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Entraide et Tradition

« Il se jeta le visage contre terre aux pieds de Jésus lui rendant grâces… »

publié dans couvent saint-paul le 9 septembre 2011


13ème dimanche après la Pentecôte.

« Il se jeta le visage contre terre aux pieds de Jésus lui rendant grâces… »

MBCF, j’aime beaucoup l’attitude de ce lépreux, samaritain, i.e. étranger au peuple de l’alliance, et atteint, comme les neuf autres, du mal de la lèpre. Il constate en chemin sa guérison. Il revient vers Jésus, se jette le visage contre terre aux pieds de Jésus et lui rend grâces. Il revient, nous précise l’Ecriture, « glorifiant Dieu à haute voix », en chemin, « cum magna voce magnificans Deum. »

Cette description évangélique du lépreux samaritain guéri par la puissance de Jésus est une magnifique description du disciple du Christ, du baptisé, de chacun d’entre nous. Son exemple doit être la lumière de ma vie.

Nous étions nous aussi, avant notre baptême, « lépreux », i.e. pécheur, touché par le péché originel d’Adam et Eve. Il nous a fallu le baptême, ce sacrement de l’eau et de l’Esprit, ce sacrement institué par NSJC, pour être purifiés du péché originel, de la lèpre de l’âme et du corps et être promis à la vie éternelle.

Cette vérité du péché originel touchant même les petits enfants est une vérité de notre Credo.
Vous me permettrez un peu d’histoire, pour vous rappeler aussi la foi. Je ne fais que mon devoir.

Cette vérité fut niée par Pélage et son disciple Célestius, à la fin du 5ème siècle. L’un et l’autre disaient qu’il n’y avait d’autre péché que le péché personnel, à savoir la décision personnelle de chacun pour le mal. Dès lors point de péché originel. Oui ! Que des péchés personnels. Point de péché qui se transmet par génération. Point de péché de nature, fondé sur la solidarité de race avec Adam, Donc nul péché originel, nul « lèpre », nul besoin de baptême, nul besoin de « régénération », de purification, le salut éternel dépendant de ses propres forces, de sa propre liberté, de ses propres vertus..

Contre cette opinion, s’est dressée l’Eglise, alors même que cette hérésie se développait à Rome, à la fin du 5ème siècle. Dans le seizième concile de Carthage, le Ier mai 418, l’Eglise déclare : « Il a été décidé: « Quiconque nie que les tout-petits doivent être baptisés ou dit que c’est pour la rémission des péchés qu’on les baptise, mais qu’ils n’ont rien en eux du péché originel d’Adam que le bain de la régénération aurait à expier, ce qui a pour conséquence que pour eux la formule du baptême « en rémission des péchés » n’a pas un sens vrai mais faux, qu’il soit anathème. Car on ne peut pas comprendre autrement ce que dit l’Apôtre : « Par un seul homme, le péché est entré dans le monde et par le péché, la mort, et ainsi la mort a passé dans tous les hommes tous ayant péché en lui » (Rm 5 12), sinon de la manière dont l’Eglise catholique répandue par toute la terre l’a toujours compris. C’est en effet à cause de cette règle de foi que même les tout-petits, qui n’ont pas pu commettre encore par eux-mêmes quelque péché, sont cependant vraiment baptisés en rémission des péchés pour que la régénération purifie en eux ce que la génération leur a apporté ».

Le saint Concile de Trente reprendra cet enseignement presque à la lettre dans son canon 4 de son décret sur le péché originel. Il dira aussi : « Si quelqu’un nie que les tout-petits doivent être baptisés », même s’ils viennent de parents baptisés, « ou dit que c’est pour la rémission des péchés qu’on les baptise, mais qu’ils n’ont rien en eux du péché originel d’Adam que le bain de la régénération aurait à expier pour obtenir la vie éternelle, « ce qui a pour conséquence que pour eux la formule du baptême « en rémission de péchés » n’a pas un sens vrai mais faux qu’il soit anathème. Car on ne peut pas comprendre autrement ce que dit l’Apôtre : « Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et ainsi la mort est passé dans tous les hommes ; tous ayant péché en lui » (Rm 5 12), sinon de la manière dont l’Eglise catholique répandue par toute la terre l’a toujours compris. C’est en effet à cause de cette règle de foi que même les tout-petits, qui n’ont pas pu commettre encore par eux-mêmes quelque péché, sont cependant vraiment baptisés en rémission des péchés pour que la régénération purifie en eux ce que la génération leur a apporté ». « Car qui ne renait pas de l’eau et du Saint esprit ne peut entrer dans le Royaume de Dieu » (Jn 3 5)

Ainsi, MBCF, il est clair, il est vrai, c’est notre foi : Nous, adultes autant que les enfants, nous sommes régénérés dans l’eau baptismale, nous sommes purifiés du péché originel qui nous vient par génération d’Adam et Eve, nous sommes régénérés, purifiés comme le lépreux le fut par la puissance miséricordieuse de Jésus.

