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Entraide et Tradition

« Je vais vous préparer une place.

publié dans couvent saint-paul le 18 mai 2012


Dimanche après l’Ascension

 

« Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père;…je vais vous y préparer une place. Et lorsque je m’en serai allé et que je vous aurai préparé une place, je reviendrai, et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous y soyez aussi… Et là où je vais, vous en savez le chemin …Je suis le chemin, la vérité et la vie; nul ne vient au Père que par moi ».

Le jeudi de l’Ascension, nous avons médité la fameuse parole de Jésus : « je vais vous préparer une place » et nous avons terminé notre méditation sur le thème de la vie, de la vraie vie. Et je vous affirmais que la vraie vie, c’est la vie éternelle.

Certes, avons-nous dit, l’amour de la vie est le ressort de l’agir humain. Et c’est vrai. Parce que l’homme a été créé à image de Dieu qui est vie, la vie substantielle, l’homme est lui aussi vie. Pour lui, la vie est son être : hors de la vie, c’est le néant. L’homme aime donc la vie du même amour qu’il s’aime lui-même. Il l’aime essentiellement, il l’aime passionnément, il l’aime invinciblement, il l’aime partout…Il n’aime que la vie. S’il est donc persuadé que la vie d’ici-bas, c’est la vie, toute la vie, qu’il n’y a pas d’au-delà, pas de vie éternelle, vous le rendez fou. Il s’épuisera à la jouissance des biens de cette vie. Il veut en vivre, vivre pleinement, constamment. jusqu’à l’overdose. A tel point qu’il finit par cultiver la mort. « Stipendia peccati mors », nous dit saint Paul. Ne le lui reprochait pas, vous qui cultivez, dans vos écoles, la laïcité à outrance, vous qui fermez, en raison de votre agnosticisme, à toute jeunesse toute transcendance, vous qui niez la spiritualité de l’âme et toute éternité.

Mais ôtez de ce cœur l’affirmation que la vie d’ici bas, c’est la vie, et à la place, faites prévaloir la parole du Christ, « je vais vous préparer une place », faites prévaloir ainsi que la vie d’ici-bas n’est que l’ombre de la vraie vie, la préparation, le gage de la vraie vie…alors vous opérez une révolution totale. Ce jeune éclairé ne s’attachera plus à la vie présente…sinon comme moyen de gagner l’éternité. Il usera de ce monde comme n’en usant pas. Toujours avec la même énergie vitale, c’est sa loi, il ne cherchera plus les délices de la terre, mais bel et bien, l’éternelle vie. Il s’attachera à ses devoirs, car il sait que là dépend la vraie vie. Et vous en faites un homme heureux de vivre. Il sait la raison de sa vie : la vie ici-bas est le prix de la vraie vie. A cette vie présente, il lui donnera la forme ad hoc, la meilleure selon ses aptitudes. Mais quoi qu’il en soit, il se dira en son intime, je suis né pour l’éternité, je marche pour l’éternité, je fais mon éternité.

Et pour faciliter une telle « révolution pacifique » des cœurs, une telle conquête il est bon aussi de considérer quelques instants la vie éternelle qui est la lumière de cette vie présente. Je vous avais dit Jeudi que ce serait le thème de notre méditation de ce dimanche.

Qu’est-ce donc que la vie éternelle ?
C’est la vie l’esprit. C’est la vie du cœur. Mais en plénitude et pour toujours.

L’esprit vit. Comme l’œil est fait pour voir, l’esprit est fait pour connaître. Connaître est sa vie et sa joie. C’est déjà le cas ici bas. Que d’années passées sur les bancs de l’école, de l’université, sur les bancs de l’apprentissage…que de labeurs pour apprendre, pour connaître, pour acquérir quelques vérités nouvelles. Et quelle joie procure cette connaissance ! (histoire de l’enfant). Mais dans la terre des Vivants, le Ciel, l’esprit déiformé verra, sans travail, par un simple regard, non quelques rayons de la vérité, mais la vérité toute entière. Il verra la vérité de toute créatures, non « comme dans un miroir et à travers un voile », mais, comme le dit saint Paul, réellement et face à face. Il ne verra pas seulement les vestiges du Créateur dans sa créature, mais le Créateur lui-même, Dieu en personne, et en Dieu, toutes les œuvres de Dieu. Il comprendra tout le monde matériel, mais plus encore et surtout le monde moral, le monde angélique et sa beauté, sa hiérarchie, la beauté de NSJC, de ND, la beauté de la foi d’Abraham, la beauté des Apôtres, la grandeur de leurs martyrs, la beauté des élus, des vierges, des confesseurs. Il comprendra le cours de l’histoire, de la chute d’Adam et Eve, la raison de la Rédemption en le sang de Jésus. Il en sera admiratif. Il sera confondu par l’immense charité du Christ. Il comprendra mieux que jamais le mystère de la prédestination : « Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être conformes à l’image de son Fils, afin que son Fils soit le premier-né d’un grand nombre de frères. Et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés; et ceux qu’il a justifiés il les a glorifiés ». Elu de Dieu, par simple miséricorde et nullement en raison de ses propres mérites, l’esprit déifié chantera son alléluia éternellement. Il comprendra la raison du choix du peuple élu, du peuple juif, de son refus de recevoir la lumière du Christ, plus encore, leur haine qui les amena jusqu’à supplicier le Messie que pourtant ils attendaient. Notre esprit déifié comprendra enfin les paroles étonnantes de saint Paul aux Romains sur ce mystère du refus du peuple élu de son Christ tel qu’il l’exprime dans les chapitres 9 à 11 : « Je dis la vérité dans le Christ…j’éprouve une grande tristesse et j’ai au cœur une douleur incessante. Car je souhaiterais d’être moi-même anathème, loin du Christ, pour mes frères, mes parents selon la chair, qui sont Israélites, à qui appartiennent l’adoption, et la gloire, et les alliances, et la Loi, et le culte, et les promesses, et les patriarches, et de qui est issu le Christ selon la chair, lequel est au-dessus de toutes choses, Dieu, béni éternellement. Amen !
Mais tous ceux qui descendent d’Israël ne sont pas le véritable Israël, et pour être la postérité d’Abraham, tous ne sont pas ses enfants; mais  » C’est la postérité d’Isaac qui sera dite la postérité « , c’est-à-dire que ce sont les enfants de la promesse qui sont regardés comme la postérité d’Abraham.

