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Entraide et Tradition

Le Saint Sacrifice de la Messe

publié dans couvent saint-paul le 22 octobre 2010


Prédication pour le 22ème dimanche après la Pentecôte.

Le Saint Sacrifice de la Messe

Je lis, MBCF, dans l’oraison de la Post Communion, cette merveilleuse prière : « Nous te supplions humblement, Seigneur, que ces choses que tu nous as commandées de faire en commémoration de toi, viennent au secours de notre faiblesse », « ut quae in tui commemorationem nos facere praecepisti ». Ce « quae » est merveilleux. « Ut « quae » in tui commemorationem nos facere praecepisti ». Oui ! Ce « quae » est merveilleux. Il est ici, dans mon missel, traduit par « mystère » : « que ce mystère que vous nous avez commandé de célébrer en mémoire de vous, serve de secours à notre faiblesse ».

Il me fait penser au «supra quae » de notre seconde oraison du Canon romain après la consécration du Corps et du Sang de NSJC. « Supra quae propitio ac sereno vultu respicere digneris… » « Daignez jeter un regard de complaisance et de bonté sur ces offrandes comme il vous a plu d’agréer les présents de votre serviteur Abel…. »

Vous voyez d’un côté nous avons « Ut quae » « afin que ces choses », que l’on peut traduire selon le contexte : « afin que ces mystères…servent au soutien de notre faiblesse ». D’un autre, nous avons « supra quae », littéralement « Sur ces choses », que l’on peut traduire effectivement par « sur ces offrandes » : « jetez un regard de bonté sur ces offrandes». Quelles sont donc « ces choses » dans nos deux phrases, ce « quae »? C’est bien ce « mystère ». Ce sont bien ces « offrandes ». Mais quel est donc « ce mystère » qui, célébré, peut servir à notre faiblesse ? Quelles sont donc « ces offrandes » sur lesquelles se portent avec bonté le regard de Dieu? Et pourquoi ce regard de bonté ?

Dans l’un et l’autre cas, ce « quae » est manifestement le sacrifice rédempteur accompli par NSJC, sous Ponce Pilate, sur le sommet du Golgotta, dans un amour parfait et libre de son Père pour la rémission de nos péchés. D’un côté, il est reçu avec complaisance par le Père. D’un autre, il est celui qui sert à notre faiblesse. Il en est bien ainsi du sacrifice du Christ.
Combien il est utile à ma faiblesse. C’est ce que je voudrais méditer avec vous ce dimanche.

Nous sommes à l’égard de Dieu comme ce débiteur de l’Evangile qui doit à son maître une fortune, dix mille talents et étant appelé à rendre compte de son administration, il s’humilie, implore son créancier, et lui demande du temps pour remplir ses engagements : « Ayez patience et je vous rendrai tout ce que Je vous dois. »

Humiliez-vous, demandez seulement le temps d’entendre une messe, et c’en est assez pour payer toutes vos dettes.

Quelles sont donc nos obligations principales envers Dieu, nos dettes ? j’en vois immédiatement au moins deux.
Nous devons louer et d’honorer l’infinie Majesté de Dieu. Il est infiniment digne d’honneur et de louanges. Nous devons satisfaire pour tant de péchés que nous avons commis. 

Or, comment nous, misérables créatures qui avons besoin que Dieu nous donne jusqu’au souffle que nous respirons, pourrons-nous satisfaire à ces obligations ?

Voici un moyen très facile, qui doit nous consoler tous : entendons souvent la sainte Messe, avec toute la dévotion dont nous sommes capables, faisons dire souvent des messes à notre intention, et nos dettes, fussent-elles sans nombre, nous pourrons les payer toutes parfaitement, avec le trésor que nous tirons du Saint-Sacrifice. Voilà la réponse de l’Eglise.

Pour que vous compreniez mieux les obligations que nous avons envers Dieu, nous allons les expliquer, et vous serez grandement consolés, en voyant l’immense profit et les trésors innombrables que nous pouvons recueillir de cette source infinie et féconde.

