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Entraide et Tradition

Noël Messe du jour

publié dans couvent saint-paul le 24 décembre 2020


2020

La messe du jour de Noël

« Vous trouverez un Nouveau-né emmailloté et couché dans une crèche ».

Avec les bergers, transportons-nous à la grotte de Bethléem.

Regardons l’enfant couché dans la crèche.

Qu’est-il à nos yeux ?

A nos yeux de chair, il n’est qu’un enfant qui vient de naître. Il tient sa vie d’une femme de Nazareth, du beau nom de Marie. C’est un fils d’Adam, comme nous. On connaît les détails de sa généalogie, d’Abraham à David, de David à Joseph et à sa mère. Il n’est qu’un enfant, un faible enfant. Etendu sur la paille. Il sera appelé plus tard, le « fils du charpentier ».

Mais aux yeux de notre foi, nous confessons qu’il possède la vie divine. Il est le propre Fils de Dieu. Il est le Verbe, la seconde personne de la Sainte Trinité. Il possède la nature divine avec toutes ses perfections infinies. « Et Verbum caro factum est » proclame saint Jean. Et dans la liturgie des messes de la Nativité, la messe de minuit commence par cette acclamation du Seigneur : Dominus dixit ad me : Filius meus es tu, ego hodie genui te ». C’est là le cri qui sort de la bouche du Christ unie à la personne du Verbe : « Le Seigneur m’a dit : Tu es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui ». Cet aujourd’hui, c’est d’abord le jour de l’éternité, jour sans aurore ni déclin. Et c’est pourquoi avec les bergers, en ce jour, nous l’adorons. Le Verbe, qui pour nous s’est  fait homme, n’en reste pas moins Dieu. Devenu fils de Marie, il n’en demeure pas moins Fils de Dieu. Le Christ est le Fils unique du Père. Il est « égal » et « consubstantiel » au Père. Par Lui, nous confessons que « toutes choses ont été faites et que rien n’a été fait sans Lui » nous dit saint Jean. Il soutient toutes choses par la puissance de sa parole. C’est pourquoi, avec les bergers, les anges et les rois mages, nous l’adorons : Christus natus est nobis, venité adoremus.

Voilà ce que nous dit la foi. Comme homme, il est couché dans une crèche. Comme Dieu, il soutient l’univers et juge toute personne devant Lui. Et c’est de cette union des deux natures, la nature humaine et la nature divine que va naître notre salut.

Cet enfant qui va grandir est celui qui est éternel. Celui qui est né dans le temps, est aussi celui qui est avant tous les temps. C’est pourquoi saint Jean Baptiste pourra dire ces paroles mystérieuses : « C’est de lui que j’ai dit: un homme vient après moi, qui est passé devant moi, parce qu’il était avant moi. » Celui qui se manifeste aux bergers est celui, qui, de rien, a créé les nations. Il est le Créateur de tout « Pastor creator omnium » disons-nous dans l’hymne des Laudes de Noël.

Ainsi aux yeux de la foi, il y a deux vies en cet enfant, deux natures indissolublement unies en une seule Personne : le Verbe. La nature humaine est parfaite ainsi que la nature divine. Cet enfant est semblable à chacun d’entre nous, hors le péché. Entre ces deux vies, il n’y a ni mélange ni confusion. Le Verbe en devenant homme reste ce qu’il est, Dieu. Il emprunte à notre race, ce qu’il n’était pas. Mais le divin en lui n’absorbe pas l’humain, l’humain n’amoindrit pas le divin. L’union se fait en sa Personne divine. La nature humaine appartient au Verbe, c’est l’humanité propre du Verbe. Voilà le mystère de l’Incarnation. Dieu nous emprunte notre nature pour se l’unir dans une union personnelle.

Nous disons que Dieu nous emprunte notre nature dans cette Incarnation.

Que va-t-il nous donner en retour ? Ou mieux, pour quelle raison ou motif emprunte-t-il notre nature humaine? Il y a, en effet, certainement un motif, une raison pour  cet « emprunt ».

