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Le procès de Jésus-Christ

publié dans la doctrine catholique le 1 avril 2020


Le procès de Jésus-Christ

 En ce temps de la Passion, voilà une bonne lecture

Nous voulons raconter, l’Evangile à la main, et discuter à la lumière de l’histoire, cet inique procès que le Sanhédrin intenta au Christ et qui aboutit au déicide.

Il y aura trois parties :

-Les juges de Jésus-Christ.

-Le jugement de Jésus-Christ

-Critiques du jugement de Jésus-Christ.

Première partie : Les juges de Jésus-Christ.

Chapitre 1 Les juges, membres du Sanhédrin

Les juges qui condamnèrent le Christ à la mort, et firent ratifier par Pilate leur inique sentence, appartenaient au Sanhédrin de Jérusalem.

Qu’est-ce donc que le Sanhédrin ?

Etymologiquement, ce nom est d’origine grecque. Il désignait chez les Juifs « le grand conseil » ou le tribunal suprême de la nation qui fut créé à Jérusalem après l’exil de Babylone (Cf Lemann, Valeur de l’Assemblée, p. 3)

Les sanhédrites tenaient ordinairement séance dans une salle du Temple, construite en pierres taillées et appelée pour cette raison lischkath-hagazith. Quand les sanhédrites se réunissaient au grand complet, ils ne devaient pas être moins de soixante-et-onze, y compris le président.

Ces soixante et onze membres formaient trois chambres ou classes ; la classe des grands prêtres, la classe des anciens ; la classe des scribes ou docteurs de la loi. Tous ses détails nous sont donnés par le Nouveau Testament.

En principe chacune des chambres du Sanhédrin comptait vingt-trois membres. Leur nombre ne furent pas toujours égal. Elles ne l’étaient pas au siècle de Jésus-Christ. A cette époque, les prêtres formaient avec les scribes la majorité du Sanhédrin. C’est donc le parti sacerdotal qui eut la grande responsabilité dans le procès de Christ.

  • 1 Anne, l’ex-grand prêtre.

C’est le grand prêtre Anne qui fut l’acteur principal du drame du Christ, l’auteur véritable du meurtre religieux et juridique du Christ. . Caïphe, les scribes et le peuple ne furent en effet que des instruments dociles entre ses mains. Il fut élevé dans les doctrines des saducéens. Esprit vif, ambitieux et retors, il parvint à se faire de bonne heure une réputation rare d’habileté. Il était riche et habile en affaires. Il lui fut donc aisé de s’attirer par des dons magnifiques la faveur du gouverneur, même celle du grand-prêtre Josué qu’il cultivait assidument.

Anne avait 37 ans lorsqu’il fut nommé « grand prêtre » ; C’était une affaire d’intrigues et d’argent. On donnait la tiare à qui offrait le plus. Aussi on pense qu’Anne  ne fut « oint » sans user de quelques manœuvres auprès de Sulpicius Quirinius, alors gouverneur de Syrie et de Judée pour briguer les honneurs du suprême sacerdoce.

Nommé vers l’an 6 après Jésus-Christ, il conserva ses hautes fonctions pendant près de dix années, jusqu’à l’an 15.  Il fut destitué mais sut garder son titre et surtout son influence et sa considération. C’est lui qui sut faire nommer Caïphe à cette charge du haut pontificat. Donc c’est Caïphe qui fut pendant les années du Christ, le grand prêtre. Mais Anne, malgré qu’il ne fût plus grand prêtre,  jouissait d’une grande influence dans les affaires du pays, d’autant que Caïphe était son gendre.

Aux jours de la Passion, Anne était donc sans conteste le personnage le plus en vue et le plus puissant. Tous le regardait comme le véritable chef du parti sacerdotal ; Caïphe ne faisait rien sans lui à ce point qu’on associait leurs noms, et même celui d’Anne venait le premier : témoin Lc 3 2.

Anne avait le vrai pouvoir, une influence extraordinaire sur les affaires religieuses et civiles du pays (Lemann op. cit. p. 24) Il touchait de très près au souverain pontificat par son gendre.  On nous le décrit comme : « altier, fourbe, audacieux, cruel et sceptique comme tous les saducéens de spn partie.

  • 2 Caïphe, le grand prêtre de cette année-là.

C’est en ces termes que saint Jean introduit sur la scène ce triste personnage, le gendre d’Anne l’ex grand prêtre : « Caïphas qui erat pontifex anni illius » (Jn 18 13). Il était très probablement saducéen, comme son beau-père et comme la plupart des prêtres et des aristocrates  de ce temps.

