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Entraide et Tradition

Le 21 Janvier 2017

publié dans regards sur le monde le 21 janvier 2017


Discours du 21 janvier 2017

Place de la Concorde

Vous trouverez ci-dessous le discours que j’ai eu l’honneur de prononcer, à l’invitation de M Pierre Jeanthon, devant le prince Sixte de Bourbon Parme, sur la Place de la Concorde , ce matin 21 janvier 2017, à l’endroit même où le Roi Louis XVI fut guillotiné par la Révolution. 

La tête de Louis XVI tomba ici le 21 janvier 1793 en haine de la foi, en haine de la religion catholique que le Roi incarnait. Il en assurait le pouvoir « extérieur ». La nouvelle religion, la religion de la raison –le rationalisme- se dressa contre l’ordre divin que le Roi représentait.

La raison, cette étoile brillante, se détacha du firmament, de son Dieu et Maître et tomba sur la terre. Alors s’éleva une fumée épaisse qui obscurcit le soleil et les airs (Apoc 9 1-2). Fumée de la Renaissance, Fumée de l’hérésie avec le  protestantisme et son individualisme; les fumées s’épaississaient tous les jours davantage ; fumées de la philosophie des Lumières qui prend sa source en ce maudit protestantisme qui lui aussi prend sa source en la philosophie de Descartes et en son fameux « cogito ergo sum ». Les Loges maçonniques accomplissaient leurs travaux cachés. Les puissants de la terre, comme le dit le Cardinal Pie, prenaient ombrage du règne de Dieu et de son Eglise. Un secret frémissement des nations et des peuples se faisait chaque jour davantage entendre. Enfin le cri de guerre retenti ; l’impiété a rassemblée sous ses étendards mille soldats divers qui ont oublié leurs préjugés de naissance, d’opinion de rang, pour se coaliser, au nom de la raison, cette lumineuse étoile,  contre l’ennemi commun. Quel est-il cet ennemi contre lequel marchent  ces bataillons serrés ? Quel est-il ? Dans son  fond, dans son essence, « c’est une la conspiration ourdie contre Dieu et contre son Christ » : « Convenerunt in unum adversus Dominum et adversus Christum eius » (Ps 2 2) C’est Dieu, c’est son Christ dont on veut briser les chaines, dont on veut secouer le joug, que l’on veut « séparer de la société civile ». La monarchie de droit divin n’avait plus sa place…dans un tel contexte rationaliste.

Au titre de la raison, on a voulu  séparer l’Eglise de l’Etat, mais plus encore, séparer la religion de toute l’étendue de la vie publique, On a voulu  réduire Dieu et son Christ et son Eglise à rester enfermée dans la vie privée. C’est l’athéisme rationaliste. Dieu ne peut plus posséder la moindre parcelle de son propre domaine. Et la Monarchie s’opposait à cela. On le vit bien par son refus d’approuver la Constitution civile du Clergé. Rien ne devait plus relever de Dieu et de son Eglise. Le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif, le pouvoir administratif, le pouvoir éducatif, ne doit relever que de l’Etat qui ne relève que de sa propre raison, raison qui, par principe, refuse Dieu et sa Lumière, refuse tout « absolu », « toutes certitudes »., comme le disait Jacques Chirac, alors qu’il recevait les loges maçonniques à l’Elysée à l’occasion de leur 275ème anniversaires.

Il existait pourtant un pacte ancien, une alliance entre la religion et la société, entre le christianisme et la France. C’est le pacte de Reims. Le pacte fut déchiré, l’alliance rompue. Dieu était dans les lois, dans les institutions, dans les usages ; il en fut chassé, le divorce fut prononcé entre la constitution et l’Evangile, la loi fut sécularisée et il fut statué que l’esprit de la nation moderne n’aurait rien à démêler avec Dieu, duquel elle s’isolait entièrement. La croix du Seigneur et Rédempteur des hommes est renversée et remplacée par des signes vulgaires. Dieu avait sur la terre des jours qu’il s’était réservés et que tous les siècles et les peuples avaient respectés unanimement ; et toute la famille des impies s’est écrié : faisons disparaître de la terre les jours consacrés à Dieu. « Dieu avait des ministres, dit le cardinal Pie,  qui parlaient de Lui et le rappelaient au peuple, c’est alors que l’exil, l’échafaud, la mer, les fleuves ont tout dévoré ».  Ainsi, disaient-ils, Dieu ne trouvera plus de bouche pour se faire entendre. « O vous tous qui portaient sur votre front l’onction qui fait le prêtre et le roi, de quelques prétexte que l’on s’arme contre vous, rassurez-vous, c’est à cause du nom de Jésus-Christ que vous êtes un objet de haine. Ce n’est pas vous qu’ils ont rejeté, mais c’est moi de peur que je ne règne sur eux.

