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Les psaumes du dimanche à Prime Psaume 118 B

publié dans couvent saint-paul le 20 mars 2019


Les psaumes du dimanche à Prime

Tome 4

Psaume 118  B

Retribue servo tuo, vivifica me

A la gloire et en souvenir de Mgr Lefebvre

 

Nous retrouvons dans ce psaume 118 B, qui est un prolongement du précédent, les mêmes références à la loi du Seigneur, les mêmes mots: « sermones » (v.1), « lege » (v. 2), « mandata » (v. 3), « justificationes » (v. 4), de nouveau « mandatis » (v.5), « testimonis » (v. 6), « justificationibus tuis » (v. 7, encore « testimonia tua » (v. 7), « justificationes tuas » (v. 8), de nouveau « justificationum tuorum », (v. 9) « verbis tuis » (v. 10), de nouveau « lege » (v .11), encore « judicia  tuas » (v. 12), encore « testimoniis tuis » (v. 13) et enfin « mandatorum tuorum »(v. 14). Tous ces termes sont synonymes et expriment différemment la même réalité : la loi du Seigneur. Mais quelle est cette loi ? Ne pourrait-on pas y voir des manières différentes d’exprimer la même chose, à savoir « le sacrifice du Seigneur ». Ce sacrifice ne fut-il pas précisément la loi du Seigneur ? Il voulut, de fait, accomplir ce sacrifice coute que coute, parce que c’était précisément la volonté, le commandement de son Père. Le « mandatum »  divin. Lorsqu’il disait à ses disciples, « ma nourriture est de faire la volonté de mon Père qui est dans les cieux ». Cette volonté était précisément de sauver le genre humain de son péché par le sacrifice du Golgotta. Rien ne pouvait le détourner de cette loi, de ce sacrifice. Il « rabroua » vertement saint Pierre, il venait pourtant de l’établir la « pierre fondamentale de son Eglise », malgré cela, il le traita de démon : « arrière Satan, tu m’es une occasion de scandale ». Il venait de leur révéler qu’il fallait qu’il aille à Jérusalem où les princes des Prêtres le livreraient à Pilate pour qu’il soit crucifié. C’était « la loi du Seigneur », comme jadis, Abraham accepta le sacrifice d’Isaac, son fils, son unique, parce que c’était la loi qu’il avait reçu de Dieu. Jésus l’avait tellement accepté ce sacrifice, qu’il était devenu comme « sa propre loi ».

Fort de cette interprétation, il me semble que je suis habilité de voir dans « la loi », dans « les commandements », le mandement, le sacrifice du Seigneur.

Ce qui peut justifier le commentaire suivant et de le dédier à la mémoir de Mgr Lefebvre qui nous a gardé le trésor de la messe.

« Retribue servo tuo, vivifica me et custodiam sermones tuos » « Bénissez votre serviteur, faite moi vivre et je garderai vos paroles ». Votre « sacrifice  sera ma bénédiction ». « Votre sacrifice sera ma vie ». C’est ainsi que Mgr Lefebvre nous forma au séminaire d’Ecône. Il nous fit aimer le Sacrifice du Christ. Il nous fit comprendre que le sacrifice du Christ était toute notre raison de vivre, notre raison d’être. Que le Sacrifice du Christ était notre lumière. Notre force, notre bénédiction. Il n’hésitait pas à nous dire que le prêtre qui venait de célébrer le sacrifice de Jésus avait accompli tout son apostolat. Non point pour nous encourager à la paraisse, paraisse foudroyante, mais pour nous faire comprendre l’importance de la messe. Pour lui, la messe n’était rien moins, pour s’exprimer comme Saint Léonard de Port Maurice, « que le soleil du christianisme, l’âme de la foi, le cœur de la religion de Jésus-Christ ; tous les sacrements s’y rapportent. Elle est l’abrégé de tout ce qu’il y a de beau et de bon dans l’Eglise de Dieu ». « Bénissez-moi, Seigneur, vivifiez moi et je garderai votre sacrifice ». Prêtre, je suis sur cette terre pour cela : garder votre sacrifice, le sacrifice de la messe, perpétuation du Sacrifice du Calvaire.

« Revela oculos meos et considerabo mirabilia de lege tua » « dévoilez mes yeux et je considèrerai les merveilles de votre loi ».

