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Les hymnes de la fête de la Maternité de la Sainte Vierge (1)

publié dans la doctrine catholique le 4 octobre 2016


Les hymnes

de la fête de la Maternité de la Sainte Vierge

 

Nous avons dans cette fête, comme dans  toutes les fêtes solennelles, trois hymnes à commenter, celui des première et deuxième Vêpres, celui des Matines et celui des Laudes.

Nous allons étudier ces trois hymnes.

L’hymne des Vêpres

Ière strophe :

« Ave, maris stella, Dei Mater alma, atque semper Virgo, felix caeli porta »

« Salut, étoile de la mer, douce Mère de Dieu et toujours Vierge, heureuse porte du Ciel »

« Ave » -« Je vous salue »   C’est donc une salutation. C’est la salutation même de l’Ange Gabriel auprès de Notre Dame, au jour de l’Annonciation: « Ave, gratia plena ». Comment pouvoir mieux saluer Notre Dame que par cette salutation toute céleste ! Elle est une salutation digne et respectueuse. L’Ange s’inclina en prononçant ces paroles : « Je vous salue ». Comme le dit saint Thomas dans son beau commentaire de la « salutation angélique ». « Par ces paroles, « Je vous salue Marie » l’Ange lui témoigna sa vénération » « Angelus reverentiam exhibere »

Mais n’est-ce pas là chose étonnante ? Qu’un Ange s’incline devant une créature humaine, « on ne l’avait jamais entendu dire », nous dit encore saint Thomas, « avant que l’Archange Gabriel eut exprimé sa salutation respectueuse ». «  Qu’un Ange se fût incliné devant une créature humaine – Quod autem Angelus faceret homini reverentiam – on ne l’avait jamais entendu dire avant que l’Archange Gabriel eut exprimé sa vénération à la Bienheureuse Vierge par ces paroles : je vous salue Marie  -postquam salutavit beatam Virginem reverenter, dicens : « Ave ».

Mais pourquoi ?

Pourquoi l’homme révérait l’ange et non l’ange, l’homme ? En raison de la supériorité de l’ange sur l’homme

Cette supériorité se manifeste de trois manières

Premièrement, l’Ange est supérieur à l’homme en raison de sa nature spirituelle. Il est de ce fait plus digne. L’homme, lui, est d’une nature corruptible. Dès lors, il ne convenait pas qu’une créature spirituelle et incorruptible rendit hommage   – reverentiam exhiberet, dit Saint Thomas d’Aquin – à une créature corruptible.

En second lieu, l’Ange surpasse l’homme par sa « familiarité » avec Dieu. Il appartient en effet à la famille de Dieu. Comme nous le voyons dans l’Apocalypse, il se tient auprès de Dieu. Il est en sa présence. Mais l’homme lui, par son péché, est comme éloigné de Dieu « Je me suis éloigné de Dieu par la fuite » dit le psalmiste (Ps 54 8). L’homme doit donc honorer l’Ange en raison de sa proximité avec Dieu et son intimité avec Lui. –conveniens est ut homo revereatur Angelum, utpote propinquuum et familiarem regis » –  nous dit encore saint Thomas.

Enfin, en troisième lieu, l’Ange est élevé au-dessus de l’homme par la plénitude de la splendeur de sa grâce divine. C’est le saint homme Job qui le confesse : « Peut-on dénombrer les soldats de Dieu, et en est-il un seul sur lequel ne se lève sa lumière ? » Aussi apparaissent-ils toujours lumineux. Souvenez-vous des apparitions des Anges de la Résurrection ! Les Hommes, eux, participent bien à cette lumière de la grâce mais avec parcimonie et comme dans un clair-obscur. C’est encore l’enseignement de saint Thomas.

La conclusion s’impose : « il ne convenait donc pas que l’Ange s’inclinât –reverentiam exhiberet -, jusqu’au jour où parut une créature humaine surpassant les Anges par sa plénitude de grâce, par sa familiarité avec Dieu et par sa dignité »

Cette créature humaine fut la bienheureuse Vierge Marie. C’est pourquoi l’Ange voulut lui montrer sa vénération « revenrentiam exhibere »  par ces paroles : « Je vous salue », « Ave Maria».

