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Entraide et Tradition

De la Charité.

publié dans couvent saint-paul le 18 février 2012


Dimanche de la Quinquagésime.

De la Charité.

La semaine dernière, il vous en souvient, sans doute, nous vous avions parlé des « cinq socs de la charrue » pour labourer notre âme, pour en faire une âme chrétienne, vrai disciple de NSJC. Ces cinq socs sont, disions-nous,
-la lecture du Nouveau Testament. Aimer lire le Nouveau Testament pour mieux connaître l’esprit de NSJC,
-aimer la liturgie pour célébrer avec l’Eglise les mystères du Christ Seigneur
-et faire cela avec esprit de foi, de respect et de charité. Nous avions, sur chacun de ces cinq points, donné quelques considérations.

Aujourd’hui la liturgie de l’Eglise nous permet d’approfondir un de ces cinq points. Je m’en réjouis. Nous parlerons ainsi de la Charité puisque c’est le sujet de cette magnifique Epître de saint Paul aux Corinthiens.

Voilà l’enseignement de saint Paul sur la charité

La charité est la vertu nécessaire et indispensable pour être dit « chrétien ». C’est la vertu du disciple du Christ. Elle doit être toujours présente et active dans la conduite chrétienne. Il est impossible de se prétendre disciple de Jésus si l’on n’a pas la charité, la seule voie du royaume céleste. On peut exceller dans tous les charismes, on peut avoir tous les dons, comme le dons des langues, comme le don de prophétie, de sagesse, de connaissance et de foi, si on n’a pas la charité, tous ces dons ne servent à rien, toute cette richesse « pneumatique » n’est rien du point de vue des valeurs proprement chrétiennes. Dieu peut bien accorder le don des langues, le don de « la langue des hommes et des anges », si le bénéficiaire ne possède pas la charité, tout cela n’aboutit à rien. Il est comme une chose morte, un pur « son » qui passe. Parler sans charité, c’est faire du bruit, comme le plus pauvre des instruments de musique, c’est comme déplacer de l’air. Ce n’est pas cela qui rend une âme convaincante et convaincue. Plus encore, dit saint Paul. Même si vous prenez le cas de ces chrétiens dévoués qui donnent tout ce qu’ils possèdent et n’hésitent même pas à se sacrifier pour le bien de leurs frères…même cela, devant Dieu, ne sert de rien, s’il n’y a pas la Charité. Même se sacrifier, même donner son corps aux flammes, comme nous le propose la mystique hindoue, s’il n’y a pas la charité de Dieu, cela ne sert de rien. Tous ces renoncements, même le plus ultimes, l’immolation…tout cela ne sert à rien si leur auteur ne possède pas la charité.

Disons le clairement pour suivre l’enseignement de saint Paul : seule la charité est « profitable » devant Dieu, elle est le plus grand des trésors.
Cette charité est enfin immuable puisqu’elle ne cessera pas à la mort du fidèle, comme la foi et l’espérance, mais subsistera dans l’autre monde. La foi et l’espérance disparaitront car ces deux vertus possèderont leur objet, la foi sera changée par la claire vision de Dieu, l’espérance aussi, car on n’espère plus un objet dès lors qu’on le possède. Mais la Charité continuera de s’exercer dans une totale plénitude, de plus en plus, possédant à jamais son objet, certain de ne plus jamais le perdre.

Saint Paul veut ainsi montrer l’excellence de la charité. C’est vraiment la vertu des vertus. .C’est le bien suprême, summum bonum, l’unique nécessaire.

Mais quelle est la nature de cette charité ? Cet amour, qu’est-il ?

« La charité est patiente ». C’est la première note de la Charité. C’est cette note que l’on retrouve dans le sermon sur la montagne de Jésus. Mais surtout c’est celle qui domine dans la Passion de Notre Seigneur Jésus Christ. A tel point que l’on peut dire qu’il y a comme une identité entre la Passion du Christ et les notes de la charité, ici donnés par Saint Paul, comme si la seule contemplation de la Passion du Seigneur, permettait de dire les notes de la Charité. C’est pourquoi, du reste, dans l’Evangile nous avons la première annonce et la description de la Passion de Jésus qui vient…

Elle est donc patiente, comme le Christ fut patient tout au long de sa Passion…oh Combien ! La patience est souvent loué dans les Psaumes comme étant l’attribut divin par excellence ; Dieu est patient, « lent à la colère ». C’est la « longanimité » sous les injures, elle les subit sans les rendre, sans donner cours au « tupos ». De même que Dieu freine sa colère pour donner au pécheur le temps de se convertir, les fils de Dieu doivent vaincre leurs ressentiments et faire taire leur désir de vengeance. On ne saurait obtenir cette victoire sans beaucoup d’amour et d’humilité. Elle suppose en conséquence une très grande force d’âme et nimbe le charitable de douceur et de mansuétude. C’est donc une souveraine maitrise que garde le chrétien. C’est pourquoi le charitable est établi dans une tranquillité intérieure, nullement faite de raideur ou de mépris, mais souveraine. Cette patience jamais aigrie qui ignore la crainte ainsi que la susceptibilité est bien proche de la magnanimité. Ainsi la charité est un amour de noblesse, de respect et de générosité, même envers les ennemis. Qui possède cette charité patiente est bien proche du Christ supportant son sacrifice. Ne fut-il pas tel durant sa Passion ?

