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Les psaumes du dimanche à Prime Psaume 118 A

publié dans couvent saint-paul le 18 mars 2019


Psaumes du dimanche à Prime

Tome 4

Psaume 118 A

Beati immaculati in  via

 

 

Saint Augustin intitule ce psaume : « le vrai bonheur ». En effet ce psaume débute par une invitation au bonheur, à la béatitude. «  beati » « heureux ». Ce désir du bonheur est absolument naturel à l’homme. Tout homme cherche le bonheur, même le pécheur, dans son péché. Mais, lui, ne le trouvera pas, car le bonheur consiste à « marcher dans la voie de Dieu ». Aristote le dit équivalemment, le bonheur consiste « en l’agir vertueux » ou mieux encore  « dans l’opération de la vertu parfaite ». (Ethique à Nicamaque) Notre psalmiste lui fait écho lorsqu’il écrit : « Beati immaculati in via, qui ambulant in lege Domini » « Heureux ceux qui sont immaculés dans la voie, qui marchent dans la loi du Seigneur ». Les deux parties de ce verset se complètent  ou s’explicitent l’une l’autre. En effet ceux qui « marchent dans la loi du Seigneur » sont nécessairement « immaculés » i.e. purs de toutes fautes.

Ainsi le psalmiste nous parle du bonheur.

Mais pourquoi, du reste, en parler puisqu’il est absolument naturel à l’homme? Certes !  Mais ce qui intéresse surtout notre auteur,  c’est de préciser  les conditions d’obtention de cette félicité car, comme le reconnait sans Augustin dans son commentaire « beaucoup ignorent de quelle manière on y arrive? ». « Aussi le Psalmiste nous l’enseigne-t-il, en disant: « Heureux les hommes irréprochables dans leur voie, qui marchent dans la loi du Seigneur ». « Comme s’il nous disait, poursuit saint Augustin : «  O homme, je connais ton désir, tu cherches le bonheur: si donc tu veux être heureux, sois pur d’abord. Tous veulent du bonheur, mais peu veulent de cette pureté sans laquelle on ne saurait parvenir à ce bonheur convoité par tous. Mais où donc l’homme peut-il être sans tache, sinon dans sa voie? Et quelle est cette voie, sinon la loi du Seigneur? Cette parole, dès lors: « Bienheureux les hommes irréprochables dans leur voie, qui marchent dans la loi du Seigneur », n’est plus une parole superflue, c’est pour nos cœurs une exhortation bien nécessaire ». Pour connaître le bonheur, il faut marcher sans reproche dans cette voie qui est la loi du Seigneur.

On retrouve ici parfaitement l’enseignement du Seigneur dans son sermon sur la montagne, le sermon des béatitudes : « Jésus, voyant cette foule, monta sur la montagne, et lorsqu’il se fut assis, ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant sa bouche, il se mit à les enseigner, en disant :
« Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux !
« Heureux ceux qui sont doux, car ils posséderont la terre !
« Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés !
« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés !
« Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde !
« Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !
« Heureux les pacifiques, car ils seront appelés enfants de Dieu !

« Heureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, car le royaume des cieux est à eux !
« Heureux êtes-vous, lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.

« Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux : c’est ainsi qu’ils ont persécuté les prophètes qui ont été avant vous.
…. « Car, je vous le dis en vérité, jusqu’à ce que passent le ciel et la terre, un seul iota ou un seul trait de la Loi ne passera pas, que tout ne soit accompli.
« Celui donc qui aura violé un de ces moindres commandements, et appris aux hommes à faire de même, sera le moindre dans le royaume des cieux ; mais celui qui les aura pratiqués et enseignés, sera grand dans le royaume des cieux…(Mt 5 1-12).

C’est clair : le Seigneur indique d’abord le principe du mérite : « Bienheureux », « Beati », puis l’objet de la récompense, « parce que… » « quoniam ». Il montre ainsi que celui qui désire obtenir la récompense doit en acquérir le mérite, et c’est en cela que consiste la béatitude. Quel est celui qui ne veut être heureux ? Mais si nous désirons la récompense, pourquoi fuir le travail qui doit nous en rendre digne ? Si l’on dit à quelqu’un, faites ceci et vous aurez le bonheur, ne s’empresserait-il pas avec joie de se mettre aussitôt à l’œuvre ? Si nous voulons jouir du triomphe, nous ne devons pas reculer devant le combat qui seul peut le procurer. C’est dire que la grandeur de la récompense qui est promise doit exciter notre courage pour l’accomplissement de la condition qui est proposée. C’est la seule source de la béatitude.

