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Entraide et Tradition

Fête du Sacré-Cœur

publié dans couvent saint-paul le 17 juin 2012


Troisième dimanche après la Pentecôte.
Fête du Sacré-Cœur.

Parler du Sacré-Cœur de NSJC, MBCF, c’est parler de l’amour de Dieu, le cœur étant le symbole de l’amour. Et parler de l’amour de Dieu, c’est contempler le Verbe de Dieu. Or c’est saint Jean qui en parle le mieux. Dans son Prologue, Saint Jean parle du Verbe de Dieu dans son œuvre créatrice et dans son œuvre rédemptrice.

Il nous parle d’abord de l’œuvre créatrice : « au commencement était le Verbe et le Verbe était en Dieu et le Verbe était Dieu. Il était au commencement en Dieu. Toutes choses ont été faites par lui et rien de ce qui a été fait, n’a été fait sans lui ».

Il nous parle ensuite de l’œuvre rédemptrice disant: « Le Verbe s’est fait chair…Il était la vraie Lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde…Et à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfant de Dieu, enfants…nés de Dieu… ».

Or, MBCF, en ces deux mystères, la création, la rédemption, se manifeste l’amour de Dieu.

Je voudrais insister surtout sur le deuxième point, sur l’œuvre rédemptrice du Verbe fait chair.

Sur le premier point, rappelons seulement qu’en créant toutes choses, le Verbe de Dieu manifesta son amour. Il est de la nature du bien, du bon de se communiquer. « Bonum diffusivum sui ». Le Bien se communique, se donne. Le Verbe, par amour pour nous a fait cette admirable création, le soleil, la lune, la nuit, le jour, la lumière, les couleurs. Toutes créatures ont été faites pour nous : la mer, la terre, les fruits. Que d’abondance…les animaux, les poissons. « Soumettez toutes choses. Tout est à vous pour vous ». Le chant des oiseaux… créés pour égailler nos journées, notre entendement. Quel charme dans le chant des oiseaux. Oh qu’on aurait tort de ne pas les entendre. Ils nous donnent l’exemple. Comme le dit le saint Curé d’Ars, ils sont faits pour chanter et ils chantent…nous montrant l’exemple…Nos sommes faits pour aimer et nous aimons pas assez Dieu…Oui la création me parle de l’amour de Dieu…Devant ce spectacle de toute beauté, cette abondance, cette joie du ciel, saint Augustin se disait à lui-même : « Augustin, aime Dieu ». La création m’oblige à louer Dieu, « Gloria in Excelsis Deo ». Sans doute Dieu n’a pas besoin de nos hommages et de nos amours. Dans sa Trinité, il se suffit à Lui-même. Mais la Sagesse divine s’étant librement résolue à créer, ses œuvres, dont nous sommes, doivent nécessairement le louer. « O mon Dieu, malheur à ceux qui se taisent de vous », disait Saint Augustin. C’est le malheur des temps. Ce temps se tait de Dieu. La première hérésie de notre temps, c’est l’hérésie pratique contre le premier commandement du Décalogue. On a temps parler à l’home de ses droits qu’il a perdu le sens des droits de Dieu. MBCF, « ne nous taisons pas de Dieu ». Aimons à chanter sa création. Aimons à chanter son amour, sa bonté. Aimons à chanter sa gloire. A Lui, la gloire de son amour…

J’en arrive ainsi à la deuxième idée, celle sur laquelle je voudrais insister aujourd’hui.

A Lui la gloire dans son amour, dans sa charité, dans sa bonté. Il a seul le droit d’être appelé « Bon » : « Unus est bonus, Deus », dit NSJC. Un seul est bon : Dieu. Un seul est bon : Celui dont la charité est l’essence. « Deus caritas est »., celui dont la bonté n’a pas plus de limite que l’éternité elle-même. « Confitemini Domino quoniam in aeternum misericordia eius » (Ps 135 1). Ne posons aucune limite au plus essentiel attribut divin. N’enchainons pas son amour ni sa miséricorde. C’est tout un.

