Interview de M l’abbé Laguérie, à l’occasion du 10ème anniversaire de l’Institut du Bon Pasteur (IBP)
publié dans nouvelles de chrétienté le 31 octobre 2016
Abbé Philippe Laguérie (IBP) :
« Nous possédons en France
le seul séminaire international complet »
Henri de Begard
L’Abbé Philippe Laguérie est le supérieur général de l’Institut du Bon Pasteur (IBP), institut qui fête ce mois-
R&N : Vous êtes le supérieur général de l’Institut du Bon Pasteur (IBP). Quelles sont les spécificités de l’Institut et de ses statuts ? Comment les mettez-
Abbé Philippe Laguérie : J’ai rédigé les statuts du futur Institut du Bon Pasteur au cours du printemps 2006, c’est-
Pareillement nos statuts reconnaissent un droit à une critique, respectueuse et constructive certes, mais bien réelle, vis-
Il est une troisième caractéristique des statuts de l’Institut du Bon Pasteur qui n’oblige pas moins que les deux autres : c’est la charité du Modèle et patronage qu’il s’est choisi. À commencer par les prêtres entre eux, à prolonger sur les fidèles. La charité pastorale ne saurait être chez nous une option ajoutée, comme les vitres teintées ou l’ABS ! L’Esprit de service, de générosité, d’amour fraternel est statutaire et nous oblige gravement… À l’exemple du Bon Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis, est venu, non pour être servi, mais pour servir, et intime son ultime commandement : « Aimez-
R&N : Quelles sont désormais la composition et l’implantation de l’IBP à travers le monde ?
Abbé Laguérie : L’Institut compte à ce jour, depuis cet été, 35 prêtres incardinés et en parfaite situation canonique. Il compte 42 séminaristes à la rentrée de septembre 2016.
Les prêtres sont au nombre de 16 en France (Courtalain 7, Bordeaux 3, Paris 4, Marseille 1, Rolleboise 1), 3 en Pologne (Bialystok et Varsovie), 2 en Italie (Rome), 2 en Ouganda (Kampala), 5 en Colombie (Bogota), 6 au Brésil (Sao Paulo 2, Brasilia 2, Belém 2).
R&N : Quels sont vos principaux moyens d’apostolat ?
Abbé Laguérie : Paroisses et desserte de paroisses occupent la plupart des prêtres, y compris ceux du séminaire. Autour de Courtalain (le séminaire international Saint-
Nous avons une école primaire à Bordeaux (Ecole Saint-
R&N : Vous fêtez cette année le jubilé des 10 ans de l’Institut du Bon Pasteur. C’est, j’imagine, une grande joie de voir l’IBP s’inscrire dans la durée ? Quels sont vos souhaits d’évolution ?
Abbé Laguérie : Oui, l’Institut a soufflé cette année (le 8 septembre, jour de son érection par le Cardinal Castrillon Hoyos sur mandat du Pape) ses dix premières bougies et nous solennisons cet événement à Rome dans quelques jours grâce à nos amis de Summorum Pontificum qui ont bien voulu nous faire la part belle en cette occurrence. Dix ans, c’est très peu et beaucoup. Beaucoup parce que la fondation d’une œuvre surnaturelle comme celle-
Le Bon Pasteur connaîtra inéluctablement son développement à la mesure de deux critères vitaux pour lui : le rythme des ordinations annuelles (de trois à cinq en ce moment) et la bienveillance épiscopale qui, à de rares exceptions près, se fait plutôt tirer l’oreille.
R&N : Le Centre Saint-
Abbé Laguérie : Nous y travaillons, selon les opportunités de la Providence… Ce serait évidemment une grâce immense. Pour l’heure, considérons avec reconnaissance que nous possédons en France le seul séminaire international complet et l’une des (seulement) quatre paroisses personnelles.
R&N : L’IBP est attaché exclusivement à la forme extraordinaire du rite romain. Où en est désormais, selon vous, la critique sérieuse et constructive du concile Vatican II ? Observez-
Abbé Laguérie : Cette critique sérieuse et constructive demeure totale et se trouve même facilitée. Le contexte ecclésial et sociétal s’y prête aisément, avouons le, quand évêques et cardinaux s’adonnent eux-
Certes le Concile Vatican II contient en germe les erreurs qui nous accablent. Mais la saison s’est furieusement avancée et les graines d’hier sont aujourd’hui des arbres défeuillés aux fruits amers. Ces fruits n’infectent plus seulement la praxis de l’Eglise mais bien sa doctrine la plus fondamentale. Touchant le mariage, le passage récent à une praxis de type orthodoxe affecte évidemment les fondements du droit surnaturel tels qu’enseignés par l’Évangile. Le passage aussi d’un jugement objectif sur l’état de péché à une appréciation purement subjective de « mon » état de grâce constitue une révolution complète de la morale catholique. C’est évidemment la conséquence directe de l’universelle médiation de la conscience telle qu’enseignée par Vatican II…
Dernier exemple d’une brûlante actualité, hélas. Alors que pendant mille ans les papes avaient dénoncé le péril islamique et même organisé eux-
Encore et toujours cette pastorale à deux balles qui est un déni de la réalité. Chacun sent déjà dans l’air l’odeur de poudre et de sang qui régnait déjà dans les rues fastueuses de Constantinople au début du XVè siècle, avant le désastre de 1453. Les politiques d’alors étaient aussi inconscients que les nôtres et n’ont pas bougé. Mais au moins avaient-
Le concile n’intéresse plus personne mais ses fruits les plus funestes sont encore… devant nous. La chrétienté est en train de creuser sa tombe sur les ruines de la théologie catholique. Raison de plus pour faire de bons prêtres, nombreux et saints ; car Dieu a toujours des solutions inattendues et… le dernier mot !