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Hymne des Matines Te Deum laudamus

publié dans couvent saint-paul le 3 décembre 2018


Hymne

des Matines du Dimanche

 

Te Deum laudamus

 

L’hymne « Te Deum laudamus » est, un peu comme notre Gloria, une hymne adressée à la gloire de la Sainte Trinité et tout particulièrement à la gloire du Père et du Fils. Il développe cette louange dans le style des Préfaces (elle inclut le Sanctus) : à côté des créatures terrestres, et des anges, les apôtres, les prophètes et les martyrs sont conviés à chanter avec l’Église de la terre, la Gloire des trois Personnes divines. L’œuvre de salut opérée par le Christ Rédempteur est ensuite merveilleusement affirmée. Et  l’hymne s’achève par une série d’appels à la miséricorde empruntés aux Psaumes, raison de toute espérance.

Le Te Deum est chanté à la fin de l’office du chant des Matines chaque dimanche et aux jours de Fêtes et de Solennités. Elle constitue le chant privilégié des actions de grâces extraordinaires, par exemple lors des ordinations sacerdotales.

Gloire et louange, tout d’abord, à Dieu le Père. C’est l’objet de la première strophe et des 8 ou 9 strophes suivantes.

« Te Deum laudamus, te Dominum confitemur »

« Nous vous louons, ô Dieu, nous vous célébrons, Seigneur ».

« Laudare », « confitere » : ce sont des verbes à peu près de sens  identique. Dieu, en ce qu’il est, est digne de louange, d’adoration et de proclamation. En ce sens que cette louange doit être proclamée, confessée. Je dis : « Dieu, en ce qu’il est, est digne de louange ». Oui ! C’est la pensée du cardinal de Bérulle. Il s’adresse à la Trinité, de la même manière que cette hymne. Bérulle s’exclame : « J’adore votre puissance qui produit tout, votre immensité qui contient tout, votre bonté qui embrasse tout, votre science qui prévoit tout, votre providence qui pourvoit à tout. Je vous adore comme principe et je vous recherche comme la fin de mon être et de tout être. Je vous adore et je vous regarde comme ma conduite et je m’appuie en vous comme en la subsistance de tout être créé qui procède de vous comme de son origine, qui tend à vous comme à son centre, qui repose en vous comme en sa subsistance et se perd en vous comme en un abîme » (Œuvre de piété 192 p65)

 

C’est le sentiment de la grandeur de Dieu, de sa Transcendance,  qui est la raison de la louange que l’on doit à Dieu. « Seul Dieu doit nous occuper, dira le cardinal : « Te Deum laudamus ». A une époque où le cœur humain oublie ses devoirs à l’égard de Dieu, c’est avec beaucoup de conviction que l’on doit dire cette première strophe : « Te Deum laudamus ». N’oublions  pas que l’office divin est la prière de l’Eglise. Que nous sommes en quelque sorte la « vox populi ». N’oublions pas que c’est l’excellence de Dieu qui est la raison de notre adoration ou révérence. C’est l’enseignement de saint Thomas. (cf : II II 84 1, 2,3).

Nul doute que la pensée de Bérulle épouse tout à fait cette première séquence. La spiritualité de Bérulle est « théocentrique ». La fin de l’homme c’est Dieu. C’est aussi la pensée de saint Augustin : « tu nous as fait pour toi Seigneur… ». C’est la pensée de saint Ignace : « L’homme a été créé pour louer, honorer et servir Dieu ». Voilà la raison d’être de l’homme.

Et toute la terre va confesser la même louange :

« Te aeternum Patrem, omnis terra veneratur ».  « Toute la terre vous adore, ô Père éternel » !

« Patrem ». Voilà de nouveau une raison de la louange divine. Il est Père, Il est Père, Père  éternel.

Nous nous souvenons de la prière enseigné par le Christ à ses disciples : « Lorsque vous priez, priez ainsi : Notre Père qui êtes aux cieux ». Tout ce qui est aux cieux participe de l’éternité !

« Te aeternum Patrem, omnis terra veneratur ».

