Pour le mois de saint Joseph
publié dans couvent saint-paul le 19 mars 2018
A- MOIS DE MARS, MOIS DE SAINT JOSEPH – 19 mars 2009 – 348e anniversaire de la consécration de la France à Saint Joseph par LOUIS XIV
La dévotion à saint Joseph s’est développée assez tardivement en Occident. Ce n’est guère qu’au XVème siècle qu’apparaissent les premières manifestations principalement en Italie et en Espagne (on sait la confiance que la grande sainte Thérèse d’Avila avait envers le Père nourricier de l’Enfant-Jésus ; c’est sous sa protection qu’elle plaçait chaque carmel fondé). Etape décisive : en 1621, le pape Grégoire XV proclama que la fête de saint Joseph serait fête de précepte pour l’Eglise universelle (le 19 mars devient alors une fête chômée). Toutefois, cette décision pontificale ne fut pas reçue partout immédiatement, l’aval des princes étant nécessaire pour qu’elle aie force de loi dans chaque Royaume. En France, c’est au tout début du règne personnel de Louis XIV que la Saint Joseph fut ainsi reconnue, et cela, avec une rapidité confondante. Qu’on en juge : dans la nuit du 8 au 9 mars 1661, le cardinal Mazarin meurt, après plus de quinze ans de gouvernement. Les 9 et 10 mars, Louis XIV, âgé de 22 ans, prit personnellement le pouvoir et, avec une détermination qui causa la surprise générale, ne nomma pas de premier ministre ; il s’entoura cependant de deux conseils pour faire entériner ses décisions. Sur le point qui nous occupe ici, le jeune roi était tout aussi décidé et mena l’affaire tambour battant. Où doit-on alors chercher les origines de la dévotion de Louis XIV à saint Joseph ? – Sans doute dans les suites de l’apparition de notre saint près du village de Cotignac en Provence (le 7 juin 1660) qui avait fait grand bruit à la Cour… mais aussi chez deux princesses espagnoles, les plus proches du souverain : sa mère, Anne d’Autriche et l’infante Marie-Thérèse d’Espagne. Cette dernière était entrée en France, en traversant la Bidassoa avec son futur mari… le 7 juin 1660, jour même de l’apparition susdite, pour le mariage royal à Saint-Jean-de-Luz. Revenons à l’année 1661 : le 12 mars, trois jours après avoir pris le pouvoir, Louis XIV décide donc de solenniser sans retard le culte de saint Joseph, en faisant chômer sa fête dans tout le Royaume. Il aurait toutefois dû consulter les prélats français, or le 19 mars était proche… Les rares évêques qui purent être contactés à temps donnèrent leur accord. Le lendemain, 13 mars, pendant la réunion du Conseil d’En-Haut, le roi interdit donc tout commerce et tout travail tous les 19 mars à partir de 1661. Ce fait est connu et rapporté par les historiens du Grand Siècle (qui ne songent cependant pas à noter la rapidité de la procédure). Or, un événement concomitant tombe dans l’oubli le plus total : La consécration du royaume à saint Joseph ! oubli qui contraste avec la notoriété du Vœu de Louis XIII, consacrant la France à la Très Sainte Vierge en 1638.Il est vrai que la cérémonie de 1661 eu lieu dans l’intimité : non dans une basilique, une cathédrale ou une église… mais tout simplement dans la chapelle du Louvre. C’est là que, le matin du samedi 19 mars 1661, la France fut consacrée à saint Joseph. L’après-midi, après les vêpres, Bossuet, qui était occupé à prêcher le Carême aux carmélites du Faubourg-Saint-Jacques, célébra, dans leur chapelle, les gloires du nouveau protecteur de la patrie, en présence de Anne d’Autriche. Le célèbre évêque de Meaux avait accepté, au pied levé, de ne pas prêcher sur le Carême ce jour-là et de composer, en grande hâte, son deuxième Panégyrique à saint Joseph (il ne pouvait, certes, avoir l’indélicatesse de répéter le premier Panégyrique qu’il avait déjà prêché, quelques années plus tôt, devant la même Reine-Mère). Citons, pour conclure, la belle envolée par laquelle se termine ce sermon : « Joseph a mérité les plus grands honneurs, parce qu’il n’a jamais été touché de l’honneur ; l’Eglise n’a rien de plus illustre, parce qu’elle n’a rien de plus caché. Je rends grâces au roi d’avoir voulu honorer sa sainte mémoire avec une nouvelle solennité. Fasse le Dieu tout-puissant que toujours il révèle ainsi la vertu cachée ; mais qu’il ne se contente pas de l’honorer dans le ciel, qu’il la chérisse aussi sur la terre. Qu’à l’exemple des