Les psaumes du dimanche à Prime: psaume 53
publié dans couvent saint-paul le 11 mars 2019
Les psaumes du dimanche à Prime
Tome 4
Psaume 53
Action de grâce liturgique
L’Eglise, dans sa liturgie, applique ce psaume 53 à la Passion du Christ, suivant le sentiment de saint Hilaire et de saint Jérôme. En effet on le répète, à chaque instant au cours des trois derniers jours de la Semaine Sainte (la Semaine sainte avant la réforme de Pie XII). Aussi me semble-t-il bien légitime de suivre ce sentiment et d’interpréter ce psaume dans ce sens spirituel. Saint Bruno, du reste, que nous allons suivre, suit également cette interprétation. Il écrit en introduction : Le Christ « prie Dieu Trinité pour qu’il le rende constant dans sa passion afin qu’il ne cède point par crainte lorsque son peuple le trahira. Il prie aussi au sujet de sa résurrection et pour ses ennemis et montre sa Passion, pour laquelle il est nécessaire qu’il prie et il promet qu’il s’offrira lui-même volontairement sur la croix en considération de la résurrection, et ce sacrifice est la raison pour laquelle Dieu devrait l’exaucer dans sa prière » (ibid 401). Voilà un beau résumé du psaume.
« Deus in nomine tuo salvum me fac ; et in virtute tua judica me » « O Dieu sauvez moi par votre nom et rendez-moi justice par votre puissance ».
Voyons donc dans cette prière, la prière du Christ prononcée à Gethsémani. Mais avant d’examiner cette perspective réelle, notons les quelques remarques de saint Bruno : « Sauvez-moi » « afin que je ne cède pas à la tentation », « moi qui persévère dans l’honneur de votre nom, selon cette parole : Je n’ai pas souci de ma gloire » (Jn 8 50) mais de celle du Père qui m’a envoyé » ( Jn 14 24). N’est-ce pas, du reste, ce qui anime la prière du Christ à Gethsémani ?
« O Dieu sauvez-moi par votre nom » : c’est-à-dire « par votre puissance », par « votre bonté secourable » et même selon « votre justice », sauvez-moi. Cette prière, dans la bouche du Christ, est légitime. Il est, là, à Gethsémani comme le « serviteur souffrant » d’Isaïe. C’est ainsi, du reste, que le Père A Feuillet, dans son livre « l’Agonie de Gethsémani » présente le Christ en Agonie sur le mont des Olives. Il dit qu’on ne peut séparer cette cène cruelle « des conceptions messianiques propres à Jésus ». Il ne faut pas oublier « que l’agonie fait partie de l’histoire du salut et qu’elle en est même un moment capital » (p 28). Dès lors celui qui souffre à Gethsémani, ce n’est pas un homme ordinaire, mais le « Fils de l’homme transcendant qui se sait investi de la mission unique du Serviteur souffrant d’Isaïe : Isaïe 53. De la mission de Sauveur. C’est-à- dire, du « Fils de l’homme livré aux mains des pécheurs » (Mc14 41) pour le salut de l’humanité. Aucun autre homme n’a donc souffert de cette manière-là, à ce point. Voilà la raison de l’intensité de cette prière : « O Dieu sauvez-moi par votre nom ». Saint Luc, du reste, fait parfaitement comprendre cette nécessaire interprétation lorsqu’il met dans la bouche du Christ : « Je vous le dis : il faut que s’accomplisse en moi ceci qui est écrit : il a été compté parmi les scélérats » (Lc 22 37). Dès lors c’est du texte du Serviteur souffrant d’Isaïe qu’il faut partir si nous voulons « entrer » dans la souffrance de Jésus au jardin de Gethsémani. C’est ce que dit expressément le Père Feuillet : « Il est impossible de comprendre en profondeur le drame de Gethsémani sans se référer à cette prodigieuse prophétie » (p. 31)
Il faut se la rappeler.
