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Pourquoi le pape François ne donne pas la communion

publié dans magistère du pape François le 10 mai 2013


Pourquoi le pape François ne donne pas la communion

SOURCE – Sandro Magister – Chiesa (blog) – 9 mai 2013

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Pourquoi le pape François ne donne pas la communion – Parce que, dit-il, des pécheurs publics non repentis pourraient se glisser parmi les fidèles et qu’il ne veut pas favoriser leur hypocrisie. Le cas des politiciens catholiques partisans de l’avortement

ROME, le 9 mai 2013 – Il y a, dans les messes célébrées par le pape François, une particularité qui suscite des questions restées jusqu’à présent sans réponse.
Lorsque vient le moment de la communion, le pape Jorge Mario Bergoglio ne la distribue pas lui-même mais il laisse à d’autres le soin de donner aux fidèles l’hostie consacrée. Il s’assied et attend que la distribution du sacrement soit achevée.

Les exceptions sont rarissimes. Aux messes solennelles, le pape, avant de s’asseoir, donne la communion à ceux qui l’assistent à l’autel. Et dernièrement, lors de la messe du Jeudi Saint, célébrée à la prison pour mineurs de Casal del Marmo, il a voulu donner lui-même la communion aux jeunes détenus qui se sont approchés pour la recevoir.

Bergoglio n’a donné, depuis qu’il est pape, aucune explication explicite à ce comportement.

Mais il y a, dans un de ses livres publié en 2010, une page qui fait pressentir les motifs qui sont à l’origine de cette attitude.

Ce livre est un recueil d’entretiens qu’il a eus avec le rabbin Abraham Skorka de Buenos Aires.

Celui qui était alors l’archevêque Bergoglio déclare, à la fin du chapitre consacré à la prière :

« David avait commis l’adultère et il avait commandé un homicide ; nous le vénérons quand même comme un saint parce qu’il a eu le courage de dire : ‘J’ai péché’. Il s’est humilié devant Dieu. On peut commettre des fautes énormes, mais on peut aussi le reconnaître, changer de vie et réparer le mal que l’on a fait. Il est vrai que, parmi les paroissiens, il y a des gens qui ont tué non seulement intellectuellement ou physiquement mais aussi de manière indirecte, par une mauvaise gestion des capitaux, en payant des salaires injustes. Ils sont membres d’organisations de bienfaisance, mais ils ne paient pas à leur personnel ce qui lui revient, ou ils le font travailler au noir. […] Nous connaissons parfaitement le curriculum de certains d’entre eux, nous savons qu’ils prétendent être catholiques mais qu’ils ont des comportements indécents dont ils ne se repentent pas. C’est pour cette raison que, dans certaines occasions, je ne donne pas la communion, que je reste en arrière et que je laisse ceux qui m’assistent dans la célébration de la messe le faire, parce que je ne veux pas que ces gens s’approchent de moi pour la photo. On pourrait également refuser la communion à un pécheur notoire qui ne s’est pas repenti, mais il est très difficile de prouver ces choses-là. Recevoir la communion, cela signifie recevoir le corps du Seigneur, avec la conscience de former une communauté. Mais si un homme, plutôt que d’unir le peuple de Dieu, a fauché la vie d’un très grand nombre de personnes, il ne peut pas recevoir la communion, ce serait totalement contradictoire. On trouve ce genre de cas d’hypocrisie spirituelle chez un grand nombre de gens qui trouvent refuge dans l’Église mais qui ne vivent pas selon la justice demandée par Dieu. Et ils ne donnent aucun signe de repentir. C’est ce que l’on appelle communément mener une double vie ».

Comme on peut le constater, Bergoglio expliquait en 2010 son refus de donner personnellement la communion par un raisonnement très pratique : « Je ne veux pas que ces gens s’approchent de moi pour la photo ».

