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Entraide et Tradition

Les questions d’un théologien sur la FSSPX

publié dans nouvelles de chrétienté le 14 avril 2012


 

On lit sur le site de Sandro Magister, en date du 13 avril 2012, cet article de R.T.John Lamont, théologien australien, sur le problème des relations de Rome avec la FSSPX. Il est intéressant à lire.

Sandro Magister résume tout d’abord la situation. Il parle de « dernier appel à revenir au bercail. » J e ne pense pas que ce soit « le dernier appel ». Il n’est pas non plus question de revenir « au bercail ». Ils y sont. Il est simplement question d’arriver à  normaliser une situation canonique et donc de règler des questions doctrinales puique l’autorité de la FSSPX a fait ce choix. Mais ce choix risque bien de ralentir le règlement de la situation… Or la lenteur de ce règlement revet un certain danger pour les membres de la FSSPX, le danger de finir par créer un mouvement « autocéphale ». Mais ce n’est pas certain, me disent-ils. « Nous sommes attachés à Rome comme à la prunelle de nos yeux » Soit!  J’en prends acte et m’en réjouis. Mais lorsque pratiquement, il n’en est rien et cela pendant des années, le risque existe bel et bien.

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Pour les lefebvristes, c’est le dernier appel à revenir au bercail
Sinon c’est le schisme. Mais Rome va faire tout ce qui est en son pouvoir pour éviter l’irréparable. D’Australie, le théologien John Lamont montre qu’une réconciliation est possible

par Sandro Magister

ROME, le 13 avril 2012 – On attend, dans les prochains jours, la réponse de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X au dernier appel que lui a adressé l’Église de Rome pour qu’elle revienne au bercail.

Les pronostics oscillent entre optimisme et pessimisme. La partie en cours entre le Saint-Siège et la communauté fondée par l’archevêque Marcel Lefebvre a commencé, le 21 janvier 2009, avec la levée de l’excommunication des quatre évêques de la communauté qui avaient été illégitimement ordonnés par Lefebvre lui-même. Elle est entrée dans le vif du sujet avec huit rencontres entre les deux camps, à Rome, du mois d’octobre 2009 au mois d’avril 2011. Elle a atteint son point culminant lorsque la congrégation pour la doctrine de la foi a remis aux lefebvristes, le 14 septembre 2011, un « préambule doctrinal » constituant la « base fondamentale pour parvenir à la pleine réconciliation ». Et elle s’est poursuivie par l’acceptation en partie seulement de ce préambule par les lefebvristes, acceptation que Rome considère comme « pas suffisante » pour réparer la « fracture ».

Jusque là, il s’agissait du temps réglementaire de la partie et le coup de sifflet final a été donné le16 mars dernier, sous la forme d’un communiqué émis par le Saint-Siège. Mais, le même jour, les prolongations ont commencé et elles pourraient durer encore longtemps. Dans ce même communiqué du 16 mars, Rome a offert aux lefebvristes la possibilité d’une nouvelle réponse. Celle que l’on attend d’un jour à l’autre.

Mais quelle est exactement la cause doctrinale de la division ? Et comment se fait-il qu’il y ait une fracture entre Rome et les lefebvristes en raison de leur refus de quelques doctrines du concile Vatican II alors que, dans le même temps, d’autres courants catholiques de signe opposé continuent à vivre au sein de l’Église sans qu’on les dérange, bien qu’ils rejettent, eux aussi, des enseignements capitaux de ce même concile ?

Ce sont ces deux questions qui constituent le point de départ de la note de John R.T. Lamont que l’on pourra lire ci-dessous.

Il les fait suivre de trois autres questions qui sont liées les unes aux autres. Elles n’aboutissent pas à des réponses exhaustives mais permettent de jeter sur la controverse un regard neuf, parfois inattendu : pas hostile par principe à la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, mais paraissant au contraire trop compréhensif, parfois, vis-à-vis de ses raisons.

L’auteur, qui a obtenu une licence en philosophie à Oxford et une en théologie à Ottawa avec le grand théologien dominicain Jean-Marie Tillard, vit en Australie et enseigne à Sydney à l’Institut Catholique et à l’Université Notre-Dame, avec mandat canonique du diocèse pour l’enseignement de la théologie.

Il a publié plusieurs livres et essais, y compris dans des publications non spécialisées comme la revue américaine « First Things ».