Chapitre 52
«Voici que mon Serviteur prospérera ; il grandira, il sera exalté, souverainement élevé. De même que beaucoup ont été dans la stupeur en le voyant, — tant il était défiguré, son aspect n’étant plus celui d’un homme, ni son visage celui des enfants des hommes, — ainsi il fera tressaillir des nations nombreuses. Devant lui les rois fermeront la bouche ; car ils verront ce qui ne leur avait pas été raconté, et ils apprendront ce qu’ils n’avaient pas entendu. (Is : 52 13-15)
Chapitre 53
« Qui a cru ce que nous avons entendu, et à qui le bras de Yahweh a-t-il été révélé ? Il s’est élevé devant lui comme un frêle arbrisseau ; comme un rejeton qui sort d’une terre desséchée ; il n’avait ni forme ni beauté pour attirer nos regards, ni apparence pour exciter notre amour. Il était méprise et abandonné des hommes, homme de douleurs et familier de la souffrance, comme un objet devant lequel on se voile la face ; en butte au mépris, nous n’en faisions aucun cas. Vraiment c’était nos maladies qu’il portait, et nos douleurs dont il s’était chargé ; et nous, nous le regardions comme un puni, frappé de Dieu et humilié. Mais lui, il a été transpercé à cause de nos péchés, broyé à cause de nos iniquités ; le châtiment qui nous donne la paix a été sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. Nous étions tous errants comme des brebis, chacun de nous suivait sa propre voie ; et Yahweh a fait tomber sur lui l’iniquité de nous tous. On le maltraite, et lui se soumet et n’ouvre pas la bouche, semblable à l’agneau qu’on mène à la tuerie, et à la brebis muette devant ceux qui la tondent ; il n’ouvre point la bouche. Il a été enlevé par l’oppression et le jugement, et, parmi ses contemporains, qui a pensé qu’il était retranché de la terre des vivants, que la plaie le frappait à cause des péchés de mon peuple ?
On lui a donné son sépulcre avec les méchants, et dans sa mort il est avec le riche, alors qu’il n’a pas commis d’injustice, et qu’il n’y a pas de fraude dans sa bouche. Il a plu à Yahweh de le briser par la souffrance ; mais quand son âme aura offert le sacrifice expiatoire, il verra une postérité, il prolongera ses jours, et le dessein de Yahweh prospérera dans ses mains. A cause des souffrances de son âme, il verra la lumière et se rassasiera.
Par sa doctrine le juste, mon Serviteur, justifiera beaucoup d’hommes, et lui-même se chargera de leurs iniquités. C’est pourquoi je lui donnerai sa part parmi les grands ; il partagera le butin avec les forts. Parce qu’il a livré son âme à la mort et qu’il a été compté parmi les malfaiteurs ; Car lui-même a porté la faute de beaucoup, et il intercédera pour les pécheurs ». Is 53 1-12)
Cette prophétie, avouez ! semble avoir été écrite sur la Croix du Golgotha. Elle explicite toute la théologie de la Rédemption.
Elle commence par une présentation du Serviteur : « Voici mon Serviteur ». Il annonce pour lui un succès complet alors qu’il connaîtra les humiliations les plus absolues. L’échec n’aura qu’un temps. C’est pourquoi il annonce le triomphe pour faire accepter plus facilement le scandale des humiliations décrites par la suite : Chapire 53. Ainsi cette voie de l’épreuve si capitale qu’elle soit, n’est qu’une étape intermédiaire, et non pas le terme du plan divin du salut. C’est, ce me semble, le sens qu’il faut donner à la supplique de notre psaume : « rendez-moi justice par votre puissance ». Cette phrase ne vous fait-elle pas penser à l’expression de saint Paul aux Philippiens : « Il a été humilié, c’est pourquoi Dieu l’a exalté et l’a élevé au plus haut des cieux ». C’est là rien d’autre que la manifestation de la justice divine : « propter quod Deux exaltavit eum ». « Rendez-moi justice par votre puissance » n’est rien d’autre finalement que le « propter quod » de saint Paul. La résurrection du Christ est une affaire de justice.
