La Revue Item - « La Tradition sans peur »
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Entraide et Tradition

Noël 2011: la veillée de Noël. La messe de minuit. La messe du jour.

publié dans couvent saint-paul le 22 décembre 2011


A- La veilléed de Noël

B- La messe  de Minuit.

C- La messe du jour

 

A- La veillée de Noël

Méditons : les mystères joyeux

Premier mystère : l’Annonciation. Fruit du mystère, l’humilité.

Souvenons-nous du récit de l’Annonciation. Saint Luc le rapporte ainsi :
« Au sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de
Galilée appelée Nazareth, vers une vierge qui était fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph; et le nom de la vierge était Marie.
Etant entré où elle était, il lui dit :  » Salut, pleine de grâce ! Le Seigneur est avec vous; [vous êtes bénie entre les femmes].  »
Mais à cette parole elle fut fort troublée, et elle se demandait ce que
pouvait être cette salutation.
L’ange lui dit :  » Ne craignez point, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu. Voici que vous concevrez, et vous enfanterez un fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé fils du Très-Haut; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père; il régnera éternellement sur la maison de Jacob, et son règne n’aura point de fin.  »
Marie dit à l’ange :  » Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais point d’homme? « 

L’ange lui répondit :  » L’Esprit-Saint viendra sur vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. C’est pourquoi l’être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu. Et voici qu’Elisabeth, votre parente, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse, et ce mois-ci est le sixième pour elle que l’on appelait stérile, car rien n’est impossible à Dieu.  »
Marie dit alors :  » Voici la servante du Seigneur : qu’il me soit fait selon
votre parole !  » Et l’ange la quitta »

Par son humble fiat affirmé, l’humilité de ND, nous donna l’auteur de la Vie : NSJC. Comme jadis l’orgueil d’Eve – « vous serez comme des dieux » – donna le fruit de la mort. Eve fut ainsi à l’origine de la ruine du genre humain. ND, par son fiat humble à la parole de l’Ange, fut ainsi à l’origine de la restauration du genre humain en nous donnant le Sauveur, Celui qui restaurera toute chose en Dieu. « Un Sauveur vous est né » chantait l’ange de la nuit de Noël ». ND est ainsi la nouvelle Eve mais, cette fois, pour le bien, pour le bien éternel. Aussi sachons saluer le nom de ND des belles strophes de « Ave Maris stella » : Salut, étoile des mers, Auguste mère de Dieu, salut, o toujours Viège, heureuse porte du ciel…Vous qui avez agréé le salut de Gabriel, daignez, en changeant le nom d’Eva nous donnez l’ave de la paix ».

Deuxième mystère : la visitation de ND à sa cousine Elizabeth. Fruit de ce mystère : la charité fraternelle

« En ces jours-là Marie partit et s’en alla en hâte vers la montagne, en une
ville de Juda. Et elle entra dans la maison de Zacharie, et salua Elisabeth.
Or, quand Elisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit
dans son sein, et elle fut remplie du Saint-Esprit. Et elle s’écria à haute voix, disant:  » Vous êtes bénie entre les femmes, et le fruit de vos entrailles est béni. Et d’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi? Car votre voix, lorsque vous m’avez saluée, n’a pas plus tôt frappé mes oreilles, que l’enfant a tressailli de joie dans mon sein. Heureuse celle qui a cru ! Car elles seront accomplies les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur !  »
Et Marie dit :  » Mon âme glorifie le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu, mon Sauveur, parce qu’il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante.
Voici, en effet, que désormais toutes les générations me diront bienheureuse, parce que le Puissant a fait pour moi de grandes choses. Et son nom est saint, et sa miséricorde d’âge en âge, est pour ceux qui le craignent. Il a fait œuvre de force avec son bras; il a dissipé ceux qui s’enorgueillissaient dans les pensées de leur cœur; il a renversé de leur trône les potentats, et il a élevé les humbles; il a rassasié de biens les affamés, et il a renvoyé les riches les mains vides. Il a pris soin d’Israël son serviteur, se ressouvenant de sa miséricorde, — ainsi qu’il l’avait promis à nos pères, — en faveur d’Abraham et de sa race, pour toujours.  » Et Marie demeura avec elle environ trois mois, et elle s’en retourna chez elle. »