Un article de lui, paru ces jours-ci dans le dernier numéro de la revue internationale « Divinitas » dirigée par Mgr Brunero Gherardini, traite de la manière d’interpréter l’enseignement du concile en matière de liberté religieuse : « Pour une lecture pieuse de Vatican II au sujet de la liberté religieuse », Divinitas vol. 55, 2012/1, pp. 70-92.

La note qui suit a été écrite par John R.T. Lamont spécialement pour www.chiesa.

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LES QUESTIONS D’UN THÉOLOGIEN

par John R.T. Lamont

Dans un communiqué publié le 16 mars 2012, le Saint-Siège a annoncé que l’évêque Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, FSSPX, avait été informé du fait que la réponse de la Fraternité au préambule doctrinal que lui avait remis la congrégation pour la doctrine de la foi [CDF] avait été jugée « pas suffisante pour surmonter les problèmes doctrinaux qui sont à la base de la fracture entre le Saint-Siège et ladite Fraternité ». Le communiqué ne précise pas si ce jugement est formulé par la CDF et approuvé par le pape, ou si c’est le jugement du pape lui-même. Ce jugement est le dernier, à ce jour, d’un processus de discussion à propos des questions de doctrine entre la CDF et la FSSPX. La nature et la gravité de ce jugement pose d’importantes questions pour un théologien catholique. Le but de cet article est de répondre à ces questions.

Le silence qui entoure les entretiens doctrinaux en cours fait qu’il est malaisé de commenter ce jugement. La raison de ce silence est difficile à saisir parce que les sujets de la discussion concernent non pas les détails pratiques du règlement d’une situation canonique – qui aurait bien évidemment bénéficié de la confidentialité – mais des matières de foi et de doctrine, qui concernent non seulement les parties impliquées mais aussi tous les fidèles catholiques. Cependant, assez de choses ont été dites en public à propos de la position de la FSSPX pour qu’il soit possible d’évaluer la situation. Deux éléments doivent être pris en considération ici : d’une part la fracture entre le Saint-Siège et la FSSPX qui a été produite par les problèmes doctrinaux en discussion et d’autre part la nature de ces mêmes problèmes doctrinaux.

Dans une réponse à une étude de Fernando Ocáriz qui portait sur l’autorité doctrinale du concile Vatican II, l’abbé Jean-Michel Gleize de la FSSPX a établi une liste des éléments de ce concile qui sont considérés comme inacceptables par la FSSPX :

« Sur quatre points au moins, les enseignements du concile Vatican II sont tellement en contradiction logique avec les déclarations du magistère traditionnel antérieur qu’il est impossible de les interpréter dans la ligne des autres enseignements déjà contenus dans les documents antérieurs du magistère de l’Église. Vatican II a donc rompu l’unité du magistère, dans la mesure où il a rompu avec l’unité de son objet.

« Ces quatre points sont les suivants.

« La doctrine de la liberté religieuse, telle qu’elle exprimée au n. 2 de la déclaration ‘Dignitatis humanæ’, contredit les enseignements de Grégoire XVI dans ‘Mirari vos’ et ceux de Pie IX dans ‘Quanta cura’, ainsi que ceux de Léon XIII dans ‘Immortale Dei’ et ceux de Pie XI dans ‘Quas primas’.

« La doctrine de l’Église, telle qu’elle est exprimée au n. 8 de la constitution ‘Lumen gentium’, contredit les enseignements de Pie XII dans ‘Mystici corporis’ et dans ‘Humani generis’.

« La doctrine relative à l’œcuménisme, telle qu’elle est exprimée au n. 8 de ‘Lumen gentium’ et au n. 3 du décret ‘Unitatis redintegratio’, contredit les enseignements de Pie IX dans les propositions 16 et 17 du ‘Syllabus’, ceux de Léon XIII dans ‘Satis cognitum’ et ceux de Pie XI dans ‘Mortalium animos’.

« La doctrine de la collégialité, telle qu’elle est exprimée au n. 22 de la constitution ‘Lumen gentium’, y compris le n. 3 de la ‘Nota prævia’, contredit les enseignements du concile Vatican I sur l’unicité du sujet du pouvoir suprême dans l’Église et la constitution ‘Pater æternus' ».

L’abbé Gleize a participé à la discussion doctrinale entre la FSSPX et les autorités romaines et c’est également le cas d’Ocáriz. On peut raisonnablement considérer les affirmations citées comme une description des points doctrinaux sur lesquels la FSSPX n’entend pas transiger et qui ont été considérés par le Saint-Siège comme l’inévitable origine de la fracture.