Cette exaltation sera précédée de la croix et de la souffrance. Souffrances. Oh combien ! Formidablement décrite et douloureusement décrite dans le récit du Serviteur souffrant à laquelle Isaïe nous fait comme assister. Mais la contrepartie de ces douleurs, de cette Passion rédemptrice du Serviteur, c’est la vie glorieuse et le triomphe et la victoire du Serviteur. Certes si la mort du Serviteur a le caractère d’un sacrifice expiatoire, rien d’autre qu’une réparation, si cette réparation est une substitution, une substitution volontaire de la part du Serviteur qui, librement se solidarise avec la multitude pécheresse, cette mort du Serviteur est suivie de sa résurrection : « il reverra la lumière » du verset 11 d’Isaïe v. 53 et cette victoire sera suivie également de la constitution d’une communauté messianique : « Par sa doctrine le juste, mon Serviteur, justifiera beaucoup d’hommes » C’est pourquoi on pourra le compter parmi les plus grands conquérants de l’histoire : « C’est pourquoi je lui donnerai sa part parmi les grands ; il partagera le butin avec les forts ». Il sera enfin un médiateur puissant : « il intercédera pour les pécheurs ».
Mais, comprenons le bien, cette victoire totale, sera précédée par la souffrance, souffrance exprimée, me semble-t-il, par la première partie du premier verset de notre psaume 53 : « O Dieu, sauvez-moi par votre nom ».
Ce que nous allons voir maintenant.
« O Dieu, sauvez-moi par votre nom », par votre puissance, « car « mon âme est triste jusqu’à la mort ». Au jardin de Gethsémani, les tortures physiques n’ont pas encore commencé, cependant l’âme de Jésus est envahie par une douleur qui lui arrache ce cri, atroce : « Mon âme est triste jusqu’à la mort », ce qui veut dire : quelle serait capable de me donner la mort. (C’est l’interprétation de Feuillet p 81). Le Christ n’exprime pas le désir de se soustraire à sa mission imposée par Dieu le Père ; il veut au contraire exécuter jusqu’au bout la volonté du Père sur lui. Mais la tâche à accomplir lui apparait soudainement tellement énorme et terrible que sa pauvre nature humaine ne peut que crier sa détresse et il va même se demander tout à l’heure si c’est bien tout cela que le Père lui demande : « O Dieu sauvez moi » de cette heure. Vous le pouvez « par votre nom », par « votre puissance ». Et cette douleur est telle, que Jésus « s’effondre » : il tombe par terre de détresse. Ce qui nous fait comprendre à quel grand prix nous avons été rachetés (1 Cor 6 20).
Mais quelle était donc l’objet de sa prière. ? « Il priait pour que, s’il était possible, cette heure passa loin de lui » (v. 35) Il s’exprime par deux fois : « Abba ! Père ! Tout t’est possible ; éloigne de moi cette coupe. Mais non pas ce que je veux mais ce que toi, tu veux » (v.36). « Heure » « Coupe « : ces deux mots sont d’une importance capitale pour comprendre la douleur de l’agonie. « Son heure ». C’est l’heure de sa mission accomplie, c’est l’heure du jugement. Cette « coupe », inséparable de « l’heure » et de sa signification, se rapporte aux souffrances endurées par Jésus pour l’expiation des péchés de l’humanité. Ce texte de Marc renvoie au texte d’Isaïe 53 et à sa souffrance : « Le châtiment qui nous donne la paix a été sur lui et c’est pas ses meurtrissures que nous sommes guéris » (v . 5). Quelle souffrance ! On comprend la distance qui semble exister entre la volonté de Jésus et celle du Père « Abba Père ! Tout t’est possible ; éloigne de moi cette coupe. Mais non pas ce que je veux, mais ce que toi, tu veux » ! On comprend qu’il puisse, dans sa prière, supplier le Père d’exaucer sa demande et d’éloigner de lui cette coupe. Ce que reconnait le psalmiste : « O Dieu, exaucez ma prière, prêtez l’oreille aux paroles de ma bouche » « Deus exaudi orationem meam, auribus percipe verba oris mei ». Saint Bruno, ici, nous dit qu’il « est digne pourtant d’être exaucé » tellement cette prière est faite « avec affection » et vérité.
