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Entraide et Tradition

2021 Dimanche In Albis

publié dans couvent saint-paul le 10 avril 2021


La miséricorde

Dimanche de Quasi Modo

MBCF,

Dans le Missel romain de Saint Pie V, ce dimanche après le dimanche pascal où nous avons fêté la Résurrection de NSJC, est appelé le dimanche de « Quasi modo » en raison des premiers mots de l’Introït de cette messe. Il est aussi appelé dimanche « in albis » car, jadis, les néophytes déposaient leurs vêtements blancs, en ce dimanche. En ce dimanche, l’Eglise nous fait entendre le merveilleux récit de l’apparition de NSJC à Saint Thomas, l’Apôtre qui doutait et ne voulait croire qu’après avoir mis ses mains dans les plaies du Seigneur et son doigt dans son côté transpercé par la lance du soldat romain.

Mais le Pape Jean-Paul II, lui, a consacré ce dimanche après la Résurrection, à la Miséricorde, en l’honneur de sœur Faustine, religieuse polonaise, au début du siècle, particulièrement dévote de la miséricorde du Seigneur, comme le fut sainte Marguerite Marie en France, au 16è siècle.

Pouvons-nous relier, unir ces deux thèmes : celui du récit de l’Evangile où notre Seigneur montre ses mains transpercées à l’Apôtre et celui de la Miséricorde du Seigneur. Je le crois. Car ces mains transpercées par les clous sont bien finalement l’expression de la charité de NSJC.

Voyons comment ?

Partons du récit de l’Evangile de cette messe et méditons sur l’apparition de NSJC à Saint Thomas.

« Huit jours après, les disciples étaient enfermés de nouveau et Thomas avec eux. Jésus vint les portes étant fermées ; et il se tint au milieu d’eux et dit : « La paix soit avec vous ». Ensuite il dit à Thomas : introduits ton doigt ici et vois mes mains ; approche aussi ta main et mets là dans mon côté ; et ne sois plus incrédule, mais croyant »…

Merveilleux récit qui va nous permettre, mieux que tout autre récit, de méditer, vous dis-je, sur la miséricorde du Seigneur.

En effet cette miséricorde du Seigneur, où pouvons nous la mieux saisir, la mieux contempler que dans sa Passion. Et ces plaies nous rappellent précisément sa Passion. Ce sont ses plaies qu’Il montre à ses disciples. Certes, d’abord comme preuve de la réalité physique de sa Résurrection, mais aussi comme preuve de son amour. En effet ces plaies divines sont les plaies du sacrifice qu’Il a accompli au Golgotha. Mieux même. Ces plaies sont le sacrifice de NSJC. Il les présente au disciple sceptique pour qu’il les contemple. Mais ce sacrifice, c’est son amour manifesté. Ainsi présentant ses plaies à son disciples, il lui présente tout autant son amour pour qu’il le contemple, le voit, l’admirent, en soit même confondu. Ses plaies crient son amour débordant. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime ». Et Thomas, devant ses plaies, contemple finalement non seulement la réalité de la résurrection mais aussi cet amour divin. Oui ! La douloureuse Passion, et ses plaies et son côté transpercé constituent le sommet de la révélation de l’amour de Dieu pour chacun d’entre nous. Saint Jean le dit : « Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique ». Et ce Fils unique, l’objet des complaisances du Père, s’est fait « Fils de l’homme ». Il s’est laissé crucifié. Il s’est laissé mettre à mort, s’est laissé suspendre à une croix, s’est laissé transpercer les mains, et les pieds…Et cet Homme-Dieu, alors qu’Il est sacrifié, pardonne à ses bourreaux. Attitude de miséricorde ! Alors qu’Il est rien moins que le Fils de Dieu, Il n’a pas jugé bon, nous dit saint Paul, de revendiquer son droit d’être jugé à l’égal de Dieu, mais au contraire, Il se dépouille lui-même en prenant la condition de serviteur….Il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort…jusqu’à mourir sur une croix » (Ph 2 6-8)
Sa Passion, vraiment, est l’expression de son amour pour nous. « Ayant ainsi aimé les siens qui étaient dans le monde, Il les aima jusqu’au bout », « usque ad finem ».
Oui ! C’est par amour pour nous que le Christ meurt sur la croix. Et c’est cet amour qui peut se contempler dans ses mains qu’il montre à Thomas. Comme le dit saint Augustin, « l’homme serait toujours dans un état de misère, si Jésus ne lui avait pas fait miséricorde ». Il poursuit : « Tu n’aurais retrouvé la vie, s’Il n’avait partagé ta mort. Tu manquerais, s’Il n’était venu à ton aide. Tu serais perdu, s’Il n’était arrivé ».

Nous aussi arrêtons nous, comme saint Thomas, à contempler ses mains, au fil de la vie de NSJC, au fil des événements qui ont marqué sa vie.
Du moins les principaux événements.

Ces mains, chargées de douleurs, nous ont rachète de l’esclavage de la mort.
Ces mains sont sans doute les mains du sacrifice rédempteur, de la miséricorde, mais tout autant les « mains glorieuses » du Christ ressuscité. Ces mains douloureuses nous rappellent à la fois le Golgotha et la résurrection de NSJC, gage, nous le savons, de notre propre résurrection, et cette Résurrection de NSJC est, nous le savons, source de notre joie. Mais donner la joie, n’est-ce pas la plus belle manifestation de la charité ?
Oui, MBCF, ces mains sont donc sont les mains de la miséricorde, de la bonté.