Vatican II comme motif de la fracture ?

La première question qui se présente à un théologien à propos de la position de la FSSPX concerne le problème de l’autorité du concile Vatican II. L’article d’Ocáriz auquel a répondu l’abbé Gleize avait été publié dans le numéro de « L’Osservatore Romano » en date du 2 décembre 2011. Cet article semble soutenir que la base de la fracture relevée par le Saint-Siège est un rejet de l’autorité de Vatican II. Mais cette thèse est difficile à comprendre pour tous ceux qui connaissent à la fois la position théologique de la FSSPX et le climat de l’opinion théologique au sein de l’Église catholique. L’abbé Gleize mentionne seulement quatre points du volumineux enseignement de Vatican II. La FSSPX ne rejette pas Vatican II dans son intégralité : bien au contraire, l’évêque Fellay a affirmé que 95 % des enseignements de celui-ci sont acceptés par la Fraternité. Ce qui veut dire que la FSSPX est plus fidèle aux enseignements de Vatican II qu’une bonne partie du clergé et de la hiérarchie de l’Église catholique.

Examinons les affirmations suivantes de ce Concile :

« Dei Verbum » 11 :

« Notre sainte Mère l’Église, de par la foi apostolique, tient pour sacrés et canoniques tous les livres tant de l’Ancien que du Nouveau Testament, avec toutes leurs parties, puisque, rédigés sous l’inspiration de l’Esprit Saint (cf. Jn 20, 31 ; 2 Tm 3, 16 ; 2 P 1, 19-21 ; 3, 15-16), ils ont Dieu pour auteur et qu’ils ont été transmis comme tels à l’Église elle-même. Pour composer ces livres sacrés, Dieu a choisi des hommes auxquels il a eu recours dans le plein usage de leurs facultés et de leurs moyens, pour que, lui-même agissant en eux et par eux, ils missent par écrit, en vrais auteurs, tout ce qui était conforme à son désir, et cela seulement ».

« Dei Verbum » 19 :

« Les quatre Évangiles, dont l’Église affirme sans hésiter l’historicité, transmettent fidèlement ce que Jésus, le Fils de Dieu, durant sa vie parmi les hommes, a réellement fait et enseigné pour leur salut éternel, jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel (cf. Ac 1, 1- 2) ».

« Lumen gentium » 3 :

« Toutes les fois que le sacrifice de la croix par lequel le Christ notre pâque a été immolé se célèbre sur l’autel, l’œuvre de notre Rédemption s’opère ».

« Lumen gentium » 8 :

« Cette société organisée hiérarchiquement d’une part et le corps mystique d’autre part, l’ensemble discernable aux yeux et la communauté spirituelle, l’Église terrestre et l’Église enrichie des biens célestes ne doivent pas être considérées comme deux choses, elles constituent au contraire une seule réalité complexe, faite d’un double élément humain et divin ».

« Lumen gentium » 10 :

« Le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique, qui ont entre eux une différence essentielle et non seulement de degré, sont cependant ordonnés l’un à l’autre : l’un et l’autre, en effet, chacun selon son mode propre, participent de l’unique sacerdoce du Christ. Celui qui a reçu le sacerdoce ministériel jouit d’un pouvoir sacré pour former et conduire le peuple sacerdotal, pour faire, dans le rôle du Christ, le sacrifice eucharistique et l’offrir à Dieu au nom du peuple tout entier ; les fidèles eux, de par le sacerdoce royal qui est le leur, concourent à l’offrande de l’Eucharistie et exercent leur sacerdoce par la réception des sacrements, la prière et l’action de grâces, le témoignage d’une vie sainte, leur renoncement et leur charité effective ».

« Lumen gentium » 14 :

« Appuyé sur la Sainte Écriture et sur la Tradition, le Concile enseigne que cette Église en marche sur la terre est nécessaire au salut. Seul, en effet, le Christ est médiateur et voie de salut : or, il nous devient présent en son Corps qui est l’Église ; et en nous enseignant expressément la nécessité de la foi et du baptême (cf. Mc 16, 16 ; Jn 3, 5), c’est la nécessité de l’Église elle-même, dans laquelle les hommes entrent par la porte du baptême, qu’il nous a confirmée en même temps ».

« Gaudium et spes » 48 :

« C’est par sa nature même que l’institution du mariage et l’amour conjugal sont ordonnés à la procréation et à l’éducation qui, tel un sommet, en constituent le couronnement ».

