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Les accords Chine-Vatican

publié dans regards sur le monde le 30 octobre 2020


Etats-Unis : le Secrétaire d’Etat américain fustige l’Accord Chine-Vatican

28 OCTOBRE, 2020
PROVENANCE: FSSPX.NEWS

Michael Pompeo, secrétaire d’Etat américain, s’est exprimé sur l’Accord sino-vatican de 2018 dans la revue catholique conservatrice américaine First Things le 18 septembre 2020.

Le ministre américain des Affaires étrangères s’est publiquement élevé contre la stratégie diplomatique du Vatican. « Face à l’athéisme de plus en plus agressif des autorités chinoises », le Saint-Siège a le devoir d’« attirer l’attention du monde sur les violations des droits de l’homme, en particulier celles perpétrées par des régimes totalitaires comme celui de Pékin », a-t-il déclaré.

« L’Accord n’a pas protégé les catholiques des déprédations du Parti »

Il a dénoncé l’Accord sino-vatican de 2018 qui, dit-il, a « semé la confusion parmi les catholiques chinois ». Deux ans après, l’Accord – dont les termes sont toujours tenus secrets – « n’a pas protégé les catholiques des déprédations du Parti ». « La situation des droits de l’homme en Chine s’est gravement détériorée sous le régime autocratique de Xi Jinping », a-t-il poursuivi, dénonçant le programme de « sinisation » de la religion mis en place par Pékin. Et, il a énuméré les nombreux « traitements horribles » appliqués par la Chine, en particulier « une politique de stérilisation et d’avortement forcés de la population ouïghoure dans le Xinjiang, les abus contre des prêtres et des laïcs catholiques et les attaques contre les églises protestantes ». « Les autorités communistes continuent de fermer les églises, d’espionner et de harceler les fidèles », a expliqué le secrétaire d’Etat américain. Par peur, a-t-il insisté, « beaucoup refusent de pratiquer leur foi dans des lieux de culte reconnus par l’Etat », faisant référence au sort de l’Eglise catholique souterraine, interdite et martyrisée par le gouvernement.

Michael Pompeo a cité l’exemple du père Paul Zhang Guangjun, « qui a été battu et a “disparu” pour avoir refusé de rejoindre l’Association catholique patriotique » – l’Eglise officielle sous l’autorité de Pékin. Il a également dénoncé l’action anti-démocratique menée par la Chine populaire à Hong Kong depuis le printemps, en particulier les arrestations nombreuses effectuées au nom de la loi sur la sécurité mise en place d’autorité, le 1er juillet dernier. Face à un gouvernement chinois qui veut « subordonner Dieu au Parti » communiste, a-t-il poursuivi, jusqu’à faire de Xi Jinping une « divinité extraordinaire », le peuple chinois a besoin « du témoignage moral et de l’autorité du Vatican pour soutenir les croyants de Chine ».

« Si le Parti communiste chinois parvient à mettre au pas l’Eglise catholique et les autres communautés religieuses, a-t-il précisé, les régimes qui méprisent les droits de l’homme seront enhardis et le coût de la résistance à la tyrannie augmentera pour tous les courageux croyants qui honorent Dieu au-dessus de l’autocrate du jour. » Michael Pompeo a conclu par une citation de l’Evangile de saint Jean : « La vérité vous libérera. »

Rome y voit une ingérence

Ces déclarations visant ouvertement le renouvellement de l’Accord entre le Saint-Siège et la Chine populaire ont été perçues au Vatican comme une « ingérence » manifeste. Le souverain pontife ne veut pas être instrumentalisé dans la campagne présidentielle américaine, et « c’est l’une des raisons pour lesquelles le pape François ne rencontrera pas le secrétaire d’Etat américain Michael Pompeo », avait expliqué le 30 septembre Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire du Vatican pour les relations avec les Etats. Un refus expliqué également par la proximité des élections présidentielles américaines : le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, avait confirmé le même jour que les personnalités politiques ne sont pas reçues pendant les périodes électorales.

Le ministre américain participait le 30 septembre à un colloque sur la liberté religieuse organisé à l’ambassade des Etats-Unis près le Saint-Siège, à Rome. Prenant la parole devant le cardinal Parolin et Mgr Gallagher, Michael Pompeo n’hésita pas à déclarer : « De plus en plus répressif, le Parti communiste chinois, effrayé par son propre manque de légitimité démocratique, travaille jour et nuit pour éteindre la lampe de la liberté… et en particulier la liberté religieuse. (…) Les catholiques n’ont pas plus été épargnés par cette vague de la répression », a-t-il insisté, rappelant que des « églises et sanctuaires catholiques ont été profanés et détruits, des évêques catholiques comme Augustin Cui Tai [évêque clandestin de Xuanhua, dans la province du Hebei, NDLR] ont été emprisonnés, tout comme des prêtres, et des laïcs ». De même que des « responsables laïcs catholiques dans le domaine des droits de l’homme, à Hong Kong, ont été arrêtés », a-t-il ajouté. Désormais, les autorités ordonnent aux fidèles de remplacer les images de Jésus par celles du président Mao et du secrétaire général Xi, a affirmé Michael Pompeo.

Citant les mots du pape François qui appelle l’Eglise à être « en permanence en état de mission », le ministre américain a estimé que l’Eglise devait prendre en permanence la défense des droits humains fondamentaux, pensant à « une Eglise en opposition permanente à la tyrannie ». Reprenant les mêmes arguments que ceux de sa tribune parue dans First Things le 18 septembre, Michael Pompeo a fait l’éloge du pape Jean-Paul II, de sa diplomatie et de son « rôle essentiel » joué durant la Guerre froide. Une attitude qui a contribué au « déclenchement de la révolution des consciences et qui a fait tomber le rideau de fer ». C’est un pape qui « a montré comment le Saint-Siège peut faire évoluer notre monde dans une direction plus humaine ». « Que l’Eglise et que tous ceux qui savent que nous sommes en fin de compte responsables devant Dieu, soient ainsi audacieux à notre époque », a-t-il souhaité.

Le secrétaire d’Etat américain, Michael Pompeo, a néanmoins été reçu par le cardinal Pietro Parolin et Mgr Paul Richard Gallagher, pendant 45 minutes au Vatican le 1er octobre. Officiellement, ils ont chacun présenté leurs « positions respectives concernant les relations avec la République populaire de Chine, dans une atmosphère respectueuse, détendue et cordiale ». Lors de l’entretien, « certaines zones de conflit et de crise, en particulier le Caucase, le Moyen-Orient et la Méditerranée orientale, ont également été abordées ».

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