Heureusement, il n’en n’est pas ainsi. Dans l’exercice de son amour et de sa miséricorde envers nous, Dieu ne relève que de lui-même et nullement de nos mérites. « Je ferai miséricorde à qui je voudrai et je serai clément envers qui il me plaira (Ex 23 19). Ainsi ceux qui bénéficient de son amour, de sa miséricorde, cela n’est pas la récompense de leur propre justice, le prix de leurs propres travaux, de leurs propres efforts….Mais cela a été un acte de pure faveur, l’effet d’une pure bonté. Comme le dit saint Paul : « Cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde » (Rm 9 16). Ainsi en fait de grâce et de pardon, le droit de Dieu est un droit royal et sans appel. Sa Justice n’a pas de compte à donner. Mais aussi sa justice n’a point de compte à demander à sa charité ni à sa miséricorde, parce que la miséricorde est au dessus du jugement (Jn 2 13) et, comme le dit Bossuet, « ses miséricordes laissent bien loin derrière toutes ses œuvres » ( i.e., en ce sens, si je comprends bien, que la miséricorde est l’œuvre des œuvres de Dieu.) N’alléguez donc pas comme obstacle insurmontable aux bontés de Dieu, l’excès de la perversité humaine. C’est l’honneur de Dieu, sa grandeur, sa gloire de faire déborder quand il veut, ses bontés par-dessus toute malice : quia benignus et misericors est ». Je le répète si Dieu devait attendre le jour où nous serions devenus dignes de bienfaits, ce jour vraisemblablement n’arriverait jamais. Par bonheur, il faut aller chercher ailleurs que dans nos mérites, le mobile qui préside aux déterminations favorable du Bon Dieu.

C’est tout le mystère de la rédemption. Le Verbe est venu nous sauver non pas en raison de nos mérites mais en raison de sa bonté. « ‘Alors que nous étions encore pécheurs, nous dit Saint Paul, le Christ est mort pour nous ». Il faut citer saint Paul dans son épîtres aux Ephésiens : « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis dans le Christ de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans les cieux !
C’est en lui qu’il nous a choisis dès avant la création du monde, pour que
nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui, nous ayant, dans son amour, prédestinés à être ses fils adoptifs par Jésus-Christ, selon sa libre volonté,
en faisant ainsi éclater la gloire de sa grâce, par laquelle il nous a rendus
agréables à ses yeux en son [Fils] bien-aimé. C’est en lui que nous avons la rédemption acquise par son sang, la rémission des péchés, selon la richesse de sa grâce, que Dieu a répandue abondamment sur nous en toute sagesse et
intelligence, en nous faisant connaître le mystère de sa volonté, selon le libre dessein que s’était proposé sa bonté, pour le réaliser lorsque la plénitude des temps serait accomplie, à savoir, de réunir toutes choses en Jésus-Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre. C’est aussi en lui que nous avons été élus, ayant été prédestinés suivant la résolution de celui qui opère toutes choses d’après le conseil de sa volonté, pour que nous servions à la louange de sa gloire, nous qui d’avance avons espéré dans le Christ. C’est en lui que vous-mêmes, après avoir entendu la parole de la vérité, L’Evangile de votre salut, c’est en lui, que vous avez cru et que vous avez été marqués du sceau du Saint-Esprit, qui avait été promis, et qui est une arrhe de notre héritage, en attendant la pleine rédemption de ceux que Dieu s’est acquis, à la louange de sa gloire ».
Ou encore saint Paul aux Romains : « Car, lorsque nous étions encore pécheurs, le Christ, au temps marqué, est mort pour des impies. C’est à peine si l’on meurt pour un juste, et peut-être quelqu’un saurait-il mourir pour un homme de bien. Mais Dieu montre son amour envers nous en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, [au temps marqué], Jésus-Christ est mort pour nous. A plus forte raison donc, maintenant que nous sommes justifiés dans son sang, serons-nous sauvés par lui de la colère. Car si, lorsque nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, à plus forte raison, étant réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie. Bien plus, nous nous glorifions même en Dieu par Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui maintenant nous avons obtenu la réconciliation »
Ou encore saint Paul aux Colossiens : « — rendant grâces à [Dieu] le Père, qui nous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière, en nous délivrant de la puissance des ténèbres, pour nous transporter dans le royaume de son Fils bien-aimé, par le sang duquel nous avons la rédemption, la rémission des péchés ».

