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Entraide et Tradition

« Tout bon arbre produit de bons fruits ».

publié dans couvent saint-paul le 6 juillet 2013


7ème dimanche après la Pentecôte.
« Tout bon arbre produit de bons fruits ».
La foi et bien commun

On pourrait, MBCF, utiliser cette phrase du Seigneur « Tout bon arbre produit de bons fruits » pour parler d’une des idées développées dans la nouvelle encyclique du pape François, « Lumen fidei ». C’est son titre. La lumière de la foi. La foi en effet est cet arbre, ce bon arbre qui produit de bons fruits. Il produit de bons fruits, nous dit le pape, en particulier, dans le domaine de la cité, en politique, dans le domaine du bien commun. C’est une des grandes idées de l’Encyclique. Le pape François la développe dans la quatrième partie.

Cette encyclique adressée à tous les cardinaux, archevêques, évêques, prêtres, fidèles laïcs de l’Eglise catholique, a pour objet la foi. Elle fut écrite par le pape Benoît XVI et signée et publiée, le 29 juin 2013 en la fête de saint Pierre et de saint Paul, les deux colonnes de l’Eglise romaine, par le pape François. Il y a fait peu de retouches. Disons que c’est une œuvre à quatre mains comme un morceau de piano à quatre mains.

Cette encyclique a quatre parties.
La première partie a pour titre : « Nous avons cru à l’amour ». C’est une citation de la Première Epitre de saint Jean : 1 Jn 4, 16. J’ai été heureux de retrouver la devise épiscopale de Mgr Lefebvre : « credidimus caritati ». « Nous avons cru à la charité ». Cette citation résume donc les idées qui seront développées dans cette partie qui contient une vingtaine de paragraphes, du §8 au § 22.

La deuxième partie a pour titre : « Si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas ». C’est une citation d’Isaïe le prophète en son chapitre 7, verset 9. Elle va du § 23 au § 36.

La troisième partie est intitulée : « je vous transmets ce que j’ai reçu » ; C’est une citation de la première épitre aux Corinthiens ». J’ai été, là aussi, heureux de voir que c’est la citation que Mgr Lefebvre a demandé que l’on inscrive sur son tombeau. Il disait cela le jour de la consécration des évêques, le 30 juin 1988. « Tradidi quod haec accepi ». Ce fut la grande idée de Mgr Lefebvre, son let-motif, sa raison d’être, la raison de son action. Il nous a transmis, de fait, ce qu’il avait reçu. Le pape François a là tout un développement sur la tradition, sur l’intégrité de la foi, sur la foi apostolique, sur la foi qui doit être fidèles au Credo des Apôtres. J’ai bien apprécié cette partie. Elle va du § 37 au § 48.

 Enfin arrive la quatrième partie intitulée : « Dieu prépare pour eux (les Patriarches) une cité » aux solides fondements. C’est une citation de l’Epître aux Hébreux au chapitre 11 verset 16. Ce titre annonce évidemment le sujet développé. Le pape parlera donc de la dimension « politique » de la foi, de ses implications en matière politique.

Ce sujet m’intéressant personnellement, je m’y suis un peu attardé. Je voudrais vous en donner la substance. On pourrait résumer la pensée du pape en ce domaine en faisant ce parallèle entre le bon arbre et la foi. La foi, en matière politique, donne de bons fruits comme le bon arbre donne de bons fruits.

Ce fut la grande idée développée par les catholiques sociaux du 19ème siècle et en particulier par un Frédéric le Play. Le pape en reprend les thèmes sans les citer. C’est dommage. La foi a une heureuse incidence sur le bien commun, le bien de la cité.

Disons tout d’abord que c’est bien la pensée du pape. Il multiplie les phrases qui ne nous permettent pas de douter un instant de sa pensée. Voyez. « La foi éclaire la vie en société. Elle possède une lumière créative pour chaque mouvement nouveau de l’histoire, parce qu’elle situe tous les événements en rapport avec l’origine et le destin de toute chose dans le Père qui nous aime ». Ou encore cette belle phrase: « La lumière de la foi est capable de valoriser la richesse des relations humaines, leur capacité à perdurer, à être fiables et à enrichir la vie commune ». Ou encore : « Assimilée et approfondie en famille, la foi devient lumière pour éclairer tous les rapports sociaux ». C’est pourquoi la foi n’est pas seulement un « chemin », « marche en ma présence et sois parfait ». Elle est aussi une « préparation » d’une cité, « préparation d’un lieu dans lequel les hommes peuvent habiter ensemble ». La foi, dira le pape, « révèle combien les liens entre les hommes peuvent être forts, quand Dieu se rend présent au milieu d’eux ». Il dira également : « la foi éclaire aussi les relations entre les hommes, parce qu’elle naît de l’amour et suit la dynamique de l’amour de Dieu. Le Dieu digne de confiance donne aux hommes une cité fiable ».
La foi dans sa dimension politique : c’est donc bien la pensée du pape

Il veut le démontrer. La foi va agir au bénéfice du bien commun.

