La Revue Item - « La Tradition sans peur »
Suivez les activités de l'Abbé Aulagnier
Entraide et Tradition

Méditation pour le temps pascal à partir des hymnes l’hymnes des Vêpres

publié dans couvent saint-paul le 1 avril 2021


Temps de la Pâques

Hymne des Vêpres

« Ad regias Agni dapes »

« Ad regias Agni dapes, stolis amicti candidis, Post transitum Maris Rubri, Christo canamus Principi » «  Au festin royal de l’Agneau, convives revêtus de robes blanches, après le passage de la Mer Rouge, chantons au Christ, notre chef ».

Cette strophe exprime la joie de la Résurrection, qui n’est rien d’autre historiquement et surnaturellement que le triomphe du Christ sur la mort, la victoire de la vie sur la mort. C’est « la Pâques du Seigneur ». Pour apprécier et goûter cette hymne, il faut avoir en tête le récit de la libération du peuple hébreu de la servitude du Pharaon en Egypte et le récit de la « Pâques du Seigneur ». L’auteur passe sans cesse de l’une à l’autre, l’une, la paque juive étant la figure de l’autre la « Pâque du Seigneur ». La Pâque juive est historiquement la libération du peuple de la servitude du Pharaon. Elle annonce et symbolise la « Pâques du Seigneur » qui est aussi substantiellement une libération: la libération du peuple de la servitude du Démon. La Préface de Pâques exprime parfaitement la doctrine de la Résurrection. Le prêtre chante : « Il est le véritable Agneau qui a ôté les péchés du monde, qui a détruit notre mort par la sienne et nous a rendu la vie en ressuscitant ». On le sait : l’Ancien Testament contient en figure et  les annonces, les événements du Nouveau Testament. L’Epître aux Hébreux de saint Paul le laisse clairement entendre : « Après avoir, à plusieurs reprises  et en diverses manières parlé autrefois à nos pères par les prophètes, Dieu dans ses derniers temps, nous a parlé par le Fils qu’il a établi héritier de toutes choses » (Hb 1 1-2). C’est ainsi que le « Serviteur souffrant » d‘Isaïe décrit magnifiquement la Passion du Christ et ses souffrances. Il en est de même de la Pâque juive : elle annonce et décrit la « Pâques du Seigneur », dans de nombreux détails repris ici dans cette hymne par notre auteur.

Tel est le principe qui va nous permettre de faire vivre cette hymne qui, au premier abord, reste très mystérieuse. L’auteur passe sans cesse  de la Pâque juive à la « Paques du Seigneur », du récit de l’Exode au récit de l’Evangile.

« Ad regias Agni dapes » « Au festin royal de l’Agneau »

Cette strophe fait allusion à l’ordre donné par Dieu à Moïse et au peuple de manger l’agneau immolé dont le sang mis sur les linteaux des portes éloignera l’ange exterminateur. Mais Jésus sera présenté aussi par saint Jean Baptiste comme le « véritable Agneau » qui enlève le péché du monde et arrache les humains à l’esclavage de Satan. Voyons d’abord le récit donné par l’Exode au chapitre 12 :

« 1 Yahweh dit à Moïse et à Aaron dans le pays d’Egypte :2  » Que ce mois-ci soit pour vous le commencement des mois ; il sera pour vous le premier des mois de l’année. 3 Parlez à toute l’assemblée d’Israël, et dites : Le dixième jour de ce mois, que chacun prenne un agneau par famille, un agneau par maison.
… 5 Ce sera un agneau sans défaut, mâle, âgé d’un an ; vous prendrez, soit un agneau, soit un chevreau. 6 Vous le garderez jusqu’au quatorzième jour de ce mois, et toute l’assemblée d’Israël l’immolera entre les deux soirs. 7 On prendra de son sang, et on en mettra sur les deux montants et sur le linteau de la porte, dans les maisons où on le mangera.
8 On en mangera la chair cette nuit-là ; on la mangera rôtie au feu, avec des pains sans levain et des herbes amères….12 Je passerai cette nuit-là, par le pays d’Egypte, et je frapperai de mort tous les premiers-nés du pays d’Egypte, depuis les hommes jusqu’aux animaux, et j’exécuterai des jugements sur tous les dieux de l’Egypte. Je suis Yahweh.
13 Le sang sera un signe en votre faveur sur les maisons où vous êtes : je verrai le sang et je passerai par-dessus vous, et il n’y aura point pour vous de plaie meurtrière quand je frapperai le pays d’Egypte.
14 Vous conserverez le souvenir de ce jour, et vous le célébrerez par une fête en l’honneur de Yahweh ; vous le célébrerez de génération en génération comme une institution perpétuelle….15 Pendant sept jours, vous mangerez des pains sans levain ; dès le premier jour il n’y aura plus de levain dans vos maisons ; car quiconque mangera du pain levé, du premier jour au septième, sera retranché d’Israël. »

