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Entraide et Tradition

Tout est grâce!

publié dans couvent saint-paul le 2 août 2013


11ème dimanche après la Pentecôte

Tout est grâce!

 

Nous voilà encore avec une très belle messe. Il faut en apprécier l’harmonie, l’harmonie des textes, de tous les textes.

Tous se complètent, s’appellent, s’harmonisent parfaitement autour de l’idée exprimée dans l’Introït : « Ipse dabit virtutem et fortitudinem plebis suae ». « Dieu donnera, Il donne à son peuple force et puissance ».

« Virtus », « Fortitudo ». Ces deux mots ont le même sens. « Virtus » est très rarement traduit par « vertu ». Ce mot exprime plutôt la force physique, comme le mot « fortitudo ». C’est le courage, la valeur. Mais il se traduit aussi parfois par  la qualité, le mérite, la force d’âme.
Voilà ce que Dieu donne à son peuple : force, courage, valeur, mérite, qualité, force d’âme.

Et l’Epître et l’Evangile sont là pour illustrer cette belle affirmation : « Ipse dabit virtutem et fortitudinem ».

Précisément, l’Epître nous parle de Saint Paul, nous donne le bel exemple de Saint Paul. Ce qu’il est, c’est par grâce qu’il l’est. Il a tout reçu de Dieu. Sa valeur, son mérite, sa force, son courage, sa force d’âme. Tout cela est l’œuvre de Dieu. Et c’est bien par la force de Dieu qu’il est le témoin fidèle de l’Evangile, du mystère du Seigneur. Grâce à la force divine qu’il reçut sur le chemin de Dams, il a pu témoigner de l’Evangile, du mystère de la rédmeption, du mystère de la résurrection le troisième jour.. .Oui, vraiment voyant Saint Paul, on peut dire avec le psalmiste : « Ipse dabit virtutem et fortitudinem »…C’est Dieu, sur le chemin de Damas qui donna à saint Paul  une telle force.

Mais c’est aussi la raison du choix de cet Evangile : l’Evangile de la guérison de ce sourd-muet. Ce que sera ce sourd-muet, il le devra à la puissance de Dieu. S’il peut parler, entendre…maintenant, c’est à la force de Dieu qu’il le doit. C’est grâce à Dieu. Là, aussi, au récit de cette scène évangélique, je peux chanter comme le psalmiste : « Il donne à son peuple force et puissance ». Il donne courage, force, valeur, qualité, mérite…à son peuple… et aujourd’hui à ce pauvre sourd-muet. Dieu fait de ce pauvre « bougre », de ce muet, de ce sourd, un homme normal. Il lui donne une belle qualité, une plus grande valeur. Il lui redonne souffle et vie, audition et langage, une meilleure qualité, une plus grande force.

Saint Paul, de persécuteur de l’Eglise qu’il était, le voilà apôtre. Et quel Apôtre…Quel courage, quelle force dans la mission évangélique. Quels mérites. Quelle qualité dans sa prédication.

Oui ! Nul doute, l’Epître et l’Evangile illustrent parfaitement le chant de l’introït : « Ipse dabit virtutem et fortitudinem plebis suae ».

Et voilà la première justification des textes, de deux textes, celui de l’Epître et de l’Evangile dans la lumière de l’Introït. Il y a déjà là, entre l’Epître, l’Evangile et l’Introït, belle harmonie. Ils s’expliquent mutuellement. Ils se justifient les uns les autres.

Mais on comprend également le choix du psaume 27 pour le Graduel.
En effet, s’il en est ainsi, si Dieu est ma force, si je peux dire vraiment que Dieu me donne force et puissance …mais l’Epître et l’Evangile sont là pour me l’enseigner …alors je peux me fier en Dieu, espérer en Lui : « In Deo speravit cor meum et adjutus sum ». Je peux dire : « Mon cœur a espéré  en Dieu et j’ai été secouru ». Je peux avoir confiance en Dieu. Puisqu’Il donne force et puissance, je puis me confier en Lui, Je peux le supplier.

Et « Ma chair a refleuri » « Refloruit »…comme la chair de ce sourd-muet. Sa chair, par la toute puissance miséricordieuse de Dieu, a refleuri…a retrouvé l’ouie, à retrouver la parole.  La parole et l’ouie ne sont-ils pas au corps ce que la fleur est à la terre…Refloruit. ..La fleur est à la terre comme la gaîté, la joie, la vie, l’odeur, la bonne odeur. La fleur fait sourire…Elle est comme le sourire des champs. Oui ! La parole, l’ouie sont pour le cops…ce que la fleur est pour le champ. La parole exprime l’intelligence, l’ouie égaille l’entendement.