Glorifier Dieu

Notre première obligation envers Dieu est de l’honorer. Tout être inférieur doit honorer son supérieur, et plus celui-ci est grand, plus l’hommage qu’on lui rend doit être profond. Il en résulte que Dieu possédant une grandeur infinie, nous lui devons un honneur infini. Mais où trouver une offrande digne de Dieu. Jetez les yeux sur toutes les créatures de l’univers, où trouverez-vous quelque chose qui soit digne de Dieu ? Il n’y a qu’un Dieu qui puisse être une offrande digne de Dieu.
Or, c’est là ce qui se fait au Saint-Sacrifice de la Messe. Dieu y est honoré autant qu’il le mérite, parce qu’il est honoré par un Dieu-Homme. Et c’est pourquoi nous avons cette merveilleuse prière du « Supra quae » après la consécration du Corps et du Sang de NSJC, victime sainte et sans tache de ce sacrifice. « Jetez un regard de complaisance et de bonté sur ces offrandes et daignez les agréer, comme il Vous a plu d’agréer les présents du juste Abel, votre serviteur, le sacrifice de notre patriarche Abraham et celui que vous offrit Melchisédech, votre grand prêtre, Sacrifice saint, Hostie sans tache ». Par ce sacrifice de la Croix, tout honneur et toute gloire est assurée. Notre Seigneur se plaçant dans l’état de victime sur l’autel, adore, par un acte ineffable de soumission, la Sainte Trinité, autant qu’elle mérite de l’être. Cela va de soi.
NSJC, étant non seulement homme, mais vraiment Dieu et tout-puissant, quand il s’humilie sur l’autel, il rend à son Père, par cet acte d’humiliation, un hommage et un honneur infinis ; et nous, en offrant avec Lui ce grand Sacrifice, nous rendons aussi par Lui à Dieu un hommage et un honneur infinis.
Il est bien vrai de dire avec la post communion de ce 22ème dimanche après la Pentecôte : « Recevant ces dons sacrés, nous vous supplions humblement, Seigneur, de faire servir de secours à notre faiblesse ce mystère que vous nous commandez de célébrer en mémoire de vous ». Oh quel secours nous apporte la célébration de la messe puisque, en nous unissons à cette offrande, nous assurons notre dette et pouvons rendre gloire et honorer Dieu comme il convient.
Oui, répétons-le : par l’assistance à la sainte Messe, le fidèle rend à Dieu une gloire infinie, un honneur sans bornes. Entendre avec dévotion la Messe, c’est procurer plus d’honneur que ne lui en peuvent apporter dans le ciel tous les anges, tous les saints, tous les bienheureux. Ils ne sont, eux aussi, que de simples créatures, et leurs hommages sont par conséquent finis et bornés ; tandis qu’au Saint-Sacrifice de la Messe, c’est Jésus-Christ qui s’humilie, lui dont l’humiliation et le mérite ont une valeur infinie : c’est pour cela que l’hommage et l’honneur que nous rendons à Dieu par Lui à la Messe, sont infinis.

S’il en est ainsi, vous voyez combien nous payons largement à Dieu cette première dette, en assistant au Saint-Sacrifice.

C’est ce que dit Pie XII dans Mediator Dei :
« Le premier (but de la Messe) est la glorification du Père céleste. De son berceau jusqu’à la mort, Jésus-Christ fut enflammé du désir de procurer la gloire de Dieu ; de la croix au ciel, l’offrande de son sang s’éleva comme un parfum délectable, et pour que cet hommage ne cesse jamais, les membres s’unissent à leur Chef divin dans le sacrifice eucharistique, et avec lui, unis aux anges et aux archanges, ils adressent en chœur à Dieu de continuels hommages (cf. Missale Rom., Praefatio), rapportant au Père tout-puissant tout honneur et toute gloire (Ibid., Canon) ».

Satisfaire la justice de Dieu

Notre seconde obligation, entre autres, envers Dieu est de satisfaire à sa justice pour tant de péchés que nous avons commis. Dette effroyable ! Un seul péché mortel est d’un tel poids dans la balance de Dieu que pour la mettre en équilibre ce ne serait pas assez des mérites de tous les martyrs et de tous les saints qui sont, qui ont été et qui seront. Il a une certaine infinité de malice.