Moïse exécuta l’ordre de Yahweh à la lettre :

« 21 Moïse convoqua tous les anciens d’Israël, et leur dit :  » Choisissez et prenez un agneau pour vos familles, et immolez la Pâque. 22 Puis, prenant un bouquet d’hysope, vous le tremperez dans le sang qui sera dans le bassin, et vous toucherez avec le sang qui sera dans le bassin le linteau et les deux montants de la porte. Nul d’entre vous ne sortira de l’entrée de sa maison jusqu’au matin. 23 Yahweh passera pour frapper l’Egypte et, en voyant le sang sur le linteau et sur les deux montants, Yahweh passera vos portes, et il ne permettra pas au Destructeur d’entrer dans vos maisons pour frapper.
24 Vous observerez cet ordre comme une institution pour vous et pour vos enfants à perpétuité. 25 Lorsque vous serez entrés dans le pays que Yahweh vous donnera, selon sa promesse, vous observerez ce rite sacré.
26 Et quand vos enfants vous diront : Quelle signification a pour vous ce rite sacré ? 27 vous répondrez : C’est un sacrifice de Pâque en l’honneur de Yahweh, qui a passé par-dessus les maisons des enfants d’Israël en Egypte, lorsqu’il frappa l’Egypte et sauva nos maisons.  »
Le peuple s’inclina et se prosterna.
28 Et les enfants d’Israël s’en allèrent et firent ce que Yahweh avait ordonné à Moïse et à Aaron ; ainsi firent-ils.

29 Au milieu de la nuit, Yahweh frappa tous les premiers-nés dans le pays d’Egypte, depuis le premier-né de Pharaon assis sur son trône, jusqu’au premier-né du captif dans sa prison, et à tous les premiers-nés des animaux.
30 Pharaon se leva pendant la nuit, lui et tous ses serviteurs, et tous les Egyptiens, et il y eut une grande clameur en Egypte, car il n’y avait point de maison où il n’y eût un mort.

31 Dans la nuit même, Pharaon appela Moïse et Aaron, et leur dit :  » Levez-vous, sortez du milieu de mon peuple, vous et les enfants d’Israël, et allez servir Yahweh, comme vous l’avez dit.
… 37 Les enfants d’Israël partirent de Ramsès pour Socoth, au nombre d’environ six cent mille piétons, sans les enfants. …40 Le séjour des enfants d’Israël en Egypte fut de quatre cents trente ans.
41 Et au bout de quatre cent trente ans, ce jour-là même, toutes les armées de Yahweh sortirent du pays d’Egypte.
42 Ce fut une nuit de veille pour Yahweh quand il fit sortir Israël du pays d’Egypte ; cette même nuit sera une veille en l’honneur de Yahweh, pour tous les enfants d’Israël selon leurs générations. … 47 Toute l’assemblée d’Israël fera la Pâque…50 Tous les enfants d’Israël firent ce que Yahweh avait ordonné à Moïse et à Aaron ; ainsi firent-ils.
51 Et ce même jour, Yahweh fit sortir du pays d’Egypte les enfants d’Israël selon leurs armées ».

