attaqués. Contrairement à ce que prétendent certains imams qui veulent plaire à leurs maîtres républicains et contrairement à ce qu’affirment partout sur les réseaux sociaux des Musulmans ignorants et égarés qui cherchent à prouver leur intégration à une société laïque en expliquant que leur religion est une religion de paix. Non, l’Islam n’est pas une religion de paix au sens qu’ils croient ; il est avant tout la religion de la vérité.

Et, oui, le Prophète –la paix et la bénédiction sur lui- a pratiqué le djihad armé et pas seulement, comme l’affirment les ignorants ou les corrompus, pour se défendre de ses ennemis, mais aussi pour apporter la lumière de Dieu aux peuples mécréants.

Prétendre le contraire, c’est mentir.

Référons-nous aux écritures, qui sont sans équivoque. Encore une fois, c’est très simple et il est inutile de triturer le texte pour essayer d’échapper à ses devoirs, aussi exigeant l’Islam soit-il.

Les mécréants, en effet, sont perdus pour toujours. Dieu a ordonné de leur porter Sa parole, par la force si nécessaire et contre leur résistance. Contrairement à ce que beaucoup d’hypocrites affirment, le djihad armé n’est pas seulement permis pour se défendre quand on est attaqué. Le Coran, sans ambiguïté dit : « Ne faiblissez pas et ne demandez pas la paix quand vous êtes les plus forts et que Dieu est avec vous ! » [ndlr : Coran, XLVII, 35]

Le Coran ordonne aux Musulmans de combattre ceux qui refusent la parole de Dieu et qui, l’ayant entendue, ne la respecte pas. Il ordonne aussi de soumettre même les gens du Livre, Juifs et Chrétiens, mais qui pourront quant à eux vivre sous la protection de l’Islam et, sous certaines conditions, continuer à pratiquer leur religion, qui n’est pas totalement illicite, seulement s’ils paient l’impôt qui s’y rattache, s’ils s’acquittent de la jizyat [ndlr : impôt que Juifs et Chrétiens doivent payer pour être protégés (statut de « dhimmis »), en terre d’Islam] : « Combattez ceux qui ne croient pas en Dieu, ni au Jour dernier, qui ne considèrent pas comme illicite ce que Dieu et son Prophète ont déclaré illicite, ainsi que ceux qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi les gens du Livre, jusqu’à ce qu’ils paient, humiliés, et de leurs propres mains, le tribut. » [ndlr : Coran, IX, 29] Ces versets embarrassent beaucoup les réformateurs, qui les négligent ou essaient de les abroger en triturant le texte ou en arguant d’un « contexte historique » aujourd’hui dépassé… Ces versets apparaissent en effet très incorrects politiquement aux yeux de la République. Mais les valeurs et les mœurs de la République ne sont pas les valeurs que nous a données le Prophète –la paix et la bénédiction sur Lui- et ne sont pas les mœurs des Musulmans.

Et le Prophète –la paix et la bénédiction sur lui- a fait la guerre, pour se défendre, mais aussi pour porter la parole. Car Dieu, dans le Coran, dit : « Nous t’avons envoyé en tant que notre Messager, et pour convertir toute l’humanité. Mais beaucoup ne le savent pas. » [ndlr : Coran, 34, 28]

Est-ce que le djihad armé existe ? Oui, il existe ; et aucun ouléma ne l’a jamais contesté ni n’oserait le faire ; il serait parjure. Et aucune fatwa [ndlr : avis prononcé par un savant de l’Islam] n’a jamais condamné le djihad armé. Certains pseudo-imams ont beau affirmer le contraire en arguant que le djihad armé ne peut exister puisque l’Islam est une religion de paix, les textes font clairement état du djihad par l’épée, dont ils codifient très précisément le cadre et l’action.

Plusieurs versets du Coran ne laissent aucun doute sur la nécessité de combattre les mécréants. Le Coran dit encore : « Ô vous qui croyez ! Combattez les mécréants qui sont autour de vous. Qu’ils trouvent en vous de la dureté ! Et sachez que Dieu est avec ceux qui lui obéissent. » [ndlr : Coran, IX, 123]

Le terme « djihad » ne peut toutefois pas être traduit par l’expression « guerre sainte ». Pas directement… Il signifie exactement « l’effort », celui que les Musulmans doivent faire pour l’Islam.

C’est le devoir des Musulmans. C’est aussi simple et que dire de plus ?

Le Coran enseigne aux Musulmans de ne pas s’inquiéter pour leurs biens et de les engager dans la guerre si nécessaire. Pas plus que pour leur personne. Il dit : « Légers ou lourds, courrez au combat et menez-le avec vos biens et vos personnes, dans le chemin de Dieu. Cela est dans votre intérêt. » [ndlr : Coran, IX, 41] Car la vie sur la terre et les biens matériels qu’on y accumule ne sont rien au regard du Paradis.

Ainsi, le Coran dit encore : « Dieu a acheté aux Croyants leurs personnes et leurs biens en échange du Paradis. Ils combattront au service de Dieu, tueront et seront tués. » [ndlr : Coran, IX, 111]

Les biens des ennemis vaincus peuvent être licitement partagés entre les Musulmans qui se sont battus au nom de Dieu. Le Prophète lui-même –la paix et la bénédiction sur lui- en a jadis reçu sa part : « Du moindre butin que vous aurez fait, un cinquième revient à Dieu, à son Prophète, à ses proches, aux orphelins, aux pauvres et aux voyageurs en détresse. Dieu est tout-puissant. » [ndlr : Coran, VIII, 41]

Tout ceci peut apparaître inopportun aux non-croyants qui ignorent la lumière de Dieu et s’attachent à ces régimes où règnent des corruptions diverses et qu’ils qualifient de « laïcs » et de « démocratiques »… De même, ceci peut apparaître inopportun aux personnes qui, élevées dans des familles musulmanes, se disent musulmanes mais ont intégré en partie ou totalement les mœurs de ces régimes…

Mais, ceci, c’est la vérité en l’Islam. Sont menteurs et hypocrites ceux qui le dénient.

