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publié dans regards sur le monde le 26 juin 2017


L’Eglise grecque-catholique russe se consacre à Notre Dame de Fatima

Eglise grecque catholique russe consacre Notre Dame Fatima

C’est une Eglise jeune à l’aune de la grande Eglise catholique dont elle fait partie ; une douzaine de paroisses, moins de 30.000 fidèles. Mais elle est emblématique de plus d’une manière. L’Eglises grecque-catholique russe, fondée à la fin du XIXe siècle, rassemblait dès l’origine des Russes convertis au catholicisme et qui ont pu conserver le rite byzantin, se constituant publiquement après que Nicolas II leur eut donné cette liberté en 1905. Après avoir subi les lourdes persécutions de l’époque soviétique, elle reprend aujourd’hui lentement de la vigueur. Surtout, elle vient de se consacrer à Notre Dame de Fatima.

La cérémonie a eu lieu lors du Congrès mondial de l’Eglise grecque-catholique russe a San Felice del Benaco au pied des Alpes en Lombardie, au nord de l’Italie, qui s’est tenue du 6 au 9 juin dernier – première réunion de ce type depuis 1970. On est venu de toutes parts de la grande diaspora, de nombreux grecs-catholiques ayant dû fuir la Russie dans la foulée de la révolution bolchevique, mais aussi de Russie où le nombre de fidèles rejoignant cette Eglise unie au Saint-Siège va lentement croissant.

L’Eglise grecque-catholique russe tient son premier congrès mondial depuis 1970

L’Eglise grecque-catholique russe a célébré son premier synode en 1917 à Saint-Pétersbourg, sans se douter qu’elle allait au devant d’un siècle de persécutions. La plupart des membres de sa hiérarchie furent exterminés sans pitié, même ceux qui, réussirent à fuir en Chine pour y créer le nouvel exarchat de Harbin : ils devaient être plus tard eux-mêmes victimes de la persécution communiste, et le siège est vacant depuis 1953.

Les grecs-catholiques russes se sont tout naturellement tournés vers la Vierge de Fatima qui a annoncé les erreurs répandues par la Russie mais aussi la conversion de cette dernière, conversion dont ils sont une image vivante. Lors du Congrès mondial de San Felice, la dévotion à l’égard de Notre Dame du Rosaire a été doublement affirmée, d’une part à travers l’intronisation d’une icône de la Mère de Dieu de Fatima écrite par le prêtre espagnol Alejandro Burgos, qui vit en Russie et qui a été incorporé dans l’église grecque-catholique, et de l’autre, à travers une consécration spéciale au moyen d’une prière composée en 1947 pour une précédente rencontre et adaptée pour l’occasion.

Une icône byzantine de la Mère de Dieu de Fatima

L’icône se veut une expression « à la russe » des enseignements de la vierge Marie à Fatima : paix, unité, pénitence. La prière évoque également cette unité à travers « le désir de l’humanité de se transformer en une seule famille », en invoquant Marie : « Tu a donné la lumière au roi de la lumière du monde, Jésus-Christ. En mourant sur la croix, Il t’a donnée à tous comme Mère et Reine, secours inlassable qui mène à Dieu. »

Et la prière poursuit : « Sainte Mère de Fatima, de tout cœur, nous consacrons l’Eglise catholique russe de rite byzantin, ainsi que tous les croyants au Christ qui reconnaissent un seul Dieu, et les gens de bonne volonté, dont la foi et la fidélité ne sont connus que de Dieu. Depuis le fond de nos cœurs, nous vous supplions pour la Russie. Nous vous demandons, à l’unisson de la terre des saints de Russie, avec tous les martyrs qui ont donné leur vie pour le Christ au cours de la persécution à cause de la foi, avec des millions de chrétiens russes, fidèles et aimés de vous, et tous ceux qui aujourd’hui, continuent de prier devant les icônes des saints. »

Des grecs-catholiques russes se consacrent à Notre Dame de Fatima

Les relations récentes de l’Eglise catholique byzantine avec Rome ont été compliquées par la volonté de Rome de ne pas compromettre son rapprochement œcuménique avec l’Eglise orthodoxe russe. A la chute de l’Union soviétique, nombres de fidèles réclamèrent la nomination d’un nouvel exarque apostolique, poste resté vacant après la mort de Leonid Feodorov, mort en 1932 trois ans après son retour du Goulag de Solovki et béatifié en 2001 par le pape Jean-Paul II. Rien ne se fit jusqu’en 2004, date à laquelle des prêtres vivant sur le territoire de l’exarchat forcèrent la main de Rome en profitant d’une disposition canonique leur permettant d’élire un administrateur temporaire. Celui-ci devait être rapidement être remplacé à l’initiative du Vatican par l’administrateur de l’Eglise catholique latine de Sibérie, Mgr Joseph Werth – situation anormale, mais qui a permis l’érection de plusieurs paroisses aussi bien en Sibérie qu’à Moscou ou Saint-Pétersbourg.

Lors de la rencontre de San Felice, les prêtres et responsables réunis ont demandé la nomination d’un exarque de rang épiscopal pour l’ensemble de l’Eglise grecque-catholique russe, « lui-même grec-catholique et russophone ». Ils souhaitent également que soit simplifiée la procédure pour les catholiques latins qui voudraient s’incorporer aux catholiques de rite byzantin ; ils réclament également que les personnes de nationalité russe converties au catholicisme ne soient pas d’emblée supposées devoir être de rite latin.

Jeanne Smits

Revue-Item.com

 

 

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