« La Pâque, comme la présente l’Exode est manifestement un « festin royal de l’Agneau », une «fête en l’honneur de Yahweh » « C’est un sacrifice de la Pâque en l’honneur de Yahweh, qui a passé par-dessus les maisons des enfants d’Israël en Egypte, lorsqu’il frappa l’Egypte et sauva nos maisons ».Donc  une vraie libération du peuple hébreux de l’esclavage du Pharaon grâce au sang de l’Agneau. Ce sang de l’Agneau est vraiment libérateur. Ce que ce sang fut pour Israël, le sang du Christ le fut et l’est pour tous ceux qui croient en Lui. Et ce sang libérateur fut donné par le Christ en la Cène lors de l’Institution de la Sainte Eucharistie. Le sang de l’Agneau pascal fut le principe de libération du peuple hébreu comme le Sang du Christ, le « Nouvel Agneau » l’est pour ceux qui croient en Lui.  On comprend alors que notre auteur de l’hymne puisse  parler du « festin de l’Agneau ». Il  fut royal tant dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau Testament.

Mais quelle est donc « ce festin royal de l’Agneau » sinon la sainte Messe où coule réellement, vraiment, substantiellement et sacramentellement  le sang du Christ : « Voici l’Agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde ». Et cet Agneau fut vu par Saint Jean dans l’Apocalypse, « et je vis et voici qu’au milieu du trône et des quatre animaux et au milieu des vieillards, un Agneau était debout, il semblait avoir été immolé ; il avait sept cornes et sept yeux, qui sont les sept esprits de Dieu envoyés par toute la terre. Il vint et reçut le livre de la main droite de Celui qui était assis sur le trône » (Ap 5 6-7)

En ce festin, les  « convives (étaient) revêtus de robes blanches » continue notre auteur. C’est faire allusion à la tenue des convives, selon l’Exode décrivant la Pâque juive : «  Vous le mangerez ainsi : les reins ceints, les sandales aux pieds, et le bâton à la main, et vous le mangerez à la hâte. C’est la Pâque de Yahweh ».

Pour la Pâques chrétiennes, c’est « la robe blanche » qui est la tenue exigée. Saint Jean en parle  dans l’Apocalypse en son chapitre 7: « 9 Après cela, je vis une foule immense que personne ne pouvait compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue. Ils étaient debout devant le trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches et tenant des palmes à la main. 10 Et ils criaient d’une voix forte, disant :  » Le salut vient de notre Dieu qui est assis sur le trône, et à l’Agneau ! «  11 Et tous les anges se tenaient autour du trône, autour des vieillards et des quatre animaux ; et ils se prosternèrent sur leurs faces devant le trône, 12 en disant : «  Amen ! La louange, la gloire, la sagesse, l’action de grâces, l’honneur, la puissance et la force soient à notre Dieu, pour les siècles des siècles !  » 13 Alors un des vieillards, prenant la parole me dit :  » Ceux que tu vois revêtus de ces robes blanches, qui sont-ils, et d’où sont-ils venus ?  » 14 Je lui dis :  » Mon Seigneur, vous le savez.  » Et il me dit :  » Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation ; ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau.15 C’est pour cela qu’ils sont devant le trône de Dieu et le servent jour et nuit dans son sanctuaire. Et Celui qui est assis sur le trône les abritera sous sa tente ; 16 ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif ; l’ardeur du soleil ne les accablera plus, ni aucune chaleur brûlante ; 17 car l’Agneau qui est au milieu du trône sera le pasteur et les conduira aux sources des eaux de la vie, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. « 

C’est bien le sang de l’Agneau et son immolation qui est au principe de la libération du nouveau peuple de Dieu

Je ne pouvais trouver meilleur citation pour illustrer mon propos et dire que l’Agneau est principe de vie, de renouveau. Comme le sang de l’agneau sur les montants des lambeaux des maisons des hébreux en Egypte fut principe de libération de la servitude de l’Egypte, ce sang du « véritable Agneau » est principe de vie pour le royaume des Cieux.

« Post transitum Maris Rubri, Christo canamus Princepi » « après le passage de la mer Rouge, chantons le Christ, notre chef »

Et de fait après le passage de la Mer rouge, et l’écroulement en elle de l’armée du Pharaon, le peuple se mit à chanter les louanges du Seigneur. Il en est de même après le triomphe du Christ sur la mort, l’Eglise chante ce triomphe dans de merveilleuses mélodies.

Souvenez-vous du récit de l’Exode : Pris de remords, le Pharaon et ses armées  se lancèrent  à la poursuite des hébreux :
« 9 Les Egyptiens les poursuivirent donc et les atteignirent comme ils étaient campés près de la mer ; tous les chevaux des chars de Pharaon, ses cavaliers et son armée les atteignirent près de Phihahiroth, vis-à-vis de Beelsephon.