Mais il en est ainsi de Saint Paul. Sa « chair » a également refleuri. D’ennemi de l’Eglise, le voilà, son ami. Le voilà son défenseur. D’hostile, de vengeur, de mauvais, de haineux, le voilà l’ami de l’Eglise, le défenseur de l’Eglise. Et quel ami ! Quel défenseur ! Or la vengeance attriste, renfrogne, enlaidit. L’amitié, illumine, réjouit, égaille aussi le cœur, le corps. « Refloruit caro mea », nous dit le Graduel de cette messe.

Mais ces effets de la grâce sont dus à la Toute Puissance de Dieu, sur l’âme et sur Saint Paul et sur ce sourd-muet : de méchant qu’il était, le voilà serviable à merci, de sourd-muet, le voilà bien entendant.

Ce constat, sur l’âme, sur la chair » des effets de Dieu …ce constat engendre en l’âme reconnaissance et chant d’allégresse.

Et voilà, notre Graduel et notre « alléluia ». « Et ex voluntate mea confitebor illi ». De tout cœur, de toute ma volonté, je lui rendrai grâce. Mieux je le confesserai, je le publierai.

Mais c’est aussi ce qu’ont parfaitement illustré et saint Paul et le sourd-muet guéri.

Le sourd-muet ne cesse de proclamer ce prodige…sa qualité retrouvée. Et l’Evangéliste insiste sur cette proclamation, sur cette « prédication ». Le  verbe latin est « praedicabant ».
Voyez : « Ouvre-toi, lui dit le Christ et ses oreilles s’ouvrirent et du coup fut dénoué le lien de sa langue et il parlait normalement. Et Jésus leur commanda de ne rien dire à personne, mais plus il le leur commandait, plus ils proclamaient la chose ».
Regardez Saint Paul…Le prédicateur par excellence de l’Evangile : « Moi je ne suis pas digne d’être appelé Apôtre parce que j’ai persécuté l’Eglise de Dieu ». Mais le voilà converti sur le chemin de Dams. Le voilà qu’il reçoit de Dieu, qualité, valeur, force, mérite. Alors il ne craint pas, de fait, de proclamer que ce qu’il est, c’est par grâce qu’il l’est. « Gratias autem Dei sum id quod sum ». Et il ne craint pas de proclamer que la grâce, en lui, n’a pas été vaine : « Et gratia eius in me vacua non fuit ». Car, de fait, il reçut de Dieu, force et valeur, mérite et qualité. Et il ne cessa pas, lui aussi, de proclamer l’Evangile. « Je vous rappelle l’Evangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, dans lequel vous demeurez fermes par lequel aussi vous êtes sauvés si vous retenez en quels termes, je vous l’ai annoncé ».
Le voilà, lui aussi en train de proclamer l’Evangile qu’il a reçu en sa totalité sur le chemin de Damas. Il ne cesse de chanter son action de grâce au Dieu de miséricorde. « Poussez des cris de joie pour Dieu, notre soutien. Acclamez le Dieu de Jacob. Faites résonner la harpe et la cithare. Alleluia ».
C’est bien ce que fit Saint Paul et le sourd-muet de l’Evangile.
L’un et l’autre, Saint Paul et le sourd-muet peuvent avec la psalmiste, chanter le psaume 20 : « Je veux t’exalter, Seigneur, car tu m’as délivré ». « Exaltabo Domine quoniam suscepisti me ».
Tu m’as délivré de la haine contre l’Eglise.
Tu m’as délivré de ma surdité, de mon mutisme.
Oui vraiment, je peux dire avec l’Evangile : « Il a bien fait toutes choses. Il a fait entendre les sourds et parler les muets ».
Mais attention !
Voyez comme Saint Paul et le sourd-muet sont reconnaissants, expriment leur reconnaissance. Ils se mettent à proclamer, à prêcher les « mirabilia Dei »

Nous avons reçu même bienfaits, même valeur, même qualités, même mérites. Notre baptême nous a donné la qualité « d’enfants de Dieu », de « fils de l’Eglise », de « participants de la nature divine ». Sachons reconnaître ces dons, ces grâces.
Ne gardons pas cachés en nous les qualités divines…Sachons les proclamer. N’étouffons pas en nous, par noter agir, notre oubli ou notre indifférence…pareilles qualités, pareils dons.
Soyons, nous aussi reconnaissants dans notre agir, dans notre pensée, dans notre joie…Notre joie de vivre, tout à la gloire de Dieu.

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