Cette louange de la terre est affirmée dans le Ps 148 du chant des Laudes le dimanche matin. C’est merveilleux.

Psaume 148 : « Alleluia!  Louez Dieu du haut des cieux, louez-le dans les hauteurs! Louez-le, vous tous, ses anges; louez-le, vous toutes, ses armées! Louez-le, soleil et lune; Louez-le, vous toutes, étoiles brillantes! Louez-le, cieux des cieux, et vous, eaux, qui êtes au-dessus des cieux! Qu’ils louent le nom de Dieu; car il a commandé, et ils ont été créés. Il les a établis pour toujours et à jamais; il a posé une loi qu’on ne transgressera pas. De la terre, louez Dieu (Laudate Domnum de terra), monstres marins, et vous tous, océans, feu et grêle, neige et vapeurs, vents impétueux, qui exécutez ses ordres, montagnes, et vous toutes, collines, arbres fruitiers, et vous tous, cèdres. Animaux sauvages et troupeaux de toutes sortes, reptiles et oiseaux ailés, rois de la terre et tous les peuples, princes, et vous tous, juges de la terre, jeunes hommes et jeunes vierges, vieillards et enfants. Qu’ils louent le nom de Dieu, car son nom seul est grand, sa gloire est au-dessus du ciel et de la terre. Il a relevé la puissance de son peuple, sujet de louange pour tous ses fidèles pour les enfants d’Israël, le peuple qui est près de lui, Alleluia! »

 « Tibi omnes Angeli, tibi caeli et universae potestates : Tibi Cherubim et Seraphim incessabili voce proclamant : Sanctus Sanctus Sanctus Dominus Deus Sabaoth. Pleni sunt caeli et terra maiestatis gloriae tuae. »

« A vous (Tibi)  tous les anges, à vous (Tibi) les Cieux et toutes les Puissances, à Vous les Chérubins et les Séraphins chantent d’une voix infatigable : Saint Saint Saint est le Seigneur, Dieu des armées, Les cieux et la terre sont pleins de la majesté de votre gloire ».

« Les cieux et la terre sont pleins de la majesté de votre gloire » : c’est très solennel et emphatique.

Puis c’est au tour des apôtres, des prophètes, des martyrs de louer ce Dieu de Majesté :

« Te gloriosus Apostolorum chorus, te prophetarum laudabilis numerus, te martyrum candidatus laudat exercitus ».

Les Apôtres sont qualifiés de « glorieux », « chorus gloriosus ». De fait, ils ont chanté leur vie durant la gloire de leur Maître.

Les Prophètes sont qualifiés de « laudabilis » : digne d’éloge, estimé, renommé.

Les martyrs sont « candidatus » : ils constituent même une armée « exercitus candidatus » ; de « candidus » : d’une blancheur éclatante, vêtu de blanc, brillant ; mais il a aussi le sens de « candide » ; de simple, de franc, d’impartial. Ne sont-ce pas là les qualités des martyrs décrites par l’Apocalypste.

Tous louent le Dieu de gloire.

« Te per orbem terrarum sancta confitetur Ecclesia, Patrem immensae maiestatis »

« C’est vous, Père d’une immense majesté que célèbre l’Eglise (que loue l’Eglise)  à travers toute la terre ».

En disant ces strophes, je ne peux pas ne pas penser à l’Apocalypse et à ses chapitres 4 et 5 où saint Jean nous entrouvre le voile du Ciel et où nous voyons et entendons les puissances célestes chanter la gloire et de Celui qui est assis sur le Trône et à l’Agneau. C’est, certainement, un des plus beaux passages de l’Ecriture. Là, nous retrouvons ensemble le Père et le Fils unis dans la même glorification de la cour céleste, Le Fils qui sera bientôt loué en propre :

Chapitre 4 :

