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Entraide et Tradition

Psaume 90 des Complies du dimanche

publié dans couvent saint-paul le 2 décembre 2020


Tome 9

Psaumes du dimanche à Complies

Psaume  90

Confiance totale en Dieu.

« Qui habitat in adjutorio Altissimi, in protectione Dei caeli commorabitur » « Celui qui habite sous l’assistance du Très-Haut , demeurera sous la protection du Dieu du Ciel »

Je dirais volontiers, que ce psaume,  est comme une véritable direction spirituelle adressée à un quidam, un fidèle. Le psalmiste développe un ensemble de considérations sur la confiance toute basée sur la fidélité en Dieu, sur sa protection. Ce psaume est construit un peu sous forme de dialogue. Tantôt c’est le maitre  de spiritualité qui parle, le plus souvent, tantôt le fidèle et même Dieu s’exprime, surtout à la fin. Nous le verrons au fil de notre commentaire.

On pourrait, me semble-t-il, résumer ce psaume en disant : si tu es fidèle à Dieu, tu connaîtras sa protection. Il sera ton protecteur. C’est une merveilleuse apologie de la « paternité de Dieu » à l’égard  de ses « amis », ses « fidèles ».

Cette idée se trouve immédiatement et merveilleusement exprimée dès la première strophe :

« Qui habitat in adjutorio Altissimi, in protectione Dei caeli commorabitur » « Celui qui habite à l’abri du Très Haut, demeurera sous la protection du Dieu du Ciel ».

Ce qui veut dire : qui vit à l’abri du très haut, n’a rien à redouter « Il demeurera sous la protection du Dieu du Ciel ». Mais faut-il encore « vivre en Dieu ». C’est comme cela que je traduis le : « Qui habitat in adjutorio Altissimi ». « In adjutorio », sous « l’aide » de Dieu, dans le secours de Dieu, sous le regard du Très Haut, dans l’amitié de Dieu,  celui-là n’a rien à craindre. Car il vit sous la garde du « tout puissant », sous la toute-puissance « du très haut », en quelque sorte et d’une manière figurée : sous ses ailes.  C’est le sens que l’on peut donner au ; «  Altissimus » : Sous ses ailes « que craindrais-je ? »

Mais faut-il encore s’abriter sous ses ailes !  Je pense ici à la prière de NSJC pleurant sur Jérusalem, le jour des Rameaux. Souvenez-vous : « Jérusalem, Jérusalem, qui tue les prophètes et lapide ceux qui lui sont envoyés ! Que de fois, j’ai voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes et vous ne l’avez pas voulu ! –  quoties volui congregare filios tuos quemadmodum galina congregat pullos suos sub alas, et noluisti ! –  Voici que votre maison vous est laissée solitaire. Car je vous le dis, vous ne me verrez plus désormais jusqu’à ce que vous disiez : « béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » (Mtt 23  37)  C’est bien sous les plumes de la poule que les poussins se sentent en protection, comme le fidèle « qui habite à l’abri du Seigneur » :« qui habitat in adjutorio Altissimi ».

Et Saint Bernard dans ses homélies sur ce psaume, se demande quels sont ceux qui ne vivent  pas à l’abri du très haut ?

Ce sont, dit-il, ceux qui n’espèrent pas en Dieu. Qui ne mettent pas leur confiance en Dieu mais en eux seules ou dans leur propre richesse et leurs propres forces. Ce sont ceux qui  sont avides  des seuls biens matériels, ils s’éloignent du secours divin et ne croient qu’en eux, en leurs propres forces. Qui ne voit ici l’erreur fondamentale du monde moderne, athée,  qui ne met sa confiance qu’en lui-même, en ses propres forces, oublieux de Dieu. Il ne connait pas la paix. Il est toujours enhuerre…

Ceux qui n’habitent pas à l’abri du Très Haut, ce sont ceux aussi  qui désespèrent. Ils perdent  cœur et manquent de force à l’ouvrage. Ils n’ont de regard que pour leur propre faiblesse et ne mettent pas leur espérance en Dieu.

