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Magdi Cristiano Allam veut quitter l’Eglise! Pourquoi?

publié dans nouvelles de chrétienté le 12 avril 2013


Qui est Magdi Cristiano ALLAM?

Connu pour ses tribunes virulentes contre le fanatisme islamiste et ses prises de positions en faveur d’Israël, il est menacé en particulier par le Hamas et vit en permanence sous la protection de la police italienne, car il a reçu des menaces de mort.

Il a aussi travaillé dans Il Manifesto et La Repubblica et il a publié neuf livres en Italien.

En juin 2009, il est élu député au Parlement européen, sous les couleurs d’un petit parti dont il est le fondateur, Protagonisti per l’Europa Cristiana, à la faveur d’une alliance avec lUnion de Centre (UDC). Son parti, baptisé « Io amo l’Italia » (Moi, j’aime l’Italie) est créé fin 2009. Il se présente aux élections régionales de 2010 en Basilicate avec une liste dénommée « Io amo la Lucania » (Moi, j’aime la Basilicate) et obtient près de 9 % des voix (et un siège de conseiller). En 2011, il quitte le groupe du Parti populaire européen pour le groupe Europe libertés démocratie, le plus eurosceptique du Parlement européen.

Il se convertit au christianisme en 2008

Il décide en 2008 de se convertir au catholicisme et de délaisser l’islam. Très proche du pape Benoît XVI et du mouvement « Communion et Libération », il a reçu, lors de la veillée pascale, du 22 mars 2008,le baptême des mains du Pape, adoptant désormais le prénom Cristiano (Christian).

Dans une tribune, il a affirmé qu’en se convertissant « à l’authentique religion de la Vérité, de la Vie et de la Liberté » il estime s’être « affranchi de l’obscurantisme d’une idéologie qui légitime le mensonge et la dissimulation, la mort violente qui conduit à l’homicide et au suicide » et espère que son baptême serve d’exemple « à des milliers de musulmans convertis au christianisme […] obligés de cacher leur nouvelle foi par peur d’être assassinés par les terroristes islamistes [alors que] des milliers de convertis à l’islam […] vivent sereinement leur foi » . Il vit aujourd’hui sous escorte policière: « Ma conversion au catholicisme est l’aboutissement d’une méditation intérieure progressive et profonde. Jamais je n’aurais pu m’y soustraire, étant donné que, depuis cinq ans, je suis contraint de vivre enfermé, avec une surveillance continue de ma maison et une escorte de carabiniers pour chacun de mes déplacements. Cette situation est due aux menaces et aux condamnations à mort que m’adressent les extrémistes et les terroristes islamiques, d’Italie ou de l’étranger. » .

En mars 2013, il quitte l’Église catholique. Pourquoi?

Il en donne pour raison son opposition « au mondialisme [de l’Église], qui pousse à l’ouverture inconditionnelle des frontières nationales » au nom de la fraternité universelle. Il a mal supporté les discours du cardinal Tauran, responsable actuel du dialogue de l’Eglise’ avec l’Islam. On le comprend. Il se dit « convaincu au contraire que la population autochtone doit légitimement jouir du droit et du devoir de protéger sa propre civilisation et son propre patrimoine ».

Il faut lire l’interview qu’il donna au journal  Présent à la fin de l’année dernière. C’est tout simplement remarquable. Voir cette interview dans ITEM sous la rubrique « regards sur le monde… » du   11 décembre 2012.

Son ami, Mohammed-Christophe Bilek, fondateur  de Mère Kabbel, lui écrit  pour l’encourager à reonsidérer sa décision, cette belle lettre publique:

Cher frère en Christ, cher Magdi Cristiano Allam

En apprenant, comme beaucoup de convertis issus de l’islam, que vous aviez pris la
décision de quitter l’Église Catholique, j’ai été consterné et attristé.
Mais au-delà de ma peine, je voudrais vous dire que je regrette que votre décision ait été
prise avant que ne fût aboutie l’initiative de rencontrer le Saint-Père en délégation.
Nous l’avions envisagé tous les deux, à l’automne dernier, et vous en aviez rendu compte
le 15 octobre 2012 dans Il giornale.
Le but de notre visite était de savoir si, en tant qu’ex-musulmans, nous avons notre place
au sein de l’Église catholique. Dans mon esprit nous devions avoir les réponses à ces deux
questions naturelles, et légitimes, lors de cette entrevue :
1) l’Église catholique nous considère-t-elle, oui ou non, totalement et pleinement membres
du Corps du Christ ?
2) Si oui entend-elle le dire clairement et ouvertement urbi et orbi ?
Je voudrais vous dire que cette demande d’audience a été remise au Pape, à la minovembre,
par Monseigneur Santier, l’évêque de Créteil, qui a reconnu l’association
Fraternité Notre-Dame de Kabylie, dont je suis le fondateur comme vous savez.
J’ai omis de vous en informer, en temps voulu, car j’espérais une réponse du Saint-Siège
pour le mois d’avril au plus tard. Toutefois la renonciation de Benoît XVI a tout
bouleversé. Une fois son successeur connu, je me suis demandé s’il ne fallait pas la
représenter, après la semaine Sainte, lorsque la nouvelle de votre défection a été rendue
publique.
Permettez-moi de rappeler maintenant qui vous êtes, aux frères chrétiens troublés par
votre annonce, et en particulier à ceux qui viennent des traditions musulmanes, comme
vous et moi, et qui sont particulièrement nombreux, ici en France.
Lorsque Benoît XVI, en dépit de l’opposition que cela n’a pas manqué de susciter, vous a
baptisé à Pâques 2008, votre nom et votre personne sont devenus un symbole, peut-être
malgré vous. Dorénavant, avions-nous cru comprendre par ce geste, les musulmans
n’étaient pas exclus de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ ; et que l’Église, en donnant ce
signe fort, le reconnaissait par son magistère suprême.
Votre baptême eut un tel retentissement que votre renommée, d’un coup, dépassa l’Italie
et même l’Europe.
Avant cela, en effet, vous étiez déjà connu pour vos prises de positions politiques et
sociétales, en tant que journaliste, puis homme politique, ayant été, entre autres, sousdirecteur
du grand quotidien Corriere della Sera, dans lequel vos articles relatifs au
Proche-Orient et aux relations du monde arabe avec l’Occident, heurtaient souvent en
provoquant des polémiques.
Certains savaient même que, à cause de votre virulence contre le fanatisme islamiste, et du
fait de votre origine égyptienne et musulmane, vous aviez reçu des menaces de mort et
que vous étiez sous protection policière.
Par suite de cette renommée internationale, nous avons été nombreux à nous réjouir de
votre venue à Pais le 13 octobre 2012, pour y donner une conférence mémorable à
l’invitation de l’organisation TFP1, suivie d’un discours lors de notre 3ème veillée de prière
pour les chrétiens persécutés, organisée par Chrétienté solidarité et des associations de
convertis issus de l’islam.
C’est à cette occasion que j’ai pu vous connaitre, vous rencontrer et parler avec vous pour
découvrir votre réflexion sur un certain aveuglement politique européen. Mais pour ma
part, peut-être à cause de l’ancienneté de mon baptême, j’ai toujours cru que notre action,
en tant que néo-chrétiens, avait plus de légitimité sur le plan spirituel. Aussi je vous avais
proposé :
• de constituer une association de convertis, dont vous auriez été l’un des porteparoles
au niveau européen ; voire son premier président.
• de demander au Saint-Père de recevoir une délégation de ces mêmes convertis,
comprenant des non-catholiques, dans vous auriez bien sûr fait partie.
Vous n’aviez pas estimé opportun la constitution d’une association à l’échelon européen,
bien que, une fois retourné en Italie, vous aviez écrit (Il Giornale du 15/10/2012) ceci :