rois pieux, il aille quelquefois la forcer dans sa retraite… Si votre Majesté, Madame, inspire au roi ces sages pensées, elle aura pour sa récompense la félicité ». Par la suite, la consécration de la France à saint Joseph fut commémorée en France tous les 19 mars jusqu’à la Révolution. Depuis, elle n’a jamais été reprise. Il n’empêche qu’il est nécessaire de rappeler cet événement majeur dont on fête cette année le 343ème anniversaire. Le signataire de ce bref exposé n’en est pas le véritable auteur, car il en doit la substance à un ami, Monsieur Christian Gaumy, conservateur de la Bibliothèque universitaire de Limoges, qui a eu pour cela la patience d’explorer les montagnes de documents des Archives nationales et de la Bibliothèques nationale (Département des Manuscrits), et qu’honore le profond souci de faire connaître et aimer le saint patron de l’Eglise universelle ; qu’à tous ces titres, il soit ici remercié et assuré de ma gratitude. Père Damien-Marie « Le Sourire de Mari
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B- L’APPARITION DE SAINT JOSEPH A COTIGNAC, LE 7 JUIN 1660
La journée s’annonce chaude. Un jeune berger, provençal, de Cotignac, Gaspard Ricard, âgé de 22 ans, a conduit son troupeau sur le versant est du Bessillon. Vers une heure de l’après-midi la chaleur est intense. Assoiffé, il s’allonge sur le sol rocailleux quand soudain un homme d’imposante stature se tient près de lui et indique un rocher en lui disant: « Iéu siéu Joùsè; enlevo-lou e béuras . » c’est-à-dire : « Je suis Joseph; enlève-le et tu boiras. » La pierre est lourde, huit hommes pourront à peine la déplacer; comment Gaspard la soulèverait-il ? Mais le vénérable vieillard, comme disent les récits de l’époque, réitère son ordre. Le berger obéit déplace le rocher, et découvre une eau fraîche qui commence à ruisseler. Il boit aussitôt avec avidité. Lorsqu’il se relève, l’apparition a déjà disparu. Sans plus attendre, il va porter la nouvelle au village, et les curieux arrivent. Trois heures après l’événement en un lieu que tous savent être dépourvu de source, une eau abondante s’écoule.
Saint Joseph mis en lumière dans l’Église et en France
C’est tout. Rien de plus simple, rien de plus pauvre que cette apparition comme l’Evangile », commentait Mgr Gilles Barthe, dans sa lettre pastorale du 14 février 1971. L’eau est le signe, si essentiel dans notre foi, de notre régénération et de la vie nouvelle jaillie pour nous de la Pâque du Christ. Ici est mis en lumière le rôle puissant d’intercession de Saint Joseph. St Joseph uni à la Vierge Marie dans le plan éternel de la Providence divine, que Dieu veut voir associé à son épouse dans la prière et le coeur des chrétiens, spécialement dans la vie des familles. Les faits sont dûment attestés par d’abondantes sources, bien conservées. Un épisode des mois suivant l’apparition est remarquable : une fois de plus, les Consuls de Cotignac, en hommes politiques, et en chrétiens responsables, vont croire à l’événement et prendre bientôt toutes les mesures utiles en vue du bon déroulement des pèlerinages tout en respectant profondément les compétences et responsabilités propres aux autorités d’Eglise dans le domaine spirituel (reconnaissance, cultes, etc.) Car les choses ne traînèrent pas. A la réunion du conseil municipal du 25 juillet, on délibéra au sujet de la font (source) de Saint Joseph, dont l’eau a beaucoup de qualités et fait beaucoup d’opérations . Car de toutes parts de la province, on vient y prendre de l’eau pour s’y laver, boire et guérir si on a des maladies et infirmités : cela provoque de la confusion ! La construction d’une chapelle y est décidée. On recevra les aumônes à cette fin. Commencée le 9 août, elle sera déjà terminée en octobre suivant ! Bientôt trop petite, on en met une plus vaste en chantier dès 1661 ; elle sera dans le style de l’époque. C’est le Sanctuaire de St Joseph consacré en 1663 que vous pouvez voir aujourd’hui. Mais, dans l’immédiat la grosse question était de savoir qui, prêtres séculiers ou religieux, sera chargé de la chapelle de Saint Joseph. La population de Cotignac et ses élus désiraient que ce fussent les Pères Oratoriens de Notre-Dame de Grâces. Et telle fut finalement la décision de l’Evêque de Fréjus. Ainsi en fut-il jusqu’à la Révolution.
