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Entraide et Tradition

Saint Noël

publié dans nouvelles de chrétienté le 28 décembre 2015


Saint Noël : l’heure de la confiance dans la nuit du monde

(Roberto de Mattei) Noël n’est pas seulement une tradition culturelle de l’Occident, ou la simple mémoire, chère aux chrétiens, d’un fait historique advenu en Palestine il y a 2015 ans. Noël est le moment où le Rédempteur de l’humanité se présente à nous dans un berceau, nous demandant de l’adorer comme Roi et Seigneur de l’univers. La Nativité est, à cet égard, l’un des mystères centraux de notre foi, la porte qui permet d’entrer dans tous les mystères du Christ. Le Pape Saint Léon le Grand (440-461) écrit: «Celui qui était invisible dans sa nature est devenu visible dans la nôtre. L’incompréhensible a voulu être compris; Lui qui est avant le temps, a commencé à être dans le temps; le Seigneur de l’univers, voilant sa Majesté, a reçu la forme d’un esclave» (Sermo in Nativitate Domini, II, § 2).

La manifestation dans l’histoire du Verbe incarné fut aussi l’heure pour les Anges de la plus grande allégresse. Depuis le moment de leur création, à l’aube de l’univers, ils savaient que Dieu se ferait homme et ils l’avaient adoré, éblouissant au milieu de la Sainte Trinité. Cette révélation avait séparé irrévocablement les anges fidèles des anges rebelles, le ciel de la terre, les fils de la lumière de ceux des ténèbres. A Bethléem, arriva enfin pour les Anges le moment de se prosterner devant le Divin Enfant, cause et moyen, comme l’écrit le Père Faber, de leur persévérance. Les harmonies du Gloria in excelsis inondèrent le ciel et la terre, mais ne furent entendues cette nuit-là que par les âmes qui vivaient dans le détachement du monde et l’amour de Dieu. Parmi elles se trouvaient les Bergers de Bethléem. Ils n’appartenaient pas au cercle des riches et des puissants, mais dans la solitude et les veilles nocturnes autour de leurs troupeaux, conservaient la foi d’Israël. C’étaient des hommes simples, ouverts au merveilleux, et ils ne furent pas surpris de l’apparition de l’Ange, lequel, faisant resplendir sur eux une lumière céleste, dit: « Ecoutez, je vous apporte une bonne nouvelle, de grande joie pour tout le peuple, parce qu’aujourd’hui est né pour vous le Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la cité de David. Voici pour vous un signe, pour le reconnaître et le révérer : vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une mangeoire » (Lc 2, 11-12).

Les Pasteurs suivirent docilement les indications de l’Ange et furent conduits jusqu’à la Grotte, où ils trouvèrent l’Enfant dans la crèche, avec Marie et saint Joseph: «Invenerunt Mariam, et Joseph et Infantem positum in Praesepio» (Lc 2, 16)». Ils eurent la grâce d’être les premiers, après Marie et Joseph, à offrir sur terre un acte d’adoration extérieure à l’Enfant de Béthléem. En l’adorant, ils comprirent que, dans son apparente fragilité, Il était le Messie promis, le Roi de l’univers. Noël est la première affirmation de la Royauté du Christ, et la mangeoire est son trône. La mangeoire était aussi l’écrin de la civilisation chrétienne naissante, dont les pasteurs furent les premiers prophètes, et dont le programme tenait en ces mots qu’une myriade d’Anges proclama cette nuit-là : « Gloire à Dieu au plus haut des Cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté » (Lc 2, 14).

Avec une joie immense les pasteurs s’en allèrent annoncer partout, dans les champs et les montagnes, l’heureuse nouvelle. « Omnes qui audierunt mirati sunt » (Lc 2, 18), tous étaient émerveillés, mais tous n’allèrent pas vers l’étable de Bethléem. Beaucoup étaient plongés dans leurs occupations, et renoncèrent à un effort qui aurait changé leur vie, maintenant et pour l’éternité. Tant d’autres passèrent devant la grotte, ces jours-là, y jetèrent un coup d’oeil, peut-être intrigués, mais ne comprirent pas ou ne voulurent pas comprendre, l’aspect extraordinaire de cet événement.

Et pourtant la royauté de l’Enfant-Jésus fut reconnue par quelques-uns des hommes les plus savants de l’époque.