En pasteur expérimenté et en bon jésuite qu’il est, il savait que, parmi ceux qui s’approchaient pour recevoir la communion, il pouvait y avoir des pécheurs publics non repentis qui se prétendaient par ailleurs catholiques. Il savait que, dans cette situation, il serait difficile de leur refuser le sacrement. Et il savait quels effets publics cette communion pourrait avoir, si elle était reçue des mains de l’archevêque de la capitale de l’Argentine.

On peut en déduire que Bergoglio perçoit le même danger depuis qu’il est pape, et même encore davantage. Et que, pour cette raison, il adopte le même comportement prudent : « Je ne donne pas la communion, je reste en arrière et je laisse faire ceux qui m’assistent ».

Les péchés publics que Bergoglio a donnés comme exemples, dans son entretien avec le rabbin, sont l’oppression des pauvres et le refus de donner un juste salaire à l’ouvrier. Deux péchés qui figurent traditionnellement parmi les quatre qui « crient vengeance au Ciel ».

Mais, au cours de ces dernières années, un raisonnement semblable a été appliqué par d’autres évêques à un autre péché : le soutien public apporté aux lois favorables à l’avortement par des politiciens qui se proclament catholiques.

Cette controverse-là a eu son épicentre aux États-Unis.

En 2004, celui qui était alors le cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, fit parvenir à la conférence des évêques des États-Unis une note dans laquelle étaient formulés les « principes généraux » relatifs à cette question.

La conférence des évêques décida d’ »appliquer » au cas par cas les principes rappelés par Ratzinger en confiant à « chaque évêque le soin de formuler des jugements pastoraux prudents en fonction des circonstances spécifiques auxquelles il serait confronté ».

Depuis Rome, le cardinal Ratzinger accepta cette solution et déclara qu’elle était « en harmonie » avec les principes généraux de sa note.

En réalité, les évêques des États-Unis ne sont pas unanimes. Certains, même parmi les conservateurs, comme les cardinaux Francis George et Patrick O’Malley, sont peu enclins à « faire de l’eucharistie un champ de bataille politique ». D’autres sont plus intransigeants. Lorsque le catholique Joe Biden fut choisi comme vice-président par Barack Obama, Charles J. Chaput, qui était alors évêque de Denver et qui est aujourd’hui archevêque de Philadelphie, déclara que le soutien apporté par Biden au « droit » à l’avortement constituait une grave faute publique et que « pour cette raison, celui-ci devrait, par souci de cohérence, s’abstenir de se présenter pour recevoir la communion ».

Ce qui est certain, c’est que lors de la messe d’inauguration du pontificat de François, le 19 mars dernier, le vice-président Biden et la présidente du parti démocrate Nancy Pelosi, qui est également une catholique pro-avortement, faisaient partie de la délégation officielle des États-Unis.

Et ils ont l’un et l’autre reçu la communion. Mais pas des mains du pape Bergoglio, qui était resté assis derrière l’autel.

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Le candidat à la vice-présidence choisi par Obama est catholique. Mais les évêques lui refusent la communion

Le motif: Biden défend l’avortement. L’archevêque de Denver dit qu’il devrait s’abstenir de communier. L’archevêque Burke lui prête main forte depuis Rome. En 2004, Ratzinger avait déjà écrit aux évêques américains…
par Sandro Magister

       