Des signes extraordinaires
En 1662, dans son compte-rendu de visite, le Père Allard de l’Oratoire avait écrit parlant de l’année 1661 : « Nos Pères (de Notre-Dame de Grâces) m’ont assuré qu’il y a eu 52 processions, de Pâques à la Pentecôte, et qu’il y a eu 6 000 personnes dans l’octave de cette dernière solennité. L’eau de Saint Joseph fait des miracles. Depuis mon retour un boiteux de naissance, originaire d’Avignon, y étant allé, est revenu bien droit et a laissé ses crosses ; nous le connaissons. Tout le monde boit et emporte de cette eau. » Il ajoutait encore que les Pères avaient construit un bâtiment de six chambres à Saint Joseph, et qu’ils étaient débordés : il leur faudrait du renfort ! Le Pape, Alexandre VII accorda sa bénédiction à la confrérie qui s’établit bientôt sous le nom de Confrérie de la Sainte Famille ou de Jésus Marie Joseph. Tout ceci illustre la popularité acquise par le culte de Saint Joseph ; sa fête le 19 mars vit accourir les foules dès 1661. C’est du reste cette année-là que Louis XIV décrétait ce jour, fête chômée ! Bientôt Saint Joseph fut fêté dans tous les diocèses de France (ce que le Saint-Père demandait depuis 40 ans), et spécialement en Provence ; des églises y apparurent qui portaient son nom, et dans presque toutes les autres, un autel fut dédié à celui que l’Eglise proclamerait un jour son Protecteur universel (en 1871). La Font Saint Joseph ne s’est jamais tarie, au pied du sanctuaire. Elle reste visible en contre bas de celui-ci, sur le côté ; les grâces non plus, dont on ne saurait faire la liste notent les Moniales Bénédictines, qui ont trouvé là le lieu privilégié de leur installation depuis 1977, à leur retour d’Algérie.
A tous ceux qui prient avec foi, Saint Joseph répond avec son coeur de père ; il ramène le coeur des enfants vers leurs parents, protège les enfants à naître, réconcilie des frères désunis, rend le goût de vivre, notent encore les Bénédictines, qui sont souvent les confidentes des grâces obtenues ; et celles-ci concernent quelquefois des nécessités très matérielles : pour vivre, il faut avoir de quoi se nourrir, avoir un toit. Après son pèlerinage à Cotignac et l’apparition de Saint Joseph, Louis XIV ne pouvait faire moins que lui consacrer la France et sa personne (Ces bonnes dispositions chrétiennes ne survécurent guère à la mort de sa mère, Anne d’Autriche)
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C- LES APPARITIONS DE ND DE GRACES A COTIGNAC-LES 10 ET 11 AOUT 1519.
En ces temps faits d’unité et de Foi, où de lourdes menaces pèsent sur l’Europe : En l’an de grâce 1519, la Provence fait partie du Royaume de France depuis 38 ans; son Roi est François 1er. Le peuple, reste profondément chrétien, à la manière du temps; être fidèle, solidaire, travailleur, et être chrétien, c’est tout un. Hélas, comme l’Europe politique, le monde religieux lui-même va connaître déchirements et affrontements. Deux ans plus tôt, le moine augustin Martin LUTHER (1483-1546) venait d’afficher ses 95 thèses sur la porte de la Schlosskirche de Wittenberg. En mars 1519, il assurait encore le Pape Léon X de sa fidélité. Trois ans plus tard, l’Allemagne était à feu et à sang, et bientôt, une bonne partie de l’Europe.