En premier lieu, il dit que notre foi nous donne le sens et la bonté de notre vie. Elle sera donc aussi capable « de valoriser la richesse des relations humaines, leur capacité à perdurer, à être fiables et à enrichir la vie commune. La foi n’éloigne pas du monde et ne reste pas étrangère à l’engagement concret de nos contemporains. Sans un amour digne de confiance, rien ne pourrait tenir les hommes vraiment unis entre eux. Leur unité ne serait concevable que fondée uniquement sur l’utilité, sur la composition des intérêts, sur la peur, mais non pas sur le bien de vivre ensemble, ni sur la joie que la simple présence de l’autre peut susciter ».
« Les mains de la foi s’élèvent vers le ciel, dit le pape, mais en même temps, elles édifient une cité, sur la base de rapports dont l’amour de Dieu est le fondement ».
Ainsi la foi, en raison de ce qu’elle est, en raison de son ouverture sur la charité de Dieu, est seule capable de fonder les relations sociales sur la justice et sur la paix parce que d’abord fondées sur l’amour de Dieu.

Ensuite il parle de la foi et de la famille. Il dit : « Le premier environnement dans lequel la foi éclaire la cité des hommes est la famille. Je pense surtout à l’union stable de l’homme et de la femme dans le mariage. Celle-ci naît de leur amour, signe et présence de l’amour de Dieu, de la reconnaissance et de l’acceptation de ce bien qu’est la différence sexuelle par laquelle les conjoints peuvent s’unir en une seule chair (cf. Gn 2, 24) et sont capables d’engendrer une nouvelle vie, manifestation de la bonté du Créateur, de sa sagesse et de son dessein d’amour. Fondés sur cet amour, l’homme et la femme peuvent se promettre l’amour mutuel dans un geste qui engage toute leur vie et rappelle tant d’aspects de la foi. Promettre un amour qui soit pour toujours est possible quand on découvre un dessein plus grand que ses propres projets, qui nous soutient et nous permet de donner l’avenir tout entier à la personne aimée. La foi peut aider à comprendre toute la profondeur et toute la richesse de la génération d’enfants, car elle fait reconnaître en cet acte l’amour créateur qui nous donne et nous confie le mystère d’une nouvelle personne ».

La foi est un élément très important pour l’éducation des enfants. Il a ces belles phrases : « Les jeunes désirent une vie qui soit grande. La rencontre avec le Christ — le fait de se laisser saisir et guider par son amour — élargit l’horizon de l’existence et lui donne une espérance solide qui ne déçoit pas. La foi n’est pas un refuge pour ceux qui sont sans courage, mais un épanouissement de la vie ». En la foi, le jeune trouve son idéal de grandeur.

Parce que la foi donne l’expérience de la paternité et de la miséricorde de Dieu , elle donne le sens de la fraternité. Bien si nécessaire pour la paix de nos cités. Et alors le pape a cette analyse très profonde : « Dans la « modernité », on a cherché à construire la fraternité universelle entre les hommes, en la fondant sur leur égalité. Peu à peu, cependant, nous avons compris que cette fraternité, privée de la référence à un Père commun comme son fondement ultime, ne réussit pas à subsister. Il faut donc revenir à la vraie racine de la fraternité », à la vraie foi. Elle a le sens de la paternité et donc de la fraternité qu’elle tient de sa connaissance de Dieu et de son plan divin : « tout réunir dans le Christ ». Elle saura seule développer la « fraternité », la vraie. C’est ainsi que « le regard de la foi chrétienne a apporté de nombreux bienfaits à la cité des hommes pour leur vie en commun » !

C’est la foi qui nous permet de comprendre « la dignité unique de chaque personne ». Ce qui n’était pas si évidente dans le monde antique » Et de citer le païen Celse. Alors « Quand cette réalité est assombrie », dit le pape, le sens de la dignité humaine, « il vient à manquer le critère pour discerner ce qui rend la vie de l’homme précieuse et unique. L’homme perd sa place dans l’univers et s’égare dans la nature en renonçant à sa responsabilité morale, ou bien il prétend être arbitre absolu en s’attribuant un pouvoir de manipulation sans limites ».
C’est très juste. A la lumière de cette parole si importante , on peut dire que la foi est le meilleur garant contre tout totalitarisme, le totalitarisme s’enracinant dans le « laïcisme ». On le voit bien avec le Communisme, le Nazisme et toute Démocratie laïque…Et c’est ainsi qu’on trouve un Nicolas dans les geôles de la République.  Ce n’est pas le premier ni la dernière…

La foi, en outre, en nous révélant l’amour du Dieu Créateur
– « nous fait respecter davantage la nature, en nous faisant reconnaître en elle une grammaire écrite par Lui et une demeure qu’il nous confie, afin que nous en prenions soin et la gardions ; elle nous aide à trouver des modèles de développement qui ne se basent pas seulement sur l’utilité et sur le profit, mais qui considèrent la création comme un don dont nous sommes tous débiteurs ». C’est le § un peu écolo de l’encyclique. ;

La foi en nous faisant reconnaitre que l’autorité vient de Dieu pour être au service du bien commun, nous permet de découvrir « des formes justes de gouvernement ». Ce n’est pas le moindre bienfait de la foi.

La foi affirme enfin la possibilité du pardon, bien précieux pour la vie sociale.

Le pape conclut : « Quand la foi diminue, il y a le risque que même les fondements de l’existence s’amoindrissent…Si nous ôtons la foi en Dieu de nos villes, s’affaiblira la confiance entre nous. Nous nous (tiendrons) unis seulement par peur, et la stabilité (sera) menacée. » Vraiment « La foi éclaire la vie en société ».

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