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Diocèse d’Avignon: le vicaire général se fait l’avocat de Mgr Cattenoz

publié dans flash infos le 2 mars 2010


Lu dans le journal « La Provence »

Diocèse d’Avignon : le vicaire général se fait l’avocat de Cattenoz

 

Depuis 2007, Pierre-Joseph Villette est le vicaire général du Diocèse d’Avignon, c’est-à-dire celui qui seconde l’évêque, Monseigneur Cattenoz.

 

Depuis 2007, Pierre-Joseph Villette est le vicaire général du Diocèse d’Avignon, c’est-à-dire celui qui seconde l’évêque, Monseigneur Cattenoz. Or, un an après la démission d’une partie des doyens du conseil presbytéral, ce dernier est à nouveau dans la tourmente, contesté par de très nombreux prêtres, diacres et laïcs (catholiques « engagés », d’une manière ou d’une autre) vauclusiens. Crise de confiance à l’égard de l’évêque, baisse du « salaire » des prêtres, mission des communautés installées depuis peu dans le Diocèse, situation financière du Diocèse : le vicaire général, ancien aumonnier des prisons, défend, sans langue de bois, Monseigneur Cattenoz.

 

Considérez-vous qu’il y a aujourd’hui, dans le Diocèse d’Avignon, une crise de confiance à l’égard de Monseigneur Cattenoz ?

Pierre-Joseph Villette : « Non. Il y a quelques problèmes individuels…

 

– Pour qu’autant de prêtres, diacres, laïcs, responsables de catéchèse, bénévoles catholiques, expliquent leur mécontentement, cela ne va t-il pas au-delà des problèmes individuels ?

P.-J.V. : Ecoutez, le père Cattenoz sait ce qu’il veut, il est vigoureux, un peu carré mais en ces temps où tout fout le camp, il n’y a qu’à voir dans l’Education nationale, c’est bien d’avoir un peu d’autorité.

 

– Ce n’est, a priori, pas son autorité qui lui est reprochée mais son autoritarisme…

P.-J.V. : Le père Cattenoz est foncièrement bon et en sept ans, il a évolué. Au début, il était seul mais maintenant, en étant plus entouré, c’est plus facile. Mais il y en a marre de ces accusations anonymes.

– Tous ceux qui sont en poste et parlent anonymement évoquent les craintes de représailles. Et en l’espace de quelques années, plusieurs personnes qui avaient des postes à responsabilité au sein du Diocèse ont démissionné ou sont parties dans des conditions très tendues. Est-ce normal ?

P.-J.V. : Les difficultés relationnelles, ça fait partie de la vie. Et puis, l’idéal, pour un prêtre, c’est de rester en poste six à dix ans au même endroit.

 

– Attaqué personnellement, pourquoi Monseigneur Cattenoz ne se défend-il pas lui-même dans la presse ?
 

P.-J.V. : Parce qu’il en a marre de se faire tirer dessus. Jésus ne s’est pas défendu. Au procès, il se tait.

– Il se met au même niveau que Jésus ?
 

P.-J.V. : Disons qu’en tant que chrétiens, nous suivons son chemin.

– Un an après la démission des doyens du conseil presbytéral, comment expliquez-vous que le Diocèse ne trouve personne pour occuper ce poste dans plusieurs doyennés du Vaucluse ?

P.-J.V. : Il y a deux doyennés concernés, Orange et Vaison. Vaison ne compte que deux paroisses, donc, forcément, c’est difficile de trouver la bonne personne.

– Par conséquent, ce n’est pas que personne ne veut occuper ces postes de doyen ?
 

P.-J.V. : Non, il n’y a pas de refus ni de séparatisme, je vous rassure.

Depuis quelques années, plusieurs communautés religieuses étrangères ont été accueillies dans le Diocèse, dont la communuaté brésilienne Shalom à Avignon (une quinzaine de Brésiliens). Ils sont venus pour évangéliser mais concrètement, que font-ils ?

P.-J.V. : La communauté Shalom est sur la Rocade, ils circulent, annoncent l’Evangile, dans un quartier musulman, Monclar, où il n’y a jamais vraiment eu de présence chrétienne. Ils tiennent notamment un snack en face du lycée Philippe de Girard. L’Eglise doit être visible car à force d’être discret, on disparaît.

 

– Est-ce à dire qu’avant l’arrivée de ces communautés, la discrétion prévalait dans le Diocèse ?

P.-J.V. : Non mais regardez la nouvelle mosquée de Monclar avec ses 1200 places, ils n’ont pas fait dans la discrétion.

 

– Mais à ma connaissance, eux n’ont pas fait venir des communautés de l’étranger pour animer la vie religieuse.
 

P.-J.V. : Non mais de l’argent peut-être…

 

– Les membres de ces communautés sont-ils salariés ?

P.-J.V. : Non, il y a un dédommagement pour l’ensemble de chaque communauté car, notamment pour ceux qui ne font pas partie de la Communauté européenne, ils ne peuvent être salariés, n’ayant pas de contrat de travail.

 

– Mais admettez que c’est un poids financier supplémentaire alors que l’animation religieuse aurait pu être assurée en interne ?
 