Notre-Dame vient affermir avant les épreuves… : Le 10 août 1519, un bûcheron, Jean de la Baume, gravit le mont Verdaille. Il est seul. Comme d’accoutumée, il commence sa journée par prier. A peine s’est-il relevé qu’une nuée lui apparaît, découvrant la Vierge Marie, et l’Enfant Jésus dans ses bras, qu’entourent Saint Bernard de Clairvaux, Sainte Catherine martyre, et l’Archange Saint Michel. Notre-Dame est debout les pieds sur un croissant de lune. Elle s’adresse alors à Jean à peu près en ces termes: Je suis la Vierge Marie. Allez dire au clergé et aux Consuls de Cotignac de me bâtir ici même une église, sous le vocable de NOTRE-DAME DE GRACES: et qu’on y vienne en procession pour recevoir les dons que je veux y répandre. Et la vision disparut. Était-ce une hallucination ? Doutant ou non, le fait est que Jean garda pour lui le message… ce qui lui valut une seconde apparition de la Mère de Dieu et des Grâces! Le lendemain même, 11 août, s’étant rendu au même endroit pour achever sa coupe, il eut la même vision et reçut la même demande. Cette fois, il s’y résolut et redescendit au village sans attendre.
Les autorités et les villageois adhèrent dans un même mouvement : Jean est sérieux; la population et ses édiles accordent foi immédiatement au compte-rendu du pieux et sérieux bûcheron. On élèvera donc une petite chapelle à l’endroit des apparitions (laquelle se révélera rapidement trop petite; cinq ans plus tard, on projetait déjà de la remplacer par un sanctuaire d’une taille semblable à celui d’aujourd’hui. Ce sera chose faite en 1537).
La Providence réservait un petit signe aux bâtisseurs de Cotignac, un signe qui ne manqua pas de les encourager. Le 14 septembre, en la fête de l’Exaltation de la Croix, à peine un mois et demi après les apparitions, les travaux avaient déjà commencé après une grande procession de la communauté entière, clergé et syndics en tête, ainsi que nous le rapportent les archives municipales. Et « commençant les fondations de cette église, trouvèrent en terre grande quantité d’ossements, des clous, des ferrailles, des boîtes d’ivoire et une boule de beau cristal, ce qui leur fit croire qu’il y avait là des martyrs enterrés ». C’était plausible car dans l’Empire Romain, sous lequel toute la région fut habitée et mise en valeur, en effet, nombre de chrétiens payèrent de leur vie leur attachement de Foi à Jésus-Christ; la Provence fut christianisée dès le 1er siècle, et les persécutions ne cessèrent en Occident qu’en 311! Les annales de l’Oratoire rapportent qu’à l’ouverture du tombeau, plusieurs malades avaient été guéris.
L’approbation ecclésiastique fut rapidement obtenue, car en date du 17 mars 1521 déjà, par une Bulle, le Pape Léon X accordait une série de privilèges au sanctuaire provençal !
Des signes : Les signes miraculeux n’ont de sens que par rapport à la pédagogie divine: c’est toujours un aspect de l’Evangile qu’ils signifient et actualisent; à leur contact la foi chrétienne un peu assoupie se réveille.
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D- 19 mars : Saint Joseph, époux de la T.S.V. Marie et père nourricier de N.S. Jésus-Christ, patron de l’Eglise universelle (1870),
protecteur de la famille et de la résistance au communisme (1937).
De la descendance du roi David et ainsi qualifié de « fils de David » par l’ange dont parle saint Mathieu (Ev., 1, 20), saint Joseph semble être mort avant la vie publique de Jésus. Les Français furent à travers les siècles de grands propagateurs de son culte et de nombreux pays l’ont pour protecteur, comme le Canada (1637). Proclamé par Pie IX patron et protecteur de l’Eglise universelle (8 décembre 1870), il fut proclamé par Pie XI, protecteur de « la grande action de l’Eglise catholique contre le communisme athée mondial pour hâter la venue de la paix du Christ dans le règne du Christ », car c’est lui « le Juste, modèle vivant de cette justice chrétienne qui doit régner dans la vie sociale » (19 mars 1937). Patron des familles chrétiennes, de la bonne mort, des ouvriers (1955, saint Joseph artisan est fêté le 1er mai), il figure au canon de la messe depuis 1962.