PPdP – Avez-vous bien conscience que ce discours va à l’encontre de la manière dont vivent la grande majorité des Musulmans en Europe ? Et qu’il s’oppose de front à l’Islam que défendent nombre d’imams « modérés » ? Il risque de choquer…

–  De quel  « discours » parles-tu ? Il s’agit du Coran !

Le Coran ne saurait aller à l’encontre des mœurs des Musulmans ; ce sont les mœurs de personnes qui se disent musulmanes, mais ne respectent pas la loi de Dieu, qui vont à l’encontre du Coran. Beaucoup de ces personnes de culture musulmane ont adopté les mœurs et le mode de pensée des pays où elles vivent, en Europe, et s’identifient peu à peu à ces mœurs et intègrent peu à peu ce mode de pensée, reniant ainsi l’Islam qui leur devient étranger et leur apparaît inacceptable car il est en rupture avec les valeurs de ces sociétés européennes dont elles ont adopté les coutumes et le mode de pensée.

Ce n’est pas mon discours qui les choquera ; c’est le Coran. Car elles ont choisi les valeurs du capitalisme, le confort futile de la société de consommation, celles de la laïcité aussi, qui dispensent de la pratique religieuse et de ses contraintes, qui permet tout. Elles ont oublié le sens de l’appel à la prière qui dit : « La prière est meilleure que le sommeil. » Et elles ne font plus leurs prières quotidiennes, qui ont été ordonnées par le Prophète –la paix et la bénédiction sur lui. Est-ce que les cinq prières quotidiennes seraient « d’une autre époque » ? Quelqu’un a-t-il réinterprété cela aussi ?

Ces personnes ont tourné le dos au Coran, qui leur est devenu odieux.

Il ne suffit pas de s’abstenir de boire de l’alcool, de temps en temps, et de jeûner le temps du Ramadan pour être musulman. Le Coran condamne la paresse de ceux qui trouvent des prétextes pour ne pas accomplir le djihad armé ; il dit : « Le combat vous est prescrit, mais cela vous est désagréable. Il se peut que vous ayez de l’aversion pour ce qui est bon pour vous ; et il se peut que vous ayez de l’attirance pour ce qui est mauvais pour vous. Dieu sait et vous ne savez pas. » [ndlr : Coran, II, 216]

PPdP – Ne faut-il pas donner plus d’importance au « djihad majeur » et lui donner la primauté sur le djihad armé ? C’est souvent l’argument qui est opposé aux adeptes de la « guerre sainte »…

–  C’est à nouveau une déformation des textes.

Il n’y a pas de hiérarchie entre les deux formes d’action nécessaires à l’expansion de l’Islam, comme ordonné par Dieu par l’intermédiaire du Prophète –la paix et la bénédiction sur lui. Beaucoup de personnes qui se voudraient musulmanes pensent que la pratique du djihad majeur suffit, voire même une pratique assez lâche et partielle…

Qu’est-ce que le djihad majeur ? C’est l’action que mène chaque Musulman sur lui-même et sur son environnement social pour approcher lui-même la perfection dans l’obéissance à Dieu et apporter à tous ceux qui l’entourent, par son exemple, l’envie de faire le bien, c’est-à-dire la charité, l’aide à ceux qui en ont besoin, mais aussi la justice, dans tous ses aspects, donc également la justice sociale, et surtout le respect de l’enseignement du Coran. Ça commence par l’adoption d’un comportement personnel honnête, d’abord avec soi-même, par une réflexion sur ce qu’est la vérité, par le refus de se trouver des excuses pour ne pas accomplir ses devoirs de Musulman, le refus de se mentir à soi-même, puis envers les autres, sa propre famille, ses amis, ses voisins, ses relations de travail… C’est aussi le devoir de prendre part à l’action politique pour promouvoir ce bien et cette justice, et la loi de Dieu. En cela, déjà, on perçoit la nécessité, parfois, de prendre les armes et de faire la guerre, et le lien direct et indissoluble qui existe entre le djihad majeur et le djihad mineur.

C’est aussi le prêche : chaque Musulman a le devoir d’aller vers les mécréants et de leur porter la parole de Dieu pour qu’ils puissent eux aussi l’entendre et obéir. Déjà, sur ce point, nombre de Musulmans font défaut.

Mais beaucoup croient que cela suffit et oublient cet autre devoir, tout aussi important, tel qu’il est désigné en soi comme « l’autre djihad », qui est de combattre avec les armes, chaque fois que nécessaire, pour protéger l’Islam, pour protéger les Musulmans qui sont attaqués, où que ce soit dans le monde, et aussi pour étendre l’Islam là où les mécréants, ceux qui ne croient pas, refusent d’entendre et d’accepter la parole.

Où que ce soit dans le monde ! Car l’Islam et l’Oumma [ndlr : la communauté des croyants, les Musulmans] n’ont pas de frontières.

L’Islam aime la paix et tend vers la paix. Mais le Prophète n’a cependant pas demandé aux croyants de se laisser égorger s’ils étaient attaqués. Lorsqu’ils sont attaqués, les croyants ne sont pas attaqués en tant que Syriens ou qu’Irakiens ou qu’Égyptiens… S’ils sont attaqués et qu’ils sont croyants, ils sont attaqués en tant que Musulmans. Les Musulmans doivent alors les défendre. C’est la loi de Dieu.

De même, la guerre est parfois nécessaire, contre ceux qui empêchent l’Islam de toucher le cœur de tous les peuples du monde.

L’Islam demeure pacifique jusqu’à ce que les circonstances contraignent les Musulmans à la guerre.

Ainsi, nulle part dans le Coran il n’est écrit que l’exercice même le plus parfait du djihad majeur dispense le Musulman du djihad mineur lorsque celui-ci devient nécessaire.

Évidemment, la pratique du djihad mineur demande une abnégation et un courage concrets, et d’aucuns essaient de s’y soustraire en déformant et en contournant l’enseignement du Prophète – la paix et la bénédiction sur lui.