Dès lors on comprend que le psalmiste puisse ajouter « Beati qui scrutantur testimonia eius, in toto corde exquirunt eum » « Heureux ceux qui étudient ses ordonnances et qui le cherchent de tout leur cœur ». Il convient de s’arrêter quelques instants sur les deux verbes de ce verset : « scrutantur » et « exquirunt ». « Scrutantur » veut dire : « fouiller », « sonder », « prospecter », « explorer», « chercher avec soin », « chercher à savoir ». « Exquirunt » veut dire aussi « rechercher avec soin », « s’enquérir », « s’informer » Ainsi cette étude de la loi du Seigneur doit être instante. Elle engage et l’intelligence et la volonté. L’intelligence proposera le bien connu à la volonté qui cherchera à l’acquérir. La béatitude en sera le fruit.

Ce ne sera pas le cas de ceux qui ne « marchent pas dans les voies du Seigneur et qui commettent l’iniquité ». «  Non enim qui operantur iniquitatem, in viis eius ambulaverunt »
Ces derniers  sont des «  infortunées », nous dit saint Augustin : « Vous allez à la mort sans le savoir. Ce n’est point par la (le péché) que l’on peut aller où vous prétendez arriver: vous aspirez au bonheur, mais les chemins où vous vous précipitez sont pleins de misère, et conduisent à une misère plus profonde encore. Ne cherchez point un si grand bien (le bonheur) par de si grands maux; si vous voulez y parvenir, venez par ici, suivez cette route (de la vertu). Quittez ces routes perverses, vous qui ne pouvez quitter le désir du bonheur. En vain vous vous épuisez pour aller où vous ne sauriez arriver sans être corrompus. Non, non, ils ne sont point heureux, ces criminels égarés qui marchent dans la corruption du siècle; mais « ceux-là sont heureux qui sont irréprochables dans leur voie, qui marchent dans la loi du Seigneur ».

Alors on comprend que le psalmiste puisse ajouter, c’est dans la logique du discours et de la doctrine du bonheur : « Tu mandasti mandata tua custodiri nimis » « vous avez ordonné que vos commandements soient très exactement suivis ».  « Custodiri » C’est un très beau verbe aux significations merveilleuses. Il veut dire : « garder », « protéger », « conserver »  « surveiller », « prendre garde à », « veiller à ce que », « observer », « se conformer à », « être fidèle à » ; le custos est dont le gardien fidèle, le protecteur, celui qui veille. C’est ce terme que les litanies de saint Joseph utilisent pour décrire son rôle auprès de la Vierge Marie: « Custos pudice Virginis », « gardien très pudique de la Vierge Marie ».  Mais il y a encore le mot « nimis » qui veut dire : « grandement » « beaucoup ». Ainsi cette garde des commandements divins doit être « parfaite ». C’est bien traduit : « vous avez ordonné que vos commandements soient très exactement suivis ».

Essayions alors de scruter la loi du Seigneur pour connaître surement cette béatitude.

« Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux ! »

Par cette pauvreté d’esprit, dont parle le Seigneur, il faut entendre le renoncement à l’amour du monde et de ses futilités. Ce renoncement doit aller jusqu’au mépris. Saint Paul allait jusqu’à considérer  toute chose  comme des « stercora », comme du « fumier ».Le mépris du monde implique aussi le mépris de soi-même. Je suis en train de lire les œuvres et les écrits de saint Marguerite Marie. Tous ses écrits sont plein de ces sentiments. Elle était absolument convaincue de son «  néant ». Et NSJC ne cessait de l’appeler à cette disposition du cœur pour lui donner ses dons.  Plus elle s’anéantissait, plus elle recevait de dons et de béatitudes. Ainsi, le dépouillement volontaire de soi-même pour Jésus-Christ et la véritable humilité qui en est la condition, sont deux raisons pour connaître la béatitude. Ils posséderont le « royaume de Dieu » : « le royaume des cieux leur appartient », en espérance, dès maintenant et en réalité dans l’autre vie. Le dépouillement de soi-même pour Dieu et l’humilité sont bien les mérites, les raisons de la béatitude ici-bas et dans l’autre monde.