ROMA, le 27 août 2008 – A la veille de la convention démocrate à Denver, le candidat de ce parti à la présidence des Etats-Unis, Barack Obama, a désigné comme candidat à la vice-présidence un catholique, le sénateur Joseph Biden (photo).
Immédiatement, cette désignation a ravivé la polémique sur la distribution de la communion eucharistique aux hommes politiques catholiques pro avortement.
Car Biden en fait partie. Fils d’ouvriers irlandais, tenté par le séminaire dans sa jeunesse, le chapelet toujours dans la poche, il va à la messe tous les dimanches et reçoit la communion dans sa paroisse de Saint-Joseph à Greenville, dans le Delaware.
En tant qu’homme politique, cependant, il a toujours soutenu avec force l’arrêt Roe v. Wade de la cour suprême, qui a ouvert la voie à l’avortement légal aux Etats-Unis. Il dit accepter la doctrine de l’Eglise catholique selon laquelle la vie débute dès la conception, il a voté pour une loi qui interdit l’avortement dans les dernières semaines de grossesse, mais il considère que l’arrêt Roe v. Wade est juste dans une société qui a différents points de vue sur l’avortement.
Dans une interview au « Christian Science Monitor », Biden a déclaré qu’il considérait ses positions « tout à fait cohérentes avec la doctrine sociale catholique ».
Ce n’est pas l’avis de Charles J. Chaput, archevêque de Denver, la ville où le parti démocrate a lancé officiellement Obama et Biden comme candidats à la présidentielle.
Dans une interview à l’Associated Press, Chaput a déclaré que le soutien de Biden au prétendu « droit » à l’avortement est une faute publique grave. Et d’ajouter: « Je pense donc que, pour être cohérent, il devrait s’abstenir de communier“.
Au même moment, à Rome, un autre archevêque américain, Raymond L. Burke, s’est exprimé sur cette même question en des termes semblables: il a lui aussi refusé le droit de communier aux hommes politiques catholiques pro avortement.
Ce n’est pas la première fois que Burke et Chaput prennent une telle position. En 2004, à la veille des précédentes élections présidentielles, Burke s’étais prononcé pour le refus de la communion au candidat démocrate à la Maison Blanche de l’époque, John Kerry, lui aussi catholique et « pro choice ».
En juin de la même année, le cardinal Joseph Ratzinger avait transmis depuis Rome une note destinée à la conférence des évêques des Etats-Unis contenant les « principes généraux » sur la question.
La note de Ratzinger était confidentielle, mais www.chiesa l’a publiée dans son intégralité. Elle donnait raison aux évêques intransigeants comme Burke et Chaput. Cependant la plupart des évêques des Etats-Unis étaient opposés au refus de donner la communion aux hommes politiques catholiques pro avortement. Même deux cardinaux respectés de l’aile conservatrice, Francis E. George, de Chicago, et le théologien jésuite Avery Dulles, étaient réticents à « faire de l’eucharistie un champ de bataille politique ». Finalement, la conférence des évêques avait décidé d’ »appliquer » au cas par cas les principes rappelés par Ratzinger, en recommandant « à chaque évêque d’exprimer des jugements pastoraux prudents dans les circonstances qui lui sont propres ».
A Rome, le cardinal Ratzinger a accepté cette solution, qu’il a considérée « en harmonie » avec les principes généraux exprimés dans sa note.
En cela, Ratzinger s’est conformé à une pratique typique des pays catholiques d’Europe, où la rigueur des principes cohabite avec des comportements pastoraux plus flexibles.
En Europe, en effet, l’Eglise catholique n’a jamais traité et encore moins créé des cas semblables à celui de Kerry ou Biden aux Etats-Unis. Au cours des dernières décennies, en Europe, les évêques, les cardinaux et les papes ont consciemment donné la communion à des hommes politiques catholiques qui défendaient des lois pro avortement. En 1989, le très catholique roi Baudouin de Belgique s’est démis temporairement de ses fonctions pour ne pas signer une loi sur l’avortement, mais ce geste a été totalement personnel: personne, dans la hiérarchie catholique, ne le lui avait demandé.
Pour en revenir aux Etats-Unis, le cas du sénateur Biden présente cependant des aspects inédits par rapport au cas Kerry d’il y a quatre ans.