« Les merveilles de votre loi », autrement dit les merveilles de votre sacrifice.

Et la première de ses merveilles c’est que le sacrifice de la messe est le même que celui du Calvaire. C’est son excellence. Nous devons la considérer comme étant essentiellement et absolument le même sacrifice que celui qui fut offert au Calvaire. Une seule différence toutefois : sur la Croix, il fut sanglant et il n’eut lieu qu’une seule fois et cette seule fois, il eut assez de vertu pour expier pleinement toutes les iniquités de l’univers. Sur l’autel, il n’y a point de sang répandu. De plus, le sacrifice se multiplie à l’infini et son objet direct est d’appliquer à chacun en particulier la rédemption acquise par Jésus-Christ dans sa douloureuse immolation. Le sacrifice sanglant du Christ a été le principe de notre rançon, de notre rachat, le sacrifice non sanglant nous met en possession de cette rançon ; le premier nous ouvre le trésor des mérites de Notre Seigneur, l’autre nous en assure l’usage. Et s’il en est ainsi, c’est que la messe n’est pas simple représentation, un simple mémorial de la Passion et de la Mort du sauveur : c’est, bien au contraire, une reproduction réelle et certaine de ce qui c’est accompli sur la Croix : en sorte qu’on peut dire en toute vérité que dans chaque messe, notre Rédempteur subit de nouveau pour nous la mort, d’une manière mystique, sans mourir en réalité. Il vit tout à la fois et il est immolé. J’ai vu, dit Saint Jean, dans l’Apocalypse : « L’Agneau qui était comme immolé ». Le jour de Noël, l’Eglise nous représente comme actuelle la naissance de Jésus – ainsi de tous les autres mystères, lAascension, la Pentecôte – sans que pour cela il soit vrai qu’en pareil jour le Seigneur soit dans la crèche. Il ne serait pas permis de raisonner ainsi quant au sacrifice de la messe.  Là, ce n’est point un simple souvenir c’est exactement le même sacrifice que celui du Calvaire, seulement il n’est pas sanglant. Ce même Corps, ce même sang, ce même Jésus qui s’offrit sur la Croix, sont offerts sur l’autel. « C’est, dit l’Eglise au Concile de Trente, l’œuvre même de notre Rédemption qui s’accomplit de nouveau ».

Tout cela n’est-ce pas « merveilleux » : « « Revela oculos meos et considerabo mirabilia de lege tua »

« revela oculos meos et considerabo mirabilia de lege tua » « Dévoilez mes yeux et je considérerai les merveilles de votre loi », de votre sacrifice, de votre messe. Fasse que le peuple juif qui a les yeux bandés, symbolisé merveilleusement par la statue de la Cathédrale de Strasbourg, finisse par voir lui- aussi « les merveilles de la loi du Seigneur, de son Sacrifice ».

« Incola ego sum in terra, non abscondas a me mandata tua » « Je suis étranger sur la terre, ne me cachez pas vos commandements »

« non abscondas a me mandata tua » « ne me cachez pas vos commandements ». Ne me cachez pas le  mystère de votre messe : « Faites ceci en mémoire de moi ». Que je puisse en vivre dans cet exil de la terre. Et faites que j’ouvre mon intelligence à ce mystère qui veut que le ministre de ce mystère ne soit rien d’autre qu’un Dieu-Homme… Il faut considérer, là, le prêtre qui offre, la victime qui est offerte, la Majesté de celui à qui on l’offre. Là, on trouve Jésus-Homme, l’Homme-Dieu, pour prêtre, la vie d’un Dieu pour Victime ; Dieu lui-même pour fin. Le prêtre agit « in persona Christi ». Mais le vrai ministre, c’est Jésus-Christ. Reconnaissez donc dans le prêtre qui est à l’autel la personne même de Jésus-Christ Notre Seigneur. C’est lui le prêtre principal. Il daigne changer par nos mains, nos paroles le pain et le vin en son Corps adorable et son Sang précieux. Le Prêtre principal est Notre Seigneur Jésus-Christ. Le prêtre à l’autel n’est que son ministre. C’est dire son caractère sacré. C’est dire qu’à chaque heure, sur chaque point du globe, où se célèbre une messe, Notre Seigneur, ce Prêtre très saint, présente à Dieu son Sang, son Âme, sa divinité. Il le présente pour nous, notre sanctification et la gloire de son Père. « Ne me cachez pas vos commandements », vos mystères, ce mystère qui me fait vivre et qui fait vivre l’Eglise.