« Heureux ceux qui sont doux, car ils posséderont la terre ! »

Après l’humilité vient la douceur. L’humilité engendre la douceur. L’homme doux « dulcis » est celui qui n’offense personne, celui qui conserve l’égalité, la tranquillité de l’âme sans être troublé par aucun mouvement de haine et de colère. Quand il est provoqué, il ne veut point et ne fait pas de mal. Il triomphe du mal en faisant le bien. A ceux-là donc « la terre », ils posséderont la terre  de leur corps, point d’irritation intempestive. Ils exercent sur leur corps un empire absolu, contrairement aux hommes irascibles qui ne savent pas soumettre leurs sens à la raison. Et ils posséderont  la terre du paradis qu’ils cherchent : à savoir Dieu, le souverain Bien. La béatitude est bien le mérite de leur vie.

« Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés ! »

Cette troisième béatitude est bien en place. Je veux dire vient bien après les deux précédentes.

Il faut être, en effet, détaché du monde et de ses biens et tourné vers Dieu dans la considération de son propre néant pour pouvoir considérer la vérité de son état : « qui me délivrera de ce corps de misère » disait Saint Paul, et pleurer ses péchés, ses péchés personnels, ceux du monde ingrat, oublieux de Dieu, le souverain Bien  et plein de sacrilèges. Oh que de misères ! Que d’affronts contre Dieu et sa sainteté. Tout cela est bien capable d’arracher des larmes de contrition à l’âme vivant de Dieu et pour Dieu. Ces larmes de pénitence plaisent à Dieu qui aime consoler une âme ainsi contrite. Il est bien légitime qu’Il vienne les consoler. « Bienheureux ceux qui pleurent, parce qu’ils seront consolés ». Quelle béatitude !

« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés ! »

Cette quatrième béatitude vient fort à propos après les trois précédentes. En effet seul celui qui ne met pas toutes ses complaisances en les biens de ce monde, seul, celui qui est humble, qui entretient d’humbles sentiments de soi-même, seul celui qui sait pleurer ses péchés et ceux du monde, peut avoir soif et faim de la justice. Cette justice aimée et désirée nous porte à rendre à chacun ce que nous lui devons. C’est la définition même de la justice : « rendre à chacun son dû ad equalitatem ». Soit à Dieu, soit au prochain soit à soi-même. Nous devons à Dieu trois choses : l’honneur comme à notre Créateur. Il est l’Excellence même, l’Etre même, l’amour comme à notre Rédempteur : « avoir tant aimé les hommes et être si peu aimé » dira notre Seigneur à Sainte Marguerite Marie, la crainte comme à notre Juge. Nous dévons également à notre prochain, trois choses : l’obéissance à nos supérieurs, la concorde avec nos égaux, la bienfaisance à l’égard de nos inférieurs ; nous avons aussi envers nous-même trois obligations : purifier notre cœur, garder notre langue « Tardus ad loquendum, tardus ad iram velox ad audiendam » dira saint Jacques dans son Epître. Et réprimer notre chair. Bienheureux celui-là, car  Il acquiert des mérites à être récompensé dans d’au-delà mais dès ici-bas.

« Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ! »