Premièrement, Marie surpasse l’Ange, tous les Anges par sa plénitude de grâce. Pour manifester cette prééminence, l’Archange Gabriel s’inclina devant elle « Angelus ei reverentiam exhibuit » dit de nouveau saint Thomas et lui adressa ces paroles : « Vous êtes pleine de grâce ». C’est-à-dire : « Je vous révère parce que vous me surpassez par votre plénitude de grâce » « Exhibeo tibi revenrentiam, quia me excellis in plenitudine gratiae ».

« Plénitude de grâce » : elle évita le péché mieux que tout autre saint, après le Christ. On sait que la Vierge Marie fut préservée du péché originel, dès le premier instant de sa conception et elle demeura toujours étrangère à tout péché mortel ou véniel. Saint Thomas fait sienne la pensée de saint Augustin que l’on retrouve dans les textes du Concile de Trente sur le péché originel : « Pour l’honneur du Seigneur, quand il s’agit du péché, je veux qu’il ne soit jamais question d’Elle ». Elle fut exempte du péché originel, non par ses propres mérites, mais par grâce et par un privilège singulier du Dieu tout puissant pour qu’elle soit la digne Mère du Seigneur, Sauveur du genre humain.

« Pleine de grâce », elle le fut également et accomplit les œuvres de toutes les vertus. Les saints brillent plus dans telle ou telle vertu. La Vierge, elle, est le modèle de toutes les vertus, un modèle d’humilité : « Voici la servante du Seigneur » (Lc 1 38) ou encore « le Seigneur a regardé la bassesse de sa servante » (Lc 1 34)

La bienheureuse Vierge Marie est pleine de grâce pour faire le bien et éviter le mal

En deuxième lieu, la Vierge Marie surpasse les Anges par son intimité avec le Seigneur. En effet elle est la « Mère de Dieu ». Elle n’est pas seulement dans l’intimité de Dieu, elle est la « Mère de Dieu ». L’Ange reconnait encore cette supériorité lorsqu’il lui dit : « Le Seigneur est avec vous » et lorsqu’il confesse « L’enfant saint qui naitra de vous sera appelé Fils de Dieu » ((Lc 1 35). Comme le dit joliment saint Thomas : «  Le Seigneur est avec Marie puisqu’il repose en son sein », « in utero est ». Le Seigneur est avec Marie comme dans le Temple où il opère. Souvenez-vous du Mystère de la Visitation ! Elle est le Temple du Seigneur, le « Sanctuaire de l’Esprit Saint ». Ainsi la Bienheureuse Vierge jouit donc d’une intimité plus grande avec Dieu que la créature angélique. Saint Thomas écrit: “Sic ergo familiarior cum Deo est beata Virgo quam Angelus”. La Trinité Sainte est en elle! Aussi l’Eglise lui chante –t-elle: “Vous êtes le digne trône de toute la Trinité ».

Assurément cette parole : « Le Seigneur est avec vous » est la parole la plus noble, la plus louangeuse qui puisse être adressée à la Vierge. Et c’est pourquoi elle s’appelle Marie qui veut dire « Souveraine » ! La Reine des Anges !

En troisième lieu, elle  a surpassé les Anges en pureté. Non seulement elle posséda, comme nous l’avons dit plus haut,  la pureté puisqu’elle fut exempte elle-même de tout péché, mais encore elle procura la pureté aux autres, en nous donnant Celui qui est l’auteur de toute pureté.

« Ave », « Je vous salue » Marie : voilà le  riche enseignement que nous dit cet Ave sur la Vierge Marie. Il confesse la révérence que nous devons  à Marie en raison de sa dignité. Il lui est dû un culte propre, que l’on appelle d’hyperdulie, dit la Théologie. Ce que l’Ange a voulu confesser, nous le confessons, nous aussi, à notre tour,  tout au long de notre chapelet.