Et s’il en est ainsi de la messe, si cette messe est ce si grand mystère, je comprends pourquoi le psalmiste puisse dire : « Concupivit anima mea desiderare justificationes tuas, in omni tempore » « Mon âme a désiré en tout temps vos ordonnances (i.e. votre mystérieuse messe)  avec une grande ardeur ». Comment ne pas nous unir à ce verset du psaume lorsque l’on connait, par la foi, ce qu’est ce « commandement » : « Faites ceci en mémoire de moi ». A savoir : renouvelez ce mystère, ce sacrifice de la Croix.

« Increpasti superbos : maledicti qui declinant a mandatis tuis » « Vous avez menacé les superbes, ceux qui se détournent de vos préceptes sont maudits »

Comment en effet détournez son cœur du Golgotha, détournez son cœur de la messe, à savoir, ne pas aimer ce Jésus de Nazareth qui a offert sa vie pour notre salut ? « Avoir tant aimé et être si peu aimé » disait Jésus à Saint Marguerite Marie, c’est le pire des affronts, dignes des enfers ! « Vous avez menacé les superbes, ceux qui se détournent de vos préceptes sont maudits »

« Aufer a me opprobrium et contemptum, quia testimonia tua exquisivi » « Eloignez de moi l’opprobre et le mépris car j’ai recherché vos commandements »

Ce verset est en bonne place : c’est comme s’il disait, je ne connaîtrai pas ni cet opprobre ni ce mépris car j’ai cherché et aimé votre commandement, votre messe toute ma vie.

« Etenim sederunt principes et adversum me loquebantur, servus autem tuus exercebatur in justificationibus tuis » « Car les princes se sont assis et ont parlé contre moi, mais votre serviteur méditait sur vos lois ».

J’aime beaucoup ce verset en raison de ce verbe : « exercebatur ». On le traduit ici par « votre serviteur méditait ». C’est bien traduit. Ce verbe « exerceo » veut dire : « Mettre en œuvre » « travailler », « cultiver », « faire valoir ». C’est bien cela qui a occupé notre temps pendant des années au séminaire et après le séminaire dans le ministère, à l’occasion de la réforme liturgique de Mgr Bugnini. Il a fallu travailler dur, pour faire valoir les critiques sur la nouvelle messe et entrainer le peuple fidèle à garder l’ancienne messe, la messe de toujours comme l’aimait à l’appeler Mgr Lefebvre. Et si l’on bénéfice aujourd’hui, enfin de cette messe et du Motu Proprio Summorum Pontificum du Pape Benoît XVI, c’est bien grâce à ce travail, fruit d’une profonde et intense méditation.  On ne sait garder que ce que l’on aime. Et on aime que ce que l’on a travaillé et médité. Le Bref Examen Critique sur le Novus Ordo Missae a été longtemps médité et diffusé. Et c’est parce que le clergé ne l’a pas médité suffisamment qu’il sait laisser dépouiller sans réagir de ce vrai trésor de l’Eglise. Ce trésor est tel qu’aucune autorité quel que soit sa méchanceté et sa propos malveillance,  ne put nous l’arracher. Suspens a divinis, excommunication…rien ne put venir à bout de cet amour. Il fut et est vainqueur.

Et notre psalmiste insiste : « Nam et testimonia tua meditatio mea est et consilium meum justificationes tuae » «  car vos préceptes sont le sujet de ma méditation et vos ordonnances me servent de conseil » : « testimonia tua » « vos préceptes » et « justifcationes tuae » « vos ordonnances » sont  toujours compris dans le sens de « sacrifice », « faites ceci en mémoire de moi ». Comment en effet abandonner une tradition ancestrale dont des parties entiéres, nous dit le Concile de Trente, remontent aux origines apostoliques. Le « conseil » en est pris ! Rien ne peut aller contre,  quelle  que soit l’autorité qui le voudrait. Telle fut la position de Mgr Lefebvre.

« Adhesit pavimento anima mea, vivifica me secundum verbum tuum » «  Mon âme est prosternée contre terre, rendez-moi la vie selon votre parole ».