D’abord, Ratzinger n’est plus cardinal mais pape. Et une grande partie de son magistère a justement pour objet le sujet de la note qu’il a transmise en 2004 aux évêques américains: comment être ou non « digne de recevoir la sainte communion“.
Deuxièmement, Chaput, l’archevêque de Denver, est de plus en plus en vue dans l’épiscopat des Etats-Unis. Il y a quelques jours, justement, il a publié un livre expliquant comment agir en politique en cohérence avec la foi catholique, où il refuse catégoriquement la communion aux défenseurs de l’avortement. Et le livre – intitulé “Render Unto Caesar. Serving the Nation by Living Our Catholic Beliefs in Political Life » – a reçu une très bonne critique de « L’Osservatore Romano », qui en a recommandé la lecture « aux Etats-Unis et ailleurs ».
Troisièmement, il y a l’interview de Burke. Il était archevêque de Saint-Louis jusqu’au 27 juin dernier, date à laquelle il a été appelé à Rome comme nouveau préfet du tribunal suprême de la signature apostolique. C’est donc en qualité de représentant du gouvernement central de l’Eglise, en rapport étroit avec le pape, que Burke s’est exprimé.
Enfin, il faut préciser que les évêques américains ont tendance à être plus rigoureux que par le passé en ce qui concerne la communion aux hommes politiques catholiques pro avortement. Preuve en est, la polémique qui a suivi le voyage de Benoît XVI aux Etats-Unis en avril dernier, à propos de la communion de John Kerry, Nancy Pelosi, Ted Kennedy et Rudolph Giuliani au cours des messes pontificales. A cette occasion, le cardinal de New York, Edward Egan, a condamné leur geste en termes d’une sévérité inhabituelle.
On trouvera ci-dessous des passages de l’interview de Burke réalisée par Thomas J. McKenna, président-fondateur de Catholic Action for Faith and Family. Cette interview a été reprise à Rome en italien par le mensuel « Radici Cristiane ».
Plus bas, comme mémento utile, on trouvera la note transmise en 2004 par Ratzinger aux évêques des Etats-Unis:
Quand le ministre de l’eucharistie a l’obligation de refuser la communion
Interview de Raymond L. Burke
Q. – Monseigneur, il semble que la tendance soit aujourd’hui à un certain laxisme quand il s’agit de communier. Pourquoi ?
R. – Je pense que ce laxisme est en train de se développer notamment parce que l’accent n’est pas suffisamment mis sur la dévotion eucharistique. […] Sans dévotion au très saint sacrement, les gens perdent rapidement la foi eucharistique. Nous savons qu’un pourcentage élevé de catholiques ne croient pas que le corps et le sang du Christ soient présents sous les espèces eucharistiques. […]
Un autre aspect de la question est la perte du sens du lien entre le sacrement de l’eucharistie et celui de la pénitence. […] Les gens communient régulièrement et ils ne se confessent probablement jamais, ou bien très rarement. […]
Il faut ajouter à cela la tendance qui s’est développée à partir de la sphère civile et qui consiste à croire que recevoir l’eucharistie est un droit. […]
Q. – Il existe des lois de l’Eglise pour empêcher des conduites inconvenantes de la part des fidèles, pour le bien de la communauté. Jusqu’à quel point l’Eglise et la hiérarchie ont-elles l’obligation d’intervenir pour éclairer et corriger?
R. –  Concernant l’eucharistie, il existe deux canons qui portent sur la réception du sacrement. Ils ont deux biens pour but.
L’un des biens est celui de la personne même, car recevoir le corps et le sang du Christ sans en être digne est un sacrilège. […] Par conséquent, pour le bien de la personne même, l’Eglise doit nous instruire en nous disant qu’à chaque fois que nous recevons l’eucharistie, nous devons d’abord examiner notre conscience.
Si nous avons un péché mortel sur la conscience, nous devons d’abord le confesser et recevoir l’absolution et, seulement après, nous approcher du sacrement eucharistique. Souvent, nos péchés graves sont cachés et connus de nous seuls […] mais il arrive que des personnes commettent délibérément des péchés graves en public, […] comme par exemple soutenir publiquement l’avortement. […] Une personne qui commet un péché de cette manière doit être mise en garde publiquement de manière à ce qu’elle ne reçoive pas la communion tant qu’elle n’aura pas corrigé sa propre vie.