« étoile de la mer », « maris stella »

 

Pour commenter cette expression « étoile de la mer » il faut citer saint Bernard dans son commentaire « Super missus est », tellement émouvant et convainquant :

 

« Oui, elle est cette noble étoile issue de Jacob dont les rayons illuminent l’univers entier, dont la splendeur étincelle sur la cime et pénètre jusqu’aux ombres profondes, dont la chaleur répandue sur la terre réchauffe les âmes plus que les corps, mûrit les vertus et consume les vices.

Elle est cette brillante et merveilleuse étoile qui se lève, glorieuse et nécessaire au-dessus de cet océan immense, dans la splendeur de ses mérites et de ses exemples.

Dans la tempête, regarde l’étoile, invoque Marie !

O toi, qui que tu sois, qui dans cette marée du monde, te sens emporté à la dérive parmi orages et tempêtes, plutôt que sur la terre ferme, ne quitte pas les feux de cet astre, si tu ne veux pas sombrer dans la bourrasque.

Quand se déchaînent les rafales des tentations, quand tu vas droit sur les récifs de l’adversité, regarde l’étoile, appelle Marie !
Si l’orgueil, l’ambition, la jalousie te roulent dans leurs vagues, regarde l’étoile, crie vers Marie !
Si la colère ou l’avarice, si les sortilèges de la chair secouent la barque de ton âme, regarde vers Marie !
Quand, tourmenté par l’énormité de tes fautes, honteux des souillures de ta conscience, terrorisé par la menace du jugement, tu te laisses happer par le gouffre de la tristesse, par l’abîme du désespoir, pense à Marie.

Dans les dangers, dans les angoisses, dans les situations critiques, pense à Marie, crie vers Marie !
Que son nom ne quitte pas tes lèvres, qu’il ne quitte pas ton cœur, et pour obtenir la faveur de ses prières, ne cesse d’imiter sa vie.

Fais ta propre expérience de Marie !

Si tu la suis, point ne t’égares.

Si tu la pries, point ne désespère.

Si tu la gardes en pensée, point de faux pas.

Qu’elle te tienne, plus de chute.

Qu’elle te protège, plus de crainte.

Sous sa conduite, plus de fatigue.

Grâce à sa faveur, tu touches au port. » (Extraits de Super missus est, 2,§17)

 

« douce Mère de Dieu et toujours Vierge, heureuse porte du Ciel »

 

« Dei Mater alma, atque semper Virgo, felix caeli porta »

Nous avons dit que cet hymne est essentiellement une salutation pleine de révérence à l’égard de Marie. Nous avons donné, avec Saint Thomas, dans le commentaire du mot « Ave », quelques raisons de cette révérence due. Ici, nous trouvons un autre titre de révérence et des plus grands : la maternité divine de Marie.

« Alma » L’auteur l’appelle « douce Mère de Dieu ». « Alma » veut dire exactement « nourricier, nourrissant ». J’aime beaucoup ce qualificatif concernant Notre Dame et sa Maternité. Alma montre le réalisme de cette maternité. Et traduire « alma » par « douce » au lieu de « nourricière » n’est pas faux. Rien n’est plus doux qu’une mère nourrissant son enfant, contemplant son enfant d’un doux regard…