« Après cela, je vis, et voici qu’une porte était ouverte dans le ciel, et la première voix que j’avais entendue, comme le son d’une trompette qui me parlait, dit « Monte ici, et je te montrerai ce qui doit arriver dans la suite.  Aussitôt je fus ravi en esprit; et voici qu’un trône était dressé dans le ciel, et sur ce trône quelqu’un était assis. Celui qui était assis avait un aspect semblable à la pierre de jaspe et de sardoine ; et ce trône était entouré d’un arc-en-ciel, d’une apparence semblable à l’émeraude. Autour du trône étaient vingt-quatre trônes, et sur ces trônes vingt-quatre vieillards assis, revêtus de vêtements blancs, avec des couronnes d’or sur leurs têtes. Du trône sortent des éclairs, des voix et des tonnerres; et sept lampes ardentes brûlent devant le trône : ce sont les sept Esprits de Dieu. En face du trône, il y a comme une mer de verre semblable à du cristal ; et devant le trône et autour du trône, quatre animaux remplis d’yeux devant et derrière. Le premier animal ressemble à un lion, le second à un jeune taureau, le troisième a comme la face d’un homme, et le quatrième ressemble à un aigle qui vole. Ces quatre animaux ont chacun six ailes ; ils sont couverts d’yeux tout à l’entour et au dedans, et ils ne cessent jour et nuit de dire :  «  Saint, saint, saint est le Seigneur, le Dieu Tout-Puissant, qui était, qui est et qui vient ! « Quand les animaux rendent gloire, honneur et actions de grâces à Celui qui est assis sur le trône, à Celui qui vit aux siècles des siècles, les vingt-quatre vieillards se prosternent devant Celui qui est assis sur le trône, et adorent Celui qui vit aux siècles des siècles, et ils jettent leurs couronnes devant le trône, en disant». Vous êtes digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire et l’honneur, et la puissance, car c’est vous qui avez créé toutes choses, et c’est à cause de votre volonté qu’elles ont eu l’existence et qu’elles ont été créées. (Apoc 4 1-7)

Chapitre 5 :

« Puis je vis dans la main droite de Celui qui était assis sur le trône un livre écrit en dedans et en dehors, et scellé de sept sceaux. Et je vis un ange puissant qui criait d’une voix forte  » Qui est digne d’ouvrir le livre et de rompre les sceaux?  » Et personne ni dans le ciel, ni sur la terre, ne pouvait ouvrir le livre ni le regarder. Et moi je pleurais beaucoup de ce qu’il ne se trouvait personne qui fût digne d’ouvrir le livre, ni de le regarder. Alors un des vieillards me dit :  » Ne pleure point; voici que le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David, a vaincu, de manière à pouvoir ouvrir le livre et ses sept sceaux.  » Et je vis, et voici qu’au milieu du trône et des quatre animaux, et au milieu des vieillards, un Agneau était debout: il semblait avoir été immolé; il avait sept cornes et sept yeux, qui sont les sept Esprits de Dieu envoyés par toute la terre. Il vint, et reçut le livre de la main droite de Celui qui était assis sur le trône. Quand il eut reçu le livre, les quatre animaux et les vingt-quatre vieillards se prosternèrent devant l’Agneau, tenant chacun une harpe et des coupes d’or pleines de parfums, qui sont les prières des saints. Et ils chantaient un cantique nouveau, en disant :  » Vous êtes digne de recevoir le livre et d’en ouvrir les sceaux; car vous avez été immolé et vous avez racheté pour Dieu, par votre sang, des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation ; et vous les avez faits rois et prêtres, et ils régneront sur la terre.  » Puis je vis, et j’entendis autour du trône, autour des animaux et des vieillards, la voix d’une multitude d’anges, et leur nombre était des myriades et des milliers de milliers. Ils disaient d’une voix forte :  » L’Agneau qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la bénédiction. « Et toutes les créatures qui sont dans le ciel, sur la terre, sous la terre et dans la mer, et toutes les choses qui s’y trouvent, je les entendis qui disaient : «  A Celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau, louange, honneur, gloire et puissance dans les siècles des siècles! « Et les quatre animaux disaient : «  Amen !  » Et les vieillards se prosternèrent et adorèrent [Celui qui vit aux siècles des siècles]. (Apoc 5 1-14)

 

Donc la Sainte Eglise chante la gloire de Dieu, du Dieu qui est Trinité :

« de Dieu le Père dont la majesté est sans limite » : « Patrem immensae maiestatis », et du Fils qui est vrai et unique : « venerandum tuum verum et unicum Filium ; Sanctum quoque Paraclitum Spiritum.»