Il fut nommé grand prêtre en l’an 18 de notre ère. C’est le procurateur Valerius Gratus qui lui valut cet honneur. Lorsque Jean Baptiste commença son apostolat sur les bords du Jourdain, vers l’an 28, Caïphe était donc en fonction depuis une dizaine d’années déjà. (Lc 3 1-3). A noter que saint Luc, en signalant cette coïncidence, associe Anne à  Caïphe : « sub principibus sacerdotum Anna et Caïpha » (Lc 3 163) pour marquer sans doute que le gendre d’Anne ne fut jamais qu’un « instrument docile » aux mains de son beau-père. Et n’exerça que par lui l’influence. C’était un homme de peu de science, violent, brutal, hautain,, infatué de sa personne. Son attitude, suite à la résurrection de Lazare, le montrerai plutôt clément : Jn 11 50.

Caïphe fut vis-à-vis de Rome d’un servilisme parfait.. Chaque fois que Pilate, le lieutenant de César en Judée porta atteinte aux droits et à la religion des Juifs, le lâche Caïphe n’osa jamais protester.

Le Nouveau testament parle quatre ou cinq fois de lui. Où il joua un  rôle plus important, ce fut au moment de la Passion. C’est lui qui présida l’interrogatoire de nuit où Jésus-Christ fut condamné (M t26 57-66 ; Mc 14 55-64). Nous le retrouvons après l’Ascension à la tête du Sanhédrin, quand Pierre et Jean y comparurent (Act 4 6) ; cette fois encore, il était  accosté d’Anne, son beau-père. Dans une mémorable circonstance, Caïphe prononça une parole  prophétique. Le sanhédrin s’étant assemblé à l’instigation des pharisiens délibérait sur ce qu’il fallait faire de Jésus : « Vous n’y entendez rien, dit Caïphe, en plein conseil, vous ne considérez donc pas qu’il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple et que toute la nation ne périsse pas » (Jn 11 49-52). Saint Jean ajoute que cette déclaration était une prophétie, Caïphe ayant alors parlé comme grand-prêtre, comme représentant officiel de Dieu. Mais le gendre d’Anne comprit-il seulement la portée de ses paroles ? C’est peu probable.

Ce grand prêtre fut déposé en l’an 36. Il eut pour successeur un des fils d’Anne. Caïphe s’est rendu impopulaire à Jérusalem. . Nous ignorons comment il finit.

  • 3 Les prêtres.

Les Actes des Apôtres mentionnent plusieurs prêtres qui siégèrent certainement parmi les juges du Sauveur. Un d’eux s’appelait Jean (Act 4 6) ; c’est tout ce que nous savons de lui. . Un autre se nommait Alexandre (Act 4 6). Il faisait parti du Sanhedrin qui jugea Jean et Pierre arrêtés à Jérusalem, le jour de la Pentecôte. Un troisième dont parle les Actes (Act23 2-6 ; Act 24 1) se nommait Ananie. Elevé au Pontificat en l’an 49, il y fut maintenu jusqu’à l’an 53. Cet Ananie assistait au conseil que le tribun Lysias réunit pour examiner le cas de saint Paul, qu’on venait d’arrêter dans une émeute au Temple. Plus tard le même Ananie se porta comme accusateur de l’Apôtre au tribunal du procurateur Félix, à Césarée. Détesté des Juifs, il mourut assassiné. Les Actes parlent encore d’un prêtre nommé Sceva (Act 19 14) qui se trouve parmi les juges de NSJC.

Voilà ceux nommés par les Actes. Il y en avait d’autres encore.

  • 5 Les Scribes

Les scribes formaient la seconde chambre du Sanhédrin. C’étaient les sages du Temple et du pays. On les appelait aussi « docteurs de la Loi ». A l’époque de Jésus, ils commentaient la loi et en expliquaient les passages difficiles. C’est précisément en qualité de juristes qu’ils assistaient aux séances du sanhédrin.

L’autorité des scribes était grande. . Ils étaient des orgueilleux. Souvent le Seigneur dénonça leur faste ridicule : Mt 23 6-7. Ils étaient 23 présents au jugement de NSJC. Ils étaient d’ardents sectateurs du judaïsme. Le plus connu d’entre eux étai Gamaliel. Et son fils Simon. Gamaliel fut le maître de saint Paul, de Barnabé et de saint Etienne. Esprit droit et équitable, on sait qu’il finit par embrasser la foi chrétienne. Il mourut avant l’an 70.

  • 6 Les Anciens.
    La troisième chambre du Sanhédrin se composait des Anciens. C’étaient des personnes considérés et influents. Ils devaient ce crédit soit à leur richesse, soit à leur haute naissance. N’oublions point Joseph d’Arimatie et Nicodème L’évangile dit du premier qu’il « était un noble et riche décurion…bon et juste» (Mt 27 57 ; Marc 15 43 ; Lc 23 50).  Saint Jean et saint Matthieu affirment même qu’il avait embrassé, quoi qu’en secret, les doctrines de Jésus.  (Jn 19 38 Mt 27 57). Aussi ne voulait-il point tremper dans l’affreux crime du déicide ; il évita d’être complice de ses collègues du Sanhédrin qui condamnèrent Jésus-Christ.  Nicodème suivit son exemple. Lui aussi était un disciple caché de NSJC  (Jn 3 1-10). Le soir du vendredi saint, il apporta cent livres d’aromates, de myrrhe et d’aloès, pour embaumer le corps de Jésus. La profession qu’il fit plus tard du christianisme lui attira une excommunication officielle de la Synagogue.