Les apparitions de Saint Joseph sont rares. Il apparut avec la Vierge et l’Enfant Jésus à Fatima le 13 octobre 1917, mais il est particulièrement vénéré à Cotignac (diocèse de Fréjus et actuellement du Var). La Vierge était apparue sur le mont Verdaille au bûcheron Jean de La Baume (10 et 11 août 1519), ce qui avait entraîné la construction d’une église dédiée à Notre-Dame de Grâces, lieu de miracles dont les papes firent mention. Or, à Paris le frère Augustin déchaussé Fiacre de Saine Marguerite (né Denis Antheaume, 1609-1684) pria beaucoup la Vierge pour que Anne d’Autriche ait un héritier. La Vierge lui demanda trois neuvaines, la première à Notre-Dame de Grâces de Cotignac, la deuxième à Notre-Dame de Paris et la troisième à Notre-Dame des Victoires de la même ville. C’est ainsi que naîtra Louis XIV, le frère Fiacre ayant été envoyé par Louis XIII et Anne d’Autriche à Cotignac pour y faire la neuvaine voulue ; peu de jours après son départ, Louis XIII déclarera consacrer la France à la Vierge, et le Dauphin tant désiré verra le jour le 5 septembre 1638. En 1644, la régente Anne d’Autriche envoya à nouveau le frère Fiacre à Cotignac pour demander à la Vierge de protéger son fils et Louis XIV en personne viendra en pèlerinage le 21 février 1660, en compagnie de sa mère, de son frère le duc d’Anjou (futur duc d’Orléans), de sa cousine la Grande Mademoiselle, du cardinal Mazarin. Le roi donnera d’importants cadeaux à l’église de Cotignac, et envoya une dernière fois le frère Fiacre vers Marie en 1661. Pour combler de grâces la terre provençale, Dieu permit encore que saint Joseph apparaisse le 7 juin 1660 à un berger assoiffé, Gaspard Ricard, lui ordonnant de déplacer une trop lourde pierre, ce qu’il put quand même faire et ce qui entraînera la naissance d’une source, bien vite miraculeuse, puis la construction d’une chapelle Saint-Joseph, approuvée par l’évêque. On honore donc toujours à Cotignac la Vierge et son époux : la nouvelle église Notre-Dame de Grâces conserve l’inscription signalant la visite royale de 1660) (ex-voto de marbre noir, 1667), l’ancienne statue de la Vierge et le cœur du frère Fiacre ; à 3 km de là, une église bâtie au pied du Grand-Bessillon est sur le lieu de la source et de l’apparition de saint Joseph. Le 12 mars 1661, Louis XIV invita les évêques de France à faire chômer la fête de saint Joseph, le 19 suivant, interdisant tout commerce et travaux en ce jour, ce qui fut immédiatement ratifié par les vicaires généraux de l’archevêque de Paris le 14. On remarquera que le 7 juin 1660 était le jour où l’infante Marie-Thérèse entra en France pour y épouser Louis XIV en personne (elle était déjà mariée par procuration).
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E- NOTRE DAME DE GRACES ET LA NAISSANCE DE LOUIS XIV UN ROI, UNE REINE ET TOUTE UNE NATION IMPLORENT DIEU DE DONNER UN HÉRITIER AU TRONE
Mariés très jeunes en 1615, Louis XIII et Anne d’Autriche, les années passant, n’avaient toujours pas d’enfants ; la question commença à être préoccupante, ne serait-ce que d’un point de vue politique. La Reine priait beaucoup à cette intention. Hélas, en 1630 encore, elle avait eu une grossesse qui n’avait pas plus abouti que les autres. On eût dit qu’il faudrait un miracle. Le miracle eut lieu, après 22 ans de mariage, par l’intercession de Notre-Dame de Grâces.
Le frère fiacre reçoit une promesse et une demande du ciel : Le 27 octobre 1637, tandis qu’il était en prière avec ses confrères dans le choeur, le frère Fiacre, eut une soudaine révélation intérieure: la Reine devait demander publiquement qu’on fît en son nom trois neuvaines de prières à la sainte Vierge, et un fils lui serait donné: la première neuvaine à Notre-Dame de Grâces à Cotignac en Provence, la seconde à Notre-Dame de Paris, la cathédrale, et la troisième à Notre-dame des Victoires, l’église de son couvent. Il faut savoir que deux ans auparavant, encore jeune novice, Frère Fiacre avait reçu la même inspiration, mais avec moins de force et d’urgence. Une nouvelle fois, néanmoins, ses Supérieurs restèrent sceptiques et lui interdirent d’en parler. Ou alors, il faudrait amener une preuve.
