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Entraide et Tradition

La fête du Christ-Roi

publié dans couvent saint-paul le 31 octobre 2010


Prédication pour le 23ème dimanche après la Pentecôte.
La fête du Christ-Roi

Jésus-Christ est Roi, MBCF. Il est Roi, non seulement du ciel mais encore de la terre. Et il lui appartient d’exercer une véritable et suprême royauté sur les sociétés humaines. Et ces sociétés humaines, elles mêmes, doivent le confesser. C’est un point incontestable de la doctrine chrétienne. Telle seront les trois idées que je voudrais développer devant vous en ce dimanche.

Jésus est Roi, non seulement parce que Dieu, mais dans sa nature humaine, en tant qu’homme. Il est Roi de la terre.
Ne multiplions pas les références scripturaires. Elles sont multiples. Contentons nous de l’enseignement de saint Paul, le docteur des Nations et citons son fameux texte aux Philipppiens :

« Dieu l’a exalté et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’an nom de Jésus tout genou fléchisse, au ciel, sur la terre et dans les enfers ; et que toutes langue confesse que le Seigneur Jésus-Christ est dans la gloire de Dieu le Père » (Phil 2 9-11)

Il suit de là que l’imposition du nom glorieux de Jésus et la domination universelle, l’empire souverain attaché à ce nom sont une récompense accordée au Fils de Marie. Assurément cet attribut de Maître et de Dominateur appartient de droit au Fils de Dieu, d’une naissance et d’une royauté éternelles. Mais à son droit de naissance, il a eu la noble ambition de joindre le droit de conquête. Il a voulu posséder à titre de mérite, et comme conséquence des actes de sa volonté humaine, ce que sa nature divine lui octroyait déjà par collation.

Et quelle a été la source de ce mérite ? Quelle a été le moyen de cette conquête ? Quel en fut le prix ? Rien moins que la Croix

Les trois versets précédents de la même épître aux Philippiens nous l’apprennent :
« Etant l’image vivante et consubstantielle du Père et ne commettant point d’usurpation en revendiquant d’être égal à Dieu, il s’est pourtant anéanti lui-même, prenant la forme d’esclave et devenant semblable aux hommes. Que dis-je ? Il s’est humilié lui-même se rendant obéissant jusqu’à la mort et jusqu’à la mort de la Croix » (Phil 2 6-9). Or, poursuit l’apôtre, « Voilà pourquoi Dieu l’a exalté et lui a donné un nom qui est au dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus, tout genou fléchisse, au ciel, sur la terre et dans les enfers ».

« Il s’est anéanti lui-même, il s’est abaissé lui-même ».

Lucifer aussi est descendu, Lui aussi a été abaissé au dessous de son rang primitif. D’ange de lumière, il est devenu ange des ténèbres. Mais ce n’est pas de lui-même qu’il est descendu. C’est par châtiment, c’est par punition…Car il a voulu se grandir refusant d’adorer le mystère du Verbe incarnée. C’est par le crime de lèse-majesté divine qu’Il fut chassé du Ciel, lui et un tiers des anges avec lui, nous dit l’Apocalypse.
Pareillement, l’homme est tombé au-dessous de lui-même et de sa dignité première ; mais pour lui aussi, ç’a été la juste peine infligée à l’ambition dont il s’était laissé séduire : « Vous serez comme des dieux, sachant le bien et le mal »(Gen 3 5)

Mais pour le Verbe incarné, il n’en est point ainsi. C’est librement, c’est par choix, c’est par amour pour nous que le Fils de Dieu, égal et consubstantiel à son Père, a résolu de s’abaisser jusqu’à prendre notre nature. Puis ayant poursuivi ce dessein, c’est par un acte méritoire de sa volonté humaine et de ses facultés créées que, non content de s’être fait homme, il s’est fait esclave, qu’il a choisi la confusion au lieu de la gloire, la pauvreté au lieu de la richesse, la souffrance de préférence à la joie, et finalement le sacrifice jusqu’à la mort et la mort de la Croix, la mort la plus déshonorante, la mort de l’esclave.

