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Entraide et Tradition

Histoire de la messe interdite (16)

publié dans un disciple le 5 février 2018


 

Histoire de la messe interdite (16)

 Livre 3

 Chapitre 5

 

1988.

L’année des sacres.

 

 

1986…Nous ne sommes plus très loin des sacres de juillet 1988 : une année « charnière » dans cette bataille de la messe. Une année que Jean Madiran appellera « année climatérique », c’est-à-dire une année critique….

 

Mgr Lefebvre prend de l’âge.

 

Il se pose le problème de sa succession, et à travers lui, de la pérennité, non pas  d’abord de son œuvre sacerdotale, mais de la pérennité du sacerdoce et du sacrifice de la messe tant combattue par ceux-là même qui devraient le défendre.

 

L’annonce des sacres

 

Qu’arrivera-t-il, lui parti ?

 

Il parle, dans une homélie, à Ecône, le 29 Juin 1987, de l’ « éventualité » des sacres. Là, pour la première fois, en public, Mgr Lefebvre annonce qu’il envisage, comme nécessaire au maintien du sacerdoce catholique et de la Tradition, de procéder prochainement à des ordinations épiscopales et de s’instituer des auxiliaires avec la seule mission d’assurer les ordinations et les confirmations sans pour autant exercer une quelconque juridiction pour éviter tout schisme. Ces « évêques »  auraient une fonction de suppléance et nullement de substitution.

 

(Voir l’homélie de Mgr Lefebvre dans  « Sermons historiques » aux éditions Servir. p.37-49).

 

Cette annonce provoque, à Rome, une vive émotion. Le Cardinal Ratzinger invite immédiatement Mgr Lefebvre à le rencontrer.

 

Rencontre romaine.

 

Cette rencontre a lieu le 14 juillet 1987, à peine 15 jours après l’homélie du 29 Juin. A Rome, on  sait aussi se presser…

C’est avec égard et déférence, cette fois, que Mgr Lefebvre est reçu au siège de l’ex Saint-Office, Nous sommes loin de l’atmosphère de 1974…

L’enjeu était différent. La situation nouvelle. Les sacres étaient à craindre. Rome voulait éviter le « pire ».

 

A l’issue de l’entretien, un communiqué est signé où les deux parties reconnaissent que « les entretiens se sont déroulés dans une atmosphère de dialogue ouvert et sincère ».

 

 

La réaction de Rome : la lettre du Cardinal Ratzinger du 28 Juillet1987.

 

 

Le 28 Juillet, le Cardinal Ratzinger écrit à Mgr Lefebvre une lettre qui contient « des offres généreuses auxquelles on ne s’attendait plus », dira Mgr Lefebvre.

 

En effet sans plus parler d’obtenir de lui une signature préalable de reconnaissance de ses « erreurs », comme on voulait l’y astreindre  précédemment (Cf. lettre du Cardinal Ratzinger en 1983), Rome offre à la Fraternité sacerdotale Saint Pie X :

        –la possibilité d’utiliser sans entrave le rite de la messe tridentine, les livres liturgiques dits de Jean XXIII, i .e. d’avant le Concile Vatican II.

 

On lui offre également la possibilité dans les cinq séminaires de la Fraternité de former les candidats au sacerdoce selon le « charisme » propre à la Fraternité. Ce mot faisait sourire Mgr Lefebvre. Son seul « charisme » était sa fidélité à l’Eglise, à sa Tradition, à son « être » historique. Il nous formait dans cet esprit. Puis le Cardinal parle de l’envoi d’un « visiteur apostolique », ce que Mgr Lefebvre souhaitait depuis longtemps.

Mais le Cardinal précise,  en même temps, les pouvoirs du visiteur. Ils étaient très étendus, étonnamment étendus, abusivement étendus.

 

« … Le Cardinal visiteur se portera garant de l’orthodoxie de l’enseignement dans vos séminaires, de l’esprit ecclésial et de l’unité avec le Saint Siège. Au cours de cette période –précédant l’approbation de la structure juridique définitive de la Fraternité  – le Cardinal Visiteur décidera également de l’admission des séminaristes au sacerdoce en tenant compte de l’avis des supérieurs compétents ».

 

Le Vatican donnait d’une main ce qu’elle reprenait de l’autre. Il donnait ou promettait l’usage de la messe Saint Pie V, mais il se  réservait le choix des candidats… Rien n’est simple dans un cœur « inquiet ».

 

 

Réponse de Mgr Lefebvre : le 1er Octobre 1987

 

 

Le 1er octobre, Mgr Lefebvre répond à la lettre du Cardinal et donne son accord pour la visite, voit quelques indices qui permettent d’espérer arriver à une solution. Nous sommes pourtant pas très éloignés de la journée d’Assise de 1986 et tout proche de la réunion pan-chrétienne qui doit se tenir à Rome, le 28 octobre 1987 où l’on fêtera « la naissance de l’esprit d’Assise » – ces circonstances sont à prendre en compte pour les successeurs de Mgr Lefebvre…- mais il affirme ne pouvoir se départir de son autorité vis-à-vis des séminaristes « ce qui serait contraire, écrit-il, au droit que vous avez l’intention de nous accorder » (Cf. Fideliter, n°Hors série, Juin 1988)

 

 

La visite canonique

 

Cette visite canonique a lieu en France et en Suisse. Elle se déroule fin novembre et début décembre. Le Cardinal Gagnon, assisté de Mgr Perl, visite séminaires, écoles, prieurés, œuvres amis. Cette visite se passe bien. Elle se termine le 8 Décembre. Le Cardinal assiste en « habit de chœur » à la messe solennelle célébrée par Mgr Lefebvre lui-même, pourtant toujours « suspens »… Au cours de la messe, vingt-sept séminaristes prononcent leur premier engagement au sein de la Fraternité Saint Pie X qui « n’aurait plus d’existence légale depuis 1976 »…

 

A l’issue de la cérémonie, le Cardinal signe le livre d’or du séminaire et écrit: « Que la Vierge immaculée écoute nos prières ferventes pour que l’œuvre de formation merveilleusement accomplie en cette maison, trouve tout son rayonnement  pour la vie de l’Eglise ».

 

C’est notre plus cher désir.

 

Il doit  déposer sur le bureau du Pape son rapport, « qui sera positif », dit-il, le 5 janvier 1988.

 

Mgr Lefebvre n’en connaîtra jamais le contenu.

 

 

Nouvelle rencontre : Avril 1988

 

 

C’est alors que Mgr Lefebvre est invité par lettre par le Cardinal Ratzinger et le Cardinal Gagnon à une nouvelle rencontre à Rome. Nous sommes le 18 Mars :

« Le cardinal Gagnon et moi-même désirons vous proposer qu’une rencontre ait lieu entre deux experts (une théologien et un canoniste) désignés par le Saint Siège et deux experts ( (également un théologien et un canoniste ) de la Fraternité désignés par vous-même ».

 

Il est précisé que cette rencontre se fait avec l’aval de Jean-Paul II:

 

« Je voudrais vous confirmer, Monsieur le Cardinal, ma volonté que de tels efforts soient poursuivis » écrit, en effet, le pape au cardinal.

 

C’est une lettre du Pape au Cardinal Ratzinger de 8 Avril 1988.

 

Mgr Lefebvre accepte.

 

Ces entretiens demandés ont lieu sous forme de colloque, les 13-14-15 Avril à Albano, en Italie.

Mgr Tissier de Mallerais, alors simple prêtre, assisté de M. l’abbé Laroche représentent la Fraternité. Le Rd Père Duroux et le Rd Père Bertone, qui sera plus tard élevé au cardinalat et nommé Secrétaire d’Etat,  représentent le Saint Siège.

 

Le protocole d’accord du 5 Mai, son analyse

 

 

Un « protocole d’accord » est  rédigé. Il est signé le 5 Mai 1988, d’abord par le Cardinal Ratzinger, à la Congrégation pour la doctrine de la foi, puis par Mgr Lefebvre au séminaire d’Albano, entouré du secrétaire du Cardinal, porteur du pli et de messieurs les abbés Tissier de Mallerais, Laroche, Emmanuel du Chalard.

 

Ce protocole reconnaît de nouveau l’existence de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X : elle serait érigée en une société de vie apostolique, déclarée de droit pontifical, « bénéficiant d’une certaine exemption ».

 

Il n’est plus demandé de reconnaître, ce qui en 1984 était encore indispensable, « la pleine légitimité et rectitude doctrinale du missel romain promulgué en 1970 par le Pontife romain, Paul VI ». Ce sujet, du moins, n’était plus formellement évoqué.

 

De plus, Rome reconnaît que :

« Certains points enseignés par le Concile de Vatican II ou concernant les réformes postérieures  de la liturgie ou du droit » puissent  « nous paraître difficilement conciliables avec la Tradition ».

 

C’est le paragraphe 3 du chapitre 1 du « protocole d’accord ». Lorsque Mgr Lefebvre le présenta à ses prêtres,  il insistait sans cesse sur ce paragraphe 3.

 

C’était nouveau..

 

C’était permettre la discussion. La fameuse « déclaration du 21 Novembre 1974 » pouvait être légitime. Du moins, Rome ne refusait  pas d’entendre une « disputatio » sur ce sujet. Hier, cette « déclaration » avait été raison d’une « exclusion ». Le Vatican acceptait aujourd’hui que l’on puisse « critiquer » certains documents du Concile, la liturgie en particulier, comme pouvant être difficilement conciliables en tout avec la Tradition. Le Vatican, certes, ne prenait pas la chose à son compte. Du moins, il en acceptait l’augure, disons l’hypothèse. Il n’était plus scandaleux d’oser porter quelques critiques sur ce Concile « a-typique » de l’Eglise, « Concile dit pastoral », du moins sur certains de ces textes, sur la réforme liturgique issue du Concile Vatican II et sur le Droit canon. Cette éventualité n’est plus totalement refusée. Elle fait partie des choses soutenables…Elle fait partie du « paysage ».

 

Il était seulement demandé une « ouverture » d’esprit et d’éviter toute « polémique ».

 

Hier, il n’était pas question d’élever la moindre critique doctrinale sur la réforme liturgique. Elle engageait l’autorité du magistère. Aujourd’hui, même s’il faut éviter la « polémique », une critique positive peut être soutenue, est soutenable. Et de fait, le Cardinal Ratzinger, le Cardinal Stickler ne se gêneront pas sur ce sujet. Nous allons le voir

 

Les choses changeaient du coté de Rome.

 

Malgré les points intéressants, l’accord ne fut pas conclu en raison de l’attitude de Rome : son refus de donner, avec certitude, une date pour le sacre, pourtant accepté, du moins dans le principe,  – Il y avait toutes les chances que la date du 15 août soit indéfiniment retardée, reculée sine die. Mgr Lefebvre le craignait. Ce fut une question de confiance… -, et parce que Rome reparlait subrepticement de reconnaissance d’erreurs…et qu’il devait célébrer la messe nouvelle, à saint Nicolas du Chardonnet.

 

En conséquence, Mgr Lefebvre retira sa signature du protocole après une nuit blanche de réflexion… On peut le comprendre.

 

Les réactions romaines. Le Motu Proprio : «  Ecclesia Dei Adflicta »

 

 

C’est l’échec. Dans une conférence de presse, le 15 Juin, Mgr Lefebvre  explique son geste.