Là aussi, merveilleux récit que cette Visitation. Tout est fait de délicatesse, de respect, d’humilité et de joie. Toutes ces paroles confessent la grandeur des personnages. Tout ce déroule sous le regard de Dieu, dans le respect de la majesté de Dieu. Tout est simple mais aussi solennel. Ce sont là les traits de la noblesse de cœur. Ce sont là des encouragements à la charité fraternelle. Ce sont là les caractéristiques de l’évangélique. Ce sont là les notes de la chrétienté. Tant il est vrai que notre Evangile, s’il est vécu, est civilisateur.

Troisième mystère : la nativité. Fruit de ce mystère : l’esprit de pauvreté

« Or, en ces jours-là, fut publié un édit de César Auguste, pour le recensement de toute la terre. Ce premier recensement eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville.
Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville
de David, qui s’appelle Bethléem, parce qu’il était de la maison et de la
famille de David, pour se faire recenser avec Marie son épouse, qui était enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter s’accomplit, et elle mit au monde son fils premier-né, l’emmaillota et le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie.
Il y avait dans la même région des bergers qui vivaient aux champs et qui
veillaient la nuit sur leur troupeau. Un ange du Seigneur parut auprès d’eux et la gloire du Seigneur les enveloppa de clarté, et ils furent saisis d’une grande crainte. Mais l’ange leur dit :  » Ne craignez point, car je vous annonce une nouvelle qui sera pour tout le peuple une grande joie : il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur, qui est le Christ Seigneur. Et voici ce qui vous en sera le signe : vous trouverez un nouveau-né
emmailloté et couché dans une crèche.  » Tout à coup se joignit à l’ange une troupe de la milice céleste, louant Dieu et disant :  » Gloire, dans les hauteurs, à Dieu ! Et, sur terre, paix chez les hommes de bon vouloir !  » Lorsque les anges, s’en allant au ciel, les eurent quittés, les bergers se dirent entre eux :  » Passons donc jusqu’à Bethléem, et voyons cet événement qui est arrivé, et que le Seigneur nous a fait connaître.  » Ils s’y rendirent en toute hâte, et trouvèrent Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la crèche ».

« le nouveau-né couché dans la crèche » :

Etonnant dépouillement de Celui qui est riche par nature. Lui qui est « le roi des siècles », le tout puissant n’est pas né dans un palais, n’ayant trouvé nulle place dans les hôtelleries de la ville…Le Fils de Dieu a voulu naître dans la nudité et coucher sur la paille. Il confond nos cupidités

Quatrième mystère : la présentation de l’enfant Jésus au Temple : fruit du mystère : l’obéissance et la pureté.

« Puis, lorsque les jours de leur purification furent accomplis, selon la loi de
Moïse, ils le menèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon qu’il est écrit dans la loi du Seigneur : Tout mâle premier-né sera regardé comme consacré au Seigneur, et pour offrir en sacrifice, ainsi qu’il est dit dans la loi du Seigneur, une paire de tourterelles ou deux petites colombes. »

Qu’est-ce qui nous a fait perdre la vie divine ? C’est l’orgueil d’Adam et d’Eve. En écoutant le démon, Ils crurent qu’ils seraient comme Dieu ; Ainsi se perdit l’amitié de Dieu. Le Christ nous rachète, nous ramène à Dieu par l’humilité de son Incarnation. « Bien qu’il soit Dieu, il s’est anéanti lui-même en prenant la condition de créature, en se rendant semblable aux hommes.

Qu’est-ce qui nous a perdus encore ? Notre refus d’obéir. Le Fils de Dieu, ainsi que Marie et Joseph, nous donne l’exemple d’une obéissance admirable.