Le Fils est ici acclamé comme « unique » et « vrai ». « Unique » : c’est l’acclamation de saint Jean : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il envoya son Fils « unique » -le monogène-  afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle » (Jn 3 16). « Vrai » : n’a-t-il pas dit lui-même : « je suis la voie, la vérité et la vie » (Jn).

La louange s’adresse aussi au Fils et l’Eglise le loue dans son œuvre rédemptrice, mais avant, elle chante ces qualités : il est le Christ, il est le roi de gloire, il est le Fils éternel du Père, il est celui qui a accepté ( suscepturus) de libérer l’homme et pour cela, n’a pas craint, n’ a pas dédaigné « le sein d’une Vierge ». C’est merveilleux !

 

« Tu rex gloriae, Christe. Tu Patris sempiternus es Filius. Tu, ad liberandum suscepturus hominem, non horruisti Virginis uterum.

Deux verbes doivent retenir notre attention : « Suscepturus » et « horruisti »

« Suscepturus » : suscipio ere ceptum : veut dire, entre autres, entreprendre, se charger de, assumer, commencer à, exécuter. Comme exemple on trouve suscepere bellum : entreprendre une guerre. La Rédemption ne fut-elle une vraie guerre entreprise contre le démon…

« Horruisti » : de horreo ere horrui : le sens est très intéressant. (V intr : Il veut dire : être hérissé, se dresser (les cheveux), Frissonner, greloter de froid, d’horreur. V trans : avoir horreur de, redouter.

Vous remarquerez le réalisme de ce verbe. Le Fils de Dieu, le Christ,  n’a pas « greloter d’horreur » devant le Mystère de  l’Incarnation.  On pourrait traduire aussi : « Il n’a pas redouté le sein d’une Vierge ». ou encore : « Il n’a pas dédaigné le sein d’une Vierge ». Vraiment il s’est anéanti dans son mystère de l’Incarnation. Qui ne penserez ici au merveilleux texte de saint Paul aux Philippiens : « Ayez en vous les mêmes sentiments dont était animé le Christ Jésus : bien qu’il fût dans la condition de Dieu, il n’a pas retenu avidement son  égalité avec Dieu; mais il s’est anéanti lui-même, en prenant la condition d’esclave, en se rendant semblable aux hommes, et reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui;  il s’est abaissé lui-même, se faisant obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix. C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue confesse, à la gloire de Dieu le Père, que Jésus-Christ est Seigneur ». (Phi 2 5-10)

Comment ne pas unir notre louange à l’honneur que le Père lui a rendu l’appelant à sa gloire !

« Tu, devicto mortis aculeo, aperuisti credentibus regna caelorum. Tu ad dexteram Dei sedes, in gloria Patris ».

« Vous avez brisé l’aiguillon de la mort, vous avez ouvert aux fidèles le royaume des cieux.  Vous êtes assis à la droite de Dieu dans la gloire du Père ».

« Devinco » : de devincio ere vici vinctum : vaincre, soumettre

« Aculeo » :  aculeus i : aiguillon, le dard, chose qui blesse.

 

Vous avez ouvert aux fidèles le royaume des cieux. C’est parfaitement thomiste. C’est toute l’œuvre de la Rédemption qui est ici exprimée dans ce verset ainsi que le mystère de l’Ascension.

Vous pouvez vous rappelez ces pages sublimes du catéchisme du Concile de Trente : le chapitre V du Symbole des Apôtres : « des fruits de la mort de Jésus-Christ ».

Quels sont  les biens que la Passion du Sauveur nous a procurés.

« En premier lieu, Jésus-Christ par ses souffrances nous a délivrés du péché. Il nous a aimés, dit Saint Jean  et Il nous a lavés de nos péchés dans son sang. Et encore, comme dit l’Apôtre , Il nous a fait revivre avec Lui, nous remettant tous nos péchés, effaçant l’arrêt de condamnation écrit et porté contre nous, l’abolissant et l’attachant à la Croix.