PPdP – Pourtant, le Coran stipule qu’il ne saurait y avoir de contrainte en matière de religion. Or, vous affirmez-là que les Musulmans ont le devoir de convertir les peuples du monde entier, par le prêche, mais donc aussi par la force, s’ils résistent.

– Pas du tout ! Pardon, si j’ai mal expliqué… Le djihad, c’est aussi de libérer les autres peuples de l’oppression, de toutes les formes d’oppression, y compris de l’ignorance criminelle.

Partons, pour commencer, du postulat que tu énonces selon lequel le Coran interdirait de convertir par la contrainte ; et admettons, pour commencer, qu’un homme contraint à la conversion n’est pas converti.

Mais il faut lui apporter les conditions d’une conversion acceptée, voulue, par l’exemple de la société islamique. L’Islam, la loi de Dieu, doit s’étendre partout et la société islamique doit exister partout pour permettre cette conversion consentie. Sans cela, pas de conversion possible, même consentie.

Il ne s’agit donc pas, dans un premier temps, de forcer la conversion, mais de la rendre possible en créant les conditions politiques et sociales qui en sont le terreau.

Mais la sourate à laquelle tu te réfères, tu ne la cites pas en entier ; tu te contentes, comme beaucoup d’ignorants qui l’utilisent à tort et à travers, d’en citer le premier verset : « Nulle contrainte en religion… » La sourate, complète, est celle-ci : « Nulle contrainte en religion, car le bon chemin est distinct de l’égarement. » [ndlr : Coran, II, 256]

En outre, tu sais probablement que Dieu a interdit à un Musulman de quitter sa religion. Les occurrences sont nombreuses, dans le Coran, qui vouent les apostats au feu et au châtiment. Ainsi, « Dieu ne leur pardonnera pas »[ndlr : Coran, IV, 113], « la colère divine s’abattra sur eux » [ndlr : Coran, XVI, 106]  et « ils demeureront éternellement dans le feu » [ndlr : Coran, II, 217]. Selon un hadith rapporté par Ibn Abbas, le Prophète –la paix et la bénédiction sur lui- se montrait intraitable envers ceux qui abandonnaient l’Islam ; il aurait dit : « Celui qui délaisse sa religion, qu’on le tue. » Je dis « aurait »… L’honnêteté me dicte en effet de te dire que ce hadith m’apparaît mal attesté…

Ainsi, le verset auquel tu te réfères prend un tout autre sens lorsqu’il est récité intégralement ; et apporter l’Islam n’est pas contraindre.

Le djihad a donc aussi pour objet de porter la parole de Dieu à tous les peuples. Certes, au début de l’Islam, lorsque le Prophète –paix et bénédiction sur lui- et ses compagnons étaient encore peu nombreux, à Médine, il s’agissait avant tout de se défendre, seulement si l’on était attaqué.

Par la suite, cependant, le Prophète lui-même a lancé des guerres contre les mécréants, non plus défensives, mais pour porter la parole. Il a élargit alors le devoir de djihad et a dit : « Combattez-les d’abord jusqu’à ce que les persécutions cessent et, ensuite, jusqu’à ce que la religion soit entièrement à Dieu. » [ndlr : Coran, II, 193]

Ceux qui prétendent que le djihad armé ne peut s’exercer que dans le cadre d’une défense légitime ne mentionnent hypocritement –ou par ignorance- que les sourates de Médine. Ils se gardent bien de faire état des sourates qui les ont suivies, a propos des mécréants : « Capturez-les, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade.  Si ensuite ils se repentent, accomplissent la salat [ndlr : les cinq prières quotidiennes de l’Islam] et acquittent la zakat [ndlr : impôt payé par un Musulman sous forme d’aumône versée aux pauvres], alors laissez-leur la voie libre, car Dieu pardonne et est le Miséricordieux. » [ndlr : Coran, IX, 5] Ou encore ce hadith : « Il m’a été ordonné de combattre les gens jusqu’à ce qu’ils attestent qu’il n’y a pas d’autre dieu que Dieu et que je suis Son messager.  S’ils se soumettent, alors leur sang et leurs biens sont inviolables, sauf dans l’exercice de la justice ; et leur compte sera entre les mains de Dieu. » [ndlr : Hadith rapporté par Sahih Boukhari et Sahih Mouslim]

Seuls sont protégés du djihad armé les mécréants avec lesquels un accord, un pacte de non-agression, a été passé, car la parole donnée est sacrée et doit être respectée, mais uniquement pendant la durée de ce pacte et pas au-delà.

Connais-tu la missive envoyée en Oman par le Prophète –la paix et la bénédiction sur lui-, enjoignant ce peuple à se soumettre à l’Islam ? Elle est très peu connue des « réformateurs » ; ou, du moins, ne la mentionnent-ils jamais…

Il dit : « Je vous appelle à l’Islam. Soumettez-vous, et vous serez saufs. Je suis le messager de Dieu envoyé à l’humanité, pour vous mettre en garde et justifier la sentence sur les mécréants. Si, donc, vous acceptez l’Islam, je vous laisserai régner chez vous. Mais si vous refusez d’accepter l’Islam, votre royaume s’écroulera, mes cavaliers camperont sur l’étendue de votre territoire et nous régnerons en votre royaume. »

Le royaume d’Oman n’avait pas attaqué les Musulmans…

Mais il n’y a là rien qui aille à l’encontre de la paix. La paix n’existe que par la parole de Dieu. Les peuples qui ne connaissent pas la parole de Dieu, dont les maîtres refusent de la laisser entendre, ne peuvent connaître la paix. Ainsi, il ne s’agissait pas, dès le début de l’Islam, de conquérir des royaumes et des richesses, mais d’apporter la parole de Dieu, en forçant ceux qui lui faisaient barrage.

Car ceux-là pèchent et, en cela, ils sont punissables aux yeux de Dieu.

C’est cela aussi le djihad ; n’en déplaise aux paresseux et aux corrompus.

PPdP – Vos détracteurs répondraient que tout votre discours est globalement fondé sur des extraits du Coran sortis de leur contexte. Que les lois tirées des écritures que vous avez présentées ne peuvent pas être appliquées de manière littérale, et qu’elles ne sont de toute façon plus d’actualité…

– Plus d’actualité ? Le Coran n’est plus d’actualité ?

