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Entraide et Tradition

« Que votre volonté doit faite sur la terre comme au ciel »

publié dans couvent saint-paul le 23 juillet 2011


7ème dimanche après la Pentecôte

« Ce ne sont pas ceux qui disent Seigneur Seigneur qui entreront dans le Royaume des cieux mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là entrera dans le royaume des cieux ».

Cette affirmation de NSJC sera pour nous l’occasion de méditer, en ce dimanche, sur la troisième demande du Pater Noster « Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Cette demande est importante. Nul n’entrera dans le Royaume de Dieu sans l’accomplissement, sa vie durant, de la Volonté de Dieu : « Ce n’est pas ceux qui disent: Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le Royaume des cieux ; mais celui-là seul y entrera qui fait la Volonté de mon Père qui est dans le ciel ».
Nous suivrons le commentaire que nous en donne le catéchisme du Concile de Trente. Ce commentaire est divisé en trois parties. La première est consacrée à la misère du genre humain et à sa cause, la deuxième est consacrée, en conséquence, à notre supplique : « Que votre volonté soit faite » ; la troisième, à la définition de la volonté de Dieu. Voilà un plan bien logique.
La première partie est relative à notre propre misère. C’est en parfaite relation avec l’objet de l’Epître de saint Paul aux Romains de ce dimanche.
Saint Paul nous parle en effet de notre misère, Il nous parle de la « faiblesse de notre chair ». Il nous dit que nous commettons facilement « « l’iniquité », que nous sommes souvent « esclaves du péché » et que le fruit de tout cela, c’est la « mort ». Stipendia peccati, mors, « le salaire du péché, c’est la mort ». Voilà une situation bien misérable, il est vrai.
De même dans sa première partie, le catéchisme de Trente insiste sur cette misère humaine. Il en cherche la cause. La cause c’est le péché originel.
Certes, Dieu, dès le commencement, mit dans le cœur humain la « droiture », le catéchisme parle ici, du « désir du bien », « une inclination naturelle » au bien dont il ne s’écartait pas à moins qu’un obstacle étranger ne l’en vienne le détourner. Cette inclination au bien, à Dieu, était libre, noble et ardent, car l’homme est doué de raison et de jugement. Malheureusement le genre humain est sorti de cette voie. Et non seulement il perdit les biens de la justice originelle dont Dieu l’avait orné et enrichi par un privilège qui dépassait sa nature, l’immortalité, l’impassibilité… mais il affaiblit en lui ce goût de la vertu qui avait été gravé dans son coeur. « Tous se sont éloignés, dit le Prophète, ils se sont corrompus ; ils n’y en a plus qui fassent le bien, il n’y en a plus un seul. »
En effet, « l’esprit et le cœur de l’homme sont inclinés vers le mal dés sa jeunesse», nous dit encore l’Ecriture. D’où il est facile de voir que nul, par lui-même, ne saurait avoir le goût des choses du salut, mais au contraire que tout homme est porté au mal ; que ses passions déréglées sont innombrables et l’ entraînent, et le précipitent avec une force incroyable dans la colère, dans la haine, dans l’orgueil, dans l’ambition, en un mot dans toutes sortes de vices.
Toutes ces misères ne sont que trop réelles, nous les sentons sans cesse en nous.
Le psalmiste ne dit trop justement que nous sommes conçues dans le mal. C’est le psaume 50, le « miserere » : « Voici que je suis né dans l’iniquité et ma mère m’a conçu dans le péché ».
L’Ecriture nous compare aussi à des malades, qui sont incapables d’accomplir leurs devoirs. Ainsi sans le secours de la Grâce de Dieu, nous ne pouvons rien faire qui lui soit agréable.
Nous sommes constitués dans un état de faiblesse et d’abaissement à tel point qu’il faut que nous soyons soulevés en quelque sorte par la Grâce de Dieu. Nous sommes vraiment des enfants qui, abandonnés à eux-mêmes, se portent sans réflexion sur toute sorte d’objets, de désirs souvent frivoles.
Or comment le Chrétien apercevant sa misère trop réelle, et son éloignement du bien, comment pourra-t-il ne pas chercher avec le plus vif empressement, le remède à ces maux et comment ne désirera-t-il pas ardemment de trouver enfin une règle salutaire pour y conformer sa conduite et sa vie ?
