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Entraide et Tradition

Les étapes du salut.

publié dans couvent saint-paul le 15 décembre 2012


3ème dimanche de l’Avent
Les étapes du salut.

Dimanche dernier, en suivant et commentant l’homélie du Pape, nous avons parlé, il vous en souvient, « du dessein de bienveillance de Dieu » envers l’humanité toute entière. Dessein de bienveillance que l’on peut résumer avec Saint Paul : « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité». Et ce salut, c’est réalisé en Jésus-Christ et par Jésus-Christ. « Un Sauveur vous est né », chanteront les anges dans la Nuit de Noël.
Mais ce « dessein de bienveillance » ne s’est pas manifesté d’un coup, en une seule fois. Il s’est manifesté au fil du temps, dans le temps pour s’accomplir, s’achever seulement, comme on le dit « à la plénitude des temps ». Nous citions, dimanche dernier saint Paul dans son Epître aux Hébreux. Il y parle merveilleusement du processus de la révélation de ce dessein divin de salut: « Après avoir, à plusieurs reprises et en diverses manières, parlé autrefois à nos pères par les Prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses »

Et c’est ainsi que le pape, dans l’homélie de cette semaine, veut nous parler de ces étapes du salut, des étapes de cette révélation du salut.

Il est intéressant de repasser quelques unes de ces étapes en notre mémoire. Ce sont elles qui ont entretenu l’espérance au fil du temps dans le cœur humain exclu par le péché originel de la béatitude céleste par la possession de Dieu.
Voilà pourquoi le pape nous dit que c’est cette révélation du salut qui donne « son plein sens à l’histoire du monde et de l’homme ». En ce sens qu’elle a nourri dans le peuple « une solide espérance » Aussi « L’histoire n’est-elle pas une simple succession de siècles, d’années, de jours ». Non ! Elle a une fin, une raison d’être. Cette raison d’être c’est  cette espérance qui est de: retrouver Dieu dans le Christ. Et c’est cette espérance entretenue dans le temps au fil de ces différentes étapes historiques qui animait le chant et la prière des justes, de Zacharie à l’orée du salut et de Notre Dame dans son merveilleux Maginficat.

De notre Dame, dans les dernières strophes de son Magnificat. Elle exprimera cette espérance du salut qu’elle pose en Dieu et en son bras tout puissant. Son âme est toute tendue vers la réalisation de ce salut tant espéré, œuvre de Dieu et de sa puissance : « Mon âme glorifie le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu, mon Sauveur, dira-t-elle, parce qu’Il a pris soin d’Israël son serviteur, se ressouvenant de sa miséricorde, — ainsi qu’il l’avait promis à nos pères, — en faveur d’Abraham et de sa race, pour toujours ». Elle dit cela à sa cousine Elizabeth alors qu’elle vient d’être déclarée par Elizabeth : « la mère du Seigneur » : « d’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? » C’est bien affirmer que l’œuvre de miséricorde, annoncé jadis à Abraham et autres, se trouve enfin réalisé en l’enfant de la Vierge. Si il y a un sens dans les paroles de Marie, c’est bien celui-là : il y a un lien, dit-elle,  entre les promesses faites à nos pères et mon enfant. Il les réalise enfin. Il est le Sauveur d’Israël, celui qui fut promis jadis à Abraham…

L’espérance d’Israël fut donc soutenue tout au long de l’histoire !

Rappelons-nous rapidement quelques unes de ces étapes de cette révélation du salut.
Le péché originel est commis par nos premiers parents. Dès lors « rien ne pouvait les relever et les remettre dans leur premier état, ni les forces des hommes, ni celles des Anges ». Pour réparer cette ruine, « il ne restait de remède que le Fils de Dieu Lui-même, avec sa Puissance infinie. Seul, Il pouvait, en se revêtant de l’infirmité de notre chair, détruire la malice infinie du péché, et nous réconcilier avec Dieu dans son sang ».
Or la foi en ce mystère de la Rédemption « a toujours été si nécessaire aux hommes pour les conduire au salut, que Dieu a voulu le révéler dès le commencement:

Au moment de la condamnation générale qui suivit de si prés le péché, Il fit briller l’espérance de la Rédemption dans les paroles dont Il se servit pour prédire au démon sa propre ruine, par la délivrance même de l’homme: « Je mettrai une inimitié entre toi et la femme, entre ta race et la sienne. Elle te brisera la tête, et toi tu chercheras à la blesser au talon ».