Ceux qui parlent ainsi prétendent qu’il faut lire les règles données par le Coran en tenant compte du « contexte historique » dans lesquelles elles ont été écrites. Ce pourrait être vrai pour les livres des Juifs, ou ceux des Chrétiens… Mais le Coran produit la révélation ; il est indépendant de tout contexte historique !

Faudrait-il donc abandonner telle règle, parce que, en y réfléchissant bien, elle a été édictée dans tel contexte qui n’est plus d’actualité ? Pourquoi ne pas abandonner les cinq prières quotidiennes, dès lors, puisque la « vie moderne » et les conditions de travail empêcheraient le Musulman de s’y adonner ? On le voit, c’est absurde et dangereux, c’est le chemin des hommes, pas celui de Dieu, et c’est la route vers l’hérésie.

Trouvez dans le Coran une seule mention qui remet en question l’actualité immanente de l’enseignement du Prophète –paix et bénédiction sur lui. Non avons déjà évoqué ce point ; de même que la question de la littéralité : quand le Coran dit « Je suis le Livre, et au sujet duquel in n’y a aucun doute ! Je suis un guide pour les pieux. » [ndlr : Coran, II, 2], où voyez-vous ou comprenez-vous la possibilité d’une « interprétation » différente de ce qui est écrit ?

Dans cette même sourate, qui –c’est important de le noter- commence le texte sacré, il est dit aussi : « Quand on dit à ces gens-là : ‘Croyez comme les premiers ont cru’ ; ils répondent : ‘Croirons-nous comme ont cru les faibles d’esprit ?’ Mais ce sont eux, les véritables faibles d’esprit. » [ndlr : Coran, II, 13]

On ne peut pas substituer la parole des hommes à celle de Dieu.

La même sourate dit encore : « Quand on dit à ces gens-là : ‘Ne semez pas la corruption sur la terre !’ ; ils répondent : ‘Mais au contraire, nous sommes des réformateurs !’ Mais ce sont eux, les véritables corrupteurs. Mais ils ne s’en rendent pas compte. » [ndlr : Coran, II, 11-12]

Le « contexte »… « Sortis de leur contexte »… C’est en effet l’argument passe-partout qu’on entend souvent de la part de ceux qui n’ont pas le courage d’accueillir le message de Dieu. Mais, quand on leur demande de quel « contexte » il s’agit, ils restent bouche baie ou balbutient quelques sophismes.

Le Coran, c’est un ensemble de règles ; c’est un code de lois, qu’il faut suivre avec précision, sans s’en écarter. L’imam ne doit pas « interpréter » la loi, la détourner ; il doit répondre aux questions qui lui sont posées comme un juriste qui applique le code.

Quant à ce reproche de citer des extraits du Coran sortis de leur contexte, je viens de te montrer, avec l’exemple de la « contrainte en religion », qu’il s’agit plutôt là d’une pratique dont sont coutumiers nos détracteurs ignorants ou hypocrites.

PPdP – Des imams « modérés » affirment que l’Islam interdit de tuer une personne. La sourate « al-Isra » dit d’ailleurs qu’il ne faut pas détruire la vie qui est sacrée aux yeux de Dieu…

– C’est tout simplement faux… et la sourate « al-Isra » [ndlr : Coran, XVII, 33] énonce un principe général, qui est précisé et délimité par d’autres sourates. Ces pseudo-imams manipulent les textes…

PPdP – Précisément ce qu’ils reprochent aux Salafistes… Alors, que dit exactement le Coran à ce propos ?

– « Ne tuez personne sans une juste raison, car Dieu a fait la vie sacrée. » Voilà la citation exacte [ndlr : Coran, VI, 151] « Sans une juste raison… »

PPdP – L’État islamique a remis en vigueur les châtiments corporels. À ar-Raqqa [ndlr : la capitale de l’EI], on couperait les mains des voleurs… Vous cautionnez donc ce genre de pratiques ?

– C’est la loi de Dieu. Le Coran dit : « Au voleur et à la voleuse, vous leur couperez la main, en punition de ce qu’ils ont volé. C’est le châtiment voulu par Dieu. Dieu est puissant et sage. » [ndlr : Coran, VI, 151]

Comment se ferait-il que le Musulman suivrait la loi de Dieu qui lui ordonne de ne pas consommer du porc, par exemple, et de faire les cinq prières quotidiennes, mais il rejetterait cette autre loi ? Le Musulman ne peut pas choisir les lois de Dieu qui lui conviennent et en rejeter d’autres. Qui est cet homme qui dirait « Cette loi de Dieu est mauvaise, et, celle-là, je ne l’appliquerai pas » ?

Un hypocrite, qui ne respecte de la loi de Dieu que ce qui l’arrange !

Cette loi de Dieu est sans ambiguïté. Ceux qui disent que c’est une loi du passé médisent de la loi de Dieu : les voleurs de l’époque du Prophète –la paix et la bénédiction sur lui- étaient-ils plus coupables que ceux d’aujourd’hui ? Quel serait, alors, aujourd’hui, leur châtiment selon la volonté de Dieu ? Quel homme pourrait-il dire quelle est aujourd’hui la volonté de Dieu en la matière ? Qui serait différente de sa volonté telle qu’écrite dans le Coran ? Mohamed –la paix et la bénédiction sur lui- est le dernier des prophètes. Quel homme, dès lors, pourrait-il prétendre amender ou changer la loi de Dieu ?

Le Coran est la parole révélée en vérité. Le Coran dit : « Croyez-vous donc en une partie du Livre et rejetez-vous le reste ? Ceux d’entre vous qui agissent de la sorte ne méritent que l’ignominie dans cette vie et, au Jour dernier, ils recevront le plus terrible des châtiments. Dieu n’est pas inattentif à ce que vous faites. » [ndlr : Coran, II, 85].

C’est à nouveau une question de choix, le choix de Dieu et de l’Islam ou de suivre le mode de vie occidental moderne.

