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Entraide et Tradition

Les cinq socs pour labourer la terre qu’est mon âme

publié dans couvent saint-paul le 10 février 2012


Dimanche de la Sexagésime

Les cinq socles pour labourer la terre qu’est mon âme

« Ce qui tombe dans la bonne terre, ce sont ceux qui, ayant écouté la parole avec un cœur bon et excellent, la retiennent et portent du fruit par la patience ».

Il est bien évident, MBCF, que je souhaite que vous soyez tous de ce type, que vous soyez tous « cette bonne terre » qui reçoit avec fruit la « parole de Dieu » et ses « mystères ».
Ce sera le thème de mes réflexions de ce dimanche : Soyez « la bonne terre » du Seigneur. Que ses mystères produisent en vos âmes une fructueuse récolte, produisent cent pour un.

Et pour qu’il en soit ainsi il faut que la terre soit bien labourée, bien fertilisée. On connaît la qualité du laboureur. C’est Dieu lui-même, NSJC. On connaît la terre. C’est nous, chacun d’entre nous. Mais quelles sont les conditions pour que la terre soit bonne ? Pour que notre terre soit bien labourée et que la « parole de Dieu » puisse porter de bons fruits ? Autrement dit : pour que la connaissance de Jésus soit fructueuse en nos âmes, quelles en sont les conditions ? Ou d’une manière imagée, quelles sont les socs de la charrue qui va labourer cet « univers »

Voilà notre recherche dominicale bien précisée.

La première condition, c’est que nous aimions le Saint Evangile, que nous aimions lire le Saint Evangile. Cet Evangile, inspiré par l’Esprit Saint, contient la description et les enseignements de Jésus. En lisant ces pages simples et sublimes, nous entendons le Christ nous parler et connaissons ainsi NSJC et ses mystères. Et ainsi nous sommes introduit dans la contemplation du mystère de Dieu. Car Jésus nous a dit : « Qui me voit, voit le Père ». Ce furent les paroles mêmes de Jésus à l’Apôtre Philippe. « Philippe ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi. Qui me voit, voit le Père ».

Une autre condition pour que notre âme soit « la bonne terre » dont parle le Seigneur, qui porte cent pour un, c’est de vivre de la liturgie de l’Eglise. Jésus a dit à ses Apôtres avant de remonter en sa gloire à la droite du Père, « Je vous envoie comme mon Père m’a envoyé…Qui vous écoute m’écoute ». Dès lors on peut comprendre que l’on puisse se sanctifier en écoutant l’enseignement de l’Eglise qui s’exprime merveilleusement surtout dans sa liturgie. C’est par sa liturgie que l’Eglise éduque, élève les âmes de ses enfants pour les rendre semblables à Jésus. Ainsi l’Eglise déroule chaque année sous nos yeux, de Noël à l’Ascension, le cycle complet de sa liturgie. Elle nous fait ainsi participer aux mystères de « son Seigneur et Maître », nous en donnant le sens. Dans le mystère de Noël, que nous venons de vivre, l’Eglise nous fait contempler l’Incarnation du Verbe et nous savons que cette Incarnation est pour notre divinisation. Nous allons vivre très bientôt le mystère de la Passion…Alors nous pourrons méditer et l’amour sublime du Christ et comprendre la laideur du péché en contemplant les douleurs insondables de Fils de Dieu. Faut-il que le péché soit grave pour exiger une telle satisfaction, tant de douleurs. Notre cœur s’anoblie ainsi au contacte de ces mystère divins. Et l’on peut en dire autant de tous les mystères célébrés dans la liturgie de l’Eglise ? La Résurrection de Notre Divine Maître fera naître en nous la joie, l’espérance, le désir du Ciel et nous détachera de ce monde. Nous serons portés « à vivre pour Dieu ». Et puis chaque dimanche, l’Eglise détache, des textes de l’Ecriture Sainte, ses plus beaux joyaux pour édifier nos âmes. Si vous êtes attentifs, et si votre missel est vraiment votre livre le plus précieux, vous pourrez voir combien les textes du temps de Carême, chaque jour, sont merveilleusement choisis…Notre prière quotidienne peut y trouver largement son souffle…Dans la liturgie dominicale, ne soyez pas seulement attentif à la beauté du rite, à son déroulement, à la beauté des chants…Mais voyez plus profondément encore. La vertu des mystères fêtés dans la liturgie est surtout intérieure et c’est cette vertu que nous devons rechercher avant tout. N’oublions pas que les mystères du Christ sont aussi source de grâces. Il est dit du Christ que lorsqu’il était ici-bas, « une puissance sortait de sa personne qui guérissait les malade » « Virtus de illo exibat et sanabat omnes » (Lc 6 19). Il en est ainsi encore aujourd’hui.
En suivant ainsi le Christ dans ses mystères, en nous unissons à Lui, nous participons peu à peu, mais surement, à sa divinité, à sa vie divine.
C’est pourquoi saint Pie X a pu écrire : « La participation active des fidèles aux saints mystères et à la prière publique et solennelle de l’Eglise est la source première et indispensable de l’esprit chrétien ».