Mais ce sont ceux aussi  qui ont une folle espérance et qui ne se repentent pas de leurs péchés : ils sont tellement sûrs de la miséricorde de Dieu à leur égard. C’est aussi une erreur de ce temps…

Il faut savoir que Dieu se plait et accorde sa protection en ceux-là seules qui le craignent et qui espèrent en sa miséricorde. Saint Bernard écrit : « Dieu se plaît en ceux qui le craignent, et en ceux qui espèrent en sa miséricorde ». « La crainte de Dieu est nécessaire ; elle est le prélude à l’espérance, parce que la crainte de Dieu est la porte d’accès à la grâce ». C’est beau et juste.

« Dicet Domino : Susceptor meus es tu et refugium meum : Deus meus sperabo in eum » « Il dira au Seigneur : Vous êtes mon défenseur et mon refuge. Il est mon Dieu, j’espérerai en lui »  

Sous les ailes du Seigneur, connaissant sa protection et sa force, n’est-Il pas le tout Puissant qui a fait le ciel et la terre. Tout existe en Lui et par Lui et ne se meut que grâce à Lui. S’il en est ainsi, et là, le fidèle prend la parole pour la première fois, il dit tout spontanément : « Vous êtes mon défenseur et mon refuge. Il est mon Dieu, j’espérerai en lui ». « Susceptor » de suscipio qui veut dire entre autres, « soutenir, étayer.  Sous ce rapport, Dieu est ma force. « Je suis » en Lui. J’existe grâce à Lui. Sous ce rapport, il est « mon refuge ». Sans Lui je ne peux rien faire. C’est pourquoi je mets en Lui et en Lui seul, mon espérance. Il est pour moi, dira saint Paul, « l’espérance de la gloire », c’est -à-dire en Lui est l’espérance de la vie éternelle. On peut ici se souvenir de la parabole de la vigne et des sarments, parabole que notre Seigneur a racontée aux Apôtres à la sortie du Cénacle après l’Institution de la Cène et du don du Sacerdoce. Souvenez-vous : «  1  » Je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. 2 Tout sarment qui en moi ne porte pas de fruit, il le retranche ; et tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde, afin qu’il en porte davantage. .. 4 Demeurez en moi, et moi en vous. Comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s’il ne demeure uni à la vigne, ainsi vous ne le pouvez non plus, si vous ne demeurez en moi. 5 Je suis la vigne, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, porte beaucoup de fruits : car, séparés de moi, vous ne pouvez rien faire.
6 Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors, comme le sarment, et il sèche ; puis on ramasse ces sarments, on les jette au feu, et ils brûlent.
7 Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé. 8 C’est la gloire de mon Père que vous portiez beaucoup de fruits, et que vous soyez mes disciples.
(Jn 15 1-8)

C’est vraiment en NSJUC que se trouve le soutien, la force, l’espérance…C’est sa grâce qui est ma force ! Aussi sont-elles belles ces paroles du Canon de la Messe où le prêtre, sur les espèces consacrées, dit : « « Nous vous offrons à votre illustre Majesté…l’Hostie pure, l’Hostie sainte, l’Hostie immaculée, le Pain sacré de la vie éternelle et le Calice de l’éternelle salut » (Canon romain)

« Quoniam ipse liberavit me de laqueo venantium et a verbo aspero » « Car c’est lui qui m’ a délivré du piège du chasseur et de la parole âpre et piquante ».  

Le fidèle poursuit et confesse de nouveau sa confiance : Dieu est vraiment  son soutien, et  sa protection, comme il le dit dans la strophe précédente. EDans cette strophe, il le confirme de nouveau. Il affirme en effet que Dieu l’a délivré « liberavfit me » des embuches de l’ennemi. Il parle ici : « du piège du chasseur » ainsi que des « paroles âpres et piquante » « a verbo aspero »

« Scapulis suis obumbrabit tibi et sub pennis eius sperabis » « Il te mettra à l’ombre sous ses épaules et sous ses ailes tu seras plein d’espoir ». mieux « tu espéreras ».