10 Pharaon approchait. Les enfants d’Israël levèrent les yeux, et voici, les Egyptiens étaient en marche derrière eux ; et les enfants d’Israël, saisis d’une grande frayeur, poussèrent des cris vers Yahweh.
11 Ils dirent à Moïse :  » N’y avait-il donc pas des sépulcres en Egypte, que tu nous aies menés mourir au désert ? Que nous as-tu fait, en nous faisant sortir d’Egypte ? 12 N’est-ce pas là ce que nous te disions en Egypte : Laisse-nous servir les Egyptiens, car il vaut mieux pour nous servir les Egyptiens que de mourir au désert ?  »
13 Moïse répondit au peuple :  » N’ayez point de crainte, restez en place, et regardez le salut que Yahweh va vous accorder en ce jour ; car les Egyptiens que vous voyez aujourd’hui, vous ne les reverrez jamais.
14 Yahweh combattra pour vous, et vous, tenez-vous tranquilles.  »

15 Yahweh dit à Moïse :  » Pourquoi cries-tu vers moi ? Dis aux enfants d’Israël de se mettre en marche. 16 Toi, lève ton bâton, étends ta main sur la mer, et divise-la ; et les enfants d’Israël entreront au milieu de la mer à sec.
17 Et moi, je vais endurcir le cœur des Egyptiens pour qu’ils y entrent après eux, et je ferai éclater ma gloire dans Pharaon et dans toute son armée, ses chars et ses cavaliers.
18 Et les Egyptiens sauront que je suis Yahweh, quand j’aurai fait éclaté ma gloire sur Pharaon, ses chars et ses cavaliers. « 

19 L’ange de Dieu, qui marchait devant le camp d’Israël, partit et alla derrière eux ; et la colonne de nuée qui les précédait, partit et se tint derrière eux.
20 Elle vint se mettre entre le camp des Egyptiens et le camp d’Israël, et cette nuée était ténébreuse d’un côté, et de l’autre elle éclairait la nuit ; et les deux camps n’approchèrent point l’un de l’autre pendant toute la nuit.

21 Moïse ayant étendu sa main sur la mer, Yahweh refoula la mer par un vent impétueux d’orient qui souffla toute la nuit ; il mit la mer à sec, et les eaux se divisèrent. 22 Les enfants d’Israël entrèrent au milieu de la mer à sec, et les eaux formaient pour eux une muraille à leur droite et à leur gauche.
23 Les Egyptiens les poursuivirent, et tous les chevaux de Pharaon, ses chars et ses cavaliers, entrèrent à leur suite au milieu de la mer.
24 A la veille du matin, Yahweh, dans la colonne de feu et de fumée, regarda le camp des Egyptiens, et jeta l’épouvante dans le camp des Egyptiens.
25 Il fit tomber les roues hors de leurs chars, qui n’avançaient plus qu’à grand’peine. Les Egyptiens dirent alors :  » Fuyons devant Israël, car Yahweh combat pour lui contre l’Egypte. « 

26 Yahweh dit à Moïse :  » Etends ta main sur la mer, et les eaux reviendront sur les Egyptiens, sur leurs chars et sur leurs cavaliers.  »
27 Moïse étendit sa main sur la mer, et, au point du jour, la mer reprit sa place habituelle ; les Egyptiens en fuyant la rencontrèrent, et Yahweh culbuta les Egyptiens au milieu de la mer.28 Les eaux, en revenant, couvrirent les chars, les cavaliers et toute l’armée de Pharaon qui étaient entrés dans la mer à la suite des enfants d’Israël, et il n’en échappa pas un seul.
29 Mais les enfants d’Israël avaient marché à sec au milieu de la mer, les eaux ayant formé pour eux une muraille à droite et à gauche.

30 En ce jour-là, Yahweh délivra Israël de la main des Egyptiens, et Israël vit sur le rivage de la mer les Egyptiens qui étaient morts »

C’est la figure du triomphe du Christ sur le démon, le triomphe de la vie sur la mort.
« 31 Israël vit la main puissante que Yahweh avait montrée à l’égard des Egyptiens ; et le peuple craignit Yahweh, et il crut à Yahweh et à Moïse, son serviteur ».