« Gaudium et spes » 51 :

« La vie doit être sauvegardée avec un soin extrême dès la conception : l’avortement et l’infanticide sont des crimes abominables ».

La grande majorité des théologiens des institutions catholiques d’Europe, d’Amérique du nord, d’Asie et d’Australie tend à rejeter la totalité ou la majeure partie de ces enseignements. Ces théologiens sont suivis par la majorité des ordres religieux et par une partie significative des évêques de ces régions. Il serait difficile, par exemple, de trouver un jésuite enseignant la théologie dans n’importe quelle institution jésuite qui accepte ne serait-ce qu’un seul de ces enseignements. Les textes cités ne sont qu’une sélection des enseignements de Vatican II qui sont rejetés par ces groupes ; et l’on pourrait en augmenter beaucoup le nombre.

Et bien, ces enseignements font justement partie de ces 95 % de Vatican II que la FSSPX accepte. Et, à la différence des 5 % de ce concile qui sont rejetés par la FSSPX, les enseignements cités ci-dessus sont centraux pour la foi et pour la morale catholiques et ils incluent certains des enseignements fondamentaux du Christ lui-même.

La première question que le communiqué du Saint-Siège pose à un théologien est donc : pourquoi le rejet d’une petite partie des enseignements de Vatican II par la FSSPX donne-t-il lieu à une fracture entre la Fraternité et le Saint-Siège, alors que le rejet d’enseignements de Vatican II beaucoup plus nombreux et plus importants par d’autres groupes au sein de l’Église n’empêche pas ces groupes de garder tranquillement leur place et de rester en possession d’une pleine situation canonique ? Le rejet de l’autorité de Vatican II par la FSSPX ne peut pas être la réponse à cette question. En réalité la FSSPX montre davantage de respect pour l’autorité de Vatican II que la plupart des ordres religieux qui existent dans l’Église.

Il est intéressant de noter que les textes de Vatican II qui sont rejetés par la FSSPX sont acceptés par ces groupes qui, au sein de l’Église, rejettent d’autres enseignements de ce concile. On pourrait donc supposer que ce sont précisément ces textes spécifiques – concernant la liberté religieuse, l’Église, l’œcuménisme, la collégialité – qui posent un problème. La fracture entre le Saint-Siège et la FSSPX naît parce que la Fraternité rejette ces éléments particuliers de Vatican II, pas parce que le Saint-Siège entend défendre Vatican II en bloc. En revanche il n’y a pas de fracture avec des groupes n’appartenant pas à la Fraternité qui rejettent une part beaucoup plus grande de Vatican II parce que ces groupes acceptent ces éléments particuliers. Mais, si c’est le cas, la première question se pose simplement, de nouveau, avec plus de force.

Des problèmes avec la doctrine catholique ?

Si la fracture entre le Saint-Siège et la FSSPX ne naît pas du rejet de l’autorité du concile Vatican II par la Fraternité, cela signifie peut-être que cette fracture provient de la position doctrinale de la FSSPX elle-même. Après tout, la position de la FSSPX à propos de Vatican II comporte deux volets. Le premier volet est la thèse selon laquelle certaines affirmations de Vatican II sont fausses et ne doivent pas être acceptées ; c’est le volet qui refuse l’autorité du concile. L’autre volet est la description positive de la doctrine qui devrait être acceptée à la place des affirmations présumées fausses. Ce second volet est l’aspect le plus important de la discussion entre la FSSPX et les autorités romaines. Après tout, la finalité de l’existence d’enseignements magistériels est de communiquer la vraie doctrine aux catholiques et l’autorité de ces enseignements sur les catholiques découle de cette finalité. Ce volet de la position de la FSSPX consiste en affirmations sur les doctrines auxquelles les catholiques devraient croire, affirmations qui en elles-mêmes ne disent rien à propos du contenu ou de l’autorité de Vatican II. Il faut donc examiner si ces affirmations peuvent donner naissance à une fracture entre le Saint-Siège et la FSSPX.

