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Clôture de l’année sacerdotale: L’amour de Dieu et le sacerdoce catholique

Clôture de l’année sacerdotale: L’amour de Dieu et le sacerdoce catholique

publié dans couvent saint-paul le 13 juin 2010


Prédication pour la Fête du Sacré Cœur.

Clôture de l’année sacerdotale.

L’amour de Dieu et le sacerdoce.

Avec cette fête du Sacré Cœur de Jésus, se clôture l’année sacerdotale initiée par le Pontife suprême, Benoît XVI, voilà un an. C’est l’occasion pour nous de méditer l’amour de Dieu – le cœur de Jésus en est le symbole – de méditer l’amour de Dieu dans le don du sacerdoce.

Oui ! Le don du sacerdoce à l’Eglise est la manifestation de la charité de Dieu pour nous.

-Et cela en raison de ce qu’est le prêtre, en raison de son essence.

-Mais aussi en raison des pouvoirs que NSJC a donné au prêtre qui sont essentiellement le pouvoir d’absoudre les péchés, le pouvoir d’offrir le sacrifice de la messe en réalisant le sacrement de l’Eucharistie.

Telles seront les deux idées que nous développerons.

Le prêtre, dans son essence, est un « alter Christus », un autre Christ. Il faut donc connaître le Christ pour connaître le prêtre en son essence. Quel est donc ce Christ qui est la mesure du prêtre ? Quel est donc son mystère ? « Qui dites-vous que je suis » demandait un jour Jésus à ses disciples ? Vous connaissez tous la réponse de Pierre : « Vous être le Christ, le Fils du Dieu vivant ». C’est la réponse qu’on appelle « la confession de Césarée ». Cette confession est capitale. Elle nous met sur le chemin du mystère du Christ et donc sur le chemin du mystère du prêtre.

Cette réponse oriente notre regard vers le ciel, vers l’au-delà, vers le Dieu du Ciel, ce Dieu qui a un Fils qui, sur la terre, est venu pour accomplir la volonté de son Père. Or cette volonté est essentiellement une volonté de bien, une volonté de bienfaisance parce qu’elle est une volonté salvifique. Le Fils est venu pour accomplir « le secret de Dieu relatif au salut des hommes ». Voilà la grande nouvelle de l’Evangile. C’est le message de Noël. « Et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ». Cette paix entre Dieu et les hommes est accomplie dans la personne du Fils, dans le mystère de l’Incarnation Rédemptrice. « Un Sauveur vous est né » chantent les anges en la nuit de Noël. Voilà le Christ. Voilà son mystère. Voilà sa raison. Réaliser et accomplir le salut en concluant « la Nouvelle Alliance ». «Nouvelle Alliance » qui n’est rien d’autre que la « pax divina » avec les hommes, comme l’Ancienne Alliance l’était avec le peuple juif, en en étant la figure. Je vous disais tout à l’heure que la volonté de Dieu est une volonté de bien…Je peux préciser que la volonté de Dieu est une volonté de paix et que cette paix fut accomplie pour toujours en le sacrifice du Christ au Golgotha, en son sang qui coula le long de son corps saint sur la Croix, le vendredi saint. Comme l’Ancienne Alliance fut conclue dans le sang des victimes des sacrifices que Moïse offrit à Dieu. C’est pourquoi saint Paul, contemplant le Christ peut parler d’un « Dieu Sauveur » : « Notre Sauveur Dieu veut que tous les hommes soient sauvés … Car il n’y a qu’un seul Dieu, un seul médiateur aussi de Dieu et des hommes : le Christ Jésus qui s’est donné lui-même en rançon pour tous ». Dès lors quiconque donne de cœur son adhésion à cette révélation s’unit à Dieu et participe à cette « paix divine » et connaît ainsi la vie éternelle, sinon en acte, du moins en espérance, mais un jour en acte, pour toujours.