Cinquième mystère joyeux : le recouvrement de l’enfant Jésus au Temple. Fruit de ce mystère : la recherche de Jésus en toutes choses

« Or ses parents se rendaient chaque année à Jérusalem, pour la fête de la
Pâque. Quand il eut douze ans, comme ils étaient montés selon la coutume de lafête, et qu’ils s’en retournaient, le temps étant passé, l’enfant Jésus resta à
Jérusalem et ses parents ne le surent pas. Pensant qu’il était avec la caravane, ils marchèrent tout un jour, puis ils le cherchèrent parmi leurs parents et leurs connaissances. Ne l’ayant point trouvé, ils s’en retournèrent à Jérusalem en lerecherchant. Or, au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant; et tous ceux qui l’entendaient étaient ravis de son intelligence et de ses réponses. En le voyant, ils furent stupéfaits, et sa mère lui dit :  » Mon enfant, pourquoi nous avez-vous fait cela? Voyez, votre père et moi, nous vous cherchions tout affligés.  » Et il leur répondit :  » Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu’ilme faut être dans les choses de mon Père?  » Mais ils ne comprirent pas la parole qu’il leur dit. Et il descendit avec eux, et il vint à Nazareth, et il leur était soumis. Et sa mère conservait toutes ces choses en son cœur ».

Incompréhension de Marie et de Joseph à la parole de Jésus enfant : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être aux choses de mon Père ». Incompréhension…Mais nulle révolte, nulle rudesse. Mais au contraire réflexion intérieure, méditation. Essai de compréhension : « Et sa mère conservait toutes ces choses en son cœur ». Ah si cela pouvait être l’attitude de ceux qui recherche la vérité ! Il y aurait plus de conversion.

 

Messe de minuit

 « Il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur »

 

Telles sont, MBCF, les paroles de l’ange aux bergers veillant, cette nuit, à la garde de leur troupeau. Cette nuit sera éternellement dite « la nuit de Noël », elle sera éternellement « la nuit de la naissance du Sauveur ». Cette phrase sera éternelle.

« Un Sauveur vous est né ».

 Ce Sauveur fut annoncé, vous le savez,  dès l’origine des temps, dès la consommation du péché originel. Il fut promis par Dieu aux Patriarches pour soutenir leur foi et leur espérance. Il fut annoncé par les prophètes. Il fut décrit sous mille figures, sous mille symboles. Avant même qu’il soit au milieu de son peuple, son histoire était connue, dans les Ecritures. Il naitrait d’une Vierge, il serait du lignage de David, il naitrait dans sa cité, Bethléem, « Et toi Bethléem…c’est de toi que sortira  pour moi, Celui qui doit être le dominateur en Israël dont l’origine est antique et remonte aux jours de l’éternité ». C’est Michée qui le prophétisait. (Michée 5 2-3) C’est là, du reste, à Bethléem, que les mages le trouveront selon ce que les Scribes et Pharisiens, scrutant encore les Ecritures, dirent à Hérode, qui s’inquiétait déjà de la royauté de cet enfant. Et Roi, il le sera, Cela fut annoncé. Il le confessera même, un jour, devant Pilate. Oui, aux disciples d’Emmaüs, il expliquera les Ecritures et « commençant par Moïse, il leur expliqua dans toutes les Ecritures ce qui le concernait » (Lc 24 27)

 Tout cela vous le savez un peu mieux après les quatre homélies du Temps de l’Avent que vous avez entendu.