« Mère de Dieu » « Dei Mater alma ». C’est la définition même du Concile d’Ephèse. Il nous faut rappeler un peu de théologie et un peu d’histoire. Le Christ est Dieu et homme. Les théologiens les plus avancés de l’école d’Antioche avaient conçu la distinction des deux natures dans le Christ comme distinction de deux personnes. C’est de cette école qu’était issu Nestorius (450), prêtre d’Antioche devenu en 428 patriarche de Constantinople. Sa doctrine se heurta à une vive résistance lorsque certains prédicateurs, notamment sans doute le prêtre Anastase, refusèrent à Marie, dans leurs enseignements publics, le titre de Mère de Dieu (Théotokos). Selon ce dernier, elle n’était pas la Mère de Dieu, mais seulement la mère du Christ homme, à qui s’est unie la Personne du Verbe. Le refus du titre « Theotokos » a, à sa racine, une erreur de Christologie. Le nestorianisme repose sur l’idée qu’une nature humaine complète doit nécessairement être une personne humaine. Si donc le Christ a été pleinement homme, il faut qu’il ait été une personne humaine. L’humanité du Christ n’est donc pas unie à Dieu en une seule et même personne, elle est seulement mise en relation de grâce toute particulière avec une Personne divine. Les attributs divins et humains concernant le Christ, dont parle l’Ecriture, se rapportent à deux personnes distinctes. Enfin, cette élévation à une telle élévation de grâce avec le Verbe de Dieu, le Christ a dû commencer par la mériter. Nestorius rencontra son adversaire le plus résolu en la personne de Cyrille, évêque d’Alexandrie (380-444). C’est au Concile d’Ephèse, convoqué par l’Empereur Théodose II, désireux de voir régner la paix dans son Empire, qu’ apparut le terme de « Mère de Dieu » (la théotokos) et qu’il fut solennellement approuvé par les Pères conciliaires
En effet, lors de sa Ière session, ouverte par Cyrille dès avant l’arrivée des légats romains, le Concile reconnut officiellement, comme formule orthodoxe du dogme de l’Eglise sur l’Incarnation du Verbe et par conséquent sur la maternité divine de Marie, la deuxième lettre adressée par l’évêque d’Alexandrie à Nestorius en janvier-février 430. On y lit : « ce n’est pas que d’abord un homme ordinaire soit né de la Sainte Vierge et que sur lui, ensuite, le Verbe soit descendu, mais nous disons que, sorti du sein maternel uni à la chair, il a accepté une naissance charnelle, parce qu’il revendique cette naissance charnelle comme la sienne propre…Ainsi (les saints Pères) n’hésitèrent pas à appeler la Sainte Vierge : mère de Dieu ». (Théotokos).

Mais c’est surtout au Concile de Chalcédoine (IV concile œcuménique -451) que le dogme de l’Eglise fut précisé, cette fois, contre Eutychès et Dioscore. On l’appelle le symbole de Chalcédoine. Sa terminologie très ferme, empruntée à Saint Léon le Grand, fixe la foi de l’Eglise en écartant les hérésies nestorienne et eutychienne. Voilà Notre Dame confirmée dans son titre de « Mère de Dieu »

 

« Le concile s’oppose à ceux qui tentent de diviser le mystère de l’incarnation en une dualité de Fils. Il exclut de la participation aux saints mystères ceux qui osent déclarer passible la divinité du Fils unique. Il contredit ceux qui imaginent un mélange ou une confusion des deux natures (physis) dans le Christ. Il rejette ceux qui déraisonnent en disant que la forme d’esclave prise chez nous par le Fils est de nature céleste ou d’une essence (ousia) étrangère à la nôtre. Il anathématise ceux qui ont inventé cette fable de deux natures dans le Seigneur, avant l’union, et d’une seule, après l’union. A la suite des saints Pères, nous enseignons donc tous unanimement à confesser un seul et même Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, le même parfait en divinité et parfait en humanité, le même vraiment Dieu et vraiment homme, composé d’une âme raisonnable et d’un corps, consubstantiel au Père selon la divinité, consubstantiel à nous selon l’humanité, « en tout semblable à nous sauf le péché » [He 4,15]. Avant les siècles engendré du Père selon la divinité, et, né en ces derniers jours, né pour nous et pour notre salut, de Marie, la Vierge, mère de Dieu, selon l’humanité. Un seul et même Christ Seigneur, Fils unique, que nous devons reconnaître en deux natures, sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation. La différence des natures n’est nullement supprimée par leur union, mais plutôt les propriétés de chacune sont sauvegardées et réunies en une seule personne (prosôpon) et une seule hypostase (hypostasis). Il n’est ni partagé ni divisé en deux personnes, mais il est un seul et même Fils unique, Dieu Verbe, Seigneur Jésus-Christ, comme autrefois les prophètes nous l’ont enseigné de lui, comme lui-même Jésus-Christ nous l’a enseigné, comme le Symbole des Pères nous l’a fait connaître. Ces points ayant été déterminés avec une précision et un soin des plus extrêmes, le saint Concile œcuménique a défini qu’une autre foi ne pouvait être proposée, écrite, composée, pensée ou enseignée aux autres par qui que ce soit. »

Voilà qui est clair. Marie est vraiment la « Mère de Dieu ». C’est la foi catholique.