Si une personne qui a été mise en garde persiste dans un péché mortel public et se présente pour recevoir la communion, le ministre de l’eucharistie a alors l’obligation de la lui refuser.
Pourquoi? D’abord pour le salut de la personne même, c’est-à-dire pour l’empêcher d’accomplir un sacrilège. Mais aussi pour le salut de l’Eglise toute entière, pour empêcher un double scandale.
D’abord, un scandale concernant la disposition dans laquelle nous devons être pour recevoir la sainte communion. En d’autres termes, il faut éviter que les gens soient amenés à penser que l’on peut être en état de péché mortel et s’approcher de l’eucharistie.
Ensuite, il pourrait y avoir une autre forme de scandale, qui consisterait à amener les gens à penser que l’acte public que cette personne accomplit – jusque là considéré par tous comme un péché grave – ne doive plus l’être tellement puisque l’Église permet à cette personne de recevoir la sainte communion.
Si une personnalité publique qui soutient ouvertement et délibérément le droit à l’avortement reçoit l’eucharistie, que vont penser les gens? Ils peuvent être amenés à croire qu’il est correct de supprimer une vie innocente dans le sein maternel. […]
Q. – On entend dire que le droit de recevoir la communion implique que personne, pas même un évêque, ne peut nous dire ce qu’il faut faire à cet égard. Qu’en pensez-vous?
R. – Avant tout, il convient de dire que le corps et le sang du Christ sont un don de l’amour que Dieu nous porte. Le don le plus grand, un don qui va au-delà de notre capacité à le décrire. Par conséquent, personne n’a droit à ce don, de même que nous n’avons jamais droit à aucun don que l’on nous fait.
Un don est gratuit, causé par l’amour, et c’est précisément ce que fait Dieu à chaque fois que nous participons à la messe et que nous recevons la sainte eucharistie. Voilà pourquoi il est incorrect de dire que nous avons le droit de recevoir la communion.
Si nous voulons dire que lorsque nous sommes bien préparés nous pouvons nous approcher de l’eucharistie au cours de la célébration de la messe, que nous avons le droit de recevoir la communion dans le sens que nous avons le droit de nous approcher pour le faire, alors oui, c’est vrai.
Dès lors, la réception de la sainte eucharistie implique Notre Seigneur lui-même, la personne qui doit le recevoir et enfin le ministre du sacrement, qui a la responsabilité de s’assurer que l’eucharistie ne soit donnée qu’aux personnes dignes de la recevoir. L’Eglise a certainement le droit de dire à quelqu’un qui persiste dans un péché public grave qu’il ne pourra pas recevoir la communion tant qu’il ne sera pas dans les bonnes dispositions pour le faire.
Ce droit qu’a le ministre de refuser de donner la communion à quelqu’un qui persiste dans un péché grave et public est protégé par le code de droit canon, dans le canon 915. Dans le cas contraire, s’il se voit privé du droit de refuser l’eucharistie à un pécheur public qui s’apprête à la recevoir, créant ainsi un scandale public, c’est le ministre qui se voit contraint de faire violence à sa propre conscience à propos d’un problème très grave. Ce serait tout simplement une erreur.
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Etre digne de recevoir la sainte communion. Principes généraux
par Joseph Ratzinger, juin 2004
1. Se présenter pour recevoir la sainte communion devrait être une décision réfléchie, fondée sur un jugement raisonné permettant de savoir si l’on est digne de communier selon les critères objectifs de l’Eglise. Il faut se poser des questions comme “Suis-je en pleine communion avec l’Eglise catholique? Suis-je coupable d’un péché grave? Ai-je encouru des peines (comme une excommunication ou une interdiction) qui m’interdisent de recevoir la sainte communion? Me suis-je préparé en jeûnant depuis une heure au moins?“. Le fait de se présenter sans réflexion à recevoir la sainte communion, simplement parce que l’on est présent à la messe, est un abus qui doit être corrigé (cf. l’instruction “Redemptoris Sacramentum“, n° 81, 83).
