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« Tu n’as pas connu le temps où tu as été visité »

« Tu n’as pas connu le temps où tu as été visité »

publié dans couvent saint-paul le 23 juillet 2010


Prédication pour le 9ème dimanche après la Pentecôte.

« Tu n’as pas connu le temps où tu as été visité »

Terrible reproche, MBCF, adressé par NSJC au peuple juif : « Tu n’as pas connu le temps où tu as été visité ». Tu n’as pas connu le temps de la venue du Messie. Non seulement, tu ne l’as pas connu…mais tu l’as refusé. Tu l’as refusé méchamment, avec haine et ruse… alors que ce Messie, annoncé par tes prophètes, te fut comme montré du doigt par le dernier des prophètes, saint Jean Baptiste : « Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui enlève le péché du monde ». Mais tu préféras les ténèbres à la lumière. « Il était la lumière et les ténèbres ne l’ont pas reçu ». « Il était dans le monde et le monde a été fait par Lui et le monde ne l’a pas connu ». « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu » (Jn 1 12)
Oui ! Terrible reproche. Terrible menace, aussi…Et la puissance romaine sous Titus détruisit Jérusalem, 40 ans à peine après la mort du Seigneur. Il ne resta pas pierre sur pierre et le Temple fut détruit.

Ce reproche, NSJC, tout également, pourrait l’adresser à notre patrie. Elle fut chrétienne. Elle fut catholique. Elle est, depuis Clovis, et le baptême de ses Francs, depuis l’évêque saint Rémi de Reims, « la fille aînée de l’Eglise ». Elle s’inspira longtemps, des siècles durant, de l’Evangile du Seigneur, des lois de l’Eglise dont elle fut, au premier rang, la protectrice. Elle donna à l’Eglise de nombreux saints, parmi les plus beaux de ses saints : saint Louis, sainte Jeanne d’Arc, saint Jean Eudes, saint Vincent de Paul, le saint Curé d’Ars…saint Thérèse de l’Enfant Jésus, la plus grande sainte des temps modernes, dira Pie XI. Elle sut porter par ses guerriers, ses colons et ses missionnaires, le nom du Christ, au-delà de ses frontières. Elle sut « évangéliser ». Elle avait l’honneur du nom de son Seigneur et Maître. Elle aimait sa doctrine, ses commandements. C’est cette doctrine chrétienne qui inspira l’art, la littérature, la musique de notre peuple. Elle aima le chant de l’Eglise, le chant grégorien. Elle aimait sa liturgie, la liturgie romaine, celle qui, à l’Eglise, venait du fin fond des âges, de Saint Grégoire le Grand, au quatrième siècle et qui, à travers le temps, fut recueillie par l’œuvre magistrale du Concile de Trente et léguée aux générations avenir…jusqu’à nous. Etonnez-vous que la résistance à la destruction liturgique fut, au début, essentiellement française et cela, jusque dans les campagnes les plus lointaines, le Chamblac par exemple, l’humble village de M l’abbé Montgomery Wright qui, dans cette défense, connu son heure de gloire. Oui ! La France fut chrétienne. Ce fut sa gloire.

Elle ne l’est plus aujourd’hui. C’est sa ruine. C’est notre malheur. Et le plus grand de nos chagrins.

Elle s’est détournée de son Vrai Dieu, de son Sauveur. Elle le refuse comme hier Israël refusa son Messie. Elle le combat, ouvrant même, imprudemment, les frontières à l’islam, la religion la plus opposée au christianisme. Où en est le christianisme dans le bassin méditerranéen, hier chrétien. Chrétienne, l’Egypte. Chrétienne, la Turquie… Aujourd’hui, elle s’oppose à la Loi de Dieu, à ses commandements. Elle est capable aujourd’hui, par la voix de ses chefs, d’affirmer que « la loi positive, celle des ses assemblées, est supérieure à la loi morale », celle du Créateur. Elle est capable ainsi de légiférer contre la loi des commandements de Dieu. Elle ne veut plus qu’il possède sur sa propre créature, le moindre domaine. Alors qu’Il est tout. Qu’il est le Seigneur, le Créateur de toute chose et que la créature n’est rien. Elle ne demeure dans l’être que par la permission de l’auteur de tout être. Elle ne veut plus qu’il règne sur elle.

