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Entraide et Tradition

Entretien du Supérieur Général de la FSSPX

publié dans nouvelles de chrétienté le 23 mars 2019


Entretien du Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X avec l’Angelus Press

SOURCE – FSSPX Actualités – 23 mars 2019


Du 4 au 18 février 2019, l’abbé Pagliarani s’est rendu aux Etats-Unis pour la première fois depuis son élection comme Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X. Bien qu’il soit venu pour la réunion des prêtres à Winona, et pour la visite annuelle du séminaire Saint-Thomas d’Aquin de Dillwyn, il a accepté de répondre aux questions de l’Angelus (la revue du district des Etats-Unis), pour son premier entretien en langue anglaise.

Il n’y a pas de meilleure façon de servir l’Eglise que de former de saints prêtres.

The Angelus : Vous êtes presqu’inconnu dans le monde anglophone malgré votre récente élection comme Supérieur général. Pouvez-vous vous présentez vous-même?

Abbé Davide Pagliarani : En fait, je pense que le problème ne concerne pas seulement les pays anglophones. Pour donner un exemple, il y a quelques semaines, à Paris, un prêtre m’a demandé mon nom. Il était quelque peu embarrassant pour moi de lui expliquer que j’étais le nouveau Supérieur général ! – et si j’étais un peu gêné, il l’était lui aussi !
J’ai été en poste en Italie, puis en Extrême-Orient, à Singapour durant trois ans, et plus récemment dans l’hémisphère sud, en Argentine pendant sept ans – jusqu’en juillet dernier.

Q : Vous êtes le quatrième Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X. Quels sont les défis et les circonstances favorables pour la Tradition en 2019?

DP : Je pense que notre but, ainsi que notre devoir, est de conserver le trésor que nous possédons, notre Foi, la Sainte Messe, et de l’apprécier à sa juste valeur. Je pense qu’il est important que ce trésor soit pour nous quelque chose de vivant, comme l’eau vive dont parle Notre Seigneur à la Samaritaine (Jn 4, 10). Cela est très important. Je pense que nous devons estimer toujours davantage ce trésor, grâce à une vie de prière pleine de ferveur – de ferveur spirituelle. Nous devons de temps en temps la raviver, et cette année où nous préparons le Jubilé de la Fraternité, peut être une bonne occasion de raviver dans notre vie spirituelle un profond attachement à ce trésor.

Q : Votre élection date de six mois à peine. Avez-vous déjà beaucoup voyagé?

DP : Je ne voyage pas beaucoup pour rester disponible à la Maison générale, selon les différents besoins de la Fraternité. C’est en effet un désir exprimé par le Chapitre, que le Supérieur général soit facilement joignable par les prêtres et les supérieurs. J’ai un devoir de fidélité à l’esprit de Mgr Lefebvre, notre Fondateur. Mon premier devoir est de faire de mon mieux pour garder l’esprit et l’enseignement qu’il a laissés à la Fraternité, même si la situation est très différente.

Q : Y a-t-il des signes de croissance visibles de la Fraternité ? De nouveaux prieurés ou de nouveaux pays visités?

DP : Il y a de nombreux signes de croissance, non seulement aux Etats-Unis, mais partout ! C’est certainement un signe de bénédiction : le bon Dieu nous bénit dans notre apostolat. Durant ces dernières années, de plus en plus de catholiques ont pris conscience de la crise qui secoue l’Eglise, et ils comprennent petit à petit ses causes. Nous devons être attentif à cet état de choses, suivre cela de près. Nous devons aussi les aider. Mais par ailleurs, nous ne pouvons aller partout, nous disperser. Nous devons prendre soin de nos prêtres.
Les vocations qui nous arrivent sont un secours, mais nos prêtres ne doivent pas être surchargés ; ils ont besoin de temps pour la vie de communauté, qui est une partie essentielle de nos Statuts et de nos devoirs. Certes, nous ferons de notre mieux pour aller là où la Providence nous appelle, mais nous voulons en priorité prendre soin de nos prêtres.

Q : Comme ancien directeur de séminaire, pouvez-vous dire un mot sur l’importance des séminaires et des vocations, surtout dans le monde moderne?

DP : Nos séminaires sont le cœur de la Fraternité ; elle est édifiée sur ses séminaires, et son existence en dépend. L’Eglise a par-dessus tout besoin de saints prêtres. Il est impossible de trouver une meilleure façon de servir l’Eglise que de former de saints prêtres : nous coopérons ainsi au but même de toute l’Eglise. Cela a été la grande intention du concile de Trente, et la grande intuition de Mgr Lefebvre (cf. son Itinéraire spirituel). Plus cet idéal sacerdotal est dévalué, perdu, plus il est important d’être fidèle à ce but – qui fait partie de notre mission.

Q : Quelles doivent être, pour vous, les principales préoccupations des familles catholiques traditionnelles aujourd’hui?

