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Prier avec l’Eglise Les psaumes du Dimanche à Laudes: le Psaume 99

publié dans couvent saint-paul le 27 décembre 2018


Prier avec l’Eglise

 

Tome 2

 

Psaume du dimanche à  Laudes

Chapitre 2

2ème psaume

Psaume 99

Voilà un psaume  qui nous encourage à chanter la gloire de Dieu et qui nous en donne les raisons.  D’abord Dieu est créateur et à ce titre,  il doit être « loué » et « honoré ». C’est le culte que la créature doit à son créateur. Et ensuite parce qu’il est le Bon Berger et qu’il donne sa vie pour ses brebis. Le cœur a donc toute sa place dans  le service que l’on doit à Dieu. Les révélations de Sainte Marguerite Marie de Paray peuvent tout à fait conforter une volonté.

« Jubilate Deo omnis terra : servite Domino in laetitia » « Acclamez Dieu toute la terre ; servez le Seigneur avec joie »

« Jubilate », « servite » : ce sont des verbes à l’impératif. Ce sont des ordres, des commandements. Il faut « acclamer le Seigneur ». Il faut « le servir ». Saint Ignace dira à son retraitant que l’homme a été créé pour « louer, honorer, servir Dieu et par ce moyen sauver son âme ». C’est une nécessité. Toute créature doit louer, servir, honorer son Seigneur et Maître. Le Ciel nous en donne le meilleur des exemples. Souvenons-nous des très beaux passages de l’Apocalypse de saint Jean qui lève pour nous un peu du voile du ciel : «Et je vis, et voici qu’au milieu du trône et des quatre animaux, et au milieu des vieillards, un Agneau était debout : il semblait avoir été immolé ; il avait sept cornes et sept yeux, qui sont les sept Esprits de Dieu envoyés par toute la terre. Il vint, et reçut le livre de la main droite de Celui qui était assis sur le trône. Quand il eut reçu le livre, les quatre animaux et les vingt-quatre vieillards se prosternèrent devant l’Agneau, tenant chacun une harpe et des coupes d’or pleines de parfums, qui sont les prières des saints. Et ils chantaient un cantique nouveau, en disant :  » Vous êtes digne de recevoir le livre et d’en ouvrir les sceaux ; car vous avez été immolé et vous avez racheté pour Dieu, par votre sang, des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation ;et vous les avez faits rois et prêtres, et ils régneront sur la terre. « Puis je vis, et j’entendis autour du trône, autour des animaux et des vieillards, la voix d’une multitude d’anges, et leur nombre était des myriades et des milliers de milliers. Ils disaient d’une voix forte :  » L’Agneau qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la bénédiction. « Et toutes les créatures qui sont dans le ciel, sur la terre, sous la terre et dans la mer, et toutes les choses qui s’y trouvent, je les entendis qui disaient : «  A Celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau, louange, honneur, gloire et puissance dans les siècles des siècles ! « Et les quatre animaux disaient :  » Amen !  » Et les vieillards se prosternèrent et adorèrent [Celui qui vit aux siècles des siècles » (Apoc 5 6-16)

Que c’est beau !

La liturgie de la terre est bien l’écho de la liturgie céleste lorsqu’elle chante dans ce psaume 99 et particulièrement dans sa première strophe « Acclamez Dieu, toute la terre ; servez le Seigneur avec joie ».

C’est parce que la terre, tout comme le Ciel du reste,  est  créature de Dieu qu’elle doit à Dieu cette acclamation, ce service divin, cet honneur, en un mot ce « culte ». Comme le dit très bien saint Thomas,  la religion est dû à Dieu parce qu’il est le « principe indéfectible » de toute créature, mais aussi « la fin suprême » de toute chose. Et c’est à ces deux titres que Dieu exerce une seigneurie sur toute créature. Comme le dit encore saint Thomas, « la Seigneurie convient à Dieu d’une façon absolument propre à lui seul, à raison qu’il est l’auteur de tout » (II II 81 1) et la fin ultime de tout. « Partant on lui doit un service – saint Thomas utilise même le mot de « servitutis » –  très spécialement déterminé ». « Et ideo specialis ratio servitutis ei debetur ». Et c’est cette « servitude » qu’on appelle le culte de « latrie », dû à Dieu seul. C’est-à-dire qu’on va, par la religion, entourer Dieu d’un « honneur » particulier, « parce qu’il est le Principe premier de toutes choses » (II II 81 1 ad 4um).