2. L’Eglise enseigne que l’avortement ou l’euthanasie sont des péchés graves. L’encyclique “Evangelium Vitae“, se référant à des décisions de justice ou à des lois civiles autorisant ou encourageant l’avortement ou l’euthanasie, établit qu’il existe “une obligation importante et précise de s’y opposer par l’objection de conscience. […] Dans le cas d’une loi intrinsèquement injuste, comme celle qui admet l’avortement ou l’euthanasie, il n’est jamais licite de s’y conformer, ni de participer à une campagne d’opinion en faveur d’une telle loi, ni de voter pour elle“ (n. 73). Les chrétiens “sont appelés, en vertu d’un grave devoir de conscience, à ne pas apporter leur collaboration formelle aux pratiques qui, bien qu’admises par la législation civile, sont en opposition avec la Loi de Dieu. En effet, du point de vue moral, il n’est jamais licite de coopérer formellement au mal. […] Cette coopération ne peut jamais être justifiée en invoquant le respect de la liberté d’autrui ni en prenant appui sur le fait que la loi civile la prévoit et la requiert“ (n. 74).
3. Les questions morales n’ont pas toutes le même poids moral que l’avortement ou l’euthanasie. Par exemple, si un catholique était en désaccord avec le Saint-Père sur l’application de la peine capitale ou sur la décision de faire la guerre, il ne serait pas considéré pour cette raison comme indigne de se présenter pour recevoir la sainte communion. L’Eglise exhorte les autorités civiles à rechercher la paix et non la guerre et à faire preuve de modération et de miséricorde dans l’application d’une peine aux criminels. Toutefois, il peut être permis de prendre les armes pour repousser un agresseur ou d’avoir recours à la peine capitale. Les catholiques peuvent légitimement avoir des opinions différentes sur la guerre ou la peine de mort, mais en aucun cas sur l’avortement et l’euthanasie.
4. Indépendamment du jugement que chacun porte sur sa propre dignité à se présenter pour recevoir la sainte eucharistie, le ministre de la sainte communion peut se trouver dans une situation où il doit refuser de distribuer la sainte communion à quelqu’un, comme dans les cas d’excommunication déclarée, d’interdit déclaré ou de persistance obstinée dans un péché grave manifeste (cf. can. 915).
5. Concernant les péchés graves d’avortement ou d’euthanasie, lorsque la coopération formelle d’une personne devient manifeste (comprendre: lorsqu’un homme politique catholique fait systématiquement campagne pour l’avortement et l’euthanasie et vote des lois permissives sur ces sujets), son pasteur devrait le rencontrer, lui expliquer l’enseignement de l’Eglise, l’informer qu’il ne doit pas se présenter à la sainte communion tant qu’il n’aura pas mis fin à sa situation objective de péché, sans quoi l’eucharistie lui sera refusée.
6. Au cas où “ces mesures préventives n’auraient pas eu d’effet ou n’auraient pas été possibles“ et si la personne en question, faisant preuve d’obstination, se présente malgré tout pour recevoir la sainte eucharistie, “le ministre de la sainte communion doit refuser de la lui donner (cf. la déclaration du conseil pontifical pour l’interprétation des textes législatifs, “Sainte communion et catholiques divorcés et remariés civilement“, 2000, n° 3-4). Cette décision n’est à proprement parler ni une sanction ni une peine. Le ministre de la sainte communion ne formule pas non plus un jugement sur la faute subjective de la personne; il réagit plutôt à l’indignité publique de cette personne à recevoir la sainte communion, en raison d’une situation objective de péché.
[N.B. Un catholique serait coupable de coopération formelle au mal – et donc indigne de se présenter à la sainte communion – s’il votait délibérément pour un candidat en raison même des positions permissives de celui-ci sur l’avortement et/ou l’euthanasie. Quand un catholique ne partage pas la position d’un candidat en faveur de l’avortement et/ou de l’euthanasie mais vote pour lui pour d’autres raisons, cette coopération, considérée comme matériellement indirecte, peut être permise pour des raisons proportionnées.]

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