Et c’est ainsi que, sous la pression d’abord des philosophes des Lumières, au 18ème siècle, puis des hommes politiques de la 3ème République après la chute de Troisième Empire et la défaite des armées françaises à Sedan, au 19ème siècle, nous avons vu le triomphe, dans notre pays, du naturalisme. Nos évêques, à l’époque, Mgr Pie, Mgr Freppel, Dom Guéranger en ont dénoncé le mal… Mais n’ont pu ni l’enrayer, ni le contrer ni s’opposer à son extension dans l’univers individuel et familial et dans l’univers social et politique.

Mais quel est donc ce naturalisme corrupteur de l’âme française ?

Le Concile du Vatican Ier le définit comme étant la prétention dogmatique et pratique de tout réduire à la nature et de refuser, par conséquent le surnaturel. Jean Daujat dirait que le Naturalisme est la doctrine qui n’admet rien d’autre que la nature. Le cardinal Pie le définit comme étant ce système philosophique « où la nature devient une sorte d’enceinte fortifiée et de camp retranché, où la créature s’enferme comme dans son domaine propre et tout à fait inaliénable » ( Œuvres du Card. Pie 7 191). Ainsi la raison, la nature se pose comme étant complètement maîtresse d’elle-même, armée d’imprescriptibles droits, et totalement autonome vis-à-vis de Dieu. Vis-à-vis de Dieu et de sa Révélation, de ses lois, de ses propositions, elle est absolument indépendante. Elle se suffit à elle-même. Elle possède en soi ses principes, sa loi, sa fin. Elle est à elle-même son propre monde. Elle est son propre Dieu. Là est le fondement de la doctrine révolutionnaire de la souveraineté de l’homme, incarnée dans la souveraineté du peuple. Elle est sa propre loi. La raison, mieux la nature en elle-même est à elle-même son propre « trésor ». Il n’y a que celui-là en dehors de tout autre : la raison, la nature.

On ne peut imaginer opposition plus radicale avec le Christianisme.

Le Christianisme est rien par lui-même, Dieu est tout pour lui. Le Christianisme, c’est Dieu révélé, à l’intelligence, dans ses mystères. Le Christianisme ce sont les mystères révélés de Dieu et par Dieu confiés à l’Eglise pour leur garde et leur diffusion et proposés à la foi. Ils ne sont pas directement l’objet de la raison, même si la raison en peut trouver les motifs et la crédibilité, œuvre de la science théologique.
Le naturalisme est donc ce qu’il y a de plus opposé au christianisme. Le christianisme dans son essence est tout surnaturel, ou plutôt c’est le surnaturel même en substance et en acte. Dieu se révèle à mon intelligence. Je reçois la foi, le mystère. Le christianisme, c’est Dieu surnaturellement révélé et connu. Mais c’est aussi Dieu surnaturellement aimé et servi, surnaturellement donné, goûté et possédé : c’est tout le dogme, toute la morale, tout le culte et tout l’ordre sacramentel chrétien. La nature y est indispensable, certes – cette œuvre divine est à son avantage – La grâce ne supprime pas la nature -, mais elle y est partout dépassée, surélevée. Le Christianisme c’est la déification de la nature créée. Telle est la volonté de Dieu. « A tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu ; à ceux qui croient en son nom, qui ne sont pas nés du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu ». ( Prologue de saint Jean)