Voilà pourquoi  les anges chantent au ciel ainsi que les élus, la gloire de Dieu et de son Fils Jésus-Christ. Ils ont compris parfaitement que Dieu est le principe de tout.

« Jubilate Deo omnis terra ; servite Domino in laetitia » « servez le Seigneur avec joie ». « Avec joie » parce qu’il est la raison de votre être et qu’il vous donne toute perfection, ce qui est la raison de la joie, nous l’avons dit plus haut (dans le tome 1). Le psalmiste insiste beaucoup sur la joie puisque dans la seconde strophe il dit : « Introite in conspectu eius in exultatione « «  « Entrez en sa présence avec allégresse ». « Exultatio » se traduit par « saut, bond transport de joie ». Vraiment Dieu doit être loué avec grande allégresse. Saint Paul le dit également. Il nous encourage à la joie, une joie débordante: « gaudete ! Iterum dico gaudete ».

« Scitote quoniam Dominus ipse est Deus ; ipse fecit nos et non ipsi nos »

« Sachez que c’est le Seigneur qui est Dieu ; c’est lui qui nous a fait, et non pas nous-même ».

Il est évident que dans cette strophe, le psalmiste affirme la raison de culte dû à Dieu. C’est ce  que nous venons de dire plus haut. C’est parce que Dieu est ce qu’il est, c’est-à-dire Seigneur et Maître qu’il a droit à un culte spécial. Qu’il doit être « honoré » « loué et servi ». Voilà ce qu’il faut bien comprendre. Ce service, cette louange ne sont pas affaire de sentiment mais de justice. Et ce monde tient captive la vérité dans son cœur en refusant de rendre à Dieu « tout honneur et toute gloire ». Saint Paul s’exprime ainsi dans son Epître aux Romains : «  En effet, la colère de Dieu éclate du haut du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes, qui, par leur injustice, retiennent la vérité captive ; car ce qui se peut connaître de Dieu, est manifeste parmi eux : Dieu le leur a manifesté. En effet ses perfections invisibles, son éternelle puissance et sa divinité sont, depuis la création du monde, rendues visibles à l’intelligence par le moyen de ses œuvres. Ils sont donc inexcusables, puisque, ayant connu Dieu, ils ne l’ont pas glorifié comme Dieu et ne lui ont pas rendu grâces ; mais ils sont devenus vains dans leurs pensées, et leur cœur sans intelligence s’est enveloppé de ténèbres. Se vantant d’être sages, ils sont devenus fous ; et ils ont échangé la majesté du Dieu incorruptible pour des images représentant l’homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles.(Rm 1 18-23)

« Sachez que c’est le Seigneur qui est Dieu ; c’est lui qui nous a fait, et non pas nous-même ».

Dieu est Dieu. C’est lui la cause première de tout. En conséquence c’est « lui qui nous a fait et pas nous-même ». On comprend la réflexion du psalmiste. L’homme oublieux de Dieu, se croit Dieu, se fait Dieu. Jean Paul II nous faisait la même réflexion dans son Exhortation Apostolique sur l’Europe, « Ecclesia in Europa ». En cette Europe, Il constatait son athéisme ; son oubli de Dieu et en tirait les conséquences. C’est dans son paragraphe : « L’obscurcissement de l’espérance » :

« Le temps que nous vivons, avec les défis qui lui sont propres, apparaît comme une époque d’égarement. Beaucoup d’hommes et de femmes semblent désorientés, incertains, sans espérance, et de nombreux chrétiens partagent ces états d’âme. Nombreux sont les signes préoccupants qui, au début du troisième millénaire, troublent l’horizon du continent européen, lequel, « tout en étant riche d’immenses signes de foi et de témoignage, et dans le cadre d’une vie commune certainement plus libre et plus unie, ressent toute l’usure que l’histoire ancienne et récente a provoquée dans les fibres les plus profondes de ses populations, entraînant souvent la déception ».

