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Entraide et Tradition

Le motif du 07.07.07

publié dans nouvelles de chrétienté le 27 février 2010


Sous le titre, un peu mystérieux,  « Le motif du 7.07.07 »,  c’est-à-dire, pour les non initiés , « le moti du Motu  Proprio de Benoît XVI « Summorum Pontificum » restaurant, entre autre, la messe dite de Saint Pie V, et mieux encore, « la liturgie de saint Grégoire le Grand »,  (selon Nicola Bux), Jean Madiran nous explique dans cet article (de Présent du 26 février2010), la raison de cette restauration:  ce missel « doit être honoré en raison de son usage vénérable et antique » et non point seulement parce qu’un groupe toujours plus important de fidèles la réclame.

 

Le motif du 07.07.07

 

Dans sa « lettre » numéro 117, Paix liturgique vient de ramener notre attention sur les stipulations un peu oubliées du motu proprio Summorum pontificum promulgué le 7 juillet 2007 : notamment que les curés doivent accueillir favorablement les demandes de fidèles désirant la messe traditionnelle, et que les évêques doivent aider en ce sens les curés qui en seraient empêchés (par exemple, par le manque de prêtres disponibles).

 

Cette incitation à relire le motu proprio du 07.07.07 nous a conduit à retrouver d’abord le motif qui a déterminé Benoît XVI à prendre une telle décision.

 

Le préambule du motu proprio rappelle que Jean-Paul II avait déjà pris des mesures en faveur de la messe traditionnelle, et précise qu’il l’avait fait « par sollicitude pastorale » en faveur des « nombreux fidèles [qui] se sont attachés et continuent à être attachés avec un tel amour et une telle passion aux formes liturgiques précédentes. »

 

Tel fut donc le motif de Jean-Paul II.

 

Ce n’est pas celui de Benoît XVI.

 

L’article premier du motu proprio nous dit en effet quel est son motif, qui me semble-t-il n’a guère été remarqué, demeurant comme éclipsé par le motif de Jean-Paul II, toujours répété par les commentateurs qui n’ont été attentifs qu’au plus ou au moins de « sollicitude pastorale » envers les traditionalistes.

 

Benoît XVI a certainement la même sollicitude, mais ce n’est pas le motif qu’il met en avant. Dans l’article premier, il décrète que le Missel romain promulgué par saint Pie V et réédité par Jean XXIII « doit être honoré en raison de son usage vénérable et antique ».

 

C’est-à-dire que Benoît XVI considère prioritairement non pas la satisfaction subjective des traditionalistes, mais la réalité objective du Missel romain et son imprescriptible droit de cité dans l’Eglise.

 

Un usage antique et vénérable ne peut être supprimé. Une coutume aussi ancienne et aussi respectée ne pourrait être abolie que si l’on découvrait brusquement qu’elle est intrinsèquement mauvaise. Cela est de droit naturel. C’est pourquoi dès le début et pendant trente-huit ans nous avons constamment invoqué le fait que l’interdiction de la messe traditionnelle n’était pas valable.

 

En même temps, cet article premier précise quel est notre devoir envers ce Missel romain antique et vénérable. Avant tout, nous devons l’honorer.

 

L’honorer ! Le choix d’un tel mot n’est pas accidentel. C’est un mot du Décalogue. « Honorer » n’est pas un acte de peu d’importance. Dis-moi qui tu honores et je te dirai qui tu es. C’est une vertu essentielle, celle du quatrième commandement. C’est la vertu de piété. Tes père et mère honoreras, et tes ancêtres, et tes bienfaiteurs, et tous ceux à l’égard de qui tu es un débiteur insolvable, ta patrie avec ses héros et ses saints ; « et parce que Dieu est notre père, le culte que nous avons pour lui se nomme lui aussi piété, comme le dit saint Augustin ». La piété est une vertu naturelle et elle est un don du Saint-Esprit. Elle est si divine que la prière de l’Eglise, par une mystérieuse et renversante audace, va jusqu’à nous faire invoquer Dieu sous le nom de « Pater piissimus ».

 

Il faut comprendre que si une grande partie du clergé, suivie de fidèles pourtant fervents mais déroutés, s’oppose à la messe traditionnelle, c’est parce qu’ils n’ont pas été élevés dans la vertu de piété, la déstructuration du catéchisme ayant commencé dans les années cinquante avec le « catéchisme progressif » ; Pie XII lui avait donné un coup d’arrêt sans parvenir à en détourner le noyau dirigeant de l’épiscopat français. La plupart des fidèles et des prêtres ayant moins de soixante ans n’ont pas été instruits des trois connaissances nécessaires au salut, on ne leur a point appris les trois vertus théologales, les quatre vertus cardinales, les sept dons du Saint Esprit que savaient par cœur, que savent encore aujourd’hui les enfants de 7 à 10 ans éduqués selon le catéchisme traditionnel. La plupart des moins de soixante ans ont été victimes d’une catéchèse de l’« écoute » et du « dialogue », d’une morale de l’« ouverture » et des « valeurs » au lieu des vertus naturelles et des vertus surnaturelles, ils vivent dans un univers mental différent. Ils ne sont pas des coupables, ils sont bien des victimes. Et c’est un drame très difficilement insurmontable. Cela se passe bien au-dessus des méchancetés, des superficialités, des simplismes du cardinal Vingt-Trois à l’égard des traditonalistes. On lui pardonne son simplisme et sa superficialité bien qu’il ait, lui, plus de soixante ans. Mais ses méchancetés, ce n’est pas nous qui pouvons l’en absoudre.

JEAN MADIRAN

Article extrait du n° 7040
du Vendredi 26 février 2010

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