 

Chapitre 2 : Les juges  étrangers.

La sentence de mort portée contre Jésus par l’autorité religieuse, représenté par le Sanhedrin, dut être ratifiée par l’autorité civile, qui se trouvait alors aux mains du procureur Ponce-Pilate. Le tétrarque de Galilée, Hérode Antipas, de séjour à Jérusalem au moment de la Passion du Christ, vit aussi le Sauveur paraître à sa barre. Or Hérode et Pilate étaient des étrangers comme chacun sait.

  • 1 Pilate.

Sa famille, la gens « Pontia » était une noble famille romaine. Ce Pontieus sut vite conquérir les bonnes grâces impériales. Il s’insinua à la cour d’Auguste et de Tibère, épousa même une des parentes de César, Claudia Procla et se fit nommer à la charge très importante de procurateur de la Judée. Pilate resta dix ans au pouvoir. (de l’an 26 à 36). Rome l’investit d’une autorité très grande. C’était une sorte de vice-Roi, commandant les forces militaires, juge suprême dans les causes capitales, en même temps qu’administrateur des biens du fisc. Il avait la juridiction et l’imperium merum.

Mais les Juifs le détestaient. Il le méritait bien. Un jour, il s’avisa de consacrer l’argent du trésor du Temple à la construction d’un aqueduc. Irrités, les juifs se soulevèrent et le procurateur mit le comble à sa maladresse en se montrant alors fourbe et cruel. Il envoya des soldats romains déguisés en juifs pour massacrer les insurgés ! Une autre fois il fit porter nuitamment dans Jérusalem les enseignes romaines à l’effigie de César. La nation tout entière en fut indignée, car elle vit dans cette bravade un outrage à la loi et à ses sentiments religieux.

Hautain par tempérament, Pilate ne laissait pas d’être faible, pusillanime, irrésolu. Sa grande peur était de perdre la confiance de Tibère ou du légal de Syrie. Les juifs n’en n’ignoraient pas ; ce fut même cet épouvantail qu’ils exploitèrent en guise d’argument pour lui arracher une sentence de mort contre Jésus. (Jn 19 12). Ils savaient même que pour vaincre la résistance de Pilate, il suffisait d’insister ; cet esprit faible céder toujours. ; de là l’entêtement avec lequel ils s’obstinèrent à demander que Jésus fut crucifié.

Une dernière maladresse compromit tout à fait la carrière de Pilate. Des samaritains ayant voulu se réunir sur le mont Garizim, le cruel procurateur envoya une cohorte de soldats avec l’ordre de les massacrer. Ce fut l’occasion d’un soulèvement général. Le légat de Syrie s’en émut. Il destitua Pilate aussitôt et le fit conduire à Rome, à la barre de l’Empereur. Galigula avait succédé à Tibère. Le nouveau empereur l’exila en Gaule.

La responsabilité de déicide pèse sur sa mémoire comme un sanglant anathème et une éternelle honte.

  • 2 Hérode.

A la mort d’Hérode son père, il eut en héritage la Galilée et la Pérée ? Marc lui donne le tire de « Bazileus », mais l’évangéliste prend ce mot dans le sens populiare de « prince ». En réalité il n’était que « tétrarque ».

Il avait épousé la fille d’Arétras IV roi des Nabatéens de Petra. Mais il se sépara d’elle pour s’unir à la trop fameuse Hérodiade,  femme de Philippe son frère. Adultère criant que Jean Baptiste lui reprocha vivement dans une mémorable circonstance. (Marc 6 14-30)

C’est assez dire combien Antipas était dépravé. Il aimait le luxe à l’excès. La fantaisie l’ayant pris un jour d’avoir une superbe capitale, il bâtit sur la rive occidentale du lace de Génésareth une somptueuse cité qu’il nomma Tibériade pour plaire au César du temps.

Antipas était honnis des Juifs ; la vilénie de son caractère, ambitieux et rusé, les maladresses de son gouvernement, tout le leur rendait antipathique. Il avait tout du parvenu, l’orgueil fastueux et méprisant, la prudence cauteleuse et poltronne, la sensualité insatiable et cruelle. Jésus l’a qualifié d’un mot en le comparant au « renard » (Lc 13 32), type d’hypocrisie et de lâche méchanceté. Il était très friand de prodiges auxquels pourtant il ne croyait pas du tout. Ce sceptique eut l’audace d’en demander un au Christ qui ne daigna même pas lui répondre. (Lc 23 8-9)

Conformément à la Loi juive, le Tétraque de Galilée se rendait aux grandes fêtes à Jérusalem. Forcement il y rencontrait Pilate. Mais à l’époque qui nous occupe leurs rapports étaient très tendus (Lc 23 12). On sait qu’ils se réconcilièrent lors de procès de Jésus.