Parmi les nombreux aspects, …je voudrais mentionner la perte de la mémoire et de l’héritage chrétiens, accompagnée d’une sorte d’agnosticisme pratique et d’indifférentisme religieux, qui fait que beaucoup d’Européens donnent l’impression de vivre sans terreau spirituel et comme des héritiers qui ont dilapidé le patrimoine qui leur a été légué par l’histoire…. Certes, les prestigieux symboles de la présence chrétienne ne manquent pas dans le continent européen, mais avec l’expansion lente et progressive de la sécularisation, ils risquent de devenir un pur vestige du passé. Beaucoup n’arrivent plus à intégrer le message évangélique dans l’expérience quotidienne ; il est de plus en plus difficile de vivre la foi en Jésus dans un contexte social et culturel où le projet chrétien de vie est continuellement mis au défi et menacé ; dans de nombreux milieux de vie, il est plus facile de se dire athée que croyant ; on a l’impression que la non-croyance va de soi tandis que la croyance a besoin d’une légitimation sociale qui n’est ni évidente ni escomptée.

…. À la racine de la perte de l’espérance se trouve la tentative de faire prévaloir une anthropologie sans Dieu et sans le Christ. Cette manière de penser a conduit à considérer l’homme comme « le centre absolu de la réalité, lui faisant occuper faussement la place de Dieu. On oublie alors que ce n’est pas l’homme qui fait Dieu, mais Dieu qui fait l’homme. L’oubli de Dieu a conduit à l’abandon de l’homme », et c’est pourquoi, « dans ce contexte, il n’est pas surprenant que se soient largement développés le nihilisme en philosophie, le relativisme en gnoséologie et en morale, et le pragmatisme, voire un hédonisme cynique, dans la manière d’aborder la vie quotidienne ». La culture européenne donne l’impression d’une « apostasie silencieuse » de la part de l’homme comblé qui vit comme si Dieu n’existait pas.

… Nous sommes là devant l’apparition d’une nouvelle culture, pour une large part influencée par les médias, dont les caractéristiques et le contenu sont souvent contraires à l’Évangile et à la dignité de la personne humaine. De cette culture fait partie aussi un agnosticisme religieux toujours plus répandu, lié à un relativisme moral et juridique plus profond, qui prend racine dans la perte de la vérité de l’homme comme fondement des droits inaliénables de chacun. Les signes de la disparition de l’espérance se manifestent parfois à travers des formes préoccupantes de ce que l’on peut appeler une « culture de mort ».

Le psalmiste disait bien justement : « Sachez que c’est le Seigneur qui est Dieu ; c’est lui qui nous a fait et non pas nous même »

Oh ! Que tout cela est à méditer. Mais nous l’avons vu plus haut (T I) : les psaumes doivent être l’objet de la méditation des moines et des prêtres et des laïques.

« Populus eius, et oves eius : introite portas eius in confessione, atria eius in hymnis confitemini illi »

« Nous sommes son peuple et les brebis de son pâturage. Franchissez ses portes avec des louanges, ses parvis en chantant des hymnes ; célébrez le ».

Le psalmiste veut ici, dans cette strophe manifestement exprimer la deuxième raison de louer, servir, honorer le Dieu de Majesté. Il est certes un Dieu de Gloire. Mais aussi il est un Dieu de bonté, de suavité, de miséricorde. C’est l’objet aussi de la dernière strophe, merveilleuse :

« laudate nomen eius: quoniam suavis est Dominus, in aeternum misericordia eius, et usque in generationem et generationem veritas eius”

“Louez son nom, car le Seigneur est suave et sa miséricorde est éternelle et sa vérité demeure de génération en génération ».

Voilà, vous dit le psalmiste, autant de raisons de louer le Seigneur.

C’est ce que NSJC lui-même laissait entendre dans l’Evangile de saint Jean lorsqu’il se présentait comme le Bon Berger qui donne sa vie pour ses brebis. Nous sommes son peuple. Certes. Mais aussi nous sommes, par notre foi et notre baptême, de son pâturage, de ses brebis, objet de sa miséricorde. Et comme toute brebis, nous avons sentis, ressentis sa suavité, sa bonté. Relisons le texte de saint Jean, ce sera le plus beau commentaire de ces deux ultimes strophes de ce psaume :