Et il aura l’occasion de préciser les conditions qu’il mettra pour reprendre des discutions romaines :

« Supposant que d’ici à un certain temps Rome fasse un appel, qu’on veuille nous revoir, reprendre langue, à ce moment-là c’est moi qui poserais les conditions. Je n’accepterai plus d’être dans la situation où nous nous sommes trouvés lors des colloques. C’est fini. Je poserais la question au plan doctrinal : Est-ce que vous êtes d’accord avec les grandes encycliques de tous les papes qui vous ont précédés ? Est-ce que vous êtes d’accord avec Quanta Cura de Pie IX, Immortale Dei et Libertas de Léon XIII, Pascendi de Pie X, Quas Primas de Pie XI, Humani generis de Pie XII ? Est-ce que vous êtes en pleine communion avec ces papes et avec leurs affirmations ? Est-ce que vous acceptez encore le serment anti-moderniste ? Est-ce que vous êtes pour le règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ ? Si vous n’acceptez pas la doctrine de vos prédécesseurs, il est inutile de parler. Tant que vous n’aurez pas accepté de réformer le Concile en considérant la doctrine de ces papes qui vous ont précédés, il n’y a pas de dialogue possible. C’est inutile. » (Mgr Lefebvre, Fideliter, n°66, novembre-décembre 1988, p. 12-13)

Le 30 Juin, il se  donne, comme annoncé, des successeurs dans l’épiscopat.

 

C’est immédiatement la division. Ce qui avait pu être évité très heureusement  en 1984, la division,  se réalise en 1988.

 

Certains prêtres et séminaristes de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X quittent Mgr Lefebvre et, avec le soutien « discret » mais « réel » de Dom Gérard Calvet, réalisent les uns la Fraternité Saint Pierre, les autres la Fraternité Saint Vincent Ferrier.

 

D’autres, existant déjà, profitant des circonstances et des largesses romaines, se font reconnaître officiellement, canoniquement. Qui, dans l’ordre bénédictin, Dom Gérard Calvet. Qui, dans les diocèses, l’Institut du Christ Roi, M l’abbè Wach, l’Institut de Marie Reine, le Rd Père Vladimir.

 

A toutes ces communautés reconnues officiellement et qui finiront par s’appeler : les « communautés Ecclesia Dei », des premiers mots du Motu Proprio de Jean-Paul II de 1988, est octroyé par Rome le plus large usage de la messe de Saint Pie V.

 

Sans considérer les autres objets de ce document, disons que c’est encore une « nouvelle variation romaine » sur la messe. Les nécessités font loi. Parfois….

 

Cet usage de la messe de Saint Pie V, octroyé nouvellement par Rome, est considéré par tous « comme un élément constitutif de leur société sacerdotale ». Du moins le croient-ils.

 

Le plus convaincu  sur ce sujet sera le Rd Pére de Bligniére. Il ne cessera de le dire, de l’écrire dans sa revue « Sedes sapientiae » et particulièrement dans son numéro 68.

 

(NB Analyse de ce document du P de Blignière.  Pour voir la « faiblesse » de l’argumentation du Père, il faut voir l’argument que lui opposera le Cardinal Medina . Voir Mon livre l’Enjeu de l’Eglise : la messe. Le livre 3 p. 393 et surtout p. 413 ).

 

(NB : voir en annexe IV  le texte du Père de Blignière)

 

Mais Rome gardera toujours sur ce sujet un silence courtois.

 

Quoiqu’il en soit, demain nous le dira, on est loin de ce fameux consistoire du 24 Mai 1976 où Paul VI demandait à tous de « célébrer dans la dignité et la ferveur la liturgie réformée ».( Itinéraires. Dec.1976 p.110)

 

La messe dite de Saint Pie V et son usage large ne semblaient plus être pour le Vatican, suite au sacre du 30 Juin 1988, un problème majeur.

 

Le Motu Proprio « Ecclesia Dei Adflicta » (EDA) du 2 Juillet 1988. Son analyse.

 

Le Souverain Pontife régnant, Jean-Paul II, l’exprime de fait clairement, le 2 Juillet 1988, dans sa lettre apostolique intitulée « Ecclesia Dei Adflicta ». Il demande, en effet à la Commission Pontificale qu’il  institue dans le but, d’assurer bon accueil à ceux qui   quitteront Mgr Lefebvre, « tout en voulant garder leur tradition spirituelle et liturgique » (EDA 6a). Le Pape précise même : « on devra respecter le désir spirituel de tous ceux qui se sentent liés à la Tradition  liturgique latine en faisant une application large et généreuse des directives données, en leur temps, par le Siège Apostolique pour l’usage du missel romain selon l’édition typique de 1962 ». (EDA 6c).

 

Alors, forts de cette « volonté généreuse » et de cette « généreuse paternité », ceux qui veulent rester fidèles à la messe dite de Saint Pie V, tout en n’acceptant pas les sacres par crainte du schisme, accourent à Rome.

 

Ils reçoivent, de fait,  bon accueil.

 

C’est le témoignage de Dom Gérard, le témoignage du Rd Père de Blignière, témoignages exprimés dans le livre de la Nef, « Enquête sur la messe traditionnelle ».

 

M. l’abbé Bisig , supérieur de la Fraternité saint Pierre,  en rend témoignage, lui aussi :

 

« Nous n’oublierons jamais la joie profonde de ces journées romaines lorsque nous avons pu célébrer la sainte messe selon le missel de 1962 sur le tombeau de Saint Pierre, après avoir été complètement réconciliés avec l’Eglise ». (Enquête sur la messe traditionnelle. p.95)

 

Tous, dans leur joie, ne prêtent guère d’attention à la note 9 du paragraphe 6, petit c de ce texte « Ecclesia Dei Adflicta ».

 

Certes, le pape demande que l’on fasse « une application large et généreuse « des directives données en leur temps par le Siège Apostolique pour l’usage du missel romain selon l’édition typique de 1962 ».

 

Mais quelle est donc la directive romaine en matière liturgique « pour l’usage du missel romain selon l’édition typique de 1962 » ? Il n’y en a qu’une, à cette époque : c’est la lettre « Quattuor abhinc annos » de 1984.

 

Et de fait, c’est à ce texte que renvoie le Motu Proprio. Certes, le Pape demande que ce texte de 1984 soit appliqué, enfin, avec largesse et générosité. Mais il est également demandé que pour pouvoir bénéficier de ce rite romain de 1962, il faut, tout de même, et en même temps reconnaître  « la légitimité et la rectitude doctrinale » du rite nouveau, issu du Concile Vatican II

 

Les autorités romaines, pour l’heure, n’insistent pas sur la question. Elles n’y font allusion que par une simple petite note, la note 9 du texte. Il fallait attirer sur le champ, loin de Mgr Lefebvre, le plus de prêtres possible, comme en 1984. Aussi n’était-ce pas l’heure des précisions « claires » mais de la générosité !

 

Tout le monde est dans la joie. Tous signent le Motu Proprio « Ecclesia Dei Adflicta ». Ils disaient même signer le protocole du 5 mai refusé finalement par Mgr Lefebvre… Mais Rome ne leur donne pas d’évêque, ce qui était prévu dans le Protocole, et Rome garde la majorité dans la commission « Ecclesia Dei Adflicta » Ce que refusait Mgr Lefebvre. Le  Vatican garde la haute main sur la tendance « traditionaliste ». Son pouvoir est sans partage. Et la lettre « Quattuor Abhinc Annos » est citée dans le texte … ce qui permettait d’assurer l’avenir et d’attendre des jours meilleurs… sans crainte. Ces jours viendraient inéluctablement. L’essentiel était sauf. Ses «  enfants » étaient dans la joie. Certains pensaient même avoir réussi, là où Mgr Lefebvre avait échoué…

 

 

Les générosités romaines

 

Rome donnait, donnait toujours plus, toujours davantage. Il fallait attirer le plus grand nombre loin de Mgr Lefebvre, cet «  évêque de fer qui troublait la paix ecclésiale ».

 

A la Fraternité Saint Pierre, les autorités romaines donnaient ses séminaires, un en Allemagne, un autre aux U.S.A.

 

On les visite dans leur pèlerinage à Chartres. C’est le Cardinal Meyer, très souriant qui les accueille à la Cathédrale. On leur adresse mille télégrammes du Pape. On facilite leurs implantations dans des diocèses américains. C’est toujours le Cardinal  qui intervient. Et quelle lettre n’adresse-t-il pas aux évêques d’Amérique?

 

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NB Lettre du cardinal Meyer

 

Annexe III

Lettre du Cardinal Meyer aux évêques des États-Unis

 

Le texte suivant est une lettre de date inconnue de la Commission Pontificale “Ecclesia Dei”, N° 500/90. Signée par le Cardinal Augustin Mayer, Préfet, elle a été envoyée à la Conférence Nationale des Évêques Catholiques et fut ensuite retransmise, par un mémorandum daté du 16 avril 1991 effectué par les bureaux du Secrétaire Général de cette même Conférence, à tous les évêques des États-Unis.

 

Excellence,

 

Je vous écris comme frère dans le collège épiscopal, chargé par le Saint-Père de mettre en application les dispositions de la Lettre Apostolique Ecclesia Dei du 2 juillet 1988. En m’adressant à vous, mon but est précisément de vous encourager dans l’exercice de votre mission pastorale envers ceux qui demandent légitimement la célébration de la Sainte Messe

selon l’édition typique du Missel Romain de 1962. Un bref retour sur les développements qui ont mené à l’institution d’Ecclesia Dei serait sans doute utile dans cette perspective.

 

1. Le 3 octobre 1984, la Sacrée Congrégation pour le Culte divin publia Quattuor abhinc annos par lequel le Saint-Père concédait aux évêques diocésains « la faculté d’user d’un indult par lequel les prêtres et les fidèles (…) pourront célébrer la Messe en utilisant le Missel Romain selon l’édition de 1962 ».

 

Les conditions suivantes étaient stipulées :

 

a) que ceux qui demandent la permission ne « mettent pas en doute la légitimité et la rectitude doctrinale du Missel Romain promulgué par le Pape Paul VI en 1970 » ;

b) que de telles célébrations soient accordées seulement aux groupes qui le demandent, hors des églises paroissiales (sauf permission de l’Évêque lors de circonstances extraordinaires) et soumises aux conditions posées par l’évêque ;

c) que « ces célébrations aient lieu selon le Missel de 1962, et en latin » ;

d) qu’il « n’y ait aucun mélange de textes et de rites entre les deux Missels » ; et

e) que chaque Évêque informe la Congrégation « des autorisations qu’il aura accordées, et que, un an après la concession de cet indult, il fasse un rapport sur le résultat de son application ».

 

2. Une “Commission Cardinalice instituée ad hoc”, chargée d’examiner l’usage de l’indult, se réunit en décembre 1986. Les Cardinaux tombèrent unanimement d’accord sur le fait que les conditions imposées par Quattuor abhinc annos étaient trop restrictives et devraient être élargies.

 

3. Comme vous le savez certainement, en réponse à l’ordination illicite d’Évêques à Écône le 30 juin 1988, et dans l’espoir de confirmer les principes qui avaient été établis dans le dialogue préalable, malheureusement infructueux, avec Monseigneur Marcel Lefebvre, le Saint-Père a publié le Motu Proprio Ecclesia Dei, le 2 juillet 1988.

 

Quoiqu’insistant sur le fait que la racine de l’acte schismatique de Mgr Lefebvre réside dans une « notion incomplète et contradictoire de la Tradition » qui manque de « tenir suffisamment compte du caractère vivant de la Tradition » (n° 4), il maintenait avec une égale fermeté qu’« il est nécessaire que tous les pasteurs et les autres fidèles aient une conscience nouvelle non seulement de la légitimité mais aussi de la richesse que représente pour l’Église la diversité des charismes et des traditions de spiritualité et d’apostolat ». (n° 5, a) Par là, s’adressant lui-même « à tous ces fidèles catholiques qui se sentent attachés à certaines formes liturgiques et disciplinaires antérieures de la tradition latine » et pas seulement aux anciens disciples de Mgr Lefebvre, il exprimait sa volonté « de garantir le respect de leurs légitimes aspirations ». (n° 5, c) Afin de pourvoir à ces légitimes désirs des fidèles, il a établi cette Commission Pontificale et indiqué sa pensée en regard de sa première tâche, c’est-à-dire : « On devra partout respecter les dispositions intérieures de tous ceux qui se sentent liés à la tradition liturgique latine, et cela par une application large et généreuse des directives données en leur temps pas le Siège apostolique pour l’usage du Missel Romain selon l’édition typique de 1962 » (n° 6, c).