C’en est fait : tous les droits de Dieu sont anéantis ; il ne reste debout que les droits de l’homme. Ou plutôt, l’homme est Dieu, sa raison est le Christ et la nation est l’Eglise.

Quelles en sont les conséquences. Concrètement la chute du Roi. Et cela nécessairement.

L’Etat, la société civile ne relève, nous dit-on,  que  « du libre débat » et que du « consensus social ». Alors on vous dit le plus naturellement du monde qu’il  n’y a rien d’antérieur et de supérieur à l’humain et à sa propre pensée. (C’est le naturalisme rationaliste dans son expression la plus parfaite). Dieu n’a pas son mot à dire. Tout relève de l’homme. « Il n’y a pas de loi morale antérieure à la loi civile », disait Jacques Chirac, alors Président de la République Française. La vie publique, les mœurs publiques ou privées ne relèvent plus en rien du domaine divin. Ils sont autonomes et propres. C’est donc l’affirmation du « refus de quoi que ce soit qui soit supérieur à  humain » ; alors « l’humain  devient arbitraire». On ne vous demande pas d’abjurer publiquement la foi en Dieu, comme au temps du pouvoir romain impérial. On vous demande et vous impose de la garder en silence. « Dieu est interdit en public », il est interdit en politique. Il est interdit dans les problèmes de société. Il est interdit dans « la démocratie des mœurs ». Au milieu d’une telle philosophie, où voulez-vous que la monarchie catholique de nos Rois trouve une place…

La « démocratie », « la démocratie  des mœurs » alors s’impose. Les  « règles ne pouvant naître que du libre débat » et « toute référence à un principe étant, de soi, exclue et soumise elle-même à la discussion » , le Roi ne pouvait plus régner « en ses conseils » qui ne trouvait les lois et les coutumes du Royaume  que dans leur « référence aux lois éternelles du Décalogue divin et de l’Evangile ». Oui ! Avec le rationalisme, c’est l’instauration de la libre discussion jusqu’à l’exclusion de toute loi religieuse ou naturelle supérieure à l’homme qui s’impose. La haine de Dieu et de l’Eglise est totale. Le rationalisme c’est  un anthropocentrisme absolu qui refuse toute lumière divine. C’est pourquoi ce régime ne peut qu’engendrer, in fine, l’anarchie mentale et sociale et le nihilisme intellectuel puisque sa philosophie, la seule qu’il admette, c’est de se libérer de tout dogme et du Décalogue et de l’Evangile. Le rationalisme c’est l’anti-dogmatisme absolu. Jacques Chirac le disait en s’adressant toujours aux mêmes groupes maçonniques qui ont tant fait pour l’abolition de la Monarchie : «  l’idéal maçonnique  rêvait de substituer aux dogmatismes le débat, de desserrer l’étreinte, de casser les rigidités, pour instaurer un espace de liberté, hors des tabous et des index de l’époque… »  Se substituer aux « dogmatismes », c’est-à-dire aux dogmes catholiques, « desserrer les étreintes », « casser les rigidités », « instaurer un espace de libertés, hors des tabous et des index de l’époque »… c’est affirmer vouloir se « dégager » de tout surnaturel, de toute « Révélation », de toutes affirmations révélées, qui sont autant de « rigidités », de  « tabous », autant « d’index » inspirés de la Révélation chrétienne. Et c’est pourquoi le rationalisme  est capable de faire la promotion, par exemple, de choses tellement contre nature : l’avortement, par exemple, l’homosexualité, autre exemple… ce qui est le signe d’une rupture totale avec le Dieu créateur et les lois de sa Création. Sa haine de Dieu est telle qu’elle  engendre, de soi,  la haine de la création…

On a dit à Dieu et surtout à son Christ : Retire-toi, nous ne voulons pas de la science de tes voies (Job 21 14). «  Et il fut fait comme il fut dit ». Et la Tête du Roi tomba.

Il faut des victimes. Le Roi Louis XVI fut la première après son Christ dont il était le ministre « extérieur ».

