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Entraide et Tradition

homélie du 9ème dimanche après la Pentecôte

publié dans couvent saint-paul le 14 juillet 2018


9ème dimanche après la Pentecôte

2018

 

« Et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n’as pas connu le temps où tu as été visitée »

 

 

Ces paroles terribles prononcées par  NSJC sur Jérusalem annonçant sa destruction totale par la puissance romaine, pourraient fort bien être dites sur notre temps. De même que les Juifs refusèrent le Christ, au temps historique de sa venue sous Ponce Pilate, « Il est venu parmi les siens et les siens ne l’ont pas reçu »… de même aujourd’hui notre monde actuel, plus tristement et catégoriquement encore, refuse le Christ et son enseignement, refuse son Eglise et sa doctrine de sagesse. Sera-t-il détruit ? Pourquoi Jérusalem le fut. Pourquoi notre monde, connaissant le même mal, ne le serait-il pas ?  Je vous le demande. Mais laissons cela àla Providence.Contentons-nousaujourd’hui de parler de ce monde qui refuse Dieu et de ce Christ, Vrai Fils de Dieu et vrai homme qui est le seul Sauveur et que nous devons adorer avec fierté et sans crainte, face à ce monde.

 

Le monde contemporain.

 

Nul doute que ce refus de Dieu est un trait du monde contemporain. Le détrônement de la chose chrétienne, de son Christ,  est un fait accompli. La face du monde, jadis chrétien,  est renouvelée, changée depuis 1789. Le christianisme a disparu. Il est vaincu, enterré, remplacé.

 

Le Christianisme c’est l’édifice de la grâce s’élevant sur la nature déchue. Le Christianisme c’est la nature relevée dans le Christ.

 

Or le monde moderne, c’est la nature reprenant fastueusement ce qu’elle appelle ses droits, étalant hautement ses titres, dilatant sans réserve ses moyens d’actions et de jouissance. Concupiscence de la chair, concupiscence des yeux, orgueil de la vie : voilà la triple puissance que le christianisme brise. Or le monde moderne a cassé ce triple anathème ; et, des trois choses renversées par le Christ, il (le monde) en  a fait la triple colonne du temple de l’humanité émancipée, le trépied du lieu où elle trône et d’où elle rend ses oracles.

 

Le monde moderne a ses dogmes, sa morale, son culte, ses sacrements, ses béatitudes, son ciel, son enfer, ses cathédrales, ses stades. Ils forment  l’exacte contrepartie de tout le système chrétien.

 

Il a son dogme : c’est l’homme.

 

Il a sa morale, ce sont les droits de l’homme.

Son culte, la raison ; n’a-t-on pas connu dès le début de l’humanisme rationaliste, le culte dela Déesse Raison.

 

Il a ses sacrements. Que sont-ils  sinon ces établissements scolaires obligatoires et laïcs d’où il véhicule tout le poison moderne du laïcisme.

 

Il a ses béatitudes, les plaisirs et jouissances très matériels et purement humanistes.

Il a son ciel, l’abondance terrestre, son enfer, les privations de toutes adorations de lui-même.

 

Oui, la chose essentielle du monde moderne c’est la supplantation de l’élément révélé, par l’élément humain. C’est la substitution des droits de l’homme au droit du Christ et de son Eglise ; c’est le triomphe du naturalisme sur le christianisme. C’est pourquoi vous trouvez les mêmes mots  sur toutes les lèvres : Vous n’entendez plus parler que de  progrès, de conquête, d’humanisme ; d’industrie, de spéculation, d’émancipation de l’esprit et de la chair, de sécularisation de la loi et du pouvoir. Et quoi donc encore ? Voilà des mots qui sont sur toutes les bouches et qui révèlent une préoccupation exclusivement matérialiste de la vie, véritable antidote de tout ce qui constitue la doctrine, la morale et la discipline chrétienne.

 

 

Le christianisme.