PPdP – Une autre sourate, très connue et abondamment citée à l’encontre du djihadisme dit qu’une personne qui tue une autre personne, c’est comme si elle avait tué tout le genre humain.

– Je connais en effet cette sourate. Et tu as raison : elle est citée partout, par des Musulmans qui veulent se dissocier du djihad armé… et par des non-croyants, qui pensent tenir là la condamnation absolue du djihadisme armé. On peut lire cette citation partout sur les réseaux sociaux depuis les attaques à Paris et à Bruxelles. Il s’agit de la sourate « La Table » [ndlr : Coran, V, 32].

À nouveau le texte est corrompu, trahi par ceux qui mentent.

Que dit exactement cette sourate ?

« Celui qui tue une personne non coupable d’un assassinat ou d’un péché, celui-là a agi comme s’il avait tué toute l’humanité. » Voilà le texte exact. Comme tu vois, c’est très différent : les meurtriers et les pécheurs n’échappent pas au châtiment. Voilà le véritable enseignement du Prophète –la paix et la bénédiction sur lui-, la véritable parole de Dieu.

Mais attends ! Ce n’est pas tout !

Les menteurs qui corrompent le texte du Coran se gardent bien de citer les premiers mots du verset : « Nous avons prescrit, pour les Enfants d’Israël, que celui qui tue une personne non coupable d’un assassinat ou d’un péché, celui-là a agi comme s’il avait tué toute l’humanité. » Comme tu le vois, cette règle ne concerne que les Juifs, et non les Musulmans. Elle n’a été édictée qu’à leur intention : si un Juif tue une personne innocente, c’est comme s’il avait tué toute l’humanité. Voilà ce que dit réellement ce verset. Honte à ceux qui l’on tronqué et manipulé !

Comme tu le vois, ces gens ne connaissent pas le Coran ou bien ils colportent sciemment des mensonges. Ils lisent un fragment corrompu sur une page Facebook, le prennent pour argent comptant et reproduisent partout le mensonge et l’erreur, qui sont abominations aux yeux de Dieu.

Ils ne connaissent rien de l’Islam.

Le Coran hiérarchise sans ambiguïté les destinées humaines. C’est un fait qu’il faut accepter, car c’est la loi de Dieu. Ainsi, le Coran dit : « Celui qui tue intentionnellement un croyant sera voué à l’Enfer éternel. Dieu le frappe de Sa colère, le maudit et lui réserve un châtiment immense. » [ndlr : Coran, IV, 93]

PPdP – On peut aussi lire dans le Coran que « le Paradis est sous le pied des mères »… Certains imams, dans le contexte actuel, où des milliers de jeunes djihadistes partent pour la Syrie, affirment que, si les parents interdisent à leur enfant de partir au combat, ceux-ci doivent leur obéir, et rester à la maison.

– Ce n’est pas dans le Coran.

Il s’agit d’un hadith… Considéré comme très douteux, voire tout simplement inventé. Évidemment, il plaît beaucoup aux « réformateurs » ; et on le trouve dès lors publié un peu partout lui aussi.

Mais admettons-en même l’authenticité. En quoi cette occurrence qui, au mieux, nous enseignerait à respecter la mère –que le Coran baigne de tendresse- obligerait-elle un Musulman à renoncer au djihad et à placer le désir de ses parents au-dessus de la loi de Dieu ?

Il existe toutefois un hadith similaire, plus précis et mieux attesté. Un homme a demandé au Prophète –la paix et la bénédiction sur lui- s’il pouvait partir à la guerre contre les ennemis de l’Islam. Le Prophète lui a demandé si sa mère était encore en vie. L’homme lui a répondu que oui et le Prophète a dit : « Reste auprès de ta mère, car il est vrai que le Paradis est à ses pieds. »

On ignore tout des circonstances de l’épisode et pourquoi le Prophète a ordonné à cet homme-là de ne pas quitter sa mère. Et, ici encore, rien dans ce hadith ne donne aux parents le droit d’interdire à leurs enfants en âge de combattre de faire le djihad.

Un autre hadith rapporte que le Prophète a dit encore : « Ne souhaitez pas de rencontrer les ennemis ! Demandez plutôt à Dieu la paix ! Mais, si vous les rencontrez, montrez de l’endurance, car vous devez savoir que le Paradis est à l’ombre des sabres. »

Une fois de plus, les « réformateurs » abusent ceux qui les écoutent, extrapolent et détournent les textes pour justifier leurs désirs et leurs aspirations sociétales. « Ils cherchent à tromper Dieu et les croyants », dit le Coran. « Mais ils ne trompent qu’eux-mêmes. » [Coran, II, 9]

PPdP – Donc, les Musulmans ont le devoir de combattre pour l’Islam. Mais tous les Salafistes ne pratiquent pas le djihad armé. Certains y sont même opposés.

– Le Salafisme, en effet, est souvent considéré comme pluriel, voire divisé en courants doctrinaux opposés. Ce n’est pas le cas…

La volonté commune est de se défaire des fatwas diverses et nombreuses dont les oulémas des différentes écoles ont encombré la Sharia [ndlr : loi islamique définie par le Coran et la Sunna, les faits attribués au Prophète Mohamed et à ses compagnons rapportés par les Hadiths] de tout un pseudo-droit islamique parallèle, jusqu’à parfois s’éloigner très au loin du chemin de Dieu. Comme je l’ai dit déjà, ce sont des interprétations humaines, qui détournent le croyant du chemin indiqué par Dieu avec simplicité et intelligibilité pour tous, tel qu’il est dit dans le Coran. En cela, il y a une profonde unité des croyants et du Salafisme.

Par contre, un point de divergence existe, partiellement… Il concerne précisément ce à propos de quoi tu cherches une réponse : l’emploi de la force pour faire régner la lumière de Dieu dans le monde. Mais il n’est pas à proprement parler un facteur d’opposition, même si le débat est vif.