 Vous savez également qu’il est le Sauveur. C’est ainsi que l’Ecriture nous présente cet enfant de la crèche. C’est ainsi que Zacharie, le père de Saint Jean Baptiste, le décrit dans son merveilleux cantique, le jour de la circoncision de Jean. C’est ainsi que Jean Baptiste, lui-même, le présente à ses propres disciples : « Ecce agnus Dei, ecce qui tollit peccata mundi ». C’est ainsi que le reçoit sainte Elizabeth en accueillant sa cousine, Notre Dame. C’est ainsi aussi que ND le confesse en réponse à la salutation d’Elisabeth. « Mon âme glorifie le Seigneur et mon esprit trésaille de joie en Dieu, mon Sauveur » (Lc 1 46). C’est ainsi que le prophète Siméon le reçut dans ses bras alors que ses parents le présentaient au Temple pour satisfaire à la loi juive.  Je peux m’en aller en paix « car mes yeux ont vu votre salut que vous avez préparé devant tous les peuples pour être la lumière qui éclairera les nations et la gloire de votre peuple d’Israël ».(Lc  2 31)

 Mais en cette nuit de Noël essayons de pénétrer un peu le mystère de Noël. Essayons de comprendre en quoi il est notre Sauveur et comment il est notre Sauveur.

En quoi est-il notre Sauveur ? Il est notre Sauveur parce que ayant assumé notre humanité, il nous confère sa divinité. C’est le but dela Nativité, du mystère de l’Incarnation.

 En quoi est-il notre Sauveur ? Il est notre Sauveur parce qu’il a pris une chair passible et qu’en elle il pourra expier, mériter et satisfaire à la justice de Dieu. C’est ainsi que la chair du Christ qu’il assume en cette nuit, deviendra pour nous l’instrument de notre salut.

 Répondons, cette nuit, à la première question : Jésus est notre Sauveur parce qu’il assuma notre nature humaine.

 Transportons-nous à la grotte de Bethléem. Comme les bergers nous voyons qu’un enfant vient de naître. Il tient la vie d’une femme de Nazareth, du nom de Marie. C’est un fils d’Adam, comme nous. Nous connaissons sa généalogie. Saint Mathieu nous la donne. Saint Luc aussi.

Voilà ce qui apparaît aux sens. Bien des juifs n’ont voulu voir que cela. C’est le fils du charpentier. « Nonne hic est fabri filius » ?

 Mais aux yeux de la foi, il possède aussi la vie divine. Cet enfant est le propre Fils de Dieu. Il est le Verbe, la seconde Personne dela Trinité. Ilestla Vie.  Jésusle confesse : « Sicut Pater habet vitam in semetipso, sic dedit et Filio habere vitam in semetipso ». Il possède la nature divine avec toutes ses perfections infinies. C’est à cette filiation divine que s’adresse notre adoration. La messe de minuit nous le fait entendre : « Dominus dixit ad me : Filius meus es tu, ego hodie genui te ».

 Le Père contemple son Fils maintenant incarné. Le Fils pour s’être fait homme n’en reste pas moins Dieu. Devenu fils de l’homme, il demeure Fils de Dieu. Le Christ est égal et « consubstantiel au Père », « Dieu de Dieu, Lumière de lumière ». « Par Lui, toutes choses ont été faites et rien n’a été fait sans lui ». C’est Lui qui tira tout de son néant.

Adorons ce Verbe incarné pour nous. « Christus natus est nobis, venité adoremus ».

 Voilà ce que nous dit la foi.

Soyons plus précis encore.

Ainsi il y a deux vies en cet enfant de la crèche. Deux vies indissolublement unies, unies d’une manière ineffable, car la nature humaine appartient au Verbe d’une appartenance telle qu’il n’y a qu’une seule personne, celle du Verbe.

Cette nature humaine est parfaite. Rien de ce qui touche à son essence ne lui manque. Il a une âme comme la notre, un corps semblable au notre ; des facultés, intelligence, volonté, imagination, sensibilité,  semblables aux notres. Il est bien l’un des nôtres. Seul le péché lui sera inconnu. Parfaite en elle-même, cette nature humaine gardera son activité propre. Entre la vie divine et la vie humaine, il n’y a ni mélange ni confusion. Le Verbe en devenant homme reste ce qu’il est. Ainsi le divin en lui n’absorbe pas l’humain, l’humain n’amoindrit pas le divin. Et l’union des deux natures est telle qu’il n’y a pourtant qu’une seule personne, la personne divine et que la nature humaine appartient au Verbe ;  elle est l’humanité propre du Verbe.