La patience est bénigne. Ce terme – bénignité – évoque en premier l’idée de noblesse, d’excellence, de bienveillance et enfin d’affabilité. Elle suggère l’accueil à la fois délicat et généreux du chrétien envers ses frères. Le charitable se multiplie en prévenances, en aides, en bienfaisances, toujours sous un mode aimable et souriant. Ainsi cette note laisse entendre que la charité, pour être authentique, doit se manifester, se prouver. Elle se prodigue en soins multiples et délicat, en marque de tendresse et de dévouements spontanés, dans une atmosphère de charme et de douceur exquise. Elle manifeste la joie d’être avec son prochain. Elle est donnant de son temps. C’est vraiment le Christ au milieu de ses disciples…de sorte que l’on peut changer le mot charité par celui du Christ. On aura alors : le « Christ est patient », le « Christ est plein de bénignité ».

« La charité n’est pas envieuse » Apres la double notation du caractère magnanime et généreux de la charité, il va de soi que toutes les mesquineries de la jalousie sont exclues. D’autant que l’envie est essentiellement une tristesse alors que la charité est essentiellement joyeuse. Elle cimente l’union et les relations fraternelles…alors que la jalousie et l’envie séparent, accusent les distances, refusent les inégalités. La jalousie est faite d’animosité et de colère. Elle suscite emportements, discordes, querelles. Tout cela est répudié par la charité.

« La charité ne se vante point ». « elle ne s’enfle point d’orgueil »
i.e. Elle n’est pas arrogante, elle ne manque pas de mesure ; elle ne tient pas de propos inconsidérés. Elle n’est pas insolente. Elle n’est pas vaniteuse. De soi, la charité est pondérée, légèrement grave. Il n’y a ni vantardise, ni ostentation dans le charitable. Elle fait bon commerce avec l’humilité.

« La charité ne fait rien d’inconvenant ». Elle évite ce qui choque et scandalise. Elle évite tout propos désobligeant et blessant. Elle est faite de respect et de politesse. C’est la vertu de bienséance. Elle a le sens de l’honneur.

« Elle ne cherche pas son intérêt ». Elle est désintéressée. Saint Paul oppose radicalement charité et égoïsme. La charité ne cherche pas son avantage personnel, mais le bien des autres.

« Elle ne s’irrite pas ». La charité garde toujours la mesure, elle empêche le chrétien de perdre le contrôle de lui-même. Certes on doit s’indigner contre le mal et éprouver de la colère, mais le disciple de Jésus-Christ ne sera jamais gratuitement emporté et agressif. Il évitera surtout de garder à l’endroit de son prochain de l’aigreur. Le charitable n’a pas un caractère « pointu ».

« Elle ne tient pas compte du mal » ce qui peut se traduire de deux manières :
-soit elle ne juge pas, n’apprécie pas le mal qu’elle découvre dans le prochain, elle veut l’ignorer, ce qui serait l’exclusion du jugement téméraire ;
-soit elle n’enregistre pas le mal qu’on lui a fait, ne le passe point en compte.
C’est donc plus que l’absence de rancune, c’est l’oubli. La charité, quant il s’agit du mal, n’a pas de mémoire. Elle est toujours prête à reprendre des relations confiantes avec autrui. Telle est, du reste, la conduite de Dieu avec les pécheurs….Et Jésus excusait ses bourreaux…Vraiment il est le modèle parfait de la charité.
« Elle ne se réjouit pas de l’injustice ». Si oublieuse du mal qu’on lui a fait, la charité est au contraire extrêmement attentive au mal qui pourrait atteindre le prochain. Très attentive à la justice. Elle s’afflige du mal, de l’injustice qui atteint son prochain. Par contre elle se réjouit de la vérité, du bien et de la vertu. Le charitable prend part activement à l’allégresse du bien fait et du vrai dit. Il se réjouit des propos de Mgr Schneider confessant enfin ce que la critique traditionaliste a toujours dit des cinq plaies de la liturgie issue du Concile Vatican II, l’abolition du latin, l’abolition du grégorien, la célébration de la messe tournée vers le peuple, la distribution de la communion dans la main, la perte des prières de l’offertoire utilisées dans le rite tridentin…La charité applaudit au bien et au v rai. Non seulement elle s’en réjouit, mais elle témoigne son accord et prodigue ses louanges. C’est la contradictoire de l’esprit sectaire. La charité est un amour qui se prodigue extérieurement, qui sait discerner les vraies valeurs, celles proposées par Benoît XVI : la défense de la vie, la défense de la famille et l’éducation, et qui s’y rallie avec joie, les approuvant et les exaltant. Oui ! La charité est au antipode de l’esprit sectaire…

« La charité excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout »

Elle excuse tout, c’est-à-dire, elle dissimule le mal du prochain. Elle ne l’ébruite pas, elle le recouvre comme un manteau d’oubli, telle une mère, les fautes de son enfant. D’ailleurs la charité est inclinée à tout interpréter en bien. Elle fait confiance au prochain sans suspecter ses intentions…Même si elle n’est pas crédule…La charité est toujours optimiste et magnanime, elle escompte le triomphe du bien.
Vraiment cet hymne de saint Paul à la charité est tout autant un hymne à la gloire du Christ.

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