Cette béatitude est encore bien placée. Elle vient légitimement après la justice car elles ne vont pas l’une sans l’autre, mais elles doivent se tempérer mutuellement. En effet la miséricorde sans la justice dégénére en faiblesse, et la justice sans la miséricorde devient cruauté, mais toutes deux réunies, elles marchent dans la voie droite. La miséricorde n’est autre chose que la compassion du cœur pour les misères d’autrui. C’est l’attitude du bon Samaritain si bien décrite par le Seigneur. C’est l’attitude même de Jésus à la porte de Naïm : voyant la détresse de la Mère, déjà veuve… : l’un et l’autre sont touchés des misères de leur prochain, de compassion. La vraie miséricorde  consiste à pardonner les injures reçues, à ne conserver aucune haine au fond du cœur. Mgr Lefebvre jouissait de cette béatitude lui qui ne conservait aucune haine, même contre le pape Paul VI.  Il ne gardait « aucune dent », me  disait-il un jour contre Paul VI. Il revenait de chez le dentiste qui lui avait enlevé une dent. « C’est étrange me disait-il, il m’a enlevé une dent. Je n’ai pourtant de dent contre personne, pas même contre Paul VI ». La vraie miséricorde consiste à pardonner les injures reçues, à ne conserver aucune haine ou rancune au fond du cœur et à soulager le prochain. Comme saint Martin, de la moitié de son manteau pour le pauvre. Dieu reprochera particulièrement aux réprouvés, l’absence de cette vertu de miséricorde. Qu’on se souvienne de l’ultime jugement du Seigneur annoncé dans saint Matthieu au fameux chapitre 25 versets 31-46. Qu’on se le dise ! C’est à lire à genou tant c’est  beau et éclairant sur la béatitude : « Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, il s’assiéra sur le trône de sa gloire. »Et, toutes les nations étant rassemblées devant lui, il séparera les uns d’avec les autres, comme le pasteur sépare les brebis d’avec les boucs. Et il mettra les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche. Alors le Roi dira à ceux qui sont à sa droite : Venez, les bénis de mon Père : prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès l’origine du monde. Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli ; nu, et vous m’avez vêtu ; malade, et vous m’avez visité ; en prison, et vous êtes venus à moi. Les justes lui répondront : Seigneur, quand vous avons-nous vu avoir faim, et vous avons-nous donné à manger ; avoir soif, et vous avons-nous donné à boire ? Quand vous avons-nous vu étranger, et vous avons-nous recueilli ; nu, et vous avons-nous vêtu ? Quand vous avons-nous vu malade ou en prison, et sommes-nous venus à vous ?
Et le Roi leur répondra : En vérité, je vous le dis, toutes les fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.
S’adressant ensuite à ceux qui seront à sa gauche, il dira : Retirez-vous de moi maudit, allez au feu éternel, qui a été préparé pour le diable et ses anges.
Car j’ai eu faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’ai eu soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais étranger, et vous ne m’avez pas recueilli ; nu, et vous ne m’avez pas vêtu ; malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité. Alors eux aussi lui diront : Seigneur, quand vous avons-nous vu avoir faim ou soif, ou être étranger, ou nu, ou malade, ou en prison, et ne vous avons-nous pas assisté ? Et il leur répondra : En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.t ceux-ci s’en iront à l’éternel supplice, et les justes à la vie éternelle. »
(Mt 25 31-46)

Ainsi cette attitude miséricordieuse leur assure la gloire éternelle. Cette miséricorde est vraiment avantageuse pour ceux qui ont su être miséricordieux. Mais pour ceux qui n’auront pas fait miséricorde, ils auront le châtiment. Comme le dit saint Jacques : « le jugement sera sans miséricorde pour ceux qui n’auront pas fait miséricorde » (Jc 2 13). N’oublions pas que la charité en acte couvre un grand nombre de péchés et assure dès ici-bas la béatitude mais surtout la béatitude éternelle.

« Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ! »

Lorsque Jésus-Christ nous dit : « Heureux ceux qui ont le cœur pur,… » il n’entend pas parler de cette pureté superficielle qu’affectent les hypocrites et les mondains ; il veut parler de la pureté véritable et intérieure de ceux auxquels la conscience ne reproche aucun péché, qui évitent tout mal et font tout le bien possible avec une intention droite et pour une fin légitime.. Ce sont ceux-là seuls qui verront Dieu, car il n’appartient qu’à la pureté du cœur d’être unie à l’Auteur même de la béatitude. Et Celui qui est la souveraine Pureté ne peut être gouté que par un cœur pur. Le cœur pur est le Temple de Dieu. Pour mériter de voir Dieu dès cette vie par la foi et être heureux par la possession de ce Bien, il faut garder un cœur pur. Cela se mérite dans l’effort. La béatitude est au terme de l’action vertueuse, avons-nous dit plus haut.

« Heureux les pacifiques, car ils seront appelés enfants de Dieu ! »

La paix suit ici immédiatement la pureté parce que celui qui a le cœur pur marche directement dans les sentiers de la paix et la communique. Il a la paix d’abord en lui-même, il éloigne de lui  toute pensée perverse,  tout trouble. Au milieu des adversités, il sait conserver le calme. Il sait rassurer, apaiser. Il est pacifiant. Il est appelé « enfants de Dieu » parce qu’il ressemble à Dieu qui a fait la paix, en son Fils, entre le ciel et la terre…. Il est en quelque sorte le « règne de Dieu ». On comprend qu’il puisse être dans la félicité. « Et paix aux hommes de bonne volonté » chantaient les anges la nuit de Noël. Et les bergers dans la grande joie allèrent en hâte à la crèche voir l’auteur de toute paix : le Christ.

« Heureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, car le royaume des cieux est à eux ! » « Heureux êtes-vous, lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi ».

