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Entraide et Tradition

De la dépendance de Dieu

publié dans couvent saint-paul le 6 novembre 2010


Prédication pour le 24 ème dimanche après la Pentecôte.

De la dépendance de Dieu

Dans cette messe, nous avons une bien belle oraison qui m’a donné le thème notre méditation dominicale. Ce thème c’est la dépendance de Dieu. Nous sommes dépendant de Dieu. Nous devons vivre dans cette dépendance.

« Gardez votre famille, Seigneur, avec une incessante bonté afin que « quae in sola spe gratiae coelestis innititur » fondée, ou comptant sur la seule espérance, ou dépendant de la seule espérance de la grâce du ciel, elle soit toujours sous votre protection ».

« Innitor, inniteris » veut dire précisément, s’appuyer sur, reposer sur, le dictionnaire nous donne comme exemple : s’appuyer sur un bâton, et ainsi dépendre de…

« Muniatur », le deuxième verbe de l’oraison vient fortifier ce sens de la dépendance puisque « munire » veut dire, entre autre, « protéger » , « défendre ».

L’idée fondamentale, l’idée essentielle du chrétien, de celui qui a la foi, de celui qui a la sagesse de la philosophie et de la théologie, cette idée fondamentale, c’est la dépendance de Dieu, vivre dans la dépendance de Dieu, vivre dans la totale, complète, entière et parfaite dépendance de Dieu. Voilà ce qui nous distingue du monde, des mondains.

La lumière de la philosophie et de la théologie nous apprend que je ne suis rien, que je ne suis rien sans Dieu. Je tiens tout de Dieu. Je tiens tout de NSJC qui est Dieu. C’est la disposition, la conviction fondamentale du Chrétien. C’est la reconnaissance de notre néant devant Dieu et de notre dépendance continuelle vis-à-vis de Dieu dans notre existence et notre activité. C’est l’attitude Notre Dame dans son merveilleux chant du Magnificat : « Mon âme glorifie le Seigneur…parce qu’il a regardé la bassesse de sa servante » « Quia respexit humilitatem ancillae suae ». « Humilitas » i.e. état de ce qui est bas, peu élevé ; état d’abaissement ». Voilà ce que nous sommes aux yeux de Dieu. Voilà ce que confesse avec réalisme la Sainte Vierge…Et pourtant elle est l’Immaculée…A plus forte raison, nous !

La foi m’apprend ensuite que je suis un pécheur. Même après la grâce du baptême, je suis toujours un « grand malade », je suis toujours tenté de ne pas rendre à Dieu ce qui lui est dû et de ne pas rendre au prochain ce qui lui est dû. Je suis faible et enfin j’ai toujours l’amour des choses de la terre. Voilà les quatre grandes maladies dont nous parle saint Thomas. C’est le « fomes peccati » cette tendance au péché que nous avons en nous, même après la grâce du baptême. Nous ne devons jamais oublier cela. Si donc on est malade, on a besoin du médecin, c’est Jesus-Christ. On a besoin d’être tout le temps racheté par le sang de NSJC. L’œuvre de la rédemption ne se termine pas au Golgotha. Elle se poursuit pour nous par l’Eglise, par les sacrements qui nous communique cette grâce sanctifiante, qui nous fortifie ou qui nous redonne cette grâce si, par malheur, nous l’avons perdue.

Mais plus encore, la foi nous apprend que nous ne pouvons rien faire qui soit méritoire sans la grâce de NSJC. Sans le sang rédempteur du Christ, tout ce que nous faisons ne vaut rien. C’est ce que dit saint Paul quand il parle de la charité qui n’est autre que la grâce de NSJC, de son sang : « Même si je donnais mon corps à brûler, même si je donnais tout ce que je suis…sans la charité, cela ne me sert de rien ». De rien ! Cela ne nous mérite pas le ciel, parce qu’il n’y a pas la charité de Dieu, de NSJC en nous.