Or le naturalisme nie avant tout ce surnaturel. Il le nie comme nécessaire et obligatoire. Dès lors le Christianisme, aujourd’hui, pour nos hommes politiques, est une usurpation et une tyrannie. La naturalisme est ainsi un pur antichristianisme. Il nie qu’il y ait des dogmes, qu’il puisse y en avoir. Ainsi le naturalisme nie que Dieu soit « révélateur ». Il l’élimine du monde et de la création. C’est pourquoi le Concile du Vatican I affirme que le naturalisme « est en tout point en opposition à la religion chrétienne » et que sa secrète intention, son besoin essentiel, sa passion obstinée, et, dans la mesure où il y réussit, son œuvre réelle, c’est de détrôner le Christ et de la chasser de partout : ce qui sera la tache de l’antéchrist et ce qui est l’ambition suprême de Satan.

Ne voyez nulle part ailleurs la raison de l’expulsion des religieux, des jésuites, des bénédictins de nos monastères de notre sol français, à la fin du 19 siècle et au début du 20ème. C’est ainsi que Dom Guéranger, vers la fin de sa vie, dut quitter son monastère de Solesmes par lui restauré….

Ne voyez nulle part ailleurs que dans ce naturalisme professé, la loi de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, la spoliation des biens de l’Eglise, pour en affaiblir l’heureuse influence, l’extension du laïcisme dans les écoles, dans nos écoles catholiques par l’acceptation de la loi Debré, en 1958. Quel mal terrible cette loi n’a-t-elle pas fait dans notre France Chrétienne, le mal aux âmes chrétiennes. La loi Debré est à l’âme française ce que la loi Weill est à de nombreux enfants dans le sein de leurs mères : une loi de mort.

Tel est en effet le dernier mot du naturalisme. Le Christ, notre unique Seigneur et Sauveur, c’est-à-dire le Christ qui est deux fois notre Maître, Maître parce qu’il a tout fait, Maître parce qu’il a tout racheté, il s’agit de l’exclure de la pensée et de l’âme des hommes, de le bannir de la vie publique et des mœurs des peuples, pour substituer à son règne ce qu’on appelle le pur règne de la raison ou de la nature.

Ainsi face à ce naturalisme, ne craignons pas d’opposer l’enseignement de l’Eglise qui nous enseigne que Dieu, par un acte libre de son amour a établi un lien transcendant entre notre être et le sien. « Nous sommes fils de Dieu ». Nous disons qu’un pareil lien n’était pas nécessaire en soi, qu’il n’était commandé par aucune exigence de notre être, qu’il est du à la charité immense, la libéralité gratuite de Dieu envers sa créature. Nous proclamons que ce lien, par suite de sa volonté divine, est devenu obligatoire et nécessaire ; qu’il subsiste éminemment en Jésus-Christ et qu’il subsistera éternellement en Jésus-Christ, Dieu et homme tout ensemble, nature divine, nature humaine toujours distinctes mais irrévocablement unies en sa personne. Nous ajoutons que ce lien doit s’étendre, de la volonté même de Dieu, à tous les hommes dont le Christ est le chef. – Il est la Tête de son corps – et qu’aucun être moral, soit individuel et particulier, soit public et social, ne peut le rejeter ou le rompre sans manquer à sa fin et par conséquent sans se nuire mortellement à lui-même. Telle est la substance même du Christianisme.

Ce lien, c’est la justice, c’est l’ordre, c’est la fidélité, c’est le salut.
Sa rupture, son rejet, c’est le péché, c’est le désordre, c’est l’infidélité, c’est la ruine temporelle et éternelle. C’est notre France aujourd’hui.

Mais grâce à vos belles familles, grâce à l’éducation que vos enfants y reçoivent, – méfiez-vous cependant des écoles dites « libres» – grâce à votre piété, -la piété est utile à tout – il n’en sera pas toujours ainsi. « Si la France savait son avenir, disait un jour Pie X, elle pavoiserait ». Vivons de cette espérance.

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