Je pourrais résumer les choses ainsi : un premier cercle serait ce qu’on appelle le « Salafisme de la prédication », qui, d’une part, a pour intention de promouvoir l’Islam originel, débarrassé des dérives et corruptions qui l’ont dévoyé au cours des âges –en cela, il est en parfaite adéquation avec les deux autres cercles dont je vais faire état-, mais, d’autre part, limite son action à l’Oumma et se désintéresse des non-croyants et, enfin, n’agit que par la parole, le prêche, en dehors de toute action politique militante. C’est un premier pas vers l’Islam vrai, mais c’est insuffisant.

Un deuxième cercle élargit son action : au-delà du prêche, il vise à l’avènement de l’État islamique, par l’action politique, par le militantisme, non-violent, et la réforme de la société.

Enfin, le troisième cercle, sans négliger le prêche et la promotion de réformes par l’action politique partisane là où c’est possible, ajoute cependant le djihad armé aux moyens de porter l’Islam partout, y compris dans des sociétés non-musulmanes qui attendent la révélation.

Comme tu le vois, il n’y a pas « opposition », ni « division ». Les deux premiers cercles sont incomplets…

Les adeptes du premier courent même deux fois à leur perte, car ils ne se donnent pas les moyens de se défendre sur la terre et, plus grave encore, ils se soumettent à des régimes impies.

Les adeptes du deuxième cercle sont naïfs. Les Frères musulmans en Égypte, sans être eux-mêmes salafistes, ont toutefois montré comment l’action politique seule est vouée à l’échec face aux régimes impies qui, eux, n’hésitent pas user de la violence, à mauvais droit.

Le troisième est celui qui correspond le mieux à l’enseignement du Prophète –la paix et la bénédiction sur lui-, qui prêchait, gouvernait son peuple pour le réformer et, lorsque des rois étrangers résistaient à l’Islam et privaient ainsi leur peuple de la lumière de Dieu, combattait les armes à la main.

Les adeptes des différents cercles débattent parfois très durement. Mais chaque cercle est comme l’étape d’une évolution, dont le troisième est l’aboutissement, incha’Allah.

PPdP – Les Salafistes adeptes du djihad armé, ceux que vous placez dans ce « troisième cercle », accusent régulièrement les Musulmans qui n’adhèrent pas à leurs vues d’être des « apostats », qui ont renié l’Islam, des « takfirs », qui doivent être condamnés à mort.

– Sur un plan théorique, il y a discussion… Mais je dirais que la miséricorde de Dieu doit prévaloir. Car ces Musulmans qui se dévoient quotidiennement ne sont pas en tout responsables. Ils sont trompés par de pseudo-imams, par des oulémas corrompus, par les vices de la société et par leur propre méconnaissance de l’Islam, parce qu’ils n’étudient pas et ne lisent pas le Coran, ce qui est pourtant un de leurs premiers devoirs de Musulmans. Aussi à cause de leur paresse, donc… Qui est parfois inspirée par Satan.

Ils n’ont pas renié l’Islam ; ils ont été égarés. Ils ne seraient takfirs que si, ayant eu l’opportunité d’être ramenés sur le chemin, ils l’auraient refusée.

Mais c’est malheureusement souvent le cas, ces personnes aimant à se déclarer « musulmanes », parce que cela leur confère une identité, mais refusant la pratique de l’Islam, par paresse et parce qu’elles se complaisent dans les plaisirs et la lascivité et n’ont pas la force de caractère d’y renoncer.

PPdP – Une question qui fâche : vous êtes « proche » du Recteur de la Grande Mosquée de Paris, m’avez-vous dit. Qui promeut un Islam « de la République ». Vous jouez donc sur plusieurs tableaux ?

– La question ne fâche pas ; elle est en revanche délicate… Je ne suis pas le seul à promouvoir un Islam véritable dans ce pays. D’autres -et même au sein de la Fédération de la Grande Mosquée- n’y sont pas hostiles… Cette volonté de promouvoir un Islam qui serait « libéral » ou « républicain » tient plus de la volonté de se faire accepter par les autorités que de porter la parole de Dieu, et certains, qui étaient tombés dans le piège, commencent à se rendre compte qu’ils font fausse route. Et ils replacent Dieu au centre de leurs préoccupations.

Il y a une demande d’authenticité grandissante de la part des croyants, de ceux qui fréquentent régulièrement les mosquées en tout cas… Une demande de logique, de rigueur… Des jeunes, surtout… Et je ne parle pas des adolescents… Je vais préciser, pour qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit : il s’agit principalement d’adultes entre trente et quarante-cinq ans… Ce qui interpelle mes collègues… Et les amène à réfléchir… Y compris ceux qui ont voulu donner des gages à la République en jouant les « modérés »…

Les « imams de la République » ont montré à qui ils ont réellement fait allégeance ; et ce n’est pas à l’Islam. Ils sont de moins en moins crédibles et de plus en plus objet de méfiance de la part des croyants.

L’Instance de dialogue avec l’Islam créée par le premier ministre Emmanuel Valls en 2015 n’a servi qu’à montrer aux croyants qui étaient ceux des imams prêts à se compromettre, par arrivisme souvent… Cette institution aurait pour ambition de « former » les imams en France, de leur dicter ce que doit être l’Islam en France ! « L’Islam de France » ! Et ainsi contrôler l’Islam dans ce pays… Ceux qui se sont compromis ont montré leur vrai visage… Les croyants éclairés se méfient d’eux, aujourd’hui.

Mais il est difficile de développer cette question et de t’en dire plus… Et, comme je te l’ai dit d’entrée, il est inutile pour nous de nous exposer à ce stade de notre cheminement.

J’ai accepté l’interview après avoir longtemps hésité. Parce que, à l’examen du site de ton journal, j’ai vite compris que vous publiiez tous les points de vue, honnêtement, et que je ne risquais pas de voir mes propos déformés pour défendre la thèse que le Salafisme est une doctrine « barbare » ou « monstrueuse », comme on l’entend dire régulièrement dans les médias. Ou bien de voir certaines phrases retranchées, et d’autres mises en exergue, pour laisser croire aux lecteurs que les Salafistes ne maîtrisent pas les écritures et se nourrissent d’exagérations grossières, d’extraits du Coran « sortis de leur contexte ».