 Tel est la foi de Chalcedoine. « Suivant donc les saints Pères, nous enseignons tous unanimement que nous confessons un seul et même Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, le même parfait en divinité, et le même parfait en humanité, le même vraiment Dieu et vraiment homme (composé) d’une âme raisonnable et d’un corps, consubstantiel au Père selon la divinité et le même consubstantiel à nous selon l’humanité, en tout semblable à nous sauf le péché, avant les siècles engendré du Père selon la divinité, et aux derniers jours le même (engendré) pour nous et pour notre salut de la Vierge Marie, Mère de Dieu selon l’humanité, un seul même Christ, Fils du Seigneur, l’unique engendré, reconnu en deux natures, sans confusion, sans changement, sans division et sans séparation, la différence des deux natures n’étant nullement supprimée à cause de l’union, la propriété de l’une et l’autre nature étant bien plutôt sauvegardée et concourant à une seule personne et une seule hypostase, un Christ ne se fractionnant ni se divisant en deux personnes, mais en un seul et même Fils, unique engendré, Dieu Verbe, Seigneur Jésus-Christ. »

 Ainsi, selon la foi de Chalcedoine, il est vrai de dire que Dieu nous emprunte notre nature humaine pour se l’unir dans une union personnelle.

 Mais que va nous donner Dieu en échange ?

 Le Verbe, en retour, va nous donner une participation réelle et intime à sa nature divine. Il nous fait part de sa divinité. Il nous rend participant de sa nature divine.

Sans doute cette participation à la nature divine avait été donnée à Adam avec tout le cortège splendide des privilèges. Mais le péché d’Adam lui avait fait tout perdre et la grâce sanctifiante et les dons préternaturels, et pour lui et pour sa descendance.

C’est pour rétablir cette participation divine que le Verbe s’est incarné. C’est pour nous rouvrir la route du ciel ; c’est pour nous rendre part à sa vie éternelle que le Verbe s’est fait homme. Cet enfant est la Vie.« Ego sum Vita ». C’est pour cela qu’Il vient : « Ego veni ut vitam habeant ». C’est pour nous que cet enfant est né. C’est à nous que le Fils est donné : « Puer natus est nobis et Filius datus est Nobis ».  Et en nous faisant participer de sa Vie, il nous rendra enfants de Dieu. C’est ce que confesse saint Paul : « Lorsqu’est venu la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, formé d’une femme,  afin de nous conférer l’adoption divine » (Gal 4 4-5). Ce que le Christ est par nature : Fils de Dieu, nous le sommes par grâce et miséricorde. « Natus hodie Salvator mundi, divinae nobis generationis  est auctor ». (Post. Com. De la messe du jour de Noël).

 Ainsi le mystère de l’incarnation, c’est cela : Le Verbe nous emprunte notre nature pour nous communiquer sa divinité. Il prend une vie humaine pour nous donner part à sa vie divine. Saint Augustin dit merveilleusement : « Factus est Deus homo, ut homo fieret Deux ».

 Dès lors sa naissance humaine devient le moyen de notre naissance à la vie divine.

 Et lors de la messe du jour, nous essaierons  de  mieux comprendre comment s’accomplit ce merveilleux échange : comment cet enfant qui est le Verbe incarné nous rend participants de sa nature divine ?  Et nous répondrons ici encore :  par son humanité, en tant que par son humanité, il nous rend Dieu visible et qu’il rend Dieu passible.

 

Messe de Noël

 Messe du jour.

 « A tous ceux qui l’ont reçu, Il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu à ce qui croient en son nom, Qui non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu sont nés. Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous, (et nous avons vu sa gloire, gloire comme celle qu’un fils unique tient de son Père) tout plein de grâce et de vérité….et c’est de sa plénitude, que nous avons tous reçu, et grâce sur grâce; parce que la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.  Dieu, personne ne le vit jamais: le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître ».