Tels furent les juges devant qui Jésus comparut.

 

Deuxième partie

Le jugement de Jésus-Christ.

Le Sauveur ne subit pas moins de 6 interrogatoires ; deux pendant la nuit du jeudi et quatre dans la matinée du vendredi.

Chapitre ier : Les interrogatoires de nuit.

On sait que le Seigneur fut arrêté le jeudi soir au Jardin de Gethsémani. Il pouvait être à peu près Onze heures. Les satellites du Sanhédrin le ramenèrent promptement de Gethsémani sur le mont Sion, dans la demeure d’Anne, l’ex-grand prêtre.

  • 1 Chez Anne.

Il était environ minuit quand Jésus franchit le seuil de la maison d’Anne. Saint Jean est le seul évangéliste qui mentionne le premier interrogatoire (Jn 18 13-24). A bien prendre, il ne s’agirait encore que d’une audience préliminaire. Ne fallait-il pas gagner du temps pour permettre aux membres du sanhédrin dispersés dans la ville de se réunir cher Caïphe ? On espérait aussi que Jésus laisserait échapper quelques paroles compromettantes qui motiveraient sa condamnation.

Voici donc Jésus devant l’ex-grand prêtre. Tout autour se tiennent les soudards du Sanhédrin et les valets du Pontife ; ils ne quittèrent pas des yeux leur prisonnier. A la lumière vacillantes des torches on pouvait déjà les voir s’apprêtant déjà à ricaner ; dans l’atrium, Jean l’apôtre s’est introduit, voulant suivre son maître jusqu’au bout. Timidement Simon Pierre l’a rejoint ; tous deux se chauffent au brasier dans la cour. C’est à ce moment, cher Anne que Pierre du renier son Maître pour la première fois : Jn 18 16-17

Alors Anne interrogea Jésus. Ses questions portèrent sur deux points : quelles étaient les partisans du Galliléens ? Quelles étaient ses doctrines (Jn 18 19) ; Questions perfides assurément ; aussi le rusé grand-prêtre se flattait-il de surprendre dans les réponse du Christ un mot ou deux qui révéleraient le « novateur », « séditieux », le « faux prophète » ; car en fait, c’est là qu’il fallait en venir.

Jésus déjoua la manœuvre en déclarant qu’il n’avait pas à s’expliquer, qu’il avait agi et parlé publiquement, jamais en secret ; qu’on pouvait interroger ceux qui l’avaient vu et entendu ; qu’en ayant rien caché il n’avait rien à révéler. Cette attitude si digne fut jugé outrageante. Pour faire du zèle, un valet s’approcha et souffleta Jésus. Celui-ci se contenta de répondre par un dilemme auquel personne ne trouva rien à redire : « si mon langage est répréhensible, montre en quoi j’ai failli ; s’il ne l’est pas pourquoi me frappez-vous ». Ce fut tout.

Anne ne prononça point de condamnation ; ce qui prouve bien que l’audience n’était pas juridique, mais seulement préliminaire. D’ailleurs on sait que d’après l’usage une sentence capitale ne pouvait être portée que le lendemain de la comparution de l’accusé. Dans l’espèce, il devenait impossible de remplir cette formalité, car le temps pressait (Mc 14 2)

  • 2 Chef Caïphe, devant le sanhédrin réuni.

Un peu avant le premier chant du coq, i.e. vers deux heures après minuit, s’ouvrit le second interrogatoire du Sauveur. Il ne fallut guère moins d’une heure et demie à deux heures pour réunir cher le grand prêtre presque tout le sanhédrin (il en manquait très probablement quelques-uns tels Joseph d’Arimathie et Nicodème) et pour rassembler les témoins.

Cette fois, c’est bien le procès ecclésiastique et religieux qui allait s’instruire, comme plus tard, le lendemain s’instruisit chez Pilate le procès civil et politique.

Mais la procédure contre le Christ ne fut régulière qu’en apparence ; on voulait le condamner et non instruire sa   cause. C’était affaire arrangée ; rien de plus évident.

On amena donc Jésus du tribunal d’Anne au  tribunal du grand prêtre « de cette année-là ». La distance n’était pas considérable ; peut-être Caïphe et son beau Père habitaient-ils les deux ailes d’un palais commun sur Sion ; (Fouard la vie de Jésus t 2 p. 301 note 1)

Régulièrement on devait procéder avec méthode. Il eut donc fallu produire l’accusation d’abord, interroger l’accusé ensuite, ainsi que les témoins à charge et à décharge qui étaient à entendre séparément ; recueillir enfin les voix, et prononcer la sentence. Mais en réalité tout se passa sans ordre et dans le plus grand tumulte. Pour Caïphe et le sanhédrin, il importait peu. On se contenta d’un simulacre de procès, nécessaire à cause de l’opinion.