« En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui n’entre point par la porte dans la bergerie, mais qui y monte par ailleurs, est un voleur et un brigand. Mais celui qui entre par la porte est le pasteur des brebis. C’est à lui que le portier ouvre, et les brebis entendent sa voix ; il appelle par leur nom ses brebis, et il les mène aux pâturages. Quand il a fait sortir toutes ses brebis, il marche devant elles, et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix. Elles ne suivront point un étranger, mais elles le fuiront, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers.  »
« Jésus leur dit cette allégorie ; mais ils ne comprirent pas de quoi il leur parlait.
« Jésus donc leur dit encore :  » En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis. Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands ; mais les brebis ne les ont point écoutés. Je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera, et il sortira, et il trouvera des pâturages. Le voleur ne vient que pour dérober, égorger et détruire ; moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, et qu’elles soient dans l’abondance. Je suis le bon pasteur. Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. Mais le mercenaire, qui n’est pas le pasteur, et à qui les brebis n’appartiennent pas, voit venir le loup, laisse là les brebis et prend la fuite ; et le loup les ravit et les disperse. Le mercenaire s’enfuit, parce qu’il est mercenaire et qu’il n’a nul souci des brebis. Je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme mon Père me connaît, et que je connais mon Père, et je donne ma vie pour mes brebis. J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie ; il faut aussi que je les amène, et elles entendront ma voix, et il y aura une seule bergerie, un seul pasteur. C’est pour cela que mon Père m’aime, parce que je donne ma vie pour la reprendre. Personne ne me la ravit, mais je la donne de moi-même ; j’ai le pouvoir de la donner, et le pouvoir de la reprendre : tel est l’ordre que j’ai reçu de mon Père. » (Jn 10 1-18)

Il est le Bon Pasteur. Il est bon. Il est doux, miséricordieux comme tout Bon Pasteur. Comment ne le suivrions-nous pas, ne l’honorerions-nous pas, n’entendrions-nous pas son langage ? C’est même avec plus de raison que nous devons le louer en tant que Bon Pasteur, plus même  que Créateur de toute chose. Ce n’est pas sa puissance qu’il fait sentir mais bien sa douceur, sa bonté, sa suavité pour l’aimer et le servir en retour.

Je pense à cet instant au message du sacré Cœur à Sainte Marguerite Marie Alacoque. Jésus se plaint de n’être pas aimé les hommes alors qu’il les a tant aimés dans sa Passion. Il se plaint de ne pas recevoir des cœurs humains un peu d’amour en retour de tant d’amour. « Avoir tant aimé et être si peu aimé ». Le culte que nous lui devons est un culte du cœur, un culte de charité, un culte d’amour, et de reconnaissance et pas seulement d’intelligence.

Parmi les nombreuses apparitions et locutions faites par Notre Seigneur à la sainte de Paray, souvenons-nous de la deuxième apparition. « la deuxième apparition se produisit l’un de ces premiers vendredis du mois, devant le saint sacrement exposé : « Après nous dit-elle, m’être sentie retirée tout au dedans de moi-même par un recueillement extraordinaire de tous mes sens et puissances, Jésus-Christ mon doux Maître, se présenta à moi, tout éclatant de gloire avec ses cinq plaies, brillantes comme cinq soleils et de cette sacré Humanité sortaient des flammes de toute part, mais surtout de son adorable poitrine qui ressemblait à une fournaise ; et s’étant ouverte, me découvrit son tout aimant et toute aimable cœur qui était la vive source de ces flammes. Ce fut alors qu’il me découvrit les merveilles inexplicables de son pur amour et jusqu’à quel excès il l’avait porté d’aimer les hommes, dont il ne recevait que des ingratitudes et méconnaissances, ce qui m’est beaucoup plus sensible, me dit-il, que tout ce que j’ai souffert en ma passion ; d’autant que s’ils me rendaient quelque retour d’amour, j’estimerais peu tout ce que j’ai fait pour eux, et voudrais, s’il se pouvait, en faire encore davantage ; mais ils n’ont que des froideurs et du rebut pour tous mes empressements à leur faire du bien. Mais du moins, donne-moi ce plaisir de suppléer à leurs ingratitudes autant que tu en pourras être capable »  (les faits Mystiques de Paray.  jean Ladame.  Ed Résiac. p. 77)

 

« Nous sommes son peuple et les brebis de son pâturage. Franchissez ses portes avec des louanges, ses parvis en chantant des hymnes ; célébrez le ». « Louez son nom, car le Seigneur est suave et sa miséricorde est éternelle et sa vérité demeure de génération en génération ». (Ps 99)

 

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