« La messe de toujours »
publié dans couvent saint-paul le 4 mai 2013
5ème Dimanche après Pâques
Le 5 mai
Fête de saint Pie V
« La messe de toujours »
Nous fêtons aujourd’hui, en ce 5ème dimanche après Pâques, la fête de Saint Pie V. Nous sommes le 5 mai. Et le nom de ce pape nous fait penser à la messe tridentine, à la « messe romaine » – romaine parce qu’elle était célébrée en la Ville éternelle -, messe qu’il restaura suite aux décisions du Concile de Trente et qu’il donna à l’Eglise latine, dans sa Bulle « Quo Primum Tempore » comme étant la norme liturgique à observer dans toutes les églises sauf en celles qui pourraient prétendre posséder un rite propre jouissant d’une antériorité de plus de deux siècles. C’est ainsi que ce sont conservés dans l’Eglise latine, le rite dominicain, le rite lyonnais, le rite ambrosien…
C’est cette messe, MBCF, qui fut célébrée dès la publication de cette Bulle Quo Primum Tempore, en 1570 jusqu’au Concile de Vatican II – ainsi plus de cinq siècles durant -, et qui sanctifia tant de curés, tant d’évêques. de laïcs. Ce fut la messe d’un saint Pie X, d’un saint Curé d’Ars ; d’une Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de ses saints parents… Et qui remonte pour ces éléments essentielles au moins à Saint Grégoire le Grand et pour son Canon et sa partie centrale à l’âge apostolique, C’est l’affirmation même du saint Concile de Trente.
Ce rite romain fait donc partie de « l’être historique » de l’Eglise ; c’est le patrimoine de l’Eglise. C’est son bien. Et c’est cette messe, ce rite romain que voulut grader Mgr Lefebvre, Mgr de Castro Mayer et de nombreux prêtres et laïcs dont il ne faut pas passer sous silence le nom de M Madiran, lorsque le pape Paul VI publia une nouvelle messe, le Novus Ordo Missae. Il n’est pas de mon pouvoir que cette nouvelle Messe soit ou ne soit pas. C’est l’affaire de l’autorité ecclésiale. Quant à moi, elle ne serait plus… Il m’appartient par contre de garder ce « trésor » de l’Eglise C’est une question d’honneur, de justice, de fidélité à « l’être historique de l’Eglise ». Nous sommes là devant une coutume immémoriale qui ne peut pas ne pas être respectée par l’autorité. Sinon elle commettrait un « abus de pouvoir ». Ce qui fut fait malheureusement… Il fallut attendre le 7 juillet 2007 pour que justice soit rendue à cette messe. Cette messe romaine n’a jamais été abolie, déclara Benoît XVI.
Mgr Lefebvre ne voulut pas que l’on perde ce « trésor », ce trésor de la messe si essentielle à la pureté de la foi catholique, à ce que NSJC a réalisé le Jeudi-Saint dans l’Institution de la Sainte Eucharistie. Là, NSJC n’a pas seulement institué le sacrement de son Corps et de son Sang, l’Eucharistie mais, en son Corps et en son Sang consacrés séparément et réellement présents sous les espèces eucharistiques, Il a institué son Sacrifice et ordonna prêtres ses Apôtres, pour qu’eux et leurs successeurs dans le sacerdoce, célébrassent à perpétuité ce Sacrifice, le même, le seul : « Faites ceci en mémoire de Moi ».
Or, il n’y a rien de plus grand en NSJC que son Sacrifice, que le Sacrifice du Calvaire. Il est venu sur la terre pour accomplir ce sacrifice. Il rendait à Dieu tout honneur et toute gloire, Il confessait ainsi la totale Seigneurie de Dieu sur toutes choses. Il opérait, de plus, notre salut par mode de cause efficiente, nous dit saint Thomas, par mode de mérite, par mode de satisfaction, nous délivrant de la peine qu’avaient mérité nos péchés, par mode de rédemption ou de rachat, par mode de sacrifice, ce qui plut à Dieu .Et le genre humain fut pardonné. Par ce Sacrifice nous rentrons en grâce avec Dieu, parce que réconciliés avec Lui. Dès lors, les portes du ciel nous sont ouvertes puisque l’obstacle – le péché – est enlevé, réparé. Nous comprenons ainsi combien est importante pour la foi et la doctrine catholique, ce Sacrifice du Seigneur. Et combien il faut l’aimer.