Bien qu’il fût sûr de son conseil, Caïphe sut conduire son affaire avec un infernale habileté. Des témoins furent subornés pour compromettre d’abord Jésus aux yeux des prêtres du Sanhédrin, lesquels appartenaient presque tous à la secte des saducéens. Or pour les saducéens, le temple et les cérémonies étaient choses absolument intangibles. C’est assez dire combien toute parole attentatoire à la dignité et surtout à l’existence du sanctuaire devait les exaspérer. Précisément les témoins arguèrent de ce grief contre Jésus : « Cet homme-là, s’écrièrent-ils, a dit : je puis détruire le Temple de Dieu et le reconstruire en trois jours » (Mt 26 61 ; Mc14 58). Pourtant ils ne s’accordèrent pas absolument entre eux. Des divergences se produisirent entre eux dans leurs dépositions. L’affaire devenait de ce chef très embarrassante. Que faire ?

Caïphe ne se déconcerta pas. Brusquement il posa la question à Jésus, laquelle devait appeler une réponse de nature à tout emporter : « Au nom du Dieu vivant, s’écria-t-il, je t’adjure de nous dire si tu es le Christ, le Fils de dieu. Et jésus qui s’était tu jusque-là, de répondre : tu l’as dit : je le suis » (Mt 26 63-64 Mc 14 61-62). Alors le Pontife et toute l’assemblée vociférèrent en tumulte : « il a blasphémé ! Il a blasphémé ! A quoi bon maintenant des témoins ? » Le galiléen fut condamné sur l’heure, car, d’après la Loi, le blasphème était puni de mort (Levit 24 10-16). Séance tenante, Caïphe déchira ses vêtements jusqu’à la ceinture ; -c’était une manière de protester prescrite quand on entendait blasphémer – et dans tout le sanhédrin, il n’y eut qu’une voix :  reus est mortis.

Ces débats se prolongèrent fort longtemps. St Matthieu et saint Marc, du moins nous permettent de le supposer. Ouverte à deux heures après minuit, cette séance ne dut se terminer guère avant 4 heures.  Mc 15 1 (Depuis ce moment jusqu’à l’aube, le Seigneur fut livré aux mains d’une vile soldatesque qui l’accabla d’injures et de coups.

 

Chapitre 2 : Les interrogatoires de la matinée du vendredi.

Pendant cette douloureuse matinée, le Seigneur subit quatre interrogatoires :

-un premier devant le Sanhédrin réuni de nouveau : Mt 27 1 ; Mc 15 1 Lc 22 66-71)

-un second (le premier devant Pilate) Mt 27 2 11-14)

-un troisième devant Hérode Lc 23 7-12)

-un quatrième (le dernier) devant Pilate Mt 27 15-17 Jn 18 39 ; 19 1-16)

  • 1 Premier interrogatoire devant le Sanhédrin

Au petit jour, dès avant cinq heures du matin probablement, le sanhédrin s’assembla de nouveau sous la présidence de Caïphe pour ratifier la sentence de la nuit. Il fallait éviter que l’on puisse invoquer un vice de forme rendant la sentence nulle. Mais surtout pour le sanhédrin il eut été bien aise de se procurer un nouvel aveu du condamné, une preuve plus péremptoire de son prétendu blasphème, et de donner alors toute la solennité possible à sa condamnation. Voilà pourquoi le Conseil se réunit au grand complet : Mt27 1.

Beaucoup pensent que cette réunion se fit dans la salle officielle du Sanhédrin, appelé salle de Gazith (On le déduit avec assez de vraisemblance des termes de saint Lc : 22 66. Les juifs auraient évité ainsi une irrégularité dans les formalités de la procédure.

Il semble qu’on délibéra d’abord avant  d’introduire l’accusé. Ces délibérations purent se prolonger pendant une demi-heure. Sur quoi roulèrent –elles ? Vraisemblablement sur les moyens à prendre à prendre pour que la sentence de mort fut exécutée par l’autorité civile. Or l’on crut qu’une condamnation contre Jésus « faux messie » serait le meilleur prétexte à présenter au procurateur romain ; car tout « faux Messie «  devait être un séditieux, un rebelle, un fauteur de troubles, voire même un prétendant à la couronne de Judée.

Après ces délibérations, on fit monter Jésus. Il n’était pas encore 6 heures

Immédiatement on posa cette question à l’accusé : « si tu es le Christ (i.e. le Messie) dis-le nous. Et le Seigneur, sentant bien qu’il fallait en finir tout de suite avec ses hypocrites, non seulement laissa entendre qu’il était véritablement le « Messie » – c’était un premier grief – mais il insinua qu’il était le « Fils de Dieu ». Alors un indestructible tumulte se produisit. « Toi, tu es le Fils de Dieu » cria-t-on  de toute part. Cette déclaration constituait un second grief, le principal au point de vue juif, et il entrainait la peine capitale. A l’unanimité cette peine fut donc prononcée (Lc 22 66-71)

  • 2 Première comparution devant Pilate.