Six jours plus tard, le 3 novembre vers les 2 heures du matin, le pieux frère dans sa cellule est tiré de sa prière par des cris d’enfant. Étonnement et frayeur : il se trouve en face de la Vierge Marie, qui lui montre sur ses bras un enfant vagissant : « N’ayez pas peur, dit-Elle, je suis la Mère de Dieu, et l’enfant que vous voyez est le Dauphin que Dieu veut donner à la France . » Et la vision disparaît puis se manifeste à nouveau un court moment mais sans plus dire un mot. Enfin, deux heures plus tard, Marie se fit voir encore, mais seule, et dit : « Ne doutez plus mon enfant de ce que vous avez déclaré à votre confesseur. Pour marquer que je veux qu’on avertisse la Reine de faire trois neuvaines en mon honneur, voilà LA MEME IMAGE qui est à Notre-Dame de Grâces, en Provence, et la façon de l’église . »
Et Frère Fiacre vit avec précision le tableau ainsi que le choeur où il se trouvait (comme aujourd’hui).
Immédiatement mis au courant, ses Supérieurs qui, comme lui, ne s’étaient jamais rendus à Cotignac, consultèrent des amis qui avaient fait le pèlerinage : les descriptions correspondaient. Le 5 novembre, on rédigea un procès-verbal de tout cela, que toute la communauté des Augustins contre signa, à l’intention du Cardinal de la Rochefoucauld. Car ces trois neuvaines étaient devenues une affaire d’Etat. Tôt informée, la Reine se mit à croire, dans la Foi, en la réalisation de ces promesses du Ciel transmises par Frère Fiacre. Son époux en entendit parler, de son côté. Mais l’avis du Cardinal était déterminant, et celui-ci se renseignait. Bref, le temps passait.
Mais sous une forte inspiration intérieure, le 8 novembre 1637, Frère Fiacre avait déjà commencé les trois neuvaines au nom de la Reine. Celles-ci se terminèrent le 5 décembre suivant (la Reine l’apprit), soit, ainsi que le fait remarquer discrètement la biographie du vénérable Frère, « précisément neuf mois avant la naissance du futur Roi Louis XIV » !
Aux premiers jours de février 1638, la Reine sentit l’enfant remuer en elle; elle n’eut plus qu’un désir: connaître le fameux Frère Fiacre. L’humble religieux fut donc obligé de se rendre au Louvre où, aussi confus qu’ému, il vit la Reine s’agenouiller devant lui et le remercier. C’est dire combien Anne d’Autriche avait confiance en l’heureux aboutissement de sa grossesse ! Peu après, il dut également rencontrer le Roi qui le chargea, ainsi qu’un confrère prêtre, d’aller à Cotignac. Le 7 février, l’ordonnance royale leur prescrivant ce voyage leur parvenait. Le Roi veillait à tout ce qui pouvait faciliter le voyage: en fin de lettre, il ordonnait à tous les gouverneurs et lieutenants généraux de donner aux porteurs du pli libre et sûr passage… en leur faisant toute faveur et assistance si besoin est requis, en tout . Frère Fiacre n’en demandait pas autant pour se mettre en route!
Le Voeu de Louis XIII : Alors que depuis 1635 la France était en guerre avec l’Espagne, alliée à l’Empire, et essuyait de sérieux revers militaires, l’idée de s’engager dans un voeu, de vouer le pays entier à Notre-Dame, était dans l’air. Louis XIII lui-même, Roi pieux, avait déjà esquissé diverses formules de consécration, conseillé par son confesseur, le Père Caussin; en novembre 1637, un texte était enfin soumis au Parlement; il sera signé par le Roi le 10 février 1638 et
enregistré comme loi c’est le fameux VOEU DE LOUIS XIII -, (qui sera rappelé chaque année en la fête de l’Assomption de Marie, le 15 août ). Que s’était-il donc passé en cette période ?