Cette raison, ce motif, c’est de nous faire participer à sa nature divine. Voilà la merveille de l’Incarnation. Voilà la charité de Dieu manifestée dans son aspect sublime. La charité, dont le propre est de se donner, éclate ici au grand jour. Faire de nous des enfants de Dieu par participation. Le Verbe nous fait part de sa divinité. C’est la formidable déclaration de saint Jean dans son Prologue : « A tous ceux qui croient à son nom, A tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu». Voilà la raison de l’Incarnation. Il désire nous communiquer la vie divine qui est en lui-même. C’est pourquoi il dira : « Ego sum vita », « Je suis la vie » C’est pour cela qu’il vient, pour la communiquer. « Je suis venu pour qu’ils aient la vie », « ut vitam habeant ». C’est l’affirmation de saint Paul aux Gal 4-5. C’est ce que confesse la liturgie : « Natus hodie Salvator mundi DIVINAE NOBIS GENERATIONIS est auctor ». En sorte que bien qu’Il soit le Fils unique, il deviendra le premier-né d’une multitude de frères : « Ut sit ipse primogenitus in multis fratibus » (Rm 8 29).
Voilà le sens exact de l’Incarnation. Il nous emprunte notre nature pour nous communiquer sa divinité. Il prend une vie humaine pour nous donner part à sa vie divine. Sa naissance humaine devient le moyen de notre naissance à la vie divine. Voilà le salut !

Mais comment cela ? « Comment cela se fera-t-il » pouvons-nous dire à notre tour. Pénétrons si possible ce mystère.

L’humanité du Christ rend Dieu pour ainsi dire, passible. Et c’est en cela qu’il pourra mériter notre salut. Comment cela ? Essayons d’en comprendre la raison théologique.

Le péché qui a détruit la vie divine en nous, exigeait une satisfaction, une expiation sans laquelle il était impossible que la vie divine nous soit rendue.
Simple créature, limitée, l’homme ne pouvait donner une satisfaction pour une offense d’une malice infinie, qu’est le péché puisqu’il s’oppose à une majesté infinie qu’est Dieu. Et d’autre part la divinité ne peut ni souffrir ni expier. Et toutefois Dieu ne peut nous communiquer sa vie que si le péché est expié. Alors le problème serait-il insoluble ?  L’Incarnation va seule nous donner la solution.

L’humanité assumée par le Verbe est passible. C’est elle qui souffrira et expirera. Mais ces expiations posées par la nature humaine du Christ appartiendront, comme toutes ses œuvres, au Verbe. Elles auront ainsi une valeur infinie qui suffira à détruire le péché et sa malice infinie. Dieu sera apaisé trouvant en son Fils incarné suffisantes satisfactions, suffisantes expiations, mieux dit encore : « surabondantes satisfactions ». C’est assez, dira-t-il, et pardonnant, Il prend de nouveau en amitié le genre humain. Il trouvera en son Fils suffisante, surabondante satisfaction, même une satisfaction infinie.
C’est ainsi que la chair assumée par le Verbe devient pour tous, l’instrument du salut. Sans doute il faudra attendre l’immolation du calvaire pour que réparation soit faite…Mais comme le dit saint Paul « c’est dès le premier instant de son Incarnation que le Christ a accepté d’accomplir la volonté de son Père et de s’offrir en victime pour la salut du genre humain » (Hb 5-7). C’est à la crèche qu’il inaugure cette existence de souffrance et d’obéissance. Elle constitue la première étape du salut. Voilà pourquoi la liturgie des messes de Noël attribue notre salut à la naissance du Fils de Dieu. C’est l’oraison de la messe du jour : « O Seigneur que la nouvelle naissance de votre Fils dans la chair nous délivre de l’ancienne servitude qui nous tenez captifs sous le joug du péché ». C’est par son humanité que le Christ nous raccorde à Dieu. Mais c’est à Bethléem qu’il prend notre humanité. C’est cette humanité assumée par le Verbe et son humiliation qui est le principe du salut.

Comment peut-il en être ainsi ?

Qu’est-ce qui nous a fait perdre la vie divine, en Adam et Eve ? C’est l’orgueil.
C’est alors que Christ, satisfait la justice divine, par son humilité, l’humilité de son Incarnation, humilité du Verbe fait chair

Qu’est-ce qui nous a fait perdre encore la vie divine? Notre refus, en Adam et Eve, d’obéir.
C’est alors que le Christ donne un exemple d’une obéissance admirable, à son Père. « Vous m’avez donné un corps, Je viens o Dieu pour faire votre sainte volonté ». Cette obéissance sera totale dans sa Passion. « Non point ma volonté mais votre volonté ». Elle rachètera la première désobéissance d’Adam et Eve et toutes les désobéissances subséquentes et donnera « toute gloire et tout honneur » à Dieu au plus haut des cieux, accomplissant pour nous, à notre place, toute justice.
Alors les paroles de l’Ange aux bergers prennent tout leur sens : « je vous annonce une nouvelle qui sera pour tout le peuple une grande joie : il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur, qui est le Christ Seigneur. Et voici ce qui vous en sera le signe : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une crèche».

« Nouveau-né emmailloté et couché dans une crèche ». C’est l’enfant-Dieu. C’est là le principe du salut.

Devant ce mystère de l’Incarnation, j’adore. Amen.

 

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