Que dirons-nous donc? (Sinon) que les Gentils, qui ne cherchaient pas la justice, on atteint la justice, mais la justice qui vient de la foi, tandis qu’Israël, qui cherchait une loi de justice, n’est point venu à une loi de justice. Pourquoi? Parce qu’il a cherché à l’atteindre, non par la foi, mais comme s’il avait pu arriver par les œuvres. Il s’est heurté contre la pierre d’achoppement, selon qu’il est écrit :  » Voici que je mets en Sion une pierre d’achoppement et un rocher de scandale, mais quiconque croit en lui ne sera pas confondu. « 

Pour autant, « Est-ce que Dieu a rejeté son peuple? Loin de là ! Car moi aussi, je
suis Israélite de la postérité d’Abraham, de la race de Benjamin. Non, Dieu n’a pas rejeté son peuple, qu’il a connu d’avance….Ont-ils bronché, afin de tomber pour toujours? Loin de là, mais par leur chute, le salut est arrivé aux Gentils, de manière à exciter la jalousie d’Israël. Or, si leur chute a été la richesse du monde, et leur amoindrissement la richesse des Gentils, que ne sera pas leur plénitude …Car si leur rejet a été la réconciliation du monde, que sera leur
réintégration, sinon une résurrection d’entre les morts?…Tu diras donc : Ces branches ont été retranchées, afin que moi je fusse enté. Cela est vrai; ils ont été retranchés à cause de leur incrédulité, et toi, tu subsistes par la foi; garde-toi de pensées orgueilleuses, mais crains. Car si Dieu n’a pas épargné les branches naturelles, crains qu’il ne t’épargne pas non plus. Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu : sa sévérité envers ceux qui sont tombés, et sa bonté envers toi, si tu te maintiens dans cette bonté; autrement toi aussi tu seras retranché. Eux aussi, s’ils ne persévèrent pas dans leur incrédulité, ils seront entés; car Dieu est puissant pour les enter de nouveau. …Car je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère, afin que vous ne soyez pas sages à vos propres yeux : c’est qu’une partie d’Israël est tombée dans l’aveuglement jusqu’à ce que la masse des Gentils soit entée. Et ainsi tout Israël sera sauvé, selon qu’il est écrit :  » Le libérateur viendra de Sion, et il éloignera de Jacob toute impiété; et ce sera mon alliance avec eux, lorsque j’aurai ôté leurs péchés. Il est vrai, en ce qui concerne l’Evangile, ils sont encore ennemis à cause de vous; mais eu égard au choix divin, ils sont aimés à cause de leurs pères. Car les dons et la vocation de Dieu sont sans repentance. Et comme vous-mêmes autrefois vous avez désobéi à Dieu, et que, par le fait de leur désobéissance, vous avez maintenant obtenu miséricorde, de même, eux aussi, ils ont maintenant désobéi, à cause de la miséricorde qui vous a été faite, afin qu’ils obtiennent également miséricorde.
Car Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance, pour faire
miséricorde à tous. O profondeur inépuisable et de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses jugements sont insondables et ses voies incompréhensibles !
… A lui la gloire dans tous les siècles ! Amen !

O quel mystère. Il est pourtant capital. Au cœur de l’histoire. Il aura toute sa clarté, son explication au ciel. Il sera source de ma joie et de mon allégresse !

Un seul mot vous dira tout ce que je veux vous dire : Tout dans la terre des Vivants sera lumière de l’intelligence, lumières sur les plus profonds mystères. Et c’est pourquoi elle est la plénitude de vie pour l’esprit. Comme le dit l’Apocalypse : « La ville n’a besoin ni du soleil ni de la lune pour l’éclairer, car la gloire de Dieu l’illumine, et l’Agneau est son flambeau » (Apoc 21 23). Il nous expliquera toutes choses !

La terre des Vivants n’est pas seulement la plénitude de la vie de l’esprit éternellement, elle est aussi la plénitude de la vie du cœur. Vivre pour le cœur, c’est aimer et être aimé. Aimer le vrai, le beau, l’aimer et en être aimé. Le seuil de la Cité Sainte est à peine franchi que le cœur se trouve en face de la vérité vivante, de la beauté vivante, de la bonté vivante, la source de toute bonté. Le cœur de l’homme se perd dans le cœur de Dieu et le cœur de Dieu se verse dans le cœur de l’homme. Nous serons transformés en Dieu tellement que nous serons « consommés en lui, semblables à Lui » (Jn 17 23). Non seulement nous aimerons Dieu, mais nous aimerons et en serons aimé. Nous aimerons ND, la plus aimante des créatures. Nous aimerons tous les anges, les archanges. Nous aimerons tous les saints, notre saint Patron. Nous aimerons comme nous n’avons pu assez les aimés ici bas, tous les membres de notre famille.

Le ciel, vous dis-je, est un océan de vérité et d’amour. Est-ce assez pour nous le faire aimer !

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