Ce verset est à interpréter littéralement. « Mon âme est prosternée contre terre » dans une adoration profonde. En effet si je médite le mystère de la Présence réelle de NSJC dans la sainte Eucharistie, de la Transsubstantiation, fruit de la sainte Messe, mon âme ne peut que se prosterner à terre devant un tel mystère. C’était l’attitude fréquente de saint Marguerite Marie devant le tabernacle de la chapelle de la Visitation à Paray-le-Monial. Le Fils de Dieu a fait ce miracle de rester avec nous dans le tabernacle, lui, le Tout Puissant, Lui que les Anges adorent de toute éternité, Lui qui a créé toute chose et qui soutient toute créature dans l’être. Quel mystère ! Ce mystère trouve sa raison dans l’amour du Christ, dans son Sacré Cœur. Quelle merveille ! Qui pourrait s’imaginer que la voix d’un homme ait reçu de Dieu, le pouvoir merveilleux de faire descendre du Ciel sur la terre le Fils de Dieu lui-même. Les paroles que prononce le prêtre à la consécration sont aussi puissantes, en un certain sens, que ce premier FIAT avec lequel Dieu tira du néant toutes choses. Il semble même qu’elles surpassent  cet autre FIAT avec lequel la Sainte Vierge conçut dans son sein le Verbe Eternel. Car elle ne fit alors que fournir la matière du corps de Jésus-Christ, qui fut formé, il est vrai de son sang, mais non par elle, tandis que le prêtre, ministre du Seigneur dans l’acte de la consécration, produit lui-même Jésus-Christ d’une manière ineffable, sacramentellement, autant de fois qu’il offre le saint Sacrifice. Dieu est tout puissant !

« rendez-moi la vie selon votre parole ». N’est-ce pas précisément une des merveilles de la saint Eucharistie d’être source de vie. « Celui qui mange mon corps et boit mon sang a la vie éternelle ». C’est ce que demande le psalmiste.

«  Viam justificationum tuarum instrue me, doce me justificationes tuas » « Je vous ai exposé mes voies et vous m’avez exaucé, enseignez moi vos préceptes ».
« Enseignez moi vos préceptes » 
: enseignez-moi encore et toujours sur les merveilles de votre sacrifice, de votre messe. Voici. La messe a attiré sur nous la clémence de Dieu, cette oblation de la divine Victime sur la Croix étant tellement parfaite. D’où la nécessité de la messe pour apaiser Dieu. Jésus, en son sacrifice à satisfait à la justice de Dieu, a apaisé sa colère devant nos iniquités. C’est dans le sacrifice de Jésus immolé pour nous à la Sainte Messe, devenu notre Victime d’expiation qu’il faut chercher la raison de la nouvelle clémence de Dieu. Sans cette admirable et divine Victime sacrifiée pour nous sur la Croix d’abord et ensuite journellement sur nos autels, tout espoir, depuis le péché originel, était perdu. Mais maintenant enrichi de ce trésor protecteur, renait l’espérance. Et c’est pourquoi à saint Clément de Rome, dans l’abside, se trouve une magnifique crucifixion et au pied de la croix, une végétation luxuriante, qui nous enseigne que tout renait dans la Croix du Christ. C’est la cause d’une nouvelle génération. Le « nouvel homme ».

« Viam justificationum tuarum instrue me et exercebor in mirabilibus suis » « Instruisez-moi de la voies de vos ordonnances et je m’exercerai dans vos merveilles »
On retrouve le verbe « exercebor ». Il était  un verset plus haut. Pourquoi ne pas le traduire comme plus haut : par « méditer ». Pourquoi traduire « je m’exercerai dans vos merveilles » et non pas « je méditerai sur vos merveilles » ? C’est beaucoup mieux et plus exact.

« Instruisez-moi de la voie de vos ordonnances » « instruisez moi de vos ordonnances » i.e. des merveilles de votre sacrifice. Elles  sont tellement nombreuses. « Et je les méditerai » « exercebor in mirabilus suis ». « Je méditerai sur vos merveilles ».

Quelles sont  ces merveilles ? Les voici en deux mots exprimées. Seule la messe nous permet de satisfaire nos obligations envers Dieu. Saint Thomas nous dit que nous avons quatre obligations principales envers Dieu dont chacune est infinie.