Partout où il a prévalu, le despotisme révolutionnaire a tout détruit, tout renversé, tout abaissé sous son niveau égalitaire, tout absorbé dans son autocratie centralisatrice : religion, propriété sacré et profane, autorité paternelle, corporations, lois, coutumes, franchises, libertés, il n’a rien respecté. Car il ne veut pas plus de la tradition humaine que de la tradition divine ; il fait le même mépris de l’histoire et de la religion, il dédaigne l’autorité comme l’expérience du passé, comme il dédaigne l’autorité de l’Eglise. La révolution ne permet de vénérer aucun dieu, aucun roi, aucun homme. Elle veut être adoré seule et ne laisse d’autre idole debout qu’elle-même. Toute voix doit se mettre à l’unisson de sa voix. Tout dogme même surnaturel et révélé, devient un programme séditieux s’il est, en désaccord avec ses théories et ce qu’elle appelle ses « valeurs », ses « principes ». C’est là l’histoire des Démocraties, c’est l’histoire de la Chine en lutte avec l’Eglise. Toute conscience, même formée selon la loi divine doit se laisser redresser et modifier par la conscience et la loi du temps modernes. Enfin si elle tolère l’existence des divers religions admises à vivre sous son abri, c’est à la condition qu’elle pourra les dominer toutes, et se tenant au milieu de cet aréopage de dieux, les entendre, les juger, les conseiller et les accorder tant bien que mal entre eux. Voyez, vous dis-je, l’histoire récente de la Chine…

La Monarchie et l’Eglise ont eu, hier les cœurs vendéens pour les défendre. Verrons-nous nous aussi ces cœurs vendéens pour sauver les institutions, celles qui restent, entre autres la famille et l’Eglise et faire sombrer un jour la République ?

Je n’en appelle pas à une guerre civile, à une guerre politique. Ce ne fut pas cela que fut l’action vendéenne. L’action vendéenne, nous dit encore le cardinal Pie,  fut une guerre sainte, une armée, l’armée chrétienne, l’armée catholique. Ce peuple, sans doute aimait sa patrie, aimait son roi. Son père. Arrière le patriotisme qui faisait rouler la tête du père sur l’échafaud. Cependant la foi de ce peuple vendéen réserva toujours la première place pour la première majesté : Dieu. La Révolution vint atteindre ce peuple dans ce qu’il avait de plus précieux, de plus sacré ; dans ce qui touchait à sa foi, à toutes ses affections, à tous ses respects.  Elle s’attaqua aux temples, elle attaqua les prêtres, elle s’attaqua à l’orthodoxie. Dès lors la résistance commença. On espéra conjurer la résistance en envoyant à ce peuple des prêtres intrus pour lui dire la messe, les prêtres jureurs. Ce peuple avait une religion ferme et éclairée. Et une messe par un prêtre jureur ne le lui suffisait pas. Autant ce peuple était docile et respectueux pour les prêtres fidèles, dignes de leurs fonctions, autant il était énergique à repousser les apostats et les schismatiques qu’on voulait lui imposer de vive force. Souvenez-vous de l’attitude de la Reine, de Madame Elizabeth…Ce fut l’occasion du premier sang versé. Vous connaissez tous ce magnifique récit : l’un de ces cœurs vendéen fut battu à mort par les « bleus », il  fut sommé de ce rendre : « Rends-toi », lui dit-on. Il répondit : « rends moi mon Dieu » et il expira.

Vous avez là toute l’histoire de ce duel acharné que mena la Vendée. La Révolution brandissant son sabre sur la Vendée et lui criant « Rends–toi », la religieuse Vendée se défendant avec énergie et jusqu’au dernier soupir, répondant : « Rends-moi mon Dieu. Ce dialogue est le résumée le plus pathétique de sept ans de guerre…

Le principe et la justification de toutes les plus belles batailles, même dans l’antiquité n’était-elle pas ce cri : « pro aris et focis », « pour les autels et pour les foyers ». « Pour les autels » d’abord parce que les intérêts divins sont les plus élevés de tous ; « pour les autels », parce qu’un peuple ne peut jamais sacrifier ses autels ; « pour les autels » parce que les foyers ne sont en sureté que derrière les remparts des autels.

Si vous voulez que l’ordre revienne en France, restez attachés à vos autels, revenez plus franchement à NSJC, à sa Loi, à son Eglise éternelle, à son « Eglise de toujours », à celle qui condamna Luther et qui ne « fricotait » pas avec les ennemis de Dieu, ni avec ceux qui pactise avec le protestantisme et ni avec ceux qui mettent le trouble dans les lois du mariage. Priez pour eux. Gardez le respect mais ne pactisez pas.

 

 

 

 

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