« Ensuite Il nous a arrachés à la tyrannie du démon…

« En troisième lieu, Il a payé la peine qui était due pour nos péchés.

« De plus, comme on ne pouvait offrir à Dieu un sacrifice qui fût plus digne ou plus agréable, Il nous a réconciliés avec son Père, Il L’a apaisé, et nous L’a rendu favorable. C’est la finalité propiciatrice du sacrifice du Christ.

« Enfin, en enlevant nos péchés, Il nous a ouvert la porte du ciel que le péché commun à tous les hommes avait fermée. C’est ce que l’Apôtre nous marque bien dans ces paroles: Nous avons la confiance d’entrer dans le Sanctuaire, par le Sang de Jésus-Christ. … depuis que le Rédempteur l’a subie, cette Mort, les portes du ciel sont ouvertes à tous ceux qui, purifiés par les Sacrements, et possédant la Foi, l’Espérance et la Charité, deviennent participants des mérites de sa Passion.

« Le Pasteur montrera que tous ces avantages, tous ces divins Bienfaits nous viennent de la Passion de notre Seigneur.

« En premier lieu, parce que sa mort fut une satisfaction pleine et entière qui Lui fournit le moyen admirable de payer à Dieu son Père toute la dette de nos péchés. Et ce prix qu’Il paya pour nous, non seulement égale notre obligation, mais lui est infiniment supérieur.

« En second lieu, parce que le sacrifice de la Croix fut infiniment agréable à Dieu. A peine Jésus-Christ l’eut-Il offert que la colère et l’indignation de son Père furent entièrement apaisées. Aussi l’Apôtre a-t-il soin de nous faire remarquer que la Mort du Sauveur fut un vrai Sacrifice  Jésus-Christ nous a aimés, dit-il, et Il s’est livré Lui-même pour nous en s’offrant à Dieu comme une Victime et une Oblation d’agréable odeur.

« En troisième lieu, enfin, parce que la Passion fut pour nous cette Rédemption dont parle le prince des Apôtres, quand il dit : ce n’est ni par l’or ni par l’argent corruptibles que vous avez été rachetés de la vanité de votre vie, que vous avez héritée de vos pères, mais par le Sang précieux de l’Agneau Saint et Immaculé, Notre-Seigneur Jésus-Christ. Et Saint Paul dit à son tour : Jésus-Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, en devenant malédiction pour nous.

« Outre ces avantages si précieux, la Passion nous en fournit encore un autre d’un prix inestimable. Elle met sous nos yeux les exemples les plus frappants de toutes les vertus: la patience, l’humilité, une charité admirable, la douceur, l’obéissance, un courage surhumain à souffrir pour la justice, non seulement des douleurs, mais la mort elle-même. Et nous pouvons dire en vérité, que notre Sauveur, dans le seul jour de sa Passion, voulut représenter en Lui toutes les vertus dont Il avait recommandé la pratique pendant le cours entier de sa prédication.

« Voilà ce que nous avions à dire ici sur la Passion et la Mort si salutaires de Notre-Seigneur Jésus-Christ ! Puissions-nous méditer sans cesse ces mystères au fond de nos cœurs ! Puissions-nous apprendre par-là à souffrir, à mourir, à être ensevelis avec ce divin Sauveur ! C’est alors que purifiés des souillures du péché, et ressuscitant avec Lui à une vie nouvelle, nous mériterons, par sa Grâce et par sa Miséricorde, de participer un jour à la gloire de son Royaume céleste.

 

 

 

« Vous êtes assis à la droite de Dieu dans la gloire du Père »….Et cela pour signifier la possession ferme et constante de la puissance royale et de la gloire infinie que Jésus-Christ a reçu de son Père. Car dit l’Apôtre : « Son Père, après l’avoir ressuscité » d’entre les morts, l’a fait assoir à sa droite dans le ciel, au dessus de toutes les Principautés, de toutes les Puissances et de toutes les vertus, de toutes les Dominations et de tout ce que l’on peut trouver de plus grand, soit dans le  siècle présent, soit dans le siècle futur et Il a mis toutes choses sous ses pieds »(Eph 1 20)

« Judex crederis esse venturus

« Juge, vous reviendrez, tel est notre foi ».