Alors spontanément le peuple se mit à rendre grâce à Dieu en chantant : C’est une image du chant du peuple chrétien : « Christo canamus   Principi » «  Chantons au Christ notre chef »

« 1 Alors Moïse et les enfants d’Israël chantèrent ce cantique à Yahweh ; ils dirent : Je chanterai à Yahweh, car il a fait éclater sa gloire : il a précipité dans la mer cheval et cavalier.
2 Yahweh est ma force et l’objet de mes chants ; c’est lui qui m’a sauvé ; c’est lui qui est mon Dieu : je le célébrerai ; le Dieu de mon père : je l’exalterai. 3 Yahweh est un vaillant guerrier ; Yahweh est son nom. 4 Il a jeté dans la mer les chars de Pharaon et son armée ; l’élite de ses capitaines a été engloutie dans la mer Rouge. 5 Les flots les couvrent ; ils sont descendus au fond des eaux comme une pierre.
6 Ta droite, ô Yahweh, s’est signalée par sa force, ta droite, ô Yahweh, a écrasé l’ennemi. 7 Dans la plénitude de ta majesté, tu renverses tes adversaires ; tu déchaînes ta colère, elle les consume comme du chaume. 8 Au souffle de tes narines, les eaux se sont amoncelées. Les flots se sont dressés comme un monceau ; les vagues se sont durcies au sein de la mer. 9 L’ennemi disait :  » Je poursuivrai, j’atteindrai, je partagerai les dépouilles, ma vengeance sera assouvie, je tirerai l’épée, ma main les détruira.  » 10 Tu as soufflé de ton haleine, la mer les a couverts, ils se sont enfoncés, comme du plomb, dans les vastes eaux. 11 Qui est comme toi parmi les dieux, ô Yahweh ? Qui est comme toi, auguste en sainteté, redoutable à la louange même, opérant des prodiges ?
12 Tu as étendu ta droite, la terre les a engloutis. 13 Par ta grâce tu conduis ce peuple que tu as délivré ; par ta puissance tu le diriges vers ta demeure sainte.
14 Les peuples l’ont appris, ils tremblent ; la terreur s’empare des Philistins ;

15 Déjà les princes d’Edom sont dans l’épouvante ; l’angoisse s’empare des forts de Moab ; tous les habitants de Chanaan ont perdu courage,
16 la terreur et la détresse tomberont sur eux ; par la grandeur de ton bras, ils deviendront immobiles comme une pierre, jusqu’à ce que ton peuple ait passé, ô Yahweh, jusqu’à ce qu’il ait passé, le peuple que tu as acquis. 17 Tu les amèneras et les établiras sur la montagne de ton héritage, au lieu dont tu as fait ta demeure, ô Yahweh, au sanctuaire, Seigneur, que tes mains ont préparé.
18 Yahweh régnera à jamais et toujours ! 19 Car les chevaux de Pharaon, ses chars et ses cavaliers sont entrés dans la mer, et Yahweh a ramené sur eux les eaux de la mer ; mais les enfants d’Israël ont marché à sec au milieu de la mer.

20 Marie, la prophétesse, sœur d’Aaron, prit à la main un tambourin, et toutes les femmes vinrent à sa suite avec des tambourins et en dansant.
21 Marie répondait aux enfants d’Israël : Chantez Yahweh, car il a fait éclater sa gloire : il a précipité dans la mer cheval et cavalier. » (Ex 15 1-21)

Est-ce que notre « Victimae pascali laudes  immolent chritiani » de la messe du dimanche de Pâques ne surpasse-t-il  pas ce chant des Enfants d’Israël, au moins pas sa doctrine ? « A la victime pascale, que les chrétiens immolent des louanges ! L’Agneau a racheté les brebis ; le Christ innocent a réconcilié les pécheurs avec son Père. La mort et la vie ont engagé un stupéfiant combat, l’Auteur de la vie, après être mort, vit et règne. Dis-nous Marie, qu’as-tu vue en chemin ? J’ai vu le tombeau du Christ vivant et la gloire du Christ ressuscité ; j’ai vu les témoins angéliques, le suaire et les linceuls. Il est ressuscité, le Christ, mon espérance. Il précédera ses disciples en Galilée. Nous le savon sle Christ est vraiment ressuscité des morts. O vous Roi victorieux, ayez pitié de nous. Ainsi soit-il. Alléluia ».