On a l’impression qu’ici le Christ éprouve quelque hésitation à se soumettre à la volonté divine, alors que, il y a peu, il paraissait si ferme. Par exemple devant saint Pierre qui semblait vouloir s’opposer à la volonté du Christ d’accomplir sa mission de rédempteur. « Arrière Satan, tu m’es une occasion de scandale »…alors qu’il vient de le constituer « pierre » fondamentale de son Eglise. Saint Pierre semblait vouloir s’opposer à sa ferme résolution d’accomplir la volonté du Père. Ne disait-il pas, aussi, il y a peu : « ma nourriture est de faire la volonté de Celui qui (m)’a envoyé ». Ne disait-il pas encore qu’il faisait toujours la volonté de son Père : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre ». (Jn 4 34) ; ou encore : « celui qui m’a envoyé est avec moi, et il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît. » (Jn 8 29). D’où vient cette apparente opposition entre lui et le Père en cette prière de Gethsémani ? Non point d’une résistance quelconque à cette volonté divine. La prière de l’agonie dit tout au contraire sa soumission totale à cette volonté qu’il aime et veut accomplir jusqu’au bout. Elle vient de ce que le Ciel semble demeurer comme fermé. Le Père s’est comme retiré laissant apparemment Jésus sans consolation. Les disciples sont indifférents à sa souffrance. Ils dorment…Enfin la haine des hommes est totale. Ils vont dans quelques heures le livrer à Pilate pour être crucifié. Il ressent, surtout, en son cœur, les souffrances du Serviteur souffrant. Terribles ! La haine est trop grande. C’est ce qu’exprime le psalmiste : « prêtez l’oreille aux paroles de ma bouche, exaucez ma prière. Sauvez moi par votre nom « car des étrangers se sont soulevés contre moi et des hommes puissants ont cherché à m’ôter la vie ; et ils n’ont point placé Dieu devant leurs yeux » « Quoniam alieni insurrexerunt adversum me et fortes quaesierunt animam meam et non proposuerunt Deum ante conspectum suum ». C’est ce qu’il voit dans sa prière. On peut comprendre la difficulté du combat ! Il voit la trahison de Judas. Il le livre au Sanhédrin pour 30 deniers. Il voit la haine du peuple qui lui préfère Barrabas, un brigand et assassin. Il voit le complot des grands prêtres qui vont le livrer à Pilate. Et qui ne placent pas devant leurs yeux les Ecritures, et leur juste interprétation. Ce qui leur fait rejeter leur Messie annoncé, un messie souffrant, le Serviteur souffrant d’Isaïe. Ils attendent toujours un messie conquérant. Il voit sa flagellation, terrible. Il voit son chemin de Croix, livré qu’il est aux mains des puissants. Il ne peut leur résister. Il voit la crucifixion, les coups de marteau. Il voit la douleur de sa mère, il voit la trahison des Apôtres. Il voit les souffrances de son Eglise, de ses disciples, des martyrs de toutes les époques…Il voit toutes les trahisons de tous les siècles, passées, présentes et futures. L’agonie est une privation d’amour. Elle est totale.
Saint Bruno voit, tout comme nous, dans ses « alieni », ses « étangers », les juifs qui devraient être des amis puisqu’ils sont membres de ma tribu, mais ils sont devenus étrangers à moi par leur superbes et leur envie. Ils se sont élevés contre moi en me prenant, en me frappant de verges et en me blasphémant et voulant être eux-mêmes forts afin de me retenir dans la mort…Ils rechercheront ma vie pour l’ôter ». Voilà ce que voit dans sa prière Jésus agonisant. On peut comprendre son appréhension jusqu’à suer des goutes de sang.