 Que ces phrases de saint Jean, dans son Prologue,  sont sublimes.

Là, nous avons tout l’Evangile, sa substance, sa finalité, toute sa raison d’être. Là, nous est enseignée la mission du Fils, la mission du Verbe de Dieu fait chair : « A tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfant  de Dieu ». Quelle grâce ! D’ennemis de Dieu que nous étions, depuis la prévarication d’Adam,  nous voilà faits « enfants de Dieu », dans et par la foi en ce Fils unique de Dieu. Oui ! De sa plénitude, nous avons tout reçu « et grâce sur grâce ». Il nous a fait connaitre Dieu le Père – et ce n’est pas la moindre des grâces – nous permettant dès lors de marcher comme Dieu, de marcher sur les voies de la sainteté: « Dieu, personne ne le vit jamais: le Fils unique, qui est dans le sein du Père c’est lui qui l’a fait connaître ».

 Telle est la finalité de l’Incarnation.

– Nous faire renaître à la vie divine.  « A tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfant  de Dieu ».

– Nous faire connaître Dieu et sa sainteté et ainsi les voies du salut.  « Dieu, personne ne le vit jamais: le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître ».

Telles seront les deux idées que je voudrais développer devant  vous en cete messe.

Cette nuit nous avons affirmé cette finalité, cette renaissance à la vie divine. Maintenant il faut essayer de comprendre comment cet enfant qui est le Verbe incarné nous rend  participants de sa vie divine ?

Nous vous avions suggéré la réponse en cette nuit de Noël. Comment ? Par son humanité. L’humanité que le Verbe nous emprunte va lui servir d’instrument pour nous communiquer sa divinité.

Et cela pour deux raisons : 

son humanité nous rend Dieu visible. « Dieu, personne ne le vit jamais: le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître ».

-son humanité nous rend Dieu passible, capable ainsi d’expier et de mériter pour nous.

La première idée :

L’humanité assumée par le Verbe nous rend Dieu visible. C’est ce qu’affirme saint Paul : « La grâce de Dieu notre Sauveur est apparue à tous les hommes », sa bénignité, son humanité, dira même saint Paul, sont apparues en cette nuit dans le Fils. Et saint Jean est aussi formel : « et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ». L’Incarnation rend Dieu présent au milieu de nous. Saint Jean insiste : « Ce qui était dès le commencement  ce que nous avons entendu,  ce que nous avons vu de nos yeux,  ce que nous avons contemplé  et ce que nos mains ont touché, du Verbe de vie,  – carla Viea été manifestée, et nous l’avons vue,  et nous lui rendons témoignage,  et nous vous annonçonsla Vieéternelle,  qui était dans le sein du Père  et qui nous a été manifestée – ce que nous avons vu et entendu, nous nous l’annonçons,  afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous,  et que notre communion soit avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. Et nous vous écrivons ces choses, afin que votre joie soit complète ».

Quelle joie en effet est de voir Dieu se manifestant, non dans l’éclat de sa puissance – nous en pourrions être effrayés – mais sous le voile d’une humanité humble, pauvre, faible, que nous pouvons voir et toucher. Le vrai Dieu, c’est le Christ qui vient à nous dans la pauvreté, et l’humilité. Il est pourtant la « splendeur de la gloire du Père éternel ». En moi, vous apprendrez à connaître la sagesse de Dieu, à connaître sa miséricorde. C’est ainsi qu’il nous instruit sur Dieu, de Dieu. Nous aurons qu’à écouter ce Fils pour savoir ce que Dieu veut de nous. Notre sainteté. « Haec voluntas Dei, sanctificatio vestra ». Dieu le Père le confessera : « Voici mon Fils bien aimé, écoutez le. ». Il nous suffira d’entendre le Verbe fait chair pour connaître la volonté du Père. Il nous suffira  de voir le Verbe fait chair pour connaître l’exemplaire que nous devons suivre. Il est la voie, la vérité et la vie. « Ego sum via, et veritas et vita ». Il est la voie du salut… L’humanité du Christ est la voie du salut. Ecoutez le et vous vivrez.