Pour juger la position doctrinale de la FSSPX il faut tenir compte du fait qu’il y a une différence essentielle entre la position de la FSSPX sur Vatican II et la position des groupes qui, au sein de l’Église, rejettent les enseignements cités ci-dessus de « Dei Verbum », de « Lumen gentium » et de « Gaudium et spes ». Ces groupes soutiennent simplement que certaines doctrines de l’Église catholique ne sont pas vraies. Ils rejettent l’enseignement catholique, point final. Au contraire la FSSPX ne soutient pas que l’enseignement de l’Église catholique est faux. Elle soutient que certaines des affirmations de Vatican II contredisent d’autres enseignements magistériels ayant une plus grande autorité et que le fait d’accepter les doctrines de l’Église catholique implique donc que l’on accepte ces enseignements qui ont plus d’autorité et que l’on repousse la petite portion d’erreurs présentes dans Vatican II. Elle soutient que le véritable enseignement de l’Église catholique doit être trouvé dans des affirmations antérieures faisant davantage autorité.

En positif, donc, la position doctrinale de la FSSPX consiste à soutenir les enseignements d’une partie des déclarations magistérielles. L’abbé Gleize donne une liste des plus importantes déclarations en question : l’encyclique « Mirari vos » de Grégoire XVI, l’encyclique « Quanta cura » de Pie IX avec le « Syllabus » qui y est rattaché, les encycliques « Immortale Dei » et « Satis cognitum » de Léon XIII, les encycliques « Quas primas » et « Mortalium animos » de Pie XI, les encycliques « Mystici corporis » et « Humani generis » de Pie XII, et la constitution « Pastor aeternus » du concile Vatican I. Ce sont toutes des déclarations magistérielles ayant une grande autorité et, dans certains cas, elles incluent des définitions dogmatiques infaillibles, ce qui ne s’est pas produit pour le concile Vatican II.

Cela fait naître la seconde question à propos de la position du Saint-Siège vis-à-vis de la FSSPX, qui amène un théologien à se demander : comment peut-il y avoir des objections à la FSSPX lorsque celle-ci soutient la vérité de déclarations magistérielles ayant une grande autorité ?

Cette question contient en elle-même une réponse : il ne peut y avoir de telles objections. Si l’on estime que la position de la FSSPX quant à la doctrine justifie des objections, il faut soutenir que cette position ne coïncide pas avec ce que ces déclarations enseignent véritablement et, par conséquent, que la FSSPX falsifie la signification de ces déclarations. Cette thèse n’est pas facile à soutenir, parce que quand ces déclarations précédentes ont été promulguées, elles ont fait naître une quantité considérable d’études théologiques ayant pour but de les interpréter. La signification que la FSSPX attribue à ces déclarations découle de cet ensemble d’études et elle correspond à la manière de comprendre ces déclarations à l’époque où elles ont été publiées.

Cela rend encore plus pertinente et urgente la troisième question qui se pose à un théologien : qu’enseignent véritablement ces déclarations, sinon ce que la FSSPX affirme qu’elles enseignent ?

Beaucoup de gens répondront que la signification réelle de ces déclarations est donnée par les textes du concile Vatican II que la FSSPX rejette, ou tout au moins qu’elle est en harmonie avec eux. On peut admettre que cette réponse est vraie, mais cela ne nous aidera pas à répondre à la question. Les textes de Vatican II ne donnent pas beaucoup d’explications quant à la signification de ces déclarations antérieures. Par exemple, « Dignitatis humanae » indique simplement que son enseignement « ne porte aucun préjudice à la doctrine catholique traditionnelle au sujet du devoir moral de l’homme et des sociétés à l’égard de la vraie religion et de l’unique Église du Christ ». En affirmant cela, elle ne donne aucune explication quant au contenu de cette doctrine.

Le caractère inadéquat de cette réponse conduit à la quatrième question, qui est la suivante : quel est l’enseignement de l’Église catholique faisant autorité en ce qui concerne les points qui donnent lieu à des discussions entre la FSSPX et le Saint-Siège ?

Il ne fait pas de doute que les discussions doctrinales entre les deux parties n’aient impliqué un examen de la question, mais le secret qui entoure ces discussions laisse le reste de l’Église dans l’ignorance sur ce point. S’il n’y a pas de réponse à la quatrième question, il n’est pas possible de répondre à cette cinquième question : pourquoi les positions doctrinales de la FSSPX donnent-elles naissance à une fracture entre la Fraternité et le Saint-Siège ?

Mais cette cinquième question, tout en étant significative, n’a pas autant d’importance que la quatrième. La nature de l’enseignement de l’Église catholique en ce qui concerne la liberté religieuse, l’œcuménisme, l’Église et la collégialité est d’une grande importance pour tous les catholiques. Les questions posées par les discussions entre le Saint-Siège et la FSSPX concernent l’Église tout entière, pas seulement les participants aux discussions.

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