C’est le « directeur spirituel » qui reprend la parole et qui confirme que le fidèle, celui qui habite avec le Seigneur, sera sous la protection du Très haut : » scapulis suis obumbrabit tibi ». « Obumbrare ». c’est le verbe utilisé par l’ange Gabriel lors de l’Annonciation suite à la question de la Vierge : « Mais comment cela se fera-t-il puisque je ne connais point d’homme »: « L’esprit Sainte viendra sur vous et vous couvrira de son ombre »… « Obumbrabit tibi ». On peut alors comprendre la richesse de cette protection. Elle est devenu « Mère de Dieu ».La plus belle des créatures. Il en sera ainsi, mutatis mutandis, pour tous ceux qui vivront dans le Seigneur, dans le Très Haut. : Ils seront plein d’espérance. Ils seront fortifié dans l’espérance et non dans l’espoir, comme traduit notre auteur ! « Obunbrabit tibi » C’est également l’attitude du Bon Pasteur qui recherche la brebis perdue et une fois retrouvée, la met sur ses épaules. Elle est là en lieu sûr.

« Scuto circumdabit te veritas eius ;  non timebis a timore nocturno » « Sa vérité t’environnera comme un bouclier ; tu ne craindras pas les frayeurs de la nuit »

C’est encore une affirmation absolue du directeur d’âme  qui s’adresse à son disciple : Protégé de Dieu et vivant sous son autorité,  tu connaîtras sa vérité qui te protègera. N’est-ce pas ce que laisse entendre saint Paul dans son Epitre aux Romains, chapitre 1 que je vous ai souvent donné à lire et relire au cours de ces commentaires. .Je  me permettrai de la résumer en disant : qui marche sous l’autorité de Dieu, qui en confesse l’existence, la vérité, marche dans le droit chemin et ne succombe pas aux plaisirs de la chair.  Il confesse son Seigneur et Maître et observe ses commandements. Cette vérité et ses Commandements divins sont pour lui comme un bouclier et la lumière qui éclaire son chemin jour et nuit. « ce qui lui empêche de connaître les frayeurs de la nuit ».

« A sagitta volante en die, a negotio perambulate in tenebris , ab incursu et demonio meridiano » « Ni la flèche qui vole pendant le jour, ni les maux qui s’avancent dans les ténèbres ni les attaques de midi ».

Le psalmiste multiple, dans cette strophe  les dangers qu’évitent ceux qui « habitant in adjutorio Altissimi »  ou encore   ceux qui Scapulis suis obumbrabit tibi » Ils éviteront « et les flèches en plein jour et les maux en pleine nuit et les attaques de midi ». Tous ces dangers sont exprimés d’une manière poétique.  On utilise souvent cette expression : « les démons du midi » pour évoquer les tentations charnelles. C’est ce que dit saint Bernard dans son petit ouvrage de l’amour de Dieu : Qui vit de cet amour divin, en sa présence,  est protégé des attaques charnelles.

« Cadent a latere tuo mille et decem millia a destris tuis ad te autem non appropinquabit » «  Mille tomberont à ton côté et dix mille a ta droite, mais la mort n’approchera pas de toi ».

Quelle assurance pour celui qui vit en Dieu. Au milieu des adversités, ô combien oppressantes et nombreuses, c’est ce que veut dire l’expression :   « mille à ton côté, dix mille à ta droite »,  l‘âme fidèle reste imperturbable, tranquille, en paix la paix  est la « tranquillité dans l’ordre »,  car « la mort n’approchera pas de toi ». Et de fait le Christ, pas sa Passion a vaincu la mort en triomphant du péché et du Démon, l’auteur de la mort. Saint Bernard dit même que grâce à la Passion du Christ « morte est la mort ». Il le dit merveilleusement dans son sermon 11 du commentaire du Cantique des Cantiques.

« Verumtamen oculis tuis considerabis et retributionem peccatorum videnis » «  Et même tu contemplera de tes yeux et tu verras les châtiments des pécheurs »

« Verumtamen » : et même, non seulement tu ne seras pas terrassé par les mille tentations qui t’entourent , mais mieux encore  tu verras les pécheurs, eux,  écroulés sous les « châtiments » divins. Cela fera partie de ta gloire. Et tu apprécieras la justice de Dieu qui ne reste pas inactif dans son ciel, oublieux des justes. Et cela tu le verras certainement : de tes yeux tu le verras et même le contempleras.

« Quoniam tu es Domine spes mea :Altissimum posuisti refugium tuum » « Car tu as dit : Vous êtes Seigneur mon espérance ; tu as fait du Très haut ton refuge ».

