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Pour défendre le clergé catholique ou Voulons-nous un nouveau règne de la Terreur

Pour défendre le clergé catholique ou Voulons-nous un nouveau règne de la Terreur

publié dans regards sur le monde le 28 mars 2010


Pour défendre le clergé catholique
(ou voulons-nous un nouveau règne de la Terreur ?)

 

Alors que les adversaires du Pape et de l’Eglise voudraient resserrer l’étau sur notre Saint-Père, des catholiques du monde entier se lèvent pour le défendre. Le quotidien Politics Daily a publié, à quelques jours du vote définitif du plan de santé Obamacare, cette analyse remarquable de la journaliste Elizabeth Lev, historienne de l’art et collaboratrice régulière de plusieurs titres américains et de zenit.org, vient éclairer d’un jour historique la férocité des attaques anticléricales. Elle s’appuie, elle aussi, sur les faits, mais y ajoute une vision plus haute. Je vous propose ici ma traduction de son article. – Jeanne .Smits

 

En 1790, la plus grande partie du monde félicitait la France d’avoir mené ce qui ressemblait à une révolution achevée avec succès. Le roi, objet de toutes les haines, avait été contraint de se soumettre, et le changement avait balayé une nation opprimée, porteur de l’espoir d’un avenir plus prometteur sous un meilleur gouvernement.

 

Les journaux, commençant alors à prendre toute leur place, proclamèrent l’avènement d’une nouvelle ère de paix et de prospérité, tandis que les « proto-pontes » comparaient le changement de régime à la Glorieuse Révolution anglaise de 1688.

 

Un observateur, cependant, l’homme d’Etat anglais Edmund Burke, ne se laissa pas embobiner par les images triomphales répandues par les équipes de « com » des révolutionnaires ; il percevait les nuages qui s’amoncelaient, préparant la plus noire des tempêtes. Et quel était son premier indice pour affirmer que la Révolution était loin d’être achevée ? Les attaques hostiles constantes contre le clergé catholique.

 

Après que l’Assemblée nationale eut affaibli l’autorité de Louis XVI en 1789, la littérature antimonarchique diminua en nombre, mais des attaques féroces contre le clergé catholique, dénonçant des méfaits passés et présents, se multiplièrent. Des cas isolés d’immoralité cléricale étaient magnifiés en vue de donner l’impression que la dépravation était endémique dans l’ensemble du clergé (ironie des choses, c’était une époque où le libertinage sexuel était très répandu). Les propagandistes français travaillèrent nuit et jour, écumant le passé à la recherche de scandales qui se seraient produits des dizaines, voire des centaines d’années plus tôt.

 

Dans ses Réflexions sur la Révolution de France, publiées en 1790, le protestant Burke demandait aux Français : « Si l’on s’en tient au style général de publications récentes de toutes sortes, on serait porté à croire que votre clergé en France était composé de monstres, une sorte d’horrible assemblage de superstition, d’ignorance, de paresse, de fraude, d’avarice et de tyrannie. Mais est-ce vrai ? »

 

Que tirerait Edmund Burke comme conséquences des titres de ces dernières semaines, telle l’histoire d’un prêtre pédophile en Allemagne il y a un quart de siècle qui a fait la une de la presse et des journaux télévisés aux Etats-Unis ? Que penserait-il des tentatives insistantes pour relier le cas de ce pédophile au pontife romain en personne, par le jeu de liens les plus ténus qui soient ?

 

En 1790, Burke apporta la réponse à sa propre question en ces mots : « Ce n’est pas avec la plus grande crédulité que j’écoute ceux qui disent du mal de ceux qu’ils vont piller. J’ai tendance à soupçonner que ces vices sont feints ou exagérés lorsque l’on cherche à tirer profit de leur punition. » Alors qu’il écrivait ces paroles, les révolutionnaires français se préparaient à la confiscation massive des terres de l’Eglise.