P.-J.V. : Ils sont jeunes, ils ont de l’énergie, ils font passer le message de l’Evangile, où est le problème ?

 

– Il y a quelques mois (ndlr : courant 2009), les trois religieuses Viêt-Namiennes qui étaient affectées à la Maison Diocésaine sont reparties dans leur pays. Pourquoi ?

P.-J.V. : C’était difficile pour elles de s’intégrer, en raison notamment de la barrière de la langue et du choc culturel.

 

– Mais quel était leur rôle précisément depuis 2006 ?
 

P.-J.V. : Elles faisaient l’accueil, la cuisine, la blanchisserie à la Maison Diocésaine.

– Mais sans être salariées ?

P.-J.V. : Voilà.

– Allez-vous accueillir d’autres communautés venues de l’étranger à moyen terme ?

P.-J.V. : En 2009, nous avons décidé de nous mettre en stand-bye de ce côté là durant trois ans, soit jusqu’en 2012. Mais vous savez, la paroisse de Valréas, par exemple, demande qu’une communauté s’installe là bas. Et puis je voudrais dire que par rapport à ces communautés ou même les prêtres africains qui ont rejoint le Diocèse depuis quelques années, il y a pu avoir du racisme.

 

– N’est-ce pas un peu facile, pour réduire à néant les arguments de contradicteurs, de les traiter de racistes ? N’est-ce pas plutôt la manière dont tout est mis en place qui pose problème ?

P.-J.V. : J’ai entendu certains dire : « Vous n’allez pas nous envoyer des Noirs quand même? »

– Depuis janvier, le revenu mensuel des prêtres dans le Diocèse d’Avignon est passé de 950 à 900 euros brut. Pourquoi ?
 

P.-J.V. : Là dessus, il faut être clair. Depuis 2006, nous avons une retraite complémentaire qui n’existait pas jusque là et on a retardé l’impact sur les prêtres. Cette baisse a été votée en décembre dernier par le conseil prebytéral. Mais honnêtement, quand on voit la pauvreté dans la rue, se plaindre pour 50 euros alors qu’on est logé, nourri et éclairé, c’est un peu dur non ?

 

– Logé chauffé nourri, donc, pas le droit de se plaindre ?

P.-J.V. : Je ne pense pas que dans le Diocèse, des prêtres aient des problèmes financiers.

– Et donc, désormais, chaque baptême coûtera aux familles 50 euros, qui vont directement à l’Archevêché. Jusque là, chacun donnait ce qu’il voulait non ?

P.-J.V. : Là aussi, soyons clairs, si quelqu’un n’a pas d’argent et demande à être baptisé, il le sera. Le souci, c’est que jusque là, l’argent des baptêmes allait dans la poche des prêtres. Or, dans certaines paroisses, il y a 150 baptêmes par an, et dans d’autres, quelques uns seulement. Donc, tout revient à l’Archevêché qui le redistribue de manière équitable à chaque prêtre, puisque le denir de l’Eglise (ex-denier du culte) n’est pas suffisant.

– Quelle est actuellement la situation financière du Diocèse d’Avignon ?

P.-J.V. : Nous rééquilibrons très doucement. Nous avons eu un grand trou à l’automne et à l’hiver 2008…

– Pour quelles raisons ?

P.-J.V. : A cause de placements risques faits il y a longtemps. Le Diocèse avait un système d’actions en Bourse, des titres bancaires en fait. Et puis tout s’est cassé la figure.

– Mais la vente de l’ancien Archevêché au conseil général (ndlr : rue d’Annanell) a bien coûté 6 millions d’euros? A quoi ont-ils servi ?

P.-J.V. : Aux travaux de l’actuelle Maison Diocésaine (ndlr : 31 rue Paul Manivet), qui était vide jusqu’alors et à la construction de l’Aumonerie des jeunes. Mais vous savez, aucun Diocèse n’est dans le positif au niveau des finances.

– Pouvez-vous nous parler de l’audience de Monseigner Cattenoz à Rome ?

P.-J.V. : Il a été reçu en janvier (ndlr : le 15) par le pape. Le père Cattenoz avait demandé une audience, ce qui est très rare, pour être confirmé dans ses fonctions.

– Il y avait un besoin d’être confirmé pour s’affirmer face aux contestataires ?
P.-J.V. : Pas du tout mais en même temps qu’il le confirmait et disait « Ok vous êtes le patron », il lui a expliqué qu’il avait peut-être été vite dans les réformes, notamment avec la venue des communautés. Mais il y a de moins en moins de prêtres en activité. Il ne faut pas attendre indéfiniment si on veut une vie chrétienne et religieuse active dans le Diocèse.

– Que va t-il se passer dans les semaines, voire dans les mois qui viennent ?

P.-J.V. : Rien. Nous sommes dans une période de crise et en grec, « crisis » signifie passage.

– Et combien de temps va durer ce passage ?

P.-J.V. : Je ne suis pas devin. Ce moment de passage est délicat mais sera fructueux. »

Propos reccueillis par Fabien Bonnieux

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