Or, voilà précisément ce que nous demandons à Dieu, quand nous lui disons: Que votre volonté soit faite ! C’est en désobéissant à Dieu et en méprisant sa volonté, que nous sommes tombés dans toutes ces misères ; dés lors l’unique, le véritable remède à tous nos maux, celui que Dieu Lui-même nous a donné, sera de vivre enfin selon cette Volonté divine que nous avons foulée aux pieds en nous livrant au péché, et de régler désormais toutes nos pensées et toutes nos actions sur ce qu’elle prescrit. C’est pour arriver à ce but que nous disons humblement à Dieu dans notre prière : Que votre Volonté soit faite !
Et comprenez bien que les justes eux-mêmes, ceux en qui Dieu règne déjà, et qui font déjà sa volonté doivent demander avec ardeur la grâce dont ils ont besoin pour demeurer soumis à sa sainte Volonté. Car on n’est jamais définitivement installé dans le bien. C’est ce que professait saint Augustin, je crois, lorsqu’il disait : « défiez-vous Seigneur de votre serviteur ». L’inclination au mal nous la portons toujours en nous. En notre chair mortelle. C’est pourquoi NSJC nous enseignait : « Veillez et priez, afin de ne pas entrer en tentation ; car l’esprit est prompt, mais la chair est faible. »
Le catéchisme nous donne cette belle explication qui, finalement est très consolante : « C’est qu’en effet il n’est pas donné à l’homme, même à celui qui a été justifié par la Grâce de Dieu, et qui la possède, de dompter les appétits de la chair au point qu’ils ne se révoltent plus jamais. La Grâce de Dieu, à la vérité, guérit l’âme de ceux qui ont été justifiés par elle, mais elle ne guérit point la chair. Et c’est ce qui a fait dire à l’Apôtre Saint Paul : « Je sais que le bien n’habite point en moi, c’est-à-dire dans ma chair. » Dés le moment même où le premier homme eut perdu la justice originelle, qui, comme un frein, retenait toutes ses passions dans l’ordre, la raison est devenue radicalement impuissante à les contenir dans le devoir, et à les empêcher de désirer ce qu’elle-même repousse. C’est pourquoi l’Apôtre nous dit que le péché, c’est-à-dire, un foyer de péché, habite dans la chair de l’homme, afin de nous faire bien comprendre qu’il n’est pas en nous pour un temps et comme un hôte qui passe, mais que, tant que nous vivons, il demeure en nous comme dans sa propre et perpétuelle habitation ».
Ainsi donc, puisqu’il en est ainsi nous comprenons que NSJC nous fasse demander: « que votre Volonté se fasse » en nous.
Mais quelle est donc cette volonté ? Disons simplement que la Volonté de Dieu dont il s’agit ici, est celle que l’on appelle communément « la volonté signifiée » c’est-à-dire ce que Dieu nous a ordonné ou conseillé de faire ou d’éviter. (Autre la volonté de bon plaisir. Autre la volonté signifiée)
Ainsi, sous le nom de volonté, nous comprenons tout ce qui a été établi, soit dans l’ordre de la Foi, soit dans l’ordre des mœurs, pour nous procurer le bonheur céleste ; enfin tout ce que Notre Seigneur Jésus-Christ nous a ordonné ou défendu soit par Lui-même, soit par son Église
Lors donc que dans notre Prière nous disons à Dieu que votre Volonté soit faite, nous demandons avant tout à notre Père céleste de nous donner la force d’obéir à ses Commandements et de le servir dans la sainteté et la justice tous les jours de notre vie.
De faire tout, selon sa volonté. De nous acquitter de tous les devoirs qui nous sont prescrits dans nos Saints Livres.
D’accomplir sous sa conduite et par son impulsion tout ce qui convient à ceux qui sont nés non de la chair, mais de Dieu, suivant l’exemple de Jésus-Christ, qui s’est fait obéissant jusqu’à la mort et la mort de la Croix. . Enfin d’être prêts à tout souffrir plutôt que de nous écarter en rien de sa Volonté.
Mais alors quelle noblesse en nous ! Accomplir « la volonté de Dieu », c’est devenir le frère de NSJC « Quiconque fera la Volonté de mon Père qui est dans les cieux, sera mon frère, ma sœur, et ma mère, c’est-à-dire. Je lui demeurerai attaché par les liens les plus étroits de la bienveillance et de l’amour. »
Demander que « votre volonté soit faite » c’est demander de régler notre volonté sur la volonté de Dieu. Au point que l’on puisse dire ; ce n’est plus moi qui vit c’est Dieu et sa sainte Volonté qui vit en moi
Et sachons ainsi prendre comme modèle et Notre Dame et NSJC. L’un et l’autre firent la volonté du Père. Marie, lors de l’annonciation et le Verbe s’est fait chair ». Notre Seigneur, lors de son agonie : « Que votre volonté soit faite, et non pas la mienne » ; et le genre humain fut sauvé et les portes du ciel ouvertes.

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