 

Alors que les ventes actuelles de biens immobiliers de l’Eglise en vue de remplir les coffres des avocats payés au résultat et des spéculateurs immobiliers, il faut bien créditer Burke d’un sens profond et historique de la nature humaine.

 

Les reportages salaces sur les abus sexuels du clergé (comme s’ils se limitaient strictement au clergé catholique) ont occupé plus de place que les massacres de chrétiens qui se produisent aujourd’hui même en Inde et en Irak. De plus, les termes « abus sexuel du clergé » sont souvent et trompeusement mis sur le même plan que la « pédophilie », pour attiser encore la rage du public. On n’a pas besoin de la justesse d’analyse politique d’un Edmund Burke pour se demander pourquoi c’est l’Eglise catholique qui a été choisie comme cible de cette campagne.

 

Personne ne songe à nier, certes, la malfaisance ou les dommages causés par une petite minorité de prêtres, mais leur dépravation a été instrumentalisée pour saper la réputation de l’immense majorité du clergé dont la vie se déroule, discrète et sainte, dans leurs paroisses où ils prennent soin de leur troupeau. Ces hommes bons ont été souillés par la même encre empoisonnée.

 

La réalité brute est celle-ci : on estime aujourd’hui, aux Etats-Unis, à 39 millions le nombre de victimes d’abus sexuels subis pendant l’enfance. Parmi ces victimes, entre 40 et 60 % ont été abusées par un membre de leur famille (oncles, cousins, beau-pères ou concubins pour la plupart). Carol Shakeshaft et Audrey Cohan ont publié une étude montrant que 5 % ont été molestées par des professeurs d’école, tandis que le New York Times a rendu publique une enquête montrant que moins de 2 % des coupables étaient des prêtres catholiques. A lire les journaux, il semblerait pourtant que le clergé catholique détient le monopole des abus sur enfants.

 

Ce que disait Burke pour expliquer l’anticléricalisme forcené de jadis aurait pu être écrit maintenant. Ce dénigrement du clergé devait « apprendre [au peuple] à persécuter leurs propres pasteurs… en suscitant une horreur et un dégoût du clergé ».

 

Si Burke vivait aujourd’hui, il discernerait peut-être un autre motif à ces assauts sélectifs contre le clergé catholique, à part des visées sur les biens de l’Eglise : précisément celui de détruire la crédibilité d’une voix morale puissante au sein du débat public. L’exemple le plus récent concerne le vif combat à propos de la loi de réforme du système de santé. L’opposition bruyante de la Conférence des évêques des Etats-Unis (particulièrement en ce qui concerne la subvention de l’avortement par des deniers publics) s’est montrée particulièrement encombrante pour ceux qui font la promotion de cette loi. Alors que le vote final approche, le martèlement à propos sur les abus sexuels du clergé a atteint des niveaux frénétiques.

 

Le nombre record de participants à la Marche pour la vie en janvier, la réprimande sévère de Mgr Tobin à l’encontre du représentant Patrick Kennedy pour ses prises de position pro-avortement et le succès du mouvement pro-mariage aux Etats-Unis, indiquent que la voix des évêques est effectivement en résonance avec celle du peuple. Afin de réduire au silence la voix morale de l’Eglise, on aura choisi de jeter le discrédit sur ses ministres.

 

Dans les trois ans des Réflexions de Burke, ses terribles prédictions allaient être avérées. Le règne de la Terreur s’installa en 1793, amenant des centaines de prêtres à la guillotine, forçant les autres à jurer leur fidélité à l’Etat plutôt qu’à l’Eglise. Pour Burke, il était évident que la campagne anticléricale de 1790 « ne serait que temporaire et préparatoire à l’abolition absolue… de la religion chrétienne », en « faisant de ses ministres l’objet d’un mépris universel ».

 

On espère que les Américains auront le bon sens de changer de cap bien avant que nous n’atteignions ce stade.

Elizabeth Lev

Extrait de Présent n° 7061 du samedi 27 mars 2010

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