Or, dit Saint Paul, « à cause de cela », « propter quod » et abstraction faite du nom, du rang et de l’empire que lui assurait sa divinité, « Dieu l’a exalté et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom ».

Ce nom étant au dessus de tout nom, c’est l’ordre établi de Dieu, que, devant lui, tout genou fléchisse « au ciel, sur terre et dans les enfers ». Voilà ma deuxième idée.
« Au ciel », c’est l’occupation des anges et des bienheureux. Ils chantent leurs « sanctus » dans un acte profond de liberté et d’amour.
« Aux enfers », aussi les démons et les damnés plient le genou mais par contrainte, écrasés devant la majesté de ce nom et de cet empire tout-puissant.
« Sur terre » : c’est aussi le commandement fait à la terre. Oui ! Il n’est rien ici bas, il n’est rien de terrestre qui ne doive courber le genou devant ce nom de Jésus. L’ayant ressuscité des morts, l’ayant établi, par justice, à sa droite dans les cieux, et lui ayant donné un nom au dessus de tout nom, non seulement dans le siècle présent, mais encore dans le siècle futur et pour toujours, Dieu a mis toutes choses sous ses pieds et il l’a donné pour chef à toute l’humanité régénérée. Saint Paul le dit explicitement aux Ephésiens : « Et omnia subjecit sub pedibus eius, et ipsum dedit caput supra omnem Ecclesiam » (Eph 1 22)

Tout genou…toute langue…N’établissez donc pas d’exceptions là ou Dieu n’a pas laissé de place à l’exception. L’home individuel et le chef de famille, le simple citoyen et l’homme public, les particuliers et les peuples, en un mot tous les éléments quelconques de ce monde terrestre : omne genu…terrestrium, doivent la soumission et l’hommage au nom de Jésus.

Et du reste, NSJC entend bien les choses ainsi, lui qui a dit avant de remonter vers son Père : « Toute puissance m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc enseigner toutes les nations (Mt 28 18-19). Il ne dit pas tous les hommes, tous les individus, toutes les familles, mais bien toutes les nations. Il ne dit pas seulement, baptisez les enfants, faites leur le catéchisme, administrez les sacrements. Sans doute la mission qu’il confère à ses Apôtres incluse bien cela, mais elle comprend plus que cela : elle a un caractère public, un caractère social. Il les envoit à toutes les nations, les souverains, les législateurs pour qu’ils enseignent à tous sa doctrine et sa loi. Leur devoir comme celui de saint Paul, est de « porter le nom de Jésus-Christ devant les nations et les rois et les fils d’Israël (Act 9 15).

Devant cette royauté affirmée, – ce sera ma troisième idée -, se dressent aujourd’hui, depuis surtout la Révolution, les régimes politiques « laïques », « sécularisés » qui ne veulent relever que d’eux-mêmes. Mais plus que cela encore, se dressent des régimes « qui ont pris les armes et qui se sont ligués contre Dieu et son Christ » et qui disent hautement : « Brisons les liens et le joug du Christ et de son Eglise, loin de nous ». Oui ! Devant cette royauté affirmée, se dressent des régimes qui veulent supprimer la loi chrétienne, Ces régimes nouveaux veulent « échapper, disent-ils, à la théocratie imaginaire de l’Eglise ». Ils ne s’aperçoivent pas ou mieux, ils font semblant de ne pas s’apercevoir qu’ils tombent dans une autre théocratie aussi absolue qu’illégitime, la théocratie de César qui devient, ou veut devenir le chef et l’arbitre de la religion, oracle suprême de la doctrine et du droit, le maître de l’individu comme de la famille, ainsi que de l’école et de l’université. Le totalitarisme est la conséquence nécessaire du refus de Dieu, d’une politique sans Dieu. Voyez les régimes du national-socialisme et du communisme…que Jean-Paul II appelle « les idéologies du mal » et qu’il condamne fortement dans son dernier livre « Mémoire et Identité »
La politique ainsi sécularisée, elle a un nom dans l’Evangile : on l’y appelle « le prince de monde » (Jn 12 31, 14 30, le « prince de ce siècle » (1 Cor 2 6-8) ou bien encore « la puissance du mal, la puissance de la Bête » (Apoc 11 7, 13 4). Et cette puissance a reçu aussi un nom dans les temps modernes : elle s’appelle la Révolution. Et avec une rapidité de conquête, cette puissance « émancipé de Dieu et de son Christ » a subjugué presque tout sous son empire, les hommes, les choses, les trônes et les lois, les princes et les peuples.