Mais il ne faut pas oublier non plus le très beau chant de l’Exultet que le diacre chante en la veillée pascale. « Exultet » qui est le chant par excellence de cette nuit pascale. Christo canamus Principi » « Chantons au Christ notre chef ».Il en chante tous les trophées !

«  divina cujus caritas sacrum propinat sanguinem, Almique membra corporisAmos sacerdos immolat » « chantons au Christ notre chef dont la divine charité nous donne à boire son sang sacré : son amour est le prêtre qui immole les membres de son corps divin ».

Son triomphe, sa victoire sur la mort et notre libération du péché, fruit de cette victoire, est certes raison de notre chant en son honneur, mais il faut ajouter deux autres raisons exprimées ici par notre auteur, à savoir que ce chef nous donne à boire son sang divin, dans son Sacrifice, preuve évidente de sa charité : «  qui mange mon Corps et boit mon Sang a la vie éternelle ». C’est à ce titre que nous  « chantons au Christ notre chef notre louange car « sa divine charité nous donne à boire son sang sacré » qui est le sang de l’Agneau.  Mais plus encore, Il nous immole, nous offre à Dieu son Père par son propre amour sacerdotal. «  Amor sacerdos immolat ». L’immolation à Dieu de ses  créatures est la fonction principale du prêtre qui accomplit cette œuvre par amour, dans un profond amour. J’aime beaucoup cette jonction de l’amour et du sacerdoce. Le sacerdoce doit s’exercer dans la charité. Tout en lui, est charité. Ses mœurs et ses fonctions.

« Sparsum cruorem postibus Vastator horret Angelus : Fugitque divisum mare ; Merguntur hostes fluctibus » « L’Ange dévastateur recule devant le sang qui couvre les portes ; la mer divisée s’enfuit, les ennemis sombrent dans les flots »
Notre auteur rappelle dans cette strophe de nouveau et sobrement la délivrance du peuple hébreux de l’esclavage du Pharaon. Pourquoi ? Parce que c’est l’image, la figure,  je vous l’ai dit, de la véritable délivrance de l’esclavage du peuple de Dieu de Satan par le sang du « véritable Agneau ». Je pense alors au  chant de l’Exultet de la Nuit Pascal où l’Eglise se rappelle cette délivrance historique.  : « Là voici, la Nuit où vous avez jadis tiré de l’Egypte nos ancêtres, les Israelites, pour leur faire passer la mer Rouge à pied sec….O Nuit vraiment heureuse qui dépouilla les Egyptiens pour enrichir les Hébreux ! Nuit où le ciel s’unit à la terre, l’humain au divin ». Ils ont de fait quitté l’Egypte enrichis de nombreux biens…

« Iam Pascha nostrum Christi est, Paschalis idem victima Et pura puris mentibus sinceritatis azyma »  « Notre Pâques, maintenant c’est le Christ, c’est lui la victime pascale et, pour les âmes pures le pure azyme de sincérité »

Le sang de l’Agneau pascal devant qui, jadis l’ange dévastateur recula n’était qu’une figure du véritable Agneau : NSIC. D’où cette expression : « Notre Pâques, maintenant c’est le Christ, c’est Lui la victime pascale ». Comme le dit encore le chant de l’Exultet : « Car voici la fête de la Pâques où l’Agneau véritable est immolé pour nous », et qui par son immolation nous redonne la vie et toute pureté ; « C’est lui, en effet qui, comme le chante encore l’Exultet : «C’est lui qui a payé pour nous la dette encourue par Adam notre père, et qui a détruit en son sang la condamnation de l’ancien péché ».  C’est Lui qui, en cette nuit de la Résurrection « a banni les crimes, lavé les fautes, rendu l’innocence aux coupables et la joie aux affligés. C’est Lui qui a dissipé les haines, ramené la concorde et soumit les Empires » nous dit encore l’Exultet et permet ainsi de célébrer ces fêtes  « avec l’azyme de sincérité ». Notre auteur reprend ici la pensée de saint Paul exprimé dans sa première lettre aux Corinthiens : « Purifiez-vous du vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle, comme aussi vous êtes des azymes ; car notre Pâque, le Christ, a été immolé.8 Célébrons donc la fête, non avec du vieux levain ni avec un levain de malice et de perversité, mais avec les azymes de la pureté et de la vérité. (1 Cor 5 7-8)