« Quoniam » « Car »: ce qui veut dire que  « cela » c’est-à-dire  le triomphe sur le  mal sera  un conséquence de l’espérance que tu as mis en ton Seigneur et Maitre, le faisant ton « refuge ». On retrouve le sens de la première strophe de ce psaume. Voilà Dieu acclamé, dans cette strophe,  comme  « notre espérance », « notre refuge ». Notre « espérance », c’est-à-dire la raison de notre vie, de notre joie, de notre triomphe, de notre calme. Mais il y a une précision dans cette strophe, précision importante : C’est Dieu lui-même qui s’est  présenté, qui s’est dit « mon espérance » : « tu es Dominus spes mea ». On peut dire que toute l’Alliance conclue par Dieu entre Lui et son Peuple, est le fondement le plus sûr de l’espérance d’Israël. Voyez les premeirs propos tenus par Dieu à Abram :  1 Yahweh dit à Abram :  » Va-t-en de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai. 2 Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai et je rendrai grand ton nom. Tu seras une bénédiction : 3 Je bénirai ceux qui te béniront, et celui qui te maudira, je le maudirai, et toutes les familles de la terre seront bénies en toi. « 

De tels propos sont bien de nature à fonder une certitude, un espérance la confiance  et de fait, Abram partit : « 4 Abram partit, comme Yahweh le lui avait dit, et Lot s’en alla avec lui. Abram avait soixante-quinze ans quand il sortit de Haran. 5 Abram prit Saraï, sa femme, et Lot, fils de son frère, ainsi que tous les biens qu’ils possédaient et les serviteurs qu’ils avaient acquis à Haran, et ils partirent pour aller au pays de Chanaan. Et ils arrivèrent au pays de Chanaan ».

Cette alliance fut répétée par Dieu bien trois ou quatre fois. Arrêtons-nous à l’une de ses confirmations au chapitre 15 de la Genèse : « 1 Après ces événements, la parole de Yahweh fut adressée à Abram en vision :  » Ne crains point, Abram ; je suis ton bouclier ; ta récompense sera très grande.  » 2 Abram répondit :  » Seigneur Yahweh, que me donnerez-vous ? Je m’en vais sans enfants, et l’héritier de ma maison, c’est Eliézer de Damas.  » 3 Et Abram dit :  » Voici, vous ne m’avez pas donné de postérité, et un homme attaché à ma maison sera mon héritier.  » 4 Alors la parole de Yahweh lui fut adressée en ces termes :  » Ce n’est pas lui qui sera ton héritier, mais celui qui sortira de tes entrailles sera ton héritier.  » 5 Et, l’ayant conduit dehors, il dit :  » Lève ton regard vers le ciel et compte les étoiles, si tu peux les compter.  » Et il lui dit :  » Telle sera ta postérité.  » 6 Abram eut foi à Yahweh, et Yahweh le lui imputa à justice » (Gen 15 1-6).

Mais c’est surtout le chapitre 17 de la Genèse qu’il faut citer en cette matière d’Alliance : « 1 Lorsque Abram fut arrivé à l’âge de quatre-vingt-dix-neuf ans, Yahweh lui apparut et lui dit :  » Je suis le Dieu tout-puissant ; marche devant ma face et sois irréprochable : 2 j‘établirai mon alliance entre moi et toi, et je te multiplierai à l’infini. « 
3 Abram tomba la face contre terre, et Dieu lui parla ainsi : 4  » Moi, voici mon alliance avec toi : tu deviendras père d’une multitude de nations. 5 On ne te nommera plus Abram, mais ton nom sera Abraham, car je te fais père d’une multitude de nations. 6 Je te ferai croître extraordinairement, je ferai de toi des nations, et des rois sortiront de toi. 7 J’établis mon alliance, entre moi et toi et tes descendants après toi, d’âge en âge, en une alliance perpétuelle, pour être ton Dieu et le Dieu de tes descendants après toi. 8 Je te donnerai, à toi et à tes descendants après toi, le pays où tu séjournes comme étranger, tout le pays de Chanaan, en possession perpétuelle, et je serai leur Dieu « . 9 Dieu dit à Abraham :  » Et toi, tu garderas mon alliance, toi et tes descendants après toi, d’âge en âge… 15 Dieu dit à Abraham :  » Tu ne donneras plus à Saraï, ta femme, le nom de Saraï, car son nom est Sara. 16 Je la bénirai, et je te donnerai aussi d’elle un fils ; je la bénirai, et elle deviendra des nations ; des rois de peuples sortiront d’elle.  » 17 Abraham tomba la face contre terre, et il rit, disant dans son cœur :  » Naîtra-t-il un fils à un homme de cent ans ? Et Sara, une femme de quatre-vingt-dix ans, enfantera-t-elle ?  » 18 Et Abraham dit à Dieu :  » Oh ! qu’ Ismaël vive devant votre face !  » 19 Dieu dit :  » Oui, Sara, ta femme, t’enfantera un fils ; tu le nommeras Isaac, et j’établirai mon alliance avec lui comme une alliance perpétuelle pour ses descendants après lui …
21 Mais mon alliance, je l’établirai avec Isaac, que Sara t’enfantera l’année prochaine, à cette époque. «  22 Et ayant achevé de parler avec lui, Dieu remonta d’auprès d’Abraham. 
» (Gen 17 1-22)