Entre six heures et demi et sept heure, le Christ dut prendre le chemin du prétoire.

Du palais de Caïphe à celui de Pilate, près de la tour d’Antonia, à l’angle nord-ouest du Temple, la distance n’était pas considérable. Si l’on suppose que Jésus partit de la salle de Gazith, le trajet fut encore plus court. L’interrogatoire devant le Procurateur commença vraisemblablement vers les 7 heures.

C’était bien  un peu tôt. Pilate en manifesta son mécontentement. On le sent à la brusquerie de ses interrogations. Une chose l’ennuyait encore, il prévoyait la difficulté de cette affaire.. Enfin le Romain se résigna, quoique d’assez mauvaise  grâce. Il s’enferma dans son prétoire avec le prévenu. La foule demeura dehors, et n’entra point, afin d’éviter une souillure légale la veille même de Pâque. Voyant que l’accusé gardait le silence, et ne sachant pas au juste de quoi il s’agissait, Pilate sortit vivement et s’adressa à la foule : « Qu’avez-vous donc à lui reprocher », s’écria-t-il. Les Juifs eurent le front de demander que le procurateur confirmât leur sentence sans examen : « « Mais, répondirent-ils, si cet homme n’était pas un malfaiteur, nous ne te l’aurions pas livré ». Habile manœuvre d’une part ils auraient voulu conserver le plus possible leur séculaire autonomie en demeurant les seuls juges de l’affaire, et en laissant à Pilate le rôle de bourreau ; de l’autre ils craignaient un insuccès en produisant des griefs dont ils ne se dissimulaient pas l’inanité. Mais Pilate les comprit : « Très bien, puisque vous avez jugé seuls, punissez donc seules aussi votre homme ; emmenez-le et infligez lui telle peine que vos lois vous permettent. Ainsi le procurateur jouait au fin et se débarrassait d’un mauvais cas ; la tactique n’était pas inhabile.

L’ironie et le procédé du rusé magistrat ne faisaient pourtant pas le compte des juifs. Il leur fallait négocier autrement. « Mais nous ne pouvons mettre à mort personne », se récrièrent-ils. Hélas s’était l’aveu public de leur déchéance nationale. Ils s’y résignèrent pour la circonstance. Quelle suprême humiliation !

Après cela ils abordèrent des griefs politiques. S’être montré « séditieux », « rebelle », s’être déclaré le Messie, i.e. roi ou prétendant à la royauté, tels étaient à les entendre les grands forfaits de Jésus Lc 23 2

Calomnie et mensonges que tout cela ! Mt 22 21

Il parait bien que Pilate s’en défia, car étant rentré dans son prétoire, il interrogea Jésus pour savoir ce qu’il en était. Son langage trahit même l’irritation d’un homme froissé de jouer un rôle de dupe : « suis-je donc juif, moi » ? s’écria le procurateur avec vivacité. On t’a conduit à ma barre ; qu’as-tu fait ? Oui ou non, es-tu roi ? «  Pilate ne comprit rien ou affecta de ne rien comprendre aux réponses de Jésus. Il crut avoir affaire à u n illusionné. Alors revenant vers les Juifs : « Pour moi je ne trouve aucun crime en lui » (Jn 18 38).

Il allait le renvoyé absous, quand tout à coup l’idée lui vint d’user d’un  expédient : traduire Jésus devant le tétrarque de Galilée

  • 3 A la barre d’Hérode Antipas.

Renvoyer Jésus le Galiléen à Hérode Antipas, c’était naturel, puisque Antipas administrait la Galilée ; c’était aussi de la part du procurateur une habile tactique : il se débarrassait par là d’une affaire qui l’ennuyait fort ; puis il faisait une avance pour se réconcilier avec le tétrarque, son jaloux voisin. La cause de leur rupture avait été  probablement un conflit d’autorité ; il sembla à Pilate qu’il ramènerait le prince en lui concédant pour l’heure un simulacre de juridiction à Jérusalem

Devant Hérode le sauveur fut interrogé, accusé, insulté. Le tétrarque le harcela de questions. Jésus ne daigna pas répondre un mot à ce sceptique.

A leur tour les sanhédrites couvrirent le patient de nouvelles calomnies et inventèrent de nouveaux mensonges ; Jésus se taisait toujours. On en vint aux moqueries, Même silence.