Souvent, dans la suite, Dieu confirma cette promesse, et fit connaître ses desseins d’une manière plus positive.
A Abraham entre autres : il reçut plusieurs fois de Lui la révélation de ce mystère. Mais ce fut principalement à l’heure où il allait immoler son fils Isaac pour Lui obéir, qu’il Le connut clairement. Dieu lui dit en effet: « Puisque vous avez fait cela, et que vous n’avez point épargné votre fils unique, Je vous bénirai, et Je multiplierai votre race comme les étoiles et comme le sable qui est sur le bord de la mer. Votre postérité possédera les villes de vos ennemis, et toutes les nations de la terre seront bénies en votre race, parce que vous avez obéi à ma voix ».
De telles paroles faisaient aisément conclure qu’un des descendants d’Abraham délivrerait un jour le genre humain de l’effroyable tyrannie de Satan, et lui apporterait le salut.
Or ce Libérateur annoncé ne pouvait être que le Fils de Dieu, sorti, comme homme, de la race d’Abraham.

Peu de temps après, le Seigneur, pour conserver le souvenir de cette promesse et maintenir l’espérance, refit la même alliance avec Jacob, petit-fils d’Abraham.
En effet ce patriarche vit dans un songe une échelle dont le pied reposait sur la terre, dont le sommet touchait le ciel, et le long de laquelle les Anges de Dieu montaient et descendaient. Et Dieu Lui-même appuyé sur cette échelle lui disait: « Je suis le Seigneur Dieu d’Abraham ton père, et le Dieu d’Isaac. La terre sur laquelle tu dors, Je te la donnerai à toi et à ta postérité, et tes descendants seront comme la poussière de la terre. Tu t’étendras vers l’Orient et vers l’Occident, vers le nord et vers le Midi, et toutes les tribus de la terre seront bénies en toi et en ta race ».

Et dans la suite Dieu continua de renouveler le souvenir de sa promesse et d’exciter l’attente du Sauveur, Ce sera l’œuvre des prophètes.
Les Prophètes, dont l’esprit était éclairé par une lumière céleste, « annoncèrent d’avance au peuple la naissance du Fils de Dieu, ses œuvres admirables, (œuvres qu’Il a opérées pendant sa vie humaine), sa doctrine, ses mœurs, sa vie, sa mort, sa résurrection. Et tous ses autres mystères. Et ils parlaient clairement de toutes ces choses, comme s’ils les avaient eues sous les yeux. De sorte que si nous supprimons la distance qui existe entre le passé et l’avenir, nous confondrons ensemble les prédictions des Prophètes et les prédications des Apôtres, la Foi des anciens patriarches et notre propre Foi »

Toutes ces révélations entretenaient vraiment l’espérance d’Israël.
La question de saint Jean Baptise posée par deux de ses disciples à Jésus dans le récit de l’évangile de dimanche dernier : « Es-tu celui qui doit venir ou devons nous en attendre un autre » montre bien à l’évidence l’attente des justes de l’Ancien Testament, l’attente du dernier des prophètes, celui qui est la charnière entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Cette phrase ne serait pas intelligible sans cette espérance du Messie.

L’attente du Messie a toujours soutenue l’espérance du peuple d’Israël ou du moins des justes d’Israël, comme Zacharie. Elle donnait la raison de l’histoire, l’Histoire Sainte.
Souvenez-vous de la prière de Zacharie : Zacharie, le père de Saint Jean Baptiste, rempli de l’Esprit-Saint, dit lors de la circoncision de l’enfant: Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, parce qu’il a visité et racheté son peuple, et qu’il a suscité pour nous une force de salut, dans la maison de David, son serviteur, — ainsi qu’il l’a promis par la bouche de ses saints prophètes, dès les temps anciens, — pour nous sauver de nos ennemis et de la main de tous ceux qui nous haïssent, afin d’exercer sa miséricorde envers nos pères et de se souvenir de son pacte saint, du serment qu’il fit à Abraham, notre père, de nous accorder que, sans crainte, affranchis de la main de nos ennemis, nous le servions, avec sainteté et justice devant lui, tous les jours de notre (vie). Quant à toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut, car tu marcheras devant la face du Seigneur pour lui préparer les voies, afin d’apprendre à son peuple à reconnaître le salut dans la rémission de leurs péchés, par l’effet de la tendre miséricorde de notre Dieu, par laquelle nous visitera une lumière d’en haut pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et l’ombre de la mort, pour diriger nos pas dans la voie de la paix »
Merveilleuse prière, n’est-ce pas, pleine d’espérance du salut toute fondée sur la bienveillance Dieu et sa Toute Puissance. Elle n’aurait aucun sens sans cette espérance d’Israël en un Sauveur promis. Elle n’aurait jamais pu être prononcée par Zacharie.
Et pourquoi ces étapes dans la révélation de ce salut ? Pour préparer notre cœur à la réception du Sauveur et joindre nos voix à celles des anges en cette nuit prochaine de Noël. Car, comme le dit le Pape, « En Jésus s’accomplit toute promesse »et déjà sous ce seul rapport, Il est véridique et crédible. Il est Celui qui accomplit les Ecritures. Et voilà pourquoi il dira sur le bois de la Croix : « tout est consommé ». « Tout ». Tout ce que l’Ecriture a dit de moi. Il dira encore « pas un iota de la loi ne passera que tout ne soit accompli ».

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