Les Mages, Rois d’Orient étaient des hommes dont les yeux étaient absorbés par les choses célestes, quand dans le ciel leur apparut une étoile. L’étoile fut pour les Mages ce que l’Ange avait été pour les Bergers : la voix de Dieu qui dit de lui-même « Ego sum stella splendida et matutina » (Apoc. 22, 16). Les Rois Mages aussi, comme les Bergers, correspondirent parfaitement à l’impulsion divine. Ils ne furent pas les seuls à voir l’étoile, et peut-être ne furent-ils pas les seuls à en comprendre le sens, mais ils furent les seuls à se mettre en marche vers l’Occident. D’autres, peut-être, comprirent, mais ne voulurent pas abandonner leur pays, leurs demeures, leurs affaires.

Les Bergers étaient proches, les Mages loin de Bethléem, mais à eux tous s’applique le principe selon lequel celui qui cherche Dieu avec un cœur pur n’est jamais abandonné.

Les Bergers et les Mages donnèrent des cadeaux de valeur différente, mais les uns et les autres offrirent le plus beau cadeau qu’ils avaient. Ils donnèrent au Saint Enfant leurs yeux, leurs oreilles, leur bouche, leur cœur, toute leur vie; en un mot, ils consacrèrent leur propre corps et leur propre âme à la Sagesse incarnée, et ils le firent par les mains de Marie et de Joseph, en présence de toute la cour céleste. En cela, ils imitèrent la parfaite soumission à la Volonté de Dieu de l’Enfant Jésus, qui, de Dieu le Verbe, s’est anéanti sous la forme d’un esclave de la volonté divine, puis s’est laissé conduire à travers tous les états, jusqu’à la mort de la Croix, et la gloire : Il n’a pas choisi ses états, mais s’est laissé guider, moment après moment, par l’inspiration de la Grâce, comme l’a écrit un mystique du XVIIème siècle (Jean-Baptiste Sainte-Jure, Vita di Gaston de Renty, tr. it. Glossa, Milan 2007, p. 254). La dévotion à l’Enfant Saint est une dévotion où l’on expérimente un abandon radical à la Divine Providence, parce que cet enfant enveloppé dans les langes est un homme-Dieu qui a anéanti sa volonté pour faire celle du Père qui est dans les cieux, et il la fera en se soumettant à deux créatures sublimes, mais soumises à Lui: la Bienheureuse Vierge Marie et saint Joseph.

Le saint Noël est le jour de l’extrême abandon à la Divine Providence, mais aussi de l’immense confiance dans les plans mystérieux de Dieu; c’est le jour, écrit encore saint Léon le Grand, dans lequel «le Fils de Dieu est venu pour détruire l’œuvre du diable (1 Jn 3, 8), le jour où il s’est uni à nous et nous a unis à Lui, afin que l’abaissement de Dieu vers l’humanité soulève les hommes vers Dieu» (In Sermo in Nativitate Domini, VII, § 2).

Dans ce même sermon, saint Léon dénonce le scandale de ceux qui, à son époque, gravissaient les marches de la basilique Saint-Pierre, en mélangeant les prières de l’Église avec des invocations aux étoiles et à la nature: « Que les fidèles – écrit-il – rejettent cette habitude condamnable et perverse, que l’honneur dû à Dieu seul ne se mêle plus aux rites de ceux qui adorent les créatures. La Sainte Écriture dit: « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et ne serviras que Lui seul »» (Gen 1, 3).

Comment ne pas voir l’actualité de ces paroles, tandis que sur la façade de la basilique Saint-Pierre sont projetés des spectacles néo-païens et qu’on célèbre le culte panthéiste de la Nature?

En ces heures sombres, les catholiques fidèles ont toujours cette même confiance qu’eurent les Bergers et les Mages qui s’approchèrent de la Crèche pour contempler Jésus.

Noël arrive, les ténèbres qui enveloppent le monde seront dissipées, et les ennemis de Dieu tremblent, parce qu’ils savent que l’heure de la défaite est pour eux proche. C’est pour cela qu’ils détestent la sainte fête de Noël, et c’est aussi pour cela que de notre côté, avec un regard confiant, nous contemplons l’Enfant-Jésus qui naît et lui demandons d’éclairer nos esprits dans les ténèbres, de réchauffer nos cœurs dans le froid, de fortifier nos consciences perdues dans les brumes de notre temps.

Enfant Jésus, que ton règne vienne ! (Roberto de Mattei)

 

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