Ainsi en cette période de sécularisation, de politique sécularisée, « Désormais, comme le dit Jacques Maritain dans son livre « antimoderne » : « Désormais l’animal raisonnable va s’appuyer sur lui-même, la pierre d’angle ne sera plus le Christ. L’esprit d’indépendance absolue, qui, en définitive, porte l’homme à revendiquer pour lui-même l’« aséité », et que l’on peut appeler l’esprit de la révolution antichrétienne, s’introduit victorieusement en Europe, avec la Renaissance et la Réforme, il soustrait à l’ordre chrétien ici la sensibilité esthétique et toutes les curiosité de l’esprit, là la spiritualité religieuse et la volonté, et vise à remplacer partout le culte des Trois Personnes divines par le culte du Moi humain. Réprimé au XVII siècle, lancé au XVIII et au XIX siècle à la conquête de l’univers, servi avec persévérance et habileté par la contre église maçonnique, il réussit à écarter Dieu de tout ce qui est centre de pouvoir ou d’autorité dans les peuples…L’homme s’isole…Il se soustrait à Dieu par antithéologisme et à l’être par idéalisme. Il se replie sur soi, s’enferme comme un tout puissant dans sa propre immanence, fait tourner l’univers autour de sa cervelle, s’adore enfin comme étant l’auteur de la vérité par sa pensée et l’auteur de la loi par sa volonté ».

Les temps ne sont pas bons, MBCF. Et ce sera ma conclusion, De quoi sera fait demain ? Il est certain qu’à mesure que le monde approchera de son terme, – Sommes nous vers la fin, je ne sais, Dieu le sait -, les méchants et les séducteurs auront de plus en plus l’avantage. Saint Paul le dit : « Quant aux méchants et aux séducteurs, ils avanceront toujours plus dans le mal, égarant les autres et égarés eux-mêmes » (2Tim 3 13). NSJC dit : « A mon retour, trouverai-je encore la foi » (Lc 18 8). Les institutions politiques en seront dépourvues. Saint Jean, dans l’Apocalypse nous dit : « Il sera donné à la Bête de faire la guerre avec les saints et de les vaincre » (Apoc 13 7). L’insolence du mal sera à son comble. Alors que feront les bons, les hommes de foi et de courage. ? Ils diront avec un redoublement d’énergie et par l’ardeur de leurs prières et par l’activité de leurs œuvres et par l’intrépidité de leur foi, au milieu de leur belle famille : O Dieu ; O Notre Père qui êtes aux cieux, que votre nom soit sanctifié sur la terre comme au ciel, que votre règne arrive sur la terre comme au ciel, que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Ils soutiendront le combat jusqu’au bout, espérant contre l’espérance même : Contra spem in spem. Et ainsi connaîtront-ils le bonheur du ciel.
Mais dans le second et dernier avènement, le Fils reviendra en gloire cette fois avec le signe de sa victoire, la Croix, et remettra le royaume de ce monde à Dieu son Père. La puissance du mal sera évacuée à jamais au fond des abîmes. Et tout ce qui n’aura pas voulu s’incorporer à Dieu par Jésus-Christ, par la foi, par l’amour, par l’observance de sa loi sera relégué dans les immondices éternelles. Et Dieu vivra et règnera pleinement et éternellement, en Lui-même et dans la plénitude du corps mystique de son Fils incarné et dans la communion des saints.
Ce que nous contemplerons demain.

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