Fort des ces paroles, je suis en droit de conclure que l’Evangile de Jésus-Christ est vraiment l’Evangile du salut gratuitement accordé par Dieu et cela indépendamment de nos mérites.
C’est donc dans l’enseignement d’un tel Evangile que je trouverai certainement la doctrine de l’amour de Dieu. Je le trouve à chaque page.

Et d’abord dans le prologue de saint Jean, au verset 12 : « A tous ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu ». N’est-ce pas l’amour de miséricorde qui s’exprime là : vouloir conférer à qui croit en Lui, la filiation divine. Filiation divine et donc tout autant héritage de Dieu, héritage du Royaume éternel. L’immensité du don mesure l’immensité de l’amour. Il est proportionné au don. Le don est immense. L’amour est immense.
J’invoquerai le récit de la femme adultère. Quelle bonté du Seigneur. Il ne subit pas la pression des juifs qui veulent la condamnation de cette femme adultère. L’amour pour cette pécheresse est telle qu’il saura résister à la pression des juifs… « Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre ». « Personne ne t’a condamné…Moi non plus je ne te condamne pas. Va et ne pêche plus ». (Jn 8 et ss)
J’invoquerai la parabole merveilleuse du Bon Pasteur au chapitre 10.
J’invoquerai le récit de la brebis égarée que le Bon Pasteur va chercher laissant là les toutes les brebis. L’ayant trouvée, il la ramène sur ses épaules, plein de joie.(Mt 18 12)
J’invoquerai la résurrection du fils de la veuve à la porte de Naïm. C’est touché de compassion qu’il fait arrêter le cortège funèbre et qu’il remet vivant le fils à sa mère. (Lc 7 11)
J’invoquerai le beau récit du Bon Samaritain. Mais ce Samaritain, c’est Jésus se penchant sur la victime laissée pour morte sur la route. Il s’arrêté, lui panse les blessures, le met sur sa monture…J’invoquerai la belle parabole de l’enfant prodigue. Quelle joie du père retrouvant son fils prodigue ! C’est lui qui l’ayant vu le premier se précipite et l’enserre de joie dans ses bras et commande la fête à la maison. Je me souviendrai aussi de la belle attitude de Jésus vis-à-vis de Zachée. Et Jésus de dire : « Le fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ». (Lc 19 10)

Mais j’invoquerai aussi et surtout le mystère de la Croix. « Il nous a aimé dit saint Paul et il s’st livré lui-même pour nous » (Eph 5 12). C’est bien dire que le sacrifice est la manifestation de l’amour de NSJC pour nous. Il lui suffisait pourtant d’un seul acte d’amour pour opérer cette œuvre salvifique. Il est Dieu. Une simple prière suffisait. Venant d’une personne divine, elle avait une valeur infinie. Elle était suffisante pour sauver tous les hommes du péché. Mais ce qui suffisait à notre rédemption, ne semblait pas suffire à son amour. Il voulut le sacrifice, un comble de souffrance, un excès d’amour pour nous contraindre à l’aimer en retour.
Vous croyez au mystère de la Rédemption et vous n’aimez pas plus Jésus. O âme ingrate. Et pourtant ce mystère nous montre combien il nous a aimés. Pouvait-il nous montrer davantage son amour ? N’a-t-il pas dit à l’orée de son sacrifice : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous »…Mais cette manducation serait suivi immédiatement de son sacrifice, des souffrances de Gethsémani, des souffrances du chemin de la Croix, de l’horrible crucifiement…Malgré tout, il parle de son grand désir de manger cette Pâque, prélude de ses souffrances…
Concluons avec Saint Paul : « Le Christ est mort pour nous afin que ceux qui vivent, ne vivent plus pour eux, mais pour celui qui est mort pour eux » (2 Cor 5 15)

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