Mais cette contemplation liturgique des Mystères chrétiens ne produira ses effets que si nous cultivons aussi la foi, la révérence et l’amour. Voilà les trois autres « socs » qui vont bien labourer notre âme.

La foi est la disposition fondamentale. Pour comprendre et goûter ces mystères divins, il faut la foi. Dans bien des mystères, la divinité de NSJC se cache. Pour voir Dieu dans l’enfant de la crèche, il faut la foi. Pour voir Dieu dans ce « maudit » suspendu au gibet, il faut la foi. Pour contempler sous les apparences du pain et du vin, Dieu réellement présent, il faut la foi, la foi en la toute puissance de Dieu. Sans la foi, nous ne pénétrerons jamais dans le mystère. Mais avec la foi, nous pouvons contempler et être avec Dieu. « Bienheureux ceux qui ne m’ont pas vu et qui ont cru en moi ». Ces paroles s’adressent à nous. Bienheureux sommes nous si nous avons la foi. Elle nous permet de soulever les montagnes. Elle nous permet de voir au-delà des espèces du pain et du vin, la présence du Christ dans l’Eucharistie, de nous approcher de lui, de nous nourrir de Lui, de sa divinité. Elle nous permet de ne pas vivre comme des orphelins, mais bien comme des enfants qui vivent dans l’intimité et dans la joie de leur Maître. Par la foi, je peux confesser que ce « pain des Anges » est la source de la vie éternelle. « Celui qui mange mon Corps et boit mon Sang a la vie éternelle ». Oh quel merveilleux langage ! Mais seule la foi peut le professer et le comprendre. Alors parce que je sais que ce « Jésus de Nazareth » est Dieu, né de Dieu, Lumière de lumière, alors je goûte ses paroles étonnantes qu’il prononçait avant son agonie : « Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, l’heure est venue, glorifiez votre Fils, afin que votre Fils vous glorifie, puisque vous lui avez donné autorité sur toute chair, afin que, à tous ceux que vous lui avez donné, il donne la vie éternelle ». Alors je peux comprendre, avec la foi seul, que ces paroles concernent la Passion qui vient et que c’est dans cette Passion dans ce mystère de la Rédemption, que le Fils va glorifier le Père et que cette Passion sera source de vie éternelle…. tel est le mystère de la Rédemption, son fruit, la glorification du Père et la vie éternelle.
Ainsi on peut dire que c’est la mesure de notre foi qui va mesurer notre participation aux mystères contemplés dans la liturgie. Plus j’ai la foi, plus je communie aux mystères de Dieu. Regardez les Apôtres. Regardez Marie Madeleine. Regardez Saint Jean, Notre Dame. Ils sont aux pieds de la Croix communiant intensément au mystère rédempteur…A tel point que l’on peut vénérer ND est comme co-rédemptrice. Quelle foi ! Et quelle participation !

Et l’intensité de notre foi – qui est le troisième soc de notre charrue pour labourer notre âme – ferra naître en notre âme respect et amour, les deux autres socs.

Le respect. Nous devons nous approcher du Christ avec infiniment de respect et de révérence. Car le Christ est Dieu, le Tout-Puissant. Il est l’être infini qui possède toute sagesse, toute justice, toutes les perfections, le souverain Maître de toutes choses, le Créateur de tout ce qui est et la fin dernière de tout ce qui existe, la source de toute béatitude. Partout où il se trouve Jésus reste Dieu, même lorsqu’il se donne avec toute bonté et libéralité comme auprès de Marie Madeleine qui le touche avec un infini respect. Quand la foi est vive, cette révérence est si profonde qu’elle nous fait prosterner devant cet Homme-Dieu pour l’adorer : « Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant »

Le respect. Tel est le quatrième soc qui nous permet de bien cultiver notre âme pour qu’elle soit une bonne terre ;

La charité est le cinquième soc. Elle nait nécessairement de la contemplation des mystères du Christ. Car tous ses mystères sont des mystères de Charité. Je contemple la Charité. Je vis de charité. L’humilité de la crèche, l’obscurité de la vie cachée, les fatigues de la vie publique, les tourments de la Passion, la gloire de la Résurrection, tout cela est dû à la charité. C’est la charité surtout qui se révèle et éclate dans les mystères de Jésus. Et c’est surtout par la charité que nous les comprenons. « Et nos credidimus caritati ».

Ainsi l’Ecriture Sainte, la liturgie de l’Eglise, la foi, le respect, la charité : telles sont les cinq socs de la charrue qui, à coup sûr, labourera bien ma terre, c’est-à-dire mon âme.
Faites ainsi et vous ferez jaillir de votre terre bien labourée, la source de la vie éternelle.

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