 

En effet nous nous disons qu’on ne peut séparer nature et surnature. En effet  l’Eglise enseigne que Dieu par un acte libre de son amour, a établi un lien supérieur et transcendant entre notre nature et la sienne.  Ce sont les plus belles phrases de notre évangile, « Et Verbum caro factum est »,  paroles de saint Jean qui confesse aussi que «Le Verbe était dans le monde et que le monde par Lui a été fait, et (que) le monde ne l’a pas connu…A tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, Qui, non du sang ni de la volonté de la chair ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu sont nés. Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous….C’est de sa plénitude que nous avons tout reçu et grâce sur grâce…La grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ… ».   Nous disons, en conséquence de cela,  qu’un pareil lien – « Et Verbum caro factum est »,  n’était pas nécessaire en soi, qu’il n’était commandé ni même formellement réclamé par aucune exigence de notre être, qu’il est dû à la charité immense, à la libéralité gratuite et excessive de Dieu envers sa créature. « Et Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique… ». Mais nous proclamons dès lors que ce lien, par suite de la volonté divine, est devenu obligatoire, nécessaire ; qu’il subsiste éminemment et qu’il subsistera éternellement en Jésus-Christ, Dieu et homme tout ensemble, nature divine, nature humaine toujours distinctes, mais irrévocablement unies dans sa personne divine ; nous ajoutons que ce lien doit s’étendre, selon des proportions et par des moyens divinement institués, – les sacrements – à toute la race dont le Verbe incarné est le chef, et qu’aucun être moral soit individuel et particulier, soit public et social ne peut le rejeter ou le rompre, en tout ou en partie, sans manquer à sa fin, et par conséquent sans se nuire mortellement à lui-même et sans encourir la vindicte du Maître Souverain de nos destinées. Le Christ Jésus, dès lors qu’il s’est fait homme, n’est pas facultatif. Il s’impose à tout être. Et tout être sera jugé sur son acceptation ou son refus du Christ, Verbe de Dieu fait chair pour nous montrer la route du ciel

 

Telle est, non pas seulement  la doctrine, mais la substance même du christianisme. De sorte que la séparation, la rupture de cet ordre

–      nature, surnature – c’est le désordre, l’infidélité, c’est le péché, c’est la ruine temporelle et éternelle. « Stipendia peccati, mors ».

 

Oui ! Notre déification en Jésus-Christ et par Jésus-Christ est la vérité fondamentale du Christianisme. Là, sont nos titres de noblesse dans le présent et nos gages de félicités et de gloire pour l’avenir. Qui est fils, est héritier, nous dira saint Paul.

 

Et parce que cette doctrine touche au plus intime de notre  existence, parce qu’elle se lie à toute notre destinée présente et future, parce qu’elle est la chartre de nos droits et aussi le code de nos devoirs, nous ne saurions assez insister. Plus le naturalisme exerce son influence sur le monde contemporain plus nous devons planter avec force, devant nos regards, le mystère du Christ, c’est-à-dire le mystère de la nature humaine déifiée hypostatique ment dans la personne du Christ et déifiée adoptativement dans tous les membres du Corps mystique du Christ qui sont ses élus. Et qui n’aura pas  cet élément divin en  soi, qui n’aura pas  cette filiation divine se trouvera fort dépourvu au jour du jugement éternel.

 

Or le monde moderne, c’est cela. C’est cette absence du divin, du surnaturel. C’est ce désordre, Nous l’avons dit, c’est cette rupture entre le naturel et le surnaturel. C’est le refus du surnaturel et de son ordre. Puisque il est la revendication du droit de vivre dans la pure sphère de l’ordre naturel. C’est le refus de toute intervention d’une raison et d’une volonté supérieure à la raison et à la volonté humaine. C’est l’humanisme intégral qui ne saurait se courber devant aucune révélation divine   ni aucune autorité émanant directement de Dieu. C’est le renvoi de Dieu au grenier des vieilles lunes.

 

 

 

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