Il y a donc une béatitude propre à la Croix, à la persécution supportée pour la foi et pour le nom du Seigneur. Non qu’il faille rechercher cette persécution. Mais lorsqu’elle vient, il faut la supporter et regarder la Croix du Seigneur en sa Passion. Là, vous trouvez toute force et toute béatitude.

« Heureux, a dit le psalmiste, celui qui étudient ses ordonnances » « Beati qui scrutantur testimonia eius ». C’est ce que nous venons de faire dans les quelques pages plus haut. « Vous avez ordonné que vos commandements soient très exactement gardés » mais faut-il encore qu’ils soient connus. C’est chose faite.

Mais il y a plus encore à connaître. Il y a la deuxième partie du discours sur la montagne. Il faut la connaître sinon je ne pourrais pas dire avec le psalmiste : « Confitebor tibi in directione cordis, in eo quod didici judicia justitiae tuae » « Je vous louerai dans la droiture de mon cœur de ce que j’ai appris les préceptes de votre justice » ni « Justificationes tuas custodiam » «  je garderai vos ordonnances ». N’oublions pas le sens exact du verbe « custodire » que nous avons rappelé un peu plus haut. Cette garde exige l’observance de tous les préceptes du Seigneur. Alors Seigneur « doce me justificationes tuas » « enseignez moi vos commandements »

Voici :

« Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes ; je ne suis pas venu les abolir, mais les accomplir. Car, je vous le dis en vérité, jusqu’à ce que passent le ciel et la terre, un seul iota ou un seul trait de la Loi ne passera pas, que tout ne soit accompli.
Celui donc qui aura violé un de ces moindres commandements, et appris aux hommes à faire de même, sera le moindre dans le royaume des cieux ; mais celui qui les aura pratiqués et enseignés, sera grand dans le royaume des cieux ».

Fort de cet enseignement du Seigneur, on comprend que le psalmiste puisse supplier : « In toto corde meo exquisivi te, ne repellas me a mendatis tuis » « je vous ai cherché de tout mon cœur, ne me rejetez pas de la voie de vos préceptes »

« Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens :  » Tu ne tueras point, et celui qui tuera mérite d’être puni par le tribunal.  Et moi, je vous dis : Quiconque se met en colère contre son frère mérite d’être puni par le tribunal ; et celui qui dira à son frère : Raca, mérite d’être puni par le Conseil ; et celui qui lui dira : Fou, mérite d’être jeté dans la géhenne du feu. Si donc, lorsque tu présentes ton offrande à l’autel, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi,  laisse là ton offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis viens présenter ton offrande. Accorde-toi au plus tôt avec ton adversaire, pendant que vous allez ensemble au tribunal, de peur qu’il ne te livre au juge, que le juge ne te livre à l’appariteur, et que tu ne sois jeté en prison. En vérité, je te le dis, tu n’en sortiras pas que tu n’aies payé jusqu’à la dernière obole ».

« Vous avez appris qu’il a été dit :  » Tu ne commettras point d’adultère. « Et moi, je vous dis que quiconque regarde une femme avec convoitise, a déjà commis l’adultère avec elle, dans son cœur. Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi ; car il vaut mieux pour toi qu’un seul de tes membres périsse, et que ton corps tout entier ne soit pas jeté dans la géhenne. Et si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la et jette-la loin de toi ; car il vaut mieux pour toi qu’un seul de tes membres périsse, et que ton corps tout entier ne soit pas jeté dans la géhenne ».

« Il a été dit aussi :  » Quiconque renvoie sa femme, qu’il lui donne un acte de divorce. « Et moi, je vous dis : Quiconque renvoie sa femme, hors le cas d’impudicité, la rend adultère ; et quiconque épouse la femme renvoyée, commet un adultère.
«  Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens :  » Tu ne te parjureras point, mais tu t’acquitteras envers le Seigneur de tes serments.  Et moi, je vous dis de ne faire aucune sorte de serments : ni par le ciel, parce que c’est le trône de Dieu ; ni par la terre, parce que c’est l’escabeau de ses pieds ; ni par Jérusalem, parce que c’est la ville du grand Roi. Ne jure pas non plus par ta tête, parce que tu ne peux en rendre un seul cheveu blanc ou noir.
Mais que votre langage soit : Cela est, cela n’est pas. Ce qui se dit de plus vient du Malin.