Oui ! Comment de telles paroles ne pourraient-elles pas fondées une espérance, une certitude. Elles viennent de Dieu,  le Tout-Puissant, Celui qui a fait le Ciel et la Terre.

Mais lorsqu’on parle d’Alliance,  il faut surtout parler de  la Nouvelle Alliance, celle qui fut conclue en le sang de NSJC, en son Sacrifice que la messe perpétue in aeternum, à jamais.  : «  Hic est enim calix sanguinis mei, NOVI ET AETERNI TESTAMENTI, MYSTERIUM FIDEI Qui pro vobis et pro multis effundetur in remissionem peccatorum ».

Ainsi comme toute alliance, comme hier les alliances de l’Ancien Testament, aujourd’hui, caduques, la nouvelle Alliance en le Christ fonde, ô combien, l’espérance et la certitude de la rémission des péchés et la possession un jour pour celui qui est fidèle et qui met sa foi en Jésus, du Ciel.

On comprend que le psalmiste puisse dire encore pour fonder l’espérance du fidèle :

« Non accedet ad te malum et flagellum non appropinguabit tabernaculo tuo » « Le mal ne viendra pas jusqu’à toi et les fléaux ne s’approcheront pas de ta tente ».

« Quoniam Angelis suis mandavit de te ut custodiant te in omnibus viis tuis » « Car il a commandé pour toi à ses anges de te garder dans toutes tes voies »  

Là, dans cette strophe, le psalmiste invoque une autre raison de la confiance que doit entretenir le fidèle du Seigneur dans sa marche vers le ciel. Cette confiance n’est plus fondée sur les promesses de Dieu  en son Alliance, mais sur l’assistance des Anges qui sont bien, au service des créatures : «  Car il a commandé pour toi à ses anges de te garder dans toutes tes voies ». C’est une magnifique définition de l’ange gardien et de sa fonction auprès des hommes. La cours céleste est députée de  par Dieu même au service des hommes, à « la garde » des humains : « ut custodiant te in omnibus viis tuis ». C’est toute l’histoire de Tobie qu’il faut ici se remémorer. Tout le livre est à lire. Mais limitons nous au chapitre 5 qui corrobore totalement cette strophe de ce psaume : «   1 Alors Tobie répondit à son père, en disant :  » Tout ce que tu m’as ordonné, je le ferai mon père.
2 Mais je ne sais comment je pourrai retirer cet argent. Cet homme ne me connaît pas, et il m’est également inconnu ; quel signe lui donnerai-je ? Je ne sais pas même le chemin qui conduit en ce pays-là.  » 3 Son père lui répondit en disant :  » J’ai son écrit entre les mains ; aussitôt que tu le lui auras montré, il te remboursera. 4 Mais va maintenant chercher un homme fidèle qui aille avec toi, moyennant salaire, afin que tu rentres en possession de cet argent, pendant que je vis encore.  » 5 Tobie, étant sorti, trouva un beau jeune homme, debout et ceint, comme disposé à se mettre en route. 6 Ignorant que ce fût un ange de Dieu, il le salua et lui dit :  » D’où es-tu, bon jeune homme ?  » 7 L’ange répondit :  » Je suis un des enfants d’Israël.  » Et Tobie lui dit :  » Connais-tu la route qui conduit au pays des Mèdes ?  » 8 Il lui répondit :  » Je la connais, j’ai souvent parcouru tous ces chemins et j’ai logé chez Gabélus, notre frère, qui demeure à Ragès, ville des Mèdes, laquelle est située dans les montagnes d’Ecbatane.  » 9 Tobie lui dit :  » Attends-moi, je te prie, jusqu’à ce que j’aie annoncé cela à mon père.  »