Mais nous possédons la sainte Messe dont le prix intrinsèque est assez grand pour compenser, et au-delà, tous les péchés du monde. Faites bien attention, afin de comprendre la reconnaissance extrême que nous devons à Notre Seigneur.
C’est Lui-même qui est l’offensé : et malgré cela, non content d’avoir payé pour nous dans les tortures du Calvaire, il nous a remis et il entretient parmi nous, à notre usage, cette autre source de satisfaction continuelle qu’est le Saint Sacrifice.
Là, il renouvelle l’immolation que, sur la croix, il fit de sa divine personne, en rachat de nos fautes : ce même sang adorable qu’il répandit alors en faveur du genre humain coupable, il veut bien l’offrir encore, l’appliquer spécialement, par la Messe, aux péchés de celui qui la célèbre, de ceux qui la font célébrer et de quiconque y assiste.
Ce n’est pas que le sacrifice de la Messe efface immédiatement et par lui-même nos péchés comme fait le sacrement de pénitence ; mais il nous obtient de bonnes inspirations, de bons mouvements intérieurs et des grâces actuelles pour nous repentir comme il faut, de nos péchés, soit pendant la messe, soit dans un autre temps opportun.
Dieu seul sait combien d’âmes doivent leur conversion aux secours extraordinaires qui leur viennent de ce divin sacrifice. Ne pouvant satisfaire, Dieu lui-même a satisfait pour nous, à notre place. Il a compensé notre dette et notre faiblesse.
Oh ! Qu’il est précieux cet adorable sacrifice, qui nous rend la liberté des enfants de Dieu et satisfait pour toutes les peines que nous lui devons à cause de nos péchés ! Il est agréé de Dieu ce sacrifice de justice de son Fils tout autant que le fut et plus encore le sacrifice d’Abel, de celui d’Abraham, de celui du grand prêtre Melchisédech. Je dis « et plus encore », « et m :ieux encore, je dis bien, vue la qualité de la victime et du prêtre. Je suis certain que « sur lui », « sur ce sacrifice », sur ce « Supra quae » Dieu le Père jette un regard de complaisance et de bonté et qu’il est agréé comme le fut et mieux encore le sacrifice d’Abel, d’Abraham et de Melchisédech.
Mais plus encore, cette messe et ma participation compensent ma faiblesse puisque je peux en rien, par moi-même sinon en NSJC, satisfaire la justice de Dieu pour un seul de mes péchés. Je dois me blottir sur le sein de NSJC, comme saint Jean en l’institution de la sainte Eucharistie. La messe ayant une valeur infinie, elle donne à Dieu une satisfaction infinie. Plus je serai uni à ce sacrifice plus ma satisfaction sera grande. Le saint Concile de Trente l’affirme : « Le Seigneur, apaisé par cette oblation et accordant sa grâce avec le don de la pénitence, remet les péchés, les crimes les plus graves »

Ainsi si nous assistons souvent avec recueillement et dévotion au saint Sacrifice de la messe, nous pouvons alors nourrir en notre cœur l’espoir d’aller au ciel sans passer par le purgatoire.

Sur cette finalité voici ce que dit encore Pie XII, dans sa merveilleuse encyclique Mediator Dei » : «le sacrifice se propose un but d’expiation, de propitiation et de réconciliation. Aucun autre que le Christ ne pouvait assurément offrir à Dieu satisfaction pour toutes les fautes du genre humain ; aussi voulut-il être immolé lui-même sur la croix  » en propitiation pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais pour ceux du monde entier  » (I Jn, II, 2). De la même manière, il s’offre tous les jours sur les autels pour notre rédemption, afin qu’arrachés à la damnation éternelle nous soyons inscrits au nombre de ses élus. Et cela non seulement pour nous qui jouissons de cette vie mortelle, mais aussi  » pour tous ceux qui reposent dans le Christ, qui nous ont précédés avec le signe de la foi, et qui dorment du sommeil de la paix  » (Missale Rom., Canon) ; en effet, soit que nous vivions, soit que nous mourions,  » nous ne nous éloignons pas du seul et unique Christ  » (S. Augustin, De Trinit., lib. XIII, c. 19) ».

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