Voilà l’état réel dans lequel nous sommes ; voilà ce que nous apprend la sagesse de la philosophie et de la théologie : d’une part, la sagesse philosophique nous apprend que nous ne sommes rien, que nous dépendant dans l’être totalement de Dieu. Nous n’avons pas l’être par nous même. Nous le recevons. Nous sommes dépendant dans l’existence d’un autre qui, lui, a l’être par lui-même. Et cela nécessairement autrement rien ne serait, rien de ce qui est, aurait sa raison d’être. Lisons, relisons notre théodicée et les conclusions sont là, inéluctables, d’une logique implacable : l’homme n’est rien Il est dans les mains de Dieu constamment. Alors ne croyons pas que nous puissions faire quelque chose par nous-même, nous ne pouvons rien faire. D’autre part la théologie nous apprend que nous sommes des pécheurs, que notre Seigneur est venu pour nous racheter, qu’Il a versé son sang sur la croix et que, sans Lui, nous ne pouvons rien faire de nous-mêmes pour le ciel.
Alors nous sommes réellement dans la dépendance, dépendance dans notre existence, dépendance dans notre salut, de Dieu.

C’est cette dépendance qui caractérise aussi la civilisation chrétienne. La civilisation chrétienne de dix siècles a été caractérisée par cette dépendance de Dieu, dépendance de l’Eglise et de son clergé, dépendance des rois, des familles, des personnes. Tout était soumis à Dieu. C’était le principe voulu et admis de tous. Dans le principe, sinon toujours dans les faits, tout dépendait de Dieu, de NSJC. Le Christ était vraiment le Roi, le Roi accepté officiellement, publiquement, par tout le monde, par toute la société publiquement. Il y avait partout cet esprit de dépendance, esprit qui véhicule avec lui la simplicité, la discrétion, l’humilité dans les personnes, dans les foyers. La règle, c’était le Christ et sa loi, son Evangile. Il y avait partout cette dépendance à l’Evangile du Seigneur. D’où naissait ce désir d’instaurer en nous et en la cité le Règne de NSJC. « Instaurare omnia in Christo ». C’est la devise de saint Pie X. C’est bien aussi l’affirmation de la dépendance de tout, au Christ Jésus. Dans l’Ecriture on trouve une autre expression similaire « Recapitulare omnia in Christo ». Recapitulare » ! L’avantage de ce verbe, c’est qu’il contient le mot latin « caput », qui veut dire « tête ». Tout doit être ramené à la tête qui est NSSJC. Il n’y a rien en dehors de Lui.

Comme nous le disait souvent Mgr Lefebvre « je pense qu’il faut que nous méditions souvent cela, que ce soit vraiment l’objet, je dirai presque principal de nos méditations, parce que c’est la principale réalité ».

Principale réalité ! Alors, il poursuivait il faut y penser non seulement pour nous, mais aussi pour les autres ». Notre apostolat ne doit pas avoir d’autre but que de mettre les fidèles dans cette dépendance en leur disant : « Ecoutez, songez à Dieu, vous ne pouvez rien faire sans Dieu, alors pensez à Dieu, priez le, unissez vous à lui ; vous ne pouvez rien faire sans NSJC, alors pensez à lui ; vous ne pouvez pas sauver vos âmes sans Lui ; vous ne pouvez pas, c’est impossible, vous ne pouvez pas avoir le moindre mérite pour le ciel sans le sang de NSJC, sans sa charité qui habite en vos cœurs, sans sa grâce. « Nihil mihi prodest », disait saint Paul : cela ne me sert de rien que je donne mon corps à brûler pour un amour quelconque, si je n’ai pas la charité, la vraie charité. « Nihil mihi prodest », cela ne me sert de rien. NSJC l’a répété : « sine me, nihil potestis facere ». Il faut toujours en être convaincu. Prenez garde de ne pas travailler en vain… La conclusion du Canon de notre belle messe, nous le laisse entendre : « Per Ipsum et cum Ipso et in Ipso…omnis honor et gloria ». Il n’y a de gloire, de louange, d’honneur possible, ici bas, rendu à Dieu qu’en Lui, avec Lui, par Lui. Toutes nos prières se terminent par cette formule « Per Dominum nostrum Jesus Christum ». C’est plus qu’une formule. C’est la réalité. Tout doit se faire en Lui par Lui et avec Lui. Saint Paul le dit bien :« Mihi vivere Christus est ». « Vivre pour moi c’est le Christ. » Quelle affirmation de dépendance totale. Son être c’est celui-là même du Christ. Il n’a plus de volonté propre. Il n’a qu’une seule volonté en Saint Paul, celle du Christ. Il est dans sa dépendance totale. Il est un instrument, l’instrument du Christ, comme le pinceau l’est du peintre. « Voilà ce que vous devrez apprendre à vos fidèles », nous disait Mgr Lefebvre, « leur apprendre cette dépendance de Dieu par les sacrements, par la grâce du Bon Dieu, par la prière, par l’accomplissement de la volonté de Dieu. L’accomplissement de la volonté de Dieu, c’est cela la sainteté ». Le teste de la sainteté, qui consiste dans la charité, c’est l’accomplissement de la volonté de Dieu. « Vous êtes mes disciples si vous accomplissez mes commandements », disait NSJC. « Si vous accomplissez mes commandements nous viendront en vous et nous ferons en vous notre demeure ». C’est bien clair. La sainteté, c’est la dépendance de NSJC.