Nous ne recherchons pas particulièrement la publicité…

Mais il m’a semblé utile de m’exprimer et de montrer à un public plus large que celui des mosquées que l’Islam n’est pas cette religion relativiste et corrompue que de pseudo-imams habitués des médias répandent quotidiennement… Puisque, pour cette fois, j’en avais l’occasion…

Disons cependant que le climat médiatique et policier du moment n’est pas propice à en dire davantage sur nous-mêmes…

 Je te demande donc d’en rester là à ce propos.

PPdP – Reconnaissez-vous Abou Bakr al-Baghdadi, qui se présente sous le titre de Calife Ibrahim, comme le successeur légitime du Prophète Mohamed et le Commandeur des Croyants, c’est-à-dire de tous les Musulmans ?

– En d’autres termes, tu me demandes s’il est calife.

Personne ne peut ni n’a le droit encore de répondre à cette question. Personne ne le sait encore. C’est l’histoire qui l’affirmera comme calife… ou non.

PPdP – S’il n’est pas avéré qu’il est calife, les Musulmans ne sont donc pas obligés de tous répondre à son appel.

– Ce n’est pas aussi tranché. Il faut nuancer ton observation… Et bien sérier deux questions différentes qui se posent ici.

Les Musulmans ne sont pas obligés, à ce stade de son histoire, de le reconnaître comme calife.

Cependant, il se bat au nom de l’Islam et pour l’instauration d’un État islamique. Pour cela, oui, les Musulmans doivent le soutenir dans son œuvre. Ne pas le faire serait une trahison de l’enseignement du Prophète –paix et bénédiction sur lui.

Le fait est que l’État islamique existe maintenant. Il est attaqué de toute part. Par la dictature hérétique de Damas, par les hérétiques chiites de Bagdad, et par leurs alliés occidentaux. Si l’État islamique est attaqué, c’est sans appel : les Musulmans doivent le défendre.

Qui oserait prétendre que ce n’est pas écrit ?

Celui qui dirait le contraire serait un menteur et un ennemi du Prophète et de son enseignement.

Plus tard, si Dieu le veut, il sera reconnu comme le Calife… ou non.

PPdP – Mais certains oulémas affirment que l’État islamique d’al-Baghdadi n’est pas un véritable État islamique, qu’il s’agit de bandits qui manipulent l’Islam à des fins politiques, peut-être même économiques ; et que les règles de l’Islam n’y sont pas respectées, que les crimes de guerre s’y multiplient. Or, ça, ce n’est pas la loi du Coran.

– Y es-tu  allé, toi ? Tu sais ce qui se passe, exactement, dans les territoires gouvernés par l’État islamique ? Tu as vécu dans cet État islamique, pour pouvoir témoigner de ce qui s’y passe ?

En Occident, on qualifie l’État islamique « d’organisation terroriste » et on lui attribue des massacres et toutes les pires horreurs imaginables…

Alors, si c’est ainsi, l’État d’Israël est une organisation terroriste, qui a tué 2.000 civils en deux mois. Et ce n’est pas un État, puisque les sionistes ont envahi et pris par la force des territoires qui étaient arabes, à commencer par les villes et villages où vivaient les Palestiniens, qu’ils ont chassés de leurs maisons. Pourquoi les médias et les politiciens occidentaux qui parlent « d’Organisation État islamique » ne parlent-ils pas aussi «d’Organisation État d’Israël » ?

Les Musulmans qui se battent sous le drapeau de l’État islamique se défendent. Ils se défendent des Américains et des Occidentaux qui ont envahi la région, de la dictature chiite hérétique qui les oppriment en Syrie depuis plus de quarante ans, du gouvernement chiite hérétique et de ses milices haineuses, soutenues par l’Iran, qui les oppriment depuis plus de dix ans en Irak…

Ils n’attaquent pas ; ils se défendent ! Ils sont en terre sunnite. Ce que je viens de dire est-il un mensonge ? Peux-tu me contredire ?

Donc, même les pseudo-imams qui prétendent que le djihad armé ne peut être que défensif ont le devoir d’appeler les Musulmans à combattre les ennemis des Musulmans qui sont attaqués en Irak et en Syrie.

Et, en même temps, ils luttent pour rétablir la loi du Coran là où ils vivent. Cette loi que tous les Musulmans doivent vénérer et qui a été maltraitée par les colonisateurs français et britanniques, puis par les dictateurs que ceux-là ont laissés derrière eux.

Tout ceci n’est-il pas vrai ?

Les Musulmans ont le devoir d’aller combattre pour défendre des Musulmans attaqués et pour défendre la loi de l’Islam. Personne ne peut contester ceci : ce serait renier la loi de Dieu, prononcer presqu’un blasphème, faire acte d’une foi contraire aux écritures.

Quant aux exactions que l’on reproche à l’État islamique… Je ne sais pas. On avait parlé de Chrétiens massacrés et crucifiés… Tous les médias en avaient fait de gros titres contre les « barbares » de « Daesh ». Mais on sait bien depuis lors que ce n’était pas vrai. Les évêques chrétiens de Mossoul et d’Alep l’ont dit : il n’y a pas eu un seul Chrétien crucifié. C’était un mensonge. Seuls des Musulmans qui avaient commis des crimes ont été jugés et crucifiés. Mais, tout cela, les médias n’en ont jamais parlé. Comme d’habitude, ils n’ont pas rectifié leurs erreurs. Et, quand on dit une chose fausse et qu’on ne rectifie pas quand on connaît la vérité, ça devient un mensonge.

Alors, toutes ces histoires de têtes coupées, etc., je ne sais pas…

Bien sûr, c’est la guerre… Certainement y a-t-il des crimes… Je peux le supposer… Les hommes ne sont jamais parfaits… Quelle armée, même des armées des démocraties occidentales, peut affirmer n’avoir jamais commis de crime ? Les Français en Libye ? Au Mali ? Les Américains en Irak ?