C’est le septième  article du symbole des Apôtres : « D’où il viendra juger les vivants et les morts ».

 

Il est notre Juge. C’est une certitude. Au dernier jour, Notre-Seigneur Jésus-Christ jugera le genre humain tout entier.

Les Saintes Écritures, en effet, mentionnent deux avènements du Fils de Dieu: le premier, lorsque pour nous sauver, Il a pris notre nature, et s’est fait homme dans le sein d’une vierge ; le second, quand, à la consommation des siècles, Il viendra pour juger tous les hommes. Ce dernier avènement est appelé, dans l’Écriture, le jour du Seigneur. Le jour du Seigneur, dit l’Apôtre,  viendra comme un voleur dans la nuit, — personne ne connaît ce jour ni cette heure, dit le Sauveur Lui-même. Pour prouver la réalité de ce jugement, Il nous suffira de citer cette parole de l’Apôtre: nous devons tous comparaître devant le tribunal de Jésus-Christ, afin que chacun reçoive ce qui est dû aux bonnes ou aux mauvaises actions qu’il aura faites, pendant qu’il était revêtu de son corps »

Nos Saints Livres affirment que ce Jugement a été réservé à Notre-Seigneur Jésus-Christ, non seulement comme Dieu, mais comme homme. Il est vrai que le pouvoir de juger est commun aux trois Personnes de la Sainte Trinité, cependant nous l’attribuons spécialement au Fils, comme nous Lui attribuons la Sagesse. Que le Fils doive donc juger le monde comme homme, c’est ce qu’Il nous assure Lui-même: Comme le Père, dit-Il, a la vie en Lui-même, ainsi il a donné au Fils d’avoir aussi la vie en Lui-même ; et il lui a donné la puissance de faire le Jugement, parce qu’il est le Fils de l’homme ».

Et sur quel objet portera son jugement ? Sur la pratique de la charité fraternelle. C’est écrit en toutes lettres dans l’Evangile de saint Mathieu : « Or quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, il s’assiéra alors sur son trône de gloire, et toutes les nations seront rassemblées devant lui, et il séparera les uns d’avec les autres, comme le pasteur sépare les brebis d’avec les boucs, et il mettra les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : «  Venez, les bénis de mon Père : prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la création du monde.  Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli; nu, et vous m’avez vêtu; j’ai été malade, et vous m’avez visité; j’étais en prison, et vous êtes venus à moi. «  Alors les justes lui répondront : «  Seigneur, quand vous avons-nous vu avoir faim, et vous avons-nous donné à manger; avoir soif, et vous avons-nous donné à boire? Quand vous avons-nous vu étranger, et vous avons-nous recueilli; nu, et vous avons-nous vêtu?  Quand vous avons-nous vu malade ou en prison, et sommes-nous venus à vous? «  Et le Roi leur répondra : «  En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. «  Alors il dira aussi à ceux qui seront à sa gauche : «  Allez-vous-en loin de moi, les maudits, au feu éternel, qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. Car j’ai eu faim, et vous ne m’avez pas donné à manger; j’ai eu soif, et vous ne m’avez pas donné à boire;  j’étais étranger, et vous ne m’avez pas recueilli; nu, et vous ne m’avez pas vêtu; malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité. » Alors eux aussi lui répondront : «  Seigneur, quand vous avons-nous vu avoir faim, ou avoir soif, ou étranger, ou nu, ou malade, ou en prison, et ne vous avons-nous pas assisté? «  Alors il leur répondra : «  En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait. Et ceux-ci s’en iront au supplice éternel, et les justes à la vie éternelle.  » (Mt 25 36-40)

« Te ergo, quaesumus, tuis famulis subveni quos pretiosso sanguine redemisti »