Le Père Caussin, selon sa biographie, poussa le Roi à promulguer la consécration de la France aussitôt qu’on ne douta plus de la grossesse de la Reine – en février 1638, celle-ci était enceinte de deux mois. Par ailleurs, trois jours avant le 10 février, Louis venait d’envoyer au sanctuaire de Cotignac un Frère Augustin déchaussé de Paris, le frère Fiacre (1609-1684), avec son supérieur, pour qu’y soit célébrée pendant neuf jours la sainte messe, précisait l’ordonnance royale, afin que, par l’offrande de ce grand sacrifice, il plaise à la Divine Bonté d’accorder à la Reine, son épouse, une heureuse lignée et de conduire à la fin désirée le fruit dont toute la France espère qu’elle est enceinte . Le début de la lettre mentionnait les grandes assistances que plusieurs femmes enceintes ont reçues pour la conservation de leur fruit par l’intercession de NOTRE-DAME DE GRACES .
Le Roi et la Reine étant absolument sûrs, dans la Foi de l’heureux terme, il devenait absurde, voire indécent d’attendre encore avant de promulguer le fameux VOEU de Louis XIII, conçu comme un remerciement. Trois jours plus tard, le Roi signait donc cette Consécration qui vouait la France à Notre-Dame.
La grossesse d’Anne d’Autriche fut ainsi la cause, occasionnelle sans doute, mais aussi déterminante de Pacte du 10 février. Plus encore : il faut dire que cette Consécration fut un acte de foi chrétienne véritable.
Naissance de Louis Dieudonné : Le 5 septembre 1638 naissait l’héritier au trône, regardé par le couple royal comme une grâce obtenue par Notre-Dame de Cotignac, qu’ils prénomment Louis Dieudonné. Louis XIII, annonçant l’heureux événement aux ambassadeurs, s’exprimait ainsi dans sa lettre: « Tout ce qui a précédé la délivrance de la Reine, le peu de durée de son travail et toutes les circonstances de la naissance du Dauphin font voir que ce fils lui est donné de Dieu par la puissante intercession de la Sainte Vierge. »
Quatre ans et demi plus tard, le Roi mourait nommant Anne d’Autriche Régente du Royaume, elle le sera jusqu’en 1661. Pour son fils, alors âgé de 5 ans, elle espère une royauté qui soit illuminée par la Foi. En témoigne le tableau qu’elle fit peindre à ce moment du futur Roi idéal, lequel est représenté à genoux, offrant pieusement à Notre-Dame son sceptre et sa couronne (ce ne sera pas exactement l’image que l’histoire retiendra du Roi Soleil). Et c’est Frère Fiacre qui est chargé d’acheminer le tableau jusqu’au Sanctuaire de Cotignac, en avril 1644, pour y être appendu .
La visite de reconnaissance de Louis XIV et d’Anne d’Autriche à Notre-Dame de Grâces : La Régente Anne d’Autriche et le Roi Louis XIV, au début de son règne vont avoir l’occasion de venir à Cotignac. Cette occasion leur fut fournie par la signature du Traité des Pyrénées , réconciliant en 1659 la France et l’Espagne. Était prévue une rencontre des deux Rois, sur la frontière commune. Ce sera le samedi 21 février que le cortège royal arrivera à Cotignac.
Un seul chemin carrossable (au sens propre!) atteignait alors le Sanctuaire, depuis la route de Montfort. Encore fallut-il l’élargir. Ce chemin de LOUIS XIV – ainsi fut-il baptisé, Louis, la Reine et tout le cortège le suivirent jusqu’à l’escalier qui reçut le même nom. Le jeune Roi, qui avait 21 ans, fit don de sa bague en or et d’un cordon bleu. L’histoire le précise : il s’agit d’un long cordon de moire bleu céleste que portaient les membres du prestigieux ordre de chevalerie du St Esprit. Louis XIV en était, comme tous les membres de la Famille Royale. C’est le mois de juin suivant qu’avait lieu le 2e grand événement surnaturel de Cotignac : l’apparition de Saint Joseph.