« Vous avez appris qu’il a été dit :  » Œil pour œil et dent pour dent.  » Et moi, je vous dis de ne pas tenir tête au méchant ; mais si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui encore l’autre. Et à celui qui veut t’appeler en justice pour avoir ta tunique, abandonne encore ton manteau. Et si quelqu’un veut t’obliger à faire mille pas, fais-en avec lui deux mille. Donne à qui te demande, et ne cherche pas à éviter celui qui veut te faire un emprunt.

« Vous avez appris qu’il a été dit :  » Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi.  » Et moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent :
afin que vous soyez les enfants de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et descendre sa pluie sur les justes et sur les injustes.
Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains n’en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens même n’en font-ils pas autant ? »Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »

Voilà les préceptes du Seigneur, sans compter les 10 commandements de Dieu à Moïse. « Voilà ce que j’ai caché dans mon cœur pour ne pas pécher contre vous » dit le psalmiste. « In corde meo abscondi eloqia tua ut non peccem tibi ». C’est par fidélité à tout cela que j’ai la joie au cœur. Le bonheur !

Alors suit un verset qui est comme une prière, une supplique : que je sois fidèle aux lois du Seigneur : « Utinam dirigantur viae meae, ad custodiendas justificationes tuas » « Puissent mes voies être dirigées de telle sorte que je garde vos commandements ». Cette prière est parfaitement en situation. Ce psaume est bien construit. L’auteur supplie qu’il soit trouvé juste, qu’il soit trouvé fidèle à la loi du Seigneur pour qu’il connaisse la béatitude.  Qu’il soit sans reproche dans les voies du Seigneur ! On retrouve ici le sens de la réflexion de Notre Seigneur à ceux qui l’interrompent et viennent lui dire que sa Mère, ses « frères »… désirent lui parler. Ils sont à la porte. Le Seigneur répond assez vertement: « Qui est ma Mère, qui sont mes frèressinon ceux qui font la volonté de mon Père qui est dans les Cieux ».

Alors on comprend que le psalmiste puisse dire : « « in corde meo abscondi eloquia tua ut non peccem tibi » « J’ai caché vos paroles dans mon cœur pour ne pas pécher contre vous ». Il veut dire : vos enseignements Seigneur, sont dans mon cœur. Je les garde précieusement. Ils garderont ma voie et ma droiture. La connaissance est première en tout.

Ou encore « benedictus es, Domine : doce me justificationes tuas » « vous êtes béni Seigneur, enseignez-moi vos commandements » En ce sens que toute connaissance n’est jamais ni parfaite ni totale, poursuivez en moi l’enseignement de vos commandements pour que je marche droitement, toujours.  

Ou encore : « In labiis meis, pronuntiavi omnia judicia oris tui » «  J’ai prononcé de mes lèvres tous les préceptes de votre bouche » : « les préceptes de votre bouche », les béatitudes, sont bien les préceptes des lèvres du Christ. Saint Mathieu le dit clairement : « Jésus s’assit sur la montagne, et ouvrant la bouche il se mit à enseigner le peuple ». Ils sont sur mes lèvres parce que je veux les faire miennes. Ils sont en moi et ma lumière et mon salut, mes béatitudes.

Ou encore : « In via testimoniorum tuorum delectatus sum, sicut in omnibus divitiis » «  Je me suis complu dans les voies de vos ordres autant que dans toutes les richesses ». « autant que dans toutes les richesses ». Je n’aime pas cette traduction qui ne permet pas de comprendre la pensée du psalmiste. Il faut traduire, me semble-t-il : « je me suis complu dans les voies de vos ordres, comme en autant de richesses ». Ses ordres, ses commandements sont autant de richesse pour mon cœur et mon agir moral. Elles me précisent les conditions d’obtention du bonheur.

« In mandatis tuis exercebor, et considerabo vias tuas » « Je m’exercerai dans vos commandements et je considérerai vos voies » car je veux le bonheur.

« In justificationibus tuis meditabor ; non obliviscar sermones tuos » « Je méditerai sur vos ordonnances.  Je n’oublierai point vos paroles » car je veux le bonheur ici-bas et surtout  en l’autre.

Ultime remarque ! Vous ferez attention : la loi de Dieu « lex Domini » est mentionnée sous l’un des neuf noms suivants : lex, (v 1) testimonia, (v 2- 13), via, (v3-5) mandata, (v 4-14), leges, praecepta, judicia, justifcationes, eloquia, sermones.   Tous synonymes. Travaillez un peu. Cherchez pour les autres. Dans quels versets sont-ils ?

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