« Mais j’ai saisi le sens du message : vous devez créer une institution qui encourage les
musulmans à vaincre la peur, pour être baptisé publiquement, pour vivre ouvertement leur
nouvelle foi. Nous sommes tous deux conscients que le vrai problème ce sont les chrétiens
autochtones, parce qu’ils sont les premiers à avoir peur. Il y a beaucoup de plaintes de
musulmans qui voudraient se faire baptiser, mais sont confrontés au refus des prêtres
catholiques parce qu’ils ne veulent pas violer les lois des pays islamiques qui interdisent et
punissent d’emprisonnement, parfois de mort, celui qui fait oeuvre de prosélytisme ou celui
qui commet le “crime” d’apostasie2. »
Je pense pour ma part que cette association, qui aura pour vocation de prendre place
parmi les différentes Organisations non gouvernementales, est plus que nécessaire,
urgentissime ! D’ailleurs, à une échelle modeste, nous continuons à travailler à sa
constitution en France.
En revanche vous aviez approuvé l’idée d’une délégation qui serait reçue par le Saint-
Père, avec un grand enthousiasme, puisque vous l’avez annoncé dans le même journal, à
la même date.
Beaucoup de chrétiens, ex-musulmans ou non, ont été enchantés par l’idée de rendre visite
au Saint-Père, et j’ai eu l’accord de frères et soeurs orthodoxes et évangélique pour faire
partie de cette délégation, cher Magdi Cristiano, parce que tout simplement, aux yeux de
tous, le Pape est la personnalité la plus représentative du monde chrétien : ils n’auraient
pas considéré leur participation comme de la papolâtrie.
Du reste, vous le savez, Rome, c’est-à-dire le Vatican, est bien le lieu que souhaite
atteindre l’islam conquérant, aujourd’hui encore, selon la déclaration du cheikh Qaradawi
en 1995 : « donc ce qu’il reste à conquérir c’est Rome3 ».
1 Tradition Famille et Propriété.
2 Traduction du site de l’observatoire de la christianophobie.
3 Traduction du site Point de bascule, d’un discours prononcé à la Muslim Arab Youth Association (MAYA) à
Toledo (Ohio) – Archivé sur Investigative Project
Très cher frère en Christ, si nous croyons que c’est Jésus-Christ qui nous a appelés à
devenir membres de son Corps qu’est l’Église, nous ne pouvons pas ne pas l’aider à
discerner la vérité sur notre démarche de conversion, ni la raison pour laquelle nous avons
abjuré la religion héritée de nos parents.
Il se trouve que nous avons de graves divergences, avec un grand nombre de nos frères,
pasteurs et laïcs, dans notre Église.
Certaines de ces divergences sont d’ordre politique ou sociétal. Elles concernent la loi et le
gouvernement de la cité. Or, malgré ce que nous pourrions en dire, par suite de ce que
nous avons expérimenté en milieu musulman, les Européens, je crois, ne sont pas encore
prêts à nous écouter, parce qu’ils ont relégué la foi chrétienne dans la sphère privée et en
sont grandement satisfaits.
L’enseignement du Christ, recommandant de distinguer entre Dieu et César, a été compris
comme l’évection totale du premier dans les affaires confiées au second pour un sage
gouvernement civil. Ceux que vous appelez « les chrétiens autochtones », ont oublié que
l’homme n’est pas « sage » sans le secours et le soutien de Dieu. Et ceci d’autant plus que,
pour la majorité d’entre eux, ils ne se réclament plus du christianisme et dénient aux
enseignements divins toute ingérence dans le domaine politique.
Je suis convaincu, par contre, que le Seigneur nous appelle à donner avec force et fidélité
notre témoignage sur un autre front que celui du choc des civilisations. Dans le combat
spirituel auquel nous somme appelés, surtout si nous sommes unis par-delà nos
sensibilités chrétiennes, notre parole aura toute sa crédibilité. Car notre choix d’adhésion
à Jésus Christ, assumé librement, est un défi que nous lançons pacifiquement à la foi
musulmane :
« Ô croyants sincères, devant Dieu, qui est le Juge ultime de nos actes et de nos pensées, nous
acceptons d’être interrogés sur notre foi, acceptez la réciproque et cessez de nous opposer la
loi islamique que nous récusons. »
Cependant il y a un autre défi que nous lançons, par notre seule existence cette fois, au
courant relativiste qui s’est développé dans l’Église catholique. Selon ses tenants, en effet,