10 Alors Tobie étant rentré raconta tout à son père. Sur quoi le père émerveillé demanda qu’on fît entrer le jeune homme. 11 Celui-ci entra et salua, en disant :  » Que la joie soit toujours avec toi !  » — 12  » Quelle joie puis-je avoir, répondit Tobie, moi qui suis assis dans les ténèbres et qui ne vois pas la lumière du ciel ?  » 13 Le jeune homme lui dit :  » Aie bon courage ! Il est facile à Dieu de te guérir.  » 14 Ensuite Tobie lui dit :  » Pourrais-tu bien conduire mon fils chez Gabélus, à Ragès, ville des Mèdes ? A ton retour, je te donnerai ton salaire.  » —
15  » Je le conduirai, répondit l’ange, et je le ramènerai auprès de toi.  »
16 Tobie lui dit :  » Dis-moi, je t’en prie, de quelle famille et de quelle tribu es-tu ?  » 17 L’ange Raphaël lui répondit :  » Est-ce la famille du mercenaire que tu cherches, ou le mercenaire lui-même, qui doit accompagner ton fils ?
18 Mais pour ne pas te rendre inquiet, je suis Azarias, fils du grand Ananie.  »
19  » Tu es d’une noble race, lui dit Tobie. Mais ne te fâche pas, je te prie, de ce que j’ai désiré connaître ta famille.  » 20 Et l’ange lui dit :  » Je conduirai ton fils sain et sauf, et je te le ramènerai sain et sauf.  » 21 Tobie ajouta :  » Fais un heureux voyage ! Que Dieu soit sur votre chemin, et que son ange vous accompagne !  »

22 Quand on eut préparé tout ce qu’ils devaient emporter en voyage, Tobie dit adieu à son père et à sa mère, et il se mit en route avec l’ange 23 Lorsqu’ils furent partis, la mère se mit à pleurer, en disant :  » Tu nous as ôté le bâton de notre vieillesse, et tu l’as éloigné de nous. 24 Plût à Dieu que cet argent pour lequel tu l’as envoyé, n’eût jamais existé ! 25 Car notre pauvreté nous suffisait, et c’était pour nous une richesse que de voir notre fils.  » 26 Tobie lui répondit :  » Ne pleure point ; notre fils arrivera sain et sauf, et il reviendra vers nous sain et sauf, et tes yeux le reverront. 27 Car je crois qu’un bon ange de Dieu l’accompagne, et qu’il dispose heureusement tout ce qui lui arrive, en sorte qu’il reviendra vers nous avec joie.  » 28 A cette parole, sa mère cessa de pleurer et elle se tut. » (Tob 5 1-28)

On ne peut pas non plus ignorer les services évidents et nombreux que l’ange Raphael a rendu au jeune Tobie, ne serait-ce que l’aide vis-vis du gros poisson. Oui ! Il l’accompagna fidèlement pour l’aller et pour le retour et le ramena sain et sauf à son père. Il redonna même la vue au père de Tobie. Oui ! Vraiment le psalmiste dit juste lorsqu’il dit :  « Non accedet ad te malum et flagellum non appropinguabit tabernaculo tuo » « Le mal ne viendra pas jusqu’à toi et les fléaux ne s’approcheront pas de ta tente ».

« Quoniam Angelis suis mandavit de te ut custodiant te in omnibus viis tuis » « Car il a commandé pour toi à ses anges de te garder dans toutes tes voies » 

« In manibus portabunt te ne forte offendas ad lapidem pedem tuum » «  Ils te porteront dans leurs mains de peur que tu heurtes le pied contre la pierre ».