 L’humanité rend Dieu visible, disons-nous. Mais surtout,  elle rend Dieu passible

C’est ma deuxième idée.

Le péché originel qui a détruit la vie divine en nous,  exigeait une satisfaction, une expiation sans laquelle il était impossible que la vie divine  nous soit rendue.

Simple créature, l’homme ne pouvait donner une satisfaction pour une offense d’une malice infinie. Or la malice du péché originel était infinie puisque la dignité offensée est infinie. Dieu. La malice d’une faute se prend de la dignité de la personne offensée. Plus la personne offensé est digne plus la malice est grande. Dieu étant d’une dignité infinie, tout péché contre Dieu est infini dans sa malice. D’autre part, la divinité ne peut ni souffrir ni expier. Mais Il faut que le péché soit effacé pour que Dieu puisse nous communiquer sa vie. Alors comment Dieu va-t-il résoudre le problème ? En envoyant son Fils unique dans la chair.  Considérez l’enfant de la crèche, c’est le Verbe fait chair.  Son humanité est passible. C’est elle qui souffrira, qui expiera. Ces souffrances, ces expiations qui sont toutes de la nature humaine, appartiendront, selon un certain aspect, au Verbe. Dès lors elles emprunteront à la personne divine une valeur infinie qui suffira  à détruire le péché, à satisfaire la justice de Dieu et à expier pour tous les péchés du monde. Le Verbe prend une nature humaine pour trouver en elle de quoi souffrir, de quoi expier, de quoi mériter, de quoi nous justifier. C’est par la chair que l’homme s’est détourné de Dieu. C’est en se faisant chair que Dieu délivre l’homme. La chair que revêt le Verbe de Dieu deviendra, pour toute chair, l’instrument du salut. Sans doute, il faudra attendre l’immolation du Calvaire pour que l’expiation soit complète ; mais c’est dès le premier instant de son Incarnation que le Christ a accepté d’accomplir la volonté de son Père et de s’offrir en victime pour le genre humain. C’est à la crèche qu’il inaugure cette existence de souffrance qu’il a voulu vivre pour notre salut. Le terme est le Golgotha. Voilà pourquoi on parle de l’incarnation rédemptrice. « Et incarnatus est propter nostram salutem », disons nous dans le Credo. Mais la crèche est déjà l’œuvre rédemptrice dans son principe. Voilà pourquoi, dans la solennité de Noël, l’Eglise attribue notre salut à la naissance du Fils de Dieu. : « O Seigneur, que la nouvelle naissance de votre Fils dans la chair nous délivre de l’ancienne servitude qui nous tenait captifs sous le joug du péché » (Oraison de la messe du jour). Voilà pourquoi dans le temps de Noël, il sera constamment parlé de « délivrance », de « rédemption », de « salut » «  de vie éternelle ». C’est par son humanité que le Christ est « pontife ». Il fait donc le pont entre Dieu et les hommes.

Dès lors, MBCF, si nous sommes attentifs à ce que nous venons de dire et que je voudrais résumer en terminant, nous comprendrons le comment de notre salut.

Comment sommes nous sauvés ? Je réponds : par l’humanité sainte assumée par le Verbe de Dieu. Cette humanité sert au Verbe de Dieu d’instrument, non seulement pour nous instruire et nous faire connaître la voie du salut et son mode, mais encore et surtout pour nous relever, pour nous vivifier et nous rendre en Lui, agréable à son Père, lui,  ayant expié pour nous en son humanité sainte.

 Oh ! Merveilleuse Incarnation Oh ! Merveilleux plan divin. Oh ! Merveilleuse miséricorde qui nous donna un si grand rédempteur que j’adore.

 

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