« C’est pourquoi, nous vous en supplions, venez au secours de vos serviteurs, rachetés au prix de votre sang »

Tout d’abord l’analyse des mots : subvenire : venez au secours. C’est bien le sens du verbe subvenire : venir au secours, secourir, protéger, soigner ; intervener en faveur de, défendre la cause…

Cette strophe invoque la médiation de NSJC. Cette prière me fait penser à la prière de Moïse dans le désert suppliant que le bras vengeur de Dieu ne tombe pas sur le peuple juif infidèle. Il invoque lui aussi la grande miséricorde que Dieu exerça jusqu’ici sur son peuple. Tout cela serait-il peine perdu ? Non !

Ici dans la prière de l’Eglise, elle argumente, dans sa supplique, de l’œuvre rédemptrice, du sang versé par le Christ pour la Rédemption du monde. Qu’il se souvienne qu’il a racheté les fidèles au prix de son sang. Serait-ce peine perdue ?

« Aeterna fac cum Sanctis tuis, in gloria numerari »

« Faites qu’ils soient mis au nombre de vos saints dans la gloire éternelle ».

 

Cette strophe ne vous fait-elle pas penser à la prière de l’Hanc igitur de notre Canon romain : « Hanc igitur oblationem servitutis nostrae, sed et cunctae familiae tuae, quaesumus, Domine, ut placatus accipias ; diesque nostros in tua pace disponas, atque ab aeterna damnatione nos eripi et in electorum jubeas grege numerari. Per Christum »

 

« Ainsi donc, Seigneur, cette offrande de vos sujets et de votre famille, acceptez-là, nous vous en supplions, comme une juste expiation. Fixez nos jours, dans votre paix, délivrez nous de la damnation éternelle et admettez nous au nombre de vos élus. Par Jésus-Christ ».

« Salvum fac populum tuum, Domine et benedic haereditati tuae »

« Sauvez votre peuple, Seigneur et bénissez votre héritage »

« Et rege eos, et extolle illos usque in aeternum

« Gouvernez-les et soutenez les à jamais »

« Extollo » : rendre courage, rendre fier.

« Per singulos dies benedicimus te »

« Chaque jour, nous vous bénissons ».

La bénédiction c’est un devoir quotidien et non l’affaire d’un caprice !

« Et laudamus nomem tuum in saeculum et in saecumlum saeculi »

« Et nous louons votre nom à jamais et dans les siècle des siècles »

C’est une question de reconnaissance ! Souvenez-vous de ce que nous enseigne saint Bernard dans son traité de « l’amour de Dieu » : « Il y a deux raisons d’aimer Dieu pour lui-même : d’abord parce qu’on ne peut rein aimer avec plus de justice ; ensuite parce que rien n’est plus profitable » à l’âme.

«Dignare, Domine, die isto sine peccato nos custodire »

« Daignez, Seigneur, en ce jour, nous garder sans péché »

« Custodire » :  garder, protéger, préserver, veiller à ce que…  D’où le mot custos, la custode du saint Sacrement de l’Eucharistie, le « custos » du voile de Turin.

« Misere nostri, Domine, miserere nostri »

« Ayez piété de nous Seigneur Ayez piété de nous »

 

« Fiat misericordia tua, Domnie, super nos, quemadmodum speravimus in te »

« Que votre miséricorde Seigneur soit sur nous, à la mesure de notre espérance en vous »

« In te Domine, speravi, non confundar in aeternum ».

« En vous Seigneur, j’ai mis mon espérance, je ne serai jamais confondu ».

Cette hymne se termine donc dans un cri de confiance en la miséricorde de Dieu.

Voyez comme cette hymne commence bien la prière du prêtre. Après avoir chanté la gloire du Dieu Trinité, pour sa puissance, pour sa royauté, pour ses bienfaits et surtout en le Fils pour le bienfait de la Rédemption qui est la preuve suprême de la miséricorde du Seigneur, Oui ! Après avoir chanté les merveilles du Seigneur, l’âme confiante se met sous la protection de ce même Seigneur, de sa miséricorde. C’est en cette miséricorde que l’homme puise son espérance !

 

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