La première est de louer et d’honorer son infinie Majesté, infiniment digne d’honneur et de louanges

La seconde est de satisfaire pour tant de péchés que nous avons commis.

La troisième est  de le remercier pour tant de bienfaits que nous avons reçus de lui.

Et enfin la quatrième de lui demander les grâces qui nous sont nécessaires.

Or comment nous, simples créatures, qui avons besoin que Dieu nous soutienne dans l’être…comment dis-je pourrons nous satisfaire à toutes ces obligations ? Je vous réponds par la célébration de la sainte messe. Voilà les « merveilles » sur lesquelles il faut méditer. Examinons ces quatre obligations l’une après l’autre, surtout pour les méditer.

Glorifier Dieu : notre première obligation envers Dieu est de l’honorer. Tout inférieur doit honorer son supérieur. C’est déjà la loi naturelle qui nous l’enseigne. Plus celui-ci est grand, plus l’hommage qu’on lui rend doit être grand. Il résulte de là que, Dieu possédant une grandeur infinie, nous lui devons un honneur infini. Mais où trouver un hommage digne de lui. Jetez les yeux sur toutes les créatures de l’univers, où trouverez-vous quelque-chose qui soit digne de Dieu ? Il n’y a qu’un Dieu qui puisse être une offrande digne de Dieu. Il faut donc qu’il descende de son trône comme Victime sur nos autels, pour que l’hommage corresponde parfaitement à sa Majesté infinie. Or c’est là ce qui se fait au Saint Sacrifice. Dieu y est honoré autant qu’il le mérite, parce qu’il est  honoré par un Dieu lui-même. Notre Seigneur se plaçant dans l’état de Victime sur l’autel, adore, par un acte ineffable de soumission, la Sainte Trinité, autant qu’elle mérite de l’être. Oui ! Notre Seigneur, étant non seulement homme, mais vraiment Dieu et tout-puissant, quand il s’humilie sur l’autel, rend à son Père, par cet acte d’humiliation, un hommage et un honneur infinis. Nous rendons ainsi par lui à Dieu un hommage et un honneur infinis. « Per Ipsum et Cum Ipsum et in Ipsum….omnis honor et gloria ». C’est la finale merveilleuse du Canon Romain de la Messe. Oui, par l’assistance à la sainte messe, le fidèle rend à Dieu une gloire infinie, un honneur sans bornes. Cette vérité n’oblige-t-elle pas à la méditation ? « Viam justificationum tuarum instrue me et exercebor in mirabilibus tuis. « Instuisez moi de vos mystères et je méditerai vos merveilles »

« Dormitavit anima mea prae taedio, confirma me in verbis tuis » « Mon âme s’est assoupie d’ennui, fortifiez moi par vos paroles »

La considération de notre deuxième obligation aura de quoi nous sortir de notre torpeur et de nous fortifier dans ce mystère. Notre seconde obligation envers Dieu est de satisfaire à sa justice, pour tant de péchés que nous avons commis. Dette effroyable. Un seul péché mortel est d’un tel poids dans la balance de Dieu…. que pour la mettre en équilibre, ce ne serait pas assez des mérites de tous les martyres et de tous les saints qui sont, qui ont été et qui seront. Et cela parce que le péché  est, sous un certain rapport, d’une malice  infinie puisqu’il s’adresse à une personne d’une dignité infinie.

Mais nous possédons la sainte Messe dont le prix intrinsèque est assez grand pour compenser et au-delà, tous les péchés du monde. Faites–y bien attention…Sortons de notre torpeur ! … afin de comprendre la reconnaissance extrême que nous devons à notre Seigneur. C’est lui-même qui est l’offensé et malgré cela, non content d’avoir payé pour nous dans les tortures du Calvaire, il nous a remis et il entretient parmi nous, à notre usage, cette autre source de satisfaction continuelle qui est la Saint Sacrifice. Là, il renouvelle l’immolation que sur la Croix il fit de sa divine personne, en rachat de nos fautes ; ce même sang adorable qu’il répandit alors en faveur du genre humain coupable, il veut bien l’offrir encore, l’appliquer spécialement, par la Messe, aux péchés de celui qui le célèbre, de ceux qui la font célébrer et de quiconque y assiste. Ce n’est pas que le sacrifice de la Messe efface immédiatement et par lui-même nos péchés, comme le sacrement de pénitence ; mais il nous obtient des grâces pour le repentir de nos péchés. Un tel langage n’est-il pas de nature à me fortifier dans le bien : « confirma me in verbis tuis » « fortifiez-moi par vos paroles ».