Mais plus encore, MBCF, ces mains sont « les mains avec lesquelles il a guéri les hommes »…Je me remémore, alors avec vous, tous les miracles…Mais ces miracles sont encore la preuve de sa bonté, de sa pitié…de son attention aux souffrances variées de ceux qui le suivaient. Mais s’Il était attentif aux douleurs, Il l’était plus encore à la foi de celui qui le suppliait. Et c’était la foi surtout qu’Il récompensait par la guérison donnée par ses mains…Regardons ses mains avec lesquelles Il a béni les enfants, les mains qu’Il a imposé aux malades….C’est par l’imposition des mains qu’Il communique la grâce…D’où ce rite maintenu par l’Eglise et gardé dans beaucoup de sacrements : le baptême, la confirmation, l’ordre….Tous.
Ce sont ces mains qui, cloués à la Croix , porteront toujours les stigmates comme signe de son amour.

Mais un jour, Il prit le pain dans ses mainte saintes et vénérables : « Qui pridie quam pateretur, acceptit panem in sanctas ac venrabiles manus suas…benedixit, fregit, deditque discipulis suis, dicens. Hoc est enim corpus meum » Ces mains saintes et vénérables ont donné à l’Eglise, le Jeudi Saint, la saint Eucharistie. Et la Sainte Eucharistie prend place dans cette Semaine Sainte qui est placé sous le signe de la Charité. « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde il les aima jusqu’au bout ». L’Eucharistie, confectionnée de ses mains, est aussi la preuve, comme la Passion, de la miséricorde de Dieu au milieu de nous.

Et maintenant le prêtre est chargé de faire ce qu’Il a fait : prendre entre les mains le pain pour que, par la prière eucharistique, il soit transformé, « transsubstantié en son Corps, en son Sang. Dans l’ordination sacerdotale, nos mains ont reçu l’onction sainte, du Saint Chrême, afin qu’elles deviennent des mains de bénédictions, des mains qui portent le salut rendant ainsi présents la bonté du Seigneur.

M’est avis, MBCF, que Thomas, confondu par la présence de NSJC ressuscité, est agenouillé. Il lève les yeux vers son Maître pour voir les plaies de ses mains , ainsi que sa miséricorde. Ce sont là les choses essentielles. Gardons nous aussi nos yeux sur ces mains plaines de vie, afin qu’ils n’accueillent pas et ne laissent pas entrer en nous les « vanitates » – les vanités, les futilités, ce qui est seulement apparence de ce monde. Prions pour qu’à travers nos yeux n’entre pas en nous le mal salissant ainsi notre âme. Mais nous voulons surtout voir de nos yeux tout ce qui est vrai, lumineux et bon, capables de voir les choses de Dieu et de vivre dans l’admiration de sa Création, l’œuvre de Dieu. Et surtout et surtout que nous ne cessions de contempler en ses mains sa Passion, sa miséricorde. Car nous le savons, la mémoire de la Passion fait naître en nous « l’aiguillon de l’amour » de Dieu et pour Dieu.
Comme Thomas, je contemple ses mains transpercées…Mais ce sont les mêmes mains qui, le Jeudi Saint, après avoir institué la Sainte Eucharistie, « la distribua à ses disciples ». L’Ecriture Sainte dit même qu’Il rompit le pain et le donna à ses disciples »
Mais « rompre le pain » est le geste du père de famille, de la mère de famille qui se préoccupent de leurs enfants et leur donne ce dont ils ont besoin pour la vie. Rompre le pain est ainsi le geste par excellence de l’amour.

Mais c’est aussi le geste de l’hospitalité par lequel l’étranger, l’hôte est accueilli dans la famille lui permettant de prendre part à sa vie.

Rompre le pain, c’et aussi le geste du partage.
Mais partager – partager avec – c’est unir. Par le fait de partager, une communion se crée. Dans le pain rompu, « eucharistié », le Seigneur se distribue lui-même de ses mains. C’est là aussi un geste d’amour. Mais « le geste de rompre, de ses mains », fait aussi mystérieusement allusion à sa mort, à son amour jusqu’à la mort. Il se distribue lui-même, Lui, le vrai « pain pour la vie du monde » (cf. Jn 6, 51).Geste d’amour !

« La nourriture dont l’homme a besoin au plus profond de lui-même est la communion avec Dieu lui-même ».
Nous avons dit que le fait de rompre le pain est un geste de communion, d’union par le fait de partager. Ainsi, dans le geste même de ses mains adorables, est encore indiqué la nature profonde de l’Eucharistie: elle est « agape », elle est charité, elle est ce qui rend présent l’amour de Dieu.

Ainsi, si je regarde bien ces mains de Jésus et ses gestes du Jeudi Saint, je peux dire que, dans le geste de Jésus qui rompt le pain, l’amour auquel nous participons dans l’Eucharistie, a atteint sa radicalité extrême. C’est pourquoi je peux dire que l’Eucharistie n’est pas seulement une action liturgique, elle est ce qui doit nourrir et enflammer en nous la Charité, l’amour de Dieu.
Qu’il en soit ainsi ! Amen !

 

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