De retour à Paris, Louis XIV manda bientôt le Frère Fiacre pour aller offrir en son nom à Notre-Dame de Grâces, plusieurs exemplaires dudit Traité des Pyrénées ; ce dont Frère Fiacre s’acquitta en mars 1661, avant de continuer son pèlerinage vers Rome, mandaté cette fois par la Reine Anne. Celle-ci mourait en 1666. Un an après, dans le sanctuaire, Louis XIV faisait apposer une plaque à la mémoire de sa mère, rappelant qu’il fut donné à son peuple par les voeux qu’Anne d’Autriche a faits dans cette église. Elle s’y trouve toujours, bien lisible.
La mort du frère fiacre et la donation de son coeur : A son tour, le 16 février 1684, Frère Fiacre s’endormait dans le Seigneur. L’annonce de sa mort, répercutée par Le Mercure de Paris, fit quelque bruit! Un mois avant sa mort survenue le 16 février 1684, Frère Fiacre avait émis le souhait suivant qui est bien de l’époque:
« Très Sainte Vierge,
C’est à l’église de Notre-Dame de Grâces que j’ai fait le premier pèlerinage pour obtenir un dauphin à Louis XIII et à Anne d’Autriche, qui m’ont envoyé en ce saint lieu pour demander cette grâce à Dieu, après 22 ans qu’ils ont été sans avoir d’enfants. C’est pourquoi à la Sainte Vierge (de Cotignac), j’ai signé du plus pur de mon sang la présente donation de mon coeur. » Frère Fiacre – Paris, le 1er janvier 1684
Et sachant qu’il allait bientôt mourir, il montra ce testament à son Supérieur un peu surpris, lui remit une lettre à faire parvenir au Roi après sa mort et l’assura que ce dernier se chargerait de rendre possible la réalisation de ce vœu ! Les choses se passèrent effectivement ainsi. Deux semaines après le retour à Dieu du vénérable Frère, Louis XIV écrivait aux Pères Oratoriens de Cotignac de recevoir le coeur de Frère Fiacre dans leur église, où il fut effectivement gardé. Il ne reste aujourd’hui que le double écrin de plomb qui l’avait contenu. Une plaque indique l’endroit du mur gauche où il a été replacé.
Extrait principal du texte du VOEU DE LOUIS XIII, conçu par le Roi comme un remerciement. Le Roi commence par rappeler, d’une manière générale, les divers événements de son règne dans lesquels s’est manifesté le secours du ciel, comme les divisions des partis, la rébellion protestante et les guerres étrangères ; puis, il déclare que ne se trouvant pas assez digne de présenter lui-même ses remerciements à la Souveraine Majesté, il prend pour médiatrice de sa reconnaissance envers Dieu, Celle qui a été la médiatrice des bienfaits. C’est pourquoi il ajoute :
« A ces causes, nous avons déclaré et nous déclarons que, prenant la très sainte et très glorieuse Vierge Marie pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre État, notre couronne et nos sujets, et nous avertissons le sieur Archevêque de Paris et néanmoins lui enjoignons que tous les ans, fête et jour de l’Assomption, il fasse faire commémoration de notre présente déclaration à la grand-messe, qui se dira en son église cathédrale, et qu’après les vêpres dudit jour, il soit fait une procession en la dite église, à laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines et les corps de ville, avec pareilles cérémonies que celles qui s’observent aux processions générales les plus solennelles ; ce que nous voulons aussi être fait en toutes les églises, tant paroissiales que celles des monastères de la dite ville et faubourg, et en toutes les villes, bourgs et villages du dit diocèse de Paris. Exhortons pareillement les archevêques et évêques de notre royaume, et néanmoins leur enjoignons de faire célébrer la même solennité en leurs églises épiscopales, et autres de leurs diocèses, entendant qu’à la dite cérémonie les cours de Parlement et autres compagnies souveraines, et les principaux officiers des villes y soient présents, et d’avertir tous les peuples d’avoir une dévotion particulière à la Vierge d’implorer en ce jour sa protection, afin que, sous une si puissante patronne notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de nos ennemis, qu’il jouisse longtemps d’une bonne paix, que Dieu y soit servi et révéré si saintement que nous et nos sujets puissions arriver heureusement à la dernière fin pour laquelle nous avons tous été créés, car tel est notre plaisir. »
Donné en Saint-Germain en Laye, le dixième jour de février, l’an de grâce mil six cent trente-huit et de notre règne le vingt-huitième.
Signé: Louis