Alors, oui, j’ai vu les vidéos que l’État islamique poste sur les réseaux sociaux… C’est parfois très violent. Des journalistes occidentaux ont été décapités… C’est vrai. Ce n’est pas acceptable car le Coran dit : « Tu ne combattras que les combattants. »

Quel est le but de ces mises en scène cruelles ? Peut-être un but militaire, un message aux Occidentaux, pour qu’ils n’envoient pas leurs soldats… Mais je regrette cela.

PPdP – De même, nombre d’oulémas considèrent que le djihad n’est autorisé que lorsqu’il y a consensus entre le Calife et les savants ; c’est la règle admise par les quatre madhab, les quatre principales écoles d’interprétation du Coran.

– Mais est-ce écrit dans le Coran ? Pourquoi ces savants veulent-ils avoir le dessus sur la parole de Dieu ?

80% des oulémas sont des corrompus qui ne visent que leur propre bien-être et leur position sociale dans des sociétés corrompues.

Ils nous rappellent l’époque des califes omeyades, où l’on inventait de faux hadiths pour plaire au Calife et justifier sa politique impie !

Le Coran est sûr ; tu dois t’y fier. Ces hommes qui veulent parler à la place de Dieu, méfie-t-en comme d’une lèpre !

Un hadith attesté par Sahih Boukhari dit que, le jour de la résurrection, le Prophète –la paix et la bénédiction sur lui- verra plusieurs de ses compagnons en enfer et il s’en étonnera en disant : « Mais ce sont mes compagnons ! » Et l’ange lui répondra : « Tu ne sais pas ce qu’ils ont fait après toi ! »

PPdP – Un mot concernant ceux qu’on désigne sous l’appellation de « convertis »… Ces Occidentaux, qui se convertissent à l’Islam et se révèlent plus musulmans que les Musulmans issus de familles musulmanes, sont souvent décriés par les Musulmans « modérés » comme des extrémistes qui méconnaissent l’Islam. Ils représenteraient près de 20% des effectifs européens qui ont rejoint l’État islamique…

– Quelle arrogance, n’est-ce pas ? De la part de ces « Musulmans modérés », comme tu dis…

Les convertis, en Europe, acceptent l’Islam car ils ont lu et étudié le Coran et la Sunna. Contrairement à nombre de « Musulmans issus de familles musulmanes », qui ne sont musulmans que par tradition et n’ont pour la plupart jamais ouvert un Coran, qui croient connaître l’Islam et en être les dépositaires parce que leurs parents sont musulmans et qui prennent pour argent comptant le discours dominant, celui des pseudo-imams « de la République »…

Comme s’il suffisait d’avoir le teint basané et de connaître trois mots de darija [ndlr : l’arabe dialectal du Maroc]pour faire un « Musulman de plein droit » qui aurait tout compris de l’Islam !

PPdP – En somme, il faudrait faire la différence entre les Musulmans de culture musulmane et les Musulmans de foi ? Un Islam « par habitude » et un Islam authentique ?

– Ta formule me fait sourire. Elle est rigolote !

Mais… Oui, oui ! C’est ça, en somme.

Beaucoup de Musulmans « par habitude » n’ont d’islamique que la couleur de peau et n’ont jamais lu le Coran ; certes, ils l’ont acheté et il est en bonne place sur la table du salon, à la maison… Mais ils ne l’ont jamais ouvert.

Ils ne pratiquent pas l’Islam, dont ils ne connaissent pas grand-chose, tout en s’en prétendant, de bonne foi, les dépositaires « modérés » et justes.

Mais, en réalité, ils sont imprégné de la civilisation qui les entoure et ils lisent et interprètent le peu qu’ils savent du Coran et le l’Islam au prisme des codes et des valeurs de cette civilisation étrangère à l’Islam, voire même hostile à l’enseignement du Prophète –la paix et la bénédiction sur lui.

Ces égarés sont des Musulmans de peau, de surface. Il n’est pas difficile de le démontrer et de le leur faire comprendre : s’ils acceptent une conversation franche sur l’histoire des Musulmans et sur le Coran, ils se trouvent très rapidement déstabilisés, incapables de répondre à quelques réflexions simples, et ils se rendent alors comptent qu’ils se sont éloignés du chemin de Dieu.

Malheureusement, la plupart, à ce moment-là, refusent le dialogue et s’enfuient en vociférant des insultes et en nous qualifiant d’extrémistes. C’est pour eux une manière de se protéger ; certains réussissent à se convaincre qu’ils ont raison, d’autres moins bien…

Mais quelques-uns acceptent d’écouter et d’apprendre. Ils étudient alors le Coran, lisent les Hadiths, et ils se rendent compte, alors, qu’ils ont vécu très éloignés de l’enseignement du Prophète –la paix et la bénédiction sur lui.

PPdP – Pour conclure, faut-il comprendre que l’Islam est incompatible avec la démocratie et le mode de vie pratiqué dans les sociétés occidentales ?

– Le premier ministre français, Emmanuel Valls, a dit que les Salafistes étaient en train de gagner la bataille idéologique et culturelle, contre l’Islam. Mais c’est tout l’inverse : c’est l’Islam qui est en train de se relever et de gagner la bataille contre l’islamo-laïcité voulue et imposée aux Musulmans de France par la culture impie de l’Occident, qui s’insinue pernicieusement dans les esprits au moyen de toutes les perversions qui la baignent ; et voulue par les autorités françaises, qui légifèrent pour emprisonner l’Islam et le canaliser.

Nombreuses sont les lois, en France et ailleurs en Europe, qui sont contraires à l’Islam et qui entravent la pratique de l’Islam. Les Musulmans doivent les combattre et faire triompher les lois de Dieu.

L’Islam, l’Islam véritable, le Coran, est justice et vérité. Il n’abandonne pas celui qui souffre parce qu’il est économiquement faible. Il n’accepte pas le monde occidental du capitalisme et du relativisme. Il n’y a de Dieu que Dieu. Il n’existe qu’une seule vérité et qu’une seule voie, celle du Messager de Dieu –la paix et la bénédiction sur lui- et celui qui s’en détourne perd sa vie ; et celui qui déforme l’enseignement de Dieu commet le premier et le plus grand des péchés.

 

du Courrier du Maghreb et de l’Orien

Revue-Item.com

 

 

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