Et cette espérance salvifique dans le Christ et sa Rédemption – preuve de son amour – est la raison de la joie profonde de l’occident chrétien. Le monde, aujourd’hui, est triste à mourir parce qu’il n’a plus cette espérance chrétienne. Il peut avoir encore une espérance temporelle, une espérance matérielle, une espérance sociale…Il peut même s’épuiser dans cette recherche. Mais cela ne suffit pas. L’homme est plus qu’une quantité charnelle, il est plus qu’un corps à nourrir, à satisfaire, il est plus qu’un être relationnel. Il est aussi et surtout esprit, il est surtout un être spirituel dont les facultés spirituelles ont l’infini pour objet. Et de cet infini, la foi en est la clef, en ouvre le mystère, en donne la possession. « Que vous procure la foi ? », « la vie éternelle ». Voilà ce que nous donne le Christ, voilà ce que nous donne son mystère, la confession de son mystère qui, dans sa personne et sa course merveilleuse qui le conduit jusqu’au Golgotha, est la « réalisation de la pax divina ». Cette « pax divina » est, vous le comprenez, à la seule initiative de Dieu. C’est un don gratuit, généreux de la part de Dieu en faveur des misérables pécheurs que nous sommes. Et ce don, seul, permet de mesurer la charité de Dieu. Aussi, si nous avons l’âme un peu noble et reconnaissante, ce mystère ne peut arracher de notre cœur qu’un sentiment d’admiration et d’amour. Tout peut être envisagé, la création, le cours de l’histoire, la fondation de l’Eglise, les relations de Dieu avec les hommes, l’avenir des temps, tout peut être envisagé en fonction de cette sotériologie universelle dans et par le Christ. Le Christ, dans cette vision, est vraiment la manifestation de la Charité de Dieu. Il la réalise. Il l’accomplit. C’est pourquoi on peut dire à juste titre que le Christ est charité. Tel est son mystère. « Qui me voit, dit-il un jour à Philippe, voit le Père. Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ». Si donc le Fils est charité. Et il est Charité. N’a-t-il pas dit qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime. Et il a donné sa vie…N’a-t-il pas, durant toute sa vie, manifesté sa charité aux plus pauvres, aux plus souffreteux, aux plus démunis. N’a-t-il pas brûlé de compassion pour ceux qui souffraient… Oui le Christ est Charité. Le Père est Charité. « Dieu est amour » proclame Saint Jean. Et il continue « Dieu est amour. Et il a manifesté son amour pour nous en envoyant son Fils unique dans le monde afin que nous vivions par lui. Et cet amour consiste en ce que ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils comme victime de propitiation pour nos péchés ». (1 Jn 4 8-9).

Tel est le Christ. Tel est essentiellement son mystère. La charité.

Et si le prêtre est un « alter Christus », il doit tout d’abord vivre cela et « prêcher » cela. Tel doit être l’objet unique de sa prédication, parce que tel est d’abord l’objet de sa contemplation et de sa vie, sa raison d’être. Le prêtre n’est rien s’il n’est pas cela. S’il ne prêche pas cela. « Cela » c’est ce que saint Paul appelle « le mystère de la piété » : « De cette Eglise, dit-il, je suis devenu le ministre, en vertu de la charge que Dieu m’a confié parmi vous d’annoncer dans sa plénitude la parole de Dieu, (à savoir) le mystère tenu caché aux siècles et aux générations, mais qui vient d’être révélé à ses saints, auxquels Dieu a daigné faire connaître quels est pour les Gentils la richesse et la gloire de ce mystère qui n’est autre que le Christ en vous l’espérance de la gloire » (Col 1 25-27),

Ah Seigneur, que nous puissions enfin « comprendre avec tous les saints quelle est la largeur et la longueur et la hauteur et la profondeur et connaître l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance, de sorte que nous soyons remplis de toute la plénitude de Dieu » (Eph 3 15-19).

Voilà, vous dis-je, la vie du prêtre et la prédication de prêtre.