Toutefois la volonté du Christ reste « subordonnée » à la volonté de son Père, là comme ailleurs. C’est alors que Judas entre dans le jardin à la tête de la cohorte. D’un regain de force et de résolution, il s’adresse aux trois disciples qu’il avait pris avec lui, pour le soutenir dans sa prière : « Dormez maintenant et reposez-vous. C’en est fait. L’heure est venue. Voici : le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs » « Acceptant d’être mis au rang des scélérats » (Is 53 12, Lc 12 37) : Jésus efface ses répugnances humaines devant la volonté du Père : « que votre volonté soit faite ». En cette obéissance parfaite, Jésus répare la désobéissance d’Adam ; elle en est comme l’antithèse. Saint Paul l’enseigne formellement : « Ainsi donc, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort… Et ainsi la mort a passé dans tous les hommes parce que tous ont péché. Car jusqu’à la Loi le péché était dans le monde ; or le péché n’est pas imputé lorsqu’il n’y a point de loi. Cependant la mort a régné depuis Adam jusqu’à Moïse, même sur ceux qui n’avaient pas péché, par une transgression semblable à celle d’Adam, lequel est la figure de celui qui devait venir. Mais il n’en est pas du don gratuit comme de la faute ; car si, par la faute d’un seul, tous les hommes sont morts, à plus forte raison la grâce de Dieu et le don se sont, par la grâce d’un seul homme, Jésus-Christ, abondamment répandus sur tous les hommes. Et il n’en est pas du don comme des suites du péché d’un seul ; car le jugement a été porté à cause d’une seule faute pour la condamnation, tandis que le don amène la justification de beaucoup de fautes. En effet, si, par la faute d’un seul, la mort a régné par ce seul homme, à plus forte raison ceux qui reçoivent l’abondance de la grâce et du don de la justice règneront-ils dans la vie par le seul Jésus-Christ. Ainsi donc, comme par la faute d’un seul la condamnation est venue sur tous les hommes, ainsi par la justice d’un seul vient à tous les hommes la justification qui donne la vie. De même en effet, que par la désobéissance d’un seul homme, tous ont été constitués pécheurs, de même par l’obéissance d’un seul tous seront constitués justes. La loi est intervenue pour faire abonder la faute ; mais là où le péché a abondé, la grâce a surabondé, afin que, comme le péché a régné par la mort, ainsi la grâce régnât par la justice pour la vie éternelle, par Jésus-Christ Notre-Seigneur. (Rm 5 12-20).
Energie soudaine ! C’est ce que semble vouloir dire notre psalmiste dans la strophe suivante » : « Mais voici que Dieu vient à mon aide et que le Seigneur est le protecteur de ma vie » « ecce enim Deus adjuvat me et Dominus susceptor est animae meae ».
« Averte mala inimicis meis, et in veritate tua disperde illos » « détournez les maux de mes ennemis et exterminez les dans votre vérité »
C’est une prière pour les ennemis, nous dit saint Bruno : « Bien qu’ils s’élèvent contre moi et cherchent mon âme, cependant je vous en prie, Seigneur, détournez de mes ennemis les maux qu’ils ont mérités ». On retrouve ici la prière du Christ en Croix. « Père pardonnez leur. Ils ne savent pas ce qu’ils font ». « Exterminez-les en tant qu’ils sont méchants, poursuit saint Bruno, en les faisant exister dans votre vérité, c’est-à-dire dans la conformité à moi qui suis votre vérité selon cette parole : « Je suis la voie, la vérité et la vie »
« Voluntarie sacrificabo tibi et confitebor nomini tuo Domine : quoniam bonus est » « je vous offrirai volontairement des sacrifices et je célèbrerai votre nom, Seigneur, parce qu’il est bon ».
Il fallait que la prière du « serviteur souffrant » soit exaucée, lui qui l’a faite avec affection et qui consent, malgré la difficulté de l’œuvre, à s’offrir volontairement et librement en sacrifice d’agréable odeur et qui, de cette manière, confessera le nom de Très Haut en reconnaissant ainsi toute sa bonté.
« Quoniam ex omni tribulatione eripuisti me et super inimicos meos despexit oculus meus » « Car vous m’avez délivré de toute affliction, et mon œil a regardé mes ennemis avec aussrance »
Le psalmiste termine sa prière en faisant une claire allusion au triomphe totale du Christ dans sa Résurrection : « Vous m’avez délivré de toute affliction » Quelle plus grande affliction peut il y avoir, pour l’homme, que la mort. Il ne restera pas pour toujours dans le sépulcre. Mais en sortira glorieux dominant alors tous ses ennemis : « et mon œil a regardé mes ennemis avec assurance ».
Il est le vainqueur.
Gloire à Dieu au plus haut des cieux.