Or on sait que le Sacrifice de la Messe est le Sacrifice de la Croix, substantiellement le même. C’est l’enseignement de l’Eglise. Parce qu’« il n’y a qu’une seule et même Victime dont l’immolation se renouvelle tous les jours dans l’Eucharistie depuis que le Seigneur a porté ce commandement « Faites ceci en mémoire de Moi ». Parce qu’il n’y a qu’un seul et même Prêtre dans ce Sacrifice, Jésus-Christ. Car les Ministres qui l’offrent n’agissent pas en leur propre nom. Ils représentent la Personne de Jésus-Christ, lorsqu’ils consacrent son Corps et son Sang, comme on le voit par les paroles mêmes de la Consécration. Car les prêtres ne disent pas : Ceci est le Corps de Jésus-Christ, mais, Ceci est mon Corps : se mettant ainsi à la place de Notre-Seigneur, pour convertir la substance du pain et du vin en la véritable substance de son Corps et de son Sang. Vous imaginez la noblesse de cette fonction !
Les choses étant ainsi, il faut sans aucune hésitation enseigner avec le saint Concile de Trente que l’auguste Sacrifice de la Messe n’est pas seulement un Sacrifice de louanges et d’actions de grâces, ni un simple mémorial de celui qui a été offert sur la Croix, mais EST encore un vrai Sacrifice de propitiation qui apaise Dieu et nous Le rendre favorable. Si donc nous immolons et si nous offrons cette Victime très Sainte avec un cœur pur, une Foi vive et une douleur profonde de nos péchés, nous obtiendrons infailliblement miséricorde de la part du Seigneur, et le secours de sa Grâce dans tous nos besoins. Le parfum qui s’exhale de ce Sacrifice lui est si agréable qu’Il nous accorde les dons de la grâce et du repentir, et qu’Il pardonne nos péchés. Aussi l’Eglise dit, dans une de ses prières solennelles : « Chaque fois que nous renouvelons la célébration de ce Sacrifice, nous opérons l’œuvre de notre salut » (Secrète du 9ème dimanche après la Pentecôte). Car tous les mérites si abondants dela Victime sanglante se répandent sur nous par ce Sacrifice non sanglant.
Ainsi il n’est pas étonnant que Mgr Lefebvre n’ait cessé de rappeler lui aussi cette vérité : « Notre Messe est la Messe du Sacrifice du Christ et il n’y a qu’un seul Sacrifice qui nous ouvre la porte du ciel : « Tu devicto mortis aculeo… », « Toi, en nous délivrant des chaînes de l’enfer, Tu nous as conduits au Ciel par la Croix ». La croix, c’est le chemin qui nous mène au ciel. Le Sacrifice de NSJC, c’est la voie royale qui nous mène à l’éternité. Il n’y en a pas d’autre. Il n’y a pas de choix possible …. Il n’y a qu’une religion parce qu’il n’y a qu’un chemin qui nous mène au ciel, il n’y en a pas deux, la Croix de NSJC. La Croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ, c’est la vraie Messe, la Messe de toujours. Alors si nous voulons demeurer catholiques, il faut garder cette Messe qui est le Sacrifice de la Croix de NSJC. Et si nous voulons garder cette Messe, il faut avoir des prêtres catholiques, des prêtres qui y croient… » (Homélie en Allemagne pour les 20 ans dela Fondation dela FSSPX, p. 182).
Aussi voulut-il garder clairement cette Messe de « toujours ».
Il vous souvient, du moins pour les plus anciens, de son appel pathétique lancé à la Porte de Versailles, lors de sa Messe Jubilaire, pour le 50ème Anniversaire de son Sacerdoce, le 23 septembre 1979 : « Je terminerai, Mes Bien Chers Frères, disait-il, par ce que j’appellerai un peu, mon testament. Mon testament, c’est un bien grand mot, je voudrais que ce soit l’écho du testament de Notre-Seigneur : « Novi et aeterni testamenti…, c’est le prêtre qui récite ces paroles de la Consécration du Précieux Sang. Hic est calix sanguinis mei, novi et aeterni testamenti », l’héritage que Jésus-Christ nous a donné, c’est son Sacrifice, c’est son Sang, c’est sa Croix. Et cela est le ferment de toute la civilisation chrétienne et de ce qui doit nous mener au ciel. Aussi je vous dis : Pour la gloire de la Très Sainte Trinité, pour l’amour de NSJC, pour la dévotion à la Très Sainte Vierge Marie, pour l’amour de l’Eglise, pour l’amour du pape, pour l’amour des évêques, des prêtres, de tous les fidèles, pour le salut du monde, pour le salut des âmes, gardez ce testament de NSJC ! Gardez le Sacrifice de NSJC ! Gardez la Messe de toujours… Dans quelques instants, je vais prononcer ces paroles sur le calice de mon ordination, et comment voulez-vous que je prononce, sur le calice de mon ordination, d’autres paroles que celles que j’ai prononcées il y a cinquante ans sur ce calice ? C’est impossible. Je ne puis pas changer ces paroles. Alors nous continuerons à prononcer les paroles de la Consécration, comme nos prédécesseurs nous l’ont appris, comme les papes, les évêques et les prêtres qui ont été nos éducateurs nous l’ont appris, afin que NSJC règne et que les âmes soient sauvées par l’intercession de Notre Bonne Mère du ciel. Amen ».