Et si donc nous sommes « régénérés » « purifiés » par les eaux du baptême comme le fut le lépreux de sa lèpre, nous devons avoir la même attitude qu’il a eu à l’égard de Jésus, notre Maître.

Constatant sa guérison « voyant qu’il était guéri » il revint, « regressus est » « cum magna voce magnificans Deum », « glorifiant Dieu à haute voix ».
Voilà sa première attitude/.
Voilà comment nous devons vivre, nous aussi.
«Et tout d’abord « Regressus est » « Il revint à Jésus ». N’est-ce pas aussi notre attitude. Ne revenons-nous pas à Jésus les dimanches ? N’est-ce pas revenir à Jésus que de venir en son église. Qui trouvons-nous dans ces beaux murs, sous cette belle voute sinon NSJC ? Qui est dans le tabernacle, sinon NSJC sous les apparences eucharistiques. Qui nous accueille sinon la miséricorde même de NSJC. Cette église n’est-elle pas pour nous, et pour plusieurs d’entre vous d’une manière concrète, le lieu de baptistère ? N’est ce pas là que nous avons été régénérés, purifiés, grands ou petits, purifiés du péché originel, de la lèpre de notre corps, de notre âme. L’église n’est-ce pas Jésus-Christ lui-même. C’est le lieu de la purification comme Jésus le fut pour le lépreux. C’est pourquoi, il revint vers lui. C’est lui le « guérisseur ». L’église, n’est-ce pas « la cité sainte », « la Jérusalem nouvelle », « le tabernacle de Dieu avec les hommes » N’est ce pas le lieu où Dieu « habite avec nous »; n’est-ce pas le lieu où « Dieu essuie toute larme des yeux » ? N’est-ce pas le lieu où « ce qui était autrefois », le péché et la mort, « a disparu ». N’est-ce pas le lieu où Dieu « fait toutes choses nouvelles » « Ecce nova facio omnia ». Voilà ce qu’est l’ église. Voilà ce qu’est le baptistère. Voilà ce qu’est l’église. « Ecce nova facio omnia ». Voilà pourquoi j’y reviens. Voilà une raison fondamentale de ma présence ici, comme le lépreux à son Maître, auteur de sa guérison.

Il revient donc à son Maître et en chemin, il « glorifie Dieu à haute voix ».
C’est une attitude de joie, d’allégresse. Guéri, purifié, il chante la gloire de Dieu. C’est l’attitude de l’âme reconnaissante. C’est notre attitude. Que l’ingratitude ne soit pas notre lot. Chanter la gloire de Dieu à haute voix, c’est louer Dieu, c’est le bénir, c’est l’adorer, c’est lui rendre grâces à cause de sa grande gloire. C’est le « gloria » de notre messe. L’Eglise ne sait comment magnifier, exprimer la gloire de Dieu. C’est pourquoi elle nous fait redire les mêmes choses, les mêmes mots. « Nous vous rendons grâces à cause de votre grande gloire » Et pourquoi, à Lui est du la gloire ? parce qu’il est « Seigneur », parce qu’il est Roi du ciel, parce qu’il est Dieu, parce qu’il est le Père tout puissant, et si je me tourne vers le Fils, le miroir du Père, « le Fils du Père » je le glorifie aussi parce qu’il est « l’agneau de Dieu », celui, qui, dans son sacrifice, efface les péchés du monde », parce qu’il est le seul Seigneur, le seul Très haut. Et s’il n’y avait pas le dimanche, il n’y aurait pas, dans notre cœur, le chant du gloria, cette joie ineffable. L’église vraiment est le lieu du chant de la gloire de Dieu, et le dimanche vraiment est le temps du chant de la gloire de Dieu. Le dimanche nous permet ainsi de satisfaire la justice en rendant à Dieu, comme il convient la gloire de Dieu. Et il faut bien être aveugle et être obsédé par le matérialisme et le consumérisme, pour ne pas penser un instant à rendre gloire à Dieu.

Enfin il se jeta le visage contre terre aux pieds de Jésus et lui rendit grâces.
Retenez cette attitude physique du lépreux guéri. Il se jeta le visage contre terre aux pieds de Jésus. Voilà l’attitude vraie de l’enfant guéri, du débiteur devant son Maître. Et qui pourrait prétendre ne pas être débiteur de Dieu…C’est l’attitude juste. C’est l’attitude vraie recondamnée par l’Evangile. Défions nous de ces réformateurs de la liturgie qui ont détruit dans leur orgueil les attitudes physiques légitimes qui expriment le vrai, la vérité de l’homme à l’égard de Dieu et qui nourrissent le mieux la piété filiale. L’homme, sujet de la liturgie, n’est pas un être désincarné, un être angélique, il est chair et esprit, corps et âme, et nul doute, nous enseignera Saint Thomas, que le corps favorise aussi dans son geste, dans son attitude, la vie de l’âme. Une attitude humble, tel que la position a genou, nourrit l’humilité de l’âme devant Dieu, son Créateur.
Et là, dans cette attitude d’humilité, le lépreux sut rendre grâces à Dieu.

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