Mais nous nous trouvons en cela, en cette volonté de dépendance, en opposition fondamentale avec le monde moderne qui professe, lui, au contraire, la volonté d’indépendance vis-à-vis de Dieu. Il mène un guerre inlassable contre toute dépendance de Dieu, contre toutes les lois de Dieu, contre tous les dogmes, contre toutes les lois surnaturelles et naturelles. Il veut tout détruire de l’œuvre divine. Tout ce qui rappelle Dieu, tout ce qui rappelle une dépendance de Dieu doit être brisé, doit être changé. Il faut faire la révolution dans tous les domaines : se libérer de Dieu, se libérer de la dépendance de Dieu dans tous les domaines. C’est l’esprit de Satan. C’est le principe de la législation actuelle. Elle est dominée par le « non serviam » de Satan. Ce « non serviam » est de plus en plus actuel. « Nolumus hunc regnare super nos ». Voilà le cri de la Révolution. Voilà encore le cri du monde juif qui refuse le Christ. Voilà le cri de la Franc- maçonnerie.

Il n’y pas le moindre mariage possible entre nous et le monde animé d’un tel esprit. Si mariage il y avait, ce serait un « adultère », ce serait une fornication.

Il ne pourrait être conclu devant cet autel. Car quel est l’acte de l’Eglise qui nous met vraiment dans la dépendance de Dieu? C’est le saint Sacrifice de la messe. Là, est le cœur de l’Eglise. Là, est l’expression la plus belle, la plus profonde, la plus réelle de la dépendance de Dieu. NSJC –ici, au Golgotha, là, à la messe, – confond sa volonté à celle de son Père. « Père, Non ma volonté mais la votre ». « Que votre volonté soit faite et non la mienne». Voilà la totale et absolue dépendance. Et nous l’imitons merveilleusement en chaque messe, dans la récitation du « Notre Père ». Et nous l’imitons merveilleusement lorsque nous nous agenouillons devant la Croix, devant l’Eucharistie. Nous professons notre dépendance de Dieu « Dites seulement une parole et mon âme sera guérie ». Nous professons une totale dépendance en NSJC, véritable « médecin » de mon âme.

Et voilà pourquoi les libéraux qui veulent « fricoter » avec le monde et son principe, ne nous aiment pas et même veulent notre disparition. Nous aurons du mal, il ne faut pas se faire d’illusion, nous aurons du mal à être accepté dans le ministère des diocèses. Hier, lors de la réunion du doyenné, au cours du repas, un prêtre exprimait le souhait de voir le vicaire épiscopal venir expliquer sa pensée sur le « découpage» futur mais prochain de cette partie du diocèse…le nombre de prêtres ne suffisant plus…Je me suis permis de dire que les prêtres des communautés « Ecclesia Dei » étaient là et pourraient rendre d’heureux service…Que n’avais-je pas dit ? J’ai senti une opposition radicale. Bien calmement, je leur ai dit que l’église de France ne pourra pas refuser toujours ces prêtres. Ils éprouvent énormément de difficulté à desservir Guerville. Je leur ai dit, sans rire, que j’étais près d’en assurer le service. Je savais faire. A rien à faire. On parla ensuite du séminaire de Courtalain. Combien ^tes-vous ? Mais comment les formez vous ? Seront-ils utilisables ? Il est clair que la réconciliation et la normalisation de la situation dans les diocèses ne saura faire l’impasse sur la liturgie. La réconciliation sera doctrinale – il faut que cesse cet esprit de connivence avec le monde révolutionnaire – et elle sera liturgique. La réconciliation du clergé sera liturgique où elle ne sera pas. Le pape pourtant la veut. Il la dit dans son Motu Proprio : « Il s’agit de parvenir à une réconciliation interne au sein de l’Eglise ». Prions ! La crise sera longue, nous disait Mgr Lefebvre.

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