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Réflexions politiques pour la Pentecôte

publié dans nouvelles de chrétienté le 28 mai 2012


Réflexions politiques pour la Pentecôte

En relisant pour la Pentecôte une page ou l’autre des Propos de Minimus d’Henri Charlier, je suis tombé sur les lignes que voici :

« Les nations occidentales dans leur ensemble sont gagnées par l’esprit mercantile, c’est-à-dire par Mammon ; elles rejettent sans le dire ouvertement l’appel du Christ et de sa croix, car elles ne cherchent qu’à s’enrichir pour jouir davantage et cette corruption a gagné beaucoup de vrais chrétiens qui s’en défendent assez mal. Ces nations occidentales sont donc menacées prochainement d’une chute analogue à celle de Jérusalem. Le crédit bancaire sur lequel repose leur richesse est chose très fragile. Son effondrement dans une seule des nations importantes provoquerait une misère générale. »

Henri Charlier écrivait cela il y a un demi-siècle, en 1961.

Dire que les nations occidentales sont gagnées par l’esprit mercantile, et que le crédit bancaire sur lequel repose leur richesse est une chose très fragile, n’est plus, dans l’Europe de 2012, un propos surprenant.

Mais le propos dit aussi que ces nations occidentales ont rejeté « l’appel du Christ et de sa croix », et une telle pensée est aujourd’hui tenue pour incompréhensible, ou plutôt comme entièrement dénuée de signification. La religion est tenue pour une affaire privée, qui n’a droit à aucune place dans l’espace public, et d’ailleurs elle n’intéresse plus grand monde. Les catholiques pratiquants sont en France 4 % de la population. Les hommes politiques qui s’avouent catholiques assurent que cela ne regarde personne et n’a aucune influence sur leur comportement politique. Tel est, dirait Georges Laffly, « l’état des lieux ». On ne voit pas comment la nation française, maintenant représentée par son Etat laïque, pourrait continuer à se dire « la fille aînée de l’Eglise ».

Que l’Etat soit « laïque », c’est-à-dire qu’il soit distinct de tout pouvoir religieux, et autonome dans sa compétence politique, c’est à l’Eglise qu’on le doit, en application de la parole de Jésus, nouvelle dans l’histoire : « Rendez à César… » Cette origine chrétienne est bien oubliée par l’actuelle laïcité républicaine, mais il n’est pas inutile de rappeler que la laïcité de l’Etat n’est pas une invention socialiste, ni démocratique, ni même moderne.

La République ne veut plus que la nation française soit la fille aînée de l’Eglise, mais la France ne peut cesser de l’être : simplement ce refus républicain en fait une fille apostate, et cette apostasie n’est pas un sentiment ou une opinion, elle est une réalité politique actuellement vécue dans toutes ses conséquences.

Cette réalité n’empêche pas les catholiques de participer, chacun selon son état et ses responsabilités, à toute action publique conforme à la loi naturelle, ou même à toute action politique tendant à en limiter ou en atténuer les transgressions. Cela dit, cela fait, il importe de garder et transmettre la mémoire de cette vérité supérieurement décisive : l’autonomie politique n’est pas étrangère, elle ne peut pas être extérieure aux grands mystères et aux lois divines de la Création et de la Rédemption. L’« appel du Christ et de sa croix » s’adresse certes à toute âme individuelle et à sa vie intérieure, mais aussi à toute autorité temporelle en tant que telle.

JEAN MADIRAN

Article extrait du n° 7609
du Samedi 26 mai 2012

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