« O vera caeli victima, subjecta cui sunt tartara, soluta mortis vincula, Recepta vitae praemia » « O  vraie victime envoyée du ciel, qui commande aux enfers, rompt les chaînes de la mort, nous rend les récompenses de la vie »

Notre auteur présente de nouveau le mystère pascal contemplant la vraie victime. Tout d’abord il affirme que cette « vraie victime », le Christ, fut envoyé du Ciel, et comme le dit encore très bien l’Exultet  « comme étant rien d’autre que l’expression de la « tendresse » de Dieu envers le genre humain : « O mira circa nos tuae pietatis dignatio » « O admirable grandeur, chante le diacre, de votre tendresse envers nous ». Voilà ce que doit d’abord contempler celui qui médite la Nuit Pascale : la bonté de Dieu nous envoyant du Ciel cette victime pascale. Le diacre poursuit et explicite sa pensée : « O faveur inestimable de votre amour ; pour délivrer l’esclave, vous livrez le Fils »  O inestimabilis dilectiuio caritatis : ut servum redimeres Filium tradidisti ». On ne peut mieux s’exprimer sur l’œuvre pascale : le Fils est livré à la mort par le Père pour « racheter » l’esclave de l’enfer. C’est le plus belle acte de charité de Dieu. Et l’Exultet poursuit cette œuvre divine en chantant étonnement  «heureuse faute d’Adam qui nous a valu un tel rédempteur » « O felix culpa, quae tale mac tantum méruit habere Redemptorem » «  O heureuse faute qui nous a valu d’avoir un tel , un si grand Rédempteur ». Il ose même écrire que cette faute d’Adam était même nécessaire pour que se déploie cette Victorieuse  charité du Christ dans sa Passion : « O péché d’Adam qui devait se commettre pour être effacé par la mort du Christ ».  « O certe necessarium Adam  peccatum quod Christi morte deletum est”. “Deletum” , de   deleo”:  effacer”. Et cette faute effacée par la résurrection du Christ, les portes du Ciel et ces délices nous sont de nouveau ouvertes car seul le péché nous en avait fermé les portes. «  il commande aux enfers, rompt les chaines de la mort et nous rend les récompenses de la vie » dit joliment notre auteur.

« Victor, subactis inferis, Trophea Christus explicat ; caeloque aperto, subditum Regem tenebrarum trahit » « Vainqueur, les enfers terrassés, le Christ déploie ses trophées ; il ouvre le ciel et traine en captif le roi des ténébres »

En cette nuit pascale, le Christ est vainqueur et de la mort et des enfers, il a brisé les liens de la mort, « est remonté des enfers en vainqueur ». C’est vraiment le délivrance du genre humain. Comme le dit encore l’Exultet « nul, vraiment eut été pour nous l’avantage de la naissance, sans l’avantage de la délivrance » C’est bien dit. Telles sont les trophées du Christ en sa Résurrection : le don de la vie éternelle et la déconfiture « du roi des ténèbres » qu’il traine en captif derrière son char, dira un jour saint Bernard.  L’Exultet chante également de la même manière ces trophées du Christ lorsqu’il écrit : « Nuit qui par tout l’univers détourne maintenant de la corruption du monde et des ténèbres du péché ceux qui croient au Christ, pour les rendre à la grâce et les unir à la société des saints ». Le Ciel. Quel trophée !

« Ut sis perenne mentibus Paschale, Jeszu, gaudium, A morte dira criminum Vite renatos libera » «  Pour être toujours, o Jésus, la joie pascale de nos âmes, délivrez de la mort cruelle, ceux que vous avez fait  renaître à la vie ».  

C’est la conclusion de cette strophe difficile mais merveilleuse de grandeur et de gloire. C’est une prière suppliante : que nous soyons toujours dans la joie pascale, délivrez de la crainte et du péché et de la mort, vous qui nous avez fait revivre à la vie : « vitae renatos libera ».

 

 

 

 

 

Revue-Item.com

 

 

partager cette page

bookmark bookmark bookmark bookmark bookmark bookmark bookmark bookmark