Hérode ordonna de revêtir ce muet prétendant à la royauté d’un manteau de couleur blanche, comme les monarques juifs et les grands de Rome en portaient dans les circonstances solennelles. C’était une nouvelle insulte. Mais le tétrarque voulait montrer à tous que ce roi de parade n’était qu’un fou (Saint Luc seul raconte la comparution de Jésus devant Hérode Lc 23 6-12) Et il le renvoya à Pilate.

  • 4 Au Lithrostrotos

La dernière phase du procès de Jésus ne fut qu’une série d’expédients, auquel Pilate essaya de recourir pour éviter de condamner un innocent. Cette lutte se prolongea une grande heure et demie, depuis dix heures environ jusque vers midi. Elle eut pour principal théâtre, non plus l’intérieur du prétoire, mais la cour qui s’étendait au-devant, appelée par les Juifs, gabatha et par les grecs Lithostrothos.

Un premier expédient de Pilate fut de confronter Jésus à Barabbas : d’une part un homme que l’évidence même proclamait innocent ; de l’autre un misérable que la voix publique condamnait. Le procurateur se flattait de faire bénéficier le Christ de la comparaison. « Cet homme, dit-il aux Juifs, serait donc un séditieux selon vous ! Mais nous l’avons interrogé, Hérode et moi, et il ne nous paraît coupable en rien des crimes qu’on lui impute (Lc 23 13-16). Voyons, c’est l’usage que je délivre un prisonnier à la fête de Pâque. Voulez-vous que je relâche le roi des Juifs. Non ! Non pas lui, s’écrie la foule en colère, mais Barabbas Jn 18 1 39-40 Mt 27 17-18

L’expédient échouait. Il ne pouvait du reste aboutir qu’à montrer la faiblesse de volonté du procurateur et à donner plus de hardiesse aux adversaires de Jésus.

Le magistrat romain ne se découragea pourtant pas. Se ravisant, il essaya d’un expédient nouveau :  flageller la victime afin de prendre le peuple par la pitié ! « Que voulez vous que je fasse de Jésus surnommée le Christ, ajouta-t-il ? Qu’on le crucifie répond la foule. Mais il n’ a rien fait qui mérite la mort, riposte Pilate ; après l’ avoir fouetté je vais vous le remettre. Lc 23 22.

 

Et Jésus fut horriblement flagellé par les soldats du procurateur, « ramassis d’être grossiers et brutaux, recrutés un peu partout et qui faisaient payer cher au Juifs leur obligation de tenir garnison dans ce pays perdu de Judée. La flagellation romaine était d’ailleurs une affreux torture. Pour flageller on se servait tantôt de baguettes, tantôt de lanières armées aux extrémités  d’osselets ou de morceau de plomb. Le condamné recevait les coups, attaché à un petit poteau de manière à présenter le dos courbé et la peau tendue. De bonne heure, sous les coups,  le sang jaillissait et les chairs volaient en lambeau. Pilate espéraient que les Juifs  se montreraient satisfaits. Il laissa encore sa garde prodiguer à Jésus les moqueries et les insultes. Ses soldats s’amusèrent à mettre une couronne d’épines sur la tête du flagellé, un manteau de pourpre sur les épaules, un roseau en guise de sceptre dans ses mains.

C’est dans cet accoutrement que le procurateur le présenta au peuple ameuté : « Ecce homo » dit-il. L’effet qu’il attendait fut manqué. Haineux et sans pitié, les Juifs répondirent : ‘Qu’on le crucifie ! » « Alors prenez le vous-même et crucifiez le vous-même », répartit Pilate avec dépit ; « pour moi je ne le trouve nullement coupable » (Jn 19 4-6)

A ce moment les négociations entrèrent dans une nouvelle phase. Les Juifs durent abandonner leurs accusations dont le procurateur ne pénétrait que trop l’odieux et la fausseté et ils reprirent le grief d’ordre religieux allégué déjà dans les séances du sanhédrin. « Mais il s’est fait lui-même fils de Dieu », répliquèrent-ils et pour cela il doit, d’après nos lois, être mis à mort  J n 19 7

Soit superstition soit tout autre motif, Pilate prit peur, et voulut malgré son scepticisme de païen s’assurer davantage de l’origine du condamné qu’il avait à sa barre. Etant donc rentré dans le prétoire, il interrogea de nouveau de nouveau Jésus. « D’où es tu » lui dit-il ? Le Christ ne répondit que par un silence qui irrita la fierté du romain : « tu ne sais donc pas que j’ai le pouvoir de te relacher et le pouvoir de de te crucifier » Jésus se décida à répondre, mais ce fut pour établir nettement la part des responsabilités qui pesaient sur Pilate lui-même et sur les Juifs.

Le procurateur frappé de la dignité d’un tel langage, résolut d’en finir ; il allait délivrer Jésus, quand le sanhédrin recourut à une dernière manœuvre : intimider Pilate ! Cette fois ils frappèrent juste. Le coup réussit. « Si tu l délivres vocifèrent-ils, tu n’es pas l’ami de César, car quiconque se dit roi, s’oppose à l’Emperueur Lc 19 12. Le poltron fonctionnaire frissonna, sentant que sa place était en jeu ; il céda aussitôt et assis sur son tribunal du Lithrosthotos, il laissa tomber de ses lèvres la terrible sentence.