Il est en conséquence celui qui, par sa prédication et sa vie, maintient dans le monde l’amour de Dieu, la joie de vivre. Chaque fois qu’une maison religieuse ferme, qu’une paroisse ferme, qu’un clocher se tait, qu’un prêtre disparaît, c’est, de fait, un peu de la charité de Dieu qui disparaît, un peu de la joie divine qui part de ce monde…Face le Ciel que le nombre de prêtres augmente de nouveau bien vite… pour que « la chaleur de Dieu », semblable à un âtre bienfaisant, se fasse de nouveau sentir et que le bruit des violences, des assassinats par couteau qui ne cessent de croître étonnement dans notre société – ce ne sont pas nos mœurs…chrétiennes.. – se taise enfin pour le bien de tous…N’oublions jamais la prédication de saint Jean : « Ce qui était dès le commencement ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et ce que nos mains ont touché, du Verbe de vie, – car la Vie a été manifestée, et nous l’avons vue, et nous lui rendons témoignage, et nous vous annonçons la Vie éternelle, qui était dans le sein du Père et qui nous a été manifestée – ce que nous avons vu et entendu, nous nous l’annonçons, afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous, et que notre communion soit avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. Et nous vous écrivons ces choses, afin que votre joie soit complète ».

Voilà ce qu’est le Christ dans ses effets, dans sa finalité. Mais la finalité d’un être dit l’essence d’un être…
Voilà ce qu’est le prêtre. Un « alter Christus ». Et parce qu’il est « un alter Christus », il est pourvoyeur de charité et de joie.

Il l’est par tout ce qu’il est.

Mais il l’est aussi , de fait, dans ses pouvoirs à lui remis par le Christ lors de l’institution de la Sainte Eucharistie, lui conférant son propre pouvoir sur le pain et le vin, pouvoir de transsubstantier le pain en son Corps et le vin en son Sang, pouvant ainsi poursuivre, mieux actualiser pour les générations qui viennent la Charité de Dieu et sa « Nouvelle Alliance » comme cela est dit dans les paroles de la consécration du vin : « Ceci est le calice de mon sang, le sang de la nouvelle et éternelle alliance, mystère de foi, qui sera répandu pour vous et pour un grand nombre en rémission des péchés ». Ces paroles « Nouvelle et éternelle alliance » sont pour nous tous, le gage de la vie éternelle. « Celui qui mange mon corps et boit mon sang a la vie éternelle ». La vie éternelle, n’est-ce pas la raison du plus grand des bonheurs ? La vie éternelle donnée, n’est-ce pas la manifestation de la plus grande charité ?

Mais de plus, avant l’Ascension du Fils de Dieu à la droite de son Père, n’a-t-il pas donné à ses disciples le pouvoir de pardonner les péchés. « Les péchés qui vous pardonnerez seront pardonnés, les péchés que vous retiendrez seront retenus ». Le prêtre est ainsi le grand consolateur, pourvoyeur de paix et de joie. parce que, d’abord, le Christ est le « grand pénitencier », mieux, est le grand « avocat auprès du Père » ; c’est ce que dit saint Jean : « Mes petits enfants, je vous écris ces choses, afin que vous ne péchiez point. Et si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ, le juste. Il est lui-même une victime de propitiation pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais pour ceux du monde entier ». (I Jn 2 1)

Voila le prêtre et son mystère. Il est un alter Christus. Alors il ne peut pas ne pas ne pas pardonner … « Moi non plus je ne te condamne pas » dit un jour Jésus, « va en paix ».

Voilà le prêtre et son mystère. Il est un alter Christus. Alors il ne peut pas ne chanter l’amour de Dieu qu’il touche, chaque jour, de ses mains dans la sainte Eucharistie. C’est là sa raison. C’est là toute sa joie et son propre mystère que le monde ne peut comprendre parce qu’il ne connaît pas Dieu et ne veut le connaître. Mais celui qui a la foi et qui aime le mystère du Christ peut comprendre le mystère du prêtre. Il est un autre Christ qui prêche l’amour du Dieu de miséricorde.
C’est certainement une grande grâce que fait le Bon Dieu à une famille en suscitant en son sein une ou plusieurs vocations. Faut-il surtout goûter le mystère du Christ ! Qu’il en soit ainsi dans vos familles nombreuses qui fréquentent cette église de Rolleboise. Amen

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