 

« toujours Vierge »

 

Cette virginité perpétuelle de Marie a été confessée par l’Eglise à travers tous les siècles et dans tous ses documents les plus solennels. Il faut bien être en ce siècle de modernisme pour oser la nier. Nous citerons seulement  la lettre de Léon le Grand à Flavien de Constantinople : « Ce Fils éternel d’un Père éternel est né, par le Saint Esprit, de la Vierge Marie…Il a été conçu par le Saint Esprit dans le sein de la Vierge mère, qui enfanta sans perdre sa virginité, comme sans perdre sa virginité elle l’avait conçu…Le Fils de Dieu entre donc dans ce monde de faiblesse, descendant de son trône céleste sans quitter la gloire de son Père, venu au monde selon un nouvel ordre, selon une nouvelle naissance…Une nouvelle naissance, car une virginité inviolée qui n’a pas connu la concupiscence, lui a fourni son corps de chair ».

 

On ne peut parler plus clairement de la virginité de Marie, Mère de Dieu. Et l’on pourrait citer mille textes du Magistère qui affirment cette même foi.

Les Pères de l’Eglise sont eux aussi fidèles à cet enseignement. Voyez Saint Bernard, dans son beau texte sur « Super Missus est » cité plus haut !  Il affirme, à propos de l’allusion à « l’astre de la mer » : « Oui, on la compare à un astre, et rien de plus juste : comme l’astre, sans être altéré, émet son rayon, ainsi, sans lésion intime, la Vierge met au monde son Fils. Le rayon n’amoindrit pas la clarté de l’astre, pas plus que le fils ne diminue l’intégrité de la vierge ».

 

Enfin la salutation poursuit en saluant Marie comme « l’heureuse porte du Ciel ».

Elle est « l’heureuse porte du Ciel » « felix caeli porta »  parce qu’elle a donné l’auteur du salut, le Sauveur, son Fils Jésus qui, par son Sacrifice de la Croix qui  est « propitiatoire », nous a réconcilié avec Dieu à jamais.

 

 

2ème strophe :

 

Sumens illud Ave Gabrielis ore, funda nos in pace, Mutans Evae nomen

 

En recevant cet Ave ( ce salut) de la bouche de Gabriel, établissez nous dans la paix, changeant le nom d’Eve.

 

C’est en effet Eve qui nous donna par sa désobéissance la mort «-stipendia peccati mors » dit  saint Paul du péché originel. C’est le consentement de Marie à la parole de l’Ange, en sa salutation, en son « Ave » qui nous donna la vie. Ave, le premier mot de l’Annonciation du salut, est l’inversion de Eva, nom de celle qui nous a perdus, qui est la fois figure de Marie, comme épouse d’Adam et Mère des vivants et son opposé, par sa désobéissance. Plus de crainte, « Funda nos in pace » mais une paix certaine en Jésus-Christ, fruit du sein de Marie. Si Eve fut, pour le genre humain, principe de mort par sa désobéissance, Marie, elle,  est principe de  vie, par son obéissance. Elle changea ainsi totalement le rôle d’Eve : « changeant le nom d’Eve » « mutans Eve nomen ».

 

3ème strophe :

 

« Solve vincla reis, profer lumen caecis, mala nostra pelle, Bona cuncta posce »

« Brisez les liens des coupables, donnez la lumière aux aveugles, chassez nos maux, obtenez tous les biens »

 

Nous avons ici, dans cette strophe,  une succession de demandes ardentes et empressées, fondées sur la toute-puissance de la Mère de Dieu. Que peut lui refuser son Fils ? Faisons passer par sa médiation nos demandes. C’est ce que nous enseigne l’auteur de cet hymne. Nous avons une succession d’impératifs. C’est comme des ordres que nous donnons à la Vierge Marie

 

« Brisez les liens des coupable » c’est-à-dire  rendez-nous notre liberté perdue.

