Il inspire les projets et il guide l’action
publié dans flash infos le 18 février 2012
Je m’associe totalement au jugement de Jean Madiran exprimé dans cet article de Présent.
Le solennel adoubement ecclésiastique du politicien socialiste Jacques Delors comme incarnation des options de Vatican II n’aura pas clarifié seulement ce qu’est en France la politique de l’Eglise. En préface aux festivités et débats annoncés pour le 50e anniversaire, cet automne, de l’ouverture du Concile, un tel adoubement de Jacques Delors apporte aussi une clarification sur ce que la gouvernance de l’épiscopat en France trouve essentiel dans le domaine religieux.
C’est donc dans une perspective proprement religieuse qu’il faut maintenant relire ce que le Recteur de l’Institut catholique de Paris, sous la présidence du Cardinal-Archevêque, a solennellement déclaré à Jacques Delors :
« Vous incarnez les options prises par l’Eglise catholique au concile Vatican II. »
Il lui a dit aussi, mais cela allait de soi après la révélation d’une telle incarnation :
« Une fois éteintes les lumières de cette soirée [d’adoubement] vous continuerez de guider notre action et d’inspirer nos projets. »
Oui, relisons attentivement, relisons exactement, il a bien dit : « Vous continuerez de guider notre action et d’inspirer nos projets. »
Il faut observer que le Recteur ne parle pas spécifiquement des options de Gaudium et Spes, la constitution pastorale concernant la « doctrine sociale » (en fait la politique). L’incarnation deloriste n’est pas limitée à ces questions-là. Le politicien socialiste incarne globalement « les options prises par l’Eglise catholique au concile Vatican II ». C’est donc que, pour la gouvernance épiscopale française, Gaudium et Spes est l’essentiel du Concile, la finalité principale de l’ensemble étant le passage au socialisme et le reste étant tout ce qui va avec.
On ne le savait apparemment pas à Rome. On ne pourra plus l’ignorer après l’éclat et la solennité de l’adoubement, où l’autorité canonique et mondaine du Cardinal-Archevêque, présidant la cérémonie, était appuyée par la haute autorité intellectuelle et fonctionnelle du Recteur de l’ICP, le plus célèbre des instituts catholiques, l’Institut catholique de Paris.
Nos doutes, nos questions sur ce qui se passe dans l’Eglise, sur ce que nous y vivons depuis cinquante années et davantage, obtiennent en général des admonitions impérieusement répétées d’adhérer au Concile. On nous demande une adhésion pure et simple. A quoi nous répondons :
— En France, le Concile c’est Delors, c’est le socialisme ex-démocrate-chrétien. C’est clair, la réponse est non. Non au socialisme laïque, non à sa religion démocratique.
Ailleurs, on pourra utilement parler de débats théologiques sur l’œcuménisme, la liberté religieuse, la collégialité du Concile et de son esprit. Mais dans toute la zone ecclésiastique religieusement dirigée par le président du Conseil permanent de gouvernance, dans toute la zone doctement enseignée par le Recteur de l’IPC, il n’y a pas débat, il n’y a pas photo, c’est non à Delors, on ne veut pas, on ne peut pas y adhérer.
Il y eut un temps où l’on voulait faire admettre à Mgr Marcel Lefebvre que Vatican II avait autant d’autorité et plus d’importance que le concile de Nicée. Ce n’était évidemment pas possible. Il semble que cette prétention ait fini par s’évanouir toute seule, néanmoins sans avoir été rétractée. C’est regrettable, car elle était encore plus dangereuse que le socialisme deloriste : l’« autorité » et l’« importance » d’un concile comparées à celles d’un autre, il n’est pas toujours facile au simple fidèle d’en juger. Tandis que l’incarnation du Concile dans la personne de Jacques Delors, qui « continuera de guider l’action et d’inspirer les projets », cela parle au premier venu.
JEAN MADIRAN
Article extrait du n° 7543
de Présent du Samedi 18 février 2012