C’est toujours la même idée développée : les anges sont vraiment au service et à la  protection des humains. Le démon utilisa cette strophe dans la troisième tentation du Christ. Le texte de saint Luc au chapitre 4 de son Evangile est très explicite. C’est le démon qui utilise ces versets :   1 Jésus, rempli de l’Esprit-Saint, revint du Jourdain, et il fut poussé par l’Esprit dans le désert,
2 pendant quarante jours, en butte aux tentations du diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et quand ils furent passés, il eut faim ».
Après les deux premiers tentations, le démon conduisit Jésus sur le pinacle du Temple de Jérusalem et lui dit :  9  » Si vous êtes Fils de Dieu, jetez-vous d’ici en bas. 10 Car il est écrit : Il a été donné pour vous l’ordre à ses anges de vous garder, 11 et ils vous prendront entre leurs mains, de peur que votre pied ne heurte contre la pierre.  » 12 Jésus lui répondit :  » Il a été écrit : Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu.  » 13 Après l’avoir ainsi tenté de toutes manières, le diable se retira de lui pour un temps » (Lc 4 9-13)

« Super aspidem et basiliscum ambulabis et conculcabis leonem et drconem » «  Tu marcheras sur l’aspic et sur le basilic, et tu fouleras aux pieds le lion et le dragon »  Et cela parce que tu es toujours protégé par le Tout Puissant, en raison de ta fidélité, Tu n’as rien à craindre ni du serpent, « aspic » ni du lion ni du dragon , ni bien sûr du basilic.

« Quoniam in me speravit, liberabo eum, protegam eum quoniam cognovit nomen meum » « Parce qu’il a espéré en moi, je le délivrerai, je le protégerai parce qu’il a connu mon nom ». .
Ce verset est intéressant parce qu’il précise un peu cette fidélité, les conditions de cette fidélité. C’est le Seigneur même qui précise cette fidélité. . Elle est faite d’espérance et de connaissance. Comme le dira un jour saint Paul : « je sais en qui j’ai mis mon espérance », c’est en Dieu tout Puissant, c’est en  Dieu Sauveur ; c’est ce que chante Notre Dame dans son Magnificat. Elle est pleine de confiance parce qu’elle connait la miséricorde du Seigneur : «Il a fait en moi de grandes choses, Celui qui est Puissant et dont le nom est saint et dont la miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent ; il a déployé la force de son bras…il a élevé les petits. Il a comblé de biens les affamés…il a pris soin d’Israël son serviteur,  se ressouvenant de sa miséricorde ainsi qu’il l’avait promis à nos pères Envers Abraham et sa race à jamais ». (Lc 1 47-55) Marie est bien la plus belle créature qui a mis  toute sa confiance en Dieu, parce qu’elle connait sa force, sa miséricorde et sa fidélité. Elle  a mis en Lui toute son espérance. « Voici la servante du Seigneur ». C’est le plus bel exemple de l’abandon en la sainte volonté de Dieu. C’est le plus bel exemple de la confiance.

« Clamavit ad me et ego exaudiam eum, cum ipso sum in tribulatione, eripiam eum et glorificabo eum ». « Il criera vers moi et l’exaucerai, je suis avec lui dans la tribulation, je le sauverai et je le glorifierai »

C’est toujours le Seigneur qui parle. Cette strophe me parait parfaitement convenir au cri du Seigneur dans sa passion. De fait le Christ a crié sa souffrance à son Père dans sa passion. Et l’a exalté pour la victoire qu’il remporta sur le démon et la mort. Comme le dit encore saint Paul merveilleusement : « propter quod exaltavit eum ». Parce qu’il a été obéissant, obéissant jusqu’à la mort sur la Croix, son Père l’a exalté à sa droite dans l’attente du jour où tous ses ennemis seront mis sous ses pieds en signe de triomphe.

« Longitudinem dierum replebo eum et ostendam illi salutare meum » « Je le comblerai de jours et lui ferai voir mon salut »

En raison de sa fidélité, mon serviteur  sera béni, c’est Dieu qui parle  ici : « il aura longue vie ». « Je lui ferai voir mon salut ».   Ici, je pense qu’il faut comprendre : « je lui ferai voir  mon ciel. Une rédemption éternelle ». Voilà le fondement ultime de l’espérance et de la confiance.

 

 

 

 

 

 

 

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