« Donnez la lumière aux aveugles »,  ouvrez les yeux aux aveugles que nous sommes «  chassez nos maux, obtenez tous les biens ».

 

On peut donner de tels ordres à celle qui est notre mère : « Montra te esse matrem ». Je préférerais traduire plus fidèlement le texte latin : « Montrez que vous êtes mère », je trouve que c’est plus fort ! Faites passer alors à votre Fils nos prières, – soyez notre intermédiaire, notre avocat -, « sumat », c’est un subjonctif présent. C’est un désir exprimé véhémentement : qu’Il prenne par vous « per te » nos prières, celui qui est né pour nous et qui accepta d’être votre Fils.

 

4ème strophe :

 

« Montra te esse matrem, Sumat per te preces, qui, pro nobis natus, Tulit esse tuus »

« Montrez-vous notre Mère, qu’il reçoive par vous nos prières, celui qui, né pour nous, accepta d’être votre Fils »

 

C’est tout simplement remarquable ! Comment douter un instant que Notre Seigneur ne reçoive pas nos prières, puisqu’elles passent par les Mains de sa Mère, « qu’il accepta d’être son Fils », « qu’il  est né pour nous » « qui pro nobis natus » Reniera-t-Il soudain ceux pour qui il a fait un si grand déplacement ?

 

5ème strophe :

 

« Virgo singularis, inter omnes mitis, Nos culpis solutos, Mites fac et castos »

« Vierge incomparable, douce entre toutes, après nous avoir délivrés de nos fautes, rendez-nous chastes et doux »

 

L’auteur confesse de nouveau la virginité de Marie : « Virgo ». La virginité de Marie est vraiment  la foi de l’Eglise ! Il en chante les merveilles : « Virgo singularis ». « Singularis » veut dire « unique, unique en son genre,, remarquable, merveilleux, extraordinaire ». Voilà un adjectif bien choisi pour désigner Notre Dame. « Elle est unique, elle tient une place unique dans la sainteté. Elle doit être en conséquence sujet  d’un culte particulier, le culte d’hyperdulie.  Elle est unique par sa douceur. « douce entre toutes ». Elle imite son Fils qui, de lui-même, a dit : « Je suis doux et humble de cœur ». « Elle nous a délivré de nos fautes », « Nos culpis solutos ». En ce sens qu’elle nous a donné le Sauveur, l’auteur du salut qui nous a délivrés de nos fautes. Elle co-rédemptrice. Il ne faut pas craindre de « magnifier » le rôle de Notre Dame, dans la Rédemption. Comme le dit Saint Bernard : « de Maria nunquam satis ». De Marie on en dira jamais assez, on ne la louera jamais assez… « rendez-nous chastes et doux », à votre ressemblance.

 

6ème strophe :

 

« Vitam praesta puram, iter para tutum, Ut, videntes Jesum, semper collaetemur »

« Accordez une vie pure, ménagez une voie sûre, afin que, voyant Jésus, nous partagions éternellement votre joie »

 

Là aussi nous avons des impératifs : « accordez…ménagez ». Ce sont des souhaits exprimés. Nous voyons que pour connaître un jour, la joie trinitaire « entrez dans la joie de votre Maître » il faut mener « une vie pure ». C’est ainsi que la voie sera « sûre » nous permettant de connaître le Ciel, de retrouver la joie de  Notre Dame, et de contempler dans un face à face éternel la gloire de Notre Seigneur. « ut videntes Jesum, semper collaetemur », « afin que, voyant Jésus, nous partagions éternellement votre joie ».

 

« Sit laus Deo Patri, Summo Christo decus, Spiritui Sancto, Trinus honor unus »

“Louaange soit à Dieu le Père, honneur au Christ Souverain, au Saint-Esprit, aux trois unique gloire”

Amen !

 

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