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La salle de Presse du Vatican contredit le cardinal Sarah sur la célébration de la « messe ad orientem »

publié dans nouvelles de chrétienté le 12 juillet 2016



Vatican : la salle de presse contredit le cardinal Sarah sur la messe “ad orientem”

 

La messe célébrée “ad orientem”par le pape Benoît XVI en 2008.

La joie aura été de courte durée. Le P. Lombardi, directeur de la salle de presse du Vatican,  a publié ce lundi soir un communiqué annonçant que les paroles du cardinal Robert Sarah invitant sans équivoque tous les prêtres à célébrer la messe ad orientem  avaient été « mal interprétées ». C ‘est un démenti cinglant, voire méchant,  qui contredit le préfet de la congrégation pour le culte divin et pour la discipline des sacrements, où le père Lombardi a précisé cependant que le cardinal avait toujours eu « la juste préoccupation de la dignité de la célébration de la messe ».
Mais aussitôt, rapporte Edward Pentin du New Catholic Register,  le P. Lombardi  a ajouté que certaines des expressions du cardinal Sarah ont été « mal interprétées comme s’ils avaient annoncé des instructions  qui diffèrent des normes liturgiques donnaient jusqu’à présent, et des paroles du pape sur la célébration de la messe vers le peuple dans le rite ordinaire de la messe ».
Le cardinal Sarah  a déclaré lors de la conférence « Sacra Liturgia »  à Londres le 5 juillet dernier qu’il était « très important » que tous les prêtres commencent à célébrer la messe vers l’Orient, vers l’aube qui symbolise la résurrection du Christ  et son retour dans la gloire, afin d’assurer qu’« au cours de nos messes, le Seigneur soit vraiment au centre ».
 « C’est votre propre jugement pastoral qui déterminera quand et comment cela sera possible, peut-être le premier dimanche de l’Avent cette année…  serait-il un bon moment pour le faire », a déclaré le cardinal Sarah,  qui appelait tout particulièrement les évêques à conduire ainsi leurs prêtres et leurs ouailles vers le Seigneur,  et à former leurs séminaristes en ce sens.
Le P. Lombardi a tenu à dire l’inverse, citant notamment l’Institutio Generalis Missalis Romani  dans le numéro 299 qui estime « souhaitable » que la messe soit célébrée vers le peuple dès que cela est possible.
Alors que le cardinal Sarah  n’avait pas fait de distinction entre la forme ordinaire et la forme extraordinaire du rite romain, le P. Lombardi a également souligné que le pape François  a pris la peine de mentionner de manière précise  que la forme ordinaire de la messe et celle du missel de Paul VI, tandis que la messe extraordinaire, qui conserve la pratique de la célébration ad orientem, «  ne doit pas prendre la place de l’ordinaire ». Edward Pentin souligne  qu’il s’agit là d’une façon pour le P. Lombardi  de dire que la célébration ad orientem ne s’applique  pas obligatoirement à la forme ordinaire.
Il n’y a donc pas de « nouvelles directives liturgiques à prévoir à compter de l’Avent,  comme certains l’ont déduit à tort de certaines paroles du cardinal Sarah,  et il vaut mieux d’éviter d’utiliser l’expression “réforme de la réforme” en parlant de la liturgie, car cela a pu être parfois une source de malentendus »,  a déclaré le P. Lombardi.
Faut-il rappeler que l’expression  « réforme de la réforme »  était celle du Cardinal Ratzinger lui-même ? Et que le cardinal Sarah a également déclaré  à Londres le 5 juillet qu’une réforme officielle de la réforme liturgique consécutive à Vatican II ne pouvait être écarté, ajoutant que le pape François lui-même lui avait demandé de voir comment les deux formes peuvent s’enrichir mutuellement ?
Le P. Lombardi  appris soin de préciser que tout ce qu’il affirme dans ce communiqué «  a fait l’objet d’un accord lors d’une récente audience accordée par le pape au cardinal préfet de la congrégation pour le culte divin » –  c’était samedi dernier, au retour du cardinal Sarah de Londres.
Aussi bien le cardinal Nichols que le père jésuite Antonio Spadaro  ont multiplié la semaine dernière les piques contre  la proposition de célébrer  ad orientem, le premier allant jusqu’à envoyer une lettre à tous les prêtres de son diocèse afin de les décourager de célébrer de cette manière.Alors que le P. Lombardi passe précisément la main à Greg Burke pour prendre la direction de la salle de presse,  ce communiqué est probablement le dernier signé de sa main. On peut dire qu’il part en beauté.

P.S. Pardonnez mon long silence ici. Bousculée et débordée par divers soucis matériels, le temps m’a manqué. Il y a eu pourtant de nombreuses nouvelles, notamment l’affaire du cardinal Schönborn affirmant que « nous lisons maintenant les interventions magistérielles antérieures sur la famille dans la lumière » de l’apport d’Amoris laetitia, un vrai renversement pour ne pas dire une révolution. 

 

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Additif:

Le cardinal Sarah maintient son texte.

Le cardinal Sarah, lui, après avoir été reçu par le pape François, maintient son texte, à peine amendé, tout en précisant qu’une invitation n’est pas une obligation.. Il l’a fait publier hier par le site de Sacra Liturgia dans une version définitive et officielle en français et en anglais [texte intégral]:

« Je veux lancer un appel à tous les prêtres. Peut-être avez-vous lu mon article dans L’Osservatore Romano il y a un an (12 juin 2015), ou mon entretien donné au journal Famille chrétienne au mois de mai de cette année. A chaque fois, j’ai dit qu’il est de première importance de retourner aussi vite que possible à une orientation commune des prêtres et des fidèles, tournés ensemble dans la même direction – vers l’est ou du moins vers l’abside – vers le Seigneur qui vient, dans toutes les parties du rite où l’on s’adresse au Seigneur. Cette pratique est permise par les règles liturgiques actuelles. Cela est parfaitement légitime dans le nouveau rite. En effet, je pense qu’une étape cruciale est de faire en sorte que le Seigneur soit au centre des célébrations.

Aussi, chers frères dans le sacerdoce, je vous demande humblement et fraternellement de mettre en œuvre cette pratique partout où cela sera possible, avec la prudence et la pédagogie nécessaire, mais aussi avec l’assurance, en tant que prêtres, que c’est une bonne chose pour l’Eglise et pour les fidèles. Votre appréciation pastorale déterminera comment et quand cela sera possible, mais pourquoi éventuellement ne pas commencer le premier dimanche de l’Avent de cette année, quand nous attendons le « Seigneur [qui] va venir sans tarder » (cf l’introït du mercredi de la première semaine de l’Avent) ? Chers frères dans le sacerdoce, prêtons l’oreille aux lamentations de Dieu proclamées par le prophète Jérémie : « Car ils tournent vers moi leur dos, et non leur visage » (Jr 2,27). Tournons-nous à nouveau vers le Seigneur ! Depuis le jour de son baptême, le chrétien ne connaît qu’une Direction : l’Orient. « Tu es donc entré, nous rappelle Saint Ambroise, pour regarder ton adversaire, à qui tu as décidé de renoncer en lui faisant face, et tu te tournes vers l’Orient (ad Orientem) ; car celui qui renonce au Diable se tourne vers le Christ, il le regarde droit dans les yeux » (Traité deSaint Ambroise sur les Mystères). »

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