DP : Le plus grand souci d’une famille catholique aujourd’hui est le salut de l’âme de leurs enfants, le même que nous avons en tant que prêtres. Le monde fait tout ce qu’il peut pour les tromper. Les parents doivent prendre bien garde à cela ; c’est une souci que nous partageons avec eux. Nous devons éduquer les enfants en collaboration avec leurs parents. Et les parents doivent élever leurs enfants avec l’aide du prêtre. Tous doivent leur enseigner les vertus qu’ils ne peuvent trouver ailleurs : abnégation, pureté, chasteté, charité.
Mais cette éducation ne sera efficace que si, dans la famille, à la maison, à l’école, les enfants perçoivent que leurs éducateurs, parents et prêtres, vivent ce qu’ils enseignent. Que l’on ne se contente pas de mots ; mais que l’exemple agisse comme une osmose. Si les parents ont réellement un grand idéal pour préparer des saints, ils pourront l’accomplir avec la grâce de Dieu. Mais cela ne se fera que si les enfants respirent à la maison, par leurs parents, l’esprit de sacrifice, qui est le parfum de la croix.

Q : Que pensez-vous des dernières nouvelles concernant la Commission Pontificale Ecclesia Dei?

DP : Nous ne pouvons faire un commentaire développé pour le moment. Ce ne serait pas prudent. L’intérêt du Motu Proprio supprimant Ecclesia Dei, réside dans le fait qu’il souligne que la question principale toujours pendante, est doctrinale. Cela est vrai. Ce problème doctrinal concerne la Fraternité Saint-Pie X. En ce sens, les choses sont devenues plus claires pour nous, pour Rome, pour tout le monde. Cela dit, ce n’est pas à nous de scruter ce que sera le futur des communautés Ecclesia Dei. Nous prions pour elles. Si nous pouvons faire quelque chose, nous verrons. Mais je pense qu’il est prudent de ne rien dire d’autre quant à l’avenir. Pour le moment, nous contenterons d’observer. Et nous laisserons le dernier mot à la Providence divine.

Q : A l’heure actuelle, le monde et l’Eglise semblent devenus fous. Quels encouragements pouvez-vous prodiguer aux catholiques de la tradition dans cette situation?

DP : Le plus grand danger pour nos fidèles et même pour les prêtres, est de tomber dans le découragement. Nous devons nous rappeler, et leur rappeler, que plus la situation semble désespérée, plus la victoire est proche. Saint Pie X le répétait volontiers en guise d’encouragement. L’épaisseur des ténèbres manifestera avec plus d’éclat la vérité, quand le moment du triomphe arrivera. Nous devons garder une vue surnaturelle. Quoi qu’il puisse arriver, Dieu l’utilisera pour faire luire de manière plus manifeste le triomphe surnaturel de son Eglise et de la Vérité.

Q : Outre le soutien de la prière et les dons matériels, quel pourrait être le meilleur moyen pour un laïc pour assister les prêtres dans leur apostolat?

DP : L’Eglise est une grande famille ; et la Fraternité, qui est une œuvre d’Eglise, est aussi une grande famille. A l’intérieur d’une famille, on partage tout. Le meilleur moyen pour un fidèle pour tout partager avec les prêtres, est de leur apporter son soutien moral ; de partager intérieurement leurs joies et leurs soucis, car les joies et les soucis du prêtre sont les joies et les soucis de Notre Seigneur. Cette proximité par la charité est le meilleur moyen pour accomplir cet idéal de l’union entre les fidèles et les prêtres.

Q : Quelle est votre première impression du district des Etats-Unis?

DP : Les Etats-Unis sont un de ces pays où, dès votre arrivée, vous vous sentez chez vous. Ce qui m’impressionne le plus est le nombre des fidèles ; mais peut être davantage leur simplicité et leur générosité. Je trouve d’ailleurs la même simplicité et la même générosité chez les prêtres. Je pense que ce que montrent les fidèles, est le reflet de ce que les prêtres leur enseignent.

Q : Vous avez passé beaucoup de temps dans différents pays et districts. Pouvez-vous nous raconter une ou deux histoires choisies de votre passé apostolique?

DP : Le plus impressionnant au cours de ma vie sacerdotale, est que, au milieu de cette diversité de pays, de langues, de cultures, entre l’Asie, l’Amérique du Sud, l’Italie, comme Supérieur de District ou Directeur de séminaire, j’ai pu constater que la grâce de Dieu est toujours à l’œuvre, partout, selon des règles universelles. Je ne dis pas quelque chose de nouveau. Mais en faire personnellement l’expérience est impressionnant. C’est la preuve tangible que la loi de l’Evangile, les sacrements, l’Eglise, sont pour tous. Il n’y a rien d’autre qui puisse faire l’unité parmi des peuples si différents les uns des autres. Cela est réellement merveilleux. Vous ne pouvez l’expliquer par un élément naturel. C’est le fruit de la grâce de Dieu.
J’ai pu en faire l’expérience répétée. Plusieurs fois, après m’être efforcé de trouver sans résultat la solution à une situation difficile, celle-ci s’est présentée quand j’ai cessé de me torturer l’esprit et que j’ai tout remis à la volonté de Dieu. Il n’est pas toujours facile de faire ainsi. Mais ce n’est rien d’autre que la loi de la croix : je devrais dire, la loi du plein abandon à Dieu.

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