« Viam iniquitatis amove a me, et de lege tua miserere mei » « Eloignez de moi la voie de l’iniquité et faites-moi miséricorde selon votre loi »

Belle supplique, à la vérité, qui peut trouver sa raison dans l’assistance à la sainte messe. En effet dans le saint sacrifice de la messe nous pouvons nous acquitter de notre obligation envers Dieu, celle de lui demander les grâces dont nous avons besoin. Lui seul est l’auteur et le principe de tout bien, temporel ou spirituel. Et ne craignons pas nos ingratitudes. Ne perdons pas confiance. Reprenons toujours espoir en NSJC. Nous ne sommes pas dignes des bienfaits divins. Certes ! Mais le miséricordieux Sauveur se fait notre intercesseur, se constitue notre caution, se fait notre avocat « semper interpellendum pro nobis » (saint Jean). Pour nous, à la messe, il devient l’hostie pacifique, i.e. la Victime sainte à l’immolation de laquelle notre Père des cieux ne peut rien refuser. Jésus, à la Messe prend notre cause et intercède pour nous. Il se fait notre miséricordieux avocat. « Eloignez de moi la voie de l’iniquité et faites-moi miséricorde selon votre loi » : c’est bien à la messe qu’il faut formuler cette prière. « Celui qui n’a pas épargné son propre Fils, dit saint Paul aux Romains, mais l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnerait-il pas tout avec lui » ? Qu’il fasse de nous de grands saints : « qu’il m’éloigne de la voies de l’iniquité ».

« Viam veritatis elegi, justitia tua non sum oblitus » « J’ai choisi la voie de la vérité, et je n’ai point oublié vos jugements »

« Adhaesi testimoniis tuis Domine, noli me confundere » « Seigneur, je me suis attaché à vos préceptes, ne permettez pas que je sois confondu »

« Viam mandatorum tuorum cucurri, cum dilatasti cor meum » «  j’ai couru dans la voie de vos commandements, lorsque vous avez dilaté mon cœur »

Notre quatrième dette envers Dieu est celle de la connaissance, pour les immenses bienfaits dont il nous a comblés. Bienfaits de la nature, la vie, le soleil, la lune les étoiles, bienfaits spirituels, l’âme, l’amitié, la connaissance ; bienfaits de la religion, l’Incarnation, la Passion, le Ciel, les sacrements. Toutes ces choses, et encore bien d’autres plus personnelles, augmentent outre mesure notre dette envers Dieu. La « vérité choisie », «  les préceptes aimés », toutes ces choses « ont dilatés mon cœur ». Comment pourrais-je remercier dignement ? Je ne peux satisfaire pour le moindre des bienfaits de Dieu, parce que le moindre d’entre eux nous vient d’une majesté infinie, acquiert un prix infini et nous oblige à une correspondance infinie. Malheureux que nous sommes ! Serons-nous toujours en dette envers notre souverain bienfaiteur ? Non point ; le moyen de satisfaire amplement, parfaitement, à ce nouveau devoir, nous est indiqué par David, le prophète, qui avait vu en esprit le divin Sacrifice et qui savait bien qu’avec lui seul nous serions au-dessus de la tâche. « Que rendrai au Seigneur, s’écrit-il, pour tous les biens qu’il m’a faits. Je rendrai le calice du salut, se répond-il à lui-même. J’offrirai à Dieu ce sacrifice très agréable et je paierai ainsi la dette que je lui dois pour tant de bienfaits reçus. C’est ce que dit le psalmiste : « je me suis attaché  à vos préceptes » i.e. à votre sacrifice. Non seulement « attaché » mais « j’ai même couru dans la voie de vos commandements » i.e. de votre sacrifice et mon cœur a été « dilaté » de joie et de bonheur.

Voilà le sacrifice de la messe  que nous a gardé Mgr Lefebvre. Qu’il en soit éternellement béni et loué.

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