l’islam est une voie de salut. Dans ce cas tous ces musulmans qui deviennent chrétiens, dont
nous faisons partie, sont bien à plaindre ! Au lieu d’y voir un signe des temps pour
l’Église4, ces frères et soeurs, puisqu’ils continuent à se déclarer chrétiens, devront donc
répondre à la question que nous leur posons avec sérénité, sans détours, devant le
Magistère : qui vous autorise à déclarer qu’il est vain de prêcher l’Évangile du salut aux
musulmans ? Peut-être que je me trompe, mais certaines de ces personnes donnent
l’impression qu’elles aimeraient nous voir quitter l’Église.
Le Seigneur nous recommande de ne rien cacher. Jésus nous conseille même, en st
Matthieu 18,17, d’aller trouver notre frère pour régler avec lui notre désaccord et, si besoin,
en Église en dernier ressort. C’est ce que nous souhaitons faire.
Et qui contestera que cette vision du salut, qu’apporte le Fils de Dieu par Son incarnation
et la Rédemption qui en découle, ne soit pas fondamentale et cruciale ; qu’elle n’est pas à
la base du christianisme ? Si, en effet, il est possible d’entrer dans le Royaume de Dieu
4 Tiré de l’ouvrage paru en 02/13 : « Des musulmans qui deviennent chrétiens », aux éditions Qabel.
grâce à l’islam, pourquoi l’avons-nous quitté, après avoir pris les risques de subir
désapprobations, condamnations et menaces diverses ?
Oui, il est temps aujourd’hui de poser la question : est-ce que nous avons notre place dans
l’Église, au même titre que les Européens, ou bien sommes-nous des chrétiens de seconde
zone, qu’il faudrait dissimuler, qui plus est, parce que nous appartiendrions ad vitam
aeternam à l’Oumma islamique ?
Est-ce que notre baptême, en nous libérant des ténèbres du péché, ne nous a pas aussi
octroyé la liberté des enfants de Dieu et la qualité de frères du Christ ? Serions-nous
toujours justiciables de la charia ?
Ces questions doivent recevoir des réponses claires, et doivent être données, afin qu’il n’y
ait plus d’ambiguïté, par le souverain pontife en personne.
De toutes les religions c’est le christianisme qui est le plus attaqué ; de toutes les
confessions chrétiennes c’est l’Église catholique qui est la plus malmenée.
Cher Magdi Cristiano Allam, vous n’êtes pas sans savoir qu’en son sein même se sont
levés des adversaires qui cherchent à la saper. N’avons-nous pas quelque responsabilité à
alerter et à éviter des dérives fatales, dans le domaine que nous connaissons ?
Qui peut prétendre qu’il aime ces frères musulmans plus que nous, d’abord parce que
nous avons la même origine, mais surtout parce nous voulons qu’ils deviennent, comme
nous, enfants de Dieu par Jésus Christ ?
Je pense qu’il est de notre devoir d’en parler publiquement et d’aller voir le Saint-Père,
afin que nous l’entretenions sur ces questions déterminantes pour le salut des hommes.
Peut-être ne connait-il pas la doctrine islamique sur l’interdiction de quitter l’islam sous
peine de mort, rappelée par le même cheikh Qaradawi dernièrement5 ; peut-être n’est-il
pas informé de notre situation, ni du nombre, de plus en plus important, de musulmans
qui deviennent chrétiens, librement, malgré les périls, et en dépit du manque d’accueil de
leurs frères d’Europe ?
Oui, publiquement et sans crainte, constituons une délégation et demandons au souverain
pontife de nous recevoir. Notre demande est légitime.
Je vous ai écrit cette lettre le jeudi saint. Mais j’ai retardé son envoi et sa publication à
dessein, pour me donner le temps de consulter d’autres frères et soeurs. J’ai utilisé le
« vous » français plutôt que le « tu », pour marquer, aux yeux de tous, toute la
considération que je vous porte.
Que le Seigneur nous guide et nous affermisse dans le témoignage que nous devons
donner du bonheur de Le connaître.
Ce témoignage n’est pas facultatif, pour tout chrétien d’où qu’il vienne, bien au contraire,
puisqu’au terme de notre vie, Il nous attendra et nous L’entendrons nous dire : « tu n’as
pas eu honte de moi et de mes paroles, devant les hommes, entre dans Mon Royaume… »

Mohammed-Christophe Bilek.

Revue-Item.com

 

 

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