C’en était fait. Jésus était condamné. Les Juifs avaient gain de cause et le Christ fut crucifié.

 

Troisième Partie : Critique du jugement de Jésus-Christ.

Chapitre unique Valeur du procès religieux et du procès civil.

 

Nous affirmons avec le père Lemann que le procès ecclésiastique et le procès civil du Sauveur ne furent qu’un tissu de calomnies et d’illégalités

En effet dans les membres qui le composaient, le sanhédrin ne présentait alors qu’un assemblage d’hommes en majeure partie indignes de leurs fonctions. Nulle piété chez eux, nulle droiture, nulle valeur morale. Que valaient des pontifes comme Caïphe et Anne ? Sans compter qu’ils devaient à la faveur des magistrats romains, ou à d’inavouables intrigues, leur élévation au pontificat, ils n’étaient pas plus recommandables par leur conduite que par leur caractère. Leur assesseurs, prêtre, scribes et anciens méritaient un égal mépris. « Gourmands », capricieux », « voleurs », « orgueilleux », « violents », telles sont les épithètes que l’histoire leur réservent. Pilate et Hérode  Antipas n’étaient pas plus estimables : le premier fut un lâche doublé d’un sceptique et le second, par ses débauches, est devenu légendaire dans l’histoire..

Voilà les juges de l’innocent Jésus.

Mais venons-en au procès lui-même. L’abbé Lémann estime qu’il n’y eut pas moins de 27 irrégularités dans le seul jugement ecclésiastique

Il suffira d’en rappeler quelques-unes.

La loi juive défendait expressément d’instruire une affaire la nuit. Et de juger la veille de la grande fête de Pâque. Le sanhédrin passa outre dans l’affaire de Jésus. C’étaient déjà de graves irrégularités.

D’après les lois encore, toute sentence de mort portée hors de la salle Gazith demeurait nulle de plein droit. Or c’est dans la maison de Caïphe que Jésus fut la nuit premièrement et définitivement condamné. Nouvelle irrégularité.

Les dépositions des témoins ne furent pas faites non plus suivant la loi. Les sanhédrites voulant aller vite, on précipita tout, au mépris des usages de la plus élémentaire justice. Irrégularités sur irrégularités !

Quant au fond même du procès, personne n’ignore que le sanhédrin ne se prononça que sur des calomnies et d’odieux mensonges. Non seulement les accusations ne concordaient pas, mais elles étaient fausses Mt 27 23 ; Jn 19 6 ; 18 38, sauf une, à savoir que le galiléen se disait « Fils de Dieu ». Or cela fut exploité de la plus indigne  façon et regardé comme un blasphème.

Les autres accusations, qui étaient absolument sans portée, furent néanmoins tenues pour suffisantes : ce que la loi hébraïque défendait, comme elle défendait encore de prononcer une sentence capitale le jour même où l’accusé avait comparu. Le sanhédrin s’en moqua. Irrégularités nouvelles.

N’était-ce pas enfin une illégalité que de condamner Jésus, comme on le fit, a priori, avant tout audition de témoins et sans que le prévenu eut été mis en mesure de se défendre.

Incontestablement, la procédure des sanhédrites ne respire, du commencement à la fin que haine et injustice.

De la part de Pilate, il n’y eut point, à vrai dire, dans le procès civil, la même animosité haineuse. Y eût-il plus de justice ? Non. Etait-ce de la justice que ces expédients auxquels recourut le malheureux procurateur ? Voyant parfaitement bien que Jésus n’était pas coupable d’aucun des crimes qu’on lui imputait, ni du crime de lèse-majesté, ni du crime de rébellion, le timide magistrat devait relâcher l’accusé, mais il n’osa pas ; c’est pas peur qu’il délivra Barrabas de préférence au Christ, par peur encore qu’il ordonna le supplice de la flagellation. Il en avait le droit strict, dira-t-on. Peut-être, mais dans l’espèce l’usage du droit devenait un abus, et la justice le cédait à la force brutale. On ne punit pas, on ne frappe pas comme coupable celui qu’on sait innocent.

D’ailleurs dans cette affaire, Pilate viola les formalités les plus élémentaires de la procédure romaine. Il ne désigna pas les accusateurs, il n’accorda pas à l’accusé les délais de rigueur pour choisir ses avocats ; il ne s’enquit pas même si le prévenu avait un défenseur ; donc pas de citation en règle, pas de  discussion contradictoire, pas de confrontation des témoins à charge et à décharge ; finalement la sentence ne fut pas même prononcée dans les termes requis. Il n’y eut par conséquent pas de procès à proprement parler.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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