 

En conséquence, nous désirons encourager votre Excellence à faciliter la célébration digne et respectueuse des rites liturgiques selon le Missel Romain de 1962 partout où se déclare un désir véritable de la part des prêtres et des fidèles. Ceci ne doit pas être interprété comme la promotion de ce Missel au préjudice de celui qui fut promulgué 8 ans après, mais simplement comme une disposition pastorale pour rejoindre les « droites aspirations » de ceux qui désirent accomplir le culte selon la tradition liturgique latine telle que célébrée durant des siècles.

À la lumière du Motu proprio du Saint-Père, nous proposons maintenant les suggestions et directives suivantes :

1. Il n’y a pas actuellement de raison pour laquelle la Messe dite Tridentine ne puisse être célébrée dans une église paroissiale où cela pourrait être un authentique service pastoral pour les fidèles qui le demandent, en prenant bien soin naturellement d’une harmonieuse intégration à l’horaire liturgique paroissial déjà existant.

2. La régularité et la fréquence de la célébration de cette liturgie — savoir si elle sera célébrée les dimanches, fêtes chômées et/ou en semaine — dépendra des besoins des fidèles. Notre recommandation est la suivante : là où les fidèles ont fait la demande d’une célébration régulière de la Messe selon le Missel Romain de 1962, une Messe par semaine le dimanche et les fêtes chômées peut être prévue, dans un lieu central et à une heure convenable comme base d’essai pour une période de quelques mois. Après quoi une évaluation supplémentaire et un ajustement devraient être faits.

3. Naturellement, les célébrants de la Messe Tridentine ne devraient pas manquer, dans leurs homélies et dans les contacts avec les fidèles fréquentant de telles Messes, de souligner leur propre adhésion à la loi de l’Église universelle et leur conviction de la valeur doctrinale et juridique de la liturgie telle qu’elle a été réformée après le deuxième Concile du Vatican. Dans ces conditions, il ne semble pas nécessaire, et même trop pénible, d’imposer d’autres restrictions à ceux qui désirent assister à de telles célébrations.

4. Quoique le Saint-Père ait donné à cette Commission Pontificale la faculté d’accorder l’usage du Missel Romain selon l’édition typique de 1962 à tous ceux qui le demanderaient, à charge à cette Commission d’en informer l’Ordinaire approprié, nous préférerions de beaucoup que de telles facultés soient accordées par l’Ordinaire lui-même dans l’intérêt de renforcer le lien de la communion ecclésiastique entre ces prêtres et ces fidèles et leurs pasteurs locaux.

5. Dans la ligne de la « large et généreuse application » des principes posés par Quattuor abhinc annoset des directives des Pères du Second Concile du Vatican (cf. Sacrosanctum Concilium51 & 54), le nouveau Lectionnaire en langue vernaculaire peut être utilisé comme une voie pour « présenter avec plus de richesse la table de la parole de Dieu » dans les Messes célébrées selon le Missel de 1962. Cependant, nous croyons que cet usage ne devrait pas être imposé aux communautés qui désirent fermement maintenir l’ancienne tradition liturgique dans son intégrité selon ce qui est prévu par le Motu Proprio Ecclesia Dei. Une telle attitude risquerait d’avoir pour le moment un effet défavorable pour le retour à la pleine communion avec l’Église de ceux qui ont glissé dans un culte schismatique.

6. Puisque un certain nombre de prêtres âgés et retirés, qui ont gardé un profond attachement à la tradition liturgique latine antérieure, ont demandé à leur Ordinaire ou à cette Commission Pontificale d’obtenir le celebret pour l’usage du Missel de 1962, il semblerait particulièrement approprié d’utiliser leurs services pour la célébration de cette Messe, là où cela est possible. Et l’on découvrira sans doute que des prêtres, qui n’avaient pas demandé cette faculté, seraient néanmoins heureux d’exercer cette forme spéciale de soin pastoral envers ceux qui le demandent.

J’ajoute enfin, Excellence, que mon sincère désir est que cette lettre fraternelle soit pour nous, membres du collège épiscopal, une invitation à exercer le munus épiscopal décrit dans Lumen Gentium 23 de si belle manière : « Les évêques, chacun pour sa part, placés à la tête de chacune des Églises particulières, exercent leur autorité pastorale sur la portion du peuple de Dieu qui leur a été confiée, et non sur les autres Églises ou sur l’Église universelle.

Mais comme membres du collège épiscopal et légitimes successeurs des apôtres, chacun d’entre eux est tenu, à l’égard de l’Église universelle, de par l’institution et le précepte du Christ, à cette sollicitude qui est, pour l’Église universelle, éminemment profitable, même si elle ne s’exerce pas par un acte de juridiction. Tous les évêques, en effet, doivent promouvoir et sauvegarder l’unité de la foi et la discipline commune de l’ensemble de l’Église.

Je me réjouis d’avoir l’opportunité de vous exprimer mes meilleurs vœux pour l’exercice de votre charge sur le troupeau confié à vos soins et de vous assurer de ma collaboration empressée afin que, en toutes circonstances, Dieu soit glorifié dans le culte de Sa Sainte Église.

Augustin, Cardinal Meyer, Préfet

 

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A la Fraternité Saint Vincent Ferrier, les mêmes autorités religieuses concèdent  une reconnaissance de droit pontifical. Elle existait à peine. Les portes des archives vaticanes sont ouvertes.

 

On entoure M l’abbé Wack et son institut de toutes les grandeurs cardinalices. Le Cardinal Stickler s’y prête volontiers.

 

A dom Gérard et à son monastère, on donne tous les honneurs, la mitre, la crosse, le titre d’abbé, l’abbatial. On vient de Rome consacrer le tout.

 

Tout cela faisait beaucoup, était beau… trop beau … Peut-être !

 

Des nuages, cependant, s’annoncent à l’horizon. (1) Les mêmes épiscopats qui avaient fait pression hier à Rome, en 1986 contre les normes cardinalices et qui avaient retenu la main du Pape pour qu’il ne signe pas le document proposé par la « commission des neuf cardinaux », ne se prêtent pas facilement à pareille politique. Ils font des réticences. Beaucoup même refusent d’ouvrir les paroisses à cette messe de toujours en latin. Ils craignent et même ne veulent pas dans leur diocèse de « bi-ritualisme ». L’évêque de Luçon (Vendée) le déclare  publiquement…au nom de tous.

 

Cela était gênant. Vraiment. Cela assombrissait les cœurs. . Mais Rome était présent et semblait soutenir franchement la restauration liturgique.

 

D’autant que le Cardinal Ratzinger, le cardinal Stickler soutenaient largement cette nouvelle tendance… (Cf le chapitre suivant, le chapitre 5)

 

Mais ce souhait du retour de la messe ancienne n’était pas partagé par tous à Rome. Loin s’en faut. Comme le dit M Jean Madiran, le parti « montinien » solidement implanté dans les bureaux romains, s’y opposait fortement.

 

Je voudrais vous en donner une preuve claire.

 

(1) : ces nuages sont loin d’être encore aujourd’hui dissipés. Voir la réponse de M l’abbé Navas à la lettre que  Mgr Bux vient d’adresser à Mgr Fellay pour l’encourager à signer.

a- La lettre de Mgr Bux

b- la réponse de M l’abbé Navas.

a- La lettre de Mgr Bux

a-[Mgr Nicola Bux] À son excellence Mgr Bernard Fellay et aux prêtres de la Fraternité sacerdotale saint Pie X

 

Excellence Révérendissime,

Bien chers Frères,

La fraternité chrétienne est plus forte que la chair et que le sang parce qu’elle nous offre, grâce à la divine Eucharistie, un avant-goût du paradis.

Le Christ nous a invités à faire l’expérience de la communion, c’est en cela que consiste notre “je”. La communion, c’est estimer a priori son prochain, parce que nous avons en commun avec lui l’unique Sauveur. De ce fait, la communion est prête à tout sacrifice au nom de l’unité ; et cette unité doit être visible, comme nous l’enseigne l’ultime invocation de la prière adressée par Notre Seigneur à son Père – “ut unum sint, ut credat mundus” –, parce qu’elle est le témoignage décisif des amis du Christ.

Il est indéniable que de nombreux faits du concile Vatican II et de la période qui l’a suivi, liés à la dimension humaine de cet événement, ont représenté de vraies calamités et causé de vives douleurs à de grands hommes d’Église. Mais Dieu ne permet pas que Sa Sainte Église puisse en arriver à l’autodestruction.

Nous ne pouvons pas considérer la dureté du facteur humain sans avoir confiance dans le facteur divin, c’est-à-dire dans la Providence qui, tout en respectant la liberté humaine, guide l’histoire, et en particulier l’histoire de l’Église.

L’Église est à la fois institution divine, divinement garantie, et produit des hommes. L’aspect divin ne nuit pas à celui humain – personnalité et liberté – et ne l’inhibe pas nécessairement; l’aspect humain, demeurant entier, et même compromettant, ne nuit jamais à celui divin.

Pour des raisons de Foi, mais aussi en raison des confirmations, même lentes, que nous observons au plan historique, nous croyons que Dieu a préparé et continue de préparer au fil de ces années des hommes dignes de remédier aux erreurs et aux abandons que nous déplorons tous. Déjà apparaissent, et apparaîtront toujours plus, de saintes œuvres isolées les unes des autres mais qu’une stratégie divine relie à distance et dont l’action constitue un dessein ordonné, comme cela survint miraculeusement à l’époque de la douloureuse révolte de Luther.

Ces interventions divines semblent se multiplier à mesure que les faits se compliquent. L’avenir le démontrera, comme nous en sommes convaincus, et déjà semble poindre l’aurore.

Pendant quelques instants, l’aurore, incertaine, lutte avec les ténèbres, lentes à se retirer, mais quand elle pointe on sait que le soleil est là et qu’il poursuit immanquablement sa course dans les cieux.

Avec sainte Catherine de Sienne, nous voulons vous dire : “Venez à Rome en toute sécurité”, auprès de la maison du Père commun qui nous a été donné comme principe et fondement visibles et perpétuels de l’unité catholique.

Venez prendre part à cet avenir béni dont on entrevoit déjà, en dépit des ténèbres persistantes, l’aurore.

Votre refus augmenterait les ténèbres et non la lumière. Or nombreux sont les éclairs de lumière que nous admirons déjà, à commencer par ceux de la grande restauration liturgique opérée par le motu proprio “Summorum Pontificum”. Celle-ci suscite dans le monde entier un large mouvement d’adhésion de la part de tous ceux, et notamment les jeunes, qui entendent magnifier le culte du Seigneur.

Comment ne pas considérer en outre les autres gestes concrets et chargés de signification du Saint Père, comme la levée des excommunications aux évêques ordonnés par Mgr Lefebvre, l’ouverture d’un débat public sur l’interprétation du concile Vatican II à la lumière de la Tradition et, à cet effet, le renouvellement de la Commission Ecclesia Dei ?

Il demeure certainement des perplexités, des points à approfondir ou à préciser, comme celui de l’œcuménisme et du dialogue interreligieux (qui a d’ailleurs déjà fait l’objet d’une importante clarification apportée par la déclaration Dominus Jesus de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi du 6 août 2000) ou celui de la manière dont est comprise la liberté religieuse.

Sur ces thèmes aussi, votre présence canoniquement garantie dans l’Église aidera à plus de lumière.

Comment ne pas songer à la contribution que vous pourrez apporter, grâce à vos ressources pastorales et doctrinales, à votre capacité et votre sensibilité, au bien de toute l’Église ?

Voici le moment opportun, l’heure favorable pour revenir. Timete Dominum transeuntem : ne laissez pas passer l’occasion de grâce que le Seigneur vous offre, ne la laissez pas passer à côté de vous sans la reconnaître.

Le Seigneur en concèdera-t-il une autre ?

Ne devrons-nous pas comparaître tous un jour devant Son Tribunal et répondre non seulement du mal commis mais surtout de tout le bien que nous aurions pu faire et que nous n’avons pas accompli ?

Le cœur du Saint Père frémit : il vous attend avec anxiété parce qu’il vous aime, parce que l’Église a besoin de vous pour une profession de foi commune face à un monde toujours plus sécularisé et qui semble tourner irrémédiablement le dos à son Créateur et Sauveur.

Dans la pleine communion ecclésiale avec la grande famille que constitue l’Église catholique, votre voix ne sera pas étouffée, votre engagement ne sera ni négligeable ni négligé mais pourra donner, avec celui de tant d’autres, des fruits abondants qui demeureraient autrement gâchés.

L’Immaculée nous enseigne que trop de grâces viennent perdues parce qu’elles ne sont pas demandées : nous sommes convaincus qu’en répondant favorablement à l’offre du Saint Père, la Fraternité sacerdotale saint Pie X deviendra un instrument pour allumer de nouveaux rayons aux doigts de notre Mère céleste.

En ce jour qui lui est dédié, que saint Joseph, époux de la Bienheureuse Vierge Marie, Patron de l’Église universelle, veuille inspirer et soutenir vos résolutions : “Venez à Rome en toute sécurité”.

Rome, 19 mars 2012
Fête de saint Joseph

b- La réponse de M l’abbé Navas : [Fecit] Un responsable de l’IBP répond à Mgr Nicolas Bux

Source :  Fecit – 24 mars 2012


L’abbé Navas, responsable de l’IBP en Amérique du Sud commente la lettre ouverte de Mgr Nicolas Bux sur sa page facebook :

Mgr Nicolas Bux lance un appel à Mgr Fellay :

« Dans la pleine communion ecclésiale avec la grande famille que constitue l’Église catholique, votre voix ne sera pas étouffée, votre engagement ne sera ni négligeable ni négligé mais pourra donner, avec celui de tant d’autres, des fruits abondants qui demeureraient autrement gâchés. »

Comme j’aimerais que ces belles choses soient vraies :

Je ne nie pas la bonne volonté de Mgr Nicolas Bux, mais la réalité est toute autre et le traitement réservé à l’Institut du Bon Pasteur (IBP) par une partie des évêques du Chili, en particulier de Santiago et ses environs, prouve le contraire. Ils n’acceptent pas l’IBP avec sa spécificité reçue du Saint Siège et consacrée par l’approbation de ses statuts. On va jusqu’à nier son existence canonique. Mépris et dédain, indifférence et relégation, telles sont les formes modernes de persécution ecclésiastique de cette partie de « la grande famille catholique ». […] Célébrer exclusivement selon le rite traditionnel, s’engager, à l’appui de nos statuts, à collaborer avec le pape, quand cela est possible, à une lecture du concile Vatican II à la lumière de la Tradition, voilà le « grand péché ».

 

Les divisions romaines.

Correspondances entre Monseigneur RÉ et Monsieur de Saventhem.

 

a- Lettre de Monsieur de Saventhem d’octobre 1993

 

Toutefois, pour nouveau qu’il soit, ce langage des  cardinaux  Ratzinger et Stickler était loin de faire, à l’époque,  l’unanimité  à Rome.

Au même moment,  nous prenions connaissance – en juin 1998 – de la pensée de Monseigneur Ré – substitut de la Secrétairerie d’Etat.

 

La Nef (1998) publie en effet  son fameux livre « Enquête sur la messe traditionnelle ».  En annexe du livre, les auteurs – Christophe Geoffroy et Philippe Maxence – publient – avec l’autorisation des auteurs – les échanges épistolaires entre Monseigneur Ré et Monsieur de Saventhem. Elles datent des années 93 – 94, mais ne furent connus qu’en 1998.

Monsieur de Saventhem – le 19 octobre 1993 – écrit au Souverain Pontife pour lui demander une plus large application des dispositions prévues pour le Motu Proprio « Ecclesia Dei adflicta ».  Il va même jusqu’à demander le libre usage, à côté du nouveau rite, de l’ancien rite de la messe :

« Pouvons-nous proposer à votre Sainteté de bien vouloir prendre en considération la demande suivante :

– que l’ordo traditionnel de la liturgie romaine soit formellement reconnu comme faisant partie de la Tradition vivante de l’Eglise et

-que cet ordo de la liturgie soit reconnu « comme égal en droit et en dignité » parmi tous les autres rites de l’Eglise légitimement reconnus, en accord avec l’article 4 de « Sacro sanctum Concilium ».

« Il s’en suivrait que les prêtres et les fidèles attachés  ou attirés par l’ancienne lex orandi  jouiraient de libertés et facilités de culte analogues à celles qui sont actuellement concédées à ceux qui appartiennent aux différentes Eglises uniates. »

 

La demande était claire. Un vif appel en faveur de la messe de toujours et de son droit dans l’Eglise ce qui correspondait parfaitement aux « normes cardinalices de 1986 », en particulier à la 3ème norme cardinalice.  Les cardinaux eux aussi demandaient :  « Pour chaque messe célébrée en langue latine, avec ou sans fidèles présents, le célébrant a le droit de choisir librement entre le missel de Paul VI (1970) et celui de Jean XXIII (1962) ».

Le 17 janvier 1994, Monseigneur Battista Re, substitut à la 1ère première section des affaires générales de la Secrétairerie d’Etat lui répond au nom du Pape.

 

b- Réponse de Monseigneur RÉ – 1994

 

Sa réponse est sèche … alors que la lettre de Monsieur de Saventhem au Pape était particulièrement déférente. Elle a l’avantage toutefois de montrer clairement les divergences dans le langage des hautes autorités de l’Eglise et surtout de donner au nom du pape l’exégèse authentique  – du Motu Proprio « Ecclesia Dei adflicta ».

Voici :

« Monsieur le Président,

 

« Comme suite à notre correspondance de l’été 1993 vous m’avez fait parvenir l’exposé des  requêtes que vous souhaitiez présenter au Saint Père.  Conformément à ses instructions votre mémoire a été attentivement examiné et je suis en mesure de vous répondre. »

« Par le Motu Proprio « Ecclesia Dei », l’usage du missel romain approuvé en 1962 a été concédé à certaines conditions.  Les diverses dispositions prises depuis 1984 avaient pour but de faciliter la vie ecclésiale d’un certain nombre de fidèles sans pérenniser pour autant les formes liturgiques antérieures.  La loi générale demeure  l’usage du rite rénové depuis le Concile, alors que l’usage du rite antérieur relève actuellement de privilèges qui doivent garder le caractère d’exception …Le  premier devoir de tous les fidèles est d’accueillir et d’approfondir les richesses de sens que comporte la liturgie en vigueur dans un esprit de foi et d’obéissance au Magistère en évitant toute tension dommageable à la Communion ecclésiale.  Le Saint Père forme le vœu que votre association contribue à ce dessein.

 

Veuillez croire ……+ G.B. RÉ, Substitut

 

La réponse est claire : approfondissez les richesses de la liturgie actuelle et laissez donc tomber votre requête en faveur de la messe ancienne. Elle est dommageable à la communion ecclésiale et elle risque d’être la manifestation d’un manque de foi et d’obéissance dues au Magistère et de toute façon : la loi générale demeure l’usage du rite rénové depuis le Concile.  L’indult de 84 aété accordé pour favoriser l’unité ecclésiale et nullement pour   pérenniser  dans l’église la messe ancienne.

 

Nous sommes – de nouveau – ici, avec Monseigneur Ré – très proche de l’esprit du Consistoire de 1976.

 

Quelles différences dans les prises de position de la hiérarchie.

Il ne faut donc pas s’étonner de l’ « ostracisme » de certains épiscopats en l’affaire liturgique.  Ils pouvaient se sentir appuyés –  lors de leur visite « ad limina » par certains, par Monseigneur Ré, en particulier, par la Secrétairerie d’Etat, Mgr Villot.

 

c-Réponse de Monsieur de Saventhem

 

La réponse de Monsieur de Saventhem est cinglante, mais juste.   Elle est même un joyau qu’il faut admirer.  Il relève la formule « sans pérenniser pour autant les formes liturgiques antérieures » ainsi que l’expression finale : « les richesses de sens ».

 

« Monseigneur,

……

 

« Même ecclésiologiquement, cette clause paraît indéfendable.  La « liturgie classique » du rite romain de la messe est déjà douée de pérennité intrinsèque en tant que monument incomparable de la foi.  Son usage universel et multi-séculaire bien avant la Constitution apostolique « Quo Primum » lui confère en outre la pérennité canonique de la « consuetudo immemorabilis ».  Par conséquent, la « pérennisation » dont parle votre lettre n’est aujourd’hui ni à octroyer ni à ôter à la liturgie classique – elle est simplement à reconnaître et à faire respecter dans les dispositions réglant son emploi à côté des rites réformés. »

…….

« Permettez-moi, Excellence, de formuler une ultime demande de clarification, relative au dernier alinéa de votre lettre.  Qu’entendez-vous par « les richesses de sens » que comporte, d’après vous, la liturgie en vigueur ?  Au sein de notre mouvement, beaucoup se sont livrés à la recherche de telles richesses, au rythme de la promulgation successive des livres liturgiques réformés. Ils ont fait état des résultats de leurs travaux dans un nombre impressionnant de livres, de monographies, d’études et commentaires, dont nul ne peut contester le sérieux.  S’ils ont pu noter une augmentation quantitative – oraisons, lectures, préfaces et même prières eucharistiques – des textes désormais mis à la disposition de ceux qui organisent les célébrations, ils ont en même temps dû constater une baisse généralisée dans leur contenu théologique, menant à la « banalisation » de nos fonctions liturgiques au détriment de leur sacralité et donc de leur identité catholique. Parallèlement, il y a eu un rapprochement continu aux services religieux de diverses communautés non-catholiques. »

« En d’autres mots : la liturgie catholique romaine a dû payer les frais de « l’option œcuménique » !  Et au lieu d’un enrichissement de la tradition liturgique de l’Eglise catholique, on a vu le gaspillage de son patrimoine le plus précieux.  N’est-il pas du « premier devoir » de tout catholique fidèle d’œuvrer à la sauvegarde de cet unique trésor, instrument principal de l’évangélisation, confié à l’Eglise par Notre Seigneur pour le salut de toutes les âmes ? »

« Je me remets à l’indulgence de Votre Excellence vu la longueur de cette lettre.  Bien que nous espérons recevoir des réponses détaillées par écrit, ma femme et moi restons à votre entière disposition pour un nouvel entretien à Rome où ces réponses pourraient être données verbalement. »

En attendant vos consignes, je vous prie, Monseigneur Excellentissime, d’agréer l’assurance de nos sentiments tout reconnaissants et dévoués en Notre Seigneur»

Monsieur de Saventhem.

 

Retenons ces dernières phrases. Elles sont  très belles, il est vrai.  Elles expriment tout le problème dont nous souffrons dans l’Eglise.

Elles expriment la raison de la « bataille de la Messe ».

« Il est du premier devoir de tout catholique fidèle d’œuvrer à la sauvegarde de cet unique trésor – (la messe traditionnelle) – instrument principal de l’évangélisation, confiée à l’église par Notre Seigneur pour le salut de toutes les âmes ».

Il ne recevra plus de réponse de Monseigneur Ré …

 

 

 

Les oppositions de l’épiscopat français au retour de la messe tridentine

 

Voir l’affaire du Chamblac. Cf L’enjeu de l’Eglise : la Messe. Livre 1

 

Voir l’affaire de Lisieux : cf. l’enjeu de l’Eglise : la Messe.

 

 

 

 

 

Annexe IV: le texte du Père de Blignière.

 

1999 – [Fr. Louis-Marie de Blignières – Sedes Sapientiae] Actes fondateurs et gestes de Communion

SOURCE – Fr. Louis-Marie de Blignières, Fraternité Saint-Vincent Ferrier – Sedes Sapientiae n°68 – Juillet 1999


Le pèlerinage à Rome pour le dixième anniversaire du Motu proprio Ecclesia Dei a confirmé la vitalité du courant traditionnel dans l’Eglise. La presse a parlé à cette occasion, de façon un peu provocante, du « soutien de Rome aux tradis ». Le discours du Saint-Père lors de l’Audience du 26 octobre 1998, avec son invitation fraternelle aux évêques « à avoir une compréhension et une attention pastorale renouvelée aux fidèles attachés à l’ancien rite », a surpris ceux qui pensaient que les dispositions du Motu proprio avaient un caractère exceptionnel et provisoire.
Nous nous proposons de tenter de mieux faire comprendre l’une des caractéristiques des instituts de la mouvance d’Ecclesia Dei : vivre la pleine communion ecclésiale dans la fidélité aux rites traditionnels et manifester cette communion par des signes cohérents avec ce choix fondamental. Pour cela, nous devons rappeler la nature de leurs actes fondateurs : après les avoir replacés dans leur contexte historique, et avoir indiqué les intentions spécifiques qui les ont animés, nous soulignerons leur caractère de jugements prudentiels. Puis, dans la ligne du charisme propre de ces instituts, nous réfléchirons sur les gestes d’unité demandés par le Saint-Père « à tous les catholiques », pour que « la légitime diversité et les différentes sensibilités, dignes de respect, ne les séparent pas les uns des autres » .

1. Contexte historique
a. La crise de l’Église

La réalité d’une « crise de l’Eglise », imbriquée dans la crise de la modernité qui affecte le monde de la pensée et la société civile, est aujourd’hui de plus en plus reconnue : crise d’identité dans le rapport au monde, dans la transmission catéchétique de la foi, dans l’élan missionnaire, dans la spécificité sacerdotale, dans la vie religieuse, crise enfin des vocations et crise de la liturgie. Paul VI et Jean-Paul II, ainsi que le Cardinal Ratzinger et d’autres hauts responsables, ont indiqué, à la suite de nombreux analystes du dedans et du dehors, la présence de ces diverses composantes, mêlées à d’indéniables éléments positifs et à de nombreux signes d’espérance, dans la vie ecclésiale depuis une trentaine d’années.

La naissance des instituts Ecclesia Dei ne saurait être comprise sans la référence à ce contexte de crise postconciliaire. Vatican II se proposait de réaffirmer et développer le trésor de la doctrine catholique, en indiquant les voies pastorales qui semblaient les plus opportunes pour qu’elle atteigne les hommes contemporains : « Il importe que cette doctrine certaine et immuable, à laquelle on doit se soumettre fidèlement, soit étudiée et exposée d’une manière conforme aux exigences de notre temps» . Il n’est pas dans notre propos d’étudier toutes les solutions pastorales dont le Concile, dans l’optimisme des années soixante, ouvrait les voies. Nous ne chercherons pas non plus si les réformes postconciliaires n’ont pas largement dépassé ce que demandaient les Pères conciliaires.

Avec le recul du temps, il apparaît que plusieurs de ces réformes, en elles-mêmes et plus encore dans leur application, furent marquées de notables déficiences, qui compromirent la mise en œuvre des justes intuitions des Pères conciliaires. Trois de ces carences jouèrent, nous semble-t-il, un rôle important. D’abord l’aspect pastoral a pris le pas sur le fondement doctrinal rappelé et développé par le Concile. Ensuite le souci de la continuité et de l’homogénéité consubstantielle à la croissance du dogme et à l’évolution de la liturgie a été insuffisant. Enfin la rapidité et l’universalité des réformes, jointes à la brutalité de leur mise en application, ont fait contraste avec les déclarations sur la suppression de l’arbitraire.

Cette période a été celle d’une crise profonde de la notion même de Tradition. En dépit des rappels doctrinaux de Paul VI , la continuité de la Tradition a paru ébranlée au point que l’aile progressiste parla, pour s’en réjouir, de rupture, arrivant en certains cas à la dissidence ouverte quant au contenu de la foi. D’un autre côté, le lien du magistère vivant avec la Tradition a semblé obscurci par l’insistance sur la nouveauté et l’urgence des réformes. De nombreux fidèles se sont sentis abandonnés aux mains de novateurs, et ont déserté la pratique ou se sont installés aux marges, jusqu’à rompre en certains cas les liens de la communion hiérarchique.

Les points les plus sensibles de ce processus furent l’enseignement de la théologie, la question des catéchismes et celle de la liturgie. « Je suis convaincu, écrit le Cardinal Ratzinger, que la crise de l’Eglise que nous vivons aujourd’hui repose largement sur la désintégration de la liturgie. » En ces trois domaines, de réels progrès pouvaient être réalisés, en prenant en compte les directives du Concile en leur ligne essentielle. Mais la clef d’un progrès authentique est le respect de l’acquis légué par les prédécesseurs, et dans le cas de l’Eglise animée par le Saint-Esprit, la piété filiale vis-à-vis de « la Tradition qui nous vient du Seigneur par les Apôtres, telle qu’elle s’est constituée tout au long de l’Histoire » .

On retrouve sur ces trois points-clés les carences signalées plus haut. L’obnubilation sur une perspective d’adaptation pastorale finit par évacuer, jusqu’à la faire juger incongrue, la question du contenu doctrinal qui norme toute action juste dans l’Eglise. Ceci a été particulièrement spectaculaire dans la nouvelle pédagogie catéchétique, dont l’échec est aujourd’hui patent. L’absence du souci de la continuité et de l’homogénéité finit par couper la théologie de ses sources normatives et par compromettre le cœur de la formation sacerdotale. Il aurait fallu au contraire intégrer un enrichissement scripturaire et patristique à la structuration spéculative apportée par la sagesse thomiste recommandée par le Concile . Enfin les réformes liturgiques ont, dans l’espace de quelques courtes années, profondément modifié tous les rites, et ont imposé les changements sans guère demander son avis au peuple chrétien, et sans laisser subsister les formes anciennes. Ceci est frappant dans le cas de la Messe, dont la forme tridentine du Missel latin classique a été, sinon formellement abrogée, du moins pratiquement obrogée par l’imposition quasi-universelle du nouvel Ordo Missæ .

b. L’évolution en cours

Cette situation a cependant évolué depuis une quinzaine d’années. La carence des catéchismes, signalée dès 1983 par le Cardinal Ratzinger, a trouvé un commencement de solution par la parution du Catéchisme de l’Église Catholique en 1992. Les grands documents pontificaux des dernières années, Veritatis splendor, Ordinatio sacerdotalis, Evangelium vitæ, Ad tuendam fidem, Fides et ratio, soulignent le caractère normatif du contenu de la foi, son harmonie avec les vérités naturelles, et l’importance de la continuité de la Tradition. Enfin, la crise de la liturgie est aujourd’hui reconnue au-delà des cercles traditionalistes , les abus font l’objet de certaines mises en garde, et la Messe tridentine, avec l’Indult de 1984 et le Motu proprio de 1988, commence à sortir de l’interdit de fait qui pesait sur elle.

Le 2 juillet 1988 paraît en effet le Motu proprio Ecclesia Dei . Si l’occasion qui lui a donné naissance est la consécration, contre la volonté formelle du Pape, de quatre évêques par Mgr Marcel Lefebvre, cet acte pontifical dépasse largement ce seul problème. D’abord par son contenu : une méditation de grande ampleur sur la Tradition, dont il souligne le développement homogène et continu et le lien intérieur avec le magistère vivant (n. 4), et aussi une claire affirmation de « la légitimité (…) de la diversité des charismes et des traditions de spiritualité et d’apostolat » (n. 5a). Ensuite par ses destinataires, qui sont non seulement « ceux qui ont été liés au mouvement issu de Mgr Lefebvre » (n. 5c), mais aussi « tous les fidèles catholiques, (…) les évêques » (n. 5a) (…) « les théologiens et experts » (n. 5b). Le Pape les invite tous à « réfléchir sincèrement sur la fidélité à la Tradition » et à « refuser toutes les interprétations erronées et les applications abusives en matière doctrinale, liturgique et disciplinaire » (n. 5a).

Cet acte du magistère, loin d’être purement de circonstance, s’inscrit dans le souci de réaffirmer la continuité qui marque particulièrement ces dernières années du Pontificat. L’espoir qui anime le Saint-Père, c’est de faire cesser la mentalité d’opposition dialectique qui rend impossible une lecture vraiment catholique de Vatican II, comme élément de « la doctrine de l’Eglise, héritière fidèle de la Tradition existant déjà depuis près de vingt siècles comme réalité vivante qui progresse » . C’est aussi de montrer qu’une réforme qui ne craint pas de laisser une certaine place dans l’Eglise aux « formes liturgiques et disciplinaires antérieures » est digne de créance quand elle affirme sa continuité.

A l’appui de cette lecture d’Ecclesia Dei comme document dépassant les circonstances qui ont été à son origine, on peut remarquer que dans l’Audience du 26 octobre 1998, le Pape ne fait aucune référence à « l’acte schismatique » des sacres du 30 juin 1988, pour expliquer comment « l’on doit lire et appliquer le Motu proprio Ecclesia Dei » .

2. Intentions spécifiques
a. Le texte de référence

C’est sur cette toile de fond que se détachent les actes fondateurs des instituts Ecclesia Dei . Existant depuis plusieurs années avant le Motu proprio, ou fondés dans sa prolongation, ils ont reçu leur statut canonique grâce (ou en référence) à lui. Les uns étaient érigés par la Commission Pontificale Ecclesia Dei en vertu des pouvoirs spéciaux reçus du Souverain Pontife , les autres recevaient d’elle des facultés liturgiques .

Dans tous les cas, le texte de référence qui éclaire les actes fondateurs est un passage d’Ecclesia Dei auquel renvoie le Rescrit du 18 octobre (n. 6a). Il concerne ceux qui « ayant eu des liens avec la Fraternité fondée par Mgr Lefebvre, désirent rester unis au successeur de Pierre dans l’Église catholique, en conservant leurs traditions spirituelles et liturgiques selon (iuxta) le Protocole signé le 5 mai précédent par le Cardinal Ratzinger et Mgr Lefebvre » . Deux éléments intègrent donc l’acte par lequel les fondateurs des instituts Ecclesia Dei ont demandé à l’Autorité ecclésiastique la reconnaissance canonique de leurs fondations :

– Vivre dans l’union au pape et donc dans la pleine communion hiérarchique de l’Eglise, avec toutes ses exigences et tous ses bienfaits ;

– Conserver le patrimoine de leurs traditions propres, et ceci selon les normes précises données par un texte désigné nommément.

Ces éléments, constitutifs du charisme fondateur de chacun des instituts, ont été reçus ou approuvés par l’Autorité : pour Le Barroux dans la Notification officielle de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi du 25 juillet 1988 (qui fait référence explicitement à ce passage), pour les autres instituts dans les décrets d’érection, qui y renvoient implicitement en mentionnant que la Commission agit « en vertu des facultés spéciales qui lui ont été conférés par le Souverain Pontife Jean-Paul II » .

Dans la fondation d’un institut, il faut en effet prendre en compte les deux actuations qui interviennent.

D’une part, celle des fondateurs selon leur charisme. L’expression, employée par Paul VI , est reprise par Jean-Paul II : « Il est avant tout demandé d’être fidèle au charisme fondateur et au patrimoine spirituel constitué dans chaque institut » , et elle est utilisée par lui, tant dans le texte du Motu proprio qu’à l’Audience accordée pour le dixième anniversaire d’ Ecclesia Dei.

D’autre part, l’action de la hiérarchie, qui conformément au principe de subsidiarité, ne se substitue pas à la première, mais donne ou refuse la garantie d’authenticité : « D’une part [l’Esprit de Dieu] suscite directement l’activité des croyants en ouvrant des voies nouvelles et inédites à l’annonce de l’Evangile, de l’autre il rend leur œuvre authentique à travers l’intervention officielle de l’Eglise. » Pour indiquer qu’il existe bien deux sujets d’action, Vatican II décrit « la fonction de la hiérarchie dans l’Eglise » par rapport aux règles « proposées » par les fondateurs par le verbe « recevoir (recipit) » .

Pour comprendre la portée des actes qui ont donné naissance aux instituts Ecclesia Dei, il est donc nécessaire de les référer à ces deux actions et aux intentions spécifiques qu’elles manifestent. D’abord celle de l’autorité. Aux supérieurs des instituts Ecclesia Dei, les Cardinaux Ratzinger et Mayer, chargés par le Pape de ce dossier, ont durant l’été 1988 « proposé de la part du Saint-Père le Protocole signé le 5 mai et dénoncé dans la nuit du 5 au 6 mai » . Ensuite celle des fondateurs qui ont accepté cette proposition et soumis, selon cette norme précise, leurs projets de vie à l’approbation canonique.

b. L’intention de la hiérarchie
Quelle est donc cette norme selon laquelle les deux parties, chacune à son rang, se sont loyalement engagées ? Elle comporte une Déclaration doctrinale et des dispositions juridiques. La Déclaration est composée de cinq points :

– 1. Une profession de fidélité à l’Eglise catholique et au Pontife Romain.

– 2. L’acceptation de la doctrine de Lumen gentium n. 25 sur le magistère et l’adhésion qui lui est due.

– 3. L’engagement à une attitude positive d’étude et de communication avec le Siège apostolique, « à propos de certains points enseignés par le Concile Vatican II ou concernant les réformes postérieures de la liturgie et du droit, et qui paraissent difficilement conciliables avec la Tradition ».

– 4. La reconnaissance de la validité de la Messe et des Sacrements célébrés, avec l’intention de faire ce que fait l’Eglise, selon les éditions typiques promulguées par Paul VI et Jean-Paul II.

– 5. La promesse du respect des lois disciplinaires de l’Eglise, spécialement celles du Code de droit canonique de 1983, « étant sauve la discipline concédée à la Fraternité [Saint-Pie-X] par une loi particulière».

Ce qui frappe dans ces conditions, c’est d’abord leur concision et leur adéquation à la théologie la plus classique. L’autorité considère comme catholique le baptisé qui, soumis à la Hiérarchie (n. 1), adhère à la doctrine catholique selon l’assentiment dû au magistère (n. 2), reconnait la validité des sacrements célébrés selon les rites approuvés (n. 4), et obéit aux lois de l’Eglise (n. 5). On retrouve en substance le canon 205 du Code de droit canonique : « Sont pleinement dans la communion de l’Eglise catholique sur cette terre les baptisés qui sont unis au Christ dans l’ensemble visible de cette Eglise, par les liens de la profession de foi, des sacrements et du gouvernement ecclésiastique. »

On peut aussi noter que plusieurs de ces éléments se retrouvent dans la Profession de foi et le Serment de fidélité que doivent prononcer ceux qui reçoivent une charge à exercer au nom de l’Eglise. L’incise finale du n. 5, « étant sauve la discipline particulière concédée à la Fraternité », répond assez exactement au « étant sauves la nature et la fin de mon institut » du Serment de fidélité, et à l’exigence de « fidélité à la discipline de l’institut » du droit qui règle l’apostolat des membres des instituts de vie consacrée .

Dans cette déclaration doctrinale, on relève aussi une largeur d’esprit, qui, par rapport à l’attitude des autorités ecclésiastiques vis-à-vis des traditionalistes durant les vingt années précédentes, constitue une nouveauté. Que l’on considère par exemple les conditions imposées par Paul VI à Mgr Lefebvre comme préalables à toute réconciliation : acceptation sans aucune nuance du Concile « et de tous ses documents », acceptation de « la totalité de l’enseignement » de Paul VI, et engagement « à adopter et à faire adopter, dans les maisons qui dépendent de [Mgr Lefebvre], le Missel que [Paul VI] a lui-même promulgué » . Dans un esprit tout différent, la Déclaration doctrinale, conformément aux recommandations de Vatican II, applique « au sein même de l’Eglise », l’adage « unité dans le nécessaire, liberté dans le doute, en toutes choses la charité » , qui est l’un des principes directeurs de l’œcuménisme catholique .

Une difficulté, dont le principe même semblait écarté jusqu’ici, se trouve prise en compte, pour la première fois, dans toute son ampleur : celle de concilier certains points du Concile et des réformes postérieures avec la Tradition (n. 3). Dans le Motu proprio, Jean-Paul II indiquera un fondement objectif de cette difficulté, en évoquant « ces points de doctrine, qui peut-être à cause de leur nouveauté (cum fortasse novæ sint), n’ont pas été bien compris par certaines parties de l’Eglise » (n. 5b). Sur ces points, étant évidemment sauvegardée l’attitude due à un texte du magistère (cf. n. 2), il est demandé, non une réception sans nuances qui traiterait par prétérition les déficiences qui peuvent se rencontrer même dans un texte magistériel , mais « une attitude positive d’étude et de communication avec le Siège Apostolique, en évitant toute polémique ». On trouve ici l’ouverture qui est manifestée par le magistère dans le dialogue avec le théologien : « Si, en dépit d’effort loyaux, les difficultés persistent, c’est un devoir pour le théologien de faire connaître aux autorités magistérielles les problèmes que soulève un enseignement en lui-même, dans les justifications qui en sont proposées ou encore dans la manière selon lequel il est présenté ». En demandant d’éviter toute polémique, on entend donc écarter seulement « cette attitude publique d’opposition au magistère de l’Eglise, appelée encore “dissentiment” » .

Un point a été décisif dans la conclusion de l’accord. Il concerne les nouveaux rituels de la Messe et des sacrements. La Déclaration doctrinale n’exige plus leur utilisation habituelle ou ponctuelle, mais la reconnaissance de leur validité lorsqu’ils sont « célébrés (…) selon les rites indiqués dans les éditions typiques » (n. 4). Il était de notoriété publique que, pour Mgr Lefebvre, la réforme liturgique comportait des aspects qui lui paraissaient « difficilement conciliables avec la Tradition ». Eviter la polémique, reconnaître la validité du Novus Ordo dans les textes officiels latins, communiquer avec le Saint-Siège sur les difficultés, voilà ce qui lui était demandé, en conformité avec la théologie classique de l’assistance du Saint-Esprit aux lois universelles de l’Église, qui garantit au moins la validité et la non-hétérodoxie, mais ne préserve pas nécessairement de toute déficience .

La « discipline spéciale concédée à la Fraternité [Saint-Pie-X] par une loi particulière » (n. 5) garantissait par ailleurs l’usage exclusif des livres liturgiques de 1962. Il est absolument capital de mesurer que c’est cette disposition qui a rendu possible l’accord sur le Protocole, puis l’érection des instituts Ecclesia Dei. Supposer qu’il s’agisse là d’une manœuvre habile, que le Saint-Siège envisageait de contraindre par la suite le signataire, et ceux qui accepteraient après lui ce Protocole, à la célébration au moins occasionnelle des rites qui leur faisaient justement difficulté, c’est lui imputer de manquer à la transparence des intentions et à la sincérité qui caractérisent tout dialogue dans l’esprit de l’Eglise. « Les caractéristiques du dialogue sont : la clarté avant tout, (…) la douceur, (…) la confiance (…) la prudence ; (…) le climat du dialogue, c’est l’amitié » . Imaginer en outre qu’une telle déloyauté serait reprise par le Motu proprio (qui est un acte solennel du magistère) lorsqu’il se réfère au Protocole, est encore plus invraisemblable.

L’intention spécifique de l’Autorité qui a érigé les instituts Ecclesia Dei, telle qu’elle est objectivement manifestée par les textes et les actes de l’été 1988, est donc, en imposant ce qui est strictement « nécessaire à l’unité, de respecter la juste liberté tant dans les formes variées de vie spirituelle et de discipline, que dans la variété des rites liturgiques » . Le Saint-Père a fait lui-même l’application à ce cas singulier du passage de Vatican II qui affirme que « l’Eglise, dans les domaines qui ne touchent pas la foi ou le bien de toute la communauté, ne désire pas, même dans la liturgie, imposer la forme rigide d’un libellé unique » .

c. L’intention des fondateurs

L’intention spécifique des fondateurs des instituts Ecclesia Dei n’est pas moins incontestable. Tous souhaitaient vivre dans la pleine communion ecclésiale leur projet de vie religieuse ou apostolique, en conservant ces disciplines, ces pédagogies, ces rituels traditionnels auxquels toute leur respiration spirituelle se trouve attachée, et en s’abstenant de ceux qui précisément leur faisaient difficulté depuis presque vingt ans. Ils auraient refusé une concession explicitement temporaire ou une formule biritualiste, conscients en outre de l’échec de toutes les tentatives antérieures de ce type (Séminaires du Leonianum, et de Mater Ecclesiæ à Rome). Les fondateurs des Fraternités Saint-Pierre et Saint-Vincent-Ferrier, début juillet à Rome, s’en expliquaient d’ailleurs loyalement avec les Cardinaux Ratzinger et Mayer qui régularisèrent leur situation canonique et leur délivrèrent des autorisations de célébrer (celebrets) selon le rite traditionnel. Dans un texte signé par eux et les fondateurs de l’Opus Mariæ, et remis à Mgr Perl, Secrétaire de la Commission Ecclesia Dei, ils incluaient cette condition du monoritualisme traditionnel .

Les Constitutions de ces deux Fraternités comportent d’ailleurs une disposition en ce sens. « La fin particulière de la Fraternité Saint-Pierre est de réaliser ce but [la sanctification des prêtres] par l’observance fidèle des “traditions liturgiques et spirituelles” conformément aux dispositions du Motu proprio Ecclesia Dei du 2 juillet 1988, qui est à l’origine de sa fondation » . « Dans la célébration de la Sainte Messe et de l’office divin, les membres de la Fraternité [Saint-Vincent-Ferrier] sont tenus d’utiliser leurs livres liturgiques propres et approuvés, selon la norme du Décret d’érection de la Fraternité» .

Dom Gérard, fondateur de l’Abbaye du Barroux, déclarait de son côté: « Ce que nous demandions depuis le début (messe de saint Pie V, catéchisme, sacrements, le tout conforme au rite de la Tradition séculaire de l’Église) nous était octroyé, sans contrepartie doctrinale, sans concession, sans reniement » . Les « Déclarations » de l’Abbaye précisent que « la liturgie de la Messe [et de l’Office divin], célébrée selon les rites plus que millénaires de la Sainte Eglise Romaine, dans la langue latine » est l’une des « deux sources qui ont donné naissance à la communauté du Barroux et qui constituent sa raison d’exister (rationem eius existentiæ constituunt) » .

Le monoritualisme traditionnel est bien l’un des éléments de cet « esprit des fondateurs et de leurs intentions spécifiques (propriaque proposita) » que Vatican II demande de « mettre en pleine lumière et de maintenir fidèlement » . L’autorité dans l’Eglise considère comme l’un de ses devoirs de « veiller, pour sa part, à ce que les instituts croissent et fleurissent selon l’esprit des fondateurs et leurs saines traditions » . Le projet de vie des fondateurs ne se réduit évidemment pas à cet aspect. Il inclut surtout le patrimoine de spiritualité propre à chacun des instituts. Il comporte la détermination à tirer toutes les conséquences de la pleine communion ecclésiale, selon les indications des cinq points de la Déclaration doctrinale du Protocole, à refuser toute tricherie disciplinaire, à cultiver la transparence vis-à-vis des autorités, la vigilance contre l’esprit d’amertume ou le séparatisme, les échanges effectifs avec les autres secteurs de l’Eglise.

Mais l’érection canonique d’instituts comportant cette intention fondatrice traduit dans les faits, de façon convaincante, la promesse du Saint-Siège dans sa Note d’information du 16 juin 1988 . On pouvait y lire en conclusion « un pressant appel aux membres de la Fraternité [Saint-Pie-X] et aux fidèles qui lui sont liés, pour qu’ils reconsidèrent leur position et veuillent rester unis au Vicaire du Christ, en les assurant que toutes les mesures seront prises pour garantir le respect de leur identité dans la pleine communion de l’Eglise catholique».

3. Jugements prudentiels
a. Un acte prudentiel normatif

Il faut maintenant préciser la nature exacte d’un acte fondateur. Comme son nom l’indique, il relève de l’agir moral, et il engage l’avenir. C’est donc un acte prudentiel au sens thomiste du mot , qui est normatif d’autres actes ultérieurement posés dans sa prolongation.

Comme acte prudentiel, il intègre un ensemble varié de données complexes, qui entrent dans la délibération de l’intelligence pratique et guident le jugement moral qui la clôt. Ce n’est pas un discours spéculatif qui analyse dans l’abstrait, une démonstration où tous les éléments prétendraient à la nécessité apodictique et à l’universalité.

La fondation d’instituts attachés au service des formes disciplinaires, liturgiques, apostoliques et spirituelles de la tradition latine dans le contexte de la crise ecclésiale, à la suite de la rupture des sacres du 30 juin 1988, est un acte prudentiel. Faire cela dans une intention fondatrice comportant le monoritualisme traditionnel, adhérer à ces instituts par la profession ou l’engagement : tous ces actes sont des jugements prudentiels.

b. Les considérants du jugement

Ces jugements sont éclairés par les principes nécessaires de la théologie de l’Eglise et des sacrements. Ils mettent en œuvre ces principes au sein d’une matière mouvante où il s’agit souvent plus de convenances, d’inconvénients et de dangers probables que de nécessités absolues. Des analyses marquées d’une part de contingence seront faites sur les divers aspects de la crise de l’Eglise, notamment les trois signalés plus haut (théologie, catéchèse, liturgie). Des considérations de justice naturelle et de loyauté humaine interviendront vis-à-vis des prêtres, religieux, séminaristes, fidèles, qui ont fait confiance aux fondateurs et les ont suivis dans cette voie, souvent au prix de grands sacrifices. Des appréciations d’efficacité apostolique entreront en ligne de compte : un enracinement profond dans une identité nette est nécessaire pour mener une action hardie et novatrice dans le cadre de la nouvelle évangélisation. Le souci de la stabilité des formes de la vie quotidienne jouera . La paix et l’unité qu’assurent les formes traditionnelles, comparées au caractère évolutif et à la variété des pratiques issues de la réforme, seront prises en compte. Des préoccupations « œcuméniques » légitimes seront présentes, à l’égard de ceux de nos frères qui ont été entraînés dans une dissidence qui se prolonge, mais qui souffrent parfois profondément de cette séparation.

L’un des éléments fondamentaux qui intervient dans la délibération du jugement prudentiel concerne les difficultés que présente pour nous la réforme liturgique, et qui sont prises en compte par le Protocole d’accord du 5 mai . Dans le cadre de cet article, nous ne pouvons que renvoyer à certaines études sérieuses, même si plusieurs de leurs analyses ou conclusions demanderaient à être complétées, ou parfois corrigées . Les difficultés présentées dans ces travaux touchent à l’expression de la théologie de la messe , notamment sur sa réalité de sacrifice propitiatoire, sur le rôle joué par la présence réelle dans l’économie du sacrifice, sur la place respective du prêtre et de l’assemblée.

D’autres études analysent les graves déficiences de certaines traductions en langue vernaculaire, comme celle du Père Renié . D’autres enfin soulignent le caractère polymorphe et évolutif de la réforme, qui, de l’aveu de son principal maître d’œuvre, Mgr Annibal Bugnini, comprend aussi les étapes « de l’adaptation (ou incarnation) de la forme romaine de la liturgie dans les usages et dans les mentalités de chaque Eglise (…) et de chacune des assemblées en prière » . Selon l’« attitude positive d’étude et de communication » que demande le Protocole, un véritable dialogue avec le Saint-Siège et les évêques sur ces divers problèmes serait hautement souhaitable.

Le choix normatif du monoritualisme pour les actes fondateurs est un choix pratique qui doit intégrer tous les éléments. Il ne s’agit pas de faire une étude académique sur tel ou tel aspect de la réforme. Il s’agit de constater que dans l’esprit de ses initiateurs et dans la réalité ecclésiale quotidienne, elle forme un tout, d’ailleurs encore évolutif. Il est extrêment difficile (sauf pour quelques abbayes ou quelques prêtres isolés) de dissocier une partie de ce tout. Par exemple d’utiliser seulement la Prex Eucharistica Ia (la plus proche de l’ancien canon romain). Il est aussi presqu’impossible de refuser la dynamique interne du mouvement, sans entraîner de graves tensions avec les confrères, voire des rappels à l’ordre des évêques .

Dans le cadre du droit liturgique issu de la réforme, un institut pourrait-il statutairement imposer à ses membres la forme la plus traditionnelle de la réforme liturgique et leur refuser les nombreuses possibilités ad libitum qu’elle offre ? La réponse semble plutôt négative. En tous cas, l’exemple des membres de certaines communautés canoniales ou apostoliques qui célèbrent selon l’Ordo de Paul VI, est parlant. Malgré leur nette préférence pour le rit latin orienté et la communion sous sa forme traditionnelle, ils se voient amenés à célébrer à peu près comme le reste du presbyterium des diocèses où ils sont accueillis, c’est-à-dire en vernaculaire, face au peuple et avec la communion donnée dans la main.

c. Un acte normatif pour nos seuls instituts

Le choix du monoritualisme traditionnel comme normatif pour les instituts Ecclesia Dei, est un acte qui engage, il importe de le souligner, ces seuls instituts et ceux qui y entrent. Ce n’est nullement une condamnation des autres choix possibles dans la communion ecclésiale, ou une réprobation de ceux qui s’engagent sur d’autres voies. Certains, dans le clergé ou les fidèles, se méprennent malheureusement sur ce point. Une meilleure communication doit être mise en œuvre pour les éclairer. Des membres des instituts Ecclesia Dei ont pu par leur paroles ou leurs attitudes accréditer l’idée contraire. Cette façon de faire, blessant la charité, ne peut qu’être désavouée par les Supérieurs et demande instamment à être redressée. Enfin un esprit séparatiste a pu être exprimé par certains des fidèles qui font confiance à nos instituts mais sont blessés par un passé douloureux, ou lassés de voir leurs demandes légitimes laissées sans réponse. Nous avons à faire tout notre possible pour les rappeler au sens de l’Eglise (sentire cum Ecclesia) , tout en suppliant respectueusement les Pasteurs de les considérer, eux aussi, comme des brebis du troupeau que le Christ leur a confié.

Les actes fondateurs par ailleurs engagent l’avenir, autant qu’il est possible évidemment dans les choses humaines. Un décret d’érection peut être annulé par l’autorité à cause de la disparition de l’objet de l’institut, du manque de sujets, ou pour une faute grave contre la foi ou la discipline. Mais il est de soi permanent. Des Constitutions peuvent être modifiées (avec l’approbation du Saint-Siège) par un Chapitre général, mais l’expérience montre que toucher à ce qui constitue ou protège directement le patrimoine de l’institut est le prélude habituel des catastrophes, comme on l’a constaté dans plusieurs des Chapitres « de rénovation » de 1968. Car selon l’adage philosophique, « les choses se conservent dans l’être par les mêmes causes qui leur ont donné naissance » .

Enfin, chacun adhère librement aux divers éléments du patrimoine de l’institut. Le devoir des formateurs est de les exposer loyalement. Le devoir des candidats est de discerner si leur propre vocation y correspond, et de se déterminer dans la clarté avant l’engagement définitif. Sur un point de cette importance, un engagement loyal à respecter les intentions fondatrices et à obéir selon la spécification des Constitutions est indispensable . Mais cette « obéissance de jugement » qui demanderait une d’adhésion interne au bien-fondé de toutes les orientations, n’est nullement requise. En revanche, sont nécessaires le respect des exigences d’unité et de charité fraternelles de l’institut, la docilité envers les Supérieurs et la sagesse qui prend en compte la grande difficultés de temps de fondation, accrue par l’instabilité de l’époque moderne.

4. Charisme propre et “ gestes d’unité ”
a. L’invitation du Pape

« Selon l’esprit de conversion de la lettre apostolique Tertio millenio adveniente , j’exhorte tous les catholiques à faire des gestes d’unité et à renouveler leur adhésion à l’Eglise, pour que la légitime diversité et les différentes sensibilités, dignes de respect, ne les séparent pas les uns des autres, mais les poussent à annoncer ensemble l’Evangile ; ainsi, stimulés par l’Esprit qui fait concourir tous les charismes à l’unité, tous pourront glorifier le Seigneur et le salut sera proclamé à toutes les nations. »

En recevant les pèlerins venus à Rome pour le dixième anniversaire d’Ecclesia Dei, le Saint-Père est revenu sur un thème qui lui est cher. Plusieurs idées s’articulent ici :

– la diversité des charismes et même des sensibilités est légitime ;

– tous sont invités à poser des gestes d’unité, afin que la diversité ne nuise pas à l’unité,

– mais contribue à l’efficacité du témoignage apostolique.

On retrouve ici une idée très traditionnelle, peut-être un peu perdue de vue au XIXe et XXe siècles sous la pression de l’hostilité du monde à l’Eglise, qui a dû réagir par une centralisation légitime en soi mais non indemne du péril d’uniformisation. Cette idée, c’est qu’une saine diversité « représente une richesse » .

b. Le caractère propre
En ce qui concerne la vie religieuse et apostolique, cela se traduit par le principe que les divers instituts, comme les diocèses d’ailleurs, ne sont pas simplement des départements administrés d’en-haut, tirant toute leur substance de l’action hiérarchique. Ce sont « des familles diverses dont le capital profite à la fois aux membres de ces familles et au bien de tout le Corps du Christ ». C’est pourquoi « l’Eglise défend et soutient le caractère propre de chaque institut » .

Le magistère récent est conscient de l’importance de ce caractère propre dans le contexte actuel. « En cette période d’évolution culturelle et de rénovation ecclésiale, il est nécessaire que soit sauvegardée l’identité de chaque institut avec une assurance telle que soit évité le péril d’une situation insuffisamment définie, dans laquelle les religieux s’inséreraient dans la vie de l’Eglise d’une manière vague et ambiguë, s’ils ne se référaient pas de la façon requise au mode spécifique découlant de leur caractère propre (indolis proprii) » .

Dans cette ligne, le Code de droit canonique, à la suite de Vatican II, insiste sur la « juste autonomie » dont doit jouir chaque institut, et que les Ordinaires des lieux ont le devoir « de sauvegarder et de protéger (servare ac tueri) » . Il est donc juste que les manifestations concrètes de l’unité ecclésiale soient en conformité avec ce que le Code appelle « le droit propre » des instituts. Depuis une trentaine d’années, l’importance de ce droit est mieux mise en lumière. C’est ainsi que le P. Beyer, s.j., spécialiste reconnu de la vie consacrée, écrit à son sujet : « Les autorités ecclésiales n’ont pas à le modifier, le limiter ou l’enfermer dans une autonomie “interne” qui empêcherait son témoignage et son plein rayonnement.»

c. Le sens du bien commun

D’un autre côté, cette diversité doit concourir à l’unité, et cela doit se traduire concrètement. On rencontre ici une difficulté : comment concilier légitime diversité et unité ecclésiale ? Il faut reconnaître que la perte profonde du sens du bien commun qui marque la crise de la modernité, avec l’affirmation toujours plus impérieuse des droits de l’individu et l’absence grandissante de valeurs communément partagées, constitue un sérieux obstacle. Dans le cas de l’Eglise, cette situation s’est traduite (et a été favorisée) par l’abandon pratique des grands signes et des grands véhicules de l’universalité : la langue sacrée dans le patriarcat latin, la formation des clercs selon des pédagogies communes (avec les renouveaux biblique et thomiste), le respect des normes liturgiques et canoniques, qui avaient caractérisé les pontificats modernes héritiers de l’esprit classique, de Léon XIII à Pie XII.

La manifestation de l’unité doit intégrer cette réalité actuelle de l’effacement de références communes capables d’incarner la catholicité de l’Eglise et de soutenir le sens du primat du bien commun. Plaquer artificiellement les exigences correspondant à des temps de grande unité culturelle, liturgique et théologique sur une situation qui est à l’opposé, ce serait retomber dans un formalisme dont précisément les promoteurs des réformes voulaient nous délivrer. Ce serait entrer en contradiction interne avec l’inculturation souhaitée par beaucoup de théologiens, et dans une certaine mesure par le magistère lui-même. On peut aussi affirmer que ce serait sortir de la ligne générale des réformes postconciliaires. Ces dernières sont marquées par une polymorphie liturgique, une souplesse juridique, un certain pluralisme théologique qui rendent incongrue l’imposition autoritaire de signes uniformes de la communion.

La diminution des référents communs a favorisé ces dernières années le développement d’un langage particulier, une sorte de « langue de bois ecclésiastique », qui semble avoir pour origine le désir d’éviter toute affirmation trop nette, dans le but de ne pas heurter. Dans ce contexte, le langage direct et explicite du Pape lorsqu’il s’adresse au monde et à la jeunesse est ressenti comme une véritable libération. « N’ayons pas peur de dire clairement la vérité », nous dit-il en quelque sorte. Le premier effort pour retisser l’unité nous semble bien être celui de la clarté, et notamment sur les conditions de l’appartenance ecclésiale et sur la notion de communion. « On ne peut pas soutenir un concept de communion selon lequel la valeur pastorale suprême consiste à éviter les conflits » .

d. Notre contribution

Sur ce point, les instituts Ecclesia Dei peuvent apporter aussi leur contribution. S’ils savent rester à leur place, faisant mentir, par leur attitude respectueuse et ouverte, l’accusation de constituer une « Eglise de fait », ils peuvent être les témoins de certaines formes traditionnelles, qui faisaient autrefois le tissu commun de la culture ecclésiale et qui, actualisées selon les besoins présents, peuvent fournir (avec d’autres) des points de repère utiles.

Dans le domaine de la théologie, l’existence de leurs centres d’études thomistes peut être d’un grand prix à l’heure où le magistère invite à redécouvrir une « philosophie de l’être » . Leur participation à des revues philosophiques et théologiques, à des rencontres avec d’autres écoles, à des échanges d’intervenants avec les centres de formation des diocèses et les instituts d’autres traditions, à des congrès, leur insertion dans des centres d’enseignement civils et ecclésiastiques, notamment les Facultés canoniques, ne seraient-elles pas des « signes d’unité » possibles ? Il y faudra sans doute « un esprit de conversion » : de leur côté par un intérêt accru pour la recherche et les débats contradictoires, de l’autre par une meilleure ouverture à leur école de pensée, que d’ailleurs commencent à redécouvrir certains secteurs profanes .

Dans le domaine de la catéchèse, sur la base du Catéchisme de l’Eglise Catholique, l’un des « signes d’unité » ne pourrait-il être, comme cela se fait déjà dans quelques diocèses, de confier à des membres de ces instituts et à des fidèles proches, moyennant les échanges nécessaires pour s’assurer qu’ils ont les qualités morales et doctrinales requises, une part dans la catéchèse des adultes, la formation permanente, la préparation au mariage, l’accompagnement des foyers chrétiens ?

Enfin, dans le domaine de la liturgie, qui est le plus sensible, il serait souhaitable que l’on se mette d’accord calmement sur des signes de communion qui soient suffisamment explicites, sans couvrir les réels problèmes qui demeurent ni violenter les consciences. On n’obtient rien de durable en feignant d’ignorer les difficultés ou en forçant les personnes. Dans une saine anthropologie, le geste doit d’abord être vrai pour être signifiant. Sinon, il contribue à la confusion, favorise l’hypocrisie, et risque d’engendrer ce que les psychologues appellent des « retours du refoulé ».

e. Les signes de communion

Les instituts Ecclesia Dei ont en partage « des formes liturgiques et disciplinaires antérieures de la tradition latine » . Les signes de communion doivent pour eux s’inscrire dans cette tradition. Or, traditionnellement, le signe indubitable que l’on reconnaît la validité d’un rit de la Messe, et que l’on est en communion catholique avec celui qui le célèbre, c’est l’assistance à cette Messe et la réception de la communion dans sa célébration. Nous proposons donc ce geste d’unité, qui suffit au regard de la théologie de l’Eglise et de la nature des signes sacramentels. Affirmer qu’un prêtre qui assiste à une messe et y communie revêtu de la tenue de chœur et de l’étole n’y « participe » pas (ou du moins pas assez pour en reconnaître la validité et la non-hétérodoxie), c’est vraiment faire peu de cas de l’Histoire de la liturgie et manifester une conception bien cléricale de la participation au sacrifice de la messe ! Si la communion sacramentelle, avec les insignes de son ordre, ne manifeste pas que le prêtre est en communion ecclésiale, il y a vraiment un problème .

Faut-il ici davantage, à tout prix ? Faut-il imposer, comme le souhaitent certains évêques, la concélébration sacramentelle selon le rit réformé aux prêtres ou au moins aux Supérieurs des instituts Ecclesia Dei, à la Messe chrismale et aux grands rassemblements diocésains ? Une telle formule ne pourrait se réclamer que d’une conception sans fondement théologique : celle qui fait de la concélébration sacramentelle, non seulement une « manifestation opportune de l’unité du sacerdoce » , mais l’unique signe de la communion ecclésiale. Elle s’opposerait explicitement au droit universel , qui laisse aux prêtres la liberté en ce domaine. En outre, elle constituerait une dénégation, sur un point crucial, des engagements pris par la hiérarchie à l’été 1988 vis-à-vis des prêtres qui ont refusé le schisme. Cette solution paraît donc impensable.

On peut envisager cependant que, dans l’espoir de débloquer une situation tendue, on exige des Supérieurs qu’ils laissent aux membres prêtres de leurs instituts toute liberté sur ce point. Cette formule soulèverait plus de problèmes qu’elle n’en résoudrait. Nous ne pensons pas qu’elle soit raisonnable, ni conforme au principe de subsidiarité. Il faudrait pour cela oublier l’une des caractéristiques fondatrices des instituts Ecclesia Dei, le monoritualisme traditionnel. Il faudrait ne tenir aucun compte des difficultés par rapport à la réforme liturgique qui sont l’élément décisif de ce choix fondateur. Cette solution s’opposerait par ailleurs au droit propre des instituts qui ont légiféré sur l’usage exclusif des livres liturgiques de 1962 . Elle réduirait indûment la responsabilité et l’autorité des Supérieurs , mettrait en péril le gouvernement, l’unité et même la pérennité des instituts Ecclesia Dei. Elle introduirait, contrairement à « l’utilité des fidèles » mentionnée par le canon 902, de graves germes de division parmi les fidèles qui ont fait confiance à ces instituts. Enfin elle réduirait à rien la crédibilité d’Ecclesia Dei comme alternative à la dissidence lefebvriste.

Pour les instituts à vocation apostolique, s’engager dans une telle voie signifierait accepter en pratique et en droit le biritualisme. Il est frappant de constater que les demandes qui sont faites en faveur de la concélébration s’accompagnent ici ou là de suggestions en ce sens, voire même de l’affirmation surprenante que les prêtres des instituts Ecclesia Dei ne sont pas plus liés à l’une des « formes du missel romain » (celle de 1962 ou celle de 1969) qu’à une autre. Quant à ceux qui veulent effacer les « survivances » du rit traditionnel, ils ne se satisferont pas de gestes symboliques occasionnels. D’ailleurs, au nom de quoi les instituts voués à l’apostolat déclineraient-ils la proposition de ministères comportant la célébration du nouveau rit, dès lors que elle est acceptée dans son principe par le biais de la concélébration ? Cela conduirait à une division interne et externe des instituts Ecclesia Dei, d’une diminution de leur recrutement, du découragement et de la dispersion de fidèles qui ont fait confiance au Saint-Siège en 1988. Cela serait payer de beaucoup de désordres et de divisions ce qui doit être un geste de paix et d’union !

La solution que nous proposons, en harmonie avec le droit ancien et actuel de l’Eglise, nous paraît plus sage parce que plus vraie. Il serait peu honnête vis-à-vis des autres et de nous-mêmes de poser publiquement un acte accréditant l’idée que la réforme liturgique ne nous pose plus de problèmes. Notre attitude doit intégrer cette dimension d’un témoignage, dans le respect de la hiérarchie et de toutes les personnes qui ne partagent pas notre jugement.

Sans doute un tel témoignage est-il crucifiant, source d’incompréhensions, de difficultés et même de certains retards apportés à notre mission évangélisatrice. Mais nous pensons que ce témoignage est nécessaire et constitue une interpellation utile pour inciter à examiner et dépasser des problèmes qui ne se résoudront pas en les ignorant. Le service que nous pouvons rendre à l’unité ecclésiale ne peut que se situer dans la vérité. « Un projet d’unité ecclésiale dans lequel le durcissement des conflits serait d’emblée évité au nom d’une paix artificielle, en renonçant à la totalité du témoignage, se révélerait bien vite illusoire » .

Ce n’est d’ailleurs pas la première ni la dernière fois dans l’histoire de l’Eglise que des crises internes, où les deux parties peuvent être également de bonne foi et animées par la charité, suscitent des épreuves qui les purifient et les authentifient, selon « la constante historique de la liaison entre le charisme et la Croix » . Qui sait dans quelle mesure le sacrifice du support de ces tensions actuelles dans la coexistence des deux rites, ne prépare pas pour l’avenir la paix liturgique que désirent tant de prêtres et de fidèles ?

C’est donc dans un authentique « esprit de conversion » que nous proposons cette solution d’assistance et de communion sacramentelle à un rit qui nous pose de réels problèmes. Ce « geste d’unité » peut être vécu dans le même esprit par l’évêque du lieu et le presbyterium diocésain, qui pourront avoir à cœur de respecter attentivement les normes de la célébration, et d’éviter ce jour-là les formules ad libitum les plus éloignées de l’usage traditionnel.

N’oublions pas que le but de ces signes d’unité est de permettre à l’Eglise d’affronter dans de meilleures conditions la tâche plus urgente que jamais de l’évangélisation. En face d’un monde culturellement éclaté, la largeur d’esprit de l’Eglise, « la variété des rites liturgiques et même de l’élaboration théologique de la vérité révélée », au sein de la même foi et de la même charité, n’est pas un handicap ou un scandale. Au contraire, elle « manifeste plus pleinement la véritable catholicité et apostolicité de l’Eglise » . N’est-ce pas le sens même de l’invitation du Saint-Père le 26 octobre dernier aux pèlerins d’Ecclesia